L'ÉTERNEL TE BÉNISSE
ET TE GARDE
L'Éternel fasse luire sa face sur
toi et te fasse grâce !
Encore deux expressions tout aussi
inséparables l'une de l'autre que les deux
premières. La parole.
« L'Éternel fasse luire sa face
sur toi » nous fait penser tout d'abord
à la face de Dieu propice à notre
égard ; et nous sommes en droit de
penser avant tout à l'amour de Dieu envers
nous. Car il n'y a rien de plus terrible que de
voir Dieu se détournant de nous. Lorsque
Aaron et Miriam parlèrent contre Moïse
et contestèrent avec lui nous lisons d'abord
que « l'Éternel
l'entendit » et puis après :
« La colère de l'Éternel
s'enflamma contre eux et il se détourna
d'eux. »
(Nomb. 12, 1-9).
Hélas, il y a des hommes de qui Dieu
doit se détourner. Mais qu'il est glorieux
d'avoir le privilège de voir sa face
bienveillante ! Nous trouvons cinq fois dans
les psaumes cette prière :
« Tourne ta face vers moi et aie
pitié de moi. » Quel
réconfort pour le malade, quand après
une longue nuit d'insomnie et d'angoisse il voit
poindre le jour et lorsqu'enfin le gai soleil jette
ses rayons à travers la fenêtre.
« Fais luire ta face, et nous serons
sauvés ». demande Asaph
à trois reprises.
(Ps. 80). Voilà certes des
pensées qui surgissent lorsque nous
entendons ces paroles de bénédiction.
Pourtant l'expression :
« L'Éternel te fasse
grâce » a encore une autre
signification. Qui a besoin de grâce ?
Celui seul qui a connaissance du
péché. Le péager dans le
temple implore la grâce. Il a
été convaincu de son
péché. « Oh Dieu, sois
apaisé envers moi qui suis
pécheur ! »
(Luc 18, 13).
Dans la prière du pharisien il n'est
question ni de grâce ni de
péché. Il expose devant Dieu sa
propre justice, ses bonnes actions ; il n'a
guère besoin de grâce. Parler de
grâce et se croire sans péché
est un non-sens.
L'apôtre l'exprime admirablement en
disant : « Là où le
péché a abondé, la grâce
a surabondé. »
(Rom. 5. 20.) Quelle glorieuse
bénédiction, quel immense bienfait
accordé par Dieu à un coeur humain
lorsqu'il arrive à reconnaître
profondément son péché !
Mais personne n'arrive à cette connaissance
sans la lumière divine de sa face.
« Tu as mis devant toi
nos iniquités et devant
la clarté de ta face nos fautes
cachées. »
(Ps. 90, 8). Si j'entre sans
lumière dans une cave obscure, je ne verrai
pas toutes les ordures, les rats, les
chauves-souris qui y logent. Dans les
ténèbres on ne distingue pas son
entourage. Ce n'est que lorsqu'une lumière y
pénètre que je commence à
m'apercevoir du désordre qui s'y trouve.
Plus la lumière est brillante, plus tout se
dévoilera. Et lorsque le soleil même
perce à travers la fenêtre, je vois
dans son rayon la poussière la plus fine qui
voltige dans l'air. La lumière dont nous
disposons ici-bas brille à des degrés
très différents, depuis la petite
lampe à huile jusqu'à la
clarté puissante et pénétrante
du soleil. La lumière qui éclaire nos
coeurs et nos vies est aussi bien
différente. Il y a la lumière de
la raison par exemple qui n'est pas très
claire. Si nous nous examinons à l'aide de
cette clarté nous ne reconnaîtrons
jamais le péché dans toute son
horreur ; nous le taxerons tout au
plus de défaut, de
faiblesse, d'imprudence. La lumière la plus
éclatante est la face de l'Éternel.
Une fois que cette lumière luit sur nous,
nous apprenons à nous connaître ;
alors seulement nous savons sous quel aspect nous
nous présentons devant Lui, et nous nous
écrions : « Malheur à
moi, je suis perdu ! car je suis un homme aux
lèvres impures et j'habite au milieu d'un
peuple aux lèvres impures. »
(Es. 6, 5.)
Cette lumière dévoile mieux
les recoins les plus cachés de notre coeur
que la lumière dont les Israélites
éclairaient leurs maisons avant la
fête de Pâques pour découvrir et
pour éloigner le levain caché. Cette
lumière éclaira la vie de David,
lorsque le prophète Nathan se tint devant
lui et lui raconta l'histoire du pauvre, auquel le
riche avait volé son unique brebis. Et
finalement elle concentra tous ses rayons sur David
lorsque Nathan s'écria : « Tu
es cet homme-là ! » .... Tu
as frappé Urie le Hétien, tu as pris
sa femme pour en faire ta femme,
et lui tu l'as tué par l'épée
des enfants d'Ammon.
(2 Sam. 12, 1-9.) Et près du
puits de Jacob cette lumière de sa face
dévoila la vie de la Samaritaine et mit
à jour ce qu'aucun homme peut-être
n'avait vu auparavant. « Tu as fort bien
dit : Je n'ai point de mari, car tu as eu cinq
maris, et celui que tu as maintenant n'est pas ton
mari ; tu as dit vrai en cela. »
(Jean 4, 17-18.) L'Éternel
fasse luire sa face sur toi ! N'est-ce pas
vrai que ce souhait de bénédiction a
un sens bien profond ? Si profond qu'il n'y
aurait pas à y tenir, que sa
réalisation nous mènerait au
désespoir, si la seconde partie, et te
fasse grâce ne suivait de près.
Ah ! quelle terrible chose que le
péché sans la grâce ! La
parole ; « L'Éternel fasse
luire sa face sur toi » réclame
l'autre : « Qu'il te fasse
grâce. » Un regard dans les
profondeurs du péché doit
avoir pour corollaire un regard dans les
profondeurs de la grâce ; cette
grâce qu'expérimenta David
lorsqu'à la lueur de la face de
l'Éternel il
s'écria : « J'ai
péché contre
l'Éternel. » Et Nathan dit
à David : « Aussi
l'Éternel a fait passer tes
péchés ; tu ne mourras
pas. »
(2 Sam. 12-13.) Cette grâce fut
accordée à Esaïe,
lorsqu'à la lueur de la face de Dieu il vit
son impureté. Un des séraphins vola
vers lui ayant dans sa main un charbon ardent qu'il
avait pris sur l'autel avec des pincettes, et il
toucha sa bouche et dit :
« Maintenant ceci a touché tes
lèvres ; ton iniquité est
ôtée et ton péché est
expié. »
(Esaïe 6, 6 et 7.)
« C'est moi, c'est moi qui efface tes
forfaits pour l'amour de moi et je ne me
souviendrai plus de tes
péchés. »
(Esaïe 43, 25).
« J'ai effacé tes forfaits
comme une nuée épaisse et tes
péchés comme un
nuage. »
(Esaïe 44, 22).
« On ne se souviendra d'aucun des
péchés qu'il aura
commis. »
(Ezé. 33, 16).
Voyez tout cela proclame la
grâce précédée de
la lueur de la face de l'Éternel.
Ah ! que souvent je déplore de voir
tant de chrétiens qui après avoir
reconnu à la lumière céleste
leur paille, leur poutre, leur
péché, leur misère, continuent
à traîner ce fardeau avec soupirs et
avec larmes, essayant de le cacher, de l'excuser,
de l'enterrer, lorsque pourtant il est dit :
« et qu'il te fasse
grâce ! » Celui sur lequel le
nom de l'Éternel repose expérimentera
ces deux choses sous la croix de Christ :
Dévoilement du péché le
plus caché, par l'effet de la lumière
céleste, de la lueur de sa face, et pardon
du péché par la grâce de Dieu
dans le sang de Christ.
« Que l'Éternel fasse luire
sa face sur toi et te fasse
grâce ! »
|