Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SERMONS PAR ÉDOUARD ROBERT-TISSOT


I

Va, jeune homme !

 

Jeune homme, réjouis-toi dans ton jeune âge et que ton coeur te rende content aux jours de ta jeunesse, et marche comme ton coeur te mène, et selon le regard de tes yeux; mais sache que pour toutes ces choses Dieu te fera venir en jugement.

ECCLÉSIASTE XII, 1, 3-)


C'est aux jeunes gens que l'Ecclésiaste adresse les paroles que nous venons de lire, ce sont les jeunes gens tout d'abord que j'invite à les écouter et à les méditer.

Et vous étonnez-vous qu'une prédication spéciale leur soit consacrée ? Si cette dérogation aux usages reçus avait besoin d'être justifiée, ne le serait-elle pas pleinement par cette seule considération que les jeunes gens d'aujourd'hui seront demain les hommes qui tiendront dans leurs mains, pour autant qu'ils peuvent être entre des mains humaines, le sort de l'État et l'avenir de l'Église ?

Il y a trois choses dans ces paroles de l'Ecclésiaste aux jeunes gens : une invitation sans réserve à user de la liberté la plus illimitée; un redoutable avertissement; une pressante exhortation. Ce sont ces trois choses que je désire vous proposer dans ce moment, chers jeunes frères et chères jeunes soeurs, que nous tous, vos aînés, vos pères et vos mères, nous aimons d'une affection cordiale en Jésus-Christ, demandant à Dieu qu'en vous grandisse toujours plus ce qui donne à la vie tout son prix, ce qui l'élève, la purifie, et lui assigne un but digne de Celui qui nous l'a donnée, le souvenir de Dieu, la crainte de Dieu, l'amour de Dieu.

L'Ecclésiaste invite le jeune homme à user de la liberté la plus illimitée. « Réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton coeur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux. » La jeunesse, comme l'aurore, ne dure qu'un moment; profite de ce moment : « Bannis de ton coeur le chagrin et éloigne le mal de ton corps. » Voilà ce que dit l'Ecclésiaste, et ce qu'il dit est facile à comprendre.

Il y a en vous, jeunes gens, des désirs, des besoins qui demandent à être satisfaits, des ambitions et des espérances à réaliser, des forces, des richesses à dépenser ; devant vous, des pays nouveaux, inconnus, à découvrir et à conquérir. La vie vous paraît belle, c'est l'aurore avec toutes ses promesses; la joie vous appelle, le plaisir vous convie à ses fêtes innombrables ; la douleur, le deuil vous ont à peine effleurés... je ne veux pas être plus sage que le sage qui a écrit l'Ecclésiaste, et avec lui je vous dis : Jeune homme, réjouis-toi dans ton jeune âge.

Que voulez-vous ? Dépenser votre exubérance de forces dans les exercices du corps, dans les longues et fatigantes courses pour atteindre une cime élevée, dans les exercices de la gymnastique, de l'équitation, de la natation, de la navigation, de la chasse, de la danse ? Que voulez-vous ? Dérober à la nature ses secrets, faire connaissance personnellement avec tous ces êtres animés ou inanimés, semés avec profusion sur la face de la terre ? Que voulez-vous? Essayer d'exprimer vous-mêmes, à la suite des grands poètes, des grands peintres et des grands musiciens que vous admirez, l'idéal que vous entrevoyez et qui flotte devant votre esprit ? Que voulez-vous ? Lutter contre les doutes qui vous enveloppent, mettre enfin le pied sur le roc inébranlable de l'éternelle vérité ? Que voulez-vous, car toutes les ambitions sont en vous ? Amener le règne de la franchise, de la droiture, faire tomber les masques dont se couvrent les hypocrites, imposer silence aux paroles pieuses qui sonnent faux ? Que voulez-vous ? Résoudre la question sociale, secourir les misérables, ramener l'âge d'or sur la terre ? jeune homme, marche selon tes désirs ! Fais usage de tes vingt ans ! Dieu te garde du doute et du scepticisme! Dieu te donne l'enthousiasme !

Mais, chers jeunes gens, les désirs de vos coeurs seraient-ils moins purs, moins élevés ? Ce qui vous plaît, serait-ce non l'éclat d'une fête, non le long cortège dans les rues, et les écharpes et les bannières, ce qui flotte, ce qui brille, ce qui attire les regards, mais l'étourdissement du vin ? Vos désirs se porteraient-ils non sur les hauts sommets, mais dans les bas-fonds ? Votre ambition serait-elle de celles qui aspirent à descendre ? Hélas ! Il est des jeunes gens pour qui le vice a d'irrésistibles attraits et qui lui sacrifient les forces de leur corps, les puissances de leur intelligence, les richesses d'amour et de dévouement dont leur coeur était rempli. Quelques-uns parmi vous seraient-ils de ceux-là ? je ne pourrais que leur répéter la parole de l'Ecclésiaste : Allez où votre coeur vous conduit, faites ce que votre coeur désire. Si la joie pour vous est de gaspiller votre trésor et de vous rouler dans la boue, jetez votre jeunesse aux quatre vents des cieux, accrochez-la à tous les buissons de la route, roulez-vous dans la boue, jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse !

Mais parler ainsi, n'est-ce pas ouvrir la porte à tous les désordres, légitimer tous les excès, détruire toute morale, toute retenue, toute vertu, toute pudeur ? Les jeunes gens ont-ils besoin d'être encouragés à vivre selon le désir de leur coeur, à user de la liberté la plus illimitée ? N'est-il pas besoin plutôt de les contenir, de leur faire sentir le frein ? Ah ! l'Ecclésiaste ne l'ignore pas, et ce frein, le voici dans ce redoutable avertissement : Fais ce que tu voudras, mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en jugement ! fais le bien ou le mal, va à droite ou à gauche, en bas ou en haut, selon que ton coeur te mène, mais sache que pour tout cela, Dieu te fera venir en jugement. Tu as un crédit ouvert chez ton banquier, crédit illimité, puise à pleines mains, jette ton argent à la poignée, emploie-le pour le bien ou pour le mal, mais sache que tout ce que tu as pris est noté à ton débit, et qu'il te faudra rendre compte à ton Maître, à Dieu, pour toutes choses. C'est de ce redoutable avertissement que je voudrais maintenant parler à nos jeunes gens.

«Sache que pour toutes ces choses Dieu t'appellera en jugement.» Il y aura un jugement. Tout s'écrit dans les livres; « les livres furent ouverts», lisons-nous dans le chapitre de l'Apocalypse qui nous décrit le jugement dernier ; tout sera pesé à la balance du sanctuaire ; les fruits, c'est-à-dire les conséquences de toute action, de toute parole et de toute pensée, seront manifestés. Il y aura un jugement. Voilà le frein ! Le frein pour retenir sur le chemin du mal et, disons-le, l'éperon pour exciter à marcher sur le chemin du bien. Un jugement ! Rien ne se perd. Vous faites aujourd'hui votre éternité. Vous moissonnerez ce que vous aurez semé, mort éternelle ou vie éternelle, selon ce que vous aurez semé. En faudrait-il davantage pour vous exciter à suivre les impulsions de votre coeur, quand il vous porte au bien, et à lui résister, quelle que soit la véhémence de ses désirs, quand il vous porte au mal ? Que cette vérité s'implante profondément en vous ! Marchez suivant le désir de votre coeur, mais sachez que pour tout cela Dieu vous appellera en jugement.

Et il est si vrai qu'il y aura un jour un jugement, qu'il a lieu déjà maintenant. En attendant de comparaître devant le tribunal suprême, nous comparaissons devant un tribunal de première instance, le tribunal de la conscience. Combien de fois, chers amis, Dieu vous y a fait entendre sa voix pour vous encourager, quand vous étiez en face de quelque difficulté, vous approuver, quand vous aviez fait quelque chose de bon, d'honnête, de viril, de juste, pour vous blâmer, pour vous condamner, quand vous aviez fait quelque chose de mal. Tu as perdu ton temps, et c'est là une perte irréparable, vous est-il dit. Tu as prononcé une parole, tu as donné un exemple qui a fait du mal à l'âme de ton ami, et il n'est pas en ton pouvoir de réparer le mal que tu as ainsi causé. Tu as souillé ton coeur par cette lecture immonde et tu ne peux plus effacer la tache qui demeure au plus profond de ton être. Tu es tombé, et pour toi, comme pour les témoins et les victimes de ta chute, les conséquences s'en déroulent d'année en année, sans qu'il soit en ton pouvoir d'y mettre un terme. Le péché peut être pardonné, le mal commis est souvent irréparable. Et c'est là la sentence que souvent Dieu prononce du haut de ce tribunal qui s'appelle la conscience.

«Un enfant de Dieu, un homme de coeur»: - c'est là le titre du livre où sa vie nous est racontée, livre qu'il est à souhaiter que tous les jeunes gens lisent - ; cet enfant de Dieu nous dit qu'un de ses ancêtres tua par accident à la chasse un garde-forestier. Dès ce moment son visage prit une expression de tristesse rigide qui jamais plus ne l'abandonna et que plus jamais un sourire ne vint éclairer. Il avait le pardon de son imprudence fatale, mais le mal qu'il avait fait était irréparable. Vous rencontrez sur votre chemin, chers amis, des hommes dont le visage est couvert d'un voile de tristesse. Ils ont comparu au tribunal de Dieu, ils ont le pardon, mais avec le pardon, la douloureuse, l'indestructible certitude que le mal qu'ils ont commis est irréparable. Ah! s'ils avaient agi autrement! Regrets d'autant plus amers qu'ils sont plus inutiles!

Il y aura un jugement! Et la preuve qu'il aura un jugement, c'est qu'il a lieu déjà maintenant ; il y a le jugement de Dieu par la conscience, ai-je dit, il y a le jugement de Dieu par la vie, ajouterai-je. Ouvrez les yeux et vous verrez tout autour de vous de ces jugements de Dieu clairement formulés avec des considérants nettement rédigés.

Voyez cet homme que l'estime et le respect de ses frères entourent, à l'intelligence ouverte, au coeur généreux, qui dit franchement ce qu'il pense, qui regarde les gens bien en face, dont chacun subit avec joie l'influence bénie, qui marche en avant sans peur et sans reproche. Son coeur l'a conduit dans le chemin du travail, de la droiture, de la sobriété, de la pureté; Dieu l'a Jugé et déjà maintenant le bénit. Il est comme un arbre planté près d'un courant d'eau, qui donne son fruit en sa saison et dont le feuillage ne se flétrit point.

Voyez au contraire... On raconte qu'un roi de France faisait jeter à la Seine ceux qu'il avait fait mettre à mort. Leurs cadavres flottaient au courant de l'eau, portant un écriteau qu'un poignard avait cloué sur leurs poitrines et où se lisaient ces mots : Laissez passer la justice du roi.

Regardez ! Et sur le fleuve de la vie, combien en verrez-vous de ces êtres qui portent sur toute leur personne ces mots : Laissez passer la justice du Roi des Rois!

Ces paresseux, ces égoïstes, ces endurcis, ces blasés, ces sceptiques, en qui plus rien ne vibre, incapables de dévouement, qu'aucune grande pensée n'émeut, qui vivent pour la terre et ne connaissent que la terre, que sont-ils donc ? Des hommes qui ont dépensé leurs belles années dans la paresse, l'égoïsme, le ricanement, et que Dieu a déjà jugés et punis !... Laissez passer la justice de Dieu!

Et ces hommes, jeunes encore, quarante ans, cinquante ans, qui tendent la main et demandent du secours, que sont-ils ? Il y a certes d'honorables misères et qui peuvent marcher le front haut. Mais il y en a aussi d'autres, et parmi ces hommes, combien ont suivi les inspirations de leur coeur qui les poussait à la paresse, à la débauche! Dieu les a jugés ; ils moissonnent déjà ce qu'ils ont semé. Laissez passer la justice de Dieu !

Nous voici dans un hôpital auprès du lit d'un mourant; jeune, il a jeté son feu, comme on dit; ne faut-il pas que jeunesse se passe ? Et il a jeté si bien son feu qu'il s'éteint à trente ans, idiot... Laissez passer la justice de Dieu! Et sur le fleuve de la vie, innombrables sont ceux qui attestent qu'il y a un jugement, une justice éternelle !

Il y a un jugement, et il y aura un jugement dernier et sans appel. C'est l'enseignement de l'Écriture, c'est l'enseignement du Seigneur Jésus-Christ. Il se prépare par ceux qui sont prononcés dès maintenant ; il en sera la solennelle confirmation. «Jeune homme, réjouis-toi dans ton jeune âge, mais sache que pour toutes ces choses, Dieu te fera venir en jugement.»

S'il est vrai qu'il doit y avoir un jugement, ne prêterez-vous pas l'oreille, chers jeunes gens, à la pressante exhortation que vous adresse encore l'Ecclésiaste : « Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse? » Allez comme votre coeur vous conduit, mais sachez que pour toutes ces choses, Dieu vous fera venir en jugement. Souvenez-vous donc de votre Créateur. Dans ce feu de votre âge, au milieu de toutes les pensées, de toutes les idées, de toutes les aspirations, de toutes les espérances qui bouillonnent en vous, souvenez-vous de votre Créateur maintenant, dans votre jeunesse. Souvenez-vous de lui d'abord pour lui demander pardon de toutes les choses mauvaises que vous avez commises dans l'ardeur et la fougue de votre jeunesse, et elles sont nombreuses ! Demandez-lui d'effacer tout ce qui, dans les livres qui seront ouverts au dernier jour, est contre vous. Priez-le de faire disparaître tous vos manquements et toutes vos fautes sous l'aspersion du sang de Jésus-Christ. Souvenez-vous de votre Créateur pour lui demander chaque jour que par son Saint-Esprit il purifie votre ardeur, ce feu de la jeunesse, et qu'il dirige toutes les énergies qui sont en vous vers ce qui est bien, beau, pur, juste, vrai, grand. Ah ! la suprême sagesse ne consiste pas à transformer le jeune homme en précoce vieillard, mais à purifier le feu qui brûle en lui. Qu'il agisse, qu'il parle, qu'il sente en jeune homme, mais en jeune homme qui se tient sans cesse en la présence de son Dieu pour lui obéir et le servir.

Souvenez-vous de votre Créateur et il vous donnera la force d'accomplir votre tâche de chaque jour avec fidélité et avec joie. Oui, c'est quand Dieu vit dans le coeur que la tâche de chaque jour, si humble qu'elle soit, s'ennoblit, si banale qu'elle soit et monotone, devient intéressante et belle.

Souvenez-vous de votre Créateur et il vous donnera ce tact assuré qui vous permettra de discerner nettement ce qui vous est permis et ce qui vous est défendu, qui vous garantira de ces entraînements féconds en fautes, en chutes qui laissent leur trace indélébile dans la vie de celui qui s'en est rendu coupable, dont rien ne répare les conséquences, que nos larmes n'effacent pas, mais seul le sang du Rédempteur.

Souvenez-vous de votre Créateur, et en vous donnant la force d'accomplir votre tâche quotidienne, il vous préparera pour la grande lutte qu'un avenir, très prochain peut-être, vous réserve, et pour laquelle il faut une autre préparation qu'une jeunesse frivole, légère, dissipée. Il n'est pas nécessaire de posséder un don extraordinaire de prophétie, pour s'apercevoir que nous sommes à la veille d'une convulsion redoutable de la société. Les fondements religieux et moraux de l'édifice sont ébranlés, des doctrines de mort sont semées à pleines mains, et pendant que le culte du veau d'or pousse un grand nombre de nos contemporains à tout lui sacrifier et a faire litière de tout, des revendications ton)ours plus menaçantes et générales se font entendre de la part de ceux qui jusqu'ici n'ont ni possédé, ni joui. Il faudra du courage pour défendre la vérité attaquée ; il faudra de l'amour pour comprendre les douleurs de ceux qui souffrent, et travailler à y porter remède ; il faudra savoir dire comme saint Paul : « Ma vie ne m'est point précieuse. » C'est en vous souvenant de votre Créateur que vos coeurs s'affermiront, que vous sentirez naître en vous un saint enthousiasme pour toutes les bonnes causes et que vous serez prêts à tous les sacrifices.

L'histoire nous raconte qu'à l'époque des croisades l'enthousiasme s'empara des enfants, et qu'eux aussi partirent pour la Terre Sainte. Chers jeunes gens, la terre où nous sommes est sainte, car elle a été arrosée du sang du Fils de Dieu ; il faut la conquérir à Celui qui se l'est acquise à un tel prix. Levez-vous pour cette noble tâche ! N'ayez pas honte de Christ ! Glorifiez-le par toute votre vie ! Servez-le tous les jours ! Soyez fidèles et fermes aujourd'hui, afin que demain vous trouve, non pas enlacés dans les vanités ou affaiblis par le péché, mais les armes à la main, capables de vaincre au nom de Dieu et prêts à mourir pour sa gloire et son service. Oh ! que tout ce qui est en vous soit à Celui qui vous a tout donné ! Aujourd'hui travail, honneur, courage, fidélité, sobriété, chasteté, esprit sain dans un corps sain, joie, allégresse dans l'accomplissement du devoir, reconnaissance pour tous les bienfaits et toutes les grâces de Dieu, de tout ordre et de toute nature, et bientôt, au jour du jugement, la suprême approbation du Seigneur : Cela va bien, bon et fidèle serviteur, la couronne, la vie éternelle ! Que pas un seul ne se perde, que tous soient sauvés ! Que tous, ô jeunes gens, vous entriez et marchiez résolument dans le chemin du Ciel!

1886.


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