Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SENTINELLE ! QUE VOIS-TU ?


Comment l'Eglise n'a-t-elle pas encore compris que la seule chose qui puisse la réhabiliter, c'est la manifestation d'une sainteté véritable ? Tout ne le lui crie-t-il pas de toutes parts ? Jusques à quand lui prêchera-t-on du haut des chaires chrétiennes - nous croyons savoir qu'on l'a fait souvent et qu'on le fait encore, - et laissera-t-elle enseigner que Dieu nous maintient dans la corruption de nôtre péché par pure miséricorde et de peur que l'ivresse de la sainteté ne nous tourne la tête ? Oh ! modestie diabolique qui anéantit le conseil de Dieu !

Non, si je veux être saint, ce n'est pas pour goûter la jouissance de ma sainteté, ni pour en contempler la splendeur. Ce serait descendre au rang des démons ; mais uniquement parce que Dieu m'a dit : « Sois saint », et pour obéir à son impérieux commandement. Ne dois-je pas vouloir ce qu'Il veut ? Et s'Il le veut, que lui objecterai-je ? Toute cette humilité, toute cette prudence, toutes ces raisons spécieuses que nous avons coutume d'invoquer, toutes ces barrières dont nous nous entourons pour échapper à l'obligation d'une sainteté positive et complète, tout cela ne démontre qu'une chose : il nous en coûte trop de vouloir ce que Dieu veut. Le parfait amour ne bannit-il pas toute crainte ?

Ah ! sans doute, pour atteindre ce sommet, il est une condition difficile : l'absolu renoncement à soi-même, et l'on renonce, hélas ! moins aisément à ses vertus qu'à ses vices. Beaucoup de chrétiens qui souffrent de leurs fautes, n'ont pas encore perdu toute confiance en eux-mêmes. Le regard attristé qu'ils portent sur leurs imperfections, mais qu'ils y portent, remarquez-le, en nourrissant encore l'espoir trompeur de s'en corriger eux-mêmes, ce regard ne devrait plus se détourner de Celui qui veut et doit être leur vie. Est-ce aux endroits périlleux des sommets qu'on mesure la profondeur des précipices ? Pour n'être pas victime d'un vertige, qu'y a-t-il à observer sinon chaque pas du guide ? Le chemin très étroit de la sainteté, lui aussi, côtoie les abîmes, mais est-ce une raison pour douter du Christ qui s'est engagé à nous conduire au but ? C'est sa vigilance qu'il me faut et non la mienne, car « si l'Éternel ne garde la maison, ceux qui la gardent, la gardent en vain ». Ce n'est pas ma prudence qui me sauvera, mais la sienne et la connaissance d'un chemin qu'Il connaît pour l'avoir Lui-même parcouru.

« Satan, dit l'Écriture, cherche à séduire les élus eux-mêmes, » mais elle ajoute : « si c'était possible. » Ce n'est donc pas possible. Et pourquoi ? Parce que les élus sont ceux « qui n'ont pas aimé leur vie », ni leurs aises, ni leurs vertus, ni leur sagesse, ni leur science, ni leur petite ou leur grande théologie, ni leur gloire, ni même, dans le sens égoïste, leur propre salut. Ils ont jeté toute cette « chair » - c'est St-Paul qui appelle cela de ce nom - et tous les avantages qu'ils en pouvaient tirer dans le sépulcre de Christ mort pour nos fautes, afin de ne dépendre plus que de l'amour de Celui qui est devenu tout pour eux.

À l'autel d'or sur lequel Jean voyait offrir les prières des saints, et au trône sur lequel Dieu les fait monter, les élus ne songent plus à apporter d'autres parfums que celui de Christ seul. En ce lieu auguste où nous accédons le jour où nous avons cessé de nous contempler nous-mêmes, aucune autre vertu ne saurait être célébrée, aucun autre nom ne saurait être prononcé. Pour les élus, le chemin c'est Christ, la vie c'est Christ.

Serait-ce trop nous répéter que de redire que les églises ont cherché partout ailleurs le remède à leurs maux et à ceux du monde, que c'est pour cette raison qu'elles ont échoué dans leurs efforts, qu'elles ont fait ou sont en voie de faire banqueroute, couvrant d'opprobre Celui du nom duquel, bien qu'en le trahissant, elles ont l'audace de se parer ?

Passe encore si leur impuissance et leur défaite les trouvaient humiliées et repentantes ! Mais non. Rarement peut-être ont-elles paru aussi satisfaites d'elles-mêmes. Elles se vantent de leurs constitutions, de leur organisation, de leurs conciles ou de leurs synodes, de leurs prédicateurs, de leurs écoles de théologie, de leur science, de leur critique, de leurs dogmatiques, de leurs formules, de leurs temples, de leurs missions, de leurs oeuvres innombrables. Et, jalouses de leur crédit, par crainte de paraître ignorer l'angoisse de l'humanité ou simplement les questions qui la travaillent, ne les voit-on pas se mettre docilement à la remorque des systèmes et des tendances du jour, s'essayer même à capter la faveur des foules en dissimulant le nom du Maître qu'elles veulent servir ?

Ne se doutent-elles donc pas du sort qui les attend sur cette voie ? Et cependant ceux qu'elles s'imaginent gagner de la sorte ne les en mépriseront que davantage ; leur mépris pourrait même se changer en fureur. Déjà le monde irrité s'attaque à l'église de Rome. Qui nous dit qu'à notre tour nous ne le remplirons pas d'un pareil dégoût et d'une semblable colère ? Plaise à Dieu que, dans nos églises protestantes du moins, cet avertissement provoque l'humiliation salutaire et le ralliement dans là demeure du Père !

Qui eût jamais connu le coeur de l'enfant prodigue, qui eût deviné celui de son père, si celui-ci n'avait eu le courage de laisser son fils faire la preuve de sa folie ? De même Dieu qui a comblé l'Eglise de tous les biens de sa maison, ne l'y a point retenue de force ; Il l'a laissée descendre le chemin de la déchéance et de l'hypocrisie, afin que l'excès même de son infidélité lui révélât ses turpitudes et la désespérante méchanceté de son coeur et qu'elle pût mesurer et regretter enfin la gloire d'une sainteté perdue.

Le premier homme, quoique informé de la fin à laquelle il s'exposait, n'a pas craint de parvenir à la connaissance par l'expérience du mal ; l'Eglise, elle aussi, semble avoir eu moins peur des « profondeurs de Satan », que de l'obéissance au Dieu qui ordonne la sainteté. Comme Adam, elle ne peut qu'en mourir.

Mais la tombe elle-même, dans les pensées de Dieu, n'est le dernier mot de rien. En pleine ruine, en plein désastre, les prophètes ne cessent d'annoncer : « les ossements desséchés revivront », « le désert fleurira comme la rose ! » Du jour où le monde foulera à ses pieds l'Eglise prostituée et croira s'être débarrassé pour jamais de l'objet de sa haine, se dressera devant lui, pour sa surprise et pour son effroi, un peuple de croyants, vainqueur du péché, témoin fidèle d'un Évangile authentique, conservé irrépréhensible pour l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, et dont l'unité d'esprit sera celle-là même qui unit le Fils au Père. Car la volonté de Christ peut être méconnue et violée ; elle ne cesse pas d'être la loi de son peuple. N'a-t-Il pas prononcé lui-même : « Les cieux et la terre passeront, mes paroles ne passeront point ? »


Qui de nous maintenant demandera à Dieu avec une foi nouvelle : « Que ta volonté se fasse sur la terre comme elle s'accomplit dans les cieux ? » Qui voudra recevoir de Dieu l'efficace de cette foi et s'exposer virilement aux conséquences qu'elle entraîne : Qui osera voir enfin dans la seule communion en Christ sauveur, mais dans une communion vivante, organique et totale, l'unique remède offert au grand mal dont souffre l'humanité ? Qui comprendra que du jour où, renonçant à nous occuper de religion par intérêt personnel, pour ne plus nous en occuper que pour Dieu, et pleinement associés à Christ dans une même pensée d'amour pour le Père retrouvé et pour nos frères perdus, nous aurons pris rang parmi les vainqueurs, ce jour-là, le « monde sera à nous », parce que nous serons incontestablement à Christ et que « Christ est à Dieu ? »
Alors certainement nous pourrons dans un transport de joie céleste répondre à la question de Jésus et lui dire : Oui, Seigneur, quand tu viendras, tu trouveras encore de la foi sur la terre.
Nous prévoyons les objections qu'on ne manquera pas de faire à ce que nous venons d'avancer.

Comment exiger du chrétien l'absolue sainteté, alors que Paul lui-même, écrivant aux Philippiens, avoue n'avoir pas atteint le but ? - Soit, répondrons-nous, il ne nous est pas permis de spéculer sur la très sainte humilité de l'apôtre ; mais supposez, dans nos Églises, cent hommes seulement qui puissent écrire, en toute conscience, ce qu'il écrivait au même chapitre de la même lettre ; cent hommes qui regardent réellement « toutes choses comme une perte à cause de Christ », qui les regardent « comme de la boue, afin de gagner Christ », « et de connaître la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conformes à Christ dans sa mort » ; et qui consentent à mourir jusqu'à n'être plus capables de concevoir quelque chose par eux-mêmes ! - Oh ! que de tels hommes ont été et sont rares ! - Supposez-les vivant et agissant de la sorte au milieu de nous. Ne sent-on pas que le monde attentif en frémirait et que Dieu serait en mesure de leur accorder une puissance de jugement et de salut bien propre à nous étonner nous-mêmes et à transformer beaucoup notre manière de voir accoutumée ?

D'autres pensent que c'est matérialiser et, par suite affaiblir la notion de l'Eglise que de la vouloir visible au monde dans son état de perfection. Tel n'est pas, disent-ils, l'enseignement des Écritures. Elles semblent indiquer plutôt que l'Eglise, de plus en plus humiliée, dénuée, affaiblie, impuissante et peut-être crucifiée comme son Chef, sera telle qu'elle est, recueillie dans la gloire sans que le monde s'aperçoive de sa disparition, autrement que par les calamités, les souffrances, les châtiments qui le frapperont alors et qui auront pour but de révéler ce qu'il en coûte aux hommes de se détourner du Dieu vivant. Et quand enfin la sévérité d'un châtiment qu'une Église absolument fidèle aurait peut-être épargné, les aura rendus sages à salut, alors Jésus apparaîtra dans la gloire avec ceux auxquels il avait fait l'incompréhensible faveur de les retirer de devant la tribulation qu'ils méritaient, et par une faveur plus incompréhensible encore, remettra le sceptre du monde dans leurs mains, trop débiles autrefois pour en saisir le salut.

Est-ce là, vraiment, l'enseignement scripturaire ? Et si c'est cela, où est la justice de Dieu ? Ne faites-vous pas de sa grâce un favoritisme immoral ? Comment ! Celui que nous invoquons comme notre Seigneur aurait exprimé sa volonté suprême en demandant à Dieu que ses disciples réalisent la même unité que celle qui, unit le Fils au Père, et voici que ses disciples, totalement infidèles à cette volonté, seraient néanmoins jugés dignes d'exercer le gouvernement du monde ? Seraient-ce leurs divisions, par hasard, leurs querelles, leurs luttes intestines, leurs rivalités parfois diaboliques - dont ils ont donné au monde le spectacle démoralisant - qui les qualifieraient pour cette fonction ?

Et quant à leur enlèvement préalable, est-il plausible que Christ introduise au séjour de l'absolue sainteté des êtres qui n'auraient pas été d'abord purifiés de toute souillure ? Qu'on ne s'y trompe point : un pécheur ne peut pas plus habiter le ciel qu'un poisson ne pourrait vivre dans un grenier. Non, mille fois non, ce n'est pas matérialiser les choses de Dieu que de les vouloir réelles et réalisées. De quelle valeur, nous le demandons, serait un principe, une unité de principe, qui ne se traduirait jamais en fait ? Serait-ce autre chose qu'un principe, une unité de principe en imagination ? Dieu est Esprit, sans doute, et il faut l'adorer en esprit, mais il est un Esprit qui ne cesse de se révéler par des oeuvres, de se manifester par des actes qui sont la démonstration palpable et concrète de son existence et de son activité spirituelle. Ne nous berçons donc pas de l'illusoire confiance que l'unité du peuple de Dieu serait dès maintenant réalisée, sous prétexte qu'elle se réalise en Christ.
La formule est vraie, mais elle devient fausse et se vide de tout contenu dès l'instant qu'elle n'aboutit pas au fait historique comme à sa contre-épreuve et sa garantie. Ne rabaissons pas l'idéal de notre Seigneur au point de le ramener à une doctrine dénuée d'application pratique. Ne nous jugeons pas nous-mêmes et ne jugeons pas l'état actuel de l'Eglise d'après une théorie humaine qui serait un outrage à la sainteté de l'Éternel, à cette sainteté redoutable et glorieuse, devant laquelle les chérubins se prosternent, criant à travers tous les cieux : « Saint, saint, saint est l'Éternel des armées. » Prenons garde, bien plutôt, que les jugements terribles, dont nous croyons le monde menacé, ne fondent d'abord sur nous et nos Églises. Car, plus favorisés que d'autres, nous avons peut-être moins fidèlement servi Dieu, et, loin de nous préparer à l'enlèvement dans la gloire, nous nous avançons au-devant des saintes corrections de la justice divine.

Si l'apôtre, dans le même passage où il déclare n'être point encore parvenu au but, a pu exprimer l'intense désir qui l'animait de participer à la mort, à la résurrection et aux souffrances de Christ, « afin de parvenir.... si possible, à la résurrection d'entre les morts » - c'est-à-dire peut-être à l'enlèvement - dans quelle crainte et dans quelle humiliation ne devrions-nous pas nous tenir devant Dieu, nous dont la marche est si peu semblable à la sienne ! Avons-nous même le droit de parler du jugement du monde avant d'avoir atteint « la pleine stature de Christ » ? Cette égoïste préoccupation d'un salut personnel qui nous laisse indifférent au péché et à la perdition de nos frères, n'est-elle pas, aux yeux de Dieu, une véritable infamie ? Ne nous exclut-elle pas de la pensée du Christ ? ne nous ferme-t-elle pas le séjour du Sauveur du monde ? Ah ! plutôt préoccupons-nous de ressembler davantage à notre Maître, de reproduire le caractère et la figure du Christ, de faire nôtres sa miséricorde et ses saintes compassions, et alors, mais seulement alors, nous aurons le droit de demander au Fils ce qu'Il pense faire du monde, Et savez-vous alors ce que deviendront nos questions ? Une prière. Une prière d'intercession si véhémente qu'elle ira jusqu'au sacrifice de nous-mêmes, et, s'il était possible, de notre propre salut pour le salut de l'humanité perdue. - Et si néanmoins le jugement devait intervenir, si même il était imminent, nous y trouverions une raison de plus pour implorer la pitié divine en faveur de nos frères, pour nous charger devant Dieu de leurs fautes et pour en subir avec eux les conséquences. Nous ne saurions, à plus bas prix, être revêtus de la sacrificature royale, c'est-à-dire de la parfaite conformité avec Christ.


Nous avons parlé de l'unité réelle des enfants de Dieu comme de la seule préparation possible de l'Eglise à la rencontre du Seigneur. Il est à craindre qu'on nous fasse une objection et qu'on nous interroge sur la manière dont nous concevons cette unité visible dans les conditions actuelles de l'existence et de la société humaine ? Nous pensons que la question est oiseuse. C'est affaire à Dieu d'y répondre et non point à nous. N'a-t-Il pas créé le monde ? Et personne à l'avance n'aurait su concevoir le monde tel que nous le contemplons. Nous laisser arrêter par les difficultés imaginaires ou même vraisemblables serait faire injure au pouvoir créateur et à la sagesse divine. Elle a voulu le but, soyons sûrs qu'elle donnera les moyens quand nous les voudrons avec elle. De bien autres difficultés se dressaient devant l'oeuvre de Jésus. S'en est-Il même préoccupé ? Il a simplement obéi, le regard fixé sur le Tout-Puissant. Faisons comme Lui et nous verrons l'impossible s'accomplir sous nos yeux.

On nous objectera certainement aussi que notre manière de voir ne concorde pas avec celle de la dogmatique traditionnelle. Mais cette dogmatique est-elle infaillible ? Et ne faudrait-il pas auparavant s'enquérir de ce que valent ses affirmations ? Pierre et le collège des douze, bien que baptisés du St-Esprit à la Pentecôte, n'ont-ils pas hésité longtemps sur les droits des païens à la grâce de Dieu ? Pourquoi n'en irait-il pas de même aujourd'hui encore ? Et n'est-il pas admissible que de très fidèles et de très authentiques disciples du Christ peuvent ne pas discerner clairement quels sont les privilèges et les responsabilités de l'Eglise ?

Jacques, après avoir fixé « la loi de la liberté », ajoute : « Le jugement est sans miséricorde pour celui qui n'a pas fait miséricorde ; la miséricorde s'élève par-dessus la condamnation. » L'association de ces trois mots - liberté, miséricorde, condamnation, ne laisse-t-elle pas supposer, de notre part, une libre intervention, attendue de Dieu, en faveur d'un monde condamné ? Mais il y a plus. Il y a l'exemple de Moïse (Ex. XXXII, 11-14) ; il y a celui de Daniel (IX) ; il y a le mot sublime de St-Paul : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés », et celui, plus sublime encore : « Je voudrais être anathème et séparé de Christ pour mes frères - Il y a enfin, il y a surtout la prière de notre Modèle « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font. »

Nous avons cherché à démontrer ce qu'il y a d'injuste et d'immoral dans la doctrine, par laquelle des êtres encore souillés et imparfaits seraient appelés à juger le monde, alors qu'ils participent encore à son péché. Mais nous rencontrons aussi des âmes nobles, émues de toute la souffrance humaine, qui, d'un trait de plume, voudraient supprimer la condamnation prononcée sur le monde. L'amour de Dieu, pensent-elles, ne peut s'accommoder du triomphe brutal de la justice. Les menaces qui apparaissent encore dans les écrits du Nouveau Testament doivent être un écho lointain des foudres du Sinaï. Si Jésus lui-même a conservé dans ses enseignements quelque chose de ces rigueurs, cela ne trahit-il pas son origine juive et une erreur partagée par toute l'antiquité ? La vraie pensée du Dieu de paix ne peut être qu'une pensée de miséricorde trop haute, trop sublime pour s'arrêter à la rétribution de nos fautes.

Pour raisonner ainsi, il faut méconnaître les privilèges et les devoirs de la liberté. C'est parce qu'il est possible à l'homme de monter si haut dans l'échelle que, s'il vient à mépriser le chemin qui lui est ouvert du côté d'une vie sainte, pure, éternellement heureuse, il se condamne lui-même d'une façon aussi effroyable. Ce n'est pas Dieu qui le condamne à la perdition, c'est lui-même qui s'y précipite, d'autant plus sûrement qu'il a été plus averti. À moins d'anéantir cette liberté de l'homme qui ne peut entrer dans les demeures de Dieu que par un libre choix - il n'en est pas de l'homme spirituel, conscient et responsable, comme de l'homme naturel qui entre dans le monde sans l'avoir voulu, et c'est précisément cette supériorité de l'être moral qui constitue la différence fondamentale des deux ordres - il est impossible, comme quelques-uns en ont la prétention, de biffer la menace écrite en lettres de feu dans le Livre de Dieu. La liberté à laquelle nous avons été appelés, nous confère des charges que nous ne saurions esquiver sans compromettre notre qualité d'enfants de Dieu, et il se trouve même que plus nous devenons véritablement libres, réellement libres, plus aussi nous éprouvons un intense besoin de nous associer à la pensée du Créateur, de nous y soumettre en esclaves, tant elle nous apparaît de plus en plus comme la perfection absolue, renfermant en elle l'Amour, la Beauté, l'Ordre. Nous ne voulons servir cette volonté que parce que nous l'aimons passionnément et par-dessus tout.


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