MOODY
PÊCHEUR
D'HOMMES - MILITANT DES U. C. J. G.
CHAPITRE IX
ORGANISATEUR ET SEMEUR D'IDÉES
(1892-1899)
En péril sur les
eaux
À la fin de novembre 1892,
après une absence de plus d'un an, Moody,
accompagné de son fils et tout heureux
à la pensée de retrouver sous peu la
terre d'Amérique, s'embarquait à
Southampton sur le Spree qui appareillait
pour New-York avec sept cent cinquante passagers.
Le vaisseau passait pour l'un des plus rapides et
rien ne pouvait faire prévoir des
événements fâcheux.
Trois Jours après le départ,
une secousse terrible ébranla le navire.
Paul Moody courut aux nouvelles. il apprit que
l'arbre de couche s'était brisé,
qu'un des éclats avait percé la coque
et que le steamer faisait eau. L'équipage
tentait l'impossible pour éviter le
naufrage, mais l'eau gagnait toujours. Comment, vu
l'état de la mer, recourir aux embarcations
de sauvetage. Vers midi, le capitaine put annoncer
que l'eau cessait de monter. Mais aucune
réponse aux signaux de détresse,
aucun secours en vue. La nuit vint. Quelqu'un
pourrait-il dormir à bord ?
«Nous étions tous
réunis dans le salon des premières,
juifs, protestants, catholiques, incrédules,
mais, écrit Paul Moody, je doute
qu'il y eût beaucoup de septiques parmi nous.
La face blême, le coeur tremblant, les
passagers se regardaient les uns les autres comme
pour chercher à lire dans les yeux ce que
personne n'osait dire. Le danger croissait d'heure
en heure.
Au premier moment, mon père parla
très peu. Une fois seulement, entrevoyant
l'issue fatale, il murmura : « J'avais
espéré avoir devant moi quelques
années. J'avais projeté de
prêcher l'Évangile à
l'Exposition, l'été prochain ; j'ai
encore quelque chose à faire pour les
écoles de Northfield et de Chicago. Si mon
oeuvre doit s'achever aujourd'hui, c'est bien. Pour
toi qui es au début de la vie c'est dur.
Toutefois, si c'est la volonté de Dieu, tout
est pour le mieux! »
Puis il ne dit plus mot. »
La première nuit, nul n'avait
parlé de culte, car on
craignait de provoquer la panique en laissant
supposer une situation
désespérée. Le second soir
cependant, Moody rit demander au capitaine
l'autorisation d'organiser un service
religieux.
- Certainement, répondit-il. J'en
suis aussi.
La plupart des passagers étaient
là.
Appuyé contre une des colonnes du
hall, Moody lut le psaume 16 et, au psaume 107, les
versets 20 à 31. Une auditrice, s'imaginant
que de telles paroles avaient été
écrites pour la circonstance, demanda plus
tard à voir elle-même le livre dont on
les avait tirées. Pour ses compatriotes,
nombreux à bord, un Allemand traduisait au
fur et à mesure.
«En ce qui me concerne, a
raconté Moody, je passai alors par une
expérience absolument nouvelle. Je
m'étais imaginé être au-dessus
de la crainte de la mort. J'avais souvent
prêché sur ce sujet et supplié
les chrétiens de se rappeler ce qui devait
être, à cet égard, la victoire
de la foi. Pendant la guerre, il m'avait
été donné de traverser les
flammes sans éprouver aucune crainte.
À Chicago, durant l'épidémie
de choléra, n'avais-je pas accompagné
les médecins auprès des malades et
des mourants, eux s'occupaient des corps et moi des
âmes. Dans toutes ces circonstances, nulle
peur de la fin ne m'avait abordé. Mais sur
ce navire qui coulait, ce fui tout autre chose !
Aucun nuage entre mon âme et mon Sauveur. Je
savais que mon péché était
pardonné et que, si la mort devait venir, je
me réveillerais au ciel. C'était
là chose réglée de longue
date. Mais mes pensées allaient vers ceux
que j'avais laissés, à ma femme,
à mes enfants, à mes amis des deux
côtés de l'Océan, et lorsque je
réalisai que peut-être l'instant
prochain me séparerait d'eux pour toujours,
J'avoue que J'en fus brisé. Ce fut l'heure
la plus sombre de ma vie.
Je ne pouvais supporter plus longtemps
pareille tension. Il me fallait du secours : le
secours me vint de la prière. Dieu entendit
mon cri et me donna la force de redire de toute mon
âme : Que Ta volonté soit faite
!». La paix remplit mon coeur, et rarement mon
sommeil fui plus profond. Du sein de la
détresse, j'avais crié à Dieu
et c'est Lui qui me délivra de toutes mes
angoisses. Je ne puis pas plus douter de
l'exaucement que je ne puis mettre en doute ma
propre existence.
Vers trois heures du malin, la voix de mon
fils me réveilla:
- Père, viens sur le pont.
Je le suivis. Il me montra au loin une
lumière qui montait et
descendait sur les vagues. C'était, nous le
sûmes bientôt, le navire «Lake
Huron» qui faisait le trajet de
Montréal à Liverpool. Sa vigie avait
aperçu nos signaux.
Comment oublier la joie de cet instant
où sept cent cinquante passagers au
désespoir virent approcher le navire sauveur
!
Mais une question se posait : un bateau
aussi petit pourrait-il convoyer jusqu'à
Queenstown, distant d'un millier de
«milles» (seize cents kilomètres)
notre «Spree» invalide ?...
Certes, l'entreprise était
périlleuse. On arriva pourtant à
joindre les deux vaisseaux par un double
câble. Faible lien ! Qu'une tempête
s'élevât, il se romprait comme un fil
!... Cependant, j'étais sans crainte : Dieu
achèverait l'oeuvre de délivrance.
Les vagues s'étaient apaisées, le
calme se maintint et notre paquebot suivit le
sillage de l'autre. Les tempêtes qui
sévissent sur l'Océan ne
s'approchèrent pas.
Sept jours après l'accident, la bonne
main du Père s'étant étendue
sur nous, nous pûmes, à Queenstown,
célébrer avec joie un service
d'actions de grâces. Le vaisseau de secours
que Dieu nous avait envoyé dans la
détresse avait eu juste assez de puissance
pour nous remorquer, et juste assez de charbon pour
nous amener au terme. Son capitaine était
homme de prière. Il demanda à Dieu de
l'aider à venir à bout de sa
tâche difficile et dangereuse. Et Dieu
répondit aux prières communes des
passagers et les conduisit au port
désiré.»
Arraché au péril, Moody en
conclut qu'à dater de ce jour sa vie lui
appartiendrait moins que Jamais. De nouveau
s'imposèrent à lui les impressions
ressenties à Jérusalem : «Il ne
résista pas à la vision
céleste». À peine rentré
à Northfield, où toute la population
l'accueillit de façon touchante, on le vit
dresser ses batteries en vue d'une grande campagne
d'évangélisation qui devait
coïncider avec l'Exposition de Chicago.
Mémorable
campagne
Fallait-il vraiment, au milieu du bruit,
des amusements de tout acabit et des attractions de
mauvais goût, essayer de faire oeuvre
religieuse ? Ne serait-ce pas jeter aux chiens les
choses saintes ? murmurait la sagesse humaine. Mais
cette sagesse ne put avoir raison de la foi et de
l'amour des âmes.
Lorsqu'on apprit que le Comité
d'organisation avait
décidé de violer
le repos du dimanche en ouvrant l'Exposition ce
jour-là, des voix se firent encore entendre
: Il faut la boycotter ! Aussitôt Moody de
répondre :
- Ouvrons plutôt autant de salles
de prédication que possible et
présentons l'Évangile de telle
façon que les gens viennent l'entendre
!
Tout naturellement, on le mit à
la tête de l'entreprise qui, d'emblée,
devait être préparée par la
prière. Les chrétiens, de
Grande-Bretagne et d'Amérique, furent
invités à s'unir dans l'intercession,
à former des groupes de «prieurs»
pour demander la puissance du Saint-Esprit. Et,
comme à la première Pentecôte,
on s'adressait à Dieu dans toutes les
langues des nations conviées à
l'Exposition mondiale.
Moody avait conçu un vaste
programme de conférences quotidiennes pour
l'exécution duquel seraient utilisés
tous les locaux disponibles : églises,
magasins vides, théâtres, tentes,
roulottes... et le reste ! On en occupa chaque
jour, simultanément, de soixante-dix
à quatre-vingts. Grâce à des
dons innombrables, la publicité, quoique
fort coûteuse, fut admirablement
faite.
D'autre part, l'organisateur en chef
avait recruté tout un état-major :
pasteurs, professeurs, évangélistes,
secrétaires unionistes, personne ne manquait
à l'appel. Le quartier général
s'était établi à
l'Église de l'Avenue et à l'Institut
biblique. On disposait d'équipes
prêtes à se rendre incontinent dans
n'importe quelle partie de la ville pour y coller
des affiches ou pour annoncer et préparer
les séances. À deux exceptions
près, Moody lui-même prêcha tous
les dimanches à trois mille auditeurs dans
un des théâtres de la ville.
Outre les réunions
destinées au grand public, il tint à
ce qu'il y en eût de spéciales pour
l'affermissement de ses collaborateurs.
«Nous ne pouvons pas, disait-il,
amener des âmes plus près de Christ
que nous ne le sommes nous-mêmes. Inutile de
nous mettre au travail sans être remplis du
Saint-Esprit ! Restons humblement prosternés
devant Lui. Laissons-Le nous sonder et
éprouver nos pensées. Si nous faisons
cela, notre prédication sera
accompagnée de puissance et notre oeuvre
verra lever une moisson d'âmes ».
Une équipe
d'évangélisation de l'Institut
Biblique Moody.
Un cirque immense, que Moody avait loué
pour les réunions du dimanche matin, se
remplit d'une foule telle que le
propriétaire renonça à toute
représentation ce Jour-là. On y vit,
attentifs et recueillis, jusqu'à dix-huit
mille auditeurs.
Le premier dimanche, selon soir
habitude, Moody Fit d'abord beaucoup chanter, puis
parla sur ce texte : «Le Fils de l'homme est
venu chercher et sauver ce qui était
perdu». L'Esprit de Dieu travaillait dans les
coeurs. Vers la fin, il se produisit un incident ;
quelques cris retentirent : dans la foule une
fillette s'était trouvée
séparée de ses parents. On la fit
passer à la tribune. Alors Moody la souleva
à bras tendus pour qu'elle fût visible
de partout, et, lorsque se présenta le
père, le prédicateur lui remit
l'enfant en ajoutant «Voici
précisément ce que
Jésus-Christ est venu faire ici-bas chercher
et sauver les pécheurs égarés
pour les rendre à la tendresse de leur
Père céleste ! ... ».
Au jour anniversaire du fameux incendie
qui, en 1871, avait ravagé Chicago, les
théâtres hésitèrent
à ouvrir. Mais la grande salle de musique
fut pleine à déborder, du matin
à la nuit tombante, pour des réunions
qui se succédèrent sans
arrêt.
Chaque soir, avant de se livrer à
un légitime repos, les collaborateurs de
Moody se retrouvaient encore dans une salle de
l'institut biblique. Là, tel un chef
d'armée, l'organisateur procédait
à la critique des opérations,
apportait les corrections nécessaires,
écoutait le rapport des victoires... ou des
échecs, et donnait des ordres pour le
lendemain. La séance durait parfois
jusqu'à minuit : personne ne s'en plaignait
! Pour tous, c'était une rencontre dans le
Lieu très saint. Arrivés souvent
recrus de fatigue, ils repartaient le coeur
léger, leurs forces renouvelées comme
celles de l'aigle. Le résultat de ce travail
montra que le vieil Évangile n'avait rien
perdu de soir attrait.
Et quand approcha la Fin de la grande
Exposition, bien loin de se ralentir, l'effort ne
fit que s'intensifier.
«Jusqu'ici nous avons
prêché en restant sur le rivage.
Aujourd'hui, avançons en pleine eau, jetons
le filet dans les profondeurs ; aidez-nous à
remplir les églises. Et voyons si nous ne
pouvons pas réveiller la nation tout
entière. Voici l'occasion la plus favorable
d'étendre le Royaume de Dieu jusqu'aux
extrémités du pays. Des centaines de
milliers de visiteurs arriveront pendant les
dernières semaines. Qu'on leur fasse
entendre l'Évangile ! Nous louerons aidant
de salles de
théâtre qu'il faudra. J'y emploierai
tout l'argent que vous me donnerez... ».
Aussi, certains dimanches, n'y eut-t-il
pas moins de cent vingt-cinq réunions
successives ou simultanées. C'est donc en
connaissance de cause que le chef put
résumer ainsi les résultats de cette
entreprise considérable :
«Des millions de personnes ont entendu
l'Évangile annoncé par les meilleurs
prédicateurs ; elles ont été
amenées à une vie spirituelle plus
profonde et à travailler plus activement en
faveur de leurs frères. J'apprécie
mieux que jamais la puissance de l'action
chrétienne unifiée. Une campagne
semblable à celle-ci est possible dans
n'importe quelle cité. je savais que
l'oeuvre devait se faire et je sais maintenant que
nous avons un Dieu qui nous soutient toujours dans
l'accomplissement de Sa volonté...»
Nouveaux
problèmes
L'Exposition terminée, Moody
reprit ses tâches coutumières,
réunions de réveil, surveillance des
écoles, préparation des
conférences d'été. Mais de
nouveaux problèmes devaient encore
solliciter son attention. Il en chercha la solution
avec la ténacité et la clairvoyance
qu'on lui connaît. Depuis longtemps le
préoccupait la pensée de
répandre de bons livres et il savait
l'importance d'une large publicité.
N'avait-il pas vu les éditions des Sacred
Songs and Solos se succéder rapidement
au cours de ses tournées d'Angleterre ou
d'Amérique et pour répondre à
mille demandes instantes, n'avait-il pas consenti
à publier plusieurs séries de ses
sermons ? De plus l'Exposition mondiale avait
été un temps propice a la vente de
Bibles et de traités.
Aussi, l'année suivante,
imprima-t-il un nouvel essor au département
des publications. Dans une ville de l'Ouest,
où il avait voulu acheter pour des amis
certains livres d'édification, quelle ne fut
pas sa surprise de n'en trouver aucun en librairie
et de s'entendre dire par le vendeur
- Ce genre-là ne rapporte pas
!
Plus surpris encore lorsqu'à la
suite d'une vaste enquête, il apprit que,
dans telle autre grande ville du Middle-West aucun
dépôt de livres ne tenait en rayon des
publications religieuses. Aux pourquois qu'il
adressait aux gérants,
ceux-ci répliquaient que
le public n'achetait pas ces ouvrages parce qu'ils
coûtaient trop cher.
- Alors, dit-il, il faut baisser les
prix!
Et de creuser encore le problème.
Le résultat de son étude fut la
constitution d'un département de colportage
rattaché à l'Institut biblique de
Chicago, section qui aurait pour tâche la
diffusion d'auteurs connus, présentés
aussi bien que possible et à des prix
populaires. On tira d'abord à cent mille
exemplaires son dernier ouvrage, «le Chemin
qui mène à Dieu» Et le
succès fut tel que, quatre ans après,
le département avait étendu ses
ramifications dans l'ensemble des Etats-Unis, et
que, de l'étranger, se multipliaient les
demandes de traductions.
Une division spéciale du
même département fut chargée de
la distribution de bons livres et de journaux dans
les prisons et les maisons de détention.
Effrayé par les statistiques
révélant qu'en 1895 sept cent
cinquante mille personnes formaient la
clientèle habituelle des
établissements pénitentiaires des
Etats-Unis, Moody eut d'abord peine à le
croire. Mais convaincu par une nouvelle
enquête, il résolut d'éveiller
l'intérêt du monde chrétien,
jusque-là trop indifférent au sort
des prisonniers. Les Sheriffs ou directeurs
des deux mille sept cents prisons de comtés,
reçurent de lui l'offre de créer des
bibliothèques là où elles
n'existaient pas et d'assurer l'envoi
régulier de bonnes lectures. Sur l'ensemble
il n'eut qu'une seule réponse
irrespectueuse. Dès lors, Moody ne perdit
jamais une occasion de plaider la cause des
détenus. «Il ne faut Pas
supposer, s'écriait-il, que tous
soient des criminels endurcis. Plus d'un jeune
homme a péché dans un mouvement de
colère ou sous l'influence de l'alcool. Si
le message de l'Évangile peut l'atteindre
avant qu'il ne descende plus bas encore, n'y a-t-il
pas espoir qu'il puisse être sauvé
pour celte vie et pour l'autre » ...
Comment ne pas le croire lorsqu'on
voyait transformés des malfaiteurs de tout
âge, tel ce Valentin Burke,
récidiviste notoire, qui, par un heureux
hasard, lut dans un quotidien de Saint-Louis un
article de Moody intitulé Comment fut
«saisi» le geôlier de Philippe.
S'imaginant, dans sa cellule, qu'il était
question là du geôlier d'une ville
à lui comme qu'il haïssait entre tous,
on l'avait vu piétiner furieusement ce
journal. Mais la question : «Que faut-il que
je fasse pour être sauvé ?»
s'était implantée en lui et rien ne
put l'en délivrer.
À son tour, il fut «saisi» et se
convertit de façon si complète que
quelques années plus tard on put l'appeler
à un poste de confiance dans
l'administration municipale. La grâce de Dieu
peut faire encore des miracles.
Moody et la
cause unioniste
Lorsqu'en 1898 éclata la guerre
hispano-américaine, tout naturellement on
fit appel à l'expérience du grand
organisateur et à soit dévouement
pour l'oeuvre de secours aux soldats,
organisée par les Unions chrétiennes
de jeunes gens. On n'avait pas oublié son
effort de quatre années lors de la Guerre de
Sécession. Soit intérêt pour la
cause unioniste n'avait nullement faibli. Il
accepta. Une commission militaire fut
constituée qui s'occupa d'abord des recrues
dans les camps et dans les ports d'embarquement.
Spécialement détaché à
l'évangélisation, Moody
réclama la liberté de recueillir des
fonds pour pouvoir annoncer l'Évangile aux
armées, convaincu qu'il était
qu'à l'heure du danger et
libérés des entraves ou des
préjugés de leur milieu habituel, les
hommes sont particulièrement accessibles
à l'action de l'Esprit.
Je ne me soucie pas de fournir du papier
à lettres ou des journaux aux soldats ;
d'autres peuvent le faire qui ne se
préoccupent pas de leur âme. Ce que je
veux, c'est les atteindre par l'Évangile !
... »
Moody restait ainsi Fidèle au
principe qui avait inspiré soit travail
dès les premières années,
alors qu'il présidait l'Union
chrétienne de jeunes gens de Chicago et qui
le guidait dans toutes ses relations avec le
mouvement unioniste : la primauté du
spirituel. Donner à la Jeunesse l'occasion
de s'instruire ou de faire des prouesses
athlétiques passait pour lui au second
plaît. Certes il ne sous-estimait pas
l'importance des conférences et des sports,
mais il n'avait que de médiocres sympathies
pour toute tendance reléguant au second
plaît l'étude de la Bible et la
prière. Il insista aussi pour que l'on
n'exclût point les femmes des réunions
d'évangélisation tenues, le dimanche
soit, dans les Y.M.C.A., estimant qu'en bien des
cas, mères, soeurs et amies étaient
d'un grand secours pour attirer les hommes aux
Unions. «Mieux vaut avoir une
assemblée mixte, vivante
et nombreuse, que de s'en tenir
à une petite réunion pauvrement
fréquentée !».
En insistant sur ce point, dit son fils,
Moody parut à plusieurs de ses amis renier
l'idéal unioniste. Rien n'est plus faux !
S'il avait rendu en sa jeunesse de grands services
aux Unions chrétiennes de jeunes gens, ceux
qu'il leur prodigua pendant les cinq derniers
lustres de sa vie furent plus grands encore.
Une
carte de membre de l'U.C.J.G. de Chicago
signée par son président Dwight-L.
Moody.
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