Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



PROMENADES À TRAVERS LE PARIS DES MARTYRS
1523 - 1559



CHAPITRE VIII

Devant Notre-Dame

Notre-Dame. Jean Guibert. - L'ermite de Livry et son procès en hérésie. Le jargon de Lizet. - Supplice de Jean Guibert devant Notre-Dame. - Jacques Belon.

« Avant la réalisation du projet de l'évêque Maurice de Sully, deux églises couvraient à peu près l'espace de la cathédrale actuelle : St-Étienne et Ste-Marie. Notre-Dame fut commencée en 1163 et terminée sous Philippe Auguste en 1223. Mais l'oeuvre de Maurice de Sully subit depuis de sensibles modifications. Tel qu'il est ce monument de l'architecture gothique au XIIIe siècle est un chef d'oeuvre qui ne manque jamais d'exciter l'enthousiasme de ceux qui aiment le grand et le beau.

Notre-Dame a été le théâtre de plus d'un événement historique. Philippe de Valois après la victoire de Cassel y est entré à cheval entouré de ses barons. En mémoire de ce fait une statue équestre avait été érigée contre le dernier pilier sud de la nef. Le comte de Toulouse Raymond VII, y vint nu en chemise abjurer son hérésie. Henri VI, roi d'Angleterre y fut couronné roi de France en 1431. En 1431, par un Te Deum on y a célébré la sortie des Anglais. Pendant la domination des seize sous la Ligue, la cathédrale servait de caserne aux troupes fidèles qu'on réunissait contre les politiques et pour entretenir la terreur parmi les bourgeois. La déesse Rason y eut son culte ; les théophilanthropes y prêchèrent. Rendue au culte en 1802, Napoléon s'y fit sacrer en 1804. Autour de Notre-Dame restèrent longtemps groupées plusieurs petites églises qui en dépendaient : St-Jean-le-Rond, la Chapelle de l'Hôtel-Dieu, Saint-Denis-du-Pas, Sainte-Geneviève-des-Ardents. À la pointe septentrionale de la Cité se trouvait le Cloître, réunion de petites maisons avec jardins, servant d'habitation aux chanoines du chapitre. Le palais de l'Archevêché démoli en 1838, était contigu à la cathédrale.

Sur la place du Parvis devant le portail principal, se trouvait une échelle patibulaire, marque de la haute justice de l'Évêque. Cette échelle fut remplacée en 1767 par un carcan qui disparut en 1792. C'est de ce poteau que partaient les distances itinéraires de la France.
Les tours de Notre-Dame ont 65 mètres de hauteur. (1) »

Malheureusement, Notre-Dame évoque encore d'autres souvenirs. Pour ma part, je ne passe jamais devant l'admirable édifice sans donner une pensée à tous ces pauvres martyrs connus ou inconnus qui sont venus durement expier devant lui leur hardiesse d'esprit ou leur tentative de réformer l'Eglise,
C'est là qu'étaient conduits d'abord pour y faire amende honorable, un cierge de cire en main, souvent en chemise et pieds nus, les hommes courageux qui avaient rêvé, eux aussi, de ramener l'Eglise de France à la pureté de ses origines. On allait ensuite leur arracher la langue, les étrangler et les brûler ailleurs.
Il y eut pourtant aussi des supplices devant Notre-Dame Nous n'en raconterons qu'un seul, avec quelque détail, ce sera celui du martyr qui n'a été longtemps connu que sous le nom de l'ermite de Livry.

Dans l'état actuel de nos connaissances, c'est le quatrième martyr de la Réforme française qui ait subi sa peine à Paris. Voici ce que l'on savait jusqu'ici de lui :
« Pavanes, dit Crespin, fut suivi quelque temps après par un sur-nommé l'ermite de Livry, qui est une bourgade sur le chemin de Meaux, lequel fut brûlé vif à Paris, au parvis du grand temple qu'ils appellent Notre-Dame, avec une grande cérémonie, étant sonnée la grosse cloche de ce temple à grand branle pour émouvoir tout le peuple de la ville, disant et affirmant les docteurs (qui le voyaient persévérer avec une constance invincible) que c'était un homme damné qu'on menait au feu d'enfer. » (2)

Nous sommes aujourd'hui mieux renseignés et nous allons voir, d'après les pièces mêmes de son procès, ce qu'était en réalité cet « homme damné » digne du « feu d'enfer. »
Il s'appelait Jean Guibert et je le soupçonne fort d'avoir été normand, lui aussi, comme son malheureux confrère Jean Vallière, qui, ermite de Livry comme lui, avait été brûlé au marché aux Pourceaux, le 8 août 1523.
En effet, parmi treize élèves qui étudiaient en 1520 à Caen sous Pierre de Pratis (Des Prés) j'ai relevé le nom d'un « Jean Gybert » qui me paraît bien être le même que notre malheureux ermite.

Ermite de Livry comme Jean Vallière (3), Jean Guibert fut trouvé sans doute contaminé des mêmes erreurs luthériennes. La mort de Vallière est du 8 août 1523, le procès de Jean Guibert avait commencé à peu près à la même époque devant l'official de Paris et l'inquisiteur de la foi. « Ils assemblèrent des docteurs et autres et donnèrent sentence qu'il abjurerait publiquement au Parvis Notre-Dame ses dogmes erronés, qu'il déposerait sa barbe et son habit (4) et serait banni. »

Guibert en appela au Parlement et sa cause fut plaidée le jeudi 26 novembre 1523.
Il avait pris pour avocat ce même Bochart qui s'était rendu célèbre pour le courage dont il avait fait preuve dans son opposition au Concordat de 1516. Bochart exposa qu'avant de plaider en faveur de l'appelant, il l'avait voulu le voir et l'entendre et qu'il avait été réconforté par l'humilité de cet homme et l'intégrité de sa foi.
C'était, d'après lui, un homme plein d'austérité et de dévotion fervente qui odit animan suam in hoc mundo. Il n'a aucun souci humain, aucun égard des personnes, désirant ferventement l'honneur de Dieu. Lui aussi peut dire : le zèle de ta maison me dévore. Heureux ceux qui ont faim de justice en tout temps. Plût à Dieu que plusieurs eussent aujourd'hui une partie seulement de son zèle pour la gloire de Dieu !

Le pape et les autres prélats, dit Bochart, avec leur juridiction spirituelle, ne sont pourtant pas plus grands que Jésus-Christ dont ils sont les vicaires. Or Notre Seigneur Jésus étant sur la terre a dit : Mon règne n'est pas de ce monde, et il n'a voulu se montrer maître que dans son temple et église et c'est de là qu'il a chassé les acheteurs et les vendeurs... Donc, les prélats de l'église ne peuvent pas ôter les terres et seigneuries, ils ne peuvent pas bannir, et, s'ils le font, ils mettent leur faux dans la moisson d'autrui, ponunt falcem in messem alienam.

En second lieu, la juridiction en première instance appartient aux juges ordinaires et le pape ne peut y commettre ou déléguer, et les inquisiteurs de la foi n'ont aucune juridiction. Autrement la chose serait très dangereuse et plusieurs bons chrétiens et bonnes bourses seraient en danger d'être légèrement traités d'hérétiques, et on en a vu l'exemple chez les Vaudois d'Arras et d'ailleurs. Le pape peut bien envoyer des inquisiteurs pour s'enquérir et dénoncer aux juges ordinaires et diocésains, mais non pour les appeler à juger.
Guibert, depuis 40 ans environ, a suivi la doctrine évangélique, renonçant à lui-même, vivant dans une extrême austérité et pénitence, suivant la vie, de St-Paul ermite et autres saints-pères, criant comme Jean-Baptiste : Repentez-vous.

L'évêque de Paris peut témoigner de sa vie. Il a même permission du pape de recevoir avec lui d'autres ermites. Il n'a pas cherché les honneurs et les biens du monde. Peut-être, voyant plusieurs choses contre l'honneur de Dieu, la simonie, les exactions et autres choses à reprendre en a-t-il parlé avec colère. Il a été cité devant l'official de Paris et devant inquisiteur de la foi qui n'a aucune juridiction. Le promoteur lui a fait plusieurs reproches particuliers ; ce n'est pas une raison pour le dire hérétique. Il faut seulement l'avertir et le corriger. Au contraire, l'official et l'inquisiteur ont donné contre lui une sentence portant bannissement. Ils n'en ont pas le pouvoir et c'est ce dont Guibert appelle comme d'abus à la cour de Parlement. Son avocat. demande que l'évêque de Paris donne vicaire à l'évêque de Langres et à quelques autres bonnes personnes pour connaître de la matière et, qu'en attendant, le dit Guibert soit mis aux Célestins, aux Chartreux, à St-Martin-des-Champs ou à St-Germain-des-Prés.

Là-dessus, Gron, procureur de l'évêque de Paris, répondit que la cause était du ressort de l'archevêque de Sens, qu'il n'y avait pas entreprise sur la juridiction du roi. Il peut prouver que l'official a depuis trois cents ans le droit de condamner au bannissement. Il n'y a pas d'abus : l'official et l'inquisiteur ont toujours agi en présence de cinq ou six docteurs en théologie et, autres gros personnages.
Là-dessus, Brion faisant fonction d'avocat de l'évêque de Paris, s'appropria les observations de Gron et conclut en faveur de l'official contre l'appelant.

Lizet, avocat du roi, dont le zèle persécuteur était à ses débuts, prit ensuite la parole et prononça un long discours, où le français se mêle à ce latin de cuisine ou de prétoire qui faisait à bon droit sauter Érasme d'indignation. Nous résumerons le plus possible ce long réquisitoire scolastique, et verbeux, et nous en citerons seulement une page pour en donner l'idée, à ceux qui ne peuvent le lire en son entier.

Ceux qui élisent l'état de vie solitaire et « érémitique, » dit Lizet, sont réputés dignes d'honneur. Toutefois, en matière concernant la foi ou la vérité de la doctrine catholique, il ne faut pas se fier à celui qui présente seulement l'apparence de la sainteté quand même il ferait des miracles... « Et à cette cause sans s'arrêter ad austeritatem vitae (5), dont l'avocat de Guibert a parlé, il s'arrêtera seulement in veritate doctrinae et en ce qui est de droit, secundum ecclesiaslicas traditiones. Dit qu'il y a deux points en la matière, le premier est l'appellation interjetée de la sentence donnée par les official de Paris et inquisiteur de la foi conjointement in materia lidei, assavoir si en tout ou partie la dite sentence est exécutoire nonobstant l'appel, ou si la cour doit ordonner, etiam ubi nulla esset sententia, la réparation du scandale fieri debere simul et pourvoir au personnage, ne deterius illi et allis contingat... »

L'échantillon suffit. Ce qui nous intéresse pour l'histoire des idées dans tout le latin macaronique de Lizet et au milieu de ses citations et de ses gloses, c'est ce qu'il pense sur les droits de l'Eglise en matière de répression de l'hérésie, et la manière dont il les établit.
Il ressort de son jargon légaliste qu'il donne d'abord raison à l'avocat de Guibert.

La sentence des juges d'église a prononcé la peine du bannissement, mais c'est une entreprise sur la justice laïque. Le juge laïque a seul qualité pour bannir, car le juge ecclésiastique ne peut prononcer qu'une peine spirituelle. Celui qui a semé quelque nouvelle doctrine contre les traditions ecclésiastiques et s'est élevé contre elles peut être banni - mais par le juge séculier. Le juge d'église peut déclarer les dogmes de Guibert erronés, schismatiques et hérétiques, mais quant à la punition, elle appartient, - même de droit divin - au juge laïque ; les exemples contraires allégués par le conseil de l'évêque ne prouvent rien, car, s'il y en avait ce seraient des actes clandestins. L'évêque de Paris et ses « officiaux », ont donc « abusivement procédé, jugé et sentencié ». Défense doit leur être faite de ne plus prononcer aucune sentence de bannissement, à moins que ce ne soit à la requête du bras séculier.

Au contraire, c'est à bon droit que l'évêque de Paris a procédé contre Guibert conjointement avec l'inquisiteur de la foi. Car l'évêque a le droit de connaître des choses de la foi. La sentence contre Guibert qui est une sentence de simple réparation, doit être exécutée malgré l'appel. Mais c'est encore au juge laïque à la faire exécuter. C'est la doctrine même de St-Augustin.

Dans l'espèce, bien que Guibert ait, jusqu'ici, vécu d'une vie très austère et recommandable, il est accusé d'avoir suivi et favorisé la doctrine de Luther, spécialement en ce qui concerne l'abolition de la messe privée, d'avoir au mépris des commandements de l'Eglise, négligé d'entendre la messe les dimanches et fêtes, d'avoir dit qu'il valait autant ou qu'il valait mieux lire l'Evangile dans sa cellule, que d'entendre la messe, d'avoir entendu en confession un prêtre qui demeurait dans son ermitage, d'avoir reçu profession de ses compagnons, comme si sa religion était approuvée, d'avoir dit et répété que c'était de la simonie que de donner six blancs pour faire dire une messe, d'avoir affirmé qu'il n'était ni bon, ni salutaire, de faire prier Dieu pour les morts... Guibert continue Lizet, a reconnu quelques-unes de ces erreurs sans y persévérer. La preuve absolue des autres chefs d'accusation n'a pas été faite par les témoins entendus. En tous cas, il y a eu scandale. et de sa part zèle indiscret. Mais comme il n'est pas demeuré obstiné et qu'il est revenu dans le giron de l'Eglise sur les remontrances de ses juges et des docteurs de la Faculté de théologie, il ne peut pas être déclaré obstiné et hérétique. Condamné à abjurer ses dogmes erronés, il s'est soumis et il a lu l'abjuration et profession qui lui a été remise par écrit.

En conséquence, il a été condamné, outre le bannissement, à être mis publiquement un jour de dimanche, près d'un prêcheur, au parvis de Notre-Dame où le dit prêcheur devra prêcher contre les dogmes erronés du dit Guibert. Après la prédication, ledit Guibert se rétractera publiquement devant le peuple. Il a été condamné encore à faire raser sa barbe et à déposer son habit d'ermite et à garder la prison pendant six mois, à la bonne grâce de l'évêque de Paris.

La réparation publique sur le parvis de Notre-Dame est un peu « scandaleuse », dit l'excellent Lizet. Elle noterait Guibert d'infamie si elle était exécutée telle quelle. Il suffira donc, dans l'espèce, qu'elle ait lieu dans Notre-Dame même et dans les différents lieux où Guibert a demeuré, après la prédication ordinaire en présence de Guibert placé de telle manière que le peuple puisse l'apercevoir. La prédication faite, Guibert rétractera publiquement les dogmes erronés dont il a été convaincu.
Quant à sa personne, et pour qu'il ne retombe pas dans ses erreurs premières, il faut le retirer de la vie solitaire et érémétique, car, dit St-Jérôme : c'est dans la solitude que s'exalte l'orgueil et tout ce qui s'ensuit.

Comme Guibert n'a pas été nourri en monastère régulier, mais qu'il est entré d'un coup dans sa vie d'ermite, il a besoin de demeurer quelque temps dans un monastère de St-Benoît réformé. Et ce sera pour lui plutôt un bénéfice qu'un supplice. Lizet requiert donc que Guibert soit tenu de vivre dans quelque bon monastère de St-Benoît, sous l'obéissance du Supérieur qui lui donnera « le plus simple et le moins lettré » de ses gens pour le servir.

Bochart répliqua en montrant qu'il avait bien touché les deux abus, le bannissement illégal et la juridiction usurpée par l'inquisiteur de la foi. Aux ecclésiastiques qui prononcent sans droit une condamnation de bannissement, il rappelle la parole évangélique : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Quant à la juridiction usurpée par l'inquisiteur, c'est une chose abusive, périlleuse et de conséquence « qui ferait mettre le feu partout sans propos. » Il rappela l'intégrité de la vie de Guibert et pria qu'en dépassant la mesure de la correction fraternelle on ne le mît pas hors du chemin et de l'espoir.

L'avocat du roi reprenant la parole, requit l'internement de Guibert dans un monastère « réformé » en lui laissant le choix de la maison. D'ailleurs « il y a suffisant témoignage de l'homme par la longue et continuelle conversation d'icelui en l'ermitage. » Il y a des gens de bon zèle, ajoute-t-il, que les grands abus qu'ils voient contraignent de parler avec véhémence. La cour, d'ailleurs, pourra voir et entendre l'accusé lui-même. Il a de l'âge. Il faut aussi que la cour considère qu'en disant simplement la vérité Guibert a pu se faire des ennemis, des « haineux ». Veritas enim odium, parit. Il conclut au renvoi dans un monastère, dans les conditions susdites. La cour renvoya les parties à trois jours en enjoignant à l'évêque de Paris « de bien traiter cependant le dit appelant. »
« La cause fut appointée. »

Voilà un procès qui paraissait tourner tout à l'honneur du brave ermite réformateur. Ceux qui ont l'habitude de ces procès d'hérésie ne peuvent qu'être touchés du courage de Bochart, de la modération relative de l'avocat du roi, de l'hommage rendu à la vie sainte de Jean Guibert. Mais les idées saines de tolérance et de respect de l'âme humaine, jusque dans ses erreurs, n'étaient encore que le fait de quelques-uns. Guibert et ses pareils en mettant la main sur les plaies de l'Eglise, se faisaient d'implacables ennemis, incapables ni de se réformer, ni de pardonner.

Échappé une première fois à la mort par sa soumission, Guibert que le supplice de Jean Vallière avait fort bien pu intimider un moment, se retrouva bientôt tout entier. Que se passa-t-il alors ? Comment fut-il ressaisi ? Nous l'ignorons. Nous savons seulement que, trois ans après ce premier procès, Jean Guibert fut brûlé en grande pompe devant Notre-Dame. Nous connaissons ses crimes : pauvreté, piété, austérité de vie, constance invincible dans sa foi réformatrice. Tel était l'homme que les docteurs présentaient au pauvre peuple égaré comme « un damné qu'on conduisait au feu d'enfer. » (6).

Il y eut bien d'autres supplices devant Notre-Dame. Le 4 juillet 1548, par exemple, il y eut messe solennelle à Notre-Dame devant le roi et le Parlement, puis grand dîner à l'évêché. Au dessert, le prévôt de Paris, Claude Guyot, s'adressant au roi lui dit qu'il n'y avait pas d'autre ville au monde « où il se fasse plus diligente inquisition contre les gens notés et suspects de mauvaise vie ni où, par justice, ils soient plus promptement corrigés et punis de leurs démérites. » Malheureusement, les préjugés du temps assimilaient l'hérésie ou ce que l'on appelait ainsi à la mauvaise vie.

C'était « mauvaise vie » que de vouloir réformer la religion du roi et de ses conseillers. En sortant du banquet de l'évêché, le roi et les invités de l'évêque purent contempler l'agonie de deux prêtres obstinés dont l'un au moins n'était brûlé que pour avoir voulu organiser l'émigration de quelques familles forcées par la persécution d'aller chercher à l'étranger un refuge où ils pourraient adorer Dieu selon leur conscience (7).

Le 1er septembre de la même année, un hérétique, encore fut brûlé sur le parvis Notre-Dame. Il s'appelait Jacques Belon. Nouveau Polyeucte, il avait commis un outrage à l'égard de la statue de la Vierge Marie qui se trouvait à Notre-Dame. Il fut condamné à être conduit de la Conciergerie au parvis Notre-Dame où il fut brûlé après avoir eu le poing coupé. (8).


Table des matières

Page précédente:


(1) Simples lectures sur l'histoire de Paris, p. 66 et 57.

(2) Martyrologe, éd. de Toulouse, t. I, p. 264.

(3) Frère Jean Guibert, religieux ermite de l'ordre St-Paul, ermite.

(4) Deponeret barbam et habitum.

(5) Lizet lui-même ne conteste donc pas la pureté de vie de Guibert. Il ne le poursuit que pour des idées.

(6) Nous connaissions le procès de Guibert par le registre des Archives Nationales côté U 55i. Mais il n'y a là qu'un résumé. Le texte complet se trouve Archives Nationales, Tournelle criminelle, t. 77. X2A 76 f° 3-14. En copie Bibl. de l'histoire du Protestantisme français, Mss Bordier sous le titre de Parlement de Paris : Extraits des registres de 1521 à 1528.

(7) Weiss, Chambre ardente, p. CXVII

(8) Ibid, p. 199.

 

- haut de page -