Alors qu'à Tornea l'aumônier prononçait la prédication que l'on
vient de lire, personne ne pouvait prévoir que la guerre atteignait
un tournant décisif.
Le lendemain, 12 février, les Russes enfonçaient la ligne Mannerheim
près de Summa, en Carélie du Sud, et le haut commandement finlandais
dut regrouper d'urgence toutes ses réserves disponibles pour
colmater la brèche. Et, le 13 février, le commandant du Corps des
Volontaires demandait téléphoniquement que son corps de troupe,
« prêt à être engagé », soit envoyé sur le front Sud, avec
un matériel de plus de six cents véhicules motorisés et un fort
équipement en armes automatiques et en canons anti-tanks.
Ce souhait ne fut pas réalisé. Le 19 février, le Grand Quartier
Général donnait au Corps de Volontaires l'ordre de se rendre, dans
un délai de dix jours, au Nord du pays, pour relever les troupes
finlandaises qui opéraient sous les ordres du major-général
Vallénius. Puis, en suite de la forte pression que devait supporter
le front de Carélie, ce délai fut réduit de trois jours, de sorte
que, le 26 février déjà, le général Linder prenait le commandement
en Finlande du Nord. Son état-major établit ses quartiers à
Rovaniemi. Et, dans les environs de cette petite ville - la ville la
plus septentrionale de l'Europe - l'aumônier célébra, la veille de
l'entrée en ligne du Corps des Volontaires, le dimanche 25 février,
un service au front.
Il s'adressait à des combattants qui devaient, le lendemain, monter
en ligne et regarder la mort en face.
|
C'est une vérité bien connue que l'homme n'apprécie ce qu'il possède
qu'au moment où il court le risque de le perdre. On ne reconnaît le
bienfait de la santé que lorsque l'on est malade. On ne comprend ce
que représentent pour nous nos proches que lorsque l'on est obligé de
se séparer d'eux. Et l'on n'estime guère sa vie, aussi longtemps que
l'on ne s'est pas trouvé en danger de mort.
Il est donc utile, pour nous tous, de nous rappeler que nous sommes
mortels. On ne peut établir la valeur de sa vie, si l'on exclut du
bilan la mort. Nous autres Suédois, nous avons eu, en général, une vie
bien tranquille. Nous n'avons jamais eu à compter avec la mort
imminente. C'est probablement pour cela que nous sommes devenus si
amoureux de nos aises. Les Finlandais, eux, ont vécu plus près du
danger. C'est pourquoi ils n'ont jamais pu s'abandonner au repos, mais
ils se virent forcés de regarder en face Celui qui est le Seigneur de
la vie et de la mort.
Quiconque s'est trouvé en danger de mort et a été sauvé, éprouve le
besoin de donner expression à sa reconnaissance. Dire merci à
quelqu'un devient un besoin. On tient à remercier sa bonne étoile, ou
bien la Destinée.
Pourquoi donc ne pas dire ouvertement : On veut remercier Dieu.
Car « Dieu » est le nom de la Puissance qui dispose de toute
vie. Dieu ! Qui est au-dessus de nous tous, et dirige nos
voies !
La vie est une chose précieuse. C'est pourquoi nous remercions Dieu,
et Le louons, quand Il nous sauve de la mort. Mais, pour celui qui a
appris à connaître Dieu, la mort perd de plus en plus son effroi.
Nous commençons à comprendre que Dieu règne aussi sur ce qui vient
après la mort, de telle sorte que rien ne peut nous séparer de son
amour.
C'est pourquoi nous remettons tout entre Ses mains et disons :
« Seigneur, sois près de moi dans la vie et dans la mort, et que
Ta volonté soit faite ! Amen ».
Par une température qui descendit à plus de vingt degrés en dessous de zéro (- 20°) le jour, et à plus de quarante (-40°) la nuit, nos unités se portèrent en première ligne, à l'Est de Märkäjärvi. Toutes les habitations avaient été incendiées et détruites par les Russes. Les mouvements devaient avoir lieu de nuit, vu la menace des avions. Le Groupe I, qui avait reçu une plus longue préparation militaire, se montra résistant, alors que, dans le Groupe II, environ quatre-vingts hommes durent être évacués ensuite de blessures provoquées par le froid. Faible était, sur ce front boréal, la vivacité du feu. Le 1er mars, l'aumônier célèbre un service divin en campagne. Il s'adresse à des soldats qui, souffrant du terrible hiver lapon, se demandent pourquoi Dieu leur impose cette épreuve.
Prions au nom du Christ, Notre Seigneur :
« Seigneur, Nous Te remercions de nous permettre de nous réunir
en Ton Nom. Nous Te demandons de nous faire sentir Ta Présence. Parle
à chacun de nous, afin que nous sachions que c'est Toi qui nous
parles. Fais-nous éprouver Ta force. » Amen.
Il y a, dans la vie de chacun de nous, certaines époques où Dieu nous
visite. La plupart, s'ils veulent bien faire un retour en arrière, se
souviendront d'un moment semblable dans leur vie. On peut rester
longtemps froid et indifférent, puis, tout d'un coup, il se passe
quelque chose qui réchauffe le coeur et l'on sent que des puissances
salutaires sont à l'oeuvre. On sent la Présence de Dieu. Ou bien
encore, on vit tranquille et indifférent, tablant sur ses propres
facultés, jusqu'à ce que, tout à coup, il se passe quelque chose qui
nous montre combien nous sommes insignifiants et combien nous avons
besoin de l'aide et de la protection d'une Puissance supérieure. C'est
alors que Dieu visite l'âme.
Pour les uns, c'est la période du catéchuménat ; pour d'autres,
c'est la mort d'une mère, ou encore une maladie, ou le fait d'échapper
miraculeusement à un grand danger. Dieu a plusieurs moyens d'ouvrir
les portes de notre âme. Pour chacun de nous, Il emploie Sa méthode
particulière. Inlassablement, Il nous appelle et nous soumet à des
épreuves qui nous mûrissent et nous conduisent à
mieux obéir à Sa Parole et à Sa Volonté.
Pendant de longues années, l'appel de Dieu coule sur nous sans plus
laisser de traces que l'eau n'en laisse sur le plumage d'un cygne.
Nous L'entendons bien... mais Ses paroles, Ses appels ne font aucune
impression sur nous. Il en est ainsi dans les périodes mortes de notre
vie. Puis, soudain, Dieu nous visite. Sa Parole trouve un écho dans
nos coeurs. Les vieux versets de la Bible, les hymnes que nous avons
entendus si souvent, reprennent vie et substance. Ils ont une âme.
Nous remarquons alors que notre âme a faim et soif. Et nous comprenons
la portée de la vieille Parole selon laquelle l' « homme ne vivra
pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu. »
Mais il se peut aussi, et cela arrive souvent, que juste au moment où
nous serions ainsi prêts à écouter la Parole et la Voix de Dieu, nous
constatons - à notre grand dépit, et peut-être même, à notre désespoir
- que quelque chose nous sépare de Dieu. Nous voudrions croire en Lui,
mais Il nous paraît irréel et bien éloigné de nous. Nous voudrions
L'invoquer, mais nous ne le pouvons pas. Nous voudrions bénéficier de
Son aide et de Sa force, mais nous n'arrivons pas à l'atteindre. Et
nous nous plaignons que Dieu se cache, ou qu'Il ne s'occupe pas de
nous ! Nous voyons bien qu'Il s'occupe d'autres gens, mais il
nous semble que, tout compte fait, il se désintéresse de nous.
Le prophète Esaïe doit avoir éprouvé cela. Et il a reçu une réponse à
sa question : Qu'est-ce qui sépare donc Dieu des hommes ?
Voici la réponse. Nous la trouvons dans le Livre
d'Esaïe, au chapitre 59.
« ... Ce qui nous sépare de Dieu, c'est notre péché et nos
méfaits. »
Ce n'est certes pas la faute de Dieu, quand Il semble être
loin de nous et paraît ne pas nous entendre. La faute est en
nous-mêmes. Nos péchés nous ont rendus aveugles, à tel point que nous
ne Le voyons plus. Nos méfaits s'élèvent, tel un mur, entre Lui et
nous, et nous incitent à croire qu'Il est trop éloigné pour nous
entendre.
- « Nos péchés », demande quelqu'un, « qu'est-ce
donc ? Je ne me rends pas compte d'avoir commis un péché
particulièrement grand. »
Si l'on jette un regard en arrière sur sa vie, on s'aperçoit bien vite
que ceci ou cela n'était pas bon, et que d'autres choses encore sont
même fort laides. Et nous avons, en tout cas, commis un grand
péché : Nous nous sommes passés de Dieu. Nous ne Lui avons pas
permis d'être pour nous un Père auquel devait aller tout notre amour,
auquel nous devions obéir spontanément et joyeusement. Sa Volonté
n'était pas le nerf principal de notre vie. Voilà le péché !
Nous nous sommes tenus si loin de Lui, que nous en voici devenus
aveugles, de même que certains animaux perdent leurs facultés
visuelles parce qu'ils vivent perpétuellement dans l'obscurité. Nous
ne nous sommes pas placés dans la lumière de Sa face, mais au
contraire, dans l'ombre. C'est pourquoi nous avons perdu la faculté de
Le voir.
Chers camarades Le moment est venu pour plusieurs d'entre nous Dieu
nous visite. Il a quelque chose à nous dire. Ne voulons-nous pas, en
ce moment même, apprendre à le mieux connaître ? Le premier pas à
faire est d'éloigner ce qui nous cache Sa lumière : le péché.
On fait ce pas en demandant sincèrement la rémission de ses péchés, du
plus profond de son coeur. Faisons-le sans délai et toutes choses
seront claires devant nous. Amen.
Et reprenant la parole, je dis à l'ange qui parlait avec moi : Que signifient ces choses, mon seigneur ? L'ange qui parlait avec moi me répondit : Ne sais-tu pas ce que signifient ces choses ? Je dis Non, mon seigneur. Alors il reprit et me dit C'est ici la parole que l'Éternel adresse à Zorobabel Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon esprit, dit l'Éternel des armées. |
Combien nous serions heureux d'avoir un ange à qui parler et qui nous
donnerait des éclaircissements sur tout ce qui se passe. Mais nous ne
sommes, tous ensemble, que de très petits prophètes et il est bien
rare que nous ayons contact avec les anges.
Cependant il y eut vraiment des prophètes, des grands et des petits.
C'étaient des hommes saisis par Dieu. Il les avait comme ployés à son
service.
Le berger Amos ne dit-il pas : « Le Seigneur M'A pris
derrière mon troupeau et il m'a dit : Va et prophétise à mon
peuple Israël. »
Et Jérémie se lamente :
« Seigneur, Tu m'as vaincu et je me suis laissé vaincre, Tu étais
plus fort que moi et Tu as gagné ! »
Ce n'était pas une petite affaire que d'être prophète. Dieu confiait,
des tâches difficiles à ses serviteurs. Souvent ils recevaient la
mission de prophétiser, c'est-à-dire d'annoncer les malheurs et les
sanctions qu'appelaient les péchés du peuple. Mais ils bénéficiaient
d'un grand avantage sur les autres mortels : ils avaient
connaissance des hauts décrets de Dieu.
Alors que d'autres demeuraient dans l'incertitude, ils pouvaient
parler. Là où d'autres demeuraient perplexes, eux connaissaient une
issue. Lorsque d'autres désespéraient, eux répandaient des
consolations. Ils étaient plus près de Dieu que d'autres - et c'est
pourquoi ils voyaient une raison, un sens à tout.
Ne nous imaginons pas cependant que Dieu dévoile ses projets à
n'importe qui. Mais, plus un être humain se rapproche de Dieu, plus
Dieu l'instruit, et mieux il devient à son tour un conseiller pour
autrui.
Si tu cherches à comprendre la raison de ce qui se passe en Finlande
et en Suède, n'en demande pas l'explication aux journaux ou aux
discussions plus ou moins pénétrantes de tes camarades - mais
interroge ta Bible, ou encore, relis les strophes de ton recueil de
chants. Ici te parlent des hommes qui ont été près de Dieu. Et si tu
n'as pas de Bible, n'aie de repos que tu n'en possèdes une. S'il le
faut, écris au « Bibliothécaire du Corps ». Cette adresse
suffit.
Sans doute, les paroles du prophète Zacharie ont-elles aussi un sens
dans notre situation. Sans doute, le but des événements actuels est-il
de démontrer la force du Saint-Esprit. Évidemment, ce sont des hommes
qui sont à l'oeuvre - nous le savons maintenant mieux que quiconque -
mais le miracle qui doit venir, et qui viendra, n'est pas d'origine
humaine. Toutefois, il sera accompli par des hommes qui sont pénétrés
de l'irrésistible Esprit de Dieu.
Seigneur ! Conduis-nous par ton miracle qu'est la lutte de la
Finlande, à la victoire, à Ta victoire. Et, Seigneur, accomplis encore
un miracle : Réveille à la vie notre peuple de Suède, afin qu'il
entende Ta voix et suive Tes commandements. Amen.
Et Jésus dit :
Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas ; comment en saurions-nous le chemin Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie personne ne vient au Père que par moi. |
Jésus, Il le dit lui-même, n'est pas seulement le but, Il est aussi
le chemin. Nous y songeons trop rarement.
Le fait que Jésus est le Chemin, le seul chemin qui mène à Dieu, veut
dire que tous les efforts pour parvenir à Dieu sans Lui sont condamnés
à l'insuccès. Qui veut connaître Dieu, doit d'abord apprendre à
connaître Jésus. Car nous ne saurions pas qui est Dieu, ni comment Il
est, si nous n'avions pas Jésus. Toutes les images de Dieu, telles que
de tous les temps les peuples s'en sont faites, sont obscures et
floues, à côté de l'image de Dieu que nous trouvons en Jésus. Jésus
est le seul qui ait, dans ce monde, parfaitement révélé ce qu'est
Dieu. Nous ne pouvons reconnaître le témoignage de l'amour paternel de
Dieu que dans la vie et la mort de Jésus. Et c'est bien pour cela que
personne ne parvient au Père, sans passer par Jésus. Il est le seul
chemin.
Mais c'est encore dans un autre sens que Jésus est le chemin. Si nous
regardons à nous-mêmes, nous en restons écrasés. Le chemin qui est
devant nous est bien long. Et plus attentivement nous considérons
notre vie. plus nous en sommes oppressés. Nous n'avons parcouru qu'un
tout petit bout du chemin qui doit nous conduire au but. Il est bon
dans de tels instants, de savoir que Jésus n'est pas seulement le but,
mais aussi le chemin qui mène au but. Donc, dès que nous marchons dans
la bonne direction, nous sommes en présence immédiate de Jésus. Il
n'importe pas à un chrétien d'être arrivé. Jamais, ici-bas, nous ne le
serons. Il importe seulement d'être sur le bon chemin, celui qui
conduit au but. C'est sur ce chemin qu'il faut avancer. Il n'est pas
certain que nous constations le progrès nous-mêmes, mais quiconque
s'efforce sincèrement d'avancer, quiconque prie et fait de son mieux,
est sur le bon chemin. Et Jésus est le chemin. Jésus n'est pas venu
pour sauver les justes, mais bien les pécheurs. Jésus ne peut aider à
celui qui croit être arrivé. Mais quiconque sait que la plus grande
partie du trajet est à faire, reconnaîtra que Jésus est le chemin.
Voilà le miracle de la vie chrétienne !
On est toujours en route et notre bien suprême est encore devant nous.
Un chrétien ne doit pas craindre d'avoir ses meilleurs jours derrière
lui. Il sait que le trajet qui lui reste à faire est plus beau que
celui qu'il a parcouru, car il se rapproche toujours davantage de
Dieu. Et la présence de Dieu est le but auquel nous aspirons, dans le
tréfonds de notre âme.
Sur ce chemin, nous apprenons à connaître la Vérité. Jésus est le seul
qui puisse répondre à la question : « Qu'est-ce donc que la
vérité ? » Et seul celui qui marche avec sincérité sur le
chemin de Jésus, verra la clarté se répandre en lui-même.
Aussi longtemps qu'on se borne à admirer passivement, aucune réponse
n'est donnée. Mais lorsqu'on s'efforce d'avancer avec clairvoyance,
alors la vérité devient de plus en plus limpide. On se rend compte
qu'on est soi-même un pécheur, qui doit être arraché à son égoïsme et
à sa mesquinerie. On se rend compte que nul autre
que Lui, Jésus, notre Rédempteur, n'est capable de le faire, parce
qu'il nous aime plus que quiconque et l'on commence à se rendre compte
que le vrai sens de la vie, c'est de pouvoir être un de Ses plus
humbles serviteurs.
C'est ainsi que Jésus devient La Vie. Nous voulons mettre, nous
mettons toute notre vie terrestre à Son service, car cette vie n'est
pas digne d'être vécue sans Lui. Et nous sentons que la mort ne
saurait interrompre cette connaissance avec Jésus. La mort n'est que
la porte qui conduit à la vie réelle. C'est au delà de cette porte
seulement que nous pourrons remercier Jésus et Lui rendre témoignage
de ce qu'Il a été pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie.
Maintenant, le Seigneur veut venir à nous dans cette Sainte-Cène pour
nous donner le viatique. Préparons-nous donc, suivant notre antique
coutume, à cette rencontre, en confessant d'abord nos péchés.
Seigneur, nous Te prions et Te confessons...
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |