Quel cas doit-on
faire
de l'homme ?
CHAPITRE 4
L’action de l’homme dans
l’Église
L’oeuvre de la croix place l’homme
dans une position nouvelle au regard de Dieu. Il
est par Dieu : " agréable en Christ".
Peut-il donc être encore en dehors de la
pensée divine et faire partie de ce que Dieu
a mis définitivement de
côté ? Paul affirme :
" Notre vieil homme a été
crucifié avec lui, afin que le corps du
péché soit annulé, pour que
nous ne soyons plus asservis au
péché ".
(Romains
6, 6). Notre vieille nature,
adamique qui a été condamnée
à la croix, pourrait-elle encore se
manifester ?
Hélas oui, la vieille nature de l’homme
qui a pourtant été crucifiée
avec Christ, peut resurgir, à tout moment,
et se manifester dans la vie et la marche du
croyant, celui-ci peut même s’attendre
à des fruits produits par le vieil arbre. Il
en est ainsi jusqu’au moment où nous
cessons de vivre. Néanmoins pour avoir une
vie chrétienne heureuse, il est
indispensable de connaître pratiquement la
vérité de notre mort avec Christ.
Dans l’ancien Testament le sujet de la chair
est largement évoqué, quant à
son antagonisme avec Dieu, "On ne versera pas -
d’huile de l’onction sainte - sur la
chair de l’homme"
(Exode 30.32). La nature divine ne
peut aimer la chair à cause du
péché qui l’habite. Ainsi
l’homme dans lequel il n’y a que chair ne
peut s’attirer les faveurs de Dieu. Paul se
sert de ces vérités, dans sa lettre
aux Romains en soulignant comme paradoxe la
souveraineté de Dieu et l’absolu
mystère de la grâce
(Romains 9.27). Bien que la chair ne
puisse acquérir la faveur divine, la
grâce du Dieu miséricordieux
dépasse tout raisonnement et toute logique
humaine. C’est à la croix que la preuve
en a été faite, lorsque la
bonté et la vérité se sont
rencontrées
(Psaume 85.10), faisant subir au
Sauveur crucifié toute l’ardeur de la
colère divine contre la chair.
Il n’est ainsi pas étonnant de voir au
début du livre de l’Exode, Moïse
présenté comme serviteur non
préparé à la charge pour
laquelle Dieu va l’utiliser. Il faut
premièrement que sa chair symboliquement
meure par la circoncision "L’Éternel
vint contre lui et chercha à le faire
mourir"
(Exode 4.24). C’est de la
même façon par cette symbolique de la
circoncision que la Parole traite le sujet de la
chair. La chair ne peut qu’être mise
à l’écart des choses
saintes.
Les derniers livres de l’Ancien Testament
s’attachent à faire ressortir la
faillite de l’homme et sa
stérilité vis à vis de Dieu.
Le Seigneur Jésus l’a aussi
démontré par la sentence émise
devant le figuier stérile : "Que
jamais aucun fruit ne naisse plus de toi "
(Matthieu 21, 18-19). Si
même cette parole de Christ
s’adresse premièrement au peuple
d’Israël, elle est aussi pour nous. Elle
démontre la stérilité absolue
de notre vieille nature pour Dieu.
N’espérons jamais quoique ce soit de
positif en elle ! La chair peut se livrer
à des excès et commettre des
horreurs, d’autres fois elle peut être
très respectable avec des actions
généreuses et philanthropes, il
n’en résulte pas moins que l’homme
dans son état naturel, enfant d’Adam,
est un arbre mauvais et non améliorable.
L’homme a montré qu’il
était méchant, sans
possibilité de guérison ; la
croix de Christ le condamne avec le
péché, dans la chair. La
rédemption n’est pas une
amélioration, la délivrance pratique
d’un état moral, mais un rachat par
l’oeuvre de Christ.
Le christianisme enseigne, premièrement la
mort du vieil homme, puis la rédemption
accomplie, le don de la vie éternelle. Deux
versets des Écritures mentionnent deux
impossibilités absolues mais
d’orientations opposées :
"Celui qui est né de Dieu ne peut
pas pécher "
(1
Jean 3.9).
"La pensée de la chair est
inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet
pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le
peut pas. Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent
plaire à Dieu "
(Romains
8.7-8).
Aucune des pensées ni des actions de la
chair ne peut être en accord avec la nature
divine qui est manifeste dans l’homme nouveau
par le vecteur de la foi. Cela est incontestable et
la Parole va jusqu’à
déclarer :
"tout ce qui n’est pas sous le principe de
la foi est péché"
(Romains
14.23).
Le vieil homme a pour unique but de "jouir pour un
temps des délices du
péché", alors que la nouvelle nature
choisit l’affliction de la chair
(Hébreux 11.25).
Mais nous ne sommes pas toujours en mesure de
détecter et de discerner les actions de
notre vieille nature, d’autant plus que
celle-ci aime particulièrement
s’infiltrer dans les relations entre Dieu et
l’homme. En cela elle est très
perméable aux artifices de l’ennemi qui
ne cherche qu’à jeter le trouble dans
le coeur de ceux qui sont en nouveauté de
vie. Les désastres causés par
l’influence de Satan sur la vieille nature
sont d’autant plus importants qu’ils
approchent ce qui est très saint,
l’Église du Seigneur. Le plus souvent
ce n’est pas par une opposition directe, que
Satan produit ses attaques mais il agit en
s’infiltrant par des manifestations
insidieuses de la volonté de l’homme
qu’il dirige. Et la chair écoute depuis
le commencement la voix du diable.
Les alliés de notre vieille
nature.
- L’activité humaine
L’Église, mystère
caché dès les siècles en Dieu,
maintenant manifesté aux saints,
sanctifiés par Jésus Christ, est la
sphère de l’Amour du Père et du
Fils ; de l’Amour de Christ pour son
Épouse, de l’amour de Dieu pour ses
enfants. C’est une sphère spirituelle
dans laquelle l’homme naturel n’a aucune
place. Hélas même dans les milieux
croyants où la Parole de Dieu est
respectée, les droits du Seigneur sont bien
souvent oubliés, voire
négligés. Ne nous en étonnons
pas si nous avons laissé la place
d’honneur à l’homme, celui-ci
s’en est vite emparé.
L’Esprit, la chair "ces choses sont
opposées l’une à
l’autre"
(Galates
5.17)
Durant la construction du temple par Salomon,
"on n’entendit ni marteaux, ni hache, aucun
instrument de fer, dans la maison quand on la
bâtit"
(1
Rois 6.7) Tous ces outils propres
à l’homme n’avaient pas de place
dans la maison de Dieu. N’avons-nous pas par
cette illustration, une indication de ce que doit
être la part de l’homme dans
l’Église ? Et tout
particulièrement d’une manière
concrète, dans les réunions où
le Seigneur rassemble autour de Lui ses
rachetés. Chaque fois que j’entre dans
cette proximité de Dieu, dans le lieu
où Christ a promis sa présence, ai-je
bien pensé à laisser dehors, mes
pensées personnelles, mes
prétentions, mon orgueil, en fait, tout mon
caractère d’homme naturel ? Si
j’ai laissé quelques bribes de celui-ci
pénétrer, l’Esprit, divin
conducteur, risque d’être
attristé. Je deviens ainsi une entrave, un
obstacle à la bénédiction
divine sur le rassemblement. Craignons, redoutons
l’orgueil spirituel. Que de
dégâts n’a-t-il pas fait ?
Nous sommes par nature pétris dans
l’orgueil, aussi s’il est un mal
difficile à juger et à confesser pour
le coeur du croyant, c’est bien
l’orgueil.
Parmi les obstacles à l’action
bienfaisante de l’Esprit, se trouve aussi
l’égoïsme, la jalousie, les
rancunes, sans citer dans son entier la liste des
fruits de la chair, énumérés
plus haut, dans l’épître aux
Galates. Toutes ces choses, telles des plantes
grimpantes, ne se lassent pas d’envahir nos
coeurs, détériorant les relations du
Seigneur avec son Église. Réalisons
un tant soit peu que nous sommes tous membres les
uns les autres de Christ. Voudrions-nous introduire
dans ce corps de Christ de multiples
individualités, fruits du travail de
l’homme ? Hélas nous savons trop
que toutes ces manifestations provenant de nos
coeurs sont bien capables de provoquer des
divisions avec des "occasions de chute"
(Romains 16.17). L’Esprit de
Dieu par la plume de Paul nous engage à
être parfaitement unis dans un même
sentiment et dans un même avis
(1 Corinthiens 1.10). Cette
injonction sous-entend certainement aussi "dans un
même jugement de soi", afin de chasser le
produit du vieil homme. Pensons au travail
de Christ évoqué dans
l’évangile de Jean : " Mon
Père travaille et moi je
travaille " et apprécions
l’activité incessante ainsi accomplie
par le Seigneur pour purifier son Église, la
sanctifier, la préserver de l’action du
vieil homme. Ne nous opposons pas à ce
travail, mais participons-y par la prière,
avec des coeurs dépouillés de
nous-mêmes.
Ne soyons pas surpris lorsque nous ne recevons que
peu de bénédictions dans nos cultes,
comme aussi dans les autres réunions autour
du Seigneur. Cela tient essentiellement au fait que
l’Esprit communique vers notre nouvelle nature
et exclusivement vers celle-là. Le vieil
homme peut penser recevoir, mais ce n’est pas
possible car il est étranger à la
voix de l’Esprit.
- Légalisme
Sous le ministère de Moïse il y
a l’introduction des dix commandements
assignés au peuple terrestre de Dieu.
C’est une loi divine, donc parfaite. Neuf des
dix commandements découlent du
premier :
"Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de
tout ton coeur… "
(Deutéronome 6.5)
La loi est grande et honorable est-il écrit.
Seul le Seigneur Jésus a su la rendre telle.
Pourquoi, simplement parce qu’Il était
obéissant et dévoué ? Oui
certainement, mais parce que de sa parfaite
obéissance résultait des mobiles de
son coeur. Ce coeur ne battait que pour Dieu et il
accomplissait toujours le premier commandement
duquel découle tous les autres. La loi a
été donnée aux hommes pour
qu’un homme parfait démontre la
perfection absolue de cette loi et pour que les
hommes, ceux qui sont marqués par le sceau
du péché, c'est-à-dire tous,
constatent leur incapacité à
l’accomplir, à ne pas la
transgresser.
Lorsqu’on regarde de prés ce qui
émerge du texte divin on retrouve les
pensées immuables de Dieu : amour,
justice, pardon ; la vie du Seigneur, comme
homme sur la terre, était ainsi
déjà tracée par ces
caractères portés à la
connaissance de l’homme très tôt
dans l’histoire de l’humanité.
C’est à cause de ces caractères
divins qu’Adam a dû être mis
à l’écart de la Divinité,
dés l’instant où il a ouvert son
coeur au péché.
Pour ne pas avoir cette perception de l’amour
joint à la justice, l’homme est devenu
hors la loi après avoir reçu ces
commandements de Dieu par
l’intermédiaire de Moïse ;
hors la loi et chose bien plus grave,
faux-légaliste. La définition de
légaliste étant le respect
minutieux de la loi, celui qui ne respecte la loi
que pour se satisfaire est un conformiste.
Le premier pas du pharisaïsme est le
conformisme social, spirituel et moral. Ainsi
depuis deux mille ans, la doctrine laissée
par Christ s’est diluée petit à
petit, à cause de la prétention des
hommes, de leur orgueil, de leur nature toujours
prompte à écouter l’ennemi.
Grâces soient rendues à Dieu, sa
Parole immuable a été
conservée indemne malgré toutes les
attaques, matérielles, spirituelles, de
l’extérieur de la
chrétienté comme aussi de
l’intérieur !
Attaques nombreuses et variées,
commençant par des scribes ;
contemporains et complices des pharisiens,
pharisiens eux-mêmes, ils étaient
chargés de transmette les Écritures
et au fil du temps ils avaient pris l’habitude
d’en orienter le sens, les accommodant
à leurs traditions. Ne trouvons nous pas
dans l’église du premier
millénaire cette volonté manifeste de
vouloir cacher les Écritures, de les tordre,
de les voiler, pour diriger les âmes vers
autre chose ? C’est la chose la plus
contraire à la pensée de
Christ et c’est sous l’instigation
de Satan que les responsables de ce
dévoiement ont agi. Il plane là
l’ombre des faux bergers
dénoncés dans Ézéchiel
avec tous les reproches que Dieu leur
fait :
"Malheur aux pasteurs d'Israël, qui se
paissent eux-mêmes ! Les pasteurs ne
doivent-ils pas paître le troupeau ?
Vous mangez la graisse, et vous vous habillez de la
laine ; vous égorgez ce qui est
engraissé ; vous ne paissez pas le
troupeau. "
(Ézéchiel 34. 2-3)
Les pharisiens étaient membres de la secte
juive apparue environ cent quarante ans avant la
venue de Christ. Ils se distinguaient par une
minutieuse observance de la loi et de ses
règles, s’attachant à la forme
de la piété plutôt
qu’à la réalité
spirituelle.
Le pharisien était un homme ne vivant donc
pas dans la vérité.
Pour cette secte, en particulier, la venue de
l’Homme parfait a produit un très fort
impact. Trouble, embarras et gène ont
dès lors envahi la vie de ces religieux,
intéressés et imbus de leur propre
personne. Si les sadducéens étaient
très attachés au sens littéral
de la loi et ne croyaient ni à la
résurrection ni aux anges, les pharisiens
avaient saisi en partie la Parole. La loi
était leur ligne de conduite, leur
"garde-fou" mais surtout pour la suivre dans la
pensée d’être en règle
avec l’Éternel. C’est bien
là que se trouve le point de scission entre
la pensée de Dieu et la pensée de
l’homme.
Mais, dirons-nous, pourquoi s’attarder sur un
sujet qui ne nous concerne pas car il est
historique et semble n’être que du
passé ?
Ce n’est pas un hasard si le nouveau Testament
consacre autant de place à une mise en garde
contre les pharisiens, ne serait-ce que dans les
conflits sous-jacents que l’on discerne entre
eux et le Seigneur dans de nombreuses
scènes. C’est l’esprit pharisien
qui a pollué la chrétienté
dès les premiers siècles et qui
continue hélas à frelater les
commandements et enseignements de la Parole
divine.
Tant de précision sur la secte des
pharisiens, leurs faits et gestes, leur
véhémence et leur opposition à
Christ, cela doit bien certainement nous avertir,
nous mettre en garde contre l’homme religieux
toujours opposé à la pensée
divine. L’homme par ses capacités
propres ne peut que s’éloigner de
Dieu.
Chrétiens possédant la vie de
Christ ! Ce sujet nous touche de très
prés parce qu’il nous
révèle quelque chose de la profondeur
du coeur humain et de l’homme religieux en
particulier, un coeur, véritable labyrinthe
de pensées tordues et trompeuses.
Sans entrer dans une longue et languissante
considération de la vie et de la profession
des pharisiens, nous nous bornerons à mettre
leurs activités en parallèle avec
celles que nous sommes en danger de produire, afin
d’y discerner, hélas,
l’étrange conformité que
l’on peut bien souvent constater, et pour en
retenir quelques instructions.
Pharisien veut dire "séparé". Les
pharisiens se distinguaient par
l’étalage de signes de
piété visibles, parce
qu’extérieurs, par l’observance
rigide de la loi, par leur prétention
à être seuls détenteurs de la
vérité. De plus, par leur position
qu’ils considéraient comme très
privilégiée ils s’arrogeaient
des droits, se permettant de juger ceux qu’ils
considéraient comme inférieurs.
L’attitude pharisaïque est plus à
redouter pour nous chrétien que pour le juif
d’autrefois, parce qu’elle
s’introduit facilement en nous pour apporter
ambiguïté et équivoque dans le
témoignage que chaque croyant a la
responsabilité de rendre.
L’attitude extérieure du
chrétien n'a aux yeux de Dieu que la valeur
correspondante à l'engagement de son coeur.
Le chrétien est toujours en danger de
considérer comme satisfaisante une
séparation pour Dieu qui, au lieu
d’être réalisée par la
puissance du Saint-Esprit, dans la
vérité et dans l’amour, se
contente de certaines caractéristiques,
comportant une conduite basée sur des
interdictions ou abstinences dans un effort humain.
Être différent des incrédules
devrait se voir dans notre vie par les mobiles de
nos coeurs qui conduisent nos pas. Quant à
mon frère dans la foi, si je reconnais
qu’il ne marche pas fidèlement selon
les principes de la Parole, à aucun moment
je ne dois adopter une attitude autre que de
l’humilité. Et prendre garde à
ne pas me prévaloir d’être
différent de lui, ni comparer sa marche
à la mienne. Le seul juge c’est le
Seigneur, ma seule obligation morale, rechercher ce
qui lui plaît avec un coeur soumis et humble.
Ce qu’Il me demande c’est ma
non-participation à une marche que ma
conscience désapprouve, et non mes subtiles
pensées de supériorité ne
conduisant qu’au désastre. Si je
réalise cet état
d’humilité, le Seigneur me donnera la
conduite adéquate à tenir
vis-à-vis de celui qui est dans le
désordre, sans que cela provienne de mon
propre coeur.
Inspirons-nous de la conduite du Seigneur,
lorsqu’il s’approchait des âmes,
lorsqu’il communiquait avec ses disciples.
Toujours la même douceur, sans complaisance,
sans acrimonie, la vérité apportait
sa pleine lumière dans les cas les plus
sombres. À sa place combien de conflits ou
de disputes n’aurions nous pas amené
dans bien des contacts qu’Il avait avec des
pécheurs, des publicains, des personnes
rejetées par la
société !
- Intellectualisme
C’est un danger menaçant ceux
qui pensent plus à parler de doctrine et de
vérité qu’à vivre en
pratique en elle avec Christ. Paradoxalement cela
peut conduire tout autant à
s’éloigner de la bonne doctrine de
Christ. Par l’oeuvre de la nouvelle naissance,
le croyant dispose d’une intelligence tout
autre que l’intelligence naturelle, celle que
Pierre appelle la "pure intelligence" pour
qu’il puisse entrer dans les choses qui sont
fermées à la chair.
Le Seigneur, dans une de ses actions de grâce
envers son Père pouvait dire à son
Père :
" tu as caché ces choses aux sages
et aux intelligents et tu les as
révélées aux petits
enfants "
(Matthieu 11.25)
Il est bien certain que ce passage ne signifie pas
le rejet des intellectuels par Dieu, mais il montre
clairement l’incompatibilité des choses
de Dieu avec la sagesse et l’intelligence
déployées par l’homme au service
du monde. Paul développe largement ce sujet
dans la première épître aux
Corinthiens déclarant que l’Esprit
sonde toutes choses
(1 Corinthiens 2.10).
L’intellectualisme religieux est un travers
qui est toujours à craindre, même
s’il n’y a qu’une infime part de
l’intelligence humaine. Du temps de
l’Apôtre déjà, certains
croyants se glorifiaient de leurs dons
intellectuels naturels, qui avaient hélas
pour effet de les détacher du Seigneur, but
opposé à celui de Dieu. Or la Parole
précise bien que nous avons un trésor
dans des vases de terre
(2 Corinthiens 4.7). Vases fragiles
qu’il faut vider de soi-même, car Dieu
ne se sert que de vases vides. Parfois il doit les
briser, afin de les remplir de ce qui est
divin.
Il peut cependant se servir de grandes
intelligences, d’érudits, de
génies, c’est sa souveraineté,
mais Il ne désire jamais une approche des
choses saintes par nos raisonnements humains. La
puissance de l’Esprit est indispensable, pour
saisir par la foi, les pensées
exprimées par Dieu dans sa Parole. Depuis
toujours Dieu s’est servi d’hommes de
capacités et d’intelligences
différentes, sans qu’il y ait
d’obstacles, puisque les aptitudes viennent de
Lui. Nous pourrions être surpris devant les
prophéties d’hommes simples, ainsi que
par les écrits de disciples connus comme
illettrés et gens du commun. Ce serait alors
ne pas connaître la puissance de
l’Esprit et la souveraineté de
Dieu.
- Laxisme
"Vous avez été
appelés à la liberté,
seulement n’usez pas de la liberté
comme occasion pour la chair… "
(Galates
5.13). Nous basculons si
facilement d’un bord ou de l’autre, que
la Parole nous donne de telles précisions.
"Christ vous a délivré mais n’en
profitez pas pour retourner en esclavage"
voilà bien la parole de mise en garde
qu’il nous faut mémoriser afin de jouir
de la réconciliation que Dieu a fait avec
nous. Nous avons besoin d’être conduit
dans un équilibre qui n’est ni naturel
chez l’homme, ni évident à
discerner. Défendre la charité et
l’affection fraternelle devrait être un
trait caractéristique des croyants, mais
à cet endroit aussi il faut se méfier
du déséquilibre qu’une conduite
excessive peut entraîner. L’amour se
réjouit avec la vérité. Aussi
je dois prendre garde de ne pas arriver à un
point où l’affection pour mes
frères me ferait déborder et passer
outre les intérêts du Seigneur. Notre
vieille nature peut très facilement nous
fourvoyer dans une ambiguïté qui nous
laissera indécis face à deux
positions :
- l’une conduite par le souci exclusif de
plaire à Dieu en recherchant des
séparations qui ne sont pas selon Lui, -
l’autre nous amenant dans une sorte de
compromis qui mettrait dans la balance quelque
chose de la sainteté de Dieu et un
prétendu amour pour les âmes. Or le
croyant fidèle ne devrait jamais passer
légèrement sur les caractères
de sainteté du Seigneur, chose sur laquelle
Dieu ne permet pas qu’on transige. Aucun
prétexte ne nous autorise de plaider pour la
tolérance de ce que la Parole rejette, ni
même de recourir à des compromis
mettant en jeu les caractères et les droits
du Seigneur.
Recherchons la piété pratique, elle
est comme une plante qui se cultive, qu’il
faut nourrir et arroser. Dieu y pourvoira par son
Esprit et sa Parole si nous sommes dans la bonne
disposition, en tenant à l’écart
les manifestations de notre vieil homme
charnel.
Il n’y a que deux alternatives pour le
fidèle, la piété pratique ou
l’affaiblissement de ses affections pour
Christ, chemin qui conduit à
l’état Laodicéen
(Apocalypse 2.15).
La dégénérescence
chrétienne est hélas un fait
constaté qui a commencé dès la
fin du ministère des apôtres, comme
l’avait annoncé Paul
(Actes 20.29). L’Église
s’est ensuite fondue dans le monde sous le
règne d’un empereur romain complaisant
et a commencé son long pèlerinage de
douleur et de trahison, ressemblant beaucoup au
parcours du peuple de Dieu dans le désert.
C’est là que l’homme naturel,
toujours réceptif à Satan, a
réussi à faire le plus de
dégâts dans les choses de Dieu. Il est
souvent bien difficile de discerner un
chrétien véritable d’un
chrétien de nom, tant le mélange
entre les deux natures est établi. Certes le
Seigneur connaît les siens, sa vision et son
discernement ne sont pas les nôtres.
Nous devons reconnaître que nous sommes tous
responsables de cette
dégénérescence de la vie
chrétienne. Que nous en soyons conscients
pour ne pas ajouter davantage à ce grand
déshonneur porté sur le nom du
Seigneur. Le laxisme est un réel danger,
pernicieux de surcroît car il conduit
à l’abandon d’une marche
fidèle par petites étapes, peut
être même insignifiantes, nous
habituant à ne pas juger les actions de la
chair qui prennent alors de plus en plus
d’importance.
- Sectarisme
Dés le début le risque de ce
péril est évoqué par la Parole
dans l’écrit de Paul à Tite.
L’homme sectaire y est présenté
tout de suite après la liste
d’activités propres au vieil
homme : folles questions,
contestations…
(Tite
3.9). Sectaire signifiant "
Choisir" –"prendre partie", on peut
aisément comprendre l’opposition du
Seigneur à de tels comportements. Ils
ouvrent obligatoirement la voie aux divisions
laissent la part belle à la vieille nature,
et l’ennemi les utilise dans le but
d’attacher les âmes aux enseignements
humains.
De nos jours une secte est un parti de taille
variable, pouvant être local, national, et
qui se distingue d’autres partis. Il est
composé de personnes qui sont
généralement inconscientes de leur
situation, car il y a toujours un esprit de groupe
à l’intérieur d’une
secte.
Elle est presque toujours conduite par des
personnalités influentes, censées
être suscitée par
l’autorité divine. Elles exercent alors
un ascendant, leur autorité étant
admise par ceux qui suivent, souvent comme par une
sorte de vénération. Ces leaders
ainsi fabriqués par leur orgueil propre
d’une part et de l’autre
côté par l’attitude
d’adulation de ceux qui l’acceptent,
prennent généralement une forte
emprise par leurs sermons comme par les
écrits directifs qu’ils peuvent
émettre.
Plus le groupe fusionne, plus ceux qui le composent
tiennent à rester solidaires avec une
réelle peur de s’en voir
expulsés ; cette peur rejoint celle de
se voir différents des autres adeptes. Tenus
alors par une prétendue soumission jamais
remise en question, il est aisé pour les
meneurs de faire même intervenir les
Écritures pour justifier certaines conduites
qui ne sont que le produit de l’homme.
Il n’est que trop vrai qu’une cause
générale de l’apparition des
sectes est due au relâchement et à la
mondanité, c’est à dire
l’impact du monde et de sa souillure sur les
croyants. Les frères du réveil
chrétien du dix-neuvième
siècle étaient remarqués comme
très fidèles, sans conformité
avec le monde, n’ayant ainsi pas besoin de
prescriptions contraignantes pour lutter contre
l’apostasie qui corrompt la
chrétienté depuis le début,
laissant bien souvent un témoignage des
formes.
Dés la fin du monopole de
l’Église Catholique, et la constatation
de son éloignement des vérités
chrétiennes fondamentales, est apparu le
protestantisme, avec ses luttes, ses partisans, ses
opposants et c’est après cet
état de grâce qui a
duré deux cents ans environ que
l’on peut constater le point de départ
de la multiplicité des sectes et des
dénominations chrétiennes.
Ces dernières ont souvent apporté une
fraîcheur, une odeur de vie, due au
réveil de fidèles. On reconnaît
là le travail de Dieu qui cherche de vrais
adorateurs l’adorant en esprit et en
vérité. Il connaît le secret
des coeurs qui ont répondu à son
appel et qui désirent le faire entrer dans
leur vie. Alors Il suscite des réveils
à l’instar de ceux dont nous parle le
livre des Juges.
Et nous retrouvons la même alternance,
réveil, assoupissement, réveil,
assoupissement :
"Les fils d’Israël firent de nouveau
ce qui est mauvais", jusqu’à ce que
quelques coeurs fidèles crient en se
tournant vers l’Éternel, et Dieu
suscita une délivrance. C’est
l’événement que nous appelons le
"réveil".
Les résultats amenés par le
réveil suscité par Dieu au
dix-neuvième siècle, sont : le
retour strict à la Parole, et par cela, la
considération de l’Église de
Dieu comme Épouse de Christ, l’attente
du retour du Seigneur pour enlever
l’Église. Depuis bien des années
des croyants fidèles et obéissants
ont le désir de se réunir selon les
principes de la Bible à l’écart
de ce que nous osons appeler
chrétienté professant. Pourquoi ce
terme ? Parce qu’il semble que devant une
certaine nécessité de
s’identifier à une culture, le monde
accepte de se classer comme "chrétiens" au
même titre qu’il peut s’appeler
bouddhiste ou maoïste, pour ne citer que ces
exemples. On remarque même actuellement que,
s’octroyer le titre de "protestant "
confère une sorte de marque de noblesse,
construite sur les vertus des fidèles
huguenots, brimés et
persécutés pour leur foi.
Outre les appellations données par le monde
à tout ce qui ne représente pour lui
que mouvements minoritaires, la qualification de
secte est redoutable. Ne nous étonnons donc
pas si la société nous classe sur un
registre de secte, mais soyons vigilant pour ne pas
en démontrer les caractères.
C’est un travers dans lequel nous risquons
constamment de tomber, à cause du vieil
homme sommeillant en chacun de nous. Et la
dérive intervient vite.
Une secte laisse une importante place – si ce
n’est toute la place - à l’homme
et bien souvent aucune au Seigneur qui est alors
ignoré.
Le christianisme est la plus grande
bénédiction que Dieu ait fait venir
sur la terre par la personne de son Fils. Il
n’est pas une religion, ni un mode de
pensée, ni une gnose, toutes ces choses
procèdent de l’homme. Le christianisme
dans sa pureté se définit
lui-même par la Parole comme opposé
aux sectes. Bien des passages nous le prouvent par
leur démonstration pratique :
"Allez dans tout le monde et prêchez
l’Évangile à toute la
création "
(Marc
16.15) ; "Dieu ne fait
acception de personne "
(Actes
10.34). Avons-nous toujours
à l’esprit le trait distinctif qui doit
nous faire reconnaître comme
chrétien ?
" À ceci tous connaîtront que
vous êtes mes disciples, si vous avez de
l’amour entre vous "
(Jean
13.35). Est-ce bien le signe
particulier que le monde peut lire sur chacun de
nous ?
Si dans la pratique nous appliquions à la
lettre ces paroles de Jésus aux siens, nous
ne serions jamais pris pour une secte, mais ceux
qui nous regardent distingueraient quelques rayons
lumineux de la Personne de Christ.
- Le coeur endurci
Dans son enseignement et en particulier
dans les paraboles, le Seigneur insiste beaucoup
pour faire comprendre les difficultés du
coeur de l’homme à s’approcher des
choses de Dieu et à les recevoir. Ce
n’est pas pour rien que les trois
épîtres de Jean, "l’apôtre
de l’amour", nous incitent et même nous
engagent à vivre cet amour que Christ
n’a eu de cesse de montrer.
La venue de Christ dans ce monde a fait
connaître l’amour vrai, celui qui est
dans le coeur du Père, l’amour du Fils
pour le Père, du Père pour le Fils,
et c’est cet amour qui est maintenant
versé dans le coeur du croyant. Le Seigneur
durant son ministère de trois ans et demi
n’a cessé de parler à des hommes
au coeur endurci. Sa patience était sans
faille, mais que de souffrances ce coeur dur de
l’homme n’a-t-il pas causé au
Seigneur ? Jusqu’à
l’extrémité même, injures
et mépris alors que Jésus
était crucifié en infirmité.
C'est à la croix que la tendance du"coeur
dur comme un diamant"
(Zacharie 7.12), a
été manifestée de
manière extrême.
Le cas de Jacob présente le
côté coriace de notre coeur. Dieu,
dans sa grâce se révèle
à Jacob mais Jacob n’est pas
plutôt réveillé de son sommeil
que ses tendances ressurgissent. Il a peur,
n’étant pas à l’aise dans
la proximité de Dieu car ce n’est que
quand le coeur est entièrement brisé
qu’on peut être à l’aise
avec Dieu. Dieu se plaît auprès
d’un coeur brisé. Jacob
n’était pas encore dans cette
disposition, il n’avait pas encore appris
à se reposer comme un petit enfant sur
l’amour parfait. Il a peur à cause de
son coeur dur. C’est ce qui est arrivé
plus tard aux disciples à bien des reprises,
comme par exemple lorsqu’ils sont
effrayés par la tempête, le Seigneur
étant à côté d’eux.
Avant de remonter au ciel Il leur fera reproche de
leur incrédulité à cause de
"la dureté de leur coeur".
La nature de nos coeurs les rend non seulement durs
et secs mais aussi rusés. Ils peuvent
tromper subtilement les autres et nous tromper
aussi. La forme de la piété fait
croire à ceux qui nous entourent des choses
qui ne sont pas. C’est le mensonge
manifesté, état très grave aux
yeux de Dieu. La Parole annonce ce mal d’une
façon particulière pour les derniers
jours. Des hommes "ayant l'apparence de la
piété, mais en ayant renié la
puissance".
(2
Timothée 3. 5). Bien que
cette prophétie désigne des non
croyants, les chrétiens sont en danger de
montrer un état extérieur ne
correspondant pas à la
réalité. La Parole nous enjoint
à être vrais dans l’amour
(Éphésiens
4.15),
c’est encore une manifestation de notre
nouvelle nature ayant pour but de nous faire
croître en Christ.
- Habitudes et routines
La vie chrétienne ne devrait pas
être faite d’habitudes, mais
d’activités, continues et
spontanées. C’est ainsi que le croyant
est appelé à faire face
continuellement à des situations auxquelles
il ne s’attend pas. C’est par cela que la
foi peut se manifester et s’affermir. Il en
est de même dans l’Église
où la liberté de l’Esprit est
bien souvent proclamée mais peu
réalisée, parce que remplacée
par nos habitudes et nos routines.
C’est une des raisons principales pour
lesquelles nous ne recevons pas toutes les
bénédictions que le Seigneur voudrait
nous dispenser. C’est ce qui est donné
par l’Esprit et uniquement par ce moyen qui
apporte à nos âmes la
bénédiction divine.
Dans le culte comme dans les autres réunions
autour du Seigneur, ce qui est rituel et
procède alors d’habitudes n’est
généralement pas spirituel. Nous
avons tôt fait de prendre des habitudes, de
nous accoutumer à ce qui devient une routine
propre à nous mouler dans une sorte de
confort. On s’installe alors aisément
dans un rythme, qui nous berce mais entrave
l’exercice de la foi et affaiblit la
tonicité de la vie nouvelle. Concernant la
prière, le Seigneur enseignait ses disciples
à ne pas "user de vaines redites".
Nous risquons tous par habitude, de
répéter les mêmes formulations,
les mêmes phrases. Cela est vain et
stérile, si le coeur n’est pas
engagé par l’Esprit, qu’il
s’agisse d’actions de grâces ou de
requêtes. Il est en fait facile pour la chair
de vivre chrétiennement d’habitudes.
Elles ne sont pas pesantes pour l’homme
naturel, ne suscitent pas d’exercices, ni de
remise en questions. Que de fois, en réponse
à des questions concernant certains
comportements, n’a-t-on pas entendu
spontanément : " On a toujours
fait comme ça ! ". Voilà
l’exercice du coeur occulté
complètement par des habitudes et des
traditions ! Le Seigneur a beaucoup
condamné cette manière d’agir
qui n’est en fait que mouvements sans vie.
Toute habitude, ou coutume, dans le domaine
spirituel, qui n’est pas justifiable par la
Parole est un produit de l’homme naturel.
Inspirons-nous de la conduite humble et
fidèle des croyants de Bérée
(Actes 17.11). Ils examinaient
"chaque jour" si ce qu’ils avaient entendu
était conforme aux Écritures. Il y a
là un principe que je devrais appliquer
constamment en toutes choses.
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