Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


VIII

Humiliation et consécration.

 

Le vingt-quatrième jour du septième mois, les enfants d'Israël s'assemblèrent, jeûnant et étant vêtus de sacs, et ayant de la terre sur eux. Et la race d'Israël se sépara de tous les étrangers, et ils se présentèrent, confessant leurs péchés et les iniquités de leurs pères...

C'est pourquoi, à cause de tout cela, nous contractons une ferme alliance et nous l'écrivons, et les principaux d'entre nous, nos lévites et nos sacrificateurs, y apposent leurs seings.

(NEHEMIE IX, 1-2 et 38.)


Il y a une singulière et incontestable analogie entre la situation de l'ancien peuple de Dieu après la captivité, pendant l'époque de reconstruction du temple et de la ville de Jérusalem, et la situation de notre Église. Et comme les choses qui ont été écrites autrefois, ainsi que s'exprime saint Paul, l'ont été pour notre instruction, afin que par la patience et la consolation que les Écritures nous donnent, nous retenions notre espérance, j'aimerais, dans ce jour de jeûne national auquel nous nous associons de tout notre coeur, mettre en lumière cette analogie et recueillir les enseignements qui en découlent. Dieu veuille que ce jour soit pour nous ce que fut pour Israël le vingt-quatrième jour du septième mois, le dernier jour de la fête des Tabernacles qui se célébrait à l'époque de l'année où nous sommes, un jour de profonde et générale humiliation, et de nouvelle et complète consécration à Dieu, pour le salut de nos âmes, pour la prospérité spirituelle de notre Église, pour le bonheur de la patrie tout entière, dont le sort est intimement uni à celui du peuple de Dieu.

J'ai dit, mes frères, qu'il y a une singulière et incontestable analogie entre la situation de l'ancien peuple de Dieu. après la captivité et celle de notre Église. Vous ne tarderez pas à en être convaincus et étonnés comme moi par le rapide coup d'oeil que nous allons jeter sur cette page de l'histoire d'Israël.

Une violente tempête avait détruit le temple et la ville de Jérusalem et dispersé dans le pays de la captivité les membres de cette nation, malheureuse parce qu'elle était coupable envers Dieu. Mais lorsque le temps fixé par l'Éternel et annoncé par le prophète fut écoulé, la main de Dieu cessa de s'appesantir sur elle et elle put saluer le jour de sa restauration politique et religieuse. Sous la conduite d'hommes animés de l'Esprit de Dieu, une partie des juifs se mirent à relever l'autel profané, le temple détruit, les maisons brûlées, les murailles renversées de Jérusalem, mais à travers quelles difficultés, au prix de quels dangers ! Les habitants du pays dont les Israélites avaient été arrachés ne voyaient qu'avec crainte et colère leur retour dans l'héritage de leurs pères et le relèvement de Jérusalem ; aussi, après s'être moqués de leur tentative qu'ils taxaient de folie et de ces murs qu'un renard, disaient-ils, suffirait à renverser, ils cherchèrent, en appelant à leur aide le pouvoir des dominateurs d'Israël, à arrêter leur travail; ils les menacèrent tellement qu'ils étaient obligés de travailler l'épée dans une main et la truelle dans l'autre; ils leur offrirent leur concours, mille fois plus dangereux que leur haine, leurs menaces et leurs attaques. C'est au milieu de ces circonstances difficiles et de beaucoup de misères intérieures que le peuple de Dieu, soutenu par l'exemple, les exhortations et les prières de ses chefs et de ses prophètes, continuait son oeuvre, donnant son temps, ses forces, son argent, et parvenait enfin, après de longues années d'un pénible labeur marquées de jours de découragement profond, à relever son temple et sa ville.

Mais quel temple ! Ceux qui avaient vu la première maison et qui se rappelaient les splendeurs du temple de Salomon pleuraient à haute voix. Et quelle ville ! A peine habitée ! A peine en état de se défendre contre une attaque sérieuse ! Et pourtant c'était le temple, c'était la ville, c'était Jérusalem, et le peuple était dans la joie. Et sur ce temple pauvre et chétif planait, comme autrefois sur le tabernacle la nuée de feu, la parole d'Aggée dont l'accomplissement allait être amené par le cours des siècles : « Encore une fois, j'ébranlerai les cieux et la terre.... Et la gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première, et c'est dans ce lieu que je donnerai la paix, dit l'Éternel des armées. »

Une tempête aussi a détruit notre Jérusalem, notre ancienne Église neuchâteloise... En parlant ainsi, je déclare hautement et j'atteste devant Dieu qui me voit et m'entend, qu'il n'y a aucune amertume dans mon coeur et que je ne veux pas juger ceux qui envisagent autrement que nous les événements que le viens de rappeler; je me borne, conduit par la Parole de Dieu que nous étudions, à rappeler un fait qui a été la cause légitime de la fondation de notre Église, et que nous ne pouvons envisager autrement que nous ne le faisons, sous peine d'avoir à confesser humblement notre erreur et à défaire de nos mains ce que nous avons édifié.

Notre ancienne Église neuchâteloise a été détruite, et nous avons travaillé sous la bénédiction de Dieu, dans notre faiblesse, au milieu de grandes misères, à travers de nombreuses difficultés, à édifier une nouvelle Jérusalem. Fidèles à la promesse que nous avons faite le 3 novembre 1873, dans cette Collégiale, par la bouche de notre représentant, le synode constituant, soutenus par la puissante main de Dieu, nous avons relevé l'autel, le temple et la ville. L'autel, c'est cette invocation placée en tête de notre constitution : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen ! » Le temple, c'est cet article 2 de la constitution par lequel I'Eglise proclame sa foi:

« Fidèle à la sainte vérité que les apôtres ont prêchée et que les réformateurs ont remise en lumière, l'Église évangélique neuchâteloise reconnaît comme source et unique règle de sa foi les Saintes-Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament ; elle proclame avec toute l'Église chrétienne les grands faits du salut résumés, dans le symbole appelé symbole des apôtres ; elle croit en Dieu le Père qui nous a sauvés par la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, son Fils unique, notre seul Seigneur, et qui nous régénère par le Saint-Esprit; et elle confesse cette foi en célébrant, selon l'institution du Seigneur, les sacrements du baptême et de la sainte Cène. » Les murs de la ville, c'est cette constitution par laquelle elle a voulu se garder contre l'invasion de l'erreur et du mensonge. Plusieurs peut-être, en comparant cette maison-ci avec l'ancienne, s'affligent de sa faiblesse, du petit nombre de ses habitants, de son peu de crédit dans, le monde, de sa pauvreté, mais ne vous semble-t-il pas voir reposer sur elle aussi la bénédiction de l'Éternel, annoncée par Aggée à Jérusalem, et ne nous est-il pas permis d'entrevoir l'aurore du jour où le Roi de gloire entrera dans son temple ? Ne sentez-vous pas, comme l'air rafraîchissant du matin, l'Esprit de Dieu qui commence à souffler sur les ossements desséchés, à remuer les coeurs, à réveiller les consciences ?...

Mais à quelle condition la bénédiction de l'Éternel, promise par le prophète, reposera-t-elle sur la ville nouvelle qui vient de sortir des décombres de l'ancienne ? Ah ! les Esdras et les Néhémie sont bien persuadés que ce n'est ni la hauteur, ni la largeur des murailles de Jérusalem, ni la beauté et la richesse de son temple qui peuvent la sauver, et la destruction qui l'a frappée une première fois, malgré toute la force matérielle dont elle disposait, les a convaincus qu'elle ne sera invulnérable que si elle est habitée par un peuple de Dieu, parce qu'alors l'Éternel sera une muraille de feu autour d'elle pour la préserver à toujours et à perpétuité de toute destruction. Aussi l'effort de ces hommes fut-il, une fois Jérusalem restaurée, d'amener la restauration du peuple lui-même, sa restauration religieuse, seule condition de succès et de bénédiction, sa reconstitution comme peuple de Dieu, et c'est à quoi tendit leur travail incessant.

Et à quelle condition, mes frères, la bénédiction de l'Éternel, promise par le prophète, reposera-t-elle sur notre Église sortie des ruines de l'ancienne ? Ah ! soyons tous bien intimement convaincus qu'une muraille de papier, une constitution ecclésiastique, si évangélique qu'on la suppose, ne peut pas plus sauver une Église qu'une, muraille de pierre n'a pu sauver Jérusalem. Ce n'est pas l'excellence de sa profession de foi, ce n'est pas la perfection des règles qui président à son organisation et à son administration, ce n'est pas même la conformité de son enseignement avec la Parole de Dieu, qui la garantiront des invasions de l'ennemi et empêcheront sa décadence et sa ruine. Il y avait à Éphèse une Église évangélique indépendante de l'État, et elle est tombée; il y en avait à Pergame, à Smyrne, à Laodicée, en Afrique. Ces Églises ont disparu. Une Église ne vit que quand le peuple qui l'habite est le peuple de Dieu.

C'est à cette condition que la bénédiction de l'Éternel repose sur elle, et c'est cette condition qu'il s'agit aujourd'hui pour nous, comme autrefois pour les juifs de la captivité, de réaliser véritablement, sérieusement, si nous ne voulons pas que notre Église en ruines vienne s'ajouter à la longue liste des Églises qui attestent l'impuissance de l'homme à accomplir sans Dieu l'oeuvre de Dieu, si nous ne voulons pas que son désastre entraîne celui de notre patrie en même temps que le nôtre propre.

C'est donc la réformation religieuse du peuple élu qu'Esdras et Néhémie ont poursuivie avec plus de soin encore, de persévérance et de courage que la réédification des murs de Jérusalem, et c'est le vingt-quatrième jour du septième mois que cette réformation atteignit son point culminant, son heure décisive ; toutes les réformes qui l'avaient précédée n'en avaient été que la préparation, et toutes celles qui la suivirent n'en furent que la conséquence nécessaire. En ce jour-là, un grand fait se passe en Israël : le peuple s'humilie devant Dieu, confesse ses péchés et ses iniquités, et se consacre de nouveau à l'Éternel en contractant avec lui une fermé alliance, au pied de laquelle les sacrificateurs et les lévites apposent leur signature.

Mes frères, que le jour où nous sommes, ce 16 septembre qui est presque l'anniversaire de celui où Israël s'humilia devant l'Éternel et se consacra de nouveau à lui, marque dans l'histoire de notre Église, soit pour elle un jour d'humiliation vraie et de consécration entière au service de Dieu, et qui amène sur elle et sur nous, et par elle et par nous sur la patrie, de nouvelles et abondantes bénédictions.

Humiliation et consécration ! Humiliation d'abord, car de même que rien n'est stable, si les fondements ne sont pas profondément enfouis dans le sol, de même il n'y a de consécration durable que celle dont les racines plongent dans une humiliation profonde. Et cette humiliation nous serait-elle difficile ?

Ce qui émeut le peuple d'Israël et le jette dans la poussière devant l'Éternel son Dieu, c'est le souvenir de toutes les grâces qu'il a reçues, l'élection d'Abraham, la délivrance d'Égypte, la mer ouverte, la manne du ciel, l'eau du rocher, Canaan conquis, et la longue patience de Dieu et son long support, le souvenir de toutes ces grâces et la vue de ses rébellions multipliées. Et nous, mes frères, et nous ? ......

Nous avons été bénis de toute sorte de bénédictions spirituelles en Jésus-Christ dans les lieux célestes, élus en Christ avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui dans la charité, prédestinés par notre Dieu à devenir ses enfants par Jésus-Christ. Nous croyons que Dieu nous aime, qu'il nous a donné son Fils unique, que nous avons la rédemption par son sang, que Dieu est notre père, que nous sommes ses enfants et ses héritiers.... Oh! mes frères, où est dans nos coeurs, dans nos vies, dans nos familles, dans notre Église la vivante reconnaissance qui devrait sans cesse s'élever jusqu'à son trône; où est cet amour sans limites dont nous devrions aimer et notre Dieu et nos frères, nous qui avons été tellement aimés ; où est ce zèle dévorant qui devrait nous consumer pour la cause, pour le nom, pour la gloire de Celui qui nous a rachetés au prix du sang de son Fils unique ? Quel coeur est le nôtre qui ne sait pas se répandre en chants d'actions de grâces, aimer saintement et brûler de zèle! 0 Dieu, que nous sommes coupables ! ... Nous nous humilions devant ta face, ô Éternel !

L'Eternel a déployé en notre faveur les trésors de sa patience et de son long support; malgré notre indifférence et nos rébellions, en proportion de notre indifférence et de nos rébellions, ce Dieu qui est amour nous a supportés, poursuivis, appelés par sa Parole, par son Esprit, par ses bénédictions, par les épreuves qu'il nous a envoyées quand nous avons crié à lui dans notre détresse il nous a merveilleusement délivrés ; il nous a patiemment attendus pendant de longues années; il ne nous a pas traités comme nous le méritions, et nous sommes encore ici devant lui, et sa charité nous presse. Et nous oublions, et nous ne nous souvenons plus de nos épreuves et de ses délivrances, de nos prières et de ses exaucements, de notre faim et de ses rassasiements, de nos détresses et de ses secours, de nos péchés et de ses pardons, et après quelques jours, quelques heures passés dans sa communion, nous reprenons notre vie ordinaire, froide, vulgaire, terrestre, affectionnée aux choses qui sont en bas ! Quel coeur est le nôtre, que les témoignages répétés heure après heure de la bonté de Dieu laissent dans son apathie et ne réveillent pas de son sommeil d'indifférence et de mort ! 0 Dieu, nous sommes pécheurs et nous nous humilions devant ta face, ô Éternel.

Et ce n'est pas que notre Dieu attendît de nous cette vie toute faite de reconnaissance, d'amour, de zèle, de sainteté, comme si elle pouvait être le produit naturel de notre volonté propre ; aussi nous a-t-il donné en Jésus un Sauveur parfait, qui délivre de la malédiction du péché et du péché lui-même, par qui nous avons la rémission des péchés et en qui nous pouvons porter beaucoup de fruits à sa gloire. Plus que vainqueurs en toutes choses, dans toute lutte, par Celui qui nous a aimés, voilà notre position, notre privilège, notre devoir, notre vie ; trop souvent vaincus, voilà notre état. habituel, voilà notre péché.

Plus que vainqueurs de toutes les, accusations de l'ennemi et affranchis de toute condamnation, et pourtant que de fois encore nous traînons après nous le fardeau de ces accusations et de cette condamnation, comme si Dieu ne nous avait pas justifiés, comme si Christ n'était pas mort et ressuscité et n'intercédait pas pour nous!

Plus que vainqueurs de toute affliction, de toute angoisse, de toute détresse, de tout péril ; et pourtant que de fois les épreuves de la vie abattent notre courage et éteignent notre espérance !

Plus que vainqueurs de notre égoïsme et par Christ rendus capables d'aimer comme il a aimé, et nous n'aimons pas, nous ne savons pas nous aimer, il y a de l'indifférence entre nous, de la froideur dans nos relations, de l'amertume trop souvent et de l'aigreur ; nous ne nous supportons pas, nous ne nous pardonnons pas, nous ne nous intéressons pas comme nous le devrions à nos frères, à leur état temporel, à leur état spirituel !

Plus que vainqueurs de notre orgueil, et nous ne savons pas estimer les autres par humilité comme plus excellents que nous-mêmes, nous nous glorifions de ce que nous avons reçu, comme si nous ne l'avions pas reçu, et nous soulevons par contre-coup autour de nous les hideuses passions de l'envie et de la jalousie! Plus que vainqueurs de notre langue, et nous nous mordons, nous nous déchirons les uns les autres, nous nous jugeons, nous nous condamnons, nous mentons, nous médisons, nous calomnions !

Plus que vainqueurs de notre corps pour qu'il soit le temple saint du Seigneur et de nos membres pour qu'ils soient des instruments de justice, et ils sont souvent des instruments d'iniquité !

Mes frères, est-ce ainsi que nous devons répondre à l'amour et aux grâces infinies de notre Dieu? Notre reconnaissance est-elle toute la reconnaissance qu'il est en droit d'attendre de nous ? Notre obéissance, toute celle qu'il peut réclamer ? Notre sainteté, toute celle qu'il veut produire en nous ? Notre langueur, notre torpeur, notre laisser-aller, notre manque de zèle, d'ardeur, d'élan, notre sommeil, notre mort, nos péchés, est-ce là ce qui peut le réjouir et nous valoir son approbation ? L'entendriez-vous peut-être vous dire en vos consciences : Cela va bien, bons et fidèles serviteurs? Non, cela ne va pas bien, reconnaissons-le, confessons-le et que ce soient vraiment vos sentiments avec les miens que j'exprime dans ces mots de la prière par laquelle Israël confessait son péché : « Ni nos rois, ni les principaux d'entre nous, ni nos sacrificateurs, ni nos pères n'ont observé ta loi, et ils n'ont été attentifs, ni à tes commandements, ni aux avertissements que tu leur adressais. »

L'humiliation est bonne, salutaire, nécessaire toutefois, elle ne produit tous ses fruits que lorsqu'elle est suivie d'un relèvement ; aussi le peuple de Dieu après avoir confessé ses péchés, traite-t-il une ferme alliance avec l'Éternel. Tous ces hommes portaient sans doute sur eux-mêmes le signe de l'ancienne alliance ; souvent aussi sans doute, pendant les années qu'ils venaient de traverser, ils s'étaient tournés vers leur Dieu et mis à son service ; néanmoins, à l'heure solennelle où ils sont arrivés, ils sentent qu'ils ont le devoir de renouveler leur alliance avec l'Éternel et d'inaugurer par un acte de solennelle consécration la vie dans laquelle ils veulent marcher à l'avenir. C'est un acte semblable que nous avons à faire, mes frères.

Nous avons reçu le sceau de la nouvelle alliance; nous avons, plus tard, ratifié le voeu de notre baptême ; nous avons dans notre vie, je l'espère, des Béthel et des Péniel où, comme le patriarche, nous avons rencontré le Seigneur, vu sa face, goûté sa joie, heures bénies dont nous conservons précieusement le souvenir, et qui marquent les étapes de notre vie spirituelle; cependant, c'est ma très forte conviction, nous avons quelque chose de plus à faire. Nous sommes arrivés, et votre sentiment est certainement d'accord avec le mien, à l'un de ces carrefours d'où partent deux routes opposées: l'une se perd dans les bas-fonds marécageux et malsains de la torpeur, du découragement, de la mondanité pieuse, de l'énervement, de la stérilité et de la mort spirituelle ; l'autre gravit les sommets élevés de la fraîcheur, de la force, de la sainteté, de la fécondité et de la vie spirituelle. Voulons-nous, comme individus, comme familles, comme Église, connaître les richesses incompréhensibles de Christ ou les inexprimables misères de la vie sans Dieu, prospérer ou dépérir, grandir ou diminuer, monter ou descendre, vivre ou mourir ?

Nous voulons vivre ; oui, nous voulons vivre! Eh bien ! mes frères, quelles que soient déjà les occasions où nous avons traité alliance avec l'Éternel, renouvelons cette alliance, disons-lui de nouveau : Mon corps, mon coeur, mon âme ne m'appartiennent plus. Que ce jour soit une date mémorable dans la vie de nos âmes et dans celle de notre Église, le commencement d'une vie nouvelle ; reprenons l'engagement que nous avons pris le jour de notre ratification, avec plus de sérieux et de maturité qu'alors, avec une connaissance plus grande de notre misère et de la puissance de notre Dieu, et, devant sa face et devant les saints anges, disons-lui de nouveau, d'un même coeur, Nous ratifions et nous confirmons solennellement le voeu de notre baptême....

Entends nos voeux, Seigneur, bénis notre résolution et sois-nous en aide, jusqu'à la fin de nos jours ! Et il le fera. Mais nous-mêmes, mes frères, soyons fidèles au Seigneur, demeurons en lui, soyons obéissants, accomplissons sa volonté, faisons usage des moyens de grâce qu'il nous offre.

Les enfants d'Israël rompirent avec les étrangers, les Ammonites et les Moabites. rompons, mes frères, avec toute habitude mauvaise, toute occupation qui peut nuire au développement de notre vie religieuse et nous exposer à des tentations, avec toute société d'où nous sentons que nous ne sortons que moins bien disposés, inquiets, troublés, refroidis pour les choses de Dieu.

Les enfants d'Israël résolurent de ne point donner de leurs filles aux peuples du pays et de ne point prendre leurs filles pour leurs fils, sachant combien de semblables unions sont funestes à la piété. Pères et mères, jeunes gens et jeunes filles, vous tous qui êtes disciples de Jésus-Christ, souvenez-vous que le mariage est un acte dont les conséquences s'étendront jusque dans l'éternité et qu'une union qui n'est pas fondée dans le Seigneur sera malheureuse, quelque brillante, quelque avantageuse qu'elle puisse paraître aux yeux du monde.

Les enfants d'Israël résolurent de sanctifier le sabbat. Mes frères, sanctifions le jour du repos, ne méprisons pas ce moyen de grâce, n'en faisons pas un jour de fête mondaine ou de travail ; n'abandonnons pas nos saintes assemblées, ne désertons pas la sainte Cène, que notre foi s'affirme au contraire par notre empressement à répondre à l'invitation du Seigneur toutes les fois qu'il nous donne rendez-vous dans sa maison ou qu'il nous convie à sa table.

Mes frères, soyons fidèles, fidèles au Seigneur et à sa parole, fidèles jusqu'à la fin, et le Seigneur nous bénira. Il remplira notre coeur, et quand lui seul remplit un coeur, il déborde de bonheur ; il sanctifiera nos familles, et quelle force, quelle joie n'y trouvons-nous pas, quand le Seigneur y demeure, que chez nous il est chez lui ; il vivifiera notre Église, elle grandira et prospérera quand la vie de Christ sera devenue la vie de ceux qui la composent, et sur toute notre patrie sa bénédiction se répandra, la lumière s'étendra, le sel fera sentir son action salutaire et sanctifiante.

0 Dieu, qu'il en soit ainsi ! Tu es notre Dieu, nous sommes ton peuple. Tu es à nous, nous sommes à toi. Tu nous as aimés et tu nous aimes, nous t'aimons. Tu t'es donné à nous, nous nous donnons à toi. Viens à nous, vis en nous, demeure en nous, que ta joie soit notre force aujourd'hui et à perpétuité. Amen.

Jeûne 1877.


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