Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Nous les jeunes

IlI.
LA FEMME
(Suite)

Les savants ont essayé d'expliquer l'origine de l'amour. Ils ont raison lorsqu'ils affirment que le sens sexuel plane au-dessus du berceau de tout amour naissant. Et, en réalité, il est naturel que l'homme cherche à conquérir la femme. Lorsque, soit un homme, soit une femme, en arrivent à éprouver l'un pour l'autre des sentiments bien réels, la coquetterie leur répugne, et ils la repoussent d'un commun accord, car elle constitue toujours un empiétement dans le domaine de celui qui en est l'objet. Comme dans l'acte sexuel les spermatozoaires recherchent l'ovule pour le pénétrer et le féconder et que la voie qui conduit l'élément mâle à la rencontre de l'élément féminin est purement physiologique, ainsi la recherche de la femme par l'homme et l'acquiescement volontaire de la femme sont, socialement et intellectuellement, la seule voie normale, la seule saine. La femme qui reste ainsi dans son rôle, y trouvera une protection puissante pour son honneur.

Mais il y a cependant tant de mariages qui ont été conclus de la sorte, et qui n'en ont pas moins été ensuite des unions malheureuses ! Je l'accorde ! Mais une grande partie de ces unions malheureuses n'auraient-elles pas pu être évitées, si l'homme, dans le feu de son premier amour, n'avait pas cru devoir aller de l'avant, sans réfléchir et sans s'examiner lui-même. Pour un premier amour, la jeune fille est toujours le modèle de toutes les vertus. Un amoureux n'est tout simplement pas capable de voir clair. C'est pourquoi, il doit laisser passer la première ivresse, et examiner, après plus intime connaissance avec la jeune fille de son choix, si son amour est de ceux qui durent, surtout lorsqu'il aura écarté de son imagination l'idée qu'« elle » est « un ange », sans défaut et sans tache ! Il se demandera s'il se sent capable de passer une vie entière avec elle, et si les défauts découverts chez l'aimée ne tueront pas l'amour. La vie n'est pas une partie de plaisir, mais une chose sérieuse, quoique heureuse. La femme est plus que la compagne de jeu de l'homme, elle est son aide. Celle qui plaît le plus comme compagne de jeu est peut-être la moins propre à aider son mari, à prendre part à ses travaux et à le rendre heureux. Ce n'est donc pas avec les sentiments d'un amoureux, mais avec ceux d'un être aimant, que tu dois rechercher la femme que tu veux t'attacher.

« Tu es ma force lorsque je suis las et chancelant,
Tu es mon soleil quand le jour s'obscurcit ! »

Celui qui peut dire cela de la femme qu'il aime a le droit de la demander en mariage.

L'amour qui conduit au mariage s'empare de toutes les forces de l'homme - de sa force sexuelle, aussi bien que des autres - et les porte à leur plus grande puissance. Même le jeune homme qui, avant ses fiançailles, n'a pas été assez sévère pour lui-même, aura en horreur pendant le temps de ses fiançailles, les rapports avec d'autres femmes ; car, s'il aime sa fiancée, tous ses désirs se dirigeront vers elle et trouveront leur expression et leur satisfaction dans la tendresse dont il l'entourera. Mais s'il est resté pur, ou s'il a reconquis, après un moment de défaite, la domination sur lui-même, et suivi courageusement le chemin de la pureté, il se jettera, conscient de sa virilité et avec une joie indescriptible, dans les bras de sa fiancée, et trouvera dans le parfum de sa virginité une récompense précieuse pour l'acquisition de laquelle il valait bien la peine de lutter pendant des années

C'est pruderie ou hypocrisie que de prétendre que l'homme ne doit pas voir le sexe chez sa fiancée car c'est justement ce qui distingue la fiancée de l'amie. Par le « oui » qu'elle accorde à notre demande, elle nous donne son corps et sa vie, elle s'attache à nous, non seulement « jusqu'à ce que la mort nous sépare », mais pour former une union indissoluble. Tandis que les amitiés peuvent être anéanties, soit par des souffrances et des douleurs, soit par des événements imprévus et irréparables.

Si je parle de l'indissolubilité du lien qui unit les fiancés, ce n'est pas par considération pour des idées et des coutumes ecclésiastiques quelconques, ni par considération pour le code civil qui rend difficile la rupture du mariage ; je ne pense, ici, qu'à l'indestructibilité, toute naturelle et compréhensible, de l'amour qu'éprouve celui qui a trouvé l'être qui lui appartient et le complète. Mais l'amour n'est indestructible que là où deux créatures humaines s'élèvent ensemble, se comprennent, symphonisent, et où, pour chacune d'elles, la force d'attraction sexuelle est la plus forte expression du sentiment qu'elles ont de s'appartenir l'une à l'autre.

Quelque pénible que cela puisse être dans ses conséquences, surtout pour la fiancée, ce n'est certainement pas un malheur que des fiançailles rompues. Lorsque ce ne sont pas des raisons extérieures, viles, ou même pécuniaires qui amènent la rupture, celle-ci est toujours un signe que deux êtres étaient sur le point de s'unir, alors qu'ils n'auraient jamais pu former une union harmonieuse. La douleur de la séparation, le bavardage des gens, toutes choses pénibles qui accompagnent une semblable rupture ne sont pas comparables au malheur, beaucoup plus grand, qui a été évité.

Nous n'avons pas à parler, ici, de la part de responsabilité qui incombe au sexe féminin dans tant de fiançailles rompues et de mariages malheureux. C'est aux femmes à s'en entretenir. Inutile aussi de gémir et de nous plaindre de ce qu'actuellement. comme dans tous les temps, toutes sortes de mobiles conduisent au mariage, sauf celui qui en aurait seul le droit : l'amour, de ce que des considérations d'affaire, de rang, de politique même, font entendre leur voix où l'amour seul devrait parler. Mais nous sommes bien obligés de reconnaître que, grâce à la vie que nous avons menée, antérieurement à notre mariage, nous, les jeunes hommes, sommes en grande partie responsables de l'affaiblissement de la vie domestique, et que, maintenant, nous devons nous lever pour travailler à sa guérison. Devenons modernes, dans le vrai sens du mot, devenons des personnalités fortes et honnêtes, et cessons de considérer la femme comme un complément uniquement destiné à satisfaire notre instinct sexuel, et dont nous puissions abuser au gré de nos caprices. Ne troublons pas nous-mêmes notre vision en laissant les femmes, les unes après les autres, tendre leurs filets autour de nous. Un jour viendra où nous saluerons avec allégresse cet autre nous-mêmes que l'avenir nous tenait en réserve pour notre plus grand bonheur ; nous l'enserrerons de nos bras vigoureux, défiant toute puissance ennemie de nuire à notre bonheur. Or, le bonheur, dans toute sa plénitude et sa profondeur, est la récompense accordée à la pureté.

« Alors notre home devient un lieu de paix ; il ne nous protège pas seulement contre l'injustice et l'outrage, mais aussi contre toute frayeur, contre le doute et la discorde. Cependant, aussitôt que l'agitation de la vie extérieure s'y introduit, que l'homme ou la femme permettent au monde extérieur, cet ennemi anonyme et détesté, de franchir son seuil, il cesse d'être un intérieur ; il n'est plus alors qu'une partie de ce monde extérieur que tu abrites et dans laquelle tu as allumé un feu. Mais tant qu'il demeure un lieu saint, un temple inviolé, l'autel du Foyer, protégé par des dieux lares (1), devant la face desquels ne peuvent paraître que ceux qui se les sont rendus favorables ; tant que c'est cela, et que le toit et le feu ne sont que des emblèmes d'un abri et d'une lumière plus nobles, - d'un abri semblable à celui qu'offre un rocher au milieu d'un pays désolé, d'une lumière telle que celle du phare au milieu de la mer orageuse - alors il justifie son nom de home. » (Ruskin.)

Le raffinement extérieur de notre civilisation, l'exagération du confort et de la jouissance, le goût déplorable pour tout ce qui brille et, comme conséquence, l'éducation contre-nature de la femme - éducation qui meuble le cerveau des jeunes filles de toute espèce de connaissances, mais ne leur confère aucune des qualités de la maîtresse de maison ou de la mère de famille - ont répandu parmi nous la frayeur du mariage. Plus d'un jeune homme, en position de se marier, préfère mener une vie mesquine de célibataire, plutôt que de s'accorder le bienfait de la vie de famille, avec ses joies et ses peines. Il prétend se sentir très bien dans sa peau. Et c'est ce que je déplore le plus. Le sentiment de ce qui manque à sa vie lui échappe complètement ; « l'homme » est en danger de mourir en lui.

« Il est bon pour l'homme de se marier, afin que son être se complète et qu'il soit vraiment un homme. Car Dieu ne se reposa pas après la création de l'homme ; Il ne créa pas seulement un homme ou seulement une femme. Mais Il créa l'homme et la femme, afin que le genre humain fût parfait. De même, celui qui possède la main droite et se passe de la main gauche n'est pas parfait. Et celui qui a la main gauche, et pas de main droite, n'est pas parfait non plus. Les deux mains ont été données à l'homme, afin qu'il soit parfait. La main droite ne dit pas : A quoi sers-tu, main gauche ?... Je suis la main. Et la gauche ne dit pas, non plus, à la droite : A quoi sers-tu ?... Je suis la main ; car, ensemble, elles sont parfaites. Ainsi en est-il de l'homme et de la femme. La main droite boucle la ceinture, ce qui est nécessaire. La main gauche porte la cruche à eau dont tu as besoin. Celui qui perd sa ceinture et l'argent qu'elle renferme ne peut pas vivre. Et celui qui n'emporte pas de cruche à eau succombe. Il en est de même pour l'homme et la femme. » (Multatuli.)

Si un homme reste célibataire, lorsque aucun devoir sérieux ne l'empêche de se marier, non seulement il pèche contre sa génération, mais il se prive du meilleur des biens que cette terre puisse lui offrir. « Le mariage est la vocation de l'humanité, une éducation pour l'individu, une source de jeunesse éternelle, la base, la source première de la vie en commun et du travail économique. Tu dois te marier si tu n'as aucune raison précise et personnelle à alléguer contre le mariage. Ces raisons personnelles peuvent provenir du dehors ou être très intimes. Elles ne dépendent que de ton propre jugement, et tu es pleinement en droit de te raidir et de refuser de répondre à toute personne qui cherche à s'immiscer dans ce domaine. C'est toi qui te lieras pour toute la vie, toi, et non ton père, ni ta mère ! Le mariage est une décision qu'on doit prendre pour soi-même, car personne ne sera disposé à en supporter les conséquences à notre place. Mais n'oublie pas de t'examiner toi-même, en te plaçant bien en face des devoirs qu'entraîne le mariage. Il y a des gens qui sans prendre de résolution, attendent, et attendent encore, voulant bien, mais ne se décidant jamais, toujours mécontents d'eux-mêmes et qui, finalement, restent célibataires. À eux s'adresse l'appel que la Bible fait entendre dans ces simples mots : « Croissez et multipliez, et remplissez la terre ! » Ce sont les grandes familles qui ont fait la grandeur d'Israël, et tous les peuples devraient avoir cet idéal. Dieu veut que les peuples aient la volonté de s'accroître. Lorsqu'ils n'ont plus cette volonté, ils tombent dans une pernicieuse sensualité, et perdent les forces nécessaires à la lutte pour l'existence... » (F. Naumann.)

J'ai déjà dit que c'était pruderie ou hypocrisie que de ne pas vouloir voir la femme dans la fiancée. Dans les couches profondes de notre peuple, règne aussi cette idée que les rapports sexuels peuvent commencer avec les fiançailles. Bien plus, à la campagne, les fiançailles ne sont souvent regardées comme indissolubles que lorsque la fiancée a conçu un héritier pour la maison.

Il est inutile de s'élever contre de telles pratiques et de s'en plaindre. C'est un usage qui dure depuis des siècles, il est entré dans l'âme du peuple, et si la santé de la vie nationale et domestique n'en souffre pas, le mieux est de laisser les choses en l'état, jusqu'à ce qu'une culture personnelle supérieure atteigne aussi ces couches populaires. Ces coutumes dans lesquelles, étant donnés les rapports naïfs et les idées de cette classe, l'honneur de la jeune fille est à peine atteint, n'ont rien de commun avec le raffinement de jouissance sexuelle qu'offrent la « liaison » ou la prostitution.

Nous aussi, nous voyons la femme dans la fiancée, et nous nous en réjouissons d'autant plus que nous sommes restés plus purs. C'est néanmoins une raison plus forte que le simple respect des convenances qui nous oblige, nous autres jeunes gens de la classe cultivée, à réfréner nos désirs, et à nous interdire tout rapport sexuel avec notre fiancée. Les convenances qui veulent que la femme ne se donne qu'à son mari, l'idée que le mariage seul rend les rapports sexuels légitimes, sont un héritage que nous ont transmis les générations successives. Que nous en admettions, ou non, la raison d'être, que nous accordions, ou non, à la, parole du magistrat ou à la bénédiction de l'ecclésiastique, le pouvoir de rendre légitime ce qui auparavant était illégitime, notre fiancée, si peu imbue soit-elle d'idées du bon vieux temps, est pénétrée de respect pour ces convenances, et se refusera farouchement à tout désir qui sortira des bornes de ces bonnes moeurs. La jouissance sexuelle, pendant les fiançailles, affecte toujours, de la part du jeune homme l'apparence d'un rapt, elle ne devient, pour la femme, un abandon plein d'amour que dans le mariage. C'est pourquoi nous honorons dans notre fiancée le désir naturel, jamais exprimé, de rester pure corporellement. Les relations que nous avons avec elle, la tendresse dont nous l'entourons, sont, dans un autre sens il est vrai que chez l'amie, la preuve de la force que nous avons acquise, et l'école qui nous apprend à séparer de l'instinct sexuel ce qu'il renferme de bestial pour le transformer. Plus la sécurité avec laquelle notre fiancée reposera dans nos bras sera grande, plus fort sera le sentiment de protection dont elle jouira. Il est aisé d'allumer un feu, mais difficile de s'en rendre maître ensuite.

Encore un mot ! Une jeune fille candide qui a grandi sous la protection sûre du foyer paternel, supposera, en général, chez son fiancé la même innocence que celle qu'elle possède. Une jeune fille pure ne peut que très difficilement se faire à l'idée que l'abandon du corps est une industrie, et que la jouissance sexuelle peut devenir une marchandise que l'on se procure facilement avec de l'argent. Avec une confiance toute naturelle, elle va au devant de son fiancé, et ne songe pas un instant que lui aussi peut s'être plongé dans ce mystérieux monde de souillure. Le jeune homme peut-il la laisser dans l'erreur et lui cacher sa faute, s'il a des aveux à faire ? Non, dirai-je, en aucun cas ! Le mariage reposerait alors sur une supposition fausse, et cela ne peut jamais rien amener de bon. Que le fiancé s'arme de courage, et confesse ce qu'il a à confesser. Pour agir ainsi, il faut certainement beaucoup de tact et de courage, et suivant les circonstances, il vaut parfois mieux attendre après le mariage pour faire ces aveux. Ils peuvent amener une crise, qui n'est cependant pas insurmontable, et la victoire remportée augmentera la confiance réciproque. Une union qui repose sur l'amour vrai peut supporter un semblable aveu. Loin de nous la pensée de vouloir soutenir la théorie des « deux morales » mais, d'autre part, nous sommes certains que la structure physiologique de l'homme l'expose à un danger plus grand de perdre sa pureté. (Nous sommes, toutefois certain aussi, qu'une force plus grande lui est accordée pour surmonter ces dangers plus grands.) Je crois que la femme a un sentiment instinctif de cette différence de situation, et pardonnera. Le pardon attache doublement l'un à l'autre. Une des femmes les plus heureuses que j'aie jamais rencontrées, me disait une fois : « On ne s'aime jamais mieux que lorsqu'on a eu quelque chose à se pardonner ! »

Je ne veux pas faire parler un moraliste, mais un médecin, Schönenberg, sur la mauvaise habitude des noces luxueuses, sur l'usage, nuisible à la santé, des voyages ; de noces il dit : « Si l'on savait combien certains principes délétères peuvent agir sur la progéniture, on se garderait bien de célébrer, comme on le fait aujourd'hui, les veilles de noces et le jour du mariage. L'amollissement intellectuel et corporel des parents au moment de la procréation constitue un danger, et l'on sait aussi, d'une manière certaine, que l'alcool peut empoisonner les germes reproducteurs. La vie en formation y perd sa force de résistance... Si l'usage t'oblige à boire, ne prends que des boissons sans alcool. Tu ne te feras ainsi aucun mal, et tu t'assureras la postérité que tu es en droit d'attendre... Le voyage de noce ouvre le cortège des absurdités, si nombreuses dans certains mariages... L'instinct sexuel est violemment excité. Les organes, jusque-là plus ou moins en repos, entrent en activité. Ces excitations mettent le système nerveux dans un état d'irritation excessive. Une vie calme et tranquille est, à ce moment, la meilleure voie à suivre pour apaiser la tempête, pour calmer les vagues déchaînées. Par contre, tout ce qui augmente l'excitation peut occasionner des troubles du cerveau et de la moelle épinière, et chez la femme, des maladies des organes génitaux très sensibles pendant les premiers temps du mariage. Il n'est donc pas étonnant que le voyage de noce dépose souvent dans le corps de la femme les germes d'un état maladif perpétuel. »

Je sais bien qu'actuellement il faut un certain courage pour suivre la voie indiquée par la nature et choisir, par exemple, au lieu du voyage de noce fatigant, un tranquille séjour de campagne dans les environs. Mais c'est le courage qu'inspire la vérité. Si l'un attend que l'autre commence, nous n'avancerons jamais.

La société de femmes mariées, envers lesquelles toute pensée impure, même non exprimée, constituerait une offense, peut être une bonne école pour nous. La femme mariée contribue au rajeunissement de notre génération. Nous honorons en elle la mère, notre propre mère. Lorsque j'étais étudiant, j'ai connu une femme que le poids des souffrances physiques et des revers de fortune avait vieillie avant le temps. La maladie rendait son mari incapable de remplir les devoirs de sa position, de telle sorte que la protection et la direction de la maison reposaient entièrement sur elle ; je l'ai vue se mouvoir entre des lits de malades et des cercueils, et jamais l'héroïsme de la femme, de la mère, ne m'est apparu plus grand, et le devoir de rester pur en face de semblables femmes, plus distinct. L'amour respectueux qui nous attire vers elles est un bain purificateur, sans égal, pour nous dépouiller de notre sensualité. C'est pourquoi, aucun de ceux d'entre nous qui doivent vivre loin de la maison paternelle, ne devrait se résigner à se contenter d'une auberge, mais, si possible, chercher à être reçu dans une famille où il apprendra à connaître des femmes qui, sans le savoir ou le vouloir, lui rendront le même service que cette vaillante femme me rendit.

Les relations amicales avec une famille où vit une femme pure ont toujours quelque chose d'encourageant, non pas exclusivement en éveillant en nous de nouveaux intérêts ou en développant ceux qui existent déjà, mais en augmentant d'une façon générale notre force virile et notre faculté de sentir.

Dans le cas où il ne réussirait pas à trouver des relations de famille amicales, le jeune homme devra transformer sa solitude en une source de force. Il y a des personnes qui ont une vraie frayeur de la solitude ; mais cette frayeur n'est pas autre chose que la peur de soi-même. On est, pour soi, un compagnon si incommode, qu'on ne se trouve bien que dans la compagnie des autres. Celui qui en est là, a justement besoin de s'exercer à la solitude. Il peut se la faciliter de toutes manières. Au lieu de payer le plus petit loyer possible, afin de réserver son argent pour de « meilleures » choses, il se procurera une chambre agréable et meublée avec goût, dans laquelle il se plaira. Une chambre peu confortable est toujours une excuse commode pour l'habitude, si fréquente et bien bourgeoise, de courir les cafés. Dans un milieu confortable, il est déjà plus facile de lire un bon livre ou de prendre son plaisir à contempler des estampes et des gravures. Et lorsque des après-midi ou des jours de congé le lui permettront, qu'il prenne le bâton de voyage, que les moyens de communication rapides dont nous jouissons maintenant ont presque fait oublier. La saine nature est, en tout cas, une meilleure société que la table du cabaret ; elle a quelque chose de plus important à dire à un homme observateur que les calomnies formant la conversation habituelle des cafés. Si tu ne trouves pas d'ami véritable, tu seras toujours isolé, même au milieu de la meilleure société. Mais ne cesse pas de chercher à te créer des relations dans une famille.

Là, nous rencontrons une jeune mère qui porte son enfant dans son sein. Nous prenons part, quoique de loin, à tous les soucis qui précèdent et suivent la naissance de l'enfant. Le grand mystère créateur de la nature se révèle à nous par les yeux, à la fois graves et joyeux, de la mère future. Il nous parle de la liaison si étroite qui existe entre l'état d'âme de la mère et le développement caché de l'enfant. Il nous parle encore du devoir chevaleresque qui nous incombe vis-à-vis de la femme, celui de la protéger contre tout ce qui pourrait lui porter préjudice, il nous oblige à une admiration respectueuse.

Notre position à l'égard du monde féminin nous est ainsi assignée. La femme doit nous être sacrée, inviolable, à cause d'elle-même et à cause de l'amour après lequel nous soupirons. Ce n'est que l'homme pur qui ne pèche pas contre la femme pure ; ce n'est qu'à l'homme fort qu'elle donnera son amour. Cherchons à subir l'influence de la femme pure, et la femme impure s'éloignera de nous et nous deviendra étrangère. Mais n'oublions pas que toutes ces influences de la pureté et de la chasteté, de l'amitié féminine et des relations de famille ne nous encouragent, ne nous élèvent et ne nous rendent plus forts, que lorsqu'elles rencontrent en nous une volonté libre, prête à les accueillir. Ce ne sera pas une crainte inspirée par des mobiles personnels qui nous gardera de la prostitution, pas davantage des règles de conduite tout extérieures ou un luxe de précautions minutieuses qui nous pousseraient à passer à côté des choses sexuelles avec un dédain plein d'affectation ; ce ne seront ni le célibat, ni une règle, ni un ordre, ni un voeu qui auront la puissance de nous rendre purs :

C'est la VOLONTÉ qui, en premier et en dernier ressort, donnera à notre lutte sa valeur et assurera sa victoire.


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:


1 (antiquité romaine) Dieu protecteur du foyer domestique.

 

- haut de page -