Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


II

Jésus enfant.

 

Jésus s'en alla ensuite avec eux et vint à Nazareth ; et il leur était soumis.

(Saint-Luc Il, 51.)


On a dit avec raison que toute la religion, c'est Christ, que Christ, c'est toute la religion ; toute l'oeuvre du salut dans le passé se résume dans ce nom, toutes nos espérances pour l'avenir reposent sur lui ; il est le modèle parfait de la vie nouvelle, il est cette vie elle-même se déployant en son disciple. Voulez-vous savoir ce qu'il faut être ou ce qu'il faut faire ? la réponse se trouve en lui. Que doit être, par exemple, une famille pour être ce qu'elle doit être ? Une famille où Christ demeure. Comment ses joies pourront-elles être sanctifiées ? Par Christ. Comment ses épreuves seront-elles adoucies ? Par Christ. Et si, laissant de côté les devoirs généraux, nous nous attachons à tel devoir particulier, nous rencontrons encore Christ, son exemple, sa vertu toute puissante. Que doivent être, demanderons-nous, les enfants d'une famille chrétienne ? Nous répondrons : Qu'a été Jésus dans sa famille ? Les enfants de la famille chrétienne doivent lui ressembler.

Qu'a-t-il été ? J'ouvre les Évangiles; un trait me frappe dans l'enfance de Jésus. Il était soumis à ses parents, il leur était soumis à douze ans, il leur était certainement soumis auparavant, il le fut plus tard à dix-huit ans, à vingt ans, il leur fut soumis jusqu'au moment où son Père l'appela à commencer l'oeuvre qu'il devait accomplir ici-bas. C'est le trait distinctif de l'enfance et de la jeunesse du Sauveur ; c'est le trait qui doit distinguer nos enfants. Si j'avais à leur parler, je leur recommanderais la soumission ; ayant à parler à leurs parents, je viens vous recommander d'enseigner la soumission à vos enfants. je le fais, mes frères, avec la persuasion qu'un tel sujet est véritablement actuel et opportun. Nos enfants sont peut-être instruits, intelligents, aimables, très développés, mais en général ce qui les distingue, ce n'est pas la soumission ; l'esprit du siècle pousse à les admirer, à les encenser, à faire d'eux des personnages, des camarades de leurs parents, qui commandent et qui sont obéis, et nos coeurs paternels et maternels ne sont que trop disposés à céder à cette influence. Un spirituel écrivain a pu résumer l'éducation contemporaine dans ces trois mots : « Messieurs nos enfants. » Oui, Messieurs nos fils et Mesdemoiselles nos filles ! Ce qui manque, c'est la soumission des enfants. Et les chrétiens donnent comme les autres dans le travers du siècle. Aussi je voudrais, mes frères, attirer votre attention sur cette grave question de l'éducation de vos enfants.

Vous désirez, je pense, avant tout pour eux qu'ils ressemblent à Jésus-Christ ; sans mépriser les autres choses, vous reconnaissez que ce qu'il y a pour vos enfants de plus désirable, de meilleur, c'est qu'ils soient comme leur Sauveur ; cette ressemblance avec Jésus vous sera le meilleur gage de leur bonheur terrestre et éternel. Ce qu'était Jésus enfant ? Il était soumis à ses parents. Que doivent être vos enfants ? Premièrement et avant tout soumis à leurs parents. je voudrais donc aujourd'hui vous prier de leur enseigner cette soumission qui les fera ressembler à Christ, et pour cela toucher avec vous ces deux points : l'importance pour eux de cette soumission, et les moyens par lesquels, vous parents, pouvez la leur enseigner. Si je parviens à vous faire entrevoir l'importance de cette soumission et vous indiquer comment vous pouvez l'enseigner à vos enfants, vous voudrez la leur apprendre, afin que sur leur jeune tête repose la plus belle couronne et sur leur vie la plus riche bénédiction que des parents chrétiens puissent rêver pour leurs enfants : ressembler à Jésus-Christ.

L'importance de la soumission pour les enfants et par conséquent la nécessité pour les parents de la leur enseigner, ressortent de considérations tirées les unes de l'ordre temporel, les autres de l'ordre spirituel. Parlons d'abord des premières. Que devient l'enfant non soumis à ses parents, non soumis à la règle, à la loi, à la volonté exprimée et imposée par ses parents ? Il devient un enfant n'obéissant plus qu'à sa propre volonté, à ses fantaisies, à ses caprices qui varient d'un moment à l'autre; s'il n'est pas soumis à ses parents, il devient nécessairement égoïste, fantasque, gourmand, despote, paresseux, maître de la maison ; s'il n'obéit pas, il commande, il n'a point de support pour ses frères et soeurs, il est hautain avec les domestiques, il manque de respect envers ses aînés, il arrive à ses leçons sans préparation, en retard, ayant oublié ses livres et ses cahiers ; indiscipliné et insolent envers ses maîtres, il est une cause continuelle de trouble à la maison et de désordre à l'école. Et c'est la conséquence nécessaire de l'insoumission ; si la volonté de ses parents n'est pas la règle à laquelle il se soumet, sa règle sera sa propre volonté.

Suivez, mes frères, tel enfant insoumis, à mesure qu'il avance en âge. C'est un petit jeune homme de dix-sept ans, de dix-huit ans, qui reste assis quand son père est debout, se prélasse dans un fauteuil quand sa mère est sur une chaise, qui tient le haut bout de la conversation, qui a une opinion arrêtée sur chaque chose, qui tranche les questions littéraires, philosophiques, politiques, religieuses, qui interrompt son père, le contredit, le force au silence, se moque de ses opinions antiques et lui rit au nez de sa foi, qui fait la leçon aux amis de son père, hommes mûrs, éclairés, qui, instruits par l'expérience, ont peut-être appris à dire avec Jean Newton : « Quand j'étais jeune, j'étais sûr de beaucoup de choses ; aujourd'hui je ne le suis plus que de deux : c'est que je suis un misérable pécheur et que Jésus-Christ m'a racheté par son sang. »

Et ceux-là sont encore les meilleurs ; il en est d'autres qui fuient la maison paternelle, courent les cafés, se mettent à boire et s'excitent au vice. Et c'est la conséquence nécessaire de l'insoumission ; l'enfant qui n'a pas appris à porter le joug, devient un jeune homme impatient de toute contrainte, ennemi de toute gêne, qui ne s'incline ni devant la supériorité de l'âge, ni devant celle du mérite, du talent, de la position conquise, des services rendus. Suivez ce jeune homme, mes frères; il a vingt ans ; c'est un oisif qui ne sait rien faire et qui réclame impérieusement à son père la part du bien qui lui doit échoir en lui disant nettement : Tu as assez travaillé pour que j'aie le droit de ne rien faire. Ou bien, c'est un prétentieux qui se croit apte à tout parce qu'il a fait quelques études, et qui entre dans le bureau, dans l'étude, dans l'usine, dans le magasin de son père, veut en prendre la direction, change les méthodes, innove sans raison, et compromet bientôt la fortune et même l'honneur d'un nom jusque là respecté et sans tache.

Et ce sont les meilleurs encore. D'autres pratiquent le vice, deviennent viveurs, tombent dans la fange, couvrent de boue leur blason ou, à défaut, l'antique honneur paternel. Et c'est là la conséquence de l'insoumission ; il est naturel que l'homme livré à lui-même et n'ayant d'autre loi que sa volonté, aille jusqu'au bout de la voie où il s'est engagé, à moins qu'un miracle de la grâce de Dieu ne vienne l'en arracher brusquement.

Voudriez-vous, mes frères, qu'un tel avenir devint celui de vos chers enfants ? L'histoire des fils de Héli et de Samuel a-t-elle quelque chose qui vous tente? Assurément non; enseignez-leur donc la soumission. Vous avez planté dans votre jardin un arbre jeune, faible, délicat, le laisserez-vous à lui-même ? Lui permettrez-vous de croître comme il voudra, de se pencher, de se tordre ? Ne l'attacherez-vous pas à un ferme et inflexible tuteur ? Et ces jeunes plantes, vos enfants, les laisserez-vous croître au gré de leur caprice, les exposerez-vous sans appui à tous les vents qui peuvent les courber, les jeter en terre et les briser ? Donnez-leur un appui, votre volonté, expression de la. volonté de Dieu, liez-les à cet appui ; apprenez-leur la soumission, afin qu'étant soumis comme Jésus à leurs parents, ils puissent comme lui grandir en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes. Cette soumission est la condition d'une belle croissance ; là où elle n'existe pas, il y a aussi une croissance, mais dans le mal et dans le péché.

A ces considérations que j'appelle de l'ordre temporel s'en ajoutent d'autres de l'ordre spirituel. En quoi consiste à vos yeux, mes frères, la vraie, la réelle grandeur ? Dans la grandeur de la fortune ?

Dans l'étendue de l'esprit ? Dans l'éclat du nom ? Dans quelque invention étonnante ? Dans quelque chef-d'oeuvre du génie ? Puisque vous êtes chrétiens, vous reconnaîtrez sans peine qu'il y a une autre grandeur, et plus excellente, que celle qui vient de la naissance, de la fortune, de la puissance, ou du génie, c'est celle que donne le fidèle accomplissement du devoir. L'homme vraiment grand, c'est celui qui accomplit son devoir fidèlement, sans s'écarter ni à droite, ni à gauche, prêt à tout lui sacrifier, l'opinion du monde, sa position, sa santé, son corps, sa vie même. La grandeur suprême de Jésus-Christ consiste moins, aux yeux du coeur, dans l'éclat des miracles qui attestent sa toute-puissance, que dans sa fidélité au devoir, dans sa vie toute soumise à la volonté de Dieu, dans sa sainteté. Là est la vraie grandeur ; n'est-ce pas celle que vous souhaitez pour vos enfants ? Le désir de votre coeur serait-il avant tout qu'ils devinssent des hommes occupant à un titre quelconque une position plus ou moins brillante, plus ou moins élevée sur cette terre ? Non, vous êtes plus saintement ambitieux pour eux; vous désirez pour eux qu'ils soient, dans quelque position que Dieu les place, des hommes du devoir, des hommes soumis au devoir, des hommes faisant de la volonté de Dieu leur unique règle, des saints.

Mais, mes frères, si vous voulez qu'ils fassent un jour leur devoir, enseignez-leur à le faire maintenant. Il en est du devoir, dans la marche ordinaire des choses, comme de tout le reste. De même qu'on apprend à lire en lisant, à écrire en écrivant, à compter en comptant, à dessiner en dessinant, on apprend à pratiquer le devoir en le pratiquant. Enseignez-leur la soumission à votre volonté, la soumission à la voix de la conscience, la soumission à l'ordre de Dieu; enseignez-leur la sainteté et l'inviolabilité du devoir ; enseignez-leur que le devoir est une chose sainte qui doit aller avant leurs désirs, leurs plaisirs, leurs goûts, leur bien-être, et ils deviendront, par la grâce de Dieu, cette chose grande et belle a laquelle le monde ne peut refuser son respect, bien qu'il acclame le succès : des hommes de devoir !

Et à mesure qu'à l'école de la soumission, ils apprendront à devenir les hommes du devoir, leur conscience acquerra cette merveilleuse délicatesse qui, les rendant particulièrement sensibles au contact du péché, les fera rechercher Celui qui détruit le péché et les conséquences du péché. Nos enfants peuvent déjà connaître Jésus, l'aimer, se confier en lui, le prier, mais il y a une connaissance de Jésus supérieure à celle-là. « Quand j'étais enfant, dit saint Paul, je parlais, le pensais, je raisonnais comme un enfant. » Quand j'étais enfant, pouvons-nous dire, je connaissais Jésus comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, je l'ai connu autrement, comme le Sauveur des pécheurs, comme mon Sauveur à moi pécheur; cette connaissance de Jésus comme Sauveur est liée à celle que j'ai de mon péché. Or il faut que nos enfants arrivent à cette connaissance supérieure de Jésus, et pour qu'ils y arrivent, il faut qu'ils connaissent leur péché ; et comment arriveront-ils à cette connaissance ? Par la soumission au devoir. Laissez un enfant vivre à son gré, selon son caprice : jamais il n'arrivera à connaître son péché, car il n'y a pas de péché, là où il n'y a pas de loi. Soumettez-le au contraire à votre volonté, apprenez-lui à voir dans votre volonté la volonté de Dieu dont vous êtes les représentants, montrez-lui que cette volonté est sacrée et qu'elle ne peut pas être violée impunément, et vous verrez se développer en lui le sentiment de son péché. Dans les résistances que son coeur oppose à cette volonté, dans les désobéissances dont il se rend coupable, il reconnaîtra le péché, et à mesure que, voulant accomplir le devoir qu'il aura appris à envisager comme sacré et inviolable, il sentira s'éveiller en lui d'invincibles résistances et constatera dans sa vie d'innombrables infractions à la loi, il s'écriera aussi : « Qui me délivrera ? » Et à ce cri, le Sauveur répondra, et il connaîtra Jésus comme le pécheur seul peut connaître son Rédempteur. Il est donc important que nous enseignions la soumission à nos enfants et leur apprenions à être soumis à leurs parents, comme Jésus l'était aux siens, afin qu'ils ne deviennent pas de ces êtres qui sont le tourment et souvent la honte de leurs pères et de leurs mères, afin qu'ils deviennent, au contraire, ce qu'il y a de plus grand sur la terre, des hommes de devoir, et ce qu'il y a de plus grand dans le ciel, des rachetés de Jésus-Christ. Mais cette soumission si importante, si nécessaire, qui doit avoir des conséquences si graves et si considérables sur l'avenir temporel et éternel de nos enfants, comment la leur enseigner ? C'est notre seconde question.

Je commence par rappeler, mes frères, en réponse à cette seconde question, et bien que cela aille tellement de soi qu'il est presque superflu de le dire, que nous sommes par nous-mêmes insuffisants et impuissants pour une telle tâche, que toute notre capacité vient de Dieu, que lui seul peut nous donner les aptitudes nécessaires, suppléer à notre infirmité, réparer le mal que nous commettons trop souvent, que par conséquent, l'oeuvre que nous avons à accomplir envers nos enfants doit être faite avec Dieu et que nous avons à demander constamment son secours dans l'accomplissement d'une tâche si fort au-dessus de tout ce dont nous sommes capables par nous-mêmes.

Ceci posé, ce fondement de toute éducation fermement établi, je vous dirai, mes frères : efforcez-vous de vous pénétrer de votre devoir et de votre responsabilité envers vos enfants. On rappelle souvent aux enfants leurs devoirs envers leurs parents, et l'on a raison, mais il faut aussi rappeler aux parents leurs devoirs envers leurs enfants. Vous leur avez fait le don le plus grand, le plus beau qu'on puisse concevoir, mais aussi le plus redoutable, et qui peut devenir le plus funeste, suivant l'usage qu'ils en feront. Vous leur avez imposé la vie, c'est-à-dire, ce qu'il y a de plus excellent et de plus redoutable, car la vie se compose aussi et principalement de douleurs, de maladies, de fautes, de vices, de passions ; suivant la direction qu'ils prendront, ils arriveront ou bien à la vie éternelle, ou bien à la mort éternelle. Et vous croiriez avoir assez fait pour eux et vous être suffisamment dégagés de la responsabilité que vous avez contractée à leur égard, en les nourrissant, en les habillant, en les envoyant à l'école et en leur apprenant un métier ! Et vous ne comprendriez pas que vous avez le devoir de les faire entrer dans le chemin de la vie éternelle, et puisque l'enfant Y fait ses premiers pas par la soumission, de leur enseigner cette soumission !

Agissez donc avec Dieu et dans le sentiment de votre responsabilité. J'ajoute encore. Si vous voulez être respectés, soyez respectables, si vous voulez que vos enfants vous obéissent, soyez dignes qu'on vous obéisse. Ne sentez-vous pas que le respect s'en va et la soumission en même temps, quand l'enfant remarque chez ses parents quelque irrégularité de conduite, quelque inconséquence, quelque mensonge ; quand les paroles, les recommandations et les ordres des parents ne sont pas appuyés par l'autorité de la vie ? Comment croirait-il que son devoir le lie, s'il voit que votre devoir ne vous lie pas ? Comment, par exemple, penserait-il que le mensonge est coupable, s'il vous entend mentir? Comment croirait-il en Dieu et à la nécessité de la prière, s'il ne vous voit pas prier et si vous ne priez pas avec lui ? Soyez dans votre maison des sacrificateurs, qui offrent à Dieu non seulement le sacrifice de leurs prières dans le culte de famille, mais encore une vie de soumission et de sainteté qui impose le respect à vos enfants et leur fasse comprendre que vous êtes véritablement pour eux les représentants de Dieu même et ses organes. Conservez la haute dignité que le Seigneur vous a conférée et ne vous en rendez jamais indignes.

Je dis encore : Si vous voulez que vos enfants vous obéissent, ordonnez avec prudence et maintenez avec fermeté ce que vous avez ordonné. La famille n'est pas une république démocratique dont tous les membres auraient des droits égaux ; rien n'est plus contraire aux indications de l'Écriture et rien n'est plus funeste aux enfants que de le leur laisser croire : elle est une monarchie absolue où l'autorité suprême appartient au père et à la mère, mais précisément parce que leur autorité est sans contrôle, ils doivent en user avec prudence. Il y a certaines règles sans doute qui doivent être maintenues inflexiblement, ainsi le devoir de dire toujours la vérité ; mais il est une foule de cas où l'autorité supérieure doit tenir compte de bien des circonstances, du caractère, de l'âge, du développement intellectuel et moral de l'enfant, et ne prendre ses décisions qu'après mûre délibération avec elle-même et avec Dieu. Gardons-nous donc avec soin de ces ordres donnés, de ces décisions prises, de ces règles formulées avec irréflexion, dans nu moment d'impatience, de fatigue, d'emportement, de colère, ordres impossibles, décisions injustes, règles absurdes qu'il faut bientôt révoquer au grand dommage de notre autorité. Mais quand nous avons donné un ordre ou pris une décision dans le calme de notre esprit ou le recueillement de notre conscience, parce que nous le trouvons bon et nécessaire, maintenons-le fermement, ne cédons ni aux prières, ni aux larmes de nos enfants, ne reculons pas devant le chagrin que nous leur causons, faisons violence à notre propre coeur, exigeons que notre volonté s'accomplisse.

Et si l'enfant se révolte ? car la révolte est possible dans la monarchie absolue. Si l'enfant se révolte, vous avez pour le soumettre deux armes puissantes ; quand ce n'est plus un petit enfant et qu'il peut le comprendre, votre amour ; parlez-lui avec amour; montrez-lui la peine profonde que vous fait sa désobéissance ; laissez couler vos larmes, priez avec lui, une prière que votre amour vous dictera, et votre enfant cédera. Un poète, après avoir raconté le premier meurtre, écrivait ces vers :

Ils pleuraient tous les deux, aïeux du genre humain,
Le père sur Abel, la mère sur Caïn.

Si Caïn avait vu ces larmes, ne se serait-il pas repenti ? Il y a une puissance irrésistible dans les larmes d'une mère.

Vous avez une autre arme encore; quand l'enfant ne peut pas ou ne veut pas comprendre votre amour, la correction ; non pas la correction administrée dans la colère, mais dans le calme, dans la justice, et pour le bien de l'enfant, dans le même esprit qui anime notre Père Céleste, quand il châtie ses enfants et les frappe de la verge fidèle. je sais bien que l'éducation moderne réprouve l'emploi de ce moyen; je sais bien qu'on en a peut-être autrefois singulièrement abusé; mais je crois que Dieu l'autorise et le commande par sa Parole et son exemple et qu'il rentre dans les attributions qu'il a confiées au père et à la mère, avec le devoir pour ceux-ci d'en user sous le regard de Dieu.

Mettons-nous donc à l'oeuvre, mes frères, dans la prière, dans la sainteté, dans l'amour, dans la prudence, dans la fermeté, pour apprendre à nos enfants la soumission et les faire entrer par là dans cette voie qui est celle de la vie éternelle.

1880.


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