FEUILLETON DU
CHRONIQUEUR.
GENÈVE,
SES ENCEINTES SUCCESSIVES ET SES
FAUBOURGS.
Vers l'an 500, Gondebaud, roi de Bourgogne, fit
bâtir la porte qui de la ville conduit au
Bourg-de-Four. Une inscription gravée
au-dessus l'atteste encore. De cette porte un mur,
construit en plus d'un lieu de vastes pierres de
taille, débris de monumens plus anciens,
descendait au Perron en passant par les
barrières, puis il soutenait les jardins de
la rue des Chanoines, traversait la
Pélisserie, arrivait à la porte de la
Tartasse, et de celle-ci à la porte Baudet
(aujourd'hui de la Treille) en longeant les
terrasses, et il venait rejoindre la porte du
Bourg-de-Four ou du Château. Ce fut la
première enceinte de Genève. Hors de
l'enceinte était l'église ronde de
St-Victor et son faubourg, et le Bourg-de-Four, qui
avait reçu selon toute apparence son nom du
marché qui s'y tenait. Le lac baignait le
milieu du Perron et les terrasses de la rue des
Chanoines; des anneaux, destinés à
arrêter les barques attachées aux
murailles, l'attestent encore
aujourd'hui.
Les rues Basses sont donc d'une
origine plus récente que la partie haute de
la ville. Le commerce leur donna naissance. Le lac
fut reculé. Ce fut dans le XIIe le XIIIe et
le XIVe siècle. À la fin du XIIIe fut
construit le couvent des Cordeliers de Rive, dont
les eaux du lac viennent encore baigner les murs
(je parle en 1535). Dès lors il fallait
donner à la ville agrandie une enceinte
nouvelle. La muraille partit de la
Tour-Maîtresse, renferma dans la ville la
Madelaine, les Rues-Basses, le bas de la
Cité et le Bourg-de-Four. Le mur fut
flanqué de vingt-deux tours, et la nouvelle
enceinte porta le nom de Guillaume de Marcossay,
qui avait eu la gloire de l'achever (1366 à
1377). En dehors de cette enceinte courent les
faubourgs que l'on renverse aujourd'hui.
Celui de St-Laurent a 350 pas
jusques à la chapelle de St-Laurent, au haut
des Hutins.
Celui du Temple de Rhodes, ou de
St-Jean de Jérusalem, a 800 pas jusqu'au
pont de Jargonand. Le temple s'appuie aux
glacis.
Celui de St-Victor ou de St-Antoine
a 500 pas, et tire vers Malagnou.
Celui de St-Léger
s'étend à 1400 pas le long de
Plain-Palais, jusques au pont d'Arve.
La Corraterie, où se
courroyaient anciennement les cuirs, se prolonge
vers le pont d'Arve, a 700 pas de longueur. La
plupart des logis pour les étrangers s'y
trouvent. De ses maisons détruites on
édifiera un mur qui courra depuis le
Rhône à la porte de St-Léger,
et renfermera les crêts de la Treille et de
nouveaux boulevards.
À la jonction de l'Arve et du
Rhône est l'église de Notre-Dame de
Grâce, à la démolition de
laquelle on travaille aussi.
Au delà des ponts est le
bourg de St-Gervais. Il n'était
jusqu'à l'an 1444 réuni
qu'imparfaitement à la ville de
Genève. On rencontre encore aujourd'hui,
après qu'on a passé les ponts, la
porte que Ponverre trouva fermée et
près de laquelle il fut occis (1528). Les
nouvelles fortifications, en embrassant St-Gervais
dans leur enceinte, achèveront de l'unir
à la Cité et de confondre la
Genève d'en-deça et la Genève
d'au-delà le Rhône. C'est l'oeuvre
à laquelle travaillent aujourd'hui hommes,
femmes et enfans, magistrats, citoyens et
bourgeois.
SOURCES. Bonnivard.
De la Corbière, les antiquités de
Genève, manuscrit.
GLANURE.
Les gages des officiers de la ville, comme ils
ont été fixés Par ordonnance
du 7 mars 1555.
On donne tous les ans à
l'église de St. - Pierre pour les
processions 1 fl. 10. À chacun des quatre
syndics, fl. 50. Au contrôleur, fl. 20. Au
sautier, fl. 50. Au secrétaire, fl. 30. Au
trésorier , fl. 25. Au lieutenant de la
justice, fl. 25. À chacun des quatre
auditeurs de la justice, fl. 16. Au quatorze guets,
à chacun fl. 20. À celui qui a soin
de l'artillerie, fl. 20. Au garde de la tour vers
le lac, fl. 20. Au garde de la tour de St.-Pierre,
fl. 25. Au garde de la tour de Beauregard, fl. 12.
Au garde de la tour vers la porte de St. -
Léger, fl. 20. Au garde de la porte de la
Tartasse, fl. 10, et en temps de peste, fl. 60.
Pour la cloche, fl. 10. Au garde des portes du pont
du Rhône et de la Corraterie, fl. 20. Au
visiteur des poissons, fl. 5. À
François le bourreau, fl. 25.
(Registres du Conseil).
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