Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MARTYRS
ÉPISODE DES PERSÉCUTIONS RELIGIEUSES
sous
RANAVANOLA 1 ère REINE DE MADAGASCAR



ACTE PREMIER

Surpris

PERSONNAGES :

LES CHRÉTIENS :

RAFANALA (La Rosée), déjà d'un certain âge.
RAMAZAVA (Le Jour), plus jeune.
RAVELO (La Vivante), femme accompagnée d'un enfant dont le rôle est muet.
RAMASY (La Voyante), jeune femme avec nourris dans le lamba.
LES SORCIERS :
RAMANANA (Celui qui a), étudiant et corrigeant le sort au moyen des graines sacrées ou « sikidy ».
RAMAHERY (le Fort), gardien des Idoles à X.

(La scène se passe dans une grotte ayant deux ouvertures. On y est éclairé par un quinquet malgache. Les deux chrétiens t sur la scène au lever du rideau ; puis entrent « les soeurs » ; enfin paraissent les sorciers, costumés de manière un peu étrange et couverts de coquillages et de verroterie. Les hommes sont habillés d'une chemise de rabane et coiffés du chapeau de bourjane. On peut se servir d'un lamba tout simplement. Les soeurs ont dé, longues robes et le lamba ; leurs cheveux sont divisés en deux grandes nattes, qui retombent devant, sur chaque épaule. Pour les costumes, étudier des photographies malgaches ; ils ne demandent aucun ornement et peuvent être des pièces de calicot.



SCÈNE PREMIÈRE
(Rafanala et Ramazava entrent avec précaution.)

RAFANALA
Enfin, nous sommes ici, frère, bien à l'abri ! J'ai cru, un moment, que nous ne pourrions nous réunir aujourd'hui. Tout de même, je suis inquiet. Il court des bruits peu rassurants au palais. Se peut-il qu'on nous mette au rang des brigands ? À propos ... où sont nos soeurs... sais-tu ?

RAMAZAVA (un peu abattu)
Je ne sais. Où pourraient-elles être, sinon auprès des malades ou des hésitants ? Elles ont un grand courage, nos soeurs.

RAFANALA
Est-il convenable que nous demeurions ici dans l'attente ? Un danger les menace peut-être ?

RAMAZAVA (avec un geste d'hésitation)
Qui le sait ? (Ils réfléchissent.) Sortir deux serait une faute. S'il faut aller, c'est à moi de sortir, je suis le plus jeune. (Il fait mine de sortir.)

RAFANALA (retenant Ramazava par le lamba)
Non, non, ne va pas. Si elles sont épiées, elles seraient perdues. Si on nous a suivis, nous révélerions le lieu de notre retraite ... Elles sont courageuses ... Elles sont prudentes. Attendons. Serions-nous déjà affaiblis dans la foi, que nous perdions la paix ? (Il chante doucement, tandis que Ramazava semble prier.)

Ne te désole point, (1)
Sion, sèche tes larmes.
L'Éternel...

(Il est interrompu par un bruit insolite. Les deux hommes écoutent.)



SCÈNE Il
(Ravelo et Ramasy entrent.)

RAVELO
À la bonne heure, frères, le découragement n'a point de place ici. Nous avons besoin de chrétiens solides. Le diable envoie ses démons contre nous, mais le peuple de Dieu augmente. On trouve des chrétiens même au palais,

RAMASY
Notre foi illumine aussi la case du pauvre ... On cherche pourtant à enrayer les progrès du Royaume de Dieu ...

RAFANALA
Vous avez donc entendu dire aussi que nos adversaires sont furieux. Les préceptes de Jésus n'ont pourtant rien qui puisse inquiéter la reine. Ils font de notre Dieu le Dieu des étrangers... Mais qui donc est étranger sur la terre, sinon chaque homme ? L'enfant qui naît dans nos maisons n'est-il pas le petit étranger qui s'installe ? (Il parle comme à lui-même.) Vraiment, ne pourrait-on pas lever les yeux vers le ciel - espérer - ou bien, comme dit le proverbe : « Le riz sera toujours écrasé sous le pilon. »

RAMAZAVA
Tais-toi, frère. L'épreuve est en honneur. L'or pur sort du creuset. Qui de nous refusera de porter sa croix, si Dieu la pose sur nos épaules ? Les serviteurs obéissent au Maître.

RAVELO
Frères, parlez sans détour. Quel danger nous menace ? Nous sommes des femmes, mais des femmes qui suivent le Sauveur.


PALAIS ROYAL (vue prise du sud)

 

RAMASY
Oui, parlez. Peut-être est-il temps d'aviser, il y a des frères à protéger. Au reste, nous ne sommes point à nous-mêmes.

RAFANALA
Soyez bénies, soeurs. (Il semble hésiter, puis parle rapidement.) Voici : Au palais, les Gentils se préoccupent de nous. Ils veulent avertir la reine que, nous travaillons à ruiner la sécurité de l'État. L'heure est venue de faire un choix définitif. Il faut persévérer, croire aux paroles du Maître. Vous serez heureux lorsque, à cause de moi... (Il se parle à lui-même.) Être heureux !!! Est-ce possible ? Oui, je veux croire, je veux persévérer... Mais des prières ... contre des soldats. (Il désigne les soeurs.) Des agneaux au milieu des loups. (Levant la main.) « Celui qui persévérera jusqu'à la fin » (Les deux femmes pleurent doucement.)

RAMAZAVA
Ne laissons point le malin entrer en nous. Et toi, Rafanala, qui nous as parlé de l'Évangile le premier, que ton exemple fortifie notre coeur

RAVELO
Oui, oui, soyons forts, mais souvenons-nous aussi de notre faiblesse c'est d'hier que nous sommes chrétiens. Sans doute, le gardien des idoles espère que, seule, la frayeur nous fera renoncer à notre folie. Je savais que nous étions menacés ... mais pas que ce fût si proche. Dis-moi, Ramasy, ma soeur (elle se jette à son cou), je compte sur toi, il te faudra m'aider.

RAMASY
« Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui, éternellement ... »

Tous (et avec ensemble)

« À lui l'honneur, la louange et la gloire. Amen ! »

RAVELO
Et qu'allons-nous faire ?

RAFANALA
Nous en remettre à Dieu d'abord.

Tous (sur des tons divers)
Oui, sans doute. Évidemment. (Chacun ne dit qu'un mot.)

RAMASY
En attendant, j'aimerais bien pouvoir entendre encore la lecture des Saintes Feuilles.

RAVELO
J'aime ton empressement. Mais il a fallu cacher les Feuilles. On les enterre, et celui qui peut en avoir quelques-unes possède un trésor.

RAFANALA (tout heureux, fouille dans son vêtement et en sort un petit paquet que tous veulent voir)
Voici. Dieu nous a permis ce bonheur. Je les ai prises dans la cachette, et j'ai laissé quelques pages au fond de la boite, que j'ai enterrée de nouveau au pied du manguier, sur la Montagne de la Vérité. D'autres frères connaissent l'endroit ; ici et là, dans la province, il en existe d'autres, et plusieursfrères travaillent à des copies. La parole de Dieu n'est point liée. .. quand même...

RAVELO
Oh ! lisons. Voulez-vous ? Lisons !

RAFANALA (lit avec solennité)

« Il a été meurtri pour nos péchés et frappé pour nos iniquités. Le châtiment qui nous procure la paix est tombé sur lui, et, par ses meurtrissures, nous avons la guérison. Nous étions tous errants comme des brebis, nous
suivions chacun notre propre chemin, et l'Éternel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous. Il est maltraité, il est affligé et il n'ouvre pas la bouche, comme un agneau mené à la boucherie, comme nue brebis muette devant celui qui la tond, il n'ouvre pas la bouche ... »

(Silence. Ils prient quelques secondes.)

RAVELO
Chantons. (Elle entonne.)

Dieu lui-même, ô mystère ! (2)
Descendant sur la terre,
À voulu se vêtir de notre infirmité :

(À quatre voix.)

Chétif et misérable,
Il naît dans une étable. ..
Nous dirons son amour pendant l'éternité (bis)

(Tous chantent doucement ; pendant qu'ils sont absorbés, entrent les deux sorciers, qui se font des signes, frôlent les murs. Tout d'un coup, Ramasy a un geste de surprise. Juste avant le dernier mot, tous s'arrêtent. Poses de surprise diverses.)

RAMANANA
Ah ! ah ! (Il se met le poing devant la bouche.) Qu'est-ce donc que vous faites ici ? (Railleur.) Au palais, on vous voit chercher à détourner les serviteurs de la reine ; au dehors, vous êtes les sectateurs de la religion des étrangers ; ici même, vous complotez. Vous voulez sauver les autres, et vous ne pourrez vous sauver vous-mêmes. Plus d'espoir dans les blancs ! On les a chassés, et vous, les rachetés, avec quoi allez-vous vous racheter ? (Il rit.)

RAMAHERY
Oui, qu'est-ce que vous voulez ? Du maïs ? Mais vous semez des haricots. C'est la mort probablement, car vous mangez des clous. O E E. (Il se trémousse et raconte les événements, qui ne sont vrais qu'en partie. Solennel.)
Le peuple est dans une grande rumeur à votre sujet. Vous troublez la paix publique. Le capitaine de la garde est averti. L'ordre donné par la reine est : « Cherchez-les partout, et amenez-les-moi. » Déjà, j'ai entendu le cri : « Tuez-les ! » À mon avis, votre affaire est claire. « La vie est douce. » Il est bon de rentrer à la maison. Implorez vite. Dites : « Sauvez-nous ! sauvez-nous» (Les chrétiens se sont serrés les uns auprès des autres, faisant face aux sorciers.)

TSINJOARIVO
Résidence royale près des chutes de l'Onivé.

RAFANALA
Merci ! « Un homme averti en vaut deux. » Vous êtes nos amis, mais nos services sont différents. Les dieux des ancêtres étaient morts : le nôtre est vivant et vivra éternellement. La reine serait-elle plus puissante, et la garde plus nombreuse que les fourmis, que nous ne pourrions encore renier notre Sauveur ! Il est notre Maître. Notre loi, c'est la Bible. Nous suivons un chemin où nul ne droit regarder en arrière. Si nous vous écoutons, nous perdrons notre âme ; si nous vous repoussons, nous perdrons la vie. Et le Maître que nous servons nous a dit : « Ne craignez rien de ceux qui peuvent vous ôter la vie ... » Entre Dieu et les hommes, le choix est fait. Notre pensée est cassée, et vous la connaissez. (Se tournant.) N'est-ce pas cela, mes frères ?

LES CHRÉTIENS (ensemble)
C'est bien cela. (Ils se retirent.)



SCÈNE IlI

RAMAHERY
Ils sont fous, ces gens, qu'en dis-tu ? Ils sont fous, mais ils font notre affaire. (Il danse sur place.)

RAMANANA (comme pour se préserver du sort, énumère ses charmes et les montre)
Ceci empêche la grande marmite de s'ouvrir. La mort fait toujours peur. Ceci, c'est celui qui est, tout en n'étant pas ; ou le place sur le chemin. ... Il faut se méfier de ce Dieu nouveau. Il pourrait agir. Qui sait ? Ceci, c'est le charme qui tue tous les charmes ... Ainsi, ils n'ont qu'à bien à se tenir, parce que ...

RAMAHERY
Eh ! dis donc, ne perds pas ton temps. (Il se promène et s'approche de Ramanana.) Sais-tu que, pour moi, il y a des mois que J'en ai assez ? Ils ont affamé la divinité,; il a même fallu que j'achète moi-même les offrandes ces temps derniers. Ah ! malheur !

RAMANANA
Oui, mais il faut trouver une idée afin de faire « prendre ces racines de manioc pour des racines de lilas »... parce que les unes sont douces, les autres amères. Ainsi ...

RAMAHERY (agité)
Ah ! j'ai trouvé. (Il réfléchit.) C'est difficile peut-être. (Il met le poing sur la bouche.) Écoute. Les petits sont mangés par les gros. ... les gros se méfient des petits et ce sont ceux qui sont entre deux qui échappent. Comprends-tu ? Ah ! tu ne comprends pas !

RAMANANA
Eh ! mais oui, Je comprends. Mais ... (Il réfléchit.) Écoute aussi. Quand on dit au maître du troupeau qu'on lui vole ses boeufs, tu comprends ? et qu'on le lui fait dire par propre fils, tu comprends ? ... La reine est le maître d'un grand troupeau, et le conseiller, c'est propre fils.

RAMAHERY
Ah! ah superbe !

RAMANANA
Écoute encore. Il faut aller voit ceux qui remuent la satire (faits la marmite, car, quand on la renverse, c'est ce qui est au fond qu'on voit d'abord ... Et les juges ?...

RAMAHERY
Ainsi, nous serions la gloire de l'Imierina, les soutiens du trône, les libérateurs du pays, et ces étrangers de malheur..

RAMANANA
Entendu, et soyons sans crainte. Cette besogne sera menée rondement. Il faut faire dire partout que des ennemis de la reine, des brigands se t réunis pour inventer des contes, des menges. Il ne faut pas trop parler, mais laisser croire beaucoup,

RAMAHERY (saute, danse, tourne, rit)
Ah ! leur Dieu vivant, il ne leur a pourtant pas parlé à l'oreille. Ils risquent d'ignorer comment nous avons préparé leur compte. (Il s'arrête, pose les mains sur les hanches, se dandine, parle comme un oracle.)

Le menge est permis - il faut n'être pas pris.
Tromper habilement - crée la renommée.
Se venger en parlant - comble le coeur de joie.

(Il reprend, l'air naturel.) Allons, en route !

RAMANANA
Oui, allons, fais vite, déjà « le soleil entre dans le mortier ». Prenons garde de le faire se lever à l'ouest. Avertis bien les femmes et beaucoup d'enfants. Il faut que le doux manioc devienne le lilas amer.

RAMAHERY
Sois sans crainte. Je me charge de passer « le charbon le plus noir sur le manioc le plus blanc », et, je te le demande, si c'est moi qui parle, qui pourra bien savoir que... ?
(Les deux hommes se méfient l'un de l'autre et prennent leurs précautions.)

LES DEUX SORCIERS (chacun de leur côté, à part et ensemble)
S'il me dénonçait ? ...

RAMANANA (flatteur)
Quelle habileté ! ... Ton plan est sans erreur. On parlera longtemps de ton intelligence...

RAMAHERY
Tu as tout préparé, c'est à toi qu'est l'honneur. Ne laisse pas l'inquiétude te manger le foie. La crainte cause plus de pertes que tous les obstacles. On donne tout à celui qui ose tout.

RAMANANA
Allons. (Signal du départ.)

RAMAHERY
Allons-nous-en.

RAMANANA
Sois vivant. (Il s'incline et recule.)

RAMAHERY
Sois vivant et sans maladie. (Il s'incline et recule.)

RAMANANA
Deviens vieux. (Il s'incline et recule toujours. Les voix s'affaiblissent)

RAMAHERY
Oui, deviens vieux

(Ils sont sortis.)


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1 N° 158. Recueil des Psaumes et Cantiques, Églises réformées de France. Les Églises malgaches chantent généralement des chants traduits du français et (le l'anglais.

2 N° 62. Recueil des Psaumes et Cantiques, Églises réformées.

 

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