Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



UN PROGRAMME DE VIE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE

III
Lire Romains XII, 9 à 21.

Nous entrons maintenant dans le détail de la vie collective ou commune. Il est entendu que chaque membre du corps de Christ est tout pénétré d'humilité et se trouve précisément à la place que réclament les dons qu'il a reçus de la main libérale du Seigneur.
Que la charité soit sincère, traduit-on d'ordinaire.
Il y a dans le texte : Que l'amour soit sans hypocrisie.

Le beau mot de charité est si mal compris et on en fait un tel abus qu'il vaut mieux employer tout simplement celui d'amour, qui est d'ailleurs son équivalent dans le langage du Nouveau Testament ; sans hypocrisie, c'est-à-dire sans fausseté, sans duplicité. « Cet amour ne doit pas comme l'amour mondain (et charnel ajouterons-nous) se chercher lui-même dans les autres et pour cela aimer et tolérer en eux le mal, mais plutôt le haïr, même et surtout dans les êtres les plus chers et s'attacher en eux au bien que Dieu y a mis par sa grâce (1). » L'amour égoïste manque de courage et de franchise. II voit bien les travers et les lacunes de ceux auxquels il s'attache, mais il n'ose pas les signaler et les reprendre de crainte de froisser et de s'aliéner les coeurs et les bonnes volontés. L'amour altruiste, qu'on nous passe ce qualificatif barbare, mais commode, cherchant avant tout le bien de l'être aimé, peut et sait dire ce qu'il faut dire. Tel est le sens de ces paroles : « Ayez le mal en horreur ; attachez-vous fortement au bien » (littéralement : vous tenant collés au bien.) Nous soulignons les expressions qui montrent que ce n'est pas placidement et platoniquement que nous considérons les choses et que nous les signalons. Le chrétien a l'âme ardente, il est saintement passionné contre le mal et pour le bien, sans acception de personnes.

Par amour fraternel soyez pleins d'affection (ou de tendresse) les uns envers les autres ; par honneur soyez pleins de respect, d'égards et de prévenances, allant les uns au-devant des autres, n'attendant pas que ceux qui ont eu des torts envers vous, ou qui socialement devraient s'approcher d'abord, fassent les premiers pas. D'ailleurs, dans une querelle, écoutez les deux parties, prêtez l'oreille aux deux cloches ; elles rendent le même son : c'est l'adversaire qui a tous les torts, et c'est à lui, par conséquent, qu'il incombe de venir s'humilier et reprendre les relations rompues. Au point de vue social, le riche, l'homme haut placé, entend que le pauvre commence les politesses et le pauvre prétend que c'est au riche à les inaugurer ! La Parole de Dieu nous place sur un tout autre terrain, qui n'est pas celui du raisonnement, des considérations d'ordre purement terrestre ou des mesquins calculs. Elle nous dit : N'attends pas qu'on vienne, va le premier.

Quant au zèle ; ne soyez point paresseux. Il s'agit encore et toujours de nos relations avec nos frères. Nos versions anciennes ont donc raison d'ajouter ces mots qui ne sont pas dans le texte « à vous employer pour autrui. » Cet empressement découle tout naturellement de l'affection vraie, qui devient effective sans peine, sans effort en quelque sorte.

Fervents d'esprit : pleins d'ardeur, pleins d'enthousiasme dans tout ce que vous faites pour le prochain et dans tout ce que vous dites au prochain. Rien de froid, de calculé ni de guindé, mais de la chaleur de coeur et de la spontanéité. Et cela par la raison que nous rapporterons tout au Seigneur et qu'en servant nos frères, c'est lui-même que nous servons. Comme cette pensée ennoblit toutes nos relations et tous nos actes !

Joyeux dans l'espérance, patients dans l'affliction, persévérants dans la prière. Ce verset 12 ne saurait se détacher de tout le contexte ; il ne revêt pas le sens général qu'on lui donne presque toujours, mais il s'applique, de même que ce qui le précède et ce qui le suit, aux relations entre frères. Nous espérons toujours, au sujet de ceux qui, avec nous, constituent la famille de Dieu, et cela malgré les apparences les plus défavorables, parce que nous croyons à l'amour et à la puissance de Dieu ; et cette espérance nous rend joyeux. Dans les déceptions et les déboires, nous sommes patients, ce qui veut dire que sans nous plaindre et sans récriminer, nous nous courbons et nous attendons dans le silence l'heure de Dieu. Ne savons-nous pas qu'aimer c'est souffrir et que les souffrances de notre Maître ont été le fruit à jamais béni de son amour pour nous ?
Nous attendons de meilleures choses pour ceux et en ceux que nous aimons, parce que nous ne cessons pas de prier pour eux et que nous croyons que nos prières sont entendues et qu'il y sera certainement répondu tôt ou tard et d'une manière ou d'une autre, Dieu se réservant le moment et les moyens.

Subvenez aux besoins des saints : Le texte grec est plus énergique et plus étendu dans son application : Ayez en commun besoins des saints, ou encore : communiez avec les besoins des saints, ou : participez aux besoins des saints. Les saints, ce sont nos frères en Christ. Il s'agit des besoins de toute nature, des besoins spirituels tout autant et même plus que des besoins matériels. C'est là le vrai communisme. Par lui, nous sommes invités à prendre notre large part de ce qu'ils ont, de leurs préoccupations, de leurs aspirations et de leurs privations ou de leurs besoins, et à leur communiquer ce que nous avons. C'est un échange de tous les instants et de toutes choses.

Poursuivant l'hospitalité, comme un chasseur poursuit sa proie, ce qui montre qu'elle ne se laisse pas facilement atteindre. L'hospitalité est une vertu antique et orientale qui tend à disparaître de notre société toujours plus affairée et agitée. Nous craignons d'être gênés, dérangés dans nos mouvements perpétuels et dans nos habitudes aussi régulières et ponctuelles qu'elles sont égoïstes. Exercer l'hospitalité, c'est remporter une victoire signalée sur soi-même. C'est pour cela que cette vertu est particulièrement recommandée. Ce qui importe d'ailleurs, c'est que nous ouvrions notre coeur plus encore que notre maison ; et ne craignons pas qu'il finisse par être trop rempli ; il a la propriété de s'élargir à mesure qu'il se peuple ; quand le coeur est ouvert, les mains et la demeure s'ouvrent facilement et largement. Il existe une différence essentielle, soit pour ceux qui agissent, soit pour ceux en faveur desquels on agit, entre les personnes qui exercent l'hospitalité par obligation, et par suite sans bonne grâce et sans joie, et celles qui le font avec amour, la regardant comme un honneur et un privilège qui leur est accordé. Dans Héb.13, 2, nous voyons qu'entre autres risques auxquels nous nous exposons en ouvrant nos de meures à des frères en Christ, nous courons celui de loger des anges, des envoyés, des messagers de Dieu, ses mandataires pour nous transmettre quelque grâce, quelque don spirituel. Il pourra arriver en fin de compte que ce soit nous qui recevions le plus gros ou le plus précieux bénéfice dans l'affaire.

L'apôtre passe ensuite des relations avec nos frères à nos relations avec nos ennemis, avec ceux qui nous sont hostiles et nous persécutent, et qui ont de ce fait un droit tout particulier à notre intérêt et à notre sollicitude. Il est facile de voir l'harmonie complète entre l'enseignement de Paul et celui de son Maître sur cet important sujet. (Voir Matth. 5, 44.)

Quelques directions sur ce point délicat ressortent clairement de notre texte. Il me suffira de les énumérer.

Nous devons nous efforcer paix avec tous les hommes, même au prix des renoncements et des sacrifices les plus grands. Si nous avons des ennemis, ce qui peut fort bien arriver par le seul fait que nous sommes enfants de Dieu et que nous voulons vivre conformément à sa volonté, il faut que ce soit malgré nous, sans que nous y soyons pour autre chose que pour notre fidélité au Seigneur.

Aux mauvaises paroles, aux paroles de blâme ou de malédiction, aux paroles de médisance ou de calomnie, nous devons répondre par des paroles de douceur, d'humilité et de bénédiction.

Aux actes de méchanceté nous devons répondre par des actes d'amour et de dévouement. (v. 20.)

Cependant, il reste une justice qui doit être hautement sanctionnée, car sans justice il n'y a pas de monde moral possible. C'est pour cela que le Nouveau Testament comme l'Ancien établit et maintient la justice. Il faut vraiment que toute justice s'accomplisse une fois. Toute parole ou tout acte inique, doivent recevoir leur salaire. C'est là la colère et la vengeance qui doivent se manifester un jour. Mais ce n'est point notre affaire, c'est celle du Juge suprême qui sonde les coeurs et les reins et connaît toutes les circonstances aggravantes ou atténuantes. Remettons-lui notre juste cause et laissons-lui le soin de la vengeance. Notre affaire à nous, c'est le renoncement et la charité, à l'exemple de notre Sauveur. Par le pardon et les bons procédés nous amasserons des charbons de feu sur la tête de nos ennemis, ce qui veut dire que nous allumerons sur leur conscience un feu qui pourra, les amener à la repentance et au salut. Rien n'impressionne davantage tous les hommes, parce que rien n'est plus rare, même parmi ceux qui se disent chrétiens, que le pardon des offenses manifesté par des paroles et des actes d'amour. C'est ce qui frappe le plus l'humanité tout entière dans le caractère de Jésus Mais pour le réaliser, nos propres forces sont loin de suffire : il faut une action puissante et constante du Saint-Esprit.

Nous arrivons à présent aux relations avec tous les hommes sans distinction et sans exception. Le verset 15 réclame de nous en tout premier lieu ce qu'on appelle la sympathie. Ce mot est insuffisant pour exprimer la chose, puisqu'il ne désigne guère dans le langage courant que la participation à la souffrance d'autrui, tandis que nous sommes appelés à nous réjouir de la joie du prochain tout autant qu'à prendre part à sa douleur.

Reconnaissons d'ailleurs avec humiliation qu'il nous est plus facile de pleurer avec ceux qui pleurent que de nous réjouir avec ceux qui sont dans la joie. Notre mauvais coeur jaloux ou envieux ne trouve pas volontiers satisfaction dans les succès, la réussite et la prospérité d'autrui. Il est, du reste, tellement rusé que lorsqu'il pleure ou se réjouit, soi-disant par sympathie, c'est en réalité sur et pour nous-mêmes qu'il pleure et se réjouit. Nous nous mettons tellement à la place des autres qu'il ne reste plus de place pour eux ! - En outre, nous nous voulons du bien, nous nous trouvons très vertueux, nous nous faisons un mérite devant nous-mêmes, si nous n'osons pas le faire devant Dieu et devant les hommes, de notre commisération, de nos paroles bienveillantes et de nos actes empressés. Prenons garde à la sympathie égoïste, à la sympathie dans laquelle nous nous recherchons nous-mêmes ! Et souvenons-nous d'autre part que la sympathie vraie, désintéressée, généreuse, est la clef qui peut ouvrir le coeur des hommes à l'influence de notre témoignage chrétien et à l'action de l'Évangile.

L'apôtre poursuit Soyez unis dans une même pensée de vérité et d'amour les uns envers les autres. La réciprocité est une condition essentielle d'entente et entre les membres de l'humanité. Elle s'appelle encore d'un autre nom, la sincérité. Elle manque malheureusement presque toujours. Si nous savions ce que nos frères en Christ, pour ne pas parler des gens du monde, et ce que nos meilleurs amis pensent et disent de nous, nous en serions parfois bien affligés ou blessés. Mais si nous l'ignorons d'une manière précise, leurs appréciations sur notre compte créent un je ne sais quoi qui se sent et influe sur les relations.

Nous aurons une autre opinion de nos frères et des hommes en général, et ils en auront une autre à notre sujet si nous ne mettons pas nos pensées aux « choses élevées (v. 16) et si nous n'en nourrissons pas nos imaginations. Le fait de nous laisser dominer par l'amour des grandeurs créé chez nous sans que nous nous en doutions une attitude déplaisante aux autres. Il engendre les divisions, les sectes, les partis ; il rend susceptible, défiant ; il crée d'innombrables et interminables froissements. Laissons-nous plutôt « entraîner » par les choses humbles. Quel mal elles se donnent, ces choses humbles, pour attirer et captiver notre attention ! Et quelles résistances elles trouvent en nous ! Quel degré de dépouillement ne faut-il pas pour que nous arrivions à reconnaître que nous avons besoin de la sagesse, des conseils et de l'appui des autres, et que nous ne saurions nous suffire à nous-mêmes !

La conclusion de tout ce fragment, c'est que nous devons surmonter le mal par le bien. Le bien seul peut tuer le mal, on ne détruit vraiment que ce qu'on remplace. Puisse le mal quand il s'approchera de nous trouver la place entièrement occupée ! Et puissions-nous répondre à ses sollicitations : Point de place pour toi ! Tout est rempli par l'Esprit de mon Dieu ; tu arrives trop tard. Arrière de moi !


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