Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



UN PROGRAMME DE VIE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE

VI
Lire Romains XIV en entier.

Nous abordons maintenant des cas particuliers, des cas de conscience sur des questions secondaires. Je me hâte de dire que l'épithète « secondaire appliquée à une question religieuse quelle qu'elle soit ne signifie nullement sans importance, insignifiante. Dans ce domaine, rien n'est insignifiant et rien ne doit être méprisé. Nous sommes appelés à étudier ces choses et à nous faire une conviction à leur sujet. Mais il importe que nous les maintenions fermement à leur place et que nous ne leur laissions jamais usurper le premier rang. Sur les doctrines fondamentales et vitales, nous n'avons pas à hésiter ; elles sont clairement révélées. Nous pouvons et nous devons nous montrer intransigeants à leur sujet, et ne consentir à aucune concession. On ne saurait sacrifier ce qui, à proprement parler, constitue l'Évangile pour éviter d'étonner ou de scandaliser les incrédules ou les sceptiques. On ne le fait que trop, dans notre temps de piété relâchée.

Deux points sont traités par l'apôtre : la question des aliments et celle des jours, et à leur propos il s'élève aux plus hautes pensées et aux principes supérieurs, tant il est vrai que les petites choses bien comprises et abordées par le bon côté nous ramènent toujours au centre et nous portent sur les sommets.

Il existe deux catégories de chrétiens : les forts, les libres, ceux qui sont affranchis de toute distinction rabbinique et de tout joug humain ; qui savent, parce qu'ils l'ont appris de Jésus lui-même, que « ce n'est pas ce qui entre dans l'homme qui souille l'homme, » (Matth. 15, 11, 16 à 20) ; qui, avec Paul, peuvent « manger de tout ce qui se vend au marché sans s'inquiéter pour leur conscience. (1 Cor. 10, 25.) À côté de ces chrétiens qui n'acceptent d'autre joug que celui de Jésus, et d'autre loi que celle de l'Esprit de vie, on voit des faibles, des légalistes, des timorés préoccupés avant tout d'observances. Paul nous montre comment les forts doivent se comporter vis-à-vis des faibles. Il dit aussi un mot, mais un mot seulement, du devoir des faibles à l'égard des forts, mot essentiel du reste. Ce sont surtout les forts qui ont besoin d'être avertis et exhortés. Leur qualité de forts les expose à des dangers spéciaux et leur impose des obligations particulières.

Si nous rapprochons de notre chapitre le huitième de la première épître aux Corinthiens, nous voyons que les aliments dont il s'agit étaient principalement des viandes provenant d'animaux sacrifiés aux idoles, et dont la chair servait ensuite à la consommation. Or, nous savons qu'en réalité il n'y a pas d'idole dans le monde (1 Cor. 8, 4) ; l'idole est un pur néant. Nous savons d'autre part que ce n'est pas notre attitude vis-à-vis d'un aliment qui nous rendra agréables à Dieu (v, 8) ; si nous en mangeons, nous ne gagnons rien ; si nous n'en mangeons pas, nous ne perdons rien. « Le royaume de Dieu n'est ni aliment ni breuvage, mais justice, paix et joie par le Saint-Esprit, » Tel est le principe des forts en ce qui regarde le premier point.

En ce qui concerne les jours, les spirituels les regardent tous comme égaux, sauf le sabbat, le jour du Seigneur, prescrit par le décalogue, non abrogé, que l'Eglise a spiritualisé du reste et christianisé en le plaçant le premier jour de la semaine, et que le chrétien reçoit comme un don de la munificence de son Père céleste et qu'il observe en fils et non en esclave. Mais, s'élevant plus haut encore, ils placent tous les jours sur un pied d'égalité parce que tous sont une faveur du Seigneur, qu'ils les lui consacrent tous, servant leur Dieu tout aussi bien un jour ordinaire, un jour ouvrable, qu'un jour férié ; d'une autre façon il est vrai, mais qui n'a pas moins d'importance que les actes du culte privé ou du culte public, à savoir l'obéissance dans tous les détails de la vie, même les plus vulgaires. « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Cor. 10, 31)
D'autres chrétiens, moins avancés, attachent une grande importance aux fêtes établies ; ils tiennent à les observer scrupuleusement et ils y trouvent de la joie et de l'édification.

Une remarque essentielle et qui doit tracer la ligne de conduite, c'est que les uns comme les autres sont sincères. S'ils se comportent comme ils le font, c'est en vue du Seigneur et pour lui être agréables. (Rom. 14, 6.) Malheur à celui qui agirait sans foi, sans conviction, sans réflexion suffisante, par simple impulsion, inclination ou habitude inconsciente (v. 5 et 23). Il commet un véritable péché ; il risque de se condamner lui-même dans le parti qu'il prend, de tomber dans l'angoisse et dans le trouble. Mais quant à celui qui est convaincu, qui agit en conscience, s'il mange, il peut rendre grâces au sujet des choses qu'il mange et au sujet de la liberté dont il jouit ; s'il ne mange pas, il se montre aussi reconnaissant de sa maigre pitance et bénit le Seigneur de ce qu'il le tient dans l'obéissance. Il en est de même en ce qui concerne les jours.

Nous montons encore plus haut et nous arrivons au sommet, à la grande pensée inspiratrice de toute vie chrétienne digne de ce nom : Nous ne nous appartenons pas (v. 7 et s). Si nous vivons, c'est pour le Seigneur ; si nous mourons, c'est pour lui aussi. Nous sommes à lui en tout et pour tout. Nous relevons de lui comme de notre Maître ; nous dépendons de lui et de lui seul. Il s'agit avant tout de le glorifier et d'agir en toutes choses en vue de son règne dans les coeurs. De là découle tout naturellement notre attitude vis-à-vis de frères qui ne pensent pas comme nous. Nous ne sommes point appelés à renoncer à nos lumières et à nos convictions, ce serait nous demander une chose impossible ; mais à renoncer à les faire prévaloir sur ceux qui ne les partagent pas, à les leur imposer de force en quelque sorte. Ils arriveront d'eux-mêmes sous la direction de Dieu au point où nous en sommes. « Il sera affermi, dit l'apôtre, car le Seigneur a le pouvoir de l'affermir. » (v. 4).

Nous pouvons maintenant déduire les règles et applications pratiques :

Que le fort ait vis-à-vis du faible une simple et naturelle ; qu'il l'accueille avec bonté sans juger et sans discuter ses opinions, laissant au Seigneur le soin de l'éclairer toujours davantage, et le lui demandant.

Qu'il se garde de le mépriser, de lui faire sentir sa supériorité et de l'humilier au sujet de ce qu'il est tenté de nommer son ignorance ou sa superstition (v. 3).

Qu'il se garde aussi de l'affliger, de l'attrister par ses actes en usant de sa liberté d'une manière inconsidérée, sans tact, sans délicatesse et sans ménagements, avec cette raideur et cette intransigeance qui heurtent de suite.

Enfin et surtout, qu'il se garde de le scandaliser en le poussant par ses paroles et par son exemple à agir contrairement à sa conscience (v. 13 à 15).

Scandaliser quelqu'un, c'est mettre sur son chemin une pierre d'achoppement, quelque chose qui le fera trébucher et tomber, quelque chose qui le portera à agir en opposition avec sa foi, avec sa conviction ; qui l'induira par suite à la désobéissance et au péché. Ce que tu peux manger sans crainte, mon frère, lui ne le peut pas (v. 20, 21).

Par condescendance, par charité, tu dois renoncer à ton droit, à ton privilège, si en l'exerçant tu risques de nuire à ton frère. Il est toutefois des cas où c'est un devoir pour nous de ne point faire de concessions et de revendiquer notre pleine indépendance : c'est quand nous nous trouvons en présence de doctrines qui, toutes secondaires qu'elles soient, se montrent subversives et pernicieuses. (Col. 2, 16 à 19.)

Le faible, celui qui observe les jours et celui qui ne mange pas de tout a pour devoir de ne pas juger celui qui jouit d'une plus grande liberté que lui, de ne pas le traiter comme un impie ou un infidèle (v. 3).
Souvenons-nous tous que nos frères ne sont pas nos serviteurs, qu'ils ne sont point appelés à obéir à nos idées et à se soumettre à nos volontés. Qu'ils demeurent fermes ou qu'ils tombent, cela regarde leur Maître (v. 4.). À lui seul ils auront à rendre compte. N'ayons pas l'outrecuidance de vouloir prendre sa place.

Voilà des principes qui sont actuels au plus haut degré. Sans doute, il ne s'agit plus aujourd'hui de viandes sacrifiées aux idoles, mais il existe encore des gens attachés aux jeûnes ; des gens qui, par principe, suivent un régime, - des végétariens par exemple, - s'abstiennent du sang et des animaux étouffés, ou s'imposent des privations. Quant aux jours, il se manifeste des différences de points de vue et d'habitudes. On constate aussi des divergences au sujet des formes du culte, les uns y tenant beaucoup, les autres n'en faisant guère de cas ; les uns partisans, les autres adversaires de la liturgie et de la solennité. Dans toutes ces questions, parfois si vivement débattues, ne perdons jamais de vue les préceptes de tolérance et d'amour fraternel que nous venons de passer en revue.

Ici se place tout naturellement le vaste sujet des adiaphora ou choses appelées à tort indifférentes, car dans la vie de l'enfant de Dieu rien n'est indifférent : danse, théâtre, jeux, soirées, romans, distractions, etc. L'examen de l'attitude du chrétien à l'égard de ces choses a tenu une grande place dans le réveil allemand du dix-huitième siècle, provoqué par Spener. « Spener, dit Bost dans son Dictionnaire d'Histoire ecclésiastique, condamne comme contraires à la sainteté de la vie tous les plaisirs mondains (Calvin l'avait fait avant lui avec une rigidité terrible ; de là les lois somptuaires), les jeux, danses, théâtres, promenades, plaisanteries, luxe dans la nourriture et dans les vêtements. Il n'avait en vue que certains excès dont il avait été témoin, mais il y avait de l'excès dans son jugement trop absolu et ses adhérents allèrent plus loin encore que lui.... Les opposants, cependant orthodoxes, maintinrent qu'il existe des choses indifférentes et ils en dressèrent la liste ; mais ils exagérèrent à leur tour et quelques-uns de leurs arguments laissent beaucoup à désirer.... Cette controverse a duré longtemps, elle n'est même pas terminée, et par sa nature, elle échappe à une solution ; c'est à la conscience chrétienne de chacun de la résoudre pour son propre compte. » (1 Cor. 10, 31.)

Ici encore, évitons de juger nos frères, et surtout évitons de les scandaliser, nous souvenant que ce que nous pouvons faire sans courir aucun danger pour notre vie spirituelle, eux ne le pourraient pas. Ainsi alors même que je pourrais sans crainte assister à telle représentation théâtrale, (ou lire tel roman), je dois renoncer à cette jouissance si, m'y livrant, j'ai l'air d'approuver le théâtre tel qu'il est compris et réalisé, et en particulier la profession d'acteur ; mais surtout si par mon exemple je risque de pousser des faibles à faire comme moi, ce qui peut les conduire loin dans la voie du mal. Je pourrais ainsi devenir l'instrument de leur perdition, le meurtrier de l'âme de mon frère.

Un mot sur le vin, en terminant, puisque l'apôtre lui-même en parle (v. 21). J'ai tous les droits à mon verre de vin », pourvu que je n'en abuse pas. Mais s'il est une occasion de chute pour d'autres, je dois y renoncer aussitôt. À plus forte raison si, en le retranchant de mon ordinaire, je puis devenir un instrument de relèvement pour mon frère tombé, je ne dois pas hésiter à l'apporter sur l'autel et à l'y offrir joyeusement à mon Dieu.


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