Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SANS DIEU DANS LE MONDE

Épisode de la vie du peuple Slovaque



VII

Puis le printemps arriva et l'heureux temps de Martin tira à sa fin ; mais avec le printemps survint à Raschovo un colporteur étranger qui vendait la Sainte Écriture et différents volumes ; après avoir parcouru le village, il arriva jusqu'à la maison des jeunes bergers ; voyant que les enfants habitaient seuls, il s'arrêta un moment chez eux ; il lui offrirent du pain que la veille au soir leur avait donné la femme du fossoyeur ; en remerciement, il montra aux enfants tous ses livres et différentes belles gravures ; s'étant aperçu des regards d'envie que Martin jetait sur un petit Nouveau Testament commode pour emporter au pâturage, il lui fit cadeau du volume convoité et, en outre, donna à chacun une belle image ; celle de Martin représentait le ciel avec une colombe blanche qui portait dans son bec une petite lettre avec cette inscription en lettres d'or : « J'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui me cherchent de bonne heure me trouvent. » Sur l'image de Joseph on voyait une guirlande de fleurs des champs entourant ces paroles : « Mon fils, donne-moi ton coeur. » Martin ne pouvait s'arracher à la contemplation de ces images et à la lecture de ces belles paroles.
« N'est-ce pas, dit-il au colporteur, cela signifie que le Seigneur Jésus m'aime ; si je le cherche du fond du coeur, il se fera trouver à moi ; et il nous demande de lui donner notre coeur. »

Longtemps encore le colporteur s'entretint avec les enfants ; il pouvait à peine répondre à toutes les questions que lui posait Martin, et celui-ci se réjouissait d'apprendre quelque chose de nouveau sur le Seigneur Jésus, les nouveaux cieux et la vie éternelle.

Trois jours durant, le colporteur séjourna au village ; chaque soir il venait retrouver les jeunes bergers, et lorsque enfin il dut s'éloigner, - c'était un samedi, - Martin voulut se charger de son gros sac jusqu'à la ville voisine ; quoiqu'il pliât sous le lourd fardeau, il était trop heureux de porter sur ses épaules la Sainte Écriture.
« Pèlerin de Dieu », dit-il au colporteur en le quittant, « puisse le Seigneur Jésus vous aider à vendre tous ces volumes ; puissent beaucoup de gens acheter la Sainte Écriture, afin de la lire et de ne plus vivre sans Dieu dans le monde. »
- « Que Dieu t'exauce, mon fils ; marche fidèlement sur les pas du Seigneur Jésus jusqu'à ce qu'Il revienne, de sorte que nous puissions nous présens ter sans crainte devant lui. Encore ceci, Martin : lorsque tu auras des moments de découragement, pense à cette parole du Seigneur Jésus : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; je vais vous y préparer une place, et lorsque je vous aurai préparé cette place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que vous soyez là où je suis. »

Martin se promit de retenir cette parole ; mais, lorsque le colporteur voulut le payer de sa peine, il se mit presque à pleurer.
« Vous m'avez fait tant de bien, vous nous avez donné le Saint Livre et des images, et je ne pourrais en retour vous rendre ce léger service ? »
Le colporteur l'attira à lui, le regarda dans ses beaux yeux noirs et l'embrassa sur le front, comme un bon père son cher enfant, puis ils se séparèrent l'un de l'autre.

Longtemps encore Martin resta assis sur un tas de pierres au bord de la route et le regarda s'éloigner ; il croyait que le Père Céleste le serrerait un jour sur sa poitrine, comme ce cher homme venait de le faire ; il savait bien maintenant comment cela se passerait.



VIII

Plein du parfum des roses et de l'éclat du soleil,
Le printemps d'or avance à grands pas ;
Il pénètre dans les plus sombres forêts
Et sourit en réveillant les petites fleurs ;
Les petits oiseaux chantent ; Voyez, quelle magnificence,
Vous tous, chers amis, réveillez-vous, réveillez-vous

Les villageois se réjouissaient en pensant que le bétail pourrait revenir bientôt au pâturage, car, dans les granges et les hangars, les meules de foin diminuaient à vue d'oeil. Martin se consolait en pensant à la chère forêt qu'il allait retrouver, mais il était très en souci au sujet de Joseph ; il ne voulait pas le retirer de l'école avant l'examen, mais comment le nourrir s'il ne venait pas au pâturage ? Ce lundi, tous deux devaient conduire le bétail pour la première fois ; le dimanche après-midi, il se tint devant la porte en songeant : « Où donc le Seigneur Dieu a-t-il serré toute la glace et la neige ? Hier encore nous apercevions d'ici la montagne entièrement recouverte et blanche, et maintenant ce n'est que de l'herbe verte ; et sur la prairie, il y a à peine deux semaines, les enfants avaient élevé un grand bonhomme de neige et maintenant ils ne jouent plus qu'à la balle et au cerceau. »

Comme Martin réfléchissait à cela, il ne s'aperçut pas que la femme du bourgmestre s'était approchée de lui.
« Je vais chez la femme du fossoyeur, dit-elle ; il faut que je te dise, Martin, que tu ne mérites que des compliments pour t'être si, bien occupé de Joseph pendant l'hiver ; du haut du ciel, sa mère peut te bénir ; et comme certainement elle doit désirer autant que toi que son fils fréquente l'école, nous avons décidé, dans le village, de nous charger de le nourrir pour lui permettre de rester en classe jusqu'à son examen ; pendant une semaine il mangera chez moi, pendant une autre chez la meunière, en haut du village, puis chez Mme Huda. »

Martin ne savait comment remercier cette excellente femme.
« Dieu vous récompense mille fois, petite tante. »

Tous ses soucis avaient subitement disparu. En vain aurait-on cherché ce jour-là dans le village quelqu'un de plus heureux que lui ; Joseph l'accompagna avec le bétail jusqu'à l'entrée de la forêt, puis Martin le suivit des yeux pendant qu'il courait à l'école. Dans l'après-midi, Joseph revint comme une flèche ; Martin lui avait réservé, de son repas du matin, du pain et quelques légumes, que Joseph accepta vite sans se faire prier.

Les villageoises tinrent leur promesse ; elles nourrirent le garçon jusqu'à l'examen final ; aucune n'en fut moins riche pour cela, car on sait que Dieu récompense largement ceux qui font le bien.
« Pauvre Martin, comme tu dois te sentir seul, sans Joseph avec toi », lui dirent les femmes l'une après l'autre, mais Martin n'avait guère le temps de gémir sur sa solitude ; il lui fallait d'abord un bon moment pour prendre soin de son troupeau et pour séparer les animaux batailleurs ; ensuite il tirait de sa poche le petit Nouveau Testament et lisait ; parfois il ne dépassait pas la lecture de deux versets, car il ne lisait pas aussi couramment que Joseph ; mais ce qu'il avait lu, il le méditait pendant son travail et il y trouvait toujours une idée nouvelle. Il lut une fois le passage dans lequel il est dit comment le Seigneur Jésus, à sa naissance, ne trouva de place que dans l'étable. Cela lui fit une peine extrême de penser que le Fils de Dieu dut reposer sur la paille dans une crèche, parmi les bestiaux, comme autrefois lui-même chez le bourgmestre.

Mais le passage qui convint le plus à Martin fut celui où il était parlé de Jésus lorsqu'il se rendit, à l'âge de douze ans, pour la première fois dans le temple, car à Nazareth, où il demeurait avec ses parents, il n'y avait point de temple ; à cause de la grande foule qui se trouvait à Jérusalem en ces jours-là, le Seigneur Jésus fut séparé de sa mère et celle-ci, pleine d'angoisse, le chercha pendant trois longs jours, demandant partout si on l'avait vu. Déjà Martin s'épouvantait à l'idée qu'elle ne le retrouverait point, mais quelle joie quand il lut que Jésus fut rejoint dans le temple ; pourquoi ses parents ne l'avaient-ils pas cherché là tout d'abord, ils auraient dû se douter qu'il ne pouvait être nulle part ailleurs ; très souvent, dès ce jour, Martin songeait à ce premier voyage de Jésus ; il supposait que, dans ce long parcours qui séparait la Galilée de Jérusalem, Jésus devait certainement cueillir beaucoup de fleurs le long du chemin et, s'il passait dans une forêt, il devait se reposer sous l'ombrage.

Ainsi l'imagination de Martin se donnait libre cours et il chantait de joie, au point que la forêt retentissait de ses cantiques.
Un certain jour, comme il chantait :

Où, cher Sauveur, demeures-tu ?
Où te trouverai-je, toi et ta douce paix ?...

Le chant résonna sur la montagne, se répercuta d'une forêt à l'autre, à tel point que Jésus devait certainement l'entendre, ce qui était le plus cher désir de Martin. Cet écho le frappa ; il lui sembla que la nature entière venait à son aide, il cessa de chanter, disant : « Je sais déjà où tu es, Seigneur Jésus, mais combien je préférerais te contempler ! je sais aussi que tu reviendras un jour, mais quand sera-ce : un soir ou un matin ? »
« Un matin », répondit solennellement la forêt qui répéta encore une fois : « Un matin. »
« Alors tu viendras certainement ? » demanda Martin tout joyeux, et la forêt répondit à demi-voix : « Certainement ! »



IX

Cette année-là, Martin cessa de tresser des corbeilles le dimanche. « Je suis obligé de paître le bétail parce que j'en suis chargé par la commune et aussi parce que les animaux ne peuvent cesser de manger ce jour-là, dit-il à Joseph, mais si je tressais des corbeilles, je ferais cela de ma propre volonté et j'offenserais Dieu ; si je ne puis pas aller à l'église, je veux du moins célébrer ce saint jour dans la forêt, selon mes moyens ; là aussi, le Seigneur Jésus m'entendra. »
Lorsque les femmes le virent endimanché, elles lui reprochèrent d'abîmer ses meilleurs vêtements.
« Petite tante, dans la forêt c'est aussi dimanche », répondit-il à la femme du fossoyeur.
- C'est vrai, mais là personne ne te voit.
- Dieu me voit, petite tante, et depuis que je sais que Dieu a commandé de sanctifier ce jour, je ne peux pas le déshonorer avec des habits tout usés. »

La femme du fossoyeur dut s'incliner devant le raisonnement de l'enfant et souvent ces paroles lui vinrent à l'esprit lorsqu'elle voulait ceindre un tablier sale le dimanche ; alors elle en prenait un propre.
Tout au bout du village mourut la vieille meunière ; elle léguait à Martin un foulard de laine qui n'était pas neuf mais qui fit la joie des enfants parce qu'il était parsemé de feuillage et de roses. Martin le prenait souvent à la forêt, l'étendait sur le rocher et y déposait le Nouveau Testament ; il formait une sorte d'autel. Là il priait, chantait et lisait, célébrant ainsi son dimanche, seul le matin, avec Joseph l'après-midi.

Lorsque l'examen de l'école fut enfin passé, les garçons reprirent comme précédemment leur vie commune ; ils allèrent ensemble couper des joncs dont Martin fabriquait des corbeilles ; Joseph, lorsqu'il n'avait pas à prendre soin du troupeau, cherchait des fraises, des champignons, des framboises, des mûres, bref les produits de la saison, qu'il allait vendre ensuite ; pendant près de deux semaines, il porta dans un sac le produit de ses récoltes à un vieux monsieur qui lui donna deux écus en échange ; les garçons ajoutèrent cette somme à leurs économies déjà réalisées par la vente des champignons et des framboises et chargèrent la femme du fossoyeur de leur acheter avec cela un nouveau costume ; on put aussi faire raccommoder les chaussures de Joseph. La joie des garçons était indicible, tout le monde se réjouit avec eux et Fidèle, tout étonné d'abord de tant de luxe, reconnut vite ses vieux amis.

Un certain dimanche, comme Martin tenait à la main son Nouveau Testament, celui-ci s'ouvrit de lui-même aux dernières pages ; il lut le titre :
XXIe chapitre et ensuite : Jean voit une nouvelle terre et un nouveau ciel ; il devint tout joyeux.
C'était là enfin ce qu'il cherchait depuis longtemps, ce après quoi il soupirait. En effet, cet étranger qui lui avait enseigné la parole : « Dieu a tellement aimé le monde », avait dit que la fin du Nouveau Testament contenait bien des choses sur la nouvelle terre. Cette fois, Martin continua sa lecture jusqu'à la fin du chapitre.

Oh ! quelle magnificence dans cette nouvelle terre ! Jamais jusque-là il n'avait pensé que cela pût être si beau, le lieu où Dieu demeure et reçoit les hommes ; cette lecture lui parlait d'une grande ville de ce pays, qui est construite en pierres précieuses ; cette ville a douze porte, formées chacune d'une grosse perle ; les rues sont pavées d'or ; au milieu de la ville coule une rivière sur les bords de laquelle croissent des arbres qui portent des fruits douze fois l'année ; dans cette ville ne se trouve aucune église, car le Seigneur Dieu marche lui-même dans les rues et parle aux habitants ; et là le Seigneur Jésus siège sur son trône d'or et règne sur tous les hommes que Dieu a repris à lui ; ceux-ci marchent, le servent et le voient ainsi que Dieu : et il demeurera avec eux et avec Lui durant toute l'éternité. Quelle magnificence !

Martin leva les yeux vers le ciel ; les nuages montaient sur la montagne, le soleil brillait au-dessus et le tout scintillait comme la porte d'or d'une glorieuse cité dans une terre nouvelle. Martin avait aussi découvert dans son Nouveau Testament que seuls entraient dans cette ville ceux dont le nom était inscrit dans le Livre de vie ; cette pensée l'angoissa vivement : « Qui sait si j'y suis inscrit » Il se jeta à genoux et pria : « Seigneur Jésus, tu as dit que tu nous accorderais tout ce que nous te demanderions ; aussi je viens te prier de regarder dans ton Livre de vie si mon nom s'y trouve, et, s'il n'y est pas, je te prie de l'y inscrire : Martin, et aussi le nom qu'a porté mon père et que tu dois connaître, car, au jour où les anges appelleront les hommes, il ne faudra aucune confusion ; il y a plusieurs Martin à Raschovo et je ne saurais pas comment m'annoncer. Je veux pourtant venir à toi et te servir toute l'éternité, et cela parce que tu m'as aimé et que tu es mort pour moi. Amen. »
« Amen », répondit solennellement la forêt et Martin crut sûrement que son nom venait d'être inscrit et qu'il aurait maintenant le droit de pénétrer un jour dans la ville aux portes de perles et aux pavés d'or. Depuis ce jour, il ne cessa de se demander comment le Seigneur allait et venait près du fleuve et sous les arbres en fleurs, comment les anges faisaient entendre leur musique et leurs chants, tandis que de tous les bouts de la terre on accourait par les portes d'or pour le servir.

« Ah ! pensa Martin tout joyeux, comment cela sera-ce quand moi aussi je serai là ? Me verra-t-il et me reconnaîtra-t-il ? Je le reconnaîtrai certainement, car il sera le plus beau de tous et portera une couronne. »
« Ne crains rien, dit Martin à Joseph qui éprouvait une grande frayeur lorsqu'un jour, sans autre forme de procès, une partie du mur de la cuisine ; s'affaissa lourdement, nous ne demeurerons pas longtemps ici ; le Seigneur Jésus est venu lui-même pour nous préparer une place dans sa belle ville ; s'il n'y a pas de place pour nous deux, je te prendrai avec moi et nous demeurerons toujours ensemble. »


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