Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA FORCE DE LA VÉRITÉ.

PREMIÈRE PARTIE.

Mais l'homme vide de sens devient intelligent, quoique l'homme naisse comme un ânon sauvage. (Job XI. 12.)

Quand Dieu élève par sa puissance, qui peut instruire comme lui? (Job XXXVI. 22.)


État de l'esprit et de la conscience de l'auteur dans la première période de sa vie ; cet exposé sert à faire connaître quels étaient ses sentimens et sa conduite, à l'époque où commença le changement dont il se propose de faire le récit.

JE
n'ai pas été élevé dans cette ignorance, totale des principes religieux, qui est considérée par le monde même comme l'oubli Dieu et de la religion ; cependant il ne me souvient pas d'avoir eu, avant ma seizième année, aucune conviction profonde de mon état de pécheur, du danger de la colère à venir, ou du besoin de la miséricorde de Dieu. Je ne crois pas avoir, durant toute cette période de ma vie, offert à Dieu une seule prière qui partît du coeur. « Éloigné de lui, par l'ignorance qui était en moi », je vivais sans lui dans le monde, aussi peu porté à lui rendre un culte, que si j'eusse été athée par principe.
Mais, à ma seizième année, je commençai à m'apercevoir que j'étais un pécheur. Parmi plusieurs indices antérieurs de ma corruption, ma conscience me reprochait surtout un péché particulier, et me faisait redouter, pour la première fois, la colère de Dieu. Je devais, à cette époque, m'approcher de la table du Seigneur. Quoique j'ignorasse entièrement la signification et le but de cette sainte cérémonie, cette circonstance, jointe aux accusations de: ma conscience, ne laissa pas de frapper mon esprit, et de suspendre le cours d'une vie criminelle, jusqu'alors non interrompue.

Ignorant entièrement la dépravation et l'incapacité de notre nature déchue, je ne doutais pas qu'il ne me fût possible de réformer ma vie, dès que j'en aurais la volonté. J'entrepris donc, avant de communier, une espèce de réforme ; et, à l'aide d'un formulaire de prières, j'essayai de m'adresser en secret au Tout-Puissant.

Les troubles de ma conscience ainsi apaisés, je participai à la cène du Seigneur, et je résolus de mieux vivre à l'avenir. Je continuai en effet, pendant quelque temps, mes nouvelles dévotions; mais elles étaient pour moi un fardeau accablant, et, à la première tentation, je succombai ; je mis de côté mon livre de prières, et ne le repris qu'à la communion suivante, qui vint exciter de nouveau les troubles de mon âme.

Mêmes résolutions; mêmes rechutes. « Ma piété était comme la rosée du matin qui s'en va. » J'abandonnai encore mes devoirs religieux, et me livrai au péché, comme « la truie, qui, après avoir été lavée, se vautre de nouveau dans la fange. »

Tel fut, avec quelques légères variations, le cours de ma vie pendant neuf années. J'eus à cette époque des preuves convaincantes de ma faiblesse et de la force victorieuse des passions, et je conclus que, dans l'état où j'étais, une réforme était impraticable. « L'éthiopien peut-il changer sa peau, ou, le léopard ses taches ? » Je fus convaincu, par mon expérience, que j'étais incapable de réprimer, par le frein des résolutions et du devoir, mes inclinations fougueuses, quand elles étaient excitées par des tentations réitérées et puissantes. Ignorant que Dieu se fût réservé cette oeuvre, et qu'il se fût engagé à l'accomplir envers le pauvre pécheur, qui, sentant son incapacité, attend de lui seul la réforme, de son âme, je fis tous mes efforts pour repousser la conviction de ma faiblesse, et je remis à un temps plus favorable l'oeuvre de ma conversion. Mais, souvent livré à mes réflexions, j'étais dans une inquiétude d'esprit presque continuelle.

Frappé de l'incertitude de la vie, commençant à craindre que ce temps plus favorable n'arrivât jamais, j'étais en proie à une vive anxiété. Cette sollicitude était souvent augmentée par la perspective prochaine de la mort et de ses suites, perspective que m'offrit souvent, le faible état de ma santé.

Pendant long-temps je crus, sans aucun doute que les pécheurs impénitens seraient pour toujours malheureux dans l'enfer ; et les réflexions que je faisais sur de redoutable sujet m'accablaient quelquefois et me devenaient insupportables. Dans ces momens d'angoisse, les prières que j'adressais à Dieu pour obtenir miséricorde étaient si animées et si instantes que je les interrompais avec peine; mais, hors ces momens de vive inquiétude, je ne priais presque jamais. Néanmoins, dans le temps même de mon plus grand abattement, lorsque ma conscience me découvrait de plus en plus la grandeur de ma corruption, il me restait encore l'espoir qu'un jour je me repentirais et reviendrais à Dieu. Si cet espoir venait de moi, il était la preuve d'une grande présomption ; mais l'événement me fait croire qu'il venait du Seigneur : car, souvent en proie à un orgueilleux mécontentement de mon sort dans ce monde, et à un désespoir insensé sur mon sort à venir, j'aurais, sans cette pensée salutaire, cédé tôt on tard à la tentation de mettre fin à ma vie.

Un hymne du docteur Watts (contenu dans son admirable petit livre pour les enfans, intitulé : Le Dieu qui voit tout), me tomba alors entre les mains, et fit sur moi une impression profonde. Je l'appris par coeur, et, comme je le répétais fréquemment, il servit à entretenir en moi la continuelle pensée de mes péchés et du danger que je courais. Cette petite circonstance peut apprendre aux parens combien il est important de meubler la mémoire de leurs enfans de choses utiles, au lieu de confier à leur souvenir ces misérables histoires qu'on leur enseigné communément, et qui ne servent qu'à les corrompre. Nous ignorons quel usage Dieu peut faire, dans un âge plus avancé, de ces premiers rudimens de l'éducation.

Comme ma conscience n'était pas tranquille, que mes principes n'étaient pas encore très-corrompus ; on pouvait, ce semble, ne pas entièrement désespérer de moi, quoique je fusse engagé dans les liens du vice ; mais Satan trouva enfin un artifice très-propre à imposer silence aux craintes que j'avais eues, et à m'endormir dans mes péchés.

Je vins à connaître un commentaire socinien sur les Écritures; j'y bus avec avidité un poison qui servit à la fois à calmer mes angoisses, et à flatter mon orgueil. Tout ce système était exactement en harmonie avec mes inclinations et avec l'état de mon esprit.
À mesure que je lisais cet ouvrage, le péché me paraissait perdre sa laideur naturelle, et n'être qu'un mal très-léger et très-supportable. L'obéissance imparfaite de l'homme me paraissait briller d'un éclat presque divin ; et Dieu me semblait si entièrement et si miséricordieux, qu'il ne pouvait rendre aucune créature, misérable, sans contredire sa nature.

Ces nouvelles idées eurent une influence si puissante sur mon esprit, que je fus disposé à me reconnaître un grand mérite, en avouant néanmoins qu'il était légèrement terni par quelques taches.
En accédant à un système où les mystères de l'Évangile sont ou retranchés, ou rabaissés au niveau d'intelligence humaine par des raisonnemens vains et spécieux, je me jugeais fort élevé au-dessus de la généralité des hommes, par la supériorité de mon intelligence et de ma pénétration ; et je me plaisais à regarder avec mépris ceux qui étaient assez faibles pour croire les dogmes orthodoxes. Je flattais ainsi ma conscience et lorsque la pensée que je ne méritais pas encore entièrement le bonheur céleste, et que je n'étais pas tout-à-fait préparé pour le ciel, élevait des inquiétudes dans mon esprit, le même livre m'offrait un coussin commode sur lequel je me plaisais à me reposer, il prétendait, et, comme je pensais alors, prouvait sans réplique qu'il n'y à point de peines éternelles; il insinuait qu'il n'y a de punition que pour les plus grands pêcheurs, et que ceux qui seraient privés du ciel rentreraient dans le néant.

Avec ce système flatteur, j'imposais silence à toutes mes craintes, et lorsque ma conscience réveillée m'accusait, je lui disais : si j'ai le malheur dé perdre le ciel, je serai anéanti, et ainsi je n'en sentirai point la perte.
Je sais maintenant, par expérience dans quelle intention Satan emploie un si grand nombre de ses ministres à inventer et à propager ces erreurs, soit de spéculation, soit de pratique, qui, dans tous les âges, ont corrompu et énervé la doctrine pure et efficace de l'Évangile ; car ces erreurs, conduisent à l'oubli de Dieu et à une fausse sécurité, et deviennent un poison mortel pour toute âme qui s'en nourrit, à moins qu'un miracle de la grâce ne la tire de ce dangereux état.
Telles, sont, d'un côté, toutes les doctrines superstitieuses du Papisme, le purgatoire, les pénitences, les absolutions, les indulgences, le mérite des bonnes oeuvres et l'observance de choses qui ne sont pas commandées. Toutes ces doctrines ne sont-elles pas visiblement des artifices du diable, pour entretenir les pécheurs dans la sécurité ?
L'homme résolu de suivre ses inclinations dépravées, et de ne pas renfermer ses désirs et ses jouissances dans les limites prescrites par la sainte loi de Dieu, s'attache à tout ce qui peut adoucir l'affreuse image d'une misère éternelle. Une misère éternelle! voilà la réflexion cruelle dont Satan s'efforce, par toutes sortes d'artifices, de détruire l'influence, sachant bien qu'il ne peut être tranquille possesseur d'une âme, tant qu'elle est en proie à ces alarmes. C'est par de telles inventions qu'il a soin de fournir aux pécheurs ce qu'ils cherchent, et, leur facilite les moyens de vivre selon le train de ce monde corrompu, et selon les désirs de la nature dépravée, sans être troublés par des pensées effrayantes. Telle est aussi, d'un autre côté, la tendance de la doctrine de ces hommes qui mettent les attributs de Dieu en opposition les tins avec les autres ; qui font le Monarque suprême tellement miséricordieux qu'il n'a égard, ni aux réclamations de sa justice ni à sa gloire, ni à la véracité de sa parole, ni à l'ordre et à l'harmonie de l'univers ; qui font disparaître tous les mystères de l'Évangile ; qui représentent le péché, cette racine féconde de tout mal, cet ennemi de Dieu, ce favori de Satan, comme une chose fort légère, et à laquelle le Tout-Puissant fait à peine attention; et qui enfin, contre le témoignage des Écritures, contre l'expérience et l'observation universelle, voudraient nous persuader que l'homme n'est point une créature dépravée.

Ces principes flattaient ma conscience, m'affranchissaient de la crainte insupportable table de la damnation, et me donnaient une opinion favorable de moi-même ; Je les embrassai donc, je les défendis de toutes mes forces et m'y fortifiai par tous les raisonnemens qu'il me fut possible de trouver. Je désirais les croire ; mon désir fut satisfait, car je les crus finalement avec la plus aveugle confiance. Pris ainsi dans le piège que Satan m'avait tendu, je serais mort, en me reposant sur un espoir mensonger, si le Seigneur, que j'outrageais ne m'eut retiré du feu comme un tison.

Ce fut dans cet état horrible que j'aspirai aux Saints ordres ! Ébloui par l'idée orgueilleuse de la dignité humaine, je ne voyais plus de mal dans le péché, et je songeais peu à ma propre corruption. Rempli d'une haute opinion de mon mérite et de la profondeur de mon intelligence j'avais exclus tout mystère de mon système de religion, et je regardais avec un extrême mépris tous ceux qui avaient la simplicité d'y croire. J'étais à peu près Socinien et Pélagien, et tout-à-fait Arminien (1). Néanmoins, soit dit à ma honte, je cherchais à être admis au saint ministère, dans une église dont la doctrine est diamétralement opposée à celle que je venais d'embrasser. Je n'avais jamais réfléchi aux obstacles que la sagesse de nos ancêtres avait mis à l'admission d'hérétiques aussi dangereux que je l'étais alors. Tandis que je me préparais à cet acte solennel, je vivais, comme auparavant, dans le péché et dans l'oubli absolu de la prière. Toute ma préparation se bornait aux études plus immédiatement requises, pour soutenir honorablement l'examen d'admission.

Ainsi, plein d'orgueil et de malice, souillé de plusieurs péchés dont je ne m'étais point repenti et dont je n'avais point obtenu le pardon, négligeant, d'implorer la miséricorde de Dieu et de demander, par des prières, son secours et ses bénédictions, je fus ordonné Diacre le 20 septembre 1772; et cela, après avoir caché mes sentimens réels sous des expressions vagues, après avoir souscrit à des articles directement contraires à ma croyance, et faussement déclaré, en la présence de Dieu et de l'assemblée, scélant ma déclaration par la célébration de la cène que je me sentais poussé intérieurement par le Saint-Esprit à me charger de cet office tandis que je niais qu'il y eût un Saint-Esprit!

Qu'il soit à jamais béni le Dieu de bonté et de longue patience, qui a supporté avec tant de miséricorde un rebelle, un blasphémateur, un sacrilège usurpateur de son saint ministère ! Je n'ai jamais songé à cette criminelle audace sans m'étonner de n'avoir point été dès long-temps précipité dans l'enfer, et sans adorer ce Dieu plein de gratuité, qui a permis de vivre à un si grand pécheur, afin qu'il pût le servir comme son ministre, l'appeler avec confiance son Père, et s'écrier avec une vive gratitude :

« Mon âme, bénis l'Éternel, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom. Mon âme, bénis l'Éternel, et n'oublie aucun de ses bienfaits; c'est lui qui pardonne toutes tes iniquités, et guérit tous tes maux ; qui rachète ta vie de la destruction, et te couronne de bienveillance et de miséricorde »

Puissé-je l'aimer avec ferveur, et le servir avec confiance, avec humilité et avec un entier dévoûment, ce Dieu qui a fait surabonder la grâce là ou avaient abondé les transgressions !

Pour obtenir l'admission au saint ministère, j'eus à surmonter de grandes difficultés, qui naissaient de la nature de mes principes, et l'opiniâtreté que je mis à les franchir me rendit tout-à-fait inexcusable. J'avais alors, autant que je puis m'en rendre compte, trois buts principaux en aspirant au saint ministère le désir de me procurer une existence plus douce que je n'aurais pu le faire dans une autre vocation; - l'espoir d'un loisir qui me permettrait de satisfaire mon goût décidé pour la lecture enfin, imbu d'une vaine opinion de mes talens, j'avais l'ambition de me distinguer un jour dans le monde littéraire. Tels furent les principaux motifs qui me déterminèrent à prendre témérairement cette résolution ; motifs aussi éloignés de ceux qui animent un vrai serviteur de Jésus-Christ, que l'orgueil est opposé à l'humilité, et l'ambition à la modération des désirs ; motifs qui ne pouvaient pas plus s'accorder avec ma nouvelle vocation, que l'amour de soi-même, du monde, d'un gain sordide, ou d'une oisive indolence, ne peut s'allier avec l'amour de Dieu, celui des âmes et des fonctions laborieuses du ministère sacré. Qu'à moi donc soit la honte de cet odieux péché, et à Dieu toute la gloire de l'avoir fait servir à mon bien, quelqu'indigne que j'en fusse et à celui de son peuple chéri, de « l'Eglise qu'il s'est acquise par son propre sang ! »

Ma conduite extérieure fut conforme à ces motifs ; car, dès que je fus fixé dans une cure, je m'adonnai, avec la plus grande application, à l'étude des langues savantes, et d'autres travaux que j'estimais propres à préparer mon futur avancement dans le monde. Oh ! que ne suis-je maintenant aussi zélé à servir Dieu, que je l'étais alors à servir mon ambition ! Je n'épargnais aucune peine ; j'évitais, autant que possible, toute distraction, toute nouvelle connaissance; je retranchais même de mon sommeil, afin de me livrer plus entièrement à mes occupations favorites. Comme ministre, je ne remplissais de mes devoirs que ce qui était indispensable pour m'attirer la considération du monde. Sentant bien que l'estime publique seconderait mes vues, j'affectais une grande moralité dans ma conduite, et un air sérieux dans ma conversation. Cependant, je ne me lassais pas de violer la loi de Dieu, et je négligeais entièrement tout culte privé. Si quelquefois j'éprouvais le besoin de la prière, le sentiment de mes péchés me fermait la bouche, et je ne pouvais guère prononcer que ces mots : ô Dieu aie pitié de moi.

Apercevant que mes sentimens sociniens étaient fort mal reçus, et intimement persuadé, par ma propre expérience, qu'ils n'étaient pas favorables aux bonnes moeurs, je les cachai en grande partie, soit pour mon propre crédit, soit dans le désir d'inculquer à mes auditeurs des principes de moralité. Quelque peu étendues que fussent mes connaissances théologiques, elles contredisaient mon système relativement aux peines réservées aux méchans dans un autre monde. Les livres où j'avais puisé mon opinion à cet égard n'étant plus sous ma main, et les raisonnemens par lesquels j'avais appris à la défendre s'effaçant ainsi de ma mémoire, ma confiance commença à s'ébranler, et j'appréhendai de nouveau la misère éternelle.

Ma conscience me reprochait hautement, comme une vile hypocrisie, de m'employer au service extérieur de Dieu, tandis que je négligeais de lui rendre l'hommage de mon coeur, et que je le provoquais continuellement en secret: aussi je commençais à me persuader que, s'il y avait des pécheurs condamnés aux peines éternelles, je serais certainement du nombre. Ainsi, je fus de nouveau en proie aux plus vives inquiétudes, ayant sans cesse présente à l'esprit la pensée des terribles châtimens que j'aurais à endurer, si, tout-à-coup, la mort venait à me retirer de ce monde. Ma continuelle application à l'étude ne pouvait point calmer mes craintes et tranquilliser ma conscience ; et, sous une gaîté apparente, je cachais une âme angoissée.

Telle était ma situation à l'époque où s'opéra le changement dont je viens de commencer lé récit. Je me propose, dans la seconde partie de cet ouvrage, d'en montrer plus particulièrement l'origine, et d'en raconter les progrès et l'issue.
Je ferai observer, en finissant celle-ci, que, bien que je fusse irrésolu dans mon opinion, favorite, et que mes idées sur la personne de Jésus-Christ penchassent vers l'arianisme, j'étais cependant plus affermi que jamais dans mes sentimens à l'égard des autres dogmes. J'ai déjà exposé en peu de mots ce qu'étaient ces sentimens ils seront développés avec plus d'étendue à mesure que je ferai connaître au lecteur comment je fus conduit à les abandonner les uns après les autres, pour embrasser ceux qui sont directement contraires. Il suffira de dire pour le moment que j'étais plein d'opiniâtreté et d'une vaine suffisance. Placé dans le voisinage de quelques-uns de ces hommes que l'on appelle méthodistes (2), je partageais l'aversion générale que l'on a pour eux - je les considérais avec un souverain mépris; j'en parlais avec dérision, je déclamais contr'eux du haut de la chaire, les appelant des orgueilleux, des bigots, des enthousiastes ; et je m'efforçais de prouver que les doctrines dont je les supposais défenseurs (car je n'avais jamais lu leurs ouvrages) étaient injurieuses à Dieu, et funestes aux bonnes moeurs. Et, bien que, dans certaines compagnies, je cachasse une partie de ma haine, et que, dans toutes, j'affectasse une parfaite tolérance, il serait difficile d'être, plus que je ne l'étais, prévenu avec orgueil, inimitié et violence, contre leurs personnes et contre leurs doctrines.


Table des matières

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DEUXIÈME PARTIE. Changement qui eut lieu dans les opinions de l'auteur.

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(1) Comme quelques lecteurs n'entendent peut-être pas le sens de ces termes, je dirai, pour leur en faciliter l'intelligence, que les Sociniens ne voient en Jésus-Christ qu'un homme, et en sa mort qu'un exemple de patience et une confirmation de sa doctrine, et non une propitiation réelle, qui satisfait la justice divine pour les péchés de l'homme. Ils nient la divinité et la personnalité Saint-Esprit, n'admettent point l'oeuvre par laquelle il régénère, sanctifie et console les coeurs, et rejettent généralement la doctrine des peines éternelles.

Les Pélagiens nient le péché originel, affaiblissent le récit de nos saints livres sur la chute de l'homme, et n'admettent point la totale dépravation de la nature humaine, mais expliquent la corruption du monde par les mauvais exemples, l'habitude et l'éducation. Ils supposent que les hommes ont en eux la capacité, soit naturelle, soit morale, de devenir pieux et saints, sans une nouvelle création ou régénération du coeur par le St. Esprit. Ils affirment que la volonté libre, non-seulement nous constitue agens volontaires et responsables de notre conduite, mais encore peut nous affranchir de l'esclavage de nos mauvais penchans. D'où il suit, selon eux, que l'homme a en lui-même des ressources suffisantes pour redevenir saint.

Les Arminiens nient le dogme de l'élection personnelle et gratuite à la vie éternelle, et celui de la persévérance, finale de tous les vrais croyans. Plusieurs d'entr'eux soutiennent la doctrine de la justification par les oeuvres, en partie au moins, et penchent, en quelque degré, vers le Pélagianisme, relativement à la cause première et efficace de la conversion des pécheurs.
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(2) Le nom de Méthodiste, épithète de mépris, fut donné pour la première fois à Messieurs WESLEY, WHITFIELD et à leurs disciples, c'est-à-dire à des personnes qui, rejetant le titre de Dissidens, et restant attachées à l'Église établie, n'étaient non-conformistes que par rapport à la discipline ecclésiastique, ayant des lieux, des heures et des assemblées différentes pour le culte. Ce nom a été donné ensuite à tous les ecclésiastiques et à tous les laïques qui prêchent ou professent les doctrines de la réformation, telles qu'elles sont exprimées dans les articles et la liturgie de l'Église Anglicane.
En punition de ce crime, ils sont tous condamnés, et surtout les ministres, à porter ce nom injurieux ; la conformité la plus régulière et la plus paisible aux règles établies ne les en exemptera pas.
Il suffit, pour le recevoir, qu'ils professent les doctrines autorisées par l'Église constituée, et qui sont rejetées en grande partie par plusieurs docteurs de nos jours. Je n'ai eu jusqu'ici de relations qu'avec les Méthodistes de cette dernière classe; et c'est eux seuls que j'ai en vue en employant cette expression.

 

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