Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DES RAYONS ET DES OMBRES

CHAPITRE PREMIER
Le chagrin de Nelly

A lune d'été dans son plein baignait d'une lueur d'argent le grand toit de la vieille maison ; elle caressait de ses rayons les murs couverts de lierre et sa grosse face ronde semblait jeter un regard curieux à travers les fenêtres aux antiques vitrages jusque dans la chambre où reposaient quatre enfants. Elle caressa d'abord en passant deux petites têtes blondes, blotties tout près l'une de l'autre, sur le même oreiller.

C'était Lili et Mimi, deux jumelles de trois ans que rien ne pouvait séparer et qui semblaient vivre d'une seule vie. Puis elle glissa sur le visage potelé de Jean, le bébé, la joie de toute la famille, profondément endormi dans sa couchette. Dans un autre lit, à côté de celui des jumelles, était Nelly, la soeur aînée de toute cette petite bande. Elle ne dormait pas comme les autres, mais ses yeux grands ouverts surveillaient la face blafarde de la lune. Le temps lui semblait bien long.
- Pourquoi maman ne vient-elle pas m'embrasser ? Je ne pourrai pas m'empêcher de dormir si je dois attendre encore.

Au même instant la porte s'ouvrit avec précaution et un pas léger, celui de maman, effleura le tapis. Nelly ferma les yeux avec conviction et fit semblant de dormir à poings fermés. Maman caressa sa joue en passant, puis s'approcha des autres enfants. Nelly entr'ouvrit ses paupières et à la lueur de la lune elle vit sa mère arrangeant les oreillers, tirant les couvertures, bordant chaque petit lit comme elle seule savait le faire. Lorsque ce fut le tour de Nelly, la fillette jeta ses bras autour du cou de sa mère et la serra bien fort en riant de tout son coeur.
- Cette fois, maman, j'ai bien réussi ! Tu as cru que je dormais profondément.
- C'est vrai, ma chérie. Je suis montée beaucoup plus tard que d'habitude et j'ai pensé que tu t'étais lassée de m'attendre.
- Oh ! maman, je déteste m'endormir avant que tu sois venue m'embrasser. Et ce soir j'avais encore quelque chose de tout à fait spécial à te dire.
- Qu'était-ce donc, ma fillette ?
- Eh bien ! maman - et tout en parlant Nelly s'accouda confortablement sur ses oreillers - j'ai lu aujourd'hui l'histoire des premiers martyrs. Dans mon livre, on parlait d'une fillette de mon âge. Un jour, des méchants hommes sont venus et ont emmené son père pour le brûler parce qu'il aimait le Seigneur ; alors la fillette est allée vers ces hommes et leur a dit qu'elle aussi aimait Jésus. Ils se sont fâchés très fort et ont crié que si elle ne changeait pas d'avis elle devrait mourir. La petite fille a répondu que jamais elle ne cesserait d'aimer le Seigneur Jésus. Alors ils l'ont prise et elle a été brûlée avec son père. Est-ce qu'elle n'était pas courageuse, maman ? Pendant que je lisais, j'aurais presque désiré être à sa place ; ce serait si beau de mourir pour Jésus !

La figure de Nelly était toute rouge et ses yeux brillaient d'enthousiasme.
- Ce serait, en effet, un privilège immense que d'être estimé digne de donner sa vie pour Celui qui nous a aimés et qui s'est livré lui-même pour nous. Peut-être ne seras-tu jamais appelée à passer par là, Nelly, mais il y a pourtant quelque chose que tu peux faire pour le Seigneur, quelque chose qui est parfois plus dur que de mourir pour Lui.
- Oh ! maman, qu'est-ce donc ? Qu'est-ce qui peut être plus difficile que cela ?
- C'est de vivre pour Lui, Nelly, de t'offrir toi-même à Dieu comme un sacrifice vivant.
- Mais je suis une si petite fille. Que puis-je faire pour Jésus ? J'ai souvent désiré faire une grande chose pour lui montrer combien je l'aime, mais jamais elle ne s'est trouvée sur mon chemin.
- N'attends pas d'accomplir une action d'éclat, Nelly. Cherche à Lui plaire dans ta vie de chaque jour. La vie est faite de toutes petites choses, tout comme l'éternité est composée d'instants. Si toutes les actions insignifiantes qui remplissent nos journées étaient faites pour plaire au Seigneur Jésus, quel tout merveilleux deviendraient nos vies, une mosaïque de pierres précieuses ! Veux-tu que je te dise, ma chérie, une occasion que tu as manquée aujourd'hui ?
- Oh ! oui, maman, fit Nelly tout bas.
- Cet après-midi, pendant que tu étais plongée dans la lecture de ton nouveau livre, Mimi est venue à toi avec un bien gros chagrin. Elle avait arraché la jambe de sa poupée, tout le son s'échappait par la déchirure et elle te demandait de réparer ce terrible malheur. L'as-tu fait ?
- Non, maman, je ne pouvais pas le faire à ce moment-là. J'en étais arrivée au point le plus intéressant de mon livre et vraiment il m'était impossible de m'occuper d'autre chose. Du reste, ce n'était pas très important. Mimi pouvait prendre un autre jouet.
- Si tu avais pensé au Seigneur Jésus, tu n'aurais pas été si égoïste, Nelly. Tu as appris ce beau verset : « Christ n'a pas cherché à plaire à lui-même ». À qui ma petite fille cherchait-elle à plaire cet après-midi ?

Nelly baissait la tête et ne répondait pas.
- Tu aurais levé les yeux un instant de dessus ton livre que tu aurais vu les grosses larmes couler sur les joues de ta petite soeur. Ses lèvres tremblaient quand tu l'as repoussée si brusquement. Son chagrin était très grand et elle avait compté sur toi pour lui aider.
- J'en suis bien triste, maman, dit Nelly ; je vois bien que j'ai été très méchante. Mais est-ce qu'une chose si petite que de raccommoder la poupée de Mimi peut faire plaisir au Seigneur Jésus ?
- Certainement, ma chérie ; ce qui nous paraît à nous très peu important peut cependant être fait en son nom. Mais je suis venue ce soir pour te parler d'un tout autre sujet. Papa et moi avons un grand souci et je suis obligée de te le dire.

Nelly regarda sa mère avec stupéfaction, mais ne trouva pas un mot pour répondre.
- Tu as près de douze ans maintenant, continua la maman, tu es ma fille aînée, aussi je vais te raconter ce qui cause notre tristesse et tu seras ma petite consolatrice.

L'enfant entoura sa maman de ses bras et se serra contre elle. Pour la première fois de sa vie elle sentait le malheur planer sur elle.
La mère parla d'une voix un peu tremblante. Il lui en coûtait d'assombrir la vie, jusqu'alors si heureuse, de sa petite fille.
- Ce sera un grand chagrin pour toi, ma chérie, mais je te demande de le supporter bravement, non pas seulement parce que tu nous aimes, ton papa et moi, mais à cause du Seigneur Jésus qui a permis que cette épreuve nous frappe. Je ne puis tout t'expliquer, mais il suffira que tu saches que la banque dans laquelle ton père avait placé presque tout son argent vient de faire faillite. Nous avons tout perdu et sommes maintenant très pauvres, si pauvres même que nous devrons quitter notre chère vieille maison ; elle sera vendue et nous sommes obligés de partir et de chercher un petit logement où nous pourrons vivre très modestement.
- Quitter la maison ! s'écria Nelly, notre maison dans laquelle papa est né et où nous avons toujours vécu ! Maman, ce n'est pas possible ; nous en aimons toutes les pierres !

Et la pauvre fillette éclata en sanglots.
Puis après un instant, elle reprit : Tous les domestiques devront-ils partir ? et ma chère institutrice ?
- Oui, ma chérie, répondit tristement sa mère. Nous ne pouvons les garder ; seulement notre vieille bonne refuse de nous quitter. Je ne puis la renvoyer ; tu sais combien elle nous est attachée et certainement ce sera un grand réconfort de l'avoir encore chez nous.
- Oh ! maman, maman, sanglotait Nelly, pourquoi Dieu a-t-il permis ce grand malheur ? Il aurait pu l'empêcher s'il l'avait voulu, puisqu'il peut tout. Nous étions si heureux ! sûrement je n'ai jamais compris quel était notre bonheur comme maintenant où il nous est enlevé. Pourquoi Dieu a-t-il fait cela ?

La même pensée avait sans cesse cherché à s'insinuer dans le coeur de Mme Merton durant toute cette triste journée. Elle l'avait repoussée résolument avec le secours d'En Haut et maintenant elle répondit avec douceur :
- Parce qu'Il nous aime, Nelly. Je ne comprends pas la raison de Ses voies envers nous, mais jamais je ne pourrai douter de Son amour. « Même s'il me tue je me confierai en lui ».

À la lueur incertaine de la lune, Nelly put lire sur le visage de sa mère une expression de paix presque céleste ; l'enfant se sentit honteuse de ses murmures.
- J'essayerai de supporter patiemment ce que Dieu nous envoie, maman chérie, fit-elle tout bas.
- Tu ne le pourras jamais par ta propre force, mon enfant, mais le Seigneur t'aidera. Tout à l'heure tu désirais faire une grande chose pour lui ; elle est maintenant placée devant toi par le Seigneur lui-même. Ton pauvre père est presque écrasé par cette épreuve ; il pense à nous et à tout ce que nous perdons. Tu peux alléger son fardeau en te montrant gaie et contente et ainsi tu réconforteras chacun.
- Je ferai de mon mieux, maman, je te le promets et je demanderai au Seigneur Jésus de m'aider.
- Ceux qui s'attendent à lui ne seront jamais déçus. Et maintenant, Nelly, avant de te quitter je voudrais que tu apprennes un très court passage de la Parole de Dieu. « Rejetant sur Lui tout votre souci, car Il a soin de vous ».

Nelly répéta plusieurs fois ces paroles si consolantes, puis la maman s'agenouilla et recommanda sa fillette aux tendres soins du Seigneur. La prière était à peine achevée que la tête fatiguée de l'enfant s'abandonna sur l'oreiller et Nelly oublia tous ses chagrins dans le profond sommeil de l'enfance.


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