Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE VEILLEUR SUR LA TOUR



LE GÂTEAU BRÛLÉ

Ephraïm est un gâteau qui n'a pas été retourné.
(Osée 7: 8.)

Ce fut une lamentable époque que celle où le prophète Osée se leva pour annoncer à Israël la volonté de Dieu.
L'infortuné royaume de Samarie, après la gloire éphémère qu'avait jetée sur lui le règne de Jéroboam II, se trouvait en proie aux discordes civiles, ensanglanté par de continuelles révolutions de palais, exploité cyniquement par les politiciens, prêtres ou chefs de clans. Il oscillait de l'appui vacillant de l'Égypte à l'amitié dangereuse de l'Assyrie, et, dans son aveuglement, il finissait par tourner ses armes contre ses propres frères, les habitants du royaume de Juda. Le roi d'Assyrie, Tiglath Pilézer, devait bientôt exiger, pour prix de son alliance, des sommes écrasantes. Au temps d'Osée, c'était déjà l'agonie, bien que personne encore ne s'en doutât. De toute part, les influences étrangères s'infiltraient, et elles corrompaient insensiblement l'âme du peuple. Avec cela, les apparences de la vie étaient sauvegardées. Israël paraissait intact et s'enorgueillissait encore de ses victoires. C'était son âme, surtout, qui était atteinte. Il était comme un gâteau qui n'a pas été retourné, et qui se consume insensiblement sous l'action de la flamme.

Les vieilles organisations patriarcales, fondées sur le principe de la famille et sur l'autorité locale des anciens, avaient disparu. C'était la cour de Samarie qui conduisait les affaires : la cour de Samarie, c'est-à-dire une coterie d'ambitieux sans scrupule et sans idéal.
Largement ouvert aux influences étrangères, le peuple perdait insensiblement ce qui, jadis, avait fait sa force. La religion des ancêtres s'altérait. Le culte qu'on rendait à Yahvé, le Dieu d'Israël, ne différait plus sensiblement du culte que les Cananéens rendaient à Baal. C'était la même dévotion sensuelle ; c'étaient les mêmes orgies. Baal avait vaincu, et c'était lui, à présent, le Dieu cruel et impur qu'on adorait sous le masque de Yahvé. Les prêtres ne songeaient qu'à exploiter la superstition des fidèles. Et ce qui subsistait de l'antique piété était pareil, suivant l'expression d'Osée, « aux brumes matinales, à la rosée qui bientôt se dissipe ».

Ce qu'il y avait de plus tragique dans le cas de ce peuple, c'était qu'il ne s'aperçût de rien. Malgré l'anarchie régnante, malgré les progrès de la débauche et de l'impiété, Ephraïm restait indifférent. Les influences étrangères auxquelles il s'abandonnait consumaient sa force, et il n'en savait rien. « Les cheveux blancs, dit le prophète, apparaissent sur sa tête, et il ne s'en doute pas. » Ce peuple vieilli était inconscient de sa décrépitude. Il ne songeait qu'à s'amuser. Et quand, par aventure, il se trouvait un prophète pour annoncer l'imminence des châtiments divins, on haussait les épaules, on ricanait. « Le prophète est fou », disait-on. Ainsi le peuple allait à sa ruine. Le gâteau se calcinait lentement sous les influences étrangères, sans que personne s'en avisât.
Situation qui n'est pas unique dans l'histoire. C'est le propre des peuples en décadence qu'ils ne se rendent pas compte de leur décrépitude.

Ferons-nous à notre temps l'application du texte prophétique ?

On peut relever des analogies curieuses entre nous et l'Israël auquel le prophète adressait ses avertissements. Il y a dans notre littérature des traits incontestables de vieillissement et de décadence. Ainsi, la recherche verbale, le choix systématique du mot rare et obscur, la complication irritante et inutile de l'analyse ou du vocabulaire, l'alexandrinisme, en somme. Mais ceci ne serait encore rien. Il y a ici, quant au fond des choses, l'étude minutieuse des états d'âme les plus artificiels et les plus morbides : c'est une analyse de névroses, entreprise par des névrosés, où l'on ne nous fait grâce d'aucun détail, où l'on s'efforce de faire sortir du subconscient tout ce qui s'y trouve, et qu'il y aurait pourtant avantage à y laisser. C'est la remontée à la surface de tout ce qui est déchet de l'âme produits de décomposition, êtres monstrueux qui naissent de la pourriture.

Ces études de cas morbides, écrites par des malades, et ces prétendues biographies psychologiques ôtent toute illusion sur les bas-fonds ténébreux de l'âme qui se complaît dans une telle littérature et qui sert d'objet à ces analyses. Par de tels livres, il est permis de juger ceux qui les lisent. En fait, parmi les vices les plus abjects de la décadence romaine, il n'en est aucun qui n'ait reparu et qui ne trouve parmi nos littérateurs des analystes complaisants, parfois des apologistes, dont certains joignent l'exemple au précepte. Et tout ceci n'a rien de commun avec l'exubérance des peuples jeunes. Cette littérature est celle de peuples vieillis, qui s'abandonnent sans lutte aux influences malsaines du monde subliminal, et, ayant été appauvris de leur sang le plus généreux, descendent insensiblement vers la tombe.

Nous savons qu'il y a d'autres choses à dire, et qu'il ne faudrait pas juger un peuple tel que le nôtre sur les vices qu'il étale, mais sur l'idéal qu'il n'a pas cessé de porter en lui, et qui l'avait si magnifiquement soutenu en 1914. Néanmoins, il faut prendre garde. Nous savons que les peuples jeunes, eux-mêmes, sont atteints par la contagion des vices des autres ; que la famille se dissout ailleurs bien plus fortement que chez nous ; qu'il y a dans notre élite, et en particulier, dans les éléments les plus jeunes de cette élite, des motifs d'espoir. Mais justement à cause de cela, je voudrais rendre mes auditeurs attentifs à leur responsabilité particulière. Mes frères, il faut que vous sauviez l'idéal de notre pays. Faites attention ! Le danger est grand pour vous, chrétiens, qui n'êtes qu'une poignée dans cette masse qui retourne au paganisme, de vous laisser envahir par une façon de penser et de vivre qui ne peut plaider l'excuse de l'ignorance.

Ceux qui sont étrangers à votre idéal consument votre force, et vous n'en savez rien.
Votre force, c'est votre foi.

La force de l'Israël antique, c'était le sentiment religieux. Le symbole de ce peuple, c'est Samson, le héros toujours vainqueur qui, en signe de consécration à Dieu, a laissé pousser sa chevelure. Tant qu'il la conserve intacte, il reste fort. Du jour où il la laisse couper, il devient étrangement faible. Vous aussi, dès que se relâche le lien de prière qui vous unit à Dieu, vous devenez faibles comme les autres.
Or, la foi des ancêtres a décliné. Pour eux, la religion était l'essentiel de la vie. Aujourd'hui, la religion n'est plus qu'un accessoire, considéré, il est vrai, dans certains milieux, comme obligatoire ; mais enfin, un accessoire quand même.

Il y a quelque cinquante ans, le culte de famille était pratiqué partout. Nos pères lisaient chaque jour leur Bible, et y puisaient leur force. Ils la lisaient avec leurs enfants. C'était le livre précieux entre tous, le trésor pour la possession duquel les ancêtres avaient souffert. Aujourd'hui, la question se pose de savoir s'il ne conviendrait pas de renoncer à remettre aux nouveaux mariés un livre qui est si souvent pour eux un objet d'indifférence, sinon de mépris.

Autrefois, les dimanches étaient consacrés à Dieu ; et les provinciaux, quand ils venaient à Paris, ne songeaient qu'à courir les églises.

Aujourd'hui, on va encore au culte, une partie de l'année tout au moins, et dans cette partie de la société où il est de bon ton de professer sa foi. On y va, quand il se trouve placé à une heure où il ne gêne personne ; et encore faut-il que certaines conditions climatiques soient remplies. On y va quand on n'a, comme on dit, rien de mieux à faire. On y va ; mais on réduit son assistance à la portion congrue. On y arrive à toute heure, pendant le sermon, après le sermon ; il y a même ceux qui viennent « pour la sortie », ce qui est une façon très mondaine, peut-être, mais parfaitement incompréhensible de concevoir ses obligations religieuses.
Mais dans la religion, il y a autre chose encore que les pratiques et l'instant si court que l'on y consacre. Il y a tout le reste de la vie. Et c'est là que s'exerce, insensible et pourtant continue, l'action d'un monde étranger au véritable esprit du christianisme.

Comme l'Israël de jadis, vous êtes placés entre l'Assyrie antireligieuse et l'Égypte cléricale. L'une et l'autre s'efforcent de miner votre fidélité et celle des vôtres. L'une et l'autre font appel à la ruse ou à l'intimidation pour séduire les faibles ou pour les contraindre.

Aucune persécution n'avait pu ébranler la fidélité de nos admirables Églises des Cévennes. Elles se laissent envahir aujourd'hui par la propagande perfide du sectarisme maçonnique. De même, le matérialisme pratique envahit nos Églises du Poitou, et déchaîne en tout lieu contre les jeunes qui veulent rester fidèles à leur Église la moquerie ou la violence.

Partout, l'incrédulité a fait d'effrayants ravages. je sais qu'il y a dans notre peuple des aspirations religieuses dont le succès des admirables missions de la Cause a démontré la persistance. Il n'en est pas moins vrai que nous ne devons pas nous faire d'illusion. Nous avons, à Paris, des temples qui se remplissent ; nous en avons dans quelques-unes de nos villes de province ; avez-vous comparé l'accroissement de nos auditeurs de ville à la diminution de nos auditoires de campagne ? Vous êtes-vous demandé de quel côté penchait la balance ?

L'Assyrie vous inquiète, à Paris, plus qu'elle n'inquiète vos frères de province ; mais, volontiers, vous vous tournez du côté de l'Égypte. Ici, vous rencontrez des manières plus engageantes ; vous vous sentez en communion avec des affirmations religieuses, qui se rapprochent des vôtres. Et d'ailleurs, au fond, tout au fond du coeur, ne vous arrive-t-il pas, désireux que vous êtes d'appuyer votre faiblesse à une autorité, de regretter en secret ces oignons d'Égypte, que vos pères ont méprisés pour chercher la liberté au désert ? C'est pourquoi vous vous laissez envahir et désagréger lentement par l'influence d'une puissance qui sait ce qu'elle veut, et qui saura, s'il le faut, faire preuve de tolérance et de largeur, pour ressaisir son empire sur ceux qu'elle prétend, par les multiples détours dont elle a le secret, ramener au bercail.
Mais l'action des influences étrangères ne serait pas trop redoutable, si votre force morale était restée intacte. Ce qu'il y a de plus grave, c'est que ceux qui croient servir Dieu servent en réalité Baal. Pour beaucoup d'entre eux, la religion se réduit à des apparences correctes, sous lesquelles se dissimule une existence où les instincts les plus vulgaires se donnent libre cours. De plus en plus, le religion tend à se séparer de la moralité, dont elle devait rester inséparable. Non seulement le plaisir passe avant le service de Dieu, mais il s'altère, et prend un caractère franchement païen. On laisse traîner sur sa table des livres auxquels, autrefois, on aurait rougi de toucher. On tolère, dans les réunions de société, des propos et des manques de tenue qui étaient laissés auparavant, je ne dis pas au monde, mais à ce qu'il y a de plus profane et de moins estimable dans les à-côtés du monde. On laisse tout dire et tout lire ; et, jusque dans leur façon de s'habiller et dans les modes auxquelles ils se soumettent les honnêtes gens prennent soin de copier ceux qui ne le sont pas.

Je n'ai rien dit des spectacles. La société de l'Ancien Régime était corrompue ; mais quelle différence entre les spectacles auxquels assistaient alors les gens dépravés et ceux auxquels assistent aujourd'hui les gens sérieux ! D'ailleurs, en ce temps-là, la cour était seule atteinte par la corruption ; il y avait une bourgeoisie aux vertus solides, et il y avait les protestants. Au temps de la décadence romaine, il y avait les chrétiens, qui donnaient l'exemple de la ferveur et de la pureté. Mais aujourd'hui, à qui peut-on regarder ? Où sont-ils, ceux que n'a pas entraînés, à leur insu, le courant du siècle ? On croit n'avoir pas bougé ; on se persuade qu'on est toujours les continuateurs d'une grande et sainte tradition. Quelle illusion! « Tout passe, tout s'écoule, disait le vieil Héraclite, et on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. » Et le fleuve qui nous entraîne va aux abîmes.

Nos Églises, sans doute, ont conservé des apparences de vie. Nous avons des oeuvres qui sont prospères. Mais sous ces dehors de santé, nous sommes atteints aux sources de la vie. Il n'y a rien d'alarmant comme l'état des malades qui ont les apparences de la santé. Atteints sourdement d'un mal qui ne cesse de progresser parce qu'il ne trouve aucune résistance, ils vont et viennent, continuant de vaquer à leurs occupations. Un jour, on apprend qu'ils sont gravement malades ; un peu après, on apprend qu'ils sont morts. Leur force a été consumée, et ils n'en ont rien su.

Il faut jeter le cri d'alarme tandis qu'il en est encore temps. Aujourd'hui comme aux jours d'Osée, c'est l'usage d'accueillir avec un sourire de scepticisme les avertissements de la Parole de Dieu. On dit que les prédicateurs exagèrent. Rentrez en vous-mêmes, interrogez-vous, rappelez vos souvenirs, réunissez vos impressions, et vous conviendrez que nous n'exagérons pas.
Certes, nous ne doutons pas de l'issue finale. Il n'est pas au pouvoir des faiblesses humaines d'empêcher la réalisation des desseins de Dieu. Mais ce qui est en jeu, c'est votre avenir à vous c'est votre salut : ce sont vos âmes et les âmes de ceux qui vous sont chers. Il est temps de vous ressaisir. Si la génération qui grandit en ce moment suit l'exemple de celles qui l'ont précédée, c'en est fait de l'Eglise.

Cette influence de la société sans Dieu que vous subissez, vous aussi, plus ou moins inconsciemment, il faut la combattre. Ce faux idéal du monde, il faut le rejeter. Vous avez affaire à la puissance des Ténèbres. « Ce n'est pas contre la chair et le sang, dit l'apôtre, que vous avez à combattre, c'est contre les esprits du mal. » Dans cette lutte, il n'y a qu'un moyen de vaincre : se convertir. Tout est là, et vous savez ce que ce simple mot comporte de renoncements obscurs, de déchirements intérieurs, de douloureux sacrifices ; mais il en est ici qui savent déjà ce qu'il comporte de joie. Écoutez ce que dit le prophète : « Israël, reviens à l'Éternel ton Dieu, car c'est par ton péché que tu es tombé. Prenez avec vous des paroles de repentir, et revenez au Seigneur. Dites-lui : « Pardonne notre faute, fais-nous grâce ! » - « Je réparerai les effets de leurs égarements ; sans réserve, je leur témoignerai mon amour. je serai pour Israël comme la rosée ; il fleurira comme un lys ; il poussera des racines comme un cep de vigne ; il aura la beauté de l'olivier, la senteur embaumée du Liban. »

Oui, il y a dans la communion de Dieu des bénédictions merveilleuses ; et elles s'accompliront pour vous, les promesses saintes. Dieu fera refleurir vos âmes desséchées si vous revenez à lui.

Est-ce donc si difficile, de revenir à lui ?

Les prophètes, jadis, n'ont pu arrêter sur la pente fatale Israël entraîné vers son destin. C'est que le Dieu dont ils parlaient au peuple était trop inaccessible pour être un objet d'amour. Osée, il est vrai, parlait de l'amour de Dieu ; mais c'était un message trop nouveau : on ne comprenait pas. Or, l'amour du monde ne peut être combattu dans le coeur de l'homme que par un autre amour, et cet amour, Dieu seul peut l'inspirer. Ce que le juge n'a pas fait naître dans le coeur d'Israël, le Père peut l'inspirer au coeur des chrétiens. Le Dieu qui disait à son prophète, en parlant d'Israël : « Je les ai attirés avec des cordeaux d'amour », agit sur l'âme, par Jésus-Christ, avec trop de puissance pour que vous ne soyez pas inexcusable de résister à son action, et de ne pas lui permettre de lier votre âme avec ces cordeaux d'amour, liens qui ne font pas esclave, mais libre. Devant vous, l'Idéal divin a surgi. Sur vos sentiers d'ombre, le Christ est apparu ; l'attraction qu'il exerce contrebalance celle du monde : il dépend de vous, dès lors, d'échapper aux influences qui vous tuent, ou de vous y abandonner.

La tradition de l'ancienne Église nous montre le Christ, son ministère terrestre achevé descendant dans les ténèbres des enfers pour y chercher encore des âmes à sauver. Et sur ces fresques naïves qui représentent la descente du Christ aux Limbes, on voit le Sauveur étendant la main vers la foule des âmes captives, qui se précipitent à sa rencontre.
C'est ainsi qu'il descend, Lui, le Vivant, dans l'enfer de l'âme, dans ces profondeurs inconscientes où s'exerce l'influence malsaine d'un monde impie et révolté. Et là, Il accomplit tous les jours son oeuvre de délivrance. Car il est plus fort que la puissance des ténèbres. À son appel, tout ce qu'il y a en vous de pur, de lumineux, d'héroïque a tressailli. Ne résistez pas à l'attraction qu'il exerce, n'essayez pas de vous soustraire à son influence qui régénère.

Pour votre âme, ce serait la mort : et il faut que vous viviez. Dieu le veut. Jésus-Christ vous en conjure. Convertissez-vous donc, et vivez.


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