« Il y a un Dieu pour les
buveurs ... »
CHAPITRE XX
Pitié pour ces petits !
Depuis mon enrôlement dans l'Armée
du Salut, je me suis efforcé - bien
imparfaitement, il est vrai - d'être un
chrétien digne de ce nom. J'ai appris, entre
autres choses, à rester calme et
maître de moi en toute circonstance. Les
jours étaient passés où,
à la moindre provocation, je brûlais
d'administrer une correction à qui le
méritait. Cependant, même sous
l'uniforme salutiste, je me suis senti parfois
fortement tenté «d'emprunter cinq
minutes au Seigneur» pour inculquer, par les
grands moyens, la notion de leurs
responsabilités essentielles à
certaines gens.
J'ai des enfants et je pense qu'il
est difficile de rester indifférent à
la souffrance de ces innocents. Il ne me convient
pas de jeter la pierre à personne, c'est
vrai. Je me suis comporté scandaleusement
vis-à-vis de mes gosses : ils restaient
seuls avec leur mère pleine d'angoisse
pendant que je me donnais du bon temps au
café.
Mais tout de même, il est de
mon devoir de protester contre le tort fait aux
enfants, soit par le Harry Bass des anciens jours,
soit par les parents d'aujourd'hui, souvent trop
portés aux excès de
boisson.
Tant de fois, j'ai pu voir devant la
porte du café de petits enfants au visage
pâle et triste qui attendaient transis de
froid. À l'intérieur, bien au chaud
et bien à l'aise, j'ai trouvé leurs
parents, tout à fait insouciants du
bien-être des petites créatures que
Dieu leur avait confiées.
Au risque d'être mal
reçu, il m'est arrivé de dire un mot
à ces gens : « Madame, excusez-moi :
votre petite fille est dehors; elle pleure et vous
demande. Elle a très froid. Vous devriez
l'emmener à la maison. » Quelquefois
mon intervention avait le résultat voulu.
D'autres fois, on me priait de me mêler de
mes propres affaires. Mais je ne pouvais pas
m'empêcher de dire quelque chose, que cela
soit agréable ou non.
J'aurais tort de me prendre pour
meilleur que d'autres : quand ils étaient
petits, mes enfants auraient eu leur père au
pôle nord qu'ils en auraient reçu
autant de bien ! Mais Dieu a mis un terme à
cela. Je découvris mes enfants et ils en
firent de même pour moi. Quel heureux jour ce
fut pour nous !
Dieu a pardonné ma conduite
honteuse envers Harry et Florence. Vous êtes
donc bien d'accord que je dois faire mon possible
pour défendre les intérêts des
autres enfants. Nous ne devons pas laisser ces
innocents pâtir des mauvaises habitudes de
leurs parents.
La loi protège ces jeunes
vies, mais il y a des façons de tourner la
loi. J'ai vu des enfants hauts comme trois pommes
auxquels on faisait avaler de la bière.
Harry Bass qui n'a pourtant guère de quoi se
vanter n'en est jamais arrivé là.
N'étant pas spécialisé dans
ces questions, je ne connais pas les statistiques
sur le bout du doigt. Mais je sais que la
délinquance juvénile augmente sans
cesse : combien d'adolescents ont un langage qui
choquerait un charretier, un comportement dur et
sans scrupules ! Combien sont une source
d'anxiété pour les travailleurs
sociaux et les magistrats des tribunaux ! De tous
ces jeunes, je me demande combien ont
commencé à s'égarer dans
l'atmosphère malsaine des cabarets où
une mère elle-même peut oublier que
son jeune enfant est à l'écoute et
qu'il a des yeux pour voir... L'alcool délie
les langues et trouble les cerveaux. Un homme
doué d'un minimum de sens devrait veiller
à ne pas tenir certains propos pendant que
des enfants sont à portée de voix.
Cependant, j'ai souvent vu la chose se
produire.
On voit littéralement des
centaines d'enfants sur les terrasses de
cafés, les soirs d'été. Ils
sont là avec papa et maman, au milieu de
chiens et de gens de tout acabit. Il y a d'une part
les fanatiques du sport et du jeu, de l'autre les
vrais piliers de café. On chante, on crie,
on se prend de bec, jure et fait des scènes.
On oublie que les âmes toutes neuves des
enfants ne demandent qu'à imiter les grandes
personnes...
Quelquefois les enfants tombent de
sommeil. Papa et maman s'en tirent bien avec sept
heures de sommeil; mais il en faut douze à
ces bambins !
Sur ces terrasses pleines de monde,
mon arrivée faisait souvent une diversion
bienvenue. Les gosses m'apportaient leurs sous pour
avoir le « Jeune Soldat» que j'avais
grand plaisir à leur remettre - Il y aurait
tant à dire, ici, sur le genre de lecture
qu'on met entre les mains de la jeunesse
!
Il ne m'aurait servi de rien de
sermonner les parents sur les méfaits de
l'alcoolisme et sur le danger que ce vice faisait
courir à leur progéniture. Je
n'aurais réussi qu'à me faire
étriller. La bonne méthode,
c'était de raconter ma conversion. Un solo
comme « Mon Dieu, plus près de
Toi» ou « Reste avec nous, Seigneur
» me fournissait une entrée en
matière. Les gens réclamaient souvent
de tels cantiques. En les écoutant, ils
pleuraient, prenaient la résolution de mieux
faire... Mais ils comptaient trop sur leurs propres
forces et pas assez sur la grâce de Dieu.
Ainsi, la semaine d'après, ils se
retrouvaient au café avec leurs enfants et
avec la même requête : «
Chante-nous quelque chose, Harry ! Une chanson !
»
Cela fait, ils me relançaient
: « Maintenant, un petit discours ! Discours !
Discours ! » Je profitais de l'occasion pour
leur dire ce qui me tenait à coeur : je
n'étais plus dans les secrets du football,
maintenant; j'ignorais quel cheval allait
l'emporter aux prochaines courses. Mais je savais
une chose : c'était que Dieu avait
nettoyé le coeur de l'ex-canaille Harry Bass
de tous les vices qui s'y trouvaient .
Dans le cours de ce
témoignage, des allusions assez directes
m'échappaient presque involontairement. La
vue de ces enfants livrés à
eux-mêmes me poussait à raconter
comment le Seigneur m'avait aidé à
devenir un meilleur papa pour mes gosses. Je leur
parlais des jours où je ne m'en
inquiétais pas plus que des nègres
d'Amérique, où tout mon argent -
gagné, emprunté ou volé - me
servait à faire la noce.
Je ressasse beaucoup ces histoires
du passé n'est-ce pas ? Mais comment faire
autrement ? Il fallait bien en parler pour
persuader ces gens de la possibilité d'une
si merveilleuse transformation. Si j'avais
été un licencié
d'université, issu d'une bonne famille,
distingué, pondéré et à
l'abri du besoin, je vous garantis que mon discours
n'aurait pas touché mes auditeurs aussi
vivement. Je ne m'excuse donc pas de dire et redire
la vieille et toujours merveilleuse histoire de mon
salut.
« Allons, Harry ! dis-nous
depuis combien de temps tu n'as plus bu ! » On
aimait entendre parler de ces choses. Un jour,
j'étais arrivé au point, dans mon
récit, où j'avais presque
renversé la lampe sur la table de la
cuisine, dans un accès de colère -
quand tout à coup, un individu visiblement
ivre et furieux se précipita sur moi et me
saisit à la gorge : « Arrête de
parler de moi ! Arrête ça, compris ?
» Il me serrait si fort que j'en perdais le
souffle. Il me fallut de l'aide pour lui faire
lâcher prise avant d'être
étranglé. Les gens essayèrent
de l'apaiser, mais il m'en voulait
sérieusement : « Pourquoi cet
apôtre vient-il parler de moi devant tout le
monde?»
Le piquant de l'affaire, c'est que
je ne le connaissais pas plus que le dernier des
Mohicans. Mais au fond, ce n'était
peut-être pas si risible que cela : cet homme
avait la même conduite que moi, avant
l'intervention de Dieu dans ma vie. Or, une
conscience coupable peut rendre très
chatouilleux.
.
CHAPITRE XXI
Harry est rouge, jaune et bleu
Avant de passer sous le régime «
rouge, jaune et bleu » - vous avez reconnu les
trois couleurs du drapeau salutiste - j'avais une
forte teinte politique. Peu importe ce qu'elle
était : il me suffit de dire qu'en entrant
dans l'Armée du Salut, je perdis presque
tout intérêt pour les luttes de
partis.
Beaucoup de polémistes en
herbe dans les cafés, les docks et les
autobus, engageaient de chaudes discussions pour ou
contre les rouges, les jaunes ou les bleus - soit
la 'gauche, le centre et la droite. Mais j'appris
à me tenir à l'écart de ces
passions partisanes. En m'engageant sur le terrain
de la politique, je n'aurais jamais eu
l'autorité nécessaire pour parler des
choses réellement importantes.
J'ai connu des discuteurs
impénitents qui croyaient être dans le
seul vrai parti et sur le seul bon
chemin.
Néanmoins, chose curieuse
mais compréhensible, ces mêmes hommes
étaient plongés dans les pires ennuis
et adonnés aux vices les plus avilissants.
Je n'ai jamais vu un «isme» quelconque
délivrer personne de la boisson et du
jeu.
Non, les partis politiques ne
suffisent pas. Les couleurs du drapeau salutiste se
trouvent être celles des principales
tendances politiques de l'Angleterre; mais elles ne
sont pas les couleurs d'un parti. Cette
bannière symbolise des forces autrement
supérieures. Elles parlent du sang de
Jésus-Christ, de la flamme sacrée du
Saint-Esprit et du bleu royal, symbole de
pureté.
Voilà les choses que je
crois. Ainsi, j'avais de quoi répondre aux
discoureurs : je leur parlai d'une puissance qui
agit sans se contenter de paroles.
Mon contremaître, aux docks,
savait le dire bien mieux que moi : « Regardez
Harry Bass ! » déclarait-il à
qui voulait l'entendre : « De ma vie, rien vu
de pareil! Un jour, il se soûle comme un
Polonais, néglige ses devoirs de famille et
alimente les cancans de la ville. Et puis, tout
à coup, il arrête en une nuit. Comme
ça ! » et il faisait claquer ses
doigts
« Comme ça !
»
Je l'entendis un jour faire la
leçon à quelques mécaniciens
et patrons : « La fumée ? Au fond, tout
le monde aimerait bien s'en passer. Mais où
nous mène le simple désir
d'arrêter ? Le seul fait d'en parler ? Nulle
part ! Nous continuons à fumer, tout en
désirant ne pas le faire. Mais que fait
Harry Bass ? Il arrête tout bonnement. Un
miracle, voilà ce que c'est; un sacré
miracle ! »
C'est peut-être une
façon un peu crue de présenter les
choses, mais c'est bien un miracle. C'est quelque
chose qui sort du domaine purement humain et que
les partis ou conventions politiques ne peuvent
accomplir.
Un ou deux de mes camarades de
travail voulurent démontrer la soi-disant
erreur de ces affirmations sur l'insuffisance de
l'effort humain.
« Charly a décidé
de ne plus fumer, par la force de la
volonté. » Tel était, un beau
jour, le bruit qui circulait. Je crois à la
volonté, bien sûr, mais laissée
à elle-même, elle est comme un mauvais
bateau : elle risque de faire eau. C'est ce qu'il
advint de la tentative de Charly. Pendant une
semaine, chaque jour plus renfrogné, il se
rendit malheureux comme Job pour prouver la toute
puissance de la maîtrise de soi.
Au bout de trois ou quatre jours, il
y eut quelques sourires, quelques coups de coude,
et bientôt la nouvelle se répandit :
« Ah ! Ah ! Charly n'a pas tenu ! » Et
l'on vit Charly souffler sa fumée avec la
joie d'un homme qui vient de parvenir à un
oasis après une longue marche dans le Sahara
!
Il en est de même, dans la
plupart des cas, pour la boisson, le jeu et
même la politique. L'homme livré
à lui-même ne peut se libérer
tout seul. Mettre Dieu de côté, c'est
vouer tous ses efforts à
l'échec.
D'après l'un de mes copains,
il s'agit là d'une question de
tempérament ! Le malheureux, il ne m'a
certainement pas connu avant ma conversion ! «
Si j'avais ta croyance et ta belle humeur, j'y
arriverais aussi», disait-il. Pur non-sens !
C'est ce que je dis toujours. Cela n'est pas venu
de moi. Personne ne peut faire son propre salut. Le
problème du péché, du
changement du coeur et de la victoire sur la
tentation n'est résolu que par Dieu. Il doit
y avoir coopération entre l'homme et son
Créateur.
... Mais vous allez m'accuser de
prêcher, ce que j'ai
précisément voulu éviter.
J'aurais un mot à dire encore sur l'une des
plus grandes dames du Royaume - je veux dire ma
femme. Elle n'a jamais désiré qu'on
parle beaucoup d'elle. Si elle l'avait voulu, elle
aurait eu quelque chance de devenir
célèbre
Dans le temps de ma mauvaise
conduite, ma vaillante épouse a fait
l'impossible pour nouer les deux bouts et pour
maintenir ce qu'elle pouvait de l'ambiance du
foyer, pendant que je faisais le glorieux au
cabaret, au match de football, répudiant les
principes élémentaires de la
paternité.
DIEU changea tout cela; dès
lors, la bière et les brasseurs durent
céder la place à l'Armée du
Salut et mon temps trouva un tout nouvel emploi.
Pour sûr, cette transformation était
trop belle pour être vraie : ma femme y
trouvait enfin son compte de bonheur. Mais cette
conversion lui demandait de nouveaux renoncements,
car au lieu de me livrer à mes stupides
exploits d'ivrogne, je devais maintenant m'occuper
des affaires de mon Maître et Sauveur. Ainsi,
je m'absentais souvent pendant des
heures.
Il y eut des occasions - tenez-vous
bien où l'on me pria de représenter
l'Armée du Salut à des
cérémonies officielles. Vous me
voyez, moi l'ex-bambocheur impénitent, en
compagnie de gros bonnets ! Voilà qui
dépasse, me semble-t-il, des choses comme
«D'une cabane de bûcheron à la
Maison Blanche» ! (Biographie
d'un président des États-Unis)
C'est l'officier qui le voulait ainsi. Ma femme
restait à la maison et intercédait
pour moi. Elle a été une mère
magnifique et elle ne me retint jamais dans mon
service pour Dieu. Je salue avec respect ma bonne
Florence !
Si mes enfants sont sur le bon
chemin, c'est à elle que je le dois. Ils
font tous trois partie des groupes salutistes de
jeunesse. Mon aîné est sergent-major
de la Jeune Armée, ce qui revient à
moniteur-chef de l'école du dimanche. Nous
avons déjà des petits-enfants - Il me
semble être un vieux patriarche ! - et eux
aussi commencent à suivre l'exemple de leur
chère grand'maman.
Il n'est pas indiqué de se
mêler de ce qui touche mari et femme; mais je
ne puis m'empêcher parfois de demander
à mes amis des cafés si les bonnes
parties, les bons compagnons et les bonnes cuites
ne font pas le désespoir de celles qui ont
accepté de partager leur vie. En posant la
question, je n'oublie pas mon passé
d'ignominie, ni comment j'ai privé ma femme
de l'affection et de l'amour que j'avais promis de
lui témoigner «jusqu'à ce que la
mort nous sépare ».
Ce n'est pas le moindre bienfait de
la conversion que de rendre au mariage et à
la vie de famille leur vraie signification.
Voilà comme est la religion : si vous la
comprenez et la pratiquez de la bonne
manière, vous en voyez les résultats.
Elle ne consiste pas en paroles, en beaux
sentiments, en des hymnes ou même en des
chapitres de la Bible. Elle est une façon de
vivre, et de vivre pleinement.
.
CHAPITRE XXII
Le rideau tombe
Il est grand temps de mettre le point final.
Vingt-deux chapitres suffisent amplement à
raconter une vie dont la majeure partie n'est
guère à l'honneur du
héros.
Avant de tirer ma
révérence, je voudrais rendre hommage
à un homme qui a joué un rôle
important dans ma conversion; peut-être
aurai-je dû lui faire une plus grande place
dans cette histoire. Le brigadier George Taylor -
c'est son grade actuel - était l'officier en
charge du poste de Grays au moment où
l'épave que j'étais
pénétra dans la salle de
l'Armée du Salut pour y faire son chemin de
Damas. George Taylor a conduit beaucoup de gens
à capituler devant l'amour de Dieu. Plus
encore, il les a aidés à tenir ferme
pendant les premiers jours de la vie nouvelle
où une chute, vite arrivée, peut
être fatale à la foi. Pendant mes
premiers pas sur ce chemin étroit, le
brigadier prit soin de moi comme du nourrisson le
plus délicat. Je salue aussi mon premier et
bien-aimé officier commandant.
Il est déplorable, n'est-ce
pas, que l'histoire du vice soit, pour beaucoup, la
plus intéressante à lire. Il n'est
plus question, dans mon récit, de
soûleries, de vols, de fraude et de
corrections administrées à ma femme.
Aussi, le reste est prosaïque et même
ennuyeux. Le bonheur, dit-on, n'a pas d'histoire :
pendant toutes ces dernières années,
j'ai joué dans la fanfare, j'ai
chanté des cantiques, au lieu des chansons
grivoises d'autrefois. J'ai raconté ma
conversion dans les réunions en plein air et
pris la parole dans la salle.
De temps à autre, la joie me
fut donnée de faire ma petite part pour
gagner une âme à Dieu. S'il est
vraiment démontré que la vertu est
insipide, comme certains journalistes de Fleet
Street le prétendent, alors laissez-moi vous
dire qu'il n'y a rien de monotone dans la
conversion d'un homme à Dieu. Chaque fois
que vous en êtes témoin, vous en
éprouvez un nouvel
émerveillement.
Bien souvent, j'ai secouru de
pauvres gars endettés jusqu'au cou, en
danger de perdre leur place et sans personne qui
veuille se porter garant pour eux devant les
magistrats. J'en ai été parfois pour
mes frais, quand le « type » que j'avais
cautionné se faisait
congédier.
Tout cela était au fond le
prix à payer pour se conduire en
chrétien toujours prêt à aider
les pauvres diables à se remettre sur les
guibolles. Je ne suis pas instruit, vous le savez !
En écrivant ces pages, il m'a fallu le
dictionnaire je ne sais combien de fois pour
vérifier mes notions d'orthographe. Le salut
a signifié pour moi un retour à
l'école. Je me suis mis à lire des
bouquins d'un bout à l'autre. Non pas des
traités sur les compétitions
hippiques ou autres sports, mais des livres sur le
péché, la vie spirituelle, sur les
voies de Dieu et la vie des hommes
sanctifiés. J'ai fait la connaissance du
grand écrivain salutiste déjà
nommé, Samuel Brengle, de Thomas à
Kempis et d'un homme du nom de Chadwick. Je fis ma
nourriture de paroles telles que celle-ci : «
Celui qui, pour l'amour de Dieu, délaisse
les poursuites charnelles de la terre est richement
récompensé par le Saint-Esprit.
»
Il y a un bout de chemin entre Harry
Bass l'alcoolique délirant et le
chrétien heureux, l'homme de prière.
Le Harry Bass d'aujourd'hui trouve sa joie à
s'agenouiller dans la présence de Dieu,
à lire les paroles vivantes de la Bible,
à écouter des orateurs comme le
Général Bramwell Booth, le
Général Higgins et le
Général Orsborn.
C'est une chose difficile à
exprimer par des mots; mais il y a eu des moments
où j'ai été transporté
de joie à cause de l'amour de Dieu et du
bonheur qu'il y a de vivre pour Lui. Je tiens
à l'affirmer par écrit: ce ne sont
pas seulement les gens cultivés, les
universitaires, les moines et séminaristes
qui peuvent entrer dans la présence de Dieu,
dès ici-bas.
C'est un véritable ciel sur
la terre qui a commencé pour moi par les
prières de ma femme, les soins de George
Taylor et par l'action de la grâce de Dieu
dans mon coeur. Rappelez-vous que je n'en tire
aucune gloire; qu'il n'y ait pas d'erreur à
ce sujet ! Un ouvrier, un mécanicien sur
grue, un citoyen tout ordinaire, voilà ce
que je suis. Et pourtant le Seigneur m'a
sauvé de toutes les choses dont je vous ai
parlé. Laissez-moi encore ajouter ce que je
dis souvent au coin des rues : « Ce que Dieu a
fait pour moi, Il peut le faire pour toi, mon
frère!»
Et maintenant, je prends
congé. Je ne vous ai pas
dévoilé mon passé pour vous
amuser; encore moins pour faire de l'argent. Il
n'est pas question ici de «tous droits
réservés».
Une bonne partie de ce récit
a paru dans le « Cri de Guerre » de
Londres, en une série d'articles. J'ai
entendu dire qu'un homme s'est donné
à Dieu après cette lecture. C'est une
des raisons pour lesquelles je remercie le
brigadier Taylor de m'avoir persuadé
d'écrire ces choses. Un autre monsieur fit
le voyage jusqu'à Grays pour me voir. Il
doutait de la vérité de cette
histoire et me tenait pour un personnage
imaginaire. Il eut tout le loisir de me contempler
en chair et en os, de constater mon identité
et de me serrer la main. Récemment, j'ai
tenu des réunions et visité des
cafés où des gens qui avaient lu mon
histoire m'ont regardé et questionné
pour s'assurer de mon
authenticité.
Si je pouvais, voici ce que je
dirais à toutes les victimes de l'alcoolisme
en Grande-Bretagne et même dans le monde
entier : « Vous n'êtes pas forcés
de rester dans cette servitude. Vous pouvez devenir
libres. Dieu peut, Dieu veut vous affranchir.
»
Il l'a fait pour moi, Harry Bass, de
Grays.
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