Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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FRANK THOMAS
SA VIE - SON OEUVRE



CHAPITRE VIII
FRANK THOMAS ET LE SOCIALISME. SON OEUVRE ÉCRITE.

À côté des questions proprement religieuses, les questions de justice ont beaucoup préoccupé Frank Thomas et il les a souvent abordées dans ses discours. Il était un adepte du christianisme social, mais malgré tout l'intérêt qu'il prenait au socialisme et à certaines de ses revendications, il ne put jamais se trouver entièrement d'accord avec ses doctrines. Il s'est plus d'une fois adressé aux socialistes dans ses sermons et dans ses discours pour leur prouver l'erreur profonde qu'ils commettent en ne tenant aucun compte de la personne et de l'oeuvre de Jésus-Christ. Il les a affrontés dans des conférences contradictoires et il a fait, en 1903, au Victoria Hall une série de conférences publiées sous le nom de Christianisme et Socialisme, destinées à concilier ces deux éléments. Il aimait les ouvriers et il aurait puissamment désiré leur venir en aide, mais il ne pouvait être en complète sympathie avec ceux qui adhéraient intégralement aux doctrines marxistes.
D'ailleurs, il ne ménageait pas non plus la société bourgeoise, ni l'Eglise à laquelle il s'est plus d'une fois adressé en des termes les plus sévères, lui faisant honte de son indifférence en face des problèmes sociaux.
Voici un extrait de ses sermons qui rend compte d'une façon assez claire et complète de ses idées à ce sujet.

Je voudrais dire bien haut aux ouvriers socialistes qui se croient très forts lorsque, sous l'influence de leurs meneurs, ils combattent le christianisme, qu'ils commettent une grave, très grave erreur. Je voudrais leur crier que s'ils sont sincères et réellement désireux d'améliorer l'état social du monde, s'ils soupirent après plus de fraternité, plus de justice et plus de bonheur, ils ont grandement tort de combattre le christianisme, Jésus-Christ étant leur meilleur ami et leur plus sûr allié. D'innombrables socialistes d'Amérique, d'Angleterre, d'Allemagne, de Belgique et d'ailleurs l'ont compris, et désormais ils se garderaient bien de combattre encore celui sans lequel ils n'existeraient pas. À Bruxelles, ils ont placé le portrait du Christ, un grand, un immense portrait, dans l'une de leurs principales salles, c'est même, si je me souviens bien, le seul portrait qui existe dans toute la maison. En Angleterre, ils se comptent par centaines de mille les ouvriers chrétiens, qui dimanche après dimanche, se réunissent en Fraternités pour s'édifier et se développer au point de vue religieux comme à tous les autres, et cela ne les empêche pas d'être des socialistes convaincus.

Je voudrais donc supplier ceux de mes lecteurs qui combattent l'Évangile au nom du socialisme, de cesser ce jeu à la fois injuste et dangereux. Eux, qui ont soif de justice, ils devraient se montrer plus justes à l'égard du grand méconnu de l'histoire. Eux, qui désirent tant une transformation sociale, ils devraient être reconnaissants envers celui qui est seul capable de transformer le coeur d'un bourgeois, comme celui d'un ouvrier. Sans Jésus-Christ, j'ai peur de l'égoïsme des riches, ils ont pour eux l'argent et la culture dont ils pourront se servir contre les classes populaires, mais j'ai tout aussi peur de l'égoïsme des prolétaires ! Ils ont pour eux la masse et la force matérielle dont ils ne manqueront pas de se servir contre les riches dont ils se feront des ennemis. Que nos socialistes et nos anarchistes, qui sont si fiers de se dire libre-penseurs, fassent usage de leur pensée libre pour s'affranchir de ceux qui les mènent et des préjugés qui les aveuglent ; qu'ils s'en servent pour dégager le Christ lui-même de tout ce qui l'a altéré et faussé à travers les siècles. Et alors, dans une alliance féconde et puissante, les vrais chrétiens de toutes les classes et les hommes honnêtes de tous les partis politiques pourront monter à l'assaut des vieilles forteresses de l'oppression et de l'injustice, et préparer cette cité de demain après laquelle nous soupirons tous, depuis que la Bible nous en a donné la merveilleuse vision. (1)


Pour terminer l'étude des travaux de Frank Thomas, il nous reste encore à parler de ses écrits. Il serait injuste de juger ses innombrables ouvrages comme on jugerait l'oeuvre d'un écrivain. Tous ou presque tous les volumes qu'il a publiés sont des séries de discours qui ont été hâtivement lancés dans le public sans avoir été l'objet d'un travail approfondi de rédaction. Sitôt imprimés, ils étaient accueillis comme des actualités sortant de la bouche et du coeur d'un grand orateur.

S'il a tant, et selon nous trop publié, ce n'était pas chez lui manque de modestie, il connaissait les déficits de sa plume, mais désir ardent de faire du bien, et certes il y a réussi.
Ceci dit, cherchons à analyser son oeuvre.

Ses premiers ouvrages revêtent un caractère plus homogène que les derniers qui ne sont guère que des recueils de sermons. Ils abordent des questions qui forment l'objet du volume tout entier. Sans grande originalité, d'un style peu fouillé, ils témoignent tous cependant d'un très noble idéal et d'un ardent désir de conduire ses lecteurs sur les hauteurs de la vie spirituelle. Rien de touchant comme cet amour indéfectible du bien qui anime l'auteur, du début à la fin de ses ouvrages. Il y a là un effort admirable qui a dû voir mûrir de beaux fruits, et combien, à plus forte raison, lorsque ces mêmes paroles jaillissaient bouillonnantes de son coeur apportant avec elles ce quelque chose de rayonnant qui émanait de ses discours et de sa personnalité. Il n'est pas possible de parler ici de tous ses ouvrages. Nous en passerons cependant rapidement quelques-uns en revue.

Notre corps et ses destinées est un livre de vulgarisation scientifique sans grande profondeur intellectuelle mais débordant de foi et qui contient, à la fin, des passages très intéressants sur la vie après la mort. Il est important relativement à la pensée de Frank Thomas sur l'Au-delà et témoigne de beaucoup de largeur d'idées.

La Famille est un très beau livre plein de conseils pratiques et de haut idéalisme. Rien ne prouve mieux l'amour du bien, la conscience, l'enthousiasme qui animaient Frank Thomas, que cet ouvrage courageux. On sent qu'il est lui-même un terrain magnifiquement ensemencé. Il est un juste dans lequel il n'y a pas de fraude, une conscience lumineuse, travaillée dès l'enfance par l'Esprit de Dieu. Il n'a qu'un désir, attirer tous ses lecteurs et auditeurs au bien, à l'idéal qui est le sien et qu'il leur propose.

La Vie en Christ est peut-être le plus délicat et le plus tendre de tous les livres écrits par Frank Thomas. Il contient des passages très élevés dont la forme est plus soignée que celle de la plupart de ses autres ouvrages.
Mais, à notre avis, le meilleur de tous est le petit volume intitulé :

La Souffrance. Il est médité, bien écrit et d'une pensée exceptionnellement fouillée. Il témoigne d'une compréhension étonnante de la douleur, de la part d'un homme qui, à cette époque, avait peu souffert. L'on n'y sent pas comme dans le livre d'Ernest Rostan sur la Valeur de la souffrance le cri d'un coeur déchiré et broyé qui a creusé avec une angoisse inexprimable le problème de la douleur, pour y chercher une explication à sa propre destinée ; on y trouve pourtant une très grande connaissance du coeur humain et une vraie science de la douleur des autres. Il y a dans ces pages une explication, simple, lumineuse et bienfaisante de la souffrance. Certainement des coeurs meurtris ont dû y trouver et y trouveront encore un réconfort.

Quant aux sermons de Frank Thomas, intitulés Bonne Nouvelle, ils ont été publiés à raison d'un par mois de 1898 à sa mort et sont de valeur inégale. Quelques-uns d'entre eux sont admirables, animés d'un souffle puissant et d'un élan remarquable ; d'autres dénotent un travail trop hâtif, presque toujours, cependant, même dans ceux-ci, au milieu de formules quelconques, s'élèvent comme une fusée, des passages pleins de foi, de spontanéité, des cris du coeur, des appels à la conscience, vibrants, incisifs, qui dépassent de plusieurs coudées leur contexte.
C'est là ce qui a fait le génie propre de Frank Thomas, ce qui l'a distingué des autres prédicateurs. Même écrits, alors que sa parole ne les anime plus, ces passages gardent toute leur valeur.

En dehors de Jésus-Christ, et de Jésus-Christ crucifié, l'humanité, fille de Dieu ressemble à une orpheline qui cherche en pleurant un père que la mort lui a enlevé ; elle appelle, elle crie, et personne ne répond ; elle rencontre parfois des êtres qui lui rappellent son père, car le souvenir de celui-ci est gravé au fond de son coeur meurtri, mais aucun ne ressemble à Celui qu'elle cherche : ni le Dieu de ses rêves, ni le dieu des philosophes, d'un Platon par exemple, ni même le Dieu d'Israël ne peuvent calmer ses angoisses : ces dieux sont trop hauts ou trop éloignés, trop abstraits ou trop vagues, trop séparés d'elle en tout cas pour pouvoir étancher sa soif ardente et remplir son coeur.

Mais tout change quand elle approche du Calvaire, car là elle rencontre enfin le Dieu de sainteté et d'amour à la fois, après lequel elle soupirait, elle peut enfin se jeter dans les bras d'un Père tendre et compatissant qui la fait tressaillir de joie en la serrant sur son coeur. Autrement dit, si nous voulions exprimer d'un mot ce que nous donne la croix, nous dirions qu'elle nous donne tout, puisqu'elle nous donne le Dieu paternel ; notre péché l'avait fait perdre ; la sainteté parfaite de Christ et surtout sa mort expiatoire nous l'ont fait retrouver. (2)

À travers les siècles, l'amour de Dieu continue à se manifester toujours le même, toujours aussi saint, aussi pur, aussi incompréhensible pour tous les hommes...
À l'heure où tu lis ces lignes, ô mon frère... tu es tout enveloppé, tout pénétré de l'amour de Dieu, même si, jusqu'ici, tu es resté indifférent, même si tu nies son existence, même si, Le haïssant, tu t'arrêtes un instant dans ta lecture, pour Le maudire...

La bonne nouvelle de l'amour rédempteur est tellement extraordinaire et contraire aux calculs de notre coeur naturel qu'elle apparaît comme une folie... et c'est là ce qui retient loin d'elle bien des hommes, ce qui te retient peut-être, toi-même, loin de Christ, loin de Dieu : son amour est trop grand, trop sublime, pour que tu oses approcher !
Approche-toi néanmoins, tout cet amour est pour toi.


Une autre caractéristique des discours de Frank Thomas, c'est comme on l'a déjà dit, l'actualité. Il y a abordé tout ce qui a préoccupé la pensée de ses contemporains et s'est efforcé de chercher une solution aux problèmes qui ont agité son époque, et, spécialement, sa Patrie.

Un certain nombre de ses recueils de sermons sont groupés par sujets, ainsi : Questions vitales, - Les Heureux, (3) - Guerre et Foi, etc., et forment un tout au point de vue des idées générales, mais ne doivent pas être confondus avec les ouvrages qui traitent d'un seul sujet comme ceux que nous avons analysés.

Il faut ajouter encore à tout cela, quantité de brochures destinées à répandre une idée, telles :
- Comment utiliser le Nouveau Testament.
- La Mission de la jeune fille, etc.

À noter aussi les éphémérides qui ont paru toutes les années de 1904 à 1929, sous le nom de Calendrier Frank Thomas, et contenant une lecture biblique et une méditation, à la fois spirituelle et pratique, pour chaque jour. D'innombrables âmes ont été fortifiées par ces lectures quotidiennes.

L'oeuvre écrite de Frank Thomas se trouve donc être une oeuvre considérable qui, dans son ensemble, forme toute une bibliothèque ; elle n'est pas autre chose que la rédaction de ses discours, c'est un point qu'il ne faut jamais oublier quand on entreprend de la juger. Ce qui a fait la force de leur auteur, son succès, sa réputation, c'est son talent d'orateur, c'est le contact qu'il savait établir avec son public ; ses ouvrages n'en sont qu'un reflet très indirect.


Table des matières


1 Questions vitales, t. III, p. 254-255.

2 La Croix de Christ, p. 46-47.

3 Les heureux - ici

 

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