Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Cellule 33



 Septuagésime, 28 janvier 1945.

QUE LA GRÂCE ET LA PAIX VOUS SOIENT DONNÉES DE LA PART DE DIEU NOTRE PÈRE ET DU SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST ! AMEN.

Nous lisons l'Évangile de ce dimanche de septuagésime, Matthieu 20 : 1-16 :

Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux d'un denier par jour, et il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la troisième heure, et il en vit d'autres qui étaient sur la place sans rien faire. Il leur dit : Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même. Étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient sur la place, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire ? Ils lui répondirent : C'est que personne ne nous a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il.

Quand le soir fat venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier. En le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison, et dirent : Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites à l'égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur. Il répondit à l'un d'eux : Mon ami, je ne te fais pas tort ; n'es-tu pas convenu avec moi d'un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux ? Ou vois-tu de mauvais oeil que je sois bon ? - Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.

Lorsque, dans notre dernier culte de l'an dernier, le soir de Sylvestre, la figure du vieillard Siméon fut placée devant nos yeux, tous nous nous sommes sentis directement intéressés, parce que nous sommes tous de ceux qui attendent, et tout particulièrement dans notre captivité. Ce rapport avec notre situation n'apparaît guère dans l'Évangile de ce jour. Il ne semble pas à première vue contenir un message qui puisse s'appliquer directement à nos circonstances. Il y est question d'embauche, de travail et de salaire, tout autant de choses fort éloignées de notre inaction forcée. Les douze disciples, auxquels Jésus adressa cette parabole, avaient été engagés par lui à son service ; ils avaient déjà fait leurs premières expériences d'apôtres et ne devaient pas tarder - après le Vendredi-Saint, Pâques et Pentecôte - à entreprendre leur grande mission mondiale.

Mais nous, nous ignorons si le Seigneur Jésus-Christ nous réserve une tâche, s'il nous accordera encore un temps de libre activité, ou si pour nous la onzième heure n'est pas déjà dépassée. À cet égard cet Évangile rend pour nous un autre son que pour nos frères aujourd'hui réunis dans les églises et qui ont devant jeux une abondance de tâches urgentes, ou que pour nous-mêmes lorsque, dans nos paroisses, nous étions sollicités par mille activités.

La Parole de Dieu, toutefois, a ceci de particulier qu'elle s'adresse à nous en tout temps et dans n'importe quelle situation, parce qu'en toute circonstance elle a à nous dire ce dont nous avons le plus besoin.

Cette parabole nous dit tout d'abord que la venue du Royaume de Dieu comporte un enrôlement. Le père de famille sort le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Lors donc que le Seigneur Jésus-Christ annonce : « Le Royaume de Dieu est proche », il ne veut pas parler d'un événement qui survient à la manière d'un phénomène météorologique ou d'un cataclysme de la nature que subit bon gré mal gré quiconque se trouve dans son rayon. La nouvelle de la venue du Royaume met plutôt chacun en demeure de prendre position personnellement : « Le Royaume des cieux est proche, repentez-vous donc et convertissez-vous ». Après quoi vient l'appel :
« Allez à ma vigne ».

Cela signifie clairement que notre foi ne peut et ne doit jamais être un oreiller de paresse, comme Jésus le dit d'ailleurs explicitement : « Ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous au royaume des cieux, mais ceux-là seulement qui font la volonté de mon père qui est aux cieux », ou encore : « Tout homme qui entend mes paroles et les met en pratique, sera comparé à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc ».

C'est pourquoi un christianisme qui s'isole, qui laisse un monde mauvais suivre son cours et se contente d'espérer un au-delà meilleur, n'est rien de plus qu'une caricature insensée. La vie terrestre de Jésus, ainsi que l'activité des apôtres, montrent assez que l'Évangile est une puissance de Dieu qui sans cesse pousse en avant, à l'action, aussi longtemps qu'il fait jour, et partout où la foi chrétienne a été réelle et vivante, elle a été agissante. Témoins les apôtres dont parle le livre des Actes, l'apôtre Paul, par exemple, qui a pu dire : « J'ai travaillé plus qu'eux tous » jusqu'à ce pasteur Bodelschwingh qui aiguillonnait le zèle de ses missionnaires et les exhortait : « Pas si lentement, sinon ils en mourront tous », par quoi il entendait désigner les nègres de l'Afrique orientale auprès desquels il les envoyait.

Mais c'est là qu'est pour nous la difficulté : par « vigne » de Dieu nous entendons avec raison l'Eglise terrestre, qui existe et qui se renouvelle constamment par la vertu de la prédication de la Bonne Nouvelle. L'image de la vigne se trouve avec cette signification déjà dans l'Ancien Testament et c'est sans aucun doute dans ce sens que Jésus l'a employée dans sa parabole.

Dans cette vigne du Seigneur il y a toujours du travail en abondance : des affligés à consoler, des malades à soigner, des indécis à fortifier, des égarés à ramener dans le droit chemin. Nous seuls sommes exclus de ces activités, parce que, contre notre gré, notre foi chrétienne subit la contrainte de l'isolement et que le lot que Dieu nous a attribué s'appelle solitude. Le Seigneur Jésus-Christ nous engage-t-il, même ici à son service ou bien devons-nous dire avec les chômeurs de la onzième heure : « Personne ne nous a loués ? » Rien ne serait plus fatal que de nous fourvoyer dans cette conviction et de nous dérober à toute responsabilité en la rejetant sur Dieu qui nous a mis dans cette situation.

En réalité, Dieu nous appelle tous, sans exception, à son service et à tous s'adresse. la parole : « Allez à la vigne ! » Nous ne sommes tout de même pas isolés au point de ne pas avoir à nos côtés des frères chrétiens en qui le commandement de Dieu nous montre notre prochain, afin que nous soyons un encouragement pour sa foi et non un obstacle. Et même si nous étions en réclusion sévère, l'appel de Dieu n'en serait pas moins catégorique.

L'apôtre Paul écrit dans la première lettre aux Corinthiens : « Vous êtes le champ que Dieu cultive, l'édifice de Dieu ». Vous, c'est-à-dire tous, mais aussi chacun en particulier, comme il est écrit dans la même épître : « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit et que vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes ? » Nous ne nous appartenons pas, mais Dieu, par le baptême, nous a revendiqués comme sa propriété. Il y a donc du travail pour nous au service de Dieu, pour que nous ayons des oreilles pour entendre son appel. Il y a donc un service de Dieu dont nous nous acquittons vis-à-vis de nous-mêmes, si toutefois nous sommes prêts à le servir comme lui appartenant. Et les instruments dont nous disposons pour ce travail au service de Dieu, c'est la parole de Dieu et la prière.

Chers amis, que d'heures tranquilles dans la vie que nous menons ici ; mais il ne faut pas que ce soient des heures creuses. Il n'est certainement pas dans les intentions de Dieu que la solitude où il nous place nous appauvrisse quant aux biens éternels, ni que ces mois et ces années s'écoulent sans porter des fruits.

Assurément, il veut qu'on le prie, toujours à nouveau et avec toujours plus de fidélité. C'est bien là le travail urgent auquel il nous appelle. Nous lisons dans l'épître de Jacques : « La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde ». La première partie de ce service, celui que réclame le prochain qui a besoin de nous, nous est interdite ; mais le second, qui consiste à se préserver des souillures du monde, exige que nous nous y donnions corps et âmes afin de donner à Dieu accès à son temple, afin de lui préparer le champ de notre coeur, de manière que sa semence puisse y pousser des racines, croître et mûrir. Et si même la onzième heure a déjà sonné, s'il ne nous reste que quelques semaines à passer dans le silence, il est encore temps d'entendre l'appel et de nous mettre à l'oeuvre à laquelle le Seigneur Jésus-Christ nous destine.

Ce service, que Dieu attend de nous, a sa récompense. C'est le second point que notre Évangile traite avec toute la clarté désirable : le père de famille convient avec les ouvriers d'un denier par jour. Même à ceux qui ne furent à son service que la dernière heure, il dit : « Je vous donnerai ce qui est juste ».

Il y eut un temps, pas, très éloigné, où l'idée de récompense en matière religieuse et morale était honnie et conspuée. Un soi-disant idéalisme prétendait qu'il fallait faire le bien par amour pour le bien et que la seule pensée d'un salaire dépouillait toute bonne action de sa vertu. Mais cette théorie n'a rendu les gens ni meilleurs ni plus désintéressés. La Bible ne connaît pas cette notion idéale d'un homme qui fait le bien pour lui-même et s'abstient du mal parce que c'est le mal. Cet homme-là n'existe pas, n'a jamais existé et n'existera jamais.

La Bible s'adresse à l'homme réel, qui veut se rendre compte de l'efficacité de ses actes et qui organise son activité de manière à ce qu'elle le rapproche de son ou de ses buts. Nous autres prisonniers, nous savons bien qu'à la longue il est tout simplement impossible de se livrer à un travail inutile, à une activité privée de tout rendement.

Aussi la Parole de Dieu revient-elle à tout bout de champ à la notion de récompense. Et ce n'est pas une sorte de survivance de l'Ancien Testament, que le message de Jésus aurait abolie et écartée. Jésus lui-même parle très librement d'une récompense du travail de l'homme, tantôt dans ses paraboles, comme dans celle de notre Évangile du jour ou dans celle des talents, tantôt ouvertement, comme dans le Sermon sur la montagne ou dans le discours sur le jugement dernier. Dieu ne se fait pas servir pour rien comme un marchand d'esclaves ou comme un tyran, mais à tout travail honnête accompli à son service, il attribue sa récompense appropriée.

Notre parabole ne dit pas avec précision en quoi consiste cette récompense. Elle fait ressortir un seul point : à savoir que chaque ouvrier reçoit un denier, quelle que soit la durée de son travail. C'est dire que le Seigneur ne fait pas de différence dans la rétribution. Cela ne semble pas s'accorder aisément avec la parabole des talents où le premier serviteur reçut le gouvernement de dix villes, le second de cinq villes, chacun selon son travail, tandis que le serviteur paresseux se vit dépouillé de son unique talent qui fut encore ajouté aux dix du premier. Ici, au contraire, chacun obtient la même somme, c'est-à-dire le denier convenu, Par là, Jésus ne peut pas avoir voulu dire autre chose que ceci : à quiconque s'est mis au service de Dieu et y a persévéré jusqu'au soir, quel que soit le moment où il a été appelé, Dieu donne le salaire complet. Et d'après tout ce que nous dit le Nouveau Testament, notre récompense est d'avoir Dieu pour Père, nous tous qui avons répondu à l'appel de Jésus, depuis le premier du cercle des douze disciples jusqu'au brigand sur la croix. La récompense est dans le fait que tous bénéficient totalement de l'oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ, qu'ils aient été appelés tôt ou tard à le suivre et à le servir, un pauvre péager et pécheur, comme le fut Matthieu, aussi bien que le pieux zélateur de la loi, comme le fut Paul avant l'événement du chemin de Damas.


Il est vrai que cette interprétation de la parabole n'est pas tout à fait adéquate. Le don de l'amour de Dieu et du pardon des péchés, le sacrifice de Jésus sur la croix, consommé pour nous : ce ne serait là rien de plus qu'un denier, un salaire pour notre modeste travail d'une journée ? Mais, le terme de récompense ou de salaire prend ici un sens nouveau et tout autre. Nous entendons par là, d'habitude, une sorte de contre-valeur pour la peine que nous avons dépensée. Or, ici, il n'est pas question de cela. Dieu fait pour nous infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, à plus forte raison : que ce que nous méritons. Il ne procède pas par échange de prestations, comme le ferait un patron ; mais il agit comme un père dont le coeur débordant d'amour et de miséricorde divine s'ouvre au fils prodigue repentant aussi bien qu'au fils obéissant, sans rien perdre de la plénitude de sa richesse. Car il est et demeure riche pour tous ceux qui l'invoquent.

Dirons-nous : « Personne ne nous a loués » parce que, enfermés derrière les barbelés et les grillages, nous sommes réduits à une vie solitaire ? Non, amis, Dieu nous appelle à tendre nos coeurs par la prière vers cet amour qui est sa récompense. Il nous l'a promis : « Quiconque invoque le nom de l'Éternel sera sauvé ». Et le Seigneur Jésus-Christ l'a confirmé, en disant : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ». Dieu récompense le service auquel il nous appelle, et il le récompense au delà de toute intelligence. Heureux sommes-nous d'avoir un tel Maître.


Il se trouve dans la parole des ouvriers de la vigne que les premiers embauchés murmurent de ce que les autres, venus plus tard et même ceux qui furent à l'ouvrage tout juste une heure, reçoivent le même salaire qu'eux-mêmes. Et certes il faut convenir qu'en jugeant selon cette norme humaine les gens ont raison. Un employeur humain qui agirait ainsi ne serait pas seulement un mauvais homme d'affaires, mais il saperait toute morale du travail et toutes les bases d'une justice sociale.

Ici, toutefois, nous n'avons pas un épisode de notre vie commune, mais une parabole du Royaume de Dieu ; non pas un entrepreneur terrestre, mais le Père céleste ; non pas une récompense correspondant à nos efforts, mais la surabondance du don de Dieu à ses enfants ; non de l'argent ou une valeur monétaire, mais l'amour de Dieu, sa grâce et sa miséricorde, qui sauve le pécheur de la perdition et l'introduit au Royaume des cieux.

Il est des hommes qui, dès le matin de leur vie, sont appelés par Dieu et entrent à son service. D'autres, que son appel n'atteint que plus tard ; et d'autres encore qui ne le perçoivent qu'au dernier moment. Ce sont là, assurément, des différences, voire de notables différences, humainement parlant.

Toutefois, même ceux qui sont venus les premiers ne sauraient considérer le don immense de Dieu comme un dû pour leur travail, car l'amour n'est jamais quelque chose de mérité. Un père peut dire, sans doute, à son fils égaré : « Bien, je veux te pardonner, mais il te faudra mériter mon amour tout à nouveau ». En réalité le père veut seulement avoir la preuve que son fils tient vraiment à l'amour paternel, et s'il voit cette preuve, il rend au jeune homme son affection ; il la lui donne tout à nouveau.
Nous pouvons mériter rétribution, éloge, considération, mais l'amour est toujours un don, et cela est vrai tout particulièrement de l'amour de. Dieu.


Lors donc que des gens pieux, appelés dès leur jeune âge, regardent avec mépris ceux qui ont passé la plus grande partie de leur vie loin de Dieu et n'ont entendu son appel que tardivement, peut-être même à la dernière heure, et n'ont pu lui consacrer que les misérables restes de leur vie et de leur force - lorsque ces gens pieux se mettent à récriminer de ce que de tels retardataires sont traités par Dieu comme ses enfants et mis également au bénéfice de ses promesses - s'ils s'imaginent avoir par leur fidélité et leur constance mérité quelque chose de plus et de mieux par rapport à ces rescapés - il arrive alors que le Seigneur Jésus-Christ donne à ses disciples comme un avertissement : Les premiers seront les derniers et les derniers les remplaceront.

C'est l'amour de Dieu qui nous est donné - c'est sa miséricorde qui fait de nous ses enfants ; et comme tels, nous sommes les premiers, si près de son coeur paternel, que rien ni personne ne peut nous séparer de lui, à moins que nous-mêmes nous le quittions. Aussi longtemps que nous prenons son amour pour ce qu'il est, c'est-à-dire pour le don ineffable et incommensurable qui, par la foi, donne à notre vie son fondement, imprime à notre activité, par l'amour, sa bonne direction et, par l'espérance, arrache à la mort son aiguillon, aussi longtemps, dis-je, nous restons dans la communion de notre Père céleste et ne pouvons faire autrement qu'aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes.

Si, en revanche, il arrive que nous ne puissions plus regarder notre prochain avec amour, comme celui que Dieu a aimé au même titre que nous, puisque, pour lui aussi, Dieu a donné son Fils unique, c'est que nous ne sommes plus dans l'amour de Dieu, nous ne sommes plus les premiers, les plus proches de son coeur.

Nous nous mettons alors à critiquer Dieu, à opposer notre notion de la justice à l'amour infini et insondable de Dieu par lequel seul, pourtant, nous pouvons vivre. Tout est à recommencer : des premiers nous sommes devenus les derniers, n'étant plus enfants de Dieu, mais des hommes qui prétendent calculer avec Dieu et le mettre au service de leur volonté, au lieu de le servir par amour et par reconnaissance.

Vaine tentative, car à cela Dieu a toujours la réponse de sa toute-puissance : « Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux ? » Puis : « Prends ce qui est à toi et va-t'en ». Nous n'avons alors dans la main rien de plus qu'un denier et le soleil disparaît de notre vie, parce que nous devons reconnaître que le salaire que nous avons mérité n'est rien, que l'amour de Dieu était tout, cet amour de Dieu que nous voulions régenter au nom de nos principes de justice, derrière lesquels se cachaient notre manque d'amour et notre recherche de nous-mêmes.


Mes chers amis, tout cela n'est pas une fade théorie. Sans quoi le Seigneur Jésus n'aurait pas eu besoin de donner cet avertissement à ses disciples et les apôtres n'auraient pas eu à le conserver et à le consigner à notre intention. Le vieil Adam qui est en nous n'a jamais fini de faire des comparaisons et de se croire supérieur à son compagnon de service. Il nous faut donc le discipliner sérieusement. Car là où il prend la haute main, c'en est fait du service de Dieu et la parole : « Prends ce qui est à toi et va-t'en » devient un licenciement. Ce qu'ensuite nous croyons encore faire pour servir Dieu perd toute signification et toute valeur. Plusieurs diront ce jour-là : « Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom, chassé les démons en ton nom : n'avons-nous pas fait beaucoup d'actions en ton nom ? » Mais je leur répondrai : « Je ne vous ai jamais connus, ouvriers d'iniquité ».


Si, dans cette parabole, le Seigneur Jésus-Christ nous fait toucher du doigt que le service de Dieu est incompatible avec l'absence d'amour pour le prochain, il ne nous reste qu'une chose à faire. Non pas nous contraindre à l'amour fraternel, car l'amour n'est pas plus objet de contrainte qu'il ne peut être objet de mérite. Le seul moyen de combattre en nous le vieil Adam, c'est de prier Dieu qu'il veuille faire croître en nous son amour afin qu'il remplisse notre coeur. Notre amour du prochain en recevra une vigueur nouvelle et, dans notre compagnon de travail, nous reconnaîtrons le frère avec lequel nous glorifierons la miséricorde et la bonté de notre Père qui est au ciel, oui, nous le glorifierons dans la communion de ses enfants rachetés. C'est là ce que nous voulons faire. « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable. »

Amen.


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