Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


XIII

Épreuve et bénédiction.

 

Ne vous conformez point au siècle présent; mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous éprouviez que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite.

(ROMAINS XII, 2.)


A l'oeuvre d'amour accomplie par Dieu en faveur de l'homme pécheur et dont saint Paul a parlé dans la première partie de son épître aux Romains, doit répondre l'amour de l'homme sauvé, s'offrant lui-même en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, à ce Dieu qui, pour le racheter, n'a point épargné son propre Fils. Comme le sacrifice était le centre du culte juif, le sacrifice de notre corps, organe de l'être tout entier, doit être le centre de notre vie, à nous qui avons cru et qui avons reçu les arrhes du Saint-Esprit. C'est là notre service raisonnable, la conséquence logique de ce que Dieu a fait pour nous et de ce que nous faisons profession de croire. Le sacrifice du Fils accompli pour nous au Calvaire n'exige pas moins en retour que la consécration de tout notre être à Celui qui nous a sauvés.

Il n'est pas nécessaire d'ajouter que ce sacrifice est de nature toute spirituelle ; ce que Dieu nous demande, c'est une obéissance complète, sans réserve, à sa. volonté, et l'apôtre nous exhorte à ne pas nous conformer au siècle présent, à ne pas chercher nos règles de conduite dans les opinions, les usages, les habitudes, les principes de ce monde, et nous prescrit de nous appliquer au contraire à découvrir, à discerner la volonté de Dieu et à la pratiquer fidèlement.

Saint Paul nous dit que cette volonté de Dieu qu'il nous faut découvrir, qu'il n'est pas toujours facile de discerner, mais qui s'impose quelquefois à nous avec une évidence qui ne laisse rien à désirer, est bonne, agréable et parfaite. Nous croyons qu'elle est bonne, sans alliage quelconque avec le mal, et n'a en vue que le bien; nous croyons qu'elle est parfaite dans son inspiration, dans sa manifestation, dans ses effets ; mais est-elle toujours agréable, n'est-elle pas souvent, au contraire, bien douloureuse ? Et pourtant, saint Paul dit qu'elle est agréable. je voudrais donc essayer de vous montrer comment elle peut l'être en effet et je demande à Dieu que le résultat de notre méditation d'aujourd'hui soit de nous apprendre à tous, et dans la douleur présente et dans la douleur à venir, à la trouver agréable.

La volonté de Dieu est agréable, dit saint Paul ; oui, répondons-nous, quand elle n'est pas en opposition avec notre propre volonté et qu'elle répond à nos désirs et à nos besoins, mais l'est-elle encore quand elle nous contrarie, qu'elle nous fait aller où nous ne voulons pas, qu'elle nous impose des devoirs difficiles et des sacrifices douloureux ?

La volonté de Dieu, par exemple, c'est que cet homme qui s'est tourné vers Jésus renonce à un penchant vicieux, à la boisson, ou à la mauvaise compagnie qu'il a suivie jusqu'ici, à des plaisirs qui lui font du mal, aux sentiments de jalousie, d'orgueil qui sont dans son coeur. La volonté de Dieu est manifeste ; est-elle agréable? S'arracher l'oeil, se couper le pied ou la main, est-ce agréable ? Soulever des tempêtes de moqueries, est-ce agréable ?

Cet homme qui s'est tourné vers Jésus sait, car la volonté de Dieu à cet égard est évidente, qu'il doit aller s'humilier devant ce frère à qui il a fait du mal par ses paroles, ou restituer à celui-là la somme d'argent dont il lui a fait tort. Est-il agréable de s'humilier ainsi et de restituer lorsque, par le fait même de cette restitution, on reconnaît qu'on a été malhonnête?

Dans une famille, une fille a toujours été comme la servante de tout le monde ; elle a servi quand ses frères et ses soeurs étaient jeunes, et maintenant qu'ils ont pris leur volée, elle sert encore; c'est son lot ; à d'autres la joie de se bâtir un nid, d'avoir une famille, à elle l'existence obscure et monotone ; c'est la volonté de Dieu, est-ce une volonté agréable ?

Dieu vous appelle à vous séparer de vos enfants ; vos fils partent, les uns pour annoncer l'Évangile en pays étranger, en terre païenne, les autres pour aller demander leur pain quotidien à des contrées bien éloignées; vos filles partent, les unes comme compagnes de missionnaires, les autres comme diaconesses, les autres pour fonder au loin de nouvelles familles, ou pour gagner leur vie. Vous croyez que la volonté de Dieu à leur égard a été bonne, vous espérez que leur décision sera pour eux une source de bénédictions ; oui, mais cette volonté de Dieu que vous savez bonne, vous a-t-elle été agréable, vos yeux n'ont-ils pas pleuré ?

Ou bien c'est la vie de votre enfant ou de quelqu'un de ceux que vous aimez qui va être reprise ; la volonté de Dieu est manifeste, le mal fait des progrès constants, la force diminue, la vie s'éteint; vous pouvez peut-être retarder le moment de la mort, mais la mort est certaine. Cette volonté de Dieu, vous vous efforcez de vous y soumettre, vous vous appliquez à croire qu'elle est bonne et pour celui qui va vous quitter et pour vous-même, vous cherchez auprès du Père des consolations les forces dont vous avez besoin, vous ne vous révoltez pas, mais pouvez-vous trouver agréable cette volonté de Dieu ? Ou bien encore, c'est vous-même qui êtes frappé ; vous sentez vos forces décliner, vos facultés baissent, les infirmités s'ajoutent aux infirmités, la vieillesse est là ; c'est la volonté de Dieu, c'est le lot commun à toute la race humaine ; vous vous soumettez, mais trouvez-vous agréable cette volonté de Dieu qui vous condamne à l'inaction, qui vous dépouille, qui vous isole ? Ou bien encore, vous êtes atteint d'une de ces maladies si fréquentes qui rendent nécessaire une opération dont l'issue peut être sans doute la guérison, mais aussi la mort. Cette volonté de Dieu, manifeste, évidente, la trouvez-vous agréable ?

Voici une jeune personne atteinte depuis des années d'un mal qui la tient clouée sur son lit ; pour elle, vivre, c'est souffrir ; elle souffre plus ou moins, mais sans cesse. Elle accepte la volonté de Dieu, elle s'y soumet, elle est assurée qu'elle est pour son bien, mais comment voulez-vous qu'elle la trouve agréable ?

Voici un homme dans la force de l'âge, trente ans, quarante ans ; bien doué, pieux, riche, il a désiré se consacrer au service de Dieu et il a pu travailler quelque temps avec bénédiction la maladie l'a saisi ; lentement, sûrement, - oh je crois à la possibilité du miracle, mais humainement parlant, je dis: - lentement, sûrement, elle fait son oeuvre ; la maigreur s'accentue, la toux augmente, la poitrine s'enfonce, c'est la mort certaine. C'est la volonté de Dieu que cet homme quitte sa femme, ses enfants, son oeuvre ; voulez-vous qu'il la trouve agréable ? S'y soumettre, ne pas murmurer, ne pas se révolter, soit ! Mais la trouver agréable !

Vous le voyez, il est une foule de circonstances dans lesquelles l'enfant de Dieu, tout en croyant que la volonté de Dieu est bonne et parfaite, ne peut pas la trouver agréable ; cependant l'apôtre l'appelle agréable ; Dieu l'a fait passer souvent par des moments douloureux, et il peut dire que la volonté de Dieu est agréable. Comment peut-il le dire ?

Mes frères, un des plus beaux spectacles à contempler dans le monde moral et religieux, c'est l'entière soumission d'un enfant de Dieu à la volonté de son Père céleste. Cette volonté lui imposait des humiliations, des restitutions, la confession de ses fautes, des renoncements pénibles, des séparations douloureuses, les plus grands sacrifices, le sacrifice d'un enfant, le sacrifice de sa santé, le sacrifice de tout ce qu'il a aimé, le sacrifice de sa vie, et cette volonté de Dieu qui lui a paru d'abord injuste, peut-être inexécutable, exigeant ce qu'un Dieu même ne peut pas demander à un homme, contre laquelle il a murmuré et s'est insurgé, il a fini après beaucoup de luttes, de prières et de souffrances, par l'accepter; de son coeur déchiré est enfin sortie cette suprême prière de l'obéissance filiale parfaite : Que ta volonté se fasse, ô Père, et non la mienne ! non pas ce que je veux, ce que j'aimerais, ce qui me plairait, ce qui me serait agréable, mais ce que tu veux ! Le coeur s'émeut en contemplant Jésus en Gethsémané prosterné, abattu, pleurant, priant et disant : Que ta volonté se fasse, et non la mienne ! Et le coeur s'émeut à la vue du disciple de Christ qui, dans une mesure quelconque, animé de son Esprit, redit sa prière et se soumet. je le répète : c'est un beau spectacle, et à ce point de vue, la volonté de Dieu nous est agréable, car elle met sous nos yeux les choses les plus merveilleuses que nous puissions voir, des exemples de patience, de foi, de soumission, d'amont, que l'on ne peut pas considérer sans bénédiction.

Je ne crois pourtant pas que saint Paul, quand il dit de la volonté de Dieu qu'elle est agréable, ait voulu dire seulement qu'elle nous est agréable à nous qui, dans la soumission de nos frères à la volonté de Dieu, pouvons contempler le beau spectacle d'une foi victorieuse ; je crois qu'il a voulu dire que la volonté de Dieu est agréable aussi à ceux à qui elle est imposée ; il l'a dit au nom de son expérience personnelle et au nom de beaucoup de ses frères en la foi.

Mes frères, que vous est-il arrivé quand, après des résistances, des luttes, des révoltes peut-être prolongées, vous avez pu enfin accepter la volonté de Dieu ? L'humiliation, la restitution, la confession de vos fautes, vous ont-elles été épargnées ? Non. L'amputation de la main ou du pied, l'extraction de l'oeil qui vous faisaient tomber dans le péché, ont-elles été jugées inutiles ? Non. Les séparations que vous redoutiez, avez-vous pu les éviter ? Non. Votre enfant malade vous a-t-il été conservé ? Non. Votre vieillesse a-t-elle été changée en jeunesse et vos organes fatigués et infirmes ont-ils été remplacés par des organes nouveaux ? Non. L'opération qu'il vous fallait subir a-t-elle pu ne pas avoir lieu ? Non. La maladie de cette jeune personne a-t-elle été métamorphosée en santé et en force ? Non. La prière de Jésus à Gethsémané n'a point modifié la volonté de Dieu à son égard. Mais que se passe-t-il en celui qui se soumet ? Ah ! que ne puis-je vous le dire comme il le faudrait !

Le Père s'approche de son enfant soumis ; il lui parle ; après les temps d'agitation violente, d'ébranlement de la foi, d'angoisse dévorante, il lui fait entendre le son, le murmure doux et léger de sa grâce ; il le calme, il lui rend l'espérance en lui faisant comprendre que la vie humaine n'est pas bornée aux quelques années de l'existence présente ; il entre chez lui, il s'établit chez lui, il remplit son âme d'une paix, d'une sérénité, d'une confiance jusqu'alors inconnues et qui dépassent tout ce qu'il avait expérimenté précédemment. L'enfant se sent alors sur le coeur de son Père ; pour lui s'est accomplie cette parole : celui qui. perdra sa vie, la sauvera ; il a perdu sa vie, il a renoncé à faire triompher sa volonté, il s'est donné, soumis, livré, et il retrouve une vie nouvelle toute de calme, de force, de paix et de sérénité, pressé de toutes manières, mais non réduit à l'extrémité, en perplexité, mais non sans espérance, persécuté, mais non abandonné, abattu, mais non entièrement perdu. Quand Jésus, après avoir offert avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à Celui qui pouvait le délivrer, sortit de Gethsémané, il en sortit pour marcher à la mort, mais délivré de la crainte, de l'angoisse qui avait rempli son âme, avec la paix et la force de Dieu, récompenses de son obéissance.

Eh bien, je vous le demande, quand la soumission à la volonté de Dieu, qui ne change rien sans doute aux circonstances extérieures dans lesquelles nous nous trouvons, a pour résultat certain de nous faire pénétrer dans l'intimité du Père, de nous apprendre à tout lui remettre, à tout attendre de lui, et de nous permettre de nous abreuver déjà au fleuve des délices, quand cette soumission nous amène à dire avec un de nos cantiques :

Heureux, quand sous les coups de ta verge fidèle,

Avec amour battu, je souffre avec amour;

Pleurant, mais sans douter de ta main paternelle,

Pleurant, mais sous la croix, pleurant, mais pour un jour.

ne peut-on pas alors affirmer que la volonté de Dieu est agréable ? Cette volonté ouvre pour celui qui l'accepte de nouvelles et fécondes sources de vie, elle l'associe à la communion des souffrances de Christ et lui fait faire l'expérience que, quelles que soient les épreuves que Dieu dispense à son enfant, il reste une partie de son être qu'elles n'atteignent pas, où règnent la paix de Dieu, la vie avec Dieu.

Si nous avons compris la pensée de saint Paul, si la volonté de Dieu, toute douloureuse qu'elle soit, peut être agréable à celui qui en est l'objet et qui l'accepte, parce que Dieu lui-même s'établit en celui qui se soumet à lui, comment conclurons-nous notre exhortation de ce jour?

Notre conclusion sera celle qui se présente d'elle-même à la pensée. Acceptons la volonté de Dieu, étudions-nous, appliquons-nous à l'accepter; ce n'est pas toujours facile, on n'y parvient parfois qu'en passant par un long temps de cris, de supplications et de larmes. Redisons-nous que la volonté de Dieu, toute difficile et douloureuse qu'elle soit, est bonne, agréable et parfaite. Rappelons-nous que lui peut faire sortir le bien du mal, la vie de la mort.

Acceptons la volonté de Dieu et apprenons à demeurer dans cette soumission ; il est facile d'en sortir ; les doutes, les questions, les inquiétudes, les plaintes, les murmures, la révolte même, s'agitent dans le pauvre coeur de l'enfant de Dieu que son Père éprouve. Reprenons notre position, si nous en sommes sortis, acceptons, soumettons-nous, et l'affliction deviendra pour nous le sujet d'une parfaite joie, comme saint Jacques le dit dans une parole qui nous a souvent étonnés, scandalisés peut-être et froissés, d'une joie toute céleste, toute divine, la joie d'être là où Dieu nous veut, dans la fosse aux lions, dans la fournaise, mais d'y être avec lui !

1894.


Table des matières

Page précédente:
 

- haut de page -