Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


XVI

Le soupir de l'Église.

 

L'Esprit et l'Épouse disent: Viens. Que celui qui l'entend dise aussi : Viens. Que celui qui a soif vienne aussi et que celui qui voudra de l'eau vive en prenne gratuitement.

(APOCALYPSE XXII, 17.)


Jésus est venu ; Jésus reviendra; sa première venue dont nous célébrons en ce temps l'anniversaire est le gage de sa seconde venue que nous attendons et qui en sera le couronnement. Que sera cette seconde venue ? Ah! jugeons des biens qu'elle nous apportera par ceux que sa première venue nous assure ! Que sera-ce quand toutes les bénédictions que Jésus a apportées à la terre seront pleinement possédées par chacun de ses rachetés, et que ce ne sera plus fragmentairement que nous connaîtrons, que nous aimerons, que nous jouirons de l'oeuvre et de la personne du Seigneur, mais que l'imperfection étant abolie, nous connaîtrons, aimerons, vivrons parfaitement! Et quand reviendra-t-il ? Il est venu la première fois quand les temps de préparation furent accomplis, et ils le furent lorsqu'il se rencontra sur la terre quelques âmes qui attendaient la Consolation d'Israël ; il y a toujours exacte corrélation entre les besoins de la terre et les dons du ciel ; il reviendra quand les enfants de Dieu feront monter vers lui cette ardente prière de l'Épouse et de l'Esprit: Seigneur Jésus, viens, oui, viens !

C'est de ce retour du Seigneur que je désire vous entretenir. Puissions-nous arriver à joindre notre prière à celle de l'Épouse et de l'Esprit, afin de hâter le moment de sa venue, de discerner les signes qui annoncent sa prochaine arrivée et de comprendre les devoirs que nous impose cette venue du Seigneur qui est à la porte.

Tout d'abord, mes frères, comment arriver à joindre notre prière à celle de l'Épouse et de l'Esprit et à dire avec constance, avec ferveur, avec instance : Seigneur Jésus, viens !

Il est trois ordres de faits, qui sont de nature à provoquer et à rendre toujours plus pressante la prière de l'enfant de Dieu demandant à Jésus de revenir.

C'est en premier lieu la vue des souffrances qui pèsent sur l'humanité et dont il a sa large part, car elles ne lui sont point épargnées ; à l'école de Jésus, il a appris à souffrir avec ceux qui souffrent et à pleurer avec ceux qui pleurent. Toute la création, dit saint Paul, toute la création, sur laquelle pèsent les conséquences du péché, soupire et est en travail, attendant la délivrance de la servitude, de la corruption, délivrance qui ne peut avoir lieu qu'au jour de la manifestation des enfants de Dieu et de l'apparition glorieuse du Seigneur Jésus-Christ. Vous entendez, mes frères, cette longue plainte, ce douloureux gémissement qui, depuis que la terre est ce qu'elle est, s'élève des champs de bataille et des villes assiégées, des contrées ravagées par la famine et par la peste, des hôpitaux et des maisons où il y a un lit de maladie ou un lit de mort, de la chambre du pauvre qui a froid et faim, du coeur de l'homme qui succombe sous son fardeau, sous le poids de sa tâche, cette plainte qui s'élève de partout, à côté de vous, tout près de vous, de votre propre coeur, et qui monte, monte sans Cesse vers le ciel. Votre coeur s'est ému; vous avez couru au secours de ceux qui pleuraient, mais bientôt vous avez dû vous convaincre qu'il y avait là trop de douleurs à apaiser, trop de larmes à essuyer, trop de fardeaux à alléger, trop de bouches à nourrir, trop de corps à vêtir, et, sans diminuer en rien votre activité, sans abandonner votre tâche, sans permettre à vos propres souffrances de vous faire perdre de vue celles des autres, mais forcés de reconnaître que tout ce que vous faites n'est qu'une goutte d'eau sur un brasier, n'avez-vous pas prié le Seigneur de venir par son retour mettre un terme à toutes nos douleurs ? De votre coeur oppressé le soupir de l'Épouse et de l'Esprit n'est-il pas monté vers lui: Seigneur Jésus, viens, viens bientôt! 0 Jésus, il ne faut pas moins que tes mains divines pour essuyer toutes ces larmes; toi seul peux détruire la mort; toi seul peux faire cesser toute douleur, tout cri, tout travail. 0 Jésus, viens bientôt ! Laissez, mes frères, cette prière monter vers le ciel; que sous le poids du fardeau de vos frères et de votre propre fardeau sorte du plus profond de votre être le soupir de l'Épouse et de l'Esprit: Seigneur Jésus, viens! Viens nous donner le repos! Viens nous donner la délivrance !

Le second fait qui doit faire naître dans le coeur de l'enfant de Dieu le désir ardent du retour de Jésus, c'est la vue du péché qui règne ici-bas et la connaissance du péché qui règne dans son propre coeur. Que de souffrances sur la terre, oui; mais combien elles seraient moins nombreuses et moins amères sans le péché! Combien l'existence humaine serait transformée, si le péché disparaissait ! Que de désordres, de discordes, de haines, de jalousies, de lâchetés, de défaillances morales sur cette pauvre terre, et dans nos coeurs que de péchés ! Sans doute l'enfant de Dieu a en Jésus un Sauveur tout-puissant, toujours prêt à déployer en sa faveur l'infinie grandeur de puissance qu'il possède depuis que Dieu l'a ressuscité des morts ; mais où est dans la réalité l'enfant de Dieu qui sait faire un usage constant de cette souveraine puissance pour être gardé de tout mal ? Lequel ne fait pas l'expérience trop fréquente de l'empire que le péché exerce encore sur lui ? Lequel n'a pas à s'humilier chaque jour, à demander pardon chaque jour, à prier chaque jour le Seigneur de laver les souillures qui se sont attachées à ses pieds? Quand nous entendons un chrétien éminent comme Vinet, dire sur son lit de mort après la lecture des Psaumes XXXII et LI: C'est tout ce que le peux vous dire, puis, plus tard: je mets ma confiance en Celui qui ne rejette pas les coeurs froissés; puis plus tard : Je demande pardon à Dieu et aux hommes des nombreux scandales que j'ai donnés, principalement à mes entours, par mes impatiences et mon intolérance ; puis plus tard: Priez pour moi comme pour la plus indigne des créatures; puis au moment d'expirer. 0 mon Dieu, aie pitié de moi !

Quand nous entendons de telles paroles sortir d'une telle bouche, il nous convient d'être modestes, de rester dans l'humilité, et d'apprendre à discerner et à déplorer nos nombreuses infidélités, nos désobéissances et notre manque de foi, d'amour, de reconnaissance. C'est que, comme dit saint Paul, c'est en espérance que nous sommes sauvés. Oui, notre salut est tout entier accompli, mais nous le possédons sans le voir; nous l'attendons par la patience, dit encore l'apôtre ; oui, nous avons les prémices de l'Esprit, les arrhes de l'Esprit, est-il écrit, mais les prémices, les arrhes seulement, et par conséquent pas encore l'Esprit dans toute sa plénitude; la pleine délivrance du péché et de la mort, la rédemption de notre corps, n'aura lieu qu'au retour de Christ. Alors, plus de péché, plus de lutte contre le mal, plus de tentations auxquelles on succombe, plus de séductions qui vous entraînent, mais la liberté glorieuse des enfants de Dieu, la plénitude de la vie. Nous sommes dès à présent enfants de Dieu, ne l'oublions pas, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que quand il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quand sera-ce ? Ah ! que ce soit bientôt ! Que ce soit bientôt que tombent nos chaînes, bientôt que soient brisés nos fers, bientôt que Dieu soit tout en tous, bientôt que nos corps corruptibles, infirmes et mortels, nos corps de mort, soient revêtus de l'incorruptibilité et de l'immortalité, bientôt que nous soyons semblables à Jésus! Nous le disons avec l'Épouse et l'Esprit: Viens, Jésus, viens bientôt !

Oui, viens bientôt! Et nous touchons ici, mes frères, au troisième ordre de faits qui doit faire monter dans nos coeurs la prière de l'Épouse et de l'Esprit. Nous n'avons pas seulement besoin de ne plus souffrir et de ne plus pécher, mais de le voir, lui, par qui la souffrance et le péché sont détruits. Il existe quelqu'un dont la protection a été invoquée sur nous par le coeur pieux de notre mère avant même notre naissance, qui a étendu sa main comme une divine égide sur notre berceau et sur notre enfance, dont le nom a été l'un des premiers que nous ayons appris à prononcer, à qui se sont adressées nos prières enfantines, qui a eu pitié de nous pendant les années d'indifférence et d'égarement de notre jeunesse, qui nous a relevés du chemin boueux où nous étions gisants. Il nous a fait la grâce de croire en lui, il nous a révélé l'amour dont il nous a aimés, il nous a permis de contempler ses plaies, il a allumé en nous par son Esprit quelque amour pour lui et quelque désir de le servir, dans toutes nos douleurs il a été notre plus puissant et plus fidèle consolateur; nous lui devons tout, tout ce que nous pouvons avoir, tout ce que nous pouvons faire, tout ce que nous pouvons être, et sa vie, malgré notre indignité, et à cause de ses infinies compassions, s'est tellement mêlée à la nôtre que l'en séparer serait notre mort. C'est Jésus, et c'est de lui, de sa vue, de sa personne que notre coeur a faim et soif.

Je n'oublie pas que l'apôtre saint Jean lui-même, quand Jésus lui apparut dans sa gloire, tomba à ses pieds comme mort, et je ne soutiens pas que l'apparition glorieuse du Fils de l'homme ne doive pas nous émotionner plus fortement que l'arrivée longtemps attendue d'un ami dont nous aurions été séparés pendant des années. Néanmoins, il demeure dans son amour le même aujourd'hui qu'il était autrefois et qu'il sera éternellement. C'est toujours lui ; c'est toujours notre frère, c'est toujours notre Sauveur; j'ai besoin de le voir, fût-ce de la dernière place de la salle des noces, besoin d'entendre un mot de sa bouche, besoin de poser mes lèvres sur ses mains percées ; besoin de me prosterner à ses pieds. Qu'il vienne donc bientôt, s'offrant à l'amour de ses rachetés, ramenant avec lui ceux qui sont morts, afin que notre joie soit accomplie, qu'il ne manque rien à notre suprême béatitude. Seigneur Jésus, viens bientôt !

Seigneur Jésus, viens bientôt! Telle est la prière de l'Épouse, de l'Esprit, de quiconque entend la Parole de Dieu. Oui, je viens bientôt, Amen ; telle est la réponse du Seigneur à la prière de son Épouse. Il vient bientôt; il arrivera bientôt; ou plutôt, il vient vite, il se hâte, il se presse ; les événements se précipitent, tout nous dit que le Seigneur va paraître.

Qu'est-ce donc que ces agitations politiques dont nous sommes les témoins, ces guerres, ces empires qui tombent, ces puissances ennemies de l'Évangile qui s'écroulent, sinon la préparation divine à la prochaine venue du Sauveur? Que nous annoncent les succès des missionnaires qui ont maintenant porté l'Évangile, on peut le dire, à toutes les nations de la terre, sinon la prochaine apparition du Fils de l'homme ?

Que nous prédit cette insurrection contre l'Éternel et contre son Oint au sein des nations depuis longtemps christianisées, ce culte du veau d'or substitué à celui du Dieu de l'Évangile, ces doctrines destructives de toutes les bases de la société hum aine, ces phalanges qui déjà montent à l'assaut de toutes les positions conquises par l'Évangile, sinon que le mystère d'iniquité se forme, lequel doit précéder immédiatement la venue de Jésus ?

Que veulent dire, d'un autre côté, ces efforts par lesquels l'Église tend à se séparer de toute alliance compromettante pour être elle-même, ne relever que de son Chef, n'obéir qu'à sa Parole et ne vivre que de sa vie ; que veulent dire et le rapprochement qui s'opère entre les enfants de Dieu et les bénédictions nouvelles que le Seigneur accorde à ses enfants, sinon que le peuple de Dieu se forme, s'organise, se prépare pour la prochaine rencontre de son Roi ?

Que nous enseigne cette rapidité avec laquelle les années succèdent aux années (hier nous commencions la présente année, demain nous la finissons), sinon, comme dit saint Paul, que le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ? Chaque année, chaque jour, chaque heure nous rapproche de ce moment. Je viens vite, dit le Seigneur.

Oui, je viens vite, dit le Seigneur, et il le fait. Mais cette pensée de son prochain retour ne serait-elle point pour quelques-uns de vous, non un sujet d'attente heureuse, de joyeuse espérance, mais au contraire d'épouvante et d'effroi ? Que ceux d'entre nous qui pourraient se trouver dans ce cas, écoutent cet avertissement - Si l'un des signes auxquels se reconnaissent les enfants de Dieu est d'aimer l'avènement de Jésus, n'est-on pas en droit de dire que ceux qui ne l'aiment pas ne sont pas enfants de Dieu ? Que vous manque-t-il donc, mes frères ? Une foi plus entière, une confiance plus parfaite en son amour; croyez fermement qu'il est mort pour vous, revêtez-vous de lui, nourrissez-vous de sa Parole, de sa personne, et qu'ainsi toute l'Église d'un seul coeur, d'un même sentiment, d'une même ardeur lui dise - Seigneur Jésus, viens bientôt, viens vite !

Demandons au Seigneur qu'il vienne bientôt, qu'il vienne vite, et en attendant son retour, soyons ce qu'il nous ordonne d'être, faisons ce qu'il nous ordonne de faire. Veillez ! nous dit-il fréquemment ; tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas; ne faites pas comme le méchant serviteur, qui, parce que son maître tardait à venir, se mit à battre ses compagnons de service, à manger et à boire avec des ivrognes. Ayez de l'huile dans vos lampes. Ne dormez pas. Parce qu'il tarde encore un peu, car il use de patience, ne croyez pas qu'il ne viendra pas bientôt. Attendez patiemment ; le laboureur, est-il écrit, attend le précieux fruit de la terre avec patience; vous de même, attendez patiemment et affermissez vos coeurs, car l'avènement du Seigneur est proche; apprenez de Dieu à renoncer à l'impiété et aux convoitises du monde, et à vivre dans le siècle présent, dans la tempérance, dans la justice et dans la piété, en attendant la bienheureuse espérance et l'apparition glorieuse de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ.

Puisqu'il doit revenir bientôt, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et par votre piété ? Puisque vous l'attendez, faites tous vos efforts pour qu'il vous trouve sans tache et sans reproche dans la paix. Il va venir. Est-ce le moment de donner son coeur à un monde qui va finir ? Est-ce le moment de se plaindre les uns des autres, ou des événements, ou des circonstances ? Le Juge est à la porte. Courage! confiance, espérance, sainteté ! Les coeurs en haut Les affections, les désirs, les recherches en haut Que l'Église, que toute âme se tienne devant le Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne, comme l'épouse qui attend l'époux dans la joie de son coeur, et qui en l'attendant ne souille, ni ne déchire ses vêtements de noces! Et quand il paraîtra, nous paraîtrons aussi dans sa gloire; un ciel nouveau et une terre nouvelle succéderont au ciel et à la terre de maintenant, nous entrerons dans la nouvelle Jérusalem...

Tes clartés percent nos obscurités.
0 mon Sauveur, que sera-ce
Quand nous pourrons voir ta face
Avec tous les rachetés ?
 
Quel espoir que celui, Christ, de te voir!
Pourquoi n'ai-je pas des ailes?...
Aux demeures éternelles,
Je m'envolerais ce soir!
 
Quel bonheur ineffable pour mon coeur,
D'entrer dans la cité sainte,
Affranchi de toute crainte!...
Tu nous l'as promis, Seigneur!

O Jésus, viens bientôt!

1878.



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