SENTINELLE ! QUE
VOIS-TU ?
À l'Eglise de Dieu.
Cet appel à l'Eglise écrit sous
forme d'articles pour le
« Libérateur » n'est pas
au point de vue de l'ordonnance ce qu'un
écrivain de race en aurait fait. Que nos
lecteurs veuillent donc user d'indulgence envers
nous, si nous avons laissé à ce
travail son cachet prime-sautier et une allure qui
trahit plus d'émotion que de savoir. S'ils
peuvent y discerner quelque chose venant de la
source de toute vérité, qu'ils s'y
arrêtent et écoutent !
Au Ried sur Bienne
Janvier 1904.
PAUL ROBERT.
SENTINELLE !
Que vois-tu ?
ON n'entend en ce moment, en Suisse, en France,
en Allemagne et ailleurs, que bruit d'armes,
grondement de canon, voix rauques d'officiers
empressés d'attirer sur eux l'attention de
leur état-major ; de coûteuses
manoeuvres mettent des centaines de mille hommes
sur pied et révèlent une tactique de
guerre toujours plus habile, alliée à
des moyens de destruction toujours plus
effroyables. Le sang et les larmes coulent, hier au
Transvaal et en Chine, aujourd'hui en
Macédoine ; on massacre, on pille, on
viole des femmes, on brûle des villages par
centaines, et, sur des ruines encore fumantes, on
réédifie, à grands frais,
tandis que siègent en de somptueux palais de
doctes congrès dans le but de nous assurer
une paix ardemment désirée et que des
philanthropes nous préparent un âge
d'or où personne ne connaîtra plus la
misère.
Ici, Sébastien Faure et d'autres amis
du peuple jettent un défi audacieux au dieu
vieilli, sourd et cruel des chrétiens ;
ailleurs, dans leurs chaires, de savants
théologiens démolissent et
discréditent la Bible. La science moderne,
d'une part, fière de ses conquêtes, se
fait adorer comme la Vérité et
croit avoir découvert le secret de tous les
mystères et le soulagement de toutes les
souffrances et d'autre part, en d'innombrables
temples et chapelles, on prêche, même
on se démène fébrilement dans
la très louable intention de retenir, autour
d'un idéal religieux ou moral, des troupeaux
affamés qui brament....
Mais, à côté de toutes
ces horreurs de la haine et de la
déconcertante impuissance des bonnes
volontés que tout notre faste et toute notre
prospérité ne parviennent pas
à dissimuler complètement, n'y a-t-il
donc rien au ciel de l'horizon qui puisse faire
croire à une lueur d'aurore ?
Serions-nous fatalement condamnés à
vivre encore longtemps, à vivre toujours
sous ce brouillard ténébreux et froid
d'illusions et d'espoirs bientôt
déçus ?
Car, tout bien compté, notre monde
est-il réellement meilleur qu'il y a mille,
deux mille ou trois mille ans ? Monte-t-il de
la terre vers le ciel moins de soupirs, moins
d'imprécations, moins de larmes ? Les
suicidés, les aliénés, les
désespérés, tous ceux que l'on
opprime, se rencontrent-ils moins
communément qu'autrefois ?
L'honnêteté dans les affaires est-elle
plus grande, la concurrence moins
âpre ? Les lieux de prostitution
tendent-ils à disparaître ? Les
passions qui poussent les hommes dans les
débauches les plus ignobles, dans la boisson
et la gourmandise les voit-on s'évanouir peu
à peu sous le souffle vivifiant et
ennoblissant de la science ?... Les haines
sont peut-être moins brutales qu'il y a mille
ans, mais ne les trouvons-nous pas aussi
implacables ? Si les moeurs sont plus douces,
la tolérance plus générale, ne
le doit-on pas à un scepticisme, à
une lâcheté, à un amour de ses
aises que le moyen âge n'a pas
connus ?...
Questions difficiles à
résoudre sans doute, si l'on veut
équitablement tenir compte de tous les
éléments moraux, sociaux ou
matériels du procès. Si les
pessimistes ont peut-être tort, il est
probable que les optimistes n'ont pas raison, car
qui ne conviendra, sans trop de peine, que
l'écheveau s'embrouille d'année en
année, que la question sociale se complique,
que les rapports internationaux en dépit de
tous les sourires bénévoles des
diplomates ne sont pas à la veille d'une
entente rassurante ; de plus en plus, il
devient difficile de trouver la solution qui mettra
tous les hommes d'accord.
Est-ce donc dans ce puits sans fond que
l'humanité devra se débattre
éternellement ? L'absolu seul pourrait
nous en délivrer, mais voici, nous ne nous
mouvons que dans le relatif. Et encore cet Absolu
libérateur, cet idéal tant
cherché, parfois entrevu, puis vite obscurci
de nouveau, pourrait-il devenir le refuge non
seulement de l'individu, mais de
la société tout entière ?
Cette vérité indiscutable,
éternelle, immuable saurait-elle imposer ses
lois à tous, sans aliéner la
liberté de personne ; à la fois
justice et Amour, se ferait-elle aimer par ses
propres oeuvres ?
Des hommes ont bien, depuis dix-huit
siècles, cherché à
présenter cette vérité au
monde malheureux dans la personne de Christ, mais
est-il bien démontré qu'ils avaient
raison ? Si ceux qui se sont constitués
défenseurs de cette cause ne sont pas
parvenus, depuis tant de siècles, à
rassembler dans le monde un petit peuple dont
l'Amour soit la loi unique, toute-puissante,
peut-on leur reconnaître encore le
privilège de posséder en leur main le
remède à tant de maux ?
Qu'on ne s'abuse point ; on juge de
l'arbre d'après son fruit et celui d'une
société modèle n'a point
encore été montré et s'il a
paru aux premières heures de l'ère
chrétienne, d'où vient que si vite
l'édifice commencé s'est
effondré ? N'était-ce pas que
cette construction reposait sur une illusion, comme
tant d'autres efforts humains tendant au même
but ? Il importerait pourtant de le savoir
d'une manière certaine.
Eh ! bien, écoutez ! Au
milieu de la cohue, au sein même de cette
humanité moderne,
désillusionnée et fiévreuse,
qui souffre peut-être plus que toutes les
générations
précédentes, parce qu'elle
connaît plus et qu'elle espère moins,
on entend des voix qui chantent sous la pression
d'une joie étrange ; le visage de ces
gens rayonne comme si un
éclair du ciel s'était
arrêté sur leur front.... Que se
disent-ils ? À qui parlent-ils ?
Quel mystérieux langage a
éveillé leur oreille ? Qu'ils
nous racontent leur vision, s'ils en ont entrevu
une ! Qu'ils la proclament partout, s'ils ont
trouvé le remède et qu'ils apportent
à ceux qui pleurent cette consolation qui
transforme leurs souffrances en motifs de joie, si
toutefois elle peut se trouver vraiment vraie,
cette parole paradoxale : Heureux ceux qui
pleurent car ils seront consolés.
Celui qui a dit -
« Heureux ceux qui pleurent, car ils
seront consolés ! » Celui
que la chrétienté invoque, a dit
aussi : « Pensez-vous que le Fils de
l'homme trouvera la foi sur la terre, quand Il
viendra ? » De quelle foi peut-il
être question ici ? Est-ce la croyance
à un symbole flottant devant nos yeux comme
un idéal à atteindre ? Est-ce un
Schibboleth prononcé par un groupe d'hommes
fascinés par une formule magique ?
Ah ! des croyances de ce genre, il en reste
sur la terre tant qu'on veut et de toutes couleurs.
Il arrive même, depuis que la pensée
moderne s'est émancipée, que chacun
se forge sa petite religion à son gré
et que cette diversité infinie de
théologies ou de philosophies peut faire
croire à un progrès réel,
à un état spirituel supérieur.
Beaucoup félicitent l'humanité de
s'être enfin libérée de
l'étreinte d'une superstition vieillotte et
inféconde et vont jusqu'à
élever la négation
à la dignité de dogme, et cela dans
le sein même de l'Eglise. Mais au fond,
à y regarder de près, la foi, non pas
la croyance, mais la foi, la vraie, l'authentique,
celle dont Jésus disait qu'elle transporte
les montagnes, existe-t-elle réellement
encore ? Ou tout au moins, ne tend-elle pas
à disparaître de plus en plus de la
terre ?
Cette foi de Dieu, cette foi que Dieu donne
et qui, en quantité infinitésimale,
peut déjà réaliser
l'impossible
(Matth. XVII, 20), la
rencontrons-nous fréquemment ? Et
cependant, pour sortir de l'imbroglio
épouvantable dans lequel l'humanité
se débat, chaque jour plus
déçue et plus lassée, c'est
cette foi et cette foi seule qui pourrait nous
sauver. Car, qu'est-elle cette foi de Dieu, sinon
la certitude qu'Il possède, Lui, de sa
toute-puissance ? Les mondes sont dans sa
main, parce qu'Il les a créés, les
siècles sont dans sa main, parce qu'Il les
ordonne et rien ne vit et rien ne meurt, rien ne
commence et rien ne finit qu'Il n'ait voulu ou
prévu, préparé. ou
vaincu ; tous les problèmes sont
résolus par sa sagesse. Mais où sont
les hommes qui, forts de cette force, marchent
ici-bas de manière à faire croire
à cette toute-puissance de Dieu ?
Cependant, ce témoignage rendu à sa
souveraineté serait-il moins utile à
sa cause aujourd'hui qu'il y a deux mille
ans ?
À une heure unique de l'histoire du
monde, on vit s'allumer à Jérusalem
un foyer de vie divine si intense que ce que
Jésus n'avait pu accomplir, se trouva
réalisé en peu de jours. Combien de
fois le Christ n'avait-Il pas cherché
à rassembler le peuple de Dieu, comme une
poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et les
juifs ne l'avaient pas voulu. Et voici qu'en un
jour, un souffle de l'Esprit-Saint vient grouper,
en une vraie Église, riches et pauvres,
savants et ignorants, Juifs, prosélytes et,
peu après, païens de tous pays. Et,
chose absolument nouvelle pour le monde, tous ces
gens ne sont qu'un coeur et qu'une âme.
D'où cela ? L'auteur sacré nous
le révèle en nous rapportant non
seulement l'accord parfait de cette première
assemblée, dont la conséquence
immédiate et spontanée fut la
communauté des biens et.... la faveur du
peuple, mais en ajoutant à son récit
ce détail en apparence insignifiant :
« Tous étaient dans la
crainte. »
Mais quel genre de crainte pouvait donc
naître d'un phénomène aussi
réjouissant ? N'avait-on pas cru les
disciples de Christ ivres de vin doux, tant leur
joie était exubérante ? La
misère ne disparaissait-elle pas comme glace
sous la chaleur de cet amour ? N'assistait-on
pas à des choses extraordinaires :
guérisons, résurrections, visions,
miracles étonnants ? ... Quel motif y
avait-il de craindre sous le flot d'une grâce
aussi bienfaisante ? Ah ! ce dont chacun
se rendait bien compte, c'est que cet
épanchement de miséricorde divine
dépendait de certaines
conditions morales : sincérité
absolue, désintéressement absolu,
sainteté absolue. Cette économie
bienheureuse n'était possible que dans la
vérité.
Un jour, un homme entra dans cette
assemblée de saints ; bien
intentionné sans doute, il voulut
néanmoins paraître ce qu'il
n'était pas. Ayant
préféré mentir plutôt
que d'avouer humblement qu'il n'était pas
encore complètement détaché de
ses biens, il fut foudroyé. Sa femme,
complice de son hypocrisie, subit le même
châtiment. Cet exemple significatif ne
devait-il pas suffire aux chrétiens de tous
les temps et rester devant leurs yeux comme un
mémento flamboyant ? Dieu le
considéra bien ainsi, puisqu'Il ne
répéta plus la leçon.
Et cependant, que vit-on ? Peu à
peu les disciples se rassurèrent. Ces coups
de foudre ne se renouvelant pas, on en conclut
qu'il y avait des accommodements avec la
sainteté de Dieu et l'on se crut
autorisé à paraître devant Lui
avec des mains souillées et un coeur
partagé ; les Ananias s'assirent
bientôt en foule autour des chaires,
ouvrirent les portes à deux battants
à de plus méprisables qu'eux, et
petit à petit, le fleuve de grâce
remonta à sa source et rentra dans les
trésors cachés de la
miséricorde divine. De mensonges en
mensonges, de compromis en compromis, de scandales
en scandales, de chutes en chutes, l'Eglise glissa
sur la pente déplorable du
cléricalisme, cette méthode si
chère à l'homme, qui consiste
à déléguer des prêtres
pour s'occuper des choses de Dieu et à se
dispenser du souci de la religion par
quelques formes de culte. La
spontanéité de la charité fut
bientôt remplacée par l'organisation
du diaconat et des comités, et au don de
soi-même, on substitua le budget des cultes.
Dès lors, toutes les infamies étaient
possibles.
Si donc, depuis tant de
siècles, le monde est détourné
de la foi par ceux qui devraient en
démontrer l'excellence, est-ce à
cette foi qu'il faut s'en prendre ? N'est-ce
pas au contraire le moment de la ressaisir comme la
seule ancre de salut ? Est-il encore permis
à nos églises de tolérer ce
dilettantisme religieux qui est la chose du monde
la plus écoeurante et la plus odieuse ?
Cette façon si généralement
admise dans tous les milieux chrétiens de ne
s'occuper de religion que juste pour tranquilliser
un peu sa conscience et s'assurer le ciel - en
imagination - et d'étudier la Parole de Dieu
comme on étudie un traité de chimie,
ne doit-elle pas être réprouvée
avec la dernière vigueur ?
Moïse n'avait-il pas ordonné
à Israël, au nom de
l'Éternel. : « Soyez saints,
car je suis saint ! » et
Jésus, sur la montagne, n'avait-Il pas
dit : « Soyez parfaits, comme votre
Père céleste est
parfait ? » Puis, en prenant
congé des Douze avant son supplice,
n'avait-Il pas déclaré ceci :
« Vous ferez les oeuvres que je fais et
vous en ferez même de plus
grandes ? » N'était-ce pas
son programme et que signifiait-il donc ? Que
Dieu est le Maître dur de la parabole, qui
veut moissonner où Il n'a
pas semé, qu'Il est un tyran qui se moque de
notre impuissance, ou bien ne serait-ce pas
plutôt que si Dieu exige cette perfection,
c'est qu'Il la donne ? Cet impératif
catégorique ne peut être que celui du
Créateur qui a dit : « Que la
lumière soit ! » et la
lumière fut.
Or, si Dieu exige la sainteté
absolue, parce qu'Il la donne, d'où vient
que l'on ne croit plus à la sainteté
absolue ? D'où vient que de nos chaires
chrétiennes on ne la prêche plus et
qu'on n'ose même plus la prêcher ?
D'où vient que la monnaie courante dans nos
églises, c'est que nous sommes fatalement
condamnés à pécher de par
notre nature, qu'il faut bien en prendre notre
parti et tâcher, si possible, de ne pas trop
pécher. Oh ! quelle monstruosité
que le Tout-Puissant crie : « Soyez
saints ! » et que l'homme lui
réponde : Cela est impossible !
Quelle honte ! Quelle félonie !
Quelle trahison !
Nous disions que
l'Eglise avait déshonoré et comme
crucifié à nouveau son
Maître en niant l'efficacité de
son oeuvre. Est-ce l'accuser injustement ?
Nous n'ignorons pas, certes, que dans tous les
âges, pour l'honneur de son nom, Dieu n'ait
su vivifier des âmes vierges qui,
poussées par un amour incorruptible, lui ont
immolé leur vie, soit dans le martyre, soit
dans l'activité du service. Leurs noms sont
inscrits au « Livre de vie »,
leur souvenir nous est précieux, nous
saluons en eux ces « saints »
à la « communion »
desquels nous croyons.
Il n'en demeure pas moins que ces âmes
entièrement consacrées n'ont jamais
formé que l'élite infime d'une
Église infidèle dans sa masse. Elles
en ont été peu et mal
comprises ; elles sont restées si rares
par le nombre, si peu suivies par l'exemple,
qu'elles n'ont pu réussir à
réaliser devant le monde la volonté
suprême de Jésus :
« Qu'ils soient un comme nous sommes un,
afin que le monde croie que tu m'as
envoyé. »
Comment comprendre, comment excuser
l'indifférence de l'immense majorité
de ceux qui s'honorent du titre de chrétiens
à l'égard de cette prière qui
se transforme en un ordre formel pour tout vrai
disciple du Christ ? Indifférence
d'autant plus coupable que Jésus, à
l'heure où il exprimait cette volonté
à son Père, allait consommer
l'immolation nécessaire à la
réalisation de cette unité. Faut-il
admettre que la croix, signe et manifestation
rédemptrice de la sainteté de Dieu,
en a amoindri ou supprimé les
exigences ? Dispenserait-elle
réellement de la sainteté, puisqu'on
me déclare condamné à croupir
toujours dans ma souillure ; puisque, avec mes
faiblesses, mes impuissances, mes
déceptions, mes progrès illusoires,
elle me laisse désarmé en face d'un
ennemi qui, lui, ne désarme jamais ? Ou
bien acquiescerait-il à ces chutes sans
cesse renouvelées qui le
déshonorent ? Et par suite, devrais-je
les tolérer moi-même ? Telle
serait, en tout cas, la conséquence impie
mais logique de la proclamation d'un mal
nécessaire, d'un mal invaincu et d'une
sainteté remise à l'économie
future.
Étrange renversement des
choses ! Nous croyions jusqu'ici que le grand
calomniateur, le menteur par excellence,
c'était Satan. Mais si la doctrine courante
était la vraie, il se trouverait au
contraire que c'est Christ et ses témoins
qui en auraient menti. « Entrer dans le
royaume des cieux »,
« s'asseoir dans les lieux
célestes », « être
plus que vainqueur »,
« être conservé
irrépréhensible », ces
expressions si nettes et si formelles cesseraient
de recouvrir une réalité
précise et ne seraient plus qu'imaginations
pieuses et figures de rhétorique. Si le
chrétien qui est assurément un homme
comme un autre, ne peut respirer que l'air
vicié de ce monde ; si son
espérance et sa consolation se
résument en celles-ci : que la mort, un
jour, doit l'affranchir magiquement de
l'esclavage du péché sous lequel il
gémit, il en résulte que cet espoir
hypothétique (car la mort n'est pas un
sacrement ; tels nous mourrons, tels Dieu nous
trouvera) constitue donc le seul témoignage
que le croyant puisse rendre sur la terre à
son Sauveur. Indigne et misérable
témoignage, dont on se contente
néanmoins par la pensée que la
plénitude et l'efficace de la grâce de
Dieu ne sont qu'ajournées à des temps
meilleurs. Si les vivants qui en auraient un besoin
pressant et qui peut-être n'attendent pas
autre chose pour croire ne sont pas admis à
s'en convaincre, les morts au moins s'en
convaincront.
Faut-il s'étonner, dès lors,
si le monde crache sur un tel
Évangile ? S'il le rejette ? S'il
le tient en mépris et si l'Eglise se
présente aujourd'hui sans force, sans
rayonnement et sans gloire,
dévoilant à tous la honte de sa
nudité ? Elle a refusé cette
sainteté qui devait être son royal
diadème ; oui, et même elle s'en
est raillée comme d'une folie. Elle proclame
un fait : la pleine rédemption des
croyants par la vertu d'un Sauveur parfait et de ce
fait, elle se déclare incapable d'en fournir
la preuve. Mérite-t-elle autre chose, en
bonne justice, que les sarcasmes de ceux qui
réclament des faits ? Elle les
mérite, hélas ! et va de nos
jours, s'en abreuvant jusqu'à la lie.
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