Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


XI

La convoitise enfantant le péché.

 

Quand la convoitise a conçu, elle enfante le péché, et le péché étant consommé engendre la mort.

(JACQUES 1, 15.)


Quelqu'un disait dernièrement que ce qui enlève à la prédication une partie de sa puissance, c'est qu'elle ne s'adresse pas assez directement, soit aux inconvertis pour les presser de se convertir, soit aux convertis pour les presser de tirer les conséquences de leur conversion ; le prédicateur, ne distinguant pas assez nettement le but qu'il veut atteindre, tirant un peu au hasard, ne frappe pas comme et où il faudrait, comme et où il voudrait. Je ne sais pas jusqu'à quel point cette observation est fondée, mais j'en veux retenir une chose, indiquer clairement à qui je m'adresse en ce moment ; je m'adresse à ceux qui, connaissant le Seigneur, l'aimant, comme ces chrétiens sortis du judaïsme auxquels Jacques adresse son épître, sont, comme eux, faibles encore et ont besoin d'être avertis et encouragés. je m'adresse à ceux d'entre vous, mes frères, en qui la convoitise s'éveille encore, chez qui, n'étant pas toujours immédiatement refoulée, elle enfante le péché, chez qui ce péché se consomme par des actes, se traduit au dehors par des faits, et entraîne par là ses conséquences de mort. Frères, qui avez à lutter contre le péché, qui le sentez s'éveiller constamment en vous, qui négligez trop souvent de le combattre avec toutes les armes de Dieu et succombez encore souvent, dont la vie chrétienne est encore marquée par des reculs et par des chutes, qui avez à vous humilier souvent, à pleurer souvent, qui devez résister jusqu'au sang en combattant contre le péché et qui ne résistez pas, frères, c'est à vous, mes compagnons dans la guerre que nous soutenons incessamment contre le péché, que je désire parler. Tout d'abord je vous raconterai votre histoire, cette histoire du développement du péché en vous, que l'Écriture retrace avec tant de vérité et de sobriété dans notre texte, puis j'essaierai de vous dire ce que nous avons à faire à chacune des phases de ce développement du péché, pour l'arrêter, pour empêcher son oeuvre de destruction et de mort.

Tout d'abord, mes frères, votre histoire, l'histoire du péché en vous, de ses progrès, de sa marche ascendante et envahissante.

Il commence, vous le savez, de la manière la plus inoffensive en apparence, il ne s'offre pas à nous, au premier moment, dans toute son horreur et avec toutes ses conséquences de mort ; ce n'est qu'un simple mouvement intérieur, une pensée, un désir, mauvais, il est vrai, mais si petit, si faible, si chétif, qu'il ne vaut vraiment pas la peine d'y faire attention. Et pourtant, c'est peu de chose qu'un gland, mais le chêne sort du gland, et comme le dit un proverbe oriental quand Satan tient l'homme par un cheveu, il le tient tout entier. Et nous le savons bien.

La convoitise, c'est le désir d'Ève de manger le fruit défendu, c'est le désir de Hacan de sauver quelque chose des richesses des Cananéens, c'est le désir qu'éveille en David la vue de Bathsébah, c'est le désir d'Achab de posséder la vigne de Naboth, c'est le désir de Guéhazi de posséder un peu de ces biens que Naaman offrait à Élisée, c'est le regret qu'éveille en judas l'action de Marie versant sur les pieds de Jésus un parfum dont on aurait pu retirer trois cents deniers, c'est la pensée qui surgit dans le coeur d'Ananias et de Saphira de s'acquérir à bon marché une belle réputation. La convoitise, en un mot, c'est tout désir mauvais qui s'élève en notre coeur.

Ce désir est-il déjà un péché dont nous soyons responsables devant Dieu ? je ne le pense pas ; il est la manifestation du mal qui est en nous, la preuve que le vieil homme crucifié n'est pas entièrement mort, s'agite sur sa croix, s'efforce de descendre pour reprendre son ancien train de vie, mais nous ne sommes pas responsables des traits enflammés que Satan nous décoche, des pensées mauvaises, impures qui traversent notre esprit, qui surgissent, nous ne savons pour quelle cause, dans les moments même les plus sérieux de notre vie, dans nos jours de deuil, et jusque dans nos heures de prière. Nous ne pouvons empêcher, disait Luther, les petits oiseaux de voltiger autour de notre tête; nous ne pouvons pas empêcher les guêpes et les frelons de bourdonner autour de nous.

Où le péché commence, c'est quand nous gardons, conservons, cultivons, caressons cette convoitise qui avait surgi, sans notre volonté, du fond de notre vieille nature. Et nous le sentons bien. Quand nous ne repoussons pas cette pensée coupable, quand nous nous y plaisons, quand nous la rappelons si elle s'éloigne, quand nous la recherchons si elle a disparu, quand nous la provoquons et que nous l'excitons, alors, nous le savons, il y a péché. Tout se passe encore dans les profondeurs de notre coeur ; rien n'a encore paru au grand jour, mais le péché est là. Il y a révolte contre Dieu, désobéissance positive, infraction voulue. La convoitise à laquelle nous avons donné notre consentement, que notre volonté a acceptée, la convoitise a conçu et enfanté le péché. Nous sommes d'accord, mes frères, n'est-ce pas ? Vous savez où nous en sommes dans cette histoire, vous vous rappelez vos expériences, vous vous souvenez de ce qui a eu lieu, vous savez ce qui a lieu peut-être à cette heure en vous. Le péché est né au moment où Ève, Hacan, David, Achab, Guéhazi, Judas, Ananias et Saphira, au lieu de repousser la convoitise, l'ont gardée et entretenue dans leur coeur.

Et vous le savez encore, ce péché ne reste pas longtemps intérieur ; il se montre, il paraît au grand jour, il se traduit en fait, il se consomme.

Eve porte bientôt la main sur le fruit défendu et en mange, Hacan cache dans sa tente de l'argent et une robe de Sinhar, David fait venir Bathsébah dans son palais, Achab donne son consentement aux criminels desseins de Jésabel contre Naboth, Guéhazi ne recule pas devant le mensonge pour obtenir ce qu'il convoitait, Judas en vient à vendre son maître, Ananias et Saphira mentent au Saint-Esprit. Ce n'était rien au début, c'est ainsi que nous en jugions, rien, une idée, une pensée; ce n'est rien non plus que cette parcelle de neige qui se détache de la montagne, mais regardez ! Elle grossit dans sa course ; la main d'un enfant l'aurait portée en se jouant, bientôt c'est une masse, c'est une montagne, qui brise, broie, détruit tout sur son passage, semant partout la ruine et la mort. La convoitise non plus n'est rien, semble-t-il ; mais ce rien grandit, s'étend, s'enracine, s'élève, ce rien devient le péché qui ne veut plus rester dans l'ombre où il est né, qui se consomme, s'accomplit, s'appelle mépris de la volonté de Dieu, mensonge, calomnie, vol, adultère, haine et meurtre ! Quelle chose plus effrayante existe-t-il que celle-ci : Un chrétien sait que telle chose est mauvaise, défendue de Dieu, fatale pour lui-même, et néanmoins fait cette chose, prépare, combine ses plans, prend ses mesures, fait taire sa conscience, impose silence à la Parole de Dieu, n'écoute plus rien que sa convoitise devenue péché, et, vrai possédé, consomme le péché ! C'est épouvantable ! Et aussi quelle ruine !

Que reste-t-il après le passage d'une avalanche ? Rien que des traces de mort. Les champs verdoyants, les arbres chargés de fleurs, les maisons, le bétail, les hommes, tout ce qui n'a pu se sauver est écrasé, anéanti. De même le péché étant consommé engendre la mort. La conséquence immédiate et nécessaire du péché consommé, vous le savez bien, mes frères, nous le savons tous, c'est la mort, la mort de la voix intérieure qui nous parle de Dieu, la mort des affections naturelles, la mort de la foi, la mort de toute vie spirituelle : ruines et décombres ! Leur confiance filiale en Dieu morte chez Adam et Ève ; l'amour qu'il avait pour sa femme, mort chez Adam ; le respect pour l'honneur et la vie d'un sujet fidèle, mort chez David; l'amour qu'il devait avoir pour Jésus, mort chez judas ; la crainte de Dieu, morte chez Ananias et Saphira! Le péché consommé engendre la mort. Oh ! nous le savons ! Nous avons connu ces épouvantables désastres, nous avons vu sombrer dans ce cataclysme ce qui faisait notre force, notre joie ; la conscience se tait, le coeur n'aime plus, la volonté n'agit plus, l'esprit ne s'élève plus vers les choses qui sont en haut, tout devient fardeau, source de mécontentement, cause d'irritation, motif de doute ; c'est déjà la mort, en attendant celle qui résumera et comprendra toutes ces morts de détail, la mort seconde, l'éternelle condamnation !

Voilà, mes frères, ce que dit l'Écriture, et notre expérience confirme en tout point cet enseignement. Quand la convoitise n'est pas refoulée, quand notre volonté s'unit à elle, elle enfante le péché, et le péché intérieur, bientôt consommé, engendre la mort. J'ai la certitude que tous ceux d'entre vous qui se connaissent, qui sont attentifs aux mouvements de l'âme et ont surpris les secrets de leur vie intérieure, seraient prêts, s'il le fallait, à attester que ces choses sont vraies : nous les avons vues, pourraient-ils dire, entendues, touchées, nous en avons savouré la mortelle amertume.

Et maintenant, qu'avons-nous à faire ?

Je vous demanderai tout d'abord à quelle phase de ce développement du péché, à quel moment de cette histoire êtes-vous en cet instant ? Il y a pour chaque moment quelque chose de spécial à faire, comme pour chaque phase d'une maladie un remède spécial à appliquer, ou, si vous le voulez, un même remède à doses différentes. Où donc en êtes-vous ?

Dans ce moment, dans ces jours, la convoitise s'éveille-t-elle en vous ? Vous la repoussez, mais revient-elle plus pressante, plus puissante ? Comprenez que la situation est grave; ne la traitez pas légèrement, ne dites pas que ce sont là des idées, des pensées, des désirs qui surgissent malgré vous et dont vous pouvez ne pas tenir compte. Vous savez quel grand incendie un petit feu peut allumer. Vous savez quelle grande inondation une petite brèche dans une digue peut amener. Vous savez quelle mort la convoitise devenue péché peut engendrer. Il faut donc agir sans retard, avec sérieux, et comment ? Votre vieil homme veut descendre de la croix où il a été crucifié avec Christ pour recommencer sa vie ; il faut l'y reclouer. Il faut par la foi faire de la mort de Christ notre mort. Nous avons été crucifiés avec Christ, ensevelis avec lui ; voilà le fait à accepter, et, en l'acceptant, à transformer en réalité. Sachons vouloir que Dieu nous saisisse, nous unisse à Christ sur la croix, nous fasse ainsi mourir à nous-mêmes, au monde, au péché, au vieil homme. Sans doute, cette crucifixion est douloureuse, mais elle est nécessaire. On ne tue pas la convoitise en la chapitrant, en la tançant, en discutant avec elle, mais en la crucifiant. C'est un acte de foi, comme c'en est un de croire au pardon par la mort de Christ; croyez à la délivrance de la convoitise, du vieil homme, par la mort avec Christ. Mettez-vous bien dans l'esprit, dit saint Paul, que vous êtes morts au péché ; alors, mais seulement alors, vous pourrez faire mourir l'homme terrestre, le vieil homme, avec ses passions et ses convoitises.

Le mal a-t-il fait un pas de plus, mes frères ? Au lieu de frapper à mort la convoitise, l'avez-vous aimée, conservée, caressée? Vous a-t-elle été agréable ? L'avez-vous réveillée, appelée, provoquée, excitée? Oh! les abîmes de notre corruption! S'il en est ainsi, il y a péché, péché ! Au jugement de l'Écriture, il y a déjà meurtre, adultère, fraude, vol, révolte contre Dieu. Que faire ? Aller en ce moment, avec votre péché, connu seulement encore de Dieu seul et de vous, à la source ouverte pour le péché et pour la souillure, au sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui purifie de tout péché. Mes frères, ne voulez-vous pas faire cela maintenant ? Vous tous qui, à cette heure, devez constater en vous la naissance d'un péché, d'un péché encore ignoré des hommes, pas encore consommé, ne voulez-vous pas, aller au Seigneur, comme il vous y invite, à Celui qui veut vous laver les pieds après vous avoir lavés tout entiers, qui, sachant combien ceux qui sont sanctifiés par l'Esprit pour obéir à Jésus-Christ désobéissent encore souvent, a préparé pour eux, pour effacer ces souillures, pour anéantir ces désobéissances, le sang de l'aspersion ? Ne voulez-vous pas demander pardon ? Et cela peut se faire à ce moment si, au nom du sang versé pour vous, vous demandez d'être purifiés de ce péché déjà né en vous par l'union de votre convoitise et de votre vouloir impur?

Le mal a-t-il fait un pas de plus encore ? Le péché est-il consommé ? La mort a-t-elle été engendrée ? Est-ce le cas de quelques-uns de nous ? Ah ! pauvres amis ! pauvres frères ! que faire ?

Mes frères, ne nous dissimulons pas que la situation est grave. Ce péché consommé, ce péché commis non par surprise, ni par ignorance, mais voulu, cherché, préparé, discuté dans notre esprit, répété, renouvelé, ne serait-il point ce péché volontaire, tout au moins ne serait-il pas le commencement de ce péché volontaire, commis après avoir reçu la connaissance de la vérité, et pour lequel, dit l'Écriture, il ne reste plus de sacrifice, après lequel il n'y a plus à attendre qu'un jugement terrible et le feu ardent qui doit dévorer les adversaires ? Non, car dans le fait même que vous sentez la gravité de votre péché et vous en repentez, vous avez la preuve qu'un pardon est encore possible, mais que faut-il faire ? Il faut proportionner le secours au danger, la grâce au péché, la puissance de la vie à la puissance de la mort; il vous faut, non pas seulement rompre avec le péché, en étant crucifiés avec Christ, en mourant avec lui; il vous faut non pas seulement le sang qui purifie de tout péché; il vous faut la vie. Voyez ! En vous, par le péché consommé, la mort a fait d'épouvantables ravages: le sentiment du juste et de l'injuste, du bien et du mal, du vrai et du faux, les affections naturelles, l'amour du prochain, l'amour des vôtres, la crainte de Dieu, l'obéissance à Dieu, l'amour de Dieu, tout a été envahi par la mort ; tout est froid, terne, éteint. Vous avez donc besoin d'une nouvelle vie, d'une nouvelle sève, besoin de pardon, mais besoin de vie, pour votre coeur, votre conscience, votre volonté, votre esprit. Où est la vie ? En Jésus-Christ. Que faire ? Lui ouvrir votre coeur, le recevoir. Ne voulez-vous pas que cela soit ? Ne voulez-vous pas qu'il prononce sur vous une parole de résurrection ? Il le veut, lui; le voulez-vous, vous ?

Le voulez-vous ? Mes frères, dites oui ; au oui de vos coeurs répondra l'amen du ciel.

Je vous ai raconté notre histoire, mes frères, l'histoire du péché en nous, de sa naissance, de ses progrès, de ses conséquences ; je vous ai montré ce qu'il y a à faire à chacun des moments de cette histoire, et ce qu'il y a à faire se résume dans ces trois mots : la croix, le sang, la vie; la croix pour crucifier votre vieil homme ; le sang pour effacer votre péché ; la vie pour anéantir la mort, enfant légitime du péché consommé. Et maintenant, mes frères, vous qui êtes engagés dans la lutte, en qui s'éveille la convoitise, en qui la convoitise a enfanté le péché, en qui le péché a engendré la mort, ne voulez-vous pas, dans cette lutte qui se renouvelle sans cesse, en marquer les divers moments, non pas par des chutes, mais par des progrès, des victoires ? Vous le voulez ?

Que votre vieil homme demeure sur la croix! Que l'homme nouveau se forme et grandisse en vous! A Jésus-Christ pour mourir avec lui et ressusciter avec lui, pour qu'il prenne ce qui est à vous, le péché, pour qu'il crucifie votre vieil homme et vous donne ce qui est à lui. Morts au péché, vivants à Dieu, à tout ce qui est bon, juste, pur, aimable, vrai, de bonne réputation ! Que nous le devenions! Si nous devons, avec saint Paul, dire: « je ne suis pas arrivé à la perfection », qu'avec lui aussi nous disions: « Je fais mes efforts pour y parvenir, et c'est pour cela aussi que j'ai été saisi par Christ. »

1883.


Table des matières

Page précédente:

 

- haut de page -