Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



PROMENADES À TRAVERS LE PARIS DES MARTYRS
1523 - 1559



CHAPITRE V

L'Abreuvoir Popin
(Quai de la Mégisserie).

L'abreuvoir Popin. - Sa situation actuelle. - Le quartier St-Séverin - Le martyre d'une institutrice - La Catelle.

Si l'on se place rue des Lavandières St-Opportune, à l'endroit où cette rue débouche sur le quai de la Mégisserie, on a devant soi à quelques mètres à gauche, l'emplacement de l'ancien abreuvoir Popin. On a en face de soi le Palais de justice avec ses tours qui rappellent tout un passé de douleur et de larmes et à sa gauche le Pont au Change. Une ruelle venant de la rue St-Germain-l'Auxerrois conduisait à la Seine, en débouchant sous le quai de la Mégisserie. Sur la grève, il était bien facile de dresser une potence et d'établir un bûcher.

La ruelle Popin dépendait d'un fief de ce nom qui existait déjà au XIIe siècle et qui s'étendait fort loin vers le nord de la ville et ce fief avait une justice dont dépendaient les habitants des ruelles étroites qui se pressaient autour de la vieille église St-Séverin. C'est un des quartiers de Paris qui a le moins changé depuis le XVIe siècle.

Auguste Vitu en donne la description suivante : « En sortant de la rue St-Julien-le-Pauvre sur la rue Galande, quelques pas nous ramènent à la rue St-Jacques, au débouché de la rue St-Séverin, qui longe le mur septentrional de l'église de ce nom. Elle est placée et comme étouffée au centre d'un lacis extrêmement curieux de rues étroites et tortueuses, qui subsistent, comme par miracle entre les larges voies de la rive gauche. Une étroite place devant le portail s'étrangle sur la gauche en une ruelle qui s'appelle la rue des Prêtres, qui, en montant vers le boulevard Saint-Germain, prend le nom de la rue Boulebrie, s'adosse au tronçon qui subsiste de la rue de la Harpe et traverse la rue de la Parcheminerie, la plus étroite peut-être de Paris. ». (1)

L'Eglise St-Séverin était déjà très ancienne. Elle porte le nom d'un solitaire qui vivait à Paris sous Childebert 1er. Séverin ayant vécu comme un saint, des miracles se firent sur son tombeau ; la tradition, du moins, le veut ainsi. La piété des fidèles, éleva un oratoire sur les lieux mêmes où le saint avait vécu. Détruite par les Normands, cette église primitive fut remplacée au XIe siècle par l'église dont la plus grande partie subsiste aujourd'hui.
D'autres regardent comme fondateur de l'église ce Séverin d'Agaune que Clovis aurait fait venir de Savoie et qui l'aurait, par ses prières, guéri d'une fièvre mortelle.

Quoi qu'il en soit, il y avait à Paris en 1535 un cordonnier qui habitait près de l'Eglise St-Séverin. En même temps que cordonnier, il était aussi maître d'école. Sa femme que les documents appellent aussi « maîtresse d'école » était communément appelée la Catelle. Le Martyrologe qui nous fournit son nom déclare savoir peu de choses sur elle. Il rapporte seulement qu'elle fut emportée par la tempête déchaînée par l'affaire des placards et qu'elle fut brûlée vive sur la place qui est au bout de la rue de la Huchette, autrement dit la place St-Michel d'alors (2) Mais nous croyons qu'il y a ici une erreur. C'était la justice de l'abbé de St-Germain des Prés qui s'exerçait place St-Michel. Or cette place se trouvait à la limite extrême de cette justice et le quartier St-Séverin n'en relevait plus.

Driart paraît, ici, mieux informé et plus précis. Il dit que La Catelle était maîtresse d'école de la paroisse St-Séverin, qu'elle avait 36 ans environ, qu'elle était luthérienne, qu'elle fut menée dans un tombereau devant Notre-Dame, puis, ramenée à l'abreuvoir Popin où elle fut pendue à une potence et laissée choir au feu toute vive. »

Le Journal d'un bourgeois de Paris nous rapporte un des crimes de la Catelle, elle mangeait de la chair aux vendredis et samedis. Quant à la Chronique du roy François 1er elle ajoute qu'elle défendait à ses écoliers de dire leur Ave Maria ni aucune autre salutation à la Vierge Marie. (3)
L'auteur de cette Chronique est un prêtre qui n'aime pas voir les « luthériens » mourir impénitents. Il prétend que la pauvre institutrice se repentit, qu'elle confessa avoir erré avec plusieurs, qui depuis ont été exécutés à ce même temps, qui seraient longs à nommer, tant de ceux qui avaient attaché les placards que autres qui avaient erré en notre foi. »

Nous verrons qu'Érasme repoussait ces témoignages intéressés au sujet de prétendues abjurations tardives. Ici, la Chronique est prise manifestement en défaut puisque, au dire de Driart lui-même, la condamnée fut brûlée vive. Si elle avait fait le moindre acte de repentir, consenti seulement à répéter une prière à la Vierge, elle aurait, comme d'autres, bénéficié de l'étranglement préalable.

L'ARCHE ET L'ABREUVOIR POPIN EN 1840.

LA PLACE DE GRÈVE ET L'HÔTEL-DE-VILLE EN 1583.


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:


(1) A. Vitu, Paris, p. 147.

(2) Martyrologe, éd. Toulouse, p. 305.

(3) Chronique du roy François 1er, p. 112.

 

- haut de page -