Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


XIV

Qui est pour l'Éternel ?

 

Moïse donc, se tenant à la porte du camp, dit : Qui est pour l'Eternel ? Qu'il vienne vers moi. Et tous les enfants de Lévi s'assemblèrent vers lui.

(EXODE XXXII, 26.)


Vous savez, mes frères, dans quelles circonstances Moïse fit entendre cet appel. Très peu de temps après la publication de la loi, le peuple, croyant que son chef avait disparu pour toujours, avait prié Aaron de lui faire un Dieu qui marchât devant lui, et Aaron avait fabriqué un veau d'or auquel le peuple offrit des holocaustes et des sacrifices d'actions de grâces, devant lequel il mangea, but et dansa. Saintement indigné et profondément affligé de cette conduite, Moïse, redescendu de la montagne où il avait intercédé pour Israël, suppliant l'Éternel de ne pas l'exterminer, appelle à lui ceux qui sont pour l'Éternel; les enfants de Lévi s'assemblent et il leur ordonne de parcourir le camp et de frapper de l'épée ceux qu'ils rencontreront; trois mille hommes périrent ainsi en châtiment du grand péché dont le peuple s'était rendu coupable.

Les guerres de l'Éternel continuent; elles ont changé de caractère ; nos armes ne sont point charnelles et Celui qui nous conduit est plus grand que Moïse. Mais quoi qu'il en soit de ces changements, la lutte se poursuit et le Seigneur appelle encore à lui ceux qui sont pour l'Éternel, afin qu'ils combattent avec lui dans cette bonne et sainte guerre. Pour que soli règne s'établisse, il faut la coopération, l'activité, le travail soutenu et persévérant de ceux qui, ont reçu l'Évangile comme une puissance salutaire et sanctifiante. Malheur, dit Débora dans son cantique, malheur à ceux qui ne viennent pis au secours de l'Éternel ! Oui, l'Éternel - honneur insigne, redoutable responsabilité daigne avoir recours à nous, il daigne nous associer à ses travaux, nous enrôler sous ses étendards, afin de nous faire partager la joie de son triomphe. Et je voudrais dans ce moment vous convaincre que le Seigneur Jésus vous adresse le même appel que Moïse à Israël : A moi ceux qui sont pour l'Éternel ! Il a besoin de vous, de nous, ne voulez-vous pas répondre, ne voulons-nous pas répondre à son appel et nous ranger autour de lui ?

Le Seigneur a besoin de nous ; le prophète semblable à Moïse et plus grand que lui, Jésus, appelle autour de lui ceux qui sont pour l'Éternel ; nous avons le devoir d'aller au secours de l'Éternel. C'est là, mes frères, une vérité que je me borne à rappeler ; l'Écriture sainte tout entière nous montre que Dieu ne veut pas faire son oeuvre sans nous; il donne l'accroissement, mais il faut que Paul plante et qu'Apollos arrose, il nous appelle à être ouvriers avec lui.

Le Seigneur a besoin de nous; il veut faire de nous ses collaborateurs, ses soldats ; mais qu'attend-il de nous ? Dans quelle mesure, de quelle manière attend-il que nous combattions avec lui ? Que devons-nous être pour lui apporter un concours, une aide, un secours véritablement efficace ? Le bon soldat, c'est celui qui se donne tout entier à la cause qu'il défend, au chef qu'il sert, ne s'inquiétant plus des affaires de la vie, lie tenant pas sa propre vie pour précieuse, ne connaissant que son devoir. On parle beaucoup aujourd'hui de Jeanne d'Arc; ce temple va bientôt retentir de chants la célébrant ; c'est une héroïne ; eh bien ! de même que la patrie, aux heures sombres, a besoin de héros, de Jeannes d'Arc, de Winkelried, de même Jésus a besoin de héros de soldats qui se donnent à lui non pas à moitié, ou pour un temps seulement, mais tout entiers, mais pour toujours, obéissant à sa seule volonté, guidés, éclairés, soutenus par son seul Esprit. Jésus demande des héros : dans la guerre contre Satan, il ne faut pas moins que des héros.

Il a besoin de héros dans la foi. En 1733, les premiers missionnaires moraves, les frères Stach et Christian David, en route pour le Groënland où le Seigneur les envoie, arrivent à Copenhague pauvres d'argent, riches de foi. « Comment pensez-vous gagner votre vie au Groënland, » leur demande le comte de Pless, leur protecteur ? Ne connaissant pas la nature du pays, ils répondent : « Par le travail de nos mains et la bénédiction de Dieu. Nous cultiverons la terre et nous nous bâtirons une maison afin de n'être à charge à personne. » Le comte leur objectant qu'il n'y a pas de bois dans ce pays glacé, Christian David répond : «S'il en est ainsi, nous creuserons un trou en terre pour y demeurer. » Voilà l'héroïsme de la foi, de la confiance; le Seigneur a besoin d'hommes et de femmes qui croient ainsi ; ne voulez-vous pas être de ces héros-là ?

Le Seigneur a besoin de héros de charité. - Il y a quelques années une violente épidémie de petite vérole éclata dans la population ouvrière d'une ville industrielle d'Angleterre; le lazaret fut bientôt rempli de nombreux malades; chacun s'en éloignait le plus possible, le portier, la servante demandaient du courage et des forces à la boisson; seule, une femme, soeur Dora, veille la nuit au milieu de tous ces fiévreux, et retient jusqu'au jour, jusqu'à l'arrivée du médecin, un malade, tout couvert de son mal repoussant, qui dans son délire voulait se précipiter hors de la chambre. C'est l'héroïsme de l'amour ; le Seigneur a besoin dans sa guerre de tels héros, de telles héroïnes. Ne voulez-vous pas vous ranger autour de lui, vivre de cet amour qui va jusqu'à donner sa vie pour les autres ? « Les Neuchâteloises, m'écrivait-on récemment, ont-elles donc désappris le chemin de Strasbourg ? »

Le Seigneur a besoin de héros de patience dans l'affliction, de soumission dans l'épreuve, de malades, par exemple, qui transforment leur lit de souffrance en un autel sur lequel brûle sans cesse l'encens de la prière et de l'adoration, sur lequel, sacrificateurs consacrés par la douleur, ils s'offrent eux-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. J'ai vu, il y a quelques jours dans un des villages de notre pays, une vénérable soeur, malade depuis vingt-huit ans, dont le désir est de déloger pour être avec Christ et dont l'activité incessante et bénie consiste à prier pour ses frères, sa famille, son village, son pays, les missionnaires, les pasteurs, l'Église de Dieu : « J'ai souvent prié pour vous », me dit-elle, et c'était la première fois que je la voyais. Le Seigneur a besoin de semblables combattants dans sa guerre contre le mal. Ne voulez-vous pas être de ceux-là?

Le Seigneur a besoin de héros de pureté, de chasteté, de sobriété. Sans doute le pécheur à qui Dieu a pardonné ses fautes et qu'il a relevé dans sa grâce infinie, peut devenir un vaillant soldat de l'Éternel des armées et accomplir des exploits merveilleux dans la guerre contre le mal. Cependant, à moins de soutenir que le péché est une chose heureuse, il faut reconnaître que dans une conscience intacte, dans un coeur où il n'y a pas cette tache du fond que la mer entière ne parviendrait pas à laver, dans une vie sans chute, il y a en général une capacité de recevoir l'Esprit de Dieu et une puissance de le communiquer plus grande que chez ceux dont la vie n'a pas toujours été pure. Saint Paul n'avait jamais mis les pieds dans un mauvais lieu, il n'avait jamais connu l'étourdissement du vin ; à l'égard de la justice de la loi il était sans reproche, et par le fait même. de cette vie honnête et pure, il a compris le péché, saisi la grâce de Dieu, proclamé le salut plus et mieux qu'aucun autre homme. Ne voulez-vous pas, jeunes gens, être de ces soldats sans reproche et sans peur, dont le Seigneur a besoin ?

Le Seigneur a besoin de héros du devoir. Il a besoin d'hommes qui accomplissent leur tâche journalière fidèlement, consciencieusement, sans se laisser décourager par leurs gains chétifs, par le froid de l'hiver ou la chaleur de l'été, par les privations, par l'abattement de leur femme exténuée, par les soucis d'une nombreuse famille, qui marchent en avant sans demander à la boisson une heure de plaisir, tout au moins une heure d'oubli. Ce sont des héros, ceux-là ! Le Seigneur a besoin de femmes qui restent à la maison, soignent leurs enfants, travaillent, supportent la misère, les paroles dures, les mauvais traitements sans se plaindre, sans mettre toute la rue dans la confidence de leurs peines domestiques, sans en parler à personne qu'à Dieu. Des héroïnes, celles-là ! Mes frères, ne voulez-vous pas être de ces héros et de ces héroïnes dont le Seigneur a besoin ?

Et que dirai-je ? Car le temps me manquerait pour énumérer tous ceux dont le Seigneur a besoin. Il lui faut pour sa guerre des héros d'humilité, des héros d'honnêteté et de loyauté, des héros de douceur et de patience, des héros de désintéressement, des héros de sainteté. Il a besoin de soldats, de collaborateurs, d'ouvriers; Jésus vous dit aussi : Qui est pour l'Éternel ? Mes frères, ne voulez-vous pas prendre part à cette sainte guerre, plus résolument, plus complètement que vous ne l'avez fait jusqu'à ce jour, en vous serrant autour de Celui qui est plus grand que Moïse, en prenant la ferme détermination d'accomplir la tâche qu'il vous a assignée, et en vous revêtant de ses armes toutes puissantes ? Qui est pour l'Éternel ? vous dit Jésus qu'il vienne vers moi !

Et pour vous engager à vous enrôler dans son armée, je vous dirai tout d'abord : C'est là, dans l'obéissance fidèle, consciencieuse, permanente à la volonté de Dieu, que se trouve la vraie joie, la parfaite félicité. Ailleurs, vous rencontrez des excitations, des plaisirs, des étourdissements, des distractions, mais la joie, la paix, le contentement, l'allégresse pure, profonde, inaltérable, subsistant dans les temps mauvais, vous ne les trouverez que dans la consécration de tout votre être à votre Dieu. Si vous gardez mes commandements, a dit Jésus, vous demeurerez dans mon amour.

Pour vous engager à vous enrôler dans son armée, je vous dirai encore : C'est là, par l'obéissance fidèle, par l'accomplissement du devoir, par la pratique de la volonté de Dieu, par une consécration de tout votre être au Seigneur, consécration de tous les moments, consécration de fait et non de paroles seulement, que vous remporterez les grands, les beaux succès que notre Chef promet à ses soldats. Ailleurs, sur un autre chemin, au service d'un autre maître, on trouve aussi parfois des succès, des succès brillants, la gloire, la fortune, la puissance. Mais les succès que Jésus se plaît à accorder, la gloire d'amener une âme à la vie éternelle, le triomphe de retirer un pécheur de son égarement et de l'arracher à la ruine, ces succès-là, on les remporte par l'obéissance, la soumission à la volonté de Dieu, la sainteté de la vie. Écoutez le Seigneur : Que votre lumière luise devant les hommes, afin que voyant vos bonnes oeuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. Écoutez saint Pierre : « Mes bien-aimés, je vous exhorte comme des étrangers et des voyageurs, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l'âme; ayez au milieu des païens une conduite honnête, afin que là même où ils vous calomnient, comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes oeuvres et glorifient Dieu au jour où il les visitera. Écoutez encore le même apôtre : Que les femmes soient soumises à leurs propres maris, afin que s'il y en a qui n'obéissent point à la Parole, ils soient gagnés même sans parole par la conduite de leurs femmes, lorsqu'ils verront la pureté de leur conduite accompagnée de crainte. La première oeuvre à entreprendre, celle qui doit précéder toutes les oeuvres d'évangélisation et de relèvement, celle qui leur donne leur force, sans laquelle elles sont vaines et stériles, c'est de faire naître une vie sainte chez les chrétiens. Voilà la prédication la plus puissante, la source d'une influence irrésistible, l'instrument des succès durables. Soyons fidèles, et notre travail, dans notre famille, dans notre Église, dans le vaste champ où la Parole doit être semée, ne sera pas vain. Oh ! la puissance d'une vie vraiment sainte !

Pour vous encourager à vous enrôler dans son armée, je vous dirai enfin : C'est là, dans l'obéissance, dans la fidélité, dans la consécration au service de Dieu que se trouve, avec le bonheur et le succès, la gloire! Quel triomphe pour Jeanne d'Arc quand elle se tient à côté du roi, dans la cathédrale de Reims, pendant le sacre !

Quel triomphe vous attend, héros de la foi, de la charité, de la patience, de la douceur, de la pureté, de l'honnêteté, du désintéressement, de la sainteté ! Soldats de Christ, obscurs peut-être, inconnus au monde, connus de Dieu, qui avez passé sur la terre sans faire de bruit, mais en faisant beaucoup de bien, quel triomphe vous attend ! Ce n'est pas un chariot de feu et des chevaux de feu qui viennent vous chercher; vous mourez obscurément, dans quelque station missionnaire perdue, dans une chambre d'hôpital, dans votre modeste logement; les journaux n'annoncent pas votre mort à la terre, non ; mais les portes éternelles se haussent pour vous laisser entrer au ciel, les amis que vous vous êtes faits en les amenant au Sauveur vous reçoivent dans les tabernacles éternels, et vous font cortège jusqu'auprès de Celui pour qui vous avez vécu, avec qui vous avez souffert, avec qui vous régnerez ; quelle gloire ! 0 mes frères, courage, fidélité, obéissance ! faisons valoir le talent qui nous a été confié, afin qu'une telle gloire soit la nôtre, afin que nous n'entendions pas cette parole terrible du Maître tomber sur nous et nous écraser : Méchant et paresseux serviteur !

Qui est pour l'Éternel ? Nous tous, ô Seigneur.

1887.


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