Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


XV

Dispose de ta maison

 

Dispose de ta maison, car tu vas mourir.

(ÉSAÏE XXXVIII. 1)


Ce que l'Éternel fit dire au roi Ézéchias par le prophète Ésaïe, il nous le fait dire par cette année nouvelle où nous venons d'entrer, dont nul de nous n'est assuré de voir le terme, et qui, commencée depuis deux semaines seulement, a déjà vu conduire au cimetière cinq des membres de notre Église, je ne dis pas des habitants de cette ville. Ne dirait-on pas que nous avions besoin d'apprendre de nouveau que la mort peut frapper les jeunes gens aussi bien que les vieillards, les riches aussi bien que les pauvres, et que, si elle est souvent précédée par une longue maladie, elle arrive parfois inopinément et quand tout semblait faire croire qu'elle était encore bien éloignée ? Le prophète ne dit pas au roi quand il mourrait, et Ézéchias obtint encore plusieurs années de vie, mais la certitude de sa mort et le devoir de donner des ordres à sa maison n'en subsistaient pas moins pour lui. L'année qui commence ne nous fixe pas non plus la date de notre mort, mais elle nous en rappelle la certitude, ainsi que les devoirs que cette certitude nous impose.

Oui, mes frères, et ceci est tellement banal que vous en souriez, il est certain que vous mourrez. Un jour le bruit se répandra que vous êtes malade; accueilli avec une parfaite indifférence par le plus grand nombre, avec un peu d'intérêt par quelques-uns, il excitera de l'inquiétude parmi vos amis et les membres de votre famille. Puis un jour viendra où l'on dira de vous Il est mort. Ah ! répondra-t-on, il est mort Quelle maladie a-t-il eue ? A-t-il été longtemps malade ? Quel âge avait-il ? je lui ai parlé tout dernièrement ! je ne croyais pas sa fin si prochaine ! et toutes ces questions et ces exclamations aussitôt oubliées que prononcées. Dans le cercle de vos amis et de vos parents, il y aura sans doute des larmes versées sur vous. Puis votre corps mort sera enfermé dans le cercueil ; on viendra serrer la main de vos proches, en toute hâte, le dîner attend ! - le service funèbre aura lieu, un convoi plus ou moins considérable vous accompagnera un bout de chemin ; vos plus intimes amis et vos parents iront seuls jusqu'au cimetière ; vous serez descendu dans la fosse, votre souvenir vivra dans le coeur des vôtres, mais s'effacera de la mémoire du plus grand nombre aussi facilement que s'effacent, quand le lac est calme, les rides légères qu'y cause la pierre jetée par la main d'un enfant. C'est ainsi ou à peu près que les choses se passeront. Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, dit l'Ecclésiaste.

Il n'est pas d'événement plus ordinaire que la mort, pas d'événement plus insignifiant pour ceux qu'il ne touche pas directement, pas d'événement plus grave pour celui à qui le Seigneur dit : Donne des ordres à ta maison, car tu vas mourir. Et comme il s'agira un jour pour nous de la mort, non pas d'un voisin, ou d'un ami, ou d'un parent éloigné, mais de la nôtre propre, mes frères, de la mienne, de la vôtre ; comme le moment viendra pour nous, comme pour d'autres, où nos veux ne verront plus, où nos oreilles n'entendront plus, où le sang ne circulera plus, où nous serons couchés froids, insensibles, sans vie dans la bière, comme ce moment peut être très prochain, comme il est possible que je sois monté aujourd'hui pour la dernière fois dans cette chaire et que vous soyez venus dans ce temple pour la dernière fois, efforçons-nous de comprendre les devoirs que nous impose la certitude de notre mort, et j'ajoute, l'incertitude de l'heure où elle aura lieu.

Donne des ordres à ta maison, dit le prophète à Ézéchias, c'est-à-dire, mets en ordre tes affaires, prends toutes les dispositions nécessaires à la bonne marche du gouvernement après ta mort, à l'entente et à l'harmonie dans ta famille. Nous ne sommes pas des monarques et nous n'avons pas à assurer l'administration de l'État après notre mort, mais nous n'en avons pas moins, si petits que nous soyons, à donner des ordres à notre maison, à régler nos affaires. C'est là le premier devoir que nous impose la certitude de la mort et la perspective d'une mort peut-être prochaine.

Mettez en ordre vos affaires, débrouillez-les, sortez-les de la confusion, faites la lumière où la lumière est nécessaire, appliquez-vous à laisser une situation, je ne dis pas brillante, mais nette, claire, liquide, mettez-vous à ce travail, qui sera peut-être long et difficile, sans retard, demain, car la mort peut venir d'un moment à l'autre. Faites-le, mes frères, pour plusieurs raisons. Vous ne voudriez pas laisser à votre famille des embarras, des difficultés qu'il vous serait très facile aujourd'hui d'aplanir, mais qui seront peut-être insurmontables plus tard, quand vous ne serez plus là pour donner le mot qui aurait tout expliqué. Vous ne voudriez pas qu'après votre mort, en présence de difficultés que vous auriez pu écarter, ceux qui vous aiment le plus vous adressent dans leur coeur le muet et involontaire reproche d'inexactitude, de désordre. Vous ne voudriez pas que ceux qui pourraient être appelés à apporter le concours de leurs lumières au règlement d'une situation que vous n'auriez pas vous-même exactement établie, puissent trouver que par vos négligences, vous avez côtoyé de bien près l''indélicatesse et la fraude.

Faites-le surtout, mes frères, parce qu'il y a bien souvent un rapport étroit entre l'ordre que nous apportons aux choses temporelles et celui que nous apportons aux choses spirituelles ; le désordre dans les premières est bien souvent l'indice d'un désordre dans les secondes. Il est difficile, pour ne pas dire impossible à l'homme, de se mettre bien en règle avec son Dieu, quand tout n'est pas en règle dans sa maison ; en tout cas, le désordre dans les choses de la maison laisse peser sur notre coeur un poids qui ne nous permet pas d'aller au Sauveur avec la franchise d'allures, la liberté d'esprit que nous aurions, s'il était ôté. Certes, je ne dis pas que ceux qui meurent sans avoir réglé leurs affaires, ne peuvent pas être sauvés ; mais je dis, et l'expérience le confirme, que celui qui demeure dans un désordre volontaire et, par conséquent, coupable, expie sa faute par une paix moins intime, une assurance moins joyeuse, une tranquillité moins grande en face de la mort, par plus de troubles, de douleurs et d'angoisses. C'est pourquoi, mes frères, disposez de votre maison, mettez vos affaires en ordre, car vous allez mourir.

La maison à laquelle nous, qui devons mourir, devons donner des ordres ne s'entend pas seulement des choses matérielles, mais aussi des êtres avec lesquels nous soutenons des rapports habituels, les personnes de notre entourage, les membres de notre famille, et ici aussi il est fort possible, il est certain que plusieurs d'entre nous ont une situation à éclaircir, des comptes à régler. Il n'est malheureusement pas rare que des membres d'une même famille, des personnes appelées à soutenir les unes avec les autres des rapports fréquents, qu'une même oeuvre à accomplir, une même cause à défendre, de mêmes intérêts, de mêmes opinions, ou un même nom, un même sang devraient unir, soient divisées profondément pour une cause ou pour une autre. Nous qui devons mourir, nous devons mettre ordre à ces affaires, les régler, pardonner à ceux qui nous ont offensés, tendre la main de la réconciliation, faire nos efforts pour que tout nuage disparaisse entre nos frères et nous, et si nous ne pouvons pas obtenir leur pardon, leur accorder le nôtre tout entier.

Si nous avons des motifs pressants de mettre en ordre, avant de mourir, nos affaires temporelles, nous en avons un tout-puissant de nous réconcilier, avant de mourir, avec ceux de nos frères avec lesquels une réconciliation est nécessaire. Nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale de nous pardonner nos offenses comme nous pardonnons leurs offenses à ceux qui nous ont offensés ; si nous les pardonnons, notre Père céleste nous pardonnera aussi les nôtres ; si nous ne les pardonnons pas, notre Père céleste ne nous pardonnera pas non plus les nôtres. Le serviteur qui, incapable de payer sa dette énorme de dix mille talents, quelque chose comme cinquante millions, en est complètement affranchi au moment où il allait être vendu, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il possédait, et qui, après cette grâce immense, exige de son compagnon de service le paiement d'une dette de cent deniers, soixante et dix francs environ, ce serviteur perd ce qu'il a reçu et son maître le livre aux bourreaux jusqu'à ce qu'il ait tout payé. « C'est ainsi, ajoute Jésus, que vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur. »

Fermer son coeur au pardon que nous devons à nos frères, c'est fermer le coeur de Dieu au pardon dont nous avons besoin. Refuser à notre frère le pardon qu'il réclame, c'est contraindre Dieu à nous retirer celui qu'il nous a accordé. N'est-ce pas ce que Jésus-Christ dit ? Oh ! nous qui allons mourir, donnons des ordres à notre maison, réglons nos affaires, pardonnons à cet ancien ami, à cet ancien associé, à ce voisin, à ce parent, à ce frère. Mettons-nous à ce travail aujourd'hui même.

La nécessité de mourir, et de mourir bientôt peut-être, nous impose enfin, outre l'obligation de mettre en ordre nos affaires temporelles et de terminer par un pardon sans réserve nos différends avec nos frères, le devoir de nous mettre en règle avec Dieu. En réalité, ce qui, pour beaucoup de ceux qui font profession de croire en Jésus-Christ, donne à la mort son amertume, la leur fait redouter comme le plus grand des malheurs, ne leur permet pas de la saluer comme une messagère de bonnes nouvelles, c'est moins l'obligation de quitter une famille tendrement affectionnée, à laquelle ils sont encore peut-être bien nécessaires, que l'incertitude où ils sont de savoir si leurs péchés sont entièrement et absolument pardonnés. « L'aiguillon de la mort, dit saint Paul, c'est le péché » ; ce qui la rend horrible, ce qui lui imprime un sceau de malédiction, ce qui fait qu'à son aspect la chair frémit et le coeur tremble, c'est le péché ; ôtez le péché, et elle apparaît tout autre, elle est le départ pour Il céleste patrie. Or, pour plusieurs d'entre nous, cet aiguillon ne lui a pas encore été arraché ; ils espèrent qu'il l'a été, mais à l'épouvante que la mort leur cause, ils doivent reconnaître qu'il est toujours là. Il est donc de la plus haute nécessité que sur ce point encore, sur ce point surtout, nos affaires soient bien en règle.

Et remarquez, mes frères, une différence qui existe entre les deux premiers devoirs dont nous avons parlé, le devoir de mettre en ordre nos affaires temporelles et nos différends avec nos frères, et celui de nous mettre en règle avec Dieu. Nous ne pouvons pas accomplir en ce moment même les deux premiers ; ceux d'entre vous qui prendront au sérieux l'avertissement du prophète devront attendre à demain de s'occuper de leurs affaires temporelles ; aujourd'hui ils ne peuvent guère faire autre chose que prendre la résolution sérieuse de s'y mettre demain ; ils doivent attendre à après-midi pour demander par lettre ou de vive voix une réconciliation à ceux avec lesquels ils sont en désunion. Mais le devoir de vous mettre en règle avec Dieu, mes frères, est un devoir qui peut être accompli dans ce moment même.

Je crois, mes frères, que c'est une grave erreur et dangereuse que de s'imaginer que ce n'est que lentement et par une longue préparation que nous pouvons nous mettre en règle avec Dieu, par où j'entends recevoir le pardon de nos péchés, et je crains que beaucoup, à force de se préparer, ne soient jamais prêts. La Parole de Dieu nous apprend à envisager la chose bien différemment. Le pardon de Dieu est offert au pécheur, et le pécheur qui le reçoit est pardonné à l'instant même où il le reçoit. Voyez ce qui se passe à Jérusalem le jour de la Pentecôte : trois mille personnes se convertissent ; pour elles tout est en règle avec Dieu ce jour-là ; elles ne se préparent pas pendant des semaines ou des mois, elles croient aussitôt et leurs affaires avec Dieu sont aussitôt en règle Philippe va dans la Samarie ; il évangélise l'officier éthiopien ; Pierre visite Lydde, Joppe et annonce Jésus-Christ à Corneille, Paul visite l'île de Chypre, Antioche, Iconie, Lystre, Philippes, Thessalonique, Bérée, Athènes, Corinthe, Éphèse ; partout à la voix des apôtres annonçant la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, il se trouve des âmes qui l'acceptent, qui l'acceptent aussitôt, qui croient immédiatement, qui se convertissent sans retard, qui ne perdent pas un temps précieux en longues préparations, et qui, à l'instant où elles ont cru, sont en règle avec Dieu.

Je suis donc autorisé à dire, mes frères, que si vous devez nécessairement renvoyer de quelques heures le moment où vous pourrez commencer à régler vos affaires temporelles et à mettre en ordre vos relations avec vos frères, et que si vous vous engagerez alors dans un travail qui exigera peut-être un temps assez long pour être achevé, vous pouvez, non seulement aujourd'hui, mais maintenant, vous mettre en règle avec Dieu, et le viens vous presser de le faire dans ce moment, ô vous qui ne possédez pas encore le plein pardon de votre Dieu et pour qui la mort a encore tout son aiguillon.

Et que faut-il faire pour cela ? Mes frères, Christ a porté vos péchés en son corps sur le bois ; il a été navré pour vos forfaits et frappé pour vos iniquités ; l'Éternel a fait venir sur lu l'iniquité de vous tous ; il a mis son âme en oblation pour vous ; son corps a été rompu pour vous et son sang répandu pour vous ; il a donné sa vie en rançon pour plusieurs ; Celui qui n'avait pas connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous; il nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous ; le châtiment que nous avions mérité est tombé sur lui. Voilà, mes frères, ce qui s'est passé, ce qui a eu lieu.

Et pour que vous soyez mis au bénéfice de cette mort, de cette expiation, Dieu ne vous demande qu'une chose, vous le savez, une chose que vous pouvez faite dans ce moment, que vous devez faire dans ce moment, si vous ne l'avez pas faite déjà, c'est de croire. Toute l'Écriture, par la bouche de tous les envoyés de Dieu et du Seigneur Jésus, vous dit la même chose, vous fait la même exhortation, vous prescrit le même devoir, vous donne le même ordre : Croyez ! Croyez ! Celui qui croit est justifié; celui qui croit à la vie éternelle, celui qui croit est un élu de Dieu, celui qui croit est un enfant de Dieu, au moment même où il croit.

Mes frères, ne voulez-vous pas croire, croire maintenant, dans ce moment, que ce sont vos péchés qu'il a expiés, votre dette qu'il a payée, votre Condamnation qu'il a subie, votre malédiction qu'il a portée ? Qu'est-ce qui vous empêche de croire maintenant ? L'immensité de ce pardon ? La grandeur et la multitude de vos péchés ? mais la grâce de Dieu surabonde par dessus tous nos péchés. - Qu'attendez-vous pour croire ?

Plus de lumière ? mais vous en avez assez, puisque vous savez que Jésus-Christ est mort pour vous. - Un plus grand besoin de pardon ? mais allez à lui avec celui que vous avez, et il l'augmentera lui-même, afin de pouvoir loger dans votre coeur avide de la grâce l'immensité de sa grâce. - Pourquoi ne croiriez-vous pas maintenant ? Pourrez-vous mieux le faire plus tard ? Êtes-vous sûrs que l'appel de Dieu vous sera encore adressé demain ? Ne savez-vous pas que nous ne pouvons compter que sur l'heure présente ? Voici le moment favorable ! Voici l'heure du salut! Croyez maintenant, mes frères, et que dès maintenant, entre Dieu et vous, par le sang de Jésus-Christ, tout soit en règle! Qu'entre lui et vous il n'y ait plus de péché, ni de condamnation possible, mais l'abondance de sa grâce !

« Tu vas mourir, tu ne vivras plus »; voilà ce que nous dit aujourd'hui l'Éternel. Mettons-nous immédiatement en règle avec Dieu en acceptant le salut qui est en Jésus-Christ ; mettons-nous sans retard en règle avec nos frères et mettons nos affaires en ordre. Le voulez-vous faire ? Le faites-vous ? L'avez-vous fait ?... Et alors, quand l'heure du départ sera venue, il y aura dans votre coeur les légitimes douleurs de la séparation, douleurs adoucies par l'assurance d'un prochain et bienheureux revoir, mais il n'y aura pas l'angoisse, l'effroi, le désir d'éloigner ce moment pour vous permettre de régler encore ceci, de terminer cela ; il y aura la paix, il y aura la joie de la délivrance prochaine et totale, il y aura la vivante espérance de voir enfin, de voir bientôt Celui qui vous réconcilia avec Dieu par sa mort et vous sauva par sa vie, et de pouvoir lui dire dans l'ineffable béatitude du ciel : je t'aime ! je t'aime, ô mon Sauveur, je t'aime pour tes plaies, pour ton sang, pour ta mort, pour ta patience, pour ta protection, pour ta vie, je t'aime !

1882.


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:
 

- haut de page -