Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



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I

« Maman prétend toujours que je devrais me rendre utile, disait à demi-voix Hélène Milloud, je voudrais bien savoir en vérité ce qu'elle veut que je fasse ! »

Hélène n'avait que douze ans, et elle s'imaginait qu'elle était trop jeune pour s'inquiéter, soit de la perte du temps, soit de l'usage qu'elle aurait dû faire des talents que Dieu lui avait confiés. Il lui semblait que pourvu qu'elle apprît tant bien que mal ses leçons et fît, sans trop grogner, la tâche de couture qui lui était imposée chaque jour, on ne pouvait rien lui demander de plus. Elle s'imaginait que tous les soucis, toutes les difficultés, tous les travaux, tout ce qui donnait quelque peine, devaient être la part des grandes personnes, tandis que toutes les jouissances et même la paresse, qu'elle appelait un plaisir, étaient le partage naturel des enfants.
« Il est clair que je travaillerai quand je serai grande, se disait-elle, mais maintenant j'aime mieux m'amuser. »
C'est ainsi qu'Hélène, tout en pensant que, dans l'avenir, elle accomplirait de très grandes choses, ne pratiquait jamais aucun des devoirs qui devaient pourtant devenir un jour les habitudes de sa vie.
Elle se tenait à une fenêtre, regardant paresseusement dehors, lorsqu'elle prononça à demi-voix les paroles que nous avons citées en commençant ce récit.
Sa mère entrait à cet instant dans la chambre, et l'ayant entendue, elle lui dit :
- Veux-tu que je te montre comment on peut se rendre utile ?
- Si tu veux, maman, répondit-elle avec indifférence.
- Eh bien, va mettre ton chapeau et tu sortiras avec moi.

Hélène remarqua que sa mère portait au bras un panier bien plein, et elle pensa : « Maman veut que je me rende utile en portant son panier ; mais elle devrait bien savoir que je ne puis souffrir de porter un panier, surtout dans les rues ! »
Mais sa mère ne lui demanda pas de porter son panier.

La conscience d'Hélène lui reprochait son égoïsme et elle se disait pour se justifier : « Pourquoi est-ce que maman n'a pas pris Anna pour porter ce panier ? Certes elle n'a pas trop à faire ! »

Mme Milloud vit qu'Hélène détournait les yeux du panier, et elle comprit qu'il y avait lutte dans son esprit ; mais elle ne lui dit rien, elle voulait que la leçon vînt d'un autre côté.
Bientôt Hélène, très paresseuse, se trouva fatiguée de marcher, et dit :
- Est-ce encore bien loin, maman ? Tu seras fatiguée. Ne vaudrait-il pas mieux prendre une voiture ?
- Je ne suis pas le moins du monde fatiguée, mon enfant... Je crains que tu ne parles pour toi plutôt que pour moi, ajouta-t-elle en souriant.

La fillette rougit, car elle sentit que si elle avait pensé à la fatigue de sa mère, elle aurait offert de porter son panier. Elles marchèrent encore un moment, puis Mme Milloud s'engagea dans une ruelle, et arriva devant une maison de pauvre apparence.
Après être montées trois étages, elles s'arrêtèrent devant une porte ; Mme Milloud heurta.
Une douce voix répondit : Entrez ! La mère et la fille se trouvèrent bientôt dans une chambre qui tenait aussi lieu de cuisine.
Hélène regarda autour d'elle avec surprise ; elle n'avait jamais cru qu'on pût vivre et tout faire dans une seule pièce.
La voix qu'elle avait entendue était celle d'une personne jeune encore, quoique ses cheveux fussent déjà tout gris. Elle était assise dans son lit, soutenue par des oreillers, et tricotait très rapidement. Elle posa son ouvrage pour tendre la main à Mme Milloud, et le brillant sourire qui illumina sa figure montra clairement la joie que lui faisait cette visite.
- Je vous ai enfin amené ma fille Hélène dont je vous ai souvent parlé. - Hélène, mon amie que tu vois ici s'appelle Olivia Grin.

Hélène s'avança et tendit la main à la malade ; puis, lorsqu'elle la vit si heureuse de recevoir le contenu du panier, elle regretta presque de n'avoir pas aidé à le porter.
- Oh ! madame, que vous êtes bonne, dit la malade. Et que Dieu est bon de me susciter de si bons amis ! Je ne puis être assez reconnaissante envers Lui... Je suis toujours couchée et je n'ai pas besoin de grand-chose, mais ma mère a besoin, à son âge, d'une nourriture fortifiante.
- Vous êtes toujours couchée ? s'écria Hélène. Est-ce que vous ne vous levez jamais ?
- Non. On me soulève seulement de temps en temps pour arranger mon lit. Je suis sûre qu'il y a plus d'années que je suis couchée ici, que vous n'en avez sur votre tête.
- J'ai douze ans.
- Eh bien, il y a quinze ans que j'ai eu l'accident qui m'a privée de l'usage de mes jambes.
- Racontez cela à ma fille, dit Mme Milloud.
- Eh bien, depuis que j'étais toute petite, j'ai dû travailler dans une fabrique, de sorte que je n'ai pas eu le temps d'apprendre à lire, ni à écrire, ni à coudre, ni rien en un mot. Mon père et ma mère travaillaient aussi à la fabrique, et quand mon père mourut, il me fallut travailler d'autant plus. Je ne vous raconterai pas mon accident ; il y eut sans doute de ma faute, je m'approchai trop des machines, et la conséquence fut qu'après beaucoup de souffrances, on me rendit enfin à ma mère en me déclarant complètement incurable !
Je n'avais alors que dix-sept ans ; aussi, vous pouvez vous imaginer combien cette sentence me parut épouvantable ! Je dis à ma mère :
« Si je suis incurable, les docteurs ne pourront me faire aucun bien, de sorte que je puis facilement me passer d'eux ; aussi je crois qu'il faut prendre patience jusqu'à ce que je puisse t'aider de nouveau. »
Ma mère éclata en pleurs et me dit :
« Ma pauvre enfant, tu ne pourras jamais plus travailler à la fabrique !
« Non, lui dis-je, et j'ai pris mon parti d'avoir mes jambes inutiles. Ce qui m'afflige surtout, c'est que mes doigts soient aussi inutiles. »
- Mais vous pouviez pourtant remuer vos mains ? s'écria Hélène qui avait suivi ce récit avec le plus grand intérêt.
- Oui, j'ai toujours eu l'usage de mes mains, mais, malgré cela, elles n'en étaient pas moins inutiles.
- Est-ce que vous n'aviez jamais eu l'occasion d'apprendre à travailler de vos doigts ? dit Hélène.
- J'aurais pu apprendre si je l'avais voulu : mais j'étais jeune et il me semblait qu'après mes heures de travail, j'avais bien assez fait. Je ne savais donc ni bien coudre, ni tricoter, ni crocheter, ni broder ; je ne savais faire que l'ouvrage de la fabrique et, jusque là, j'étais toujours sûre de gagner ma vie. J'aimais beaucoup courir et m'amuser, je ne voulais pas aller à l'école du soir, et j'étais ainsi arrivée à l'âge de dix-sept ans sans rien savoir de ce qu'une femme devrait toujours connaître. Je pensais que j'aurais toujours le temps d'apprendre ces choses ; mais je compris alors et je regrettai le temps et les occasions que j'avais perdus !... Mais cela m'enseigna à prier.
- Est-ce que votre mère ne vous avait pas enseigné à prier ?
- Oui, sans doute, elle m'avait fait prier le matin et le soir ; mais ce n'est que lorsque j'ai senti un pressant besoin du secours de Dieu et de son pardon, que j'ai appris à prier réellement.
Ce dont j'avais besoin, c'était de trouver un moyen d'utiliser mes mains, et Dieu m'a accordé ma demande.
- Comment cela ?
- J'étais ainsi péniblement préoccupée, lorsque votre mère vint chez nous. Elle avait appris ce qui m'était arrivé, et elle vint pour me consoler, et surtout pour m'enseigner où je trouverais la vraie consolation. Elle me parla de Jésus, de sa vie, de sa mort et de sa gloire auprès du Père où il intercède en notre faveur. En l'entendant, mon coeur fut d'abord rempli de douleur à la pensée de mes péchés, puis de reconnaissance en apprenant que j'avais un tel Sauveur.
Votre mère me témoigna tant de bonté que je lui confiai le grand chagrin que j'avais de ne pouvoir rien faire pour gagner ma vie. Alors elle me lut la parabole des talents et me montra que ce que Dieu demandait, c'était seulement de faire valoir le talent qu'il nous avait confié. Puis elle continua :
« Vous avez encore vos mains, ma chère Olivia, et, si vous le voulez, je me charge bien volontiers de vous enseigner à vous en servir avec profit. »

La malade s'arrêta, et, prenant son ouvrage, elle le montra à Hélène en lui demandant comment elle le trouvait.
- Magnifique ! Je voudrais bien savoir travailler comme cela... mais je pense que je le pourrai tout naturellement quand je serai grande.
- Savez-vous qui m'a enseigné à travailler ainsi, à faire encore beaucoup d'autres ouvrages, et, bien mieux, à lire et à écrire ? Oui, mademoiselle, vous avez raison de regarder votre mère, c'est elle qui est l'amie que Dieu m'a envoyée en réponse à mes prières. Personne ne saura jamais quel temps elle m'a consacré et quelle patience elle a eue avec moi. Maintenant, on a la bonté de me fournir de l'ouvrage, et je gagne assez pour les premiers besoins de notre vie. Nous avons aussi de bonnes voisines qui viennent volontiers nous donner un coup de main, et ainsi il ne nous manque rien et nous sommes très heureuses !

Olivia se tut.
Mme Milloud regarda sa montre et dit :
- Il nous faut partir ; mais j'espère que ma fillette n'oubliera pas ce qu'elle vient d'entendre.
- Oh ! non, maman, dit Hélène d'un ton convaincu.

Et, se levant, elle serra affectueusement la main de la malade.
- Ma mère sera triste de ne pas avoir été ici pour vous voir, madame, mais je l'ai engagée à sortir un peu par ce bel après-midi. Si vous désirez reprendre le panier, j'appellerai notre voisine, Mme Martin, pour qu'elle le débarrasse.
- Non, ma chère Olivia, nous laisserons le panier, car je pense que votre mère préférera le vider elle-même. Viens, Hélène, ma chérie, je crains que nous ne soyons en retard.

Et après avoir dit affectueusement adieu à la malade, Mme Milloud partit avec sa fille.

II

Tandis que Mme Milloud et Hélène retournaient chez elles, celle-ci était très silencieuse, et sa mère se garda bien de la distraire de ses pensées.
Ce fut Hélène qui rompit enfin le silence, en disant :
- Maman, me permettras-tu d'aller demain chercher le panier ?
- Certainement, ma chérie, si cela te fait plaisir de faire cette course.
- Cela me fera plaisir de revoir Olivia... Dis-moi, quel bonheur que tu lui aies enseigné tant de choses !
- Cela a aussi été un bonheur pour moi, car si j'ai pu lui enseigner quelques petites choses, elle m'en a enseigné de bien plus grandes.
- Comment cela, maman ?
- Je ne puis te l'expliquer maintenant : mais je crois que si tu vois souvent Olivia Grin, tu comprendras bientôt par toi-même ce que je veux dire.
- J'irai demain, maman, puisque tu me le permets...

Le jour suivant, Hélène n'oublia pas d'aller chercher le panier mais avant de partir, elle dit à sa mère
- Si Olivia est toute seule, puis-je rester un moment avec elle ?
- Oui, ma chérie, si cela te fait plaisir.

Hélène marcha beaucoup plus vite que la veille, de sorte que la distance lui parut bien moins longue.
Elle frappa à la porte de la chambre habitée par Olivia et sa mère, et entendit la voix paisible d'Olivia l'invitant à entrer.
- Hélène ! dit la malade. Quelle surprise de vous voir déjà aujourd'hui ! Veuillez prendre une chaise.

Hélène prit une chaise en disant :
- Maman m'a permis de rester un moment, si vous étiez seule et que cela ne vous dérangeât pas.
- Cela me fera le plus grand plaisir, car il y a bien longtemps que je désirais faire votre connaissance. Je me demandais toujours si vous ressembliez à votre excellente mère.
- On dit que je ressemble surtout à papa, au moins pour la figure.
- Eh bien, si vous ressemblez à votre mère pour le reste, vous amènerez la joie partout où vous vous présenterez.

La fillette sentait fort bien qu'elle ressemblait encore moins à sa mère par son coeur et son âme que par son apparence extérieure ; mais comme cette pensée ne lui était pas agréable, elle détourna la conversation en disant :
- Je ne sais pas ; j'espère que cela viendra en grandissant, mais je n'ai pas encore essayé. Cependant, quand je vous vois travailler, j'ai presque envie d'apprendre aussi à tricoter et à crocheter.
- Je vous l'enseignerai volontiers, si vous voulez.

Hélène se laissa facilement persuader, et Olivia, prenant aussitôt des aiguilles et de la laine, se mit patiemment à donner sa première leçon.
Cela n'alla pas très bien au commencement, et Hélène fut plus vite fatiguée qu'Olivia ; cependant elle avait appris à tenir les aiguilles et à faire une maille, lorsqu'une jeune femme ouvrit la porte et entra dans la chambre avec un gros poupon dans ses bras. Celui-ci se mit à pousser des cris de joie en apercevant Olivia, et il lui tendit ses petits bras.
- Ah ! petit malin ! s'écria la mère, tu connais ceux qui te gâtent ! Je suis venue, continua-t-elle, pour voir si vous pourriez me garder un peu ce petit ; j'ai plusieurs commissions à faire, et je les ferai infiniment plus vite si je puis y aller sans lui.
- Oui, sans doute, madame Martin, je le garderai volontiers. Viens vers moi, Jeannot.

Mme Martin donna un bon baiser à son poupon, le mit dans les bras d'Olivia et partit pour aller faire ses commissions.
- Comment pouvez-vous vous charger de ce gros garçon ? dit Hélène. C'est si fatigant de garder les enfants ! Chaque fois que je veux soigner un moment mon petit frère, je n'en peux plus après.
- J'aime tellement ce cher petit ! Vous ne pouvez comprendre combien cela m'égaie de le voir rire, de l'entendre gazouiller et de sentir ses chères petites mains dodues me caresser le visage ! Mais c'est aussi un grand bonheur pour moi de pouvoir rendre un petit service à sa mère. Vous n'avez aucune idée combien elle nous rend de services. Elle ne trouve jamais rien de trop difficile quand c'est pour nous aider.

Cette conversation ne continua pas sans interruption, car Jeannot n'entendait pas être laissé de côté, et il fallait constamment s'occuper de lui.
Hélène ne faisait pas mine de s'en aller, car elle était intéressée par tout ce qu'elle voyait.
Ce fut Olivia qui lui dit enfin : « J'aime beaucoup vous garder ici, ma chère enfant, mais ne craignez-vous pas que votre mère ne soit en peine à votre sujet ? »
Hélène se leva, prit le panier et promit de revenir. Elle remercia Olivia de la peine qu'elle s'était donnée pour elle, secoua le bras potelé du petit bout d'homme, et se hâta de reprendre le chemin de la maison.
Elle ne raconta pas à sa mère ce qui était arrivé, mais Mme Milloud reconnut, à divers petits indices, qu'il y avait une différence dans les actions de sa fille. Elle se mit à accomplir, sans qu'on le lui dît, certains petits devoirs qu'elle cherchait auparavant à esquiver. Elle consolait son petit frère, cherchait les joujoux qu'il avait perdus et passait de bons moments à l'amuser et à l'égayer.

Le soir de ce premier jour, quand Hélène fut dans sa chambre et que, comme elle y avait été habituée, elle se mit à genoux pour prier, au lieu de répéter nonchalamment des phrases sans y mettre son coeur, elle pensa à une parole que lui avait dite Olivia et qui l'avait beaucoup frappée : « J'ai demandé à Dieu de tout mon coeur ce dont j'avais besoin » et elle se dit : « J'ai grand besoin, moi, de devenir sage, afin d'être la joie et la consolation de ma mère ; aussi je vais le demander à Dieu de tout mon coeur ».

La première fois qu'Hélène put retourner chez Olivia, elle trouva Mme Grin qui introduisait justement un vieillard dans la chambre, et elle reconnut bientôt que c'était un aveugle.
- Vous arrivez au bon moment pour voir ma mère et un de nos meilleurs amis, lui dit la malade. Il demeure à quelques pas d'ici, et, comme il n'y voit pas pour lire, maman va le chercher et je lis pour nous trois. Quel bonheur que j'aie une si bonne vue !
- Ah ! je le crois bien, dit le vieillard. Personne ne peut savoir quelle épreuve c'est de ne plus voir la lumière bénie du soleil, de ne plus voir les belles fleurs, de ne plus voir un visage aimé ! ...

Olivia demanda à Hélène de faire la lecture à sa place, mais elle répondit qu'elle préférait écouter.
Bien des fois, soit à la maison, soit à l'école du dimanche, elle avait déjà entendu les paroles qui furent lues, elle les savait même par coeur, et pourtant elles lui parurent toutes nouvelles ce jour-là, quand elle entendit Olivia les lire d'une voix claire et expressive.
La lecture finie, la leçon de tricot commença. Les progrès d'Hélène, cette fois-ci, furent bien plus marqués, car elle commençait à ressentir le désir de devenir utile.

Pendant les six mois qui suivirent, les visites d'Hélène à Olivia devinrent de plus en plus fréquentes, et, à mesure que les semaines succédaient aux semaines, Mme Milloud voyait avec joie et reconnaissance, que le caractère de sa fille s'améliorait considérablement. Hélène ne parlait plus, comme autrefois, de tout ce qu'elle ferait quand elle serait grande ; mais, avec le secours de Dieu qu'elle implorait constamment, elle essayait de se rendre utile au moment même. Elle gagnait ainsi l'affection de tous ceux qui l'entouraient et, de jour en jour, elle sentait mieux combien il valait la peine d'obtenir cet amour, même au prix de quelques sacrifices.

Le jour de naissance de Mme Milloud, Hélène entra de bonne heure dans la chambre de sa mère et lui apporta quelques petits ouvrages qu'elle avait eu le plaisir de faire pour elle.
- C'est Olivia qui t'a enseigné à travailler ainsi ? lui dit sa mère en l'embrassant. Mais tu n'as jamais pu avoir le temps de faire tout cet ouvrage pendant les visites que tu lui as faites ?
- Oh ! non, maman, mais je me suis levée de bonne heure pour travailler quand j'ai su le faire toute seule. Mais je n'aurais jamais persévéré sans les encouragements d'Olivia, et sans son exemple. Je me disais qu'elle faisait tant avec si peu de forces, et j'avais honte de faire si peu, moi qui ai tous mes membres et toutes mes facultés.
- Tu te rappelles, ma chérie, que lorsque je t'emmenai pour la première fois voir Olivia, je t'avais dit que je te montrerais comment on peut se rendre utile ?
- Oh ! oui, maman, et je n'oublierai jamais ce que j'éprouvai quand j'entendis cette pauvre infirme, couchée constamment dans cette misérable chambre, parler avec tant de coeur de la miséricorde de Dieu en sa faveur ! Je ne pouvais comprendre de quoi elle pouvait être reconnaissante

Puis, c'est si touchant de lui voir faire tout ce qu'elle peut pour les autres, en travaillant sans se lasser et toujours d'une manière gaie et joyeuse, pour procurer le nécessaire à sa mère...
Mine Milloud écoutait sa fille, les yeux rayonnants de joie.
Hélène reprit :
- Je lui ai demandé une fois si elle ne pensait pas avec un grand regret à son accident, et si elle ne désirait pas beaucoup que ce ne fût pas arrivé. Elle me répondit : « Non, je ne voudrais pas qu'il en fût autrement. Quand j'étais forte et bien portante, je ne pensais pas à Dieu, je ne l'aimais pas, et je n'étais jamais reconnaissante de ses bienfaits envers moi. Je ne savais ni lire ni prier. Je ne savais pas même que j'étais une pécheresse ! Mais, par cette épreuve, Dieu m'a enseigné à le connaître et à l'aimer. Jésus est mon Sauveur et je ne me sens jamais seule, car Il est toujours auprès de moi ! »

Je ne pourrais jamais te répéter, maman, tout ce qu'elle m'a raconté, mais j'ai bientôt compris ce que tu m'avais dit, qu'Olivia t'avait enseigné encore plus de choses que tu n'avais pu lui en apprendre. Pour moi, j'ai vu combien j'étais égoïste, inutile, ingrate !... Je suis encore bien loin de ce que je devrais être, mais je désire faire toujours mieux, je prie Dieu de m'aider, et il me semble qu'Il le fait...
L'enfant se tut, et la mère et la fille restèrent longtemps dans les bras l'une de l'autre, en versant des larmes de joie.
Enfin Mme Milloud dit :
- Ma récompense est magnifique ! Dieu m'a aidée à venir au secours d'une de ses servantes affligées, et Il a accompli sa promesse en me rendant au centuple ce que j'ai fait pour Lui


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