Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE VEILLEUR SUR LA TOUR



LA MURAILLE REPLÂTRÉE

Mon peuple construit une muraille ; eux, ils la recouvrent de plâtre. Dis à ceux qui la recouvrent de plâtre qu'elle s'écroulera ; une pluie torrentielle surviendra ; vous, grêlons, vous tomberez ; un vent de tempête éclatera. Et voici que la muraille s'écroule. Ne vous dira-t-on pas : Où est le plâtre dont vous l'aviez couverte ?
(Ezéchiel 13: 10-12.)

 Le prêtre Ezéchiel faisait partie de la colonie de déportés que le roi de Babylone avait emmenée de Judée, au temps de Jojakin, et qu'il avait établie sur les rives du Kébar. Ses compagnons d'exil se berçaient l'âme de l'espoir que la ville sainte traverserait, une fois de plus, sans succomber, la tourmente où elle avait déjà failli disparaître. Sion ne pouvait pas périr ; contre ses remparts invincibles, protégés par le Dieu d'Israël, la puissance de Nabuchodonosor viendrait se briser, comme s'y était brisée, naguère, la puissance de Sennachérib.
Mais Ezéchiel voyait plus loin que ses compatriotes. Eux, dans l'exaltation de leur patriotisme, n'apercevaient que le temple, la dynastie de David, les grands souvenirs de la race ; enfin, les apparences de piété que le peuple avait gardées, et qui constituaient encore sa meilleure sauvegarde. Lui, par delà les apparences trompeuses, il voyait la réalité brutale. Il était un Voyant : rien ne lui était caché ; par le regard de l'Esprit, il sondait les abîmes de la conscience humaine ; et ces investigations le terrifiaient.
Un jour, l'Esprit le transportait à Jérusalem, en face du temple splendide. Il entendait une voix qui disait : « Perce la paroi ! » Ayant percé la paroi, il apercevait les anciens d'Israël, occupés à offrir des libations aux divinités de Babylone, et profanant ainsi, par leur idolâtrie secrète, le sanctuaire même du vrai Dieu.

Ailleurs, c'étaient des femmes qui pleuraient Tammouz, l'Adonis oriental. Ailleurs, des hommes se prosternaient devant le soleil. Partout, sous le couvert de l'apparente fidélité au Dieu d'Israël, l'idolâtrie régnait. Et en contemplant par le regard de l'Esprit ces remparts de la cité sainte que ses compatriotes jugeaient imprenables, le Voyant songeait que le véritable rempart du peuple, c'était sa piété ; or, elle n'était plus qu'une muraille lézardée, que les prêtres et les prophètes, pour sauver les apparences, avaient enduite de plâtre. Mais il entendait parler Dieu. « Dis à ceux qui couvrent de plâtre la muraille que le plâtre tombera. Il viendra une pluie torrentielle ; vous, grêlons, vous tomberez ; un vent de tempête éclatera, et voici que la muraille s'écroule. »
Dix ans plus tard, la sinistre prophétie était accomplie. Les murailles de Jérusalem étaient tombées : la ville sainte n'était plus.

Nos murailles sont-elles en meilleur état ? Naguère, la puissance d'un Louis XIV s'est brisée contre elles. Malgré les dragonnades, Malgré la Révocation, l'Eglise Réformée a survécu - ou revécu. Et nous disons volontiers, comme les Juifs du temps d'Ezéchiel : « Sion est immortelle ». Faisons cependant le tour de nos remparts ; regardons-les de plus près, ces murailles imposantes, qui nous inspiraient jadis tant de confiance. Sont-elles vraiment si solides ? N'y a-t-il pas çà et là des fissures secrètes ? Et si ces fissures ne se voient pas, ne serait-ce pas qu'on les a simplement dissimulées avec du plâtre ?

Ne restons pas dans les généralités. Parlons de ce qui, par-dessus tout, nous tient à coeur. Longtemps, nos traditions de famille nous ont été un sujet de confiance et de légitime fierté. Peut-on dire que la muraille soit intacte ?
Le mal, souvent, n'est pas qu'il y ait des fissures ; c'est qu'au lieu de les réparer, on les dissimule.
Dès les origines de la famille, le mensonge apparaît.
Ce n'est pas calomnier le mariage tel qu'il se pratique dans la société qui a des principes - c'est la seule qui nous intéresse aujourd'hui que d'en faire remonter l'inspiration à la raison, comme on dit, c'est-à-dire à des combinaisons où le sentiment proprement dit ne joue qu'un rôle très secondaire, alors qu'il devrait occuper la première place. Et en concédant à la raison tout ce qu'elle est en droit de revendiquer dans ce domaine, il faut bien remarquer que ce genre de raison n'est pas toujours raisonnable. Qui dit raison, en effet, devrait dire, non pas accommodement plus ou moins forcé aux circonstances, mais sagesse et vérité. Or, rien n'est moins sage que certains des arrangements dont nous parlons : rien, surtout, n'est moins vrai.

Voici un problème à résoudre, le plus grave de tous. Pour obtenir une solution conforme aux intérêts véritables des deux parties, il conviendrait de s'entourer de toutes les lumières possibles. Mais on a coutume de négliger systématiquement les éléments défavorables ; on laisse de côté, de parti pris, les sources d'information que l'on redoute, on ferme les yeux sur les revers obscurs des personnalités qu'on médite de rapprocher ; au lieu de provoquer les confidences nécessaires, on les écarte ; on laisse subsister ainsi, dans le problème à résoudre, des inconnues très redoutables. Alors que la constitution d'un nouveau foyer devrait se faire dans la pleine lumière, on ne fait la lumière qu'incomplètement. La question de moralité est rarement soulevée ; il n'y a guère que le scandale qui puisse faire échouer un arrangement raisonnable, et encore est-il des cas où l'on s'obstine à passer outre. Ceux dont les existences vont être unies pour le temps et pour l'éternité s'ignorent très largement. Là même où leur coeur a parlé, ils se sont laissé influencer trop souvent par un désir instinctif d'écarter de leur champ visuel tout ce qui risquerait de diminuer le parti qui leur agréait, et aussi, par le désir réfléchi de paraître autres qu'ils n'étaient aux yeux de l'être dont ils voulaient conquérir l'affection. Dès lors, ils persisteront, l'un vis-à-vis de l'autre, dans cette attitude factice. La vie les forcera, sans doute, à se révéler ; le secret de leur personnalité réelle leur échappera, lambeau par lambeau ; mais il subsistera en eux un côté d'ombre. Il y avait une fissure : on l'a replâtrée avec du silence ; mais elle n'a pas disparu.

La confiance, qui eût été si facile dans ces premiers jours où les deux coeurs étaient si portés à se faire crédit mutuellement, devient de jour en jour plus malaisée. La fissure insoupçonnée continue de s'élargir ; et il vient un jour où ce bonheur qui paraissait indestructible s'écroule irréparablement. Alors, on regrette de n'avoir pas mieux compris, de n'avoir pas tout su ; mais il est trop tard.
D'autres fois, la famille s'était loyalement constituée par l'union de deux coeurs confiants et droits, qui ne s'étaient rien caché, et qui se comprenaient. Mais la vie s'entend à séparer les êtres les plus unis.

Vous n'avez pas veillé suffisamment sur votre bonheur. Vous avez cru qu'une telle affection était à l'abri de toute vicissitude. Vous n'aviez pas pris garde qu'entre vous et l'être aimé s'interposait insensiblement un mystérieux obstacle. Quand vos âmes se cherchaient, elles ne se rencontraient plus. Vous aviez laissé vos préoccupations diverger ; vous ne vous étiez plus soucié de maintenir ce lien de confiance qui existait naguère entre vous : vous aviez commencé de tenir fermées aux yeux de l'être à qui vous aviez promis une intimité absolue, ces retraites profondes de la pensée et du sentiment, qu'un mystique appelle poétiquement « des châteaux de l'âme », ou bien par votre indifférence, vous avez découragé la confiance d'un coeur qui ne demandait qu'à se confier.

Du jour où, sous votre toit, il y a eu des préoccupations secrètes que l'un n'osait confier à l'autre, le mensonge s'est assis à votre foyer. Et y a fait son oeuvre dissolvante. Insensiblement, la belle intimité du début a fait place à une correction systématique et tendue, tout en façade : c'était la muraille replâtrée. D'année en année, vous êtes devenus des étrangers l'un pour l'autre. Le jour où vous vous en apercevrez, - le jour où vous consentirez à vous en apercevoir, - ne sera-t-il pas trop tard ?
C'est pourquoi nous voyons aujourd'hui tant de familles dont le bonheur était vanté, qui se dissolvent et tombent en ruines. On accuse les lois, et notamment cette loi du divorce où les meilleurs esprits de notre temps voient la négation du mariage chrétien. Ceux-là d'ailleurs ont mauvaise grâce à parler du divorce qui s'accommodent des hypocrites procédures d'annulation des mariages. Mais nous qui avons gardé le droit d'accuser le divorce, nous devons prendre garde que les lois n'y feraient rien, si le mensonge n'avait d'abord ruiné la muraille dont ensuite elles ne font que consacrer la chute. Et aujourd'hui, malheureusement, il se fait partout des fissures à la muraille. Ce qui détruit nos foyers, ce ne sont pas les lois : c'est le mensonge. C'est donc le mensonge qu'il faut combattre.

Comment le combattrons-nous ? Notre première tâche sera de sauver l'enfance. Car la fissure se retrouve jusque dans l'âme des enfants. Et le mensonge qui détruit la famille dérive, finalement, du mensonge de l'éducation. C'est ici, surtout, qu'il faudrait ouvrir les yeux. Le premier devoir serait d'aller courageusement au-devant des confidences nécessaires. Mais lés parents ne s'inquiètent pas assez de conserver cette intimité sacrée qui, en faisant d'eux, dès les origines, lés meilleurs amis et les confidents attitrés de leurs enfants, se développerait naturellement aux heures critiques, et leur assurerait, sur le développement moral de ces êtres dont ils ont la responsabilité, une influence décisive. Trop souvent, ils s'en remettent à la Providence du soin de garder leurs enfants, alors que la Providence leur avait délégué ce soin ; et encore la Providence est-elle souvent représentée par des subalternes médiocres, sans autorité comme sans responsabilité. Ceci a parfois, - on l'a vu encore, ces jours-ci, à la Cour d'Assises, - des conséquences tragiques.

On a confiance dans l'enseignement public ; et la carence de l'instruction morale au lycée est aujourd'hui officiellement reconnue. Nos législateurs ne savent y apporter d'autre remède que de proposer la suppression, à tous les degrés, de l'enseignement de la morale. Que restera-t-il donc, si la famille abandonne son sacerdoce ? Sans doute il y a désormais les Éclaireurs. Et c'est une merveilleuse institution. Mais à condition de ne pas donner à ces jeunes chefs, dont le dévouement nous inspire tant d'admiration, une confiance aveugle, et qui serve d'excuse à notre paresse. La famille ne doit pas se désintéresser de ceux qui lui sont confiés : elle doit poursuivre son travail en collaboration étroite avec les chefs des éclaireurs. Elle a partie liée avec eux : l'enjeu, ce sont les âmes des enfants. Elles seront sauvées si ceux qui les aiment travaillent de concert, dans une entière confiance réciproque.

Trop souvent, jusqu'ici, l'enfant ne savait à qui confier les troubles qui l'envahissaient. Il n'osait parler à ses parents des tentations qui surgissaient à l'improviste dans son âme ; leur sérénité le déconcertait ; les efforts qu'il faisait pour se confier étaient doucement entravés, ses questions étaient éludées. Aussi gardait-il son attitude originelle : d'instinct, il replâtrait la fissure. je mets ceci à l'imparfait, puisque, grâce aux éclaireurs surtout, les choses ont changé. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Et la tâche surpasse les moyens d'action de ceux qui s'y consacrent. On voit encore aujourd'hui des parents déclarer que leur enfant ne sait rien du mal qui règne dans le monde. « Son âme, disent-ils, a gardé sa candeur première ». Ah ! s'ils voyaient, ces aveugles volontaires, l'avenir de malheur, et parfois de honte, qu'ils préparent à leurs descendants, pour n'avoir pas voulu saisir l'occasion favorable, pour n'avoir pas revendiqué, tandis qu'il en était temps, ce rôle sacré de confidents, pour n'avoir pas empêché le mensonge de s'installer dans l'âme de leurs enfants ! La faute n'est pas là où on la voit habituellement, dans la fissure.
Le monde est trop mauvais pour que la fissure ne se creuse pas. Il est naturel que la tentation vienne secouer, à une certaine époque de la vie, l'âme des enfants. Le mal est dans le replâtrage, où la dissimulation des uns s'accorde avec l'aveuglement systématique des autres. Le mal, c'est que la fissure soit bouchée avec des matériaux illusoires, c'est que les pensées mauvaises soient dissimulées : c'est que le mensonge soit. Car désormais, il y a ici un mensonge. Dans cet être qui est ce que vous avez de plus cher, deux personnalités, deux âmes sont superposées, et de ces deux personnalités, l'une, la plus profonde, vous échappe. Sous des apparences paisibles, la lézarde fait son chemin. Grâce à la vaine confiance que vous inspire la solidité de la muraille, elle s'élargit. L'enfant est devenu jeune homme ; ce jeune homme va fonder une famille : voilà, pensez-vous, une muraille solide, contre laquelle on peut bâtir. Duperie et mensonge que tout cela ! La convoitise, sourdement entretenue, est devenue le péché. Le mur s'écroule, entraînant dans sa chute la chère maison qu'on avait construite avec tant de tendresse.

C'est aux mères que je m'adresse ; c'est à elles que je dis, sous le regard de Dieu : Prenez conscience de votre sacerdoce ! C'est à vous qu'il appartient de sauver la famille, et en la sauvant, de sauver l'Eglise. Car vous possédez une divine clairvoyance. Vous avez reçu du ciel un don sublimé qui vous permet de lire dans l'âme de vos enfants et de deviner leurs plus secrètes pensées. Vous pouvez être, si vous prenez conscience de ce don, les divinatrices auxquelles il est donné de tout prévoir, auxquelles il est permis de tout dire : vous êtes les anges gardiens de vos enfants. Craignez-vous le contact de la boue ? Quand comprendrez-vous que, si des anges, pour sauver les âmes, trempent dans la fange leurs ailes de lumière, cette fange ne les peut souiller ?

Je me souviens d'un fait que rapportait, dans une réunion intime, un de ces hommes qui sont l'honneur d'une Église. Un jour, - il n'avait alors que douze ans, - sa mère, en se penchant sur lui, et en le regardant d'un de ces regards qui descendent jusqu'à l'âme, lut en lui une inquiétude secrète. « Tu as quelque chose », lui dit-elle. Alors, il lui confia le trouble qui s'était en effet emparé de son coeur ; et le courant d'intimité qui s'établit à ce moment entre l'enfant et la mère ne fut jamais interrompu. L'enfant devint un apôtre et un saint. Tout ce qu'il a été, le bien qu'il a fait au cours de sa longue existence, les âmes qu'il a ramenées au Christ, le profond sillon qu'il a creusé ici-bas, tout cela, il l'attribuait à ce seul regard de sa mère, suivi de cette seule parole.

Mères chrétiennes, dès que vous apercevez la fissure, au lieu de la recouvrir de vos illusions, réparez la muraille. C'est à vous de refaire ce rempart de la famille qui s'écroule, et de le rendre indestructible. Si le présent parfois vous échappe, songez que l'avenir dépend de vous. À vous de travailler à faire de vos fils des hommes de vérité, qui, au lieu de ployer éternellement sous la malédiction d'un mensonge initial, soient forts et marchent le front haut, dans la lumière. À vous de former des héros, c'est-à-dire des caractères purs et droits, incapables de rien dissimuler, et qui, dès lors, si même ils venaient à succomber momentanément aux tentations du monde, soient assurés du relèvement.

Mes frères, nous vivons dans une atmosphère de mensonge, et nous en mourons. Il semble que, dans l'Eglise comme dans la famille, il y ait un parti pris d'illusion volontaire. On aime à s'entendre dire, comme au temps d'Ezéchiel : Paix ! Paix ! Et cependant, il n'y a point de paix. Quand on vient dire aux chrétiens d'aujourd'hui : « Votre fidélité doctrinale, le bonheur de vos foyers, l'innocence de vos enfants, tout cela est empoisonné par le mensonge » ; ils ne songent qu'à faire remarquer les exagérations verbales de ceux qui tiennent ce langage. On les avertit que le mur est de plâtre.
« Erreur ! répondent-ils : il est en granit ». Appelez donc le vent, la grêle et là foudre et qu'on juge de la solidité de votre muraille Dieu est un Dieu de vérité. Il peut tout pour nous, si nous agissons dans la vérité. Il ne peut rien, si nous laissons le mensonge se glisser dans notre vie. C'est le mensonge qui perd la société, la famille, l'Eglise. Mais la société, la famille et l'Eglise seront sauvées par la vérité. Qu'un souffle de sincérité descende vers nous des hauteurs ; qu'il passe à travers nos Églises, qu'il passe à travers nos familles, qu'il purifie notre atmosphère spirituelle du mensonge qui étouffe les âmes ! L'Esprit d'En-Haut, l'Esprit de vérité ! Il est temps qu'il fasse tomber nos murailles caduques, si nous ne voulons pas les voir s'écrouler demain au souffle destructeur de l'incrédulité et du scepticisme moral. Nous espérons fermement le Réveil des âmes ; car nous attendons la venue du Règne de Dieu, et le Réveil est une condition de cette venue. Mais le Réveil n'aura lieu que si les chrétiens prennent la résolution de ne laisser subsister entre eux et ceux qu'ils aiment, d'une part, entre eux et leur Dieu, d'autre part, aucune espèce de mensonge.

Vérité ! c'est le mot d'ordre de toute une partie de l'humanité moderne, de celle-là même qui se montre le plus réfractaire au christianisme. Mais ce n'est chez les incroyants qu'une aspiration. À vous de répondre à cette aspiration, en vous emparant de ce mot sacré et en en faisant le mot d'ordre de ce Réveil des âmes, duquel nous attendons le salut.


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