Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Parcours féminins



L'orgueil va devant l'écrasement
(Concerne Zoé Giraud)

 

Zoé avait eu plusieurs fois le désir de visiter Anne-Laure, son coeur sentait le besoin de se confier, son âme soupirait après l'eau vive des paroles chrétiennes de son ancienne amie, mais sa fierté 26 redoutait une leçon, même un conseil. Les jours passaient donc, les semaines aussi, et Zoé restait chez elle.

Un jour que son mari avait quitté la maison pour se rendre à une foire des environs, Zoé, tristement assise dans son jardin, pensait avec un certain regret à ses rêves d'adolescente, aux grandes aspirations qu'elle avait eues à l'époque. Ne se voyait-elle pas alors au bras d'un homme séduisant et riche, tous deux courant ce monde en voyages et plaisirs ?

Mais voilà qu'elle fut surprise par une voix connue.

- Je reviens, dit affectueusement Anne-Laure, en se dirigeant vers elle. Comme on ne répondait pas à la porte, mais que j'entendais les enfants jouer à l'arrière, je me suis permis de venir jusqu'ici. Je reviens, au risque de t'ennuyer, de te fâcher peut-être, bien que j'espère que cela ne sera pas du tout le cas.

- Oh ! Anne-Laure !

- Asseyons-nous, Zoé... Tu souffres, l'état de ta pauvre âme fait pitié. Je me sens pour toi des entrailles de mère. N'aie pas peur, je ne veux pas pénétrer indiscrètement tes secrets, mais je te vois en danger, ma chère, et je te prie de m'ouvrir ton coeur.

- Eh bien ! Oui, dit Zoé dont les yeux, depuis longtemps séchés par l'orgueil, laissèrent tout à coup échapper un torrent de larmes, je suis malheureuse, profondément malheureuse ! Dieu me punit, il fait bien... et voilà tout.

- Zoé, Dieu est amour. S'il punit, il le fait dans sa tendresse. Laisse le regard si miséricordieux du Seigneur s'abaisser sur toi. Laisse-toi scruter par son amour. Ne lui refuse pas ta repentance.

- Oh non ! C'est fini, reprit Zoé d'une voix oppressée. Je ne sais s'il y a un pardon pour moi dans le ciel, mais du bonheur, de la paix sur la terre, il n'y en a plus. J'ai su ce que je faisais en me mariant avec Robert. J'ai sacrifié ma foi et celle de mes futurs enfants par amour du luxe. Je n'aimais pas Robert, je ne l'aimerai jamais, d'ailleurs ! Oh ! Je ne me suis pas mariée avec lui sur un coup de tête, au contraire ! Je l'ai fait à tête reposée, par calcul, par orgueil... Je le paie bien cher, maintenant. C'est juste, mais que c'est cruel !

Ici les pleurs coupèrent sa parole.

- Allez, dit Anne-Laure en prenant les mains de Zoé, pleure, soulage ton coeur, tu en as besoin, et puis calme-toi et nous parlerons en amies... Là, tu te sens mieux ?

- Oui, murmura Zoé après un assez long intervalle.

- Tu me parles de punition, et moi je veux te parler d'amour. Vois-tu ... et Anne-Laure ouvrit une petite Bible, vois-tu ce que le Seigneur te dit là : «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu 11:28).

- Cela n'est pas pour moi, balbutia Zoé.

- Non ! Et pour qui donc alors? Pour les justes ? As-tu oublié ces paroles de Jésus: «Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c'est que: « Je veux miséricorde et non pas sacrifice »; car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Matthieu 9 :12-13) ? Ne veux-tu pas cesser de pleurer sur ton péché ? Serait-il plus grand que le Seigneur lui-même et son pardon ?

Zoé poussa un gros soupir.

- Ah ! Ma chère Zoé, si tu voulais puiser toi-même dans ce riche trésor qu'est la miséricorde 27 de Dieu, ton âme, peu à peu, reviendrait à la vie.

- J'essaierai, dit très bas Zoé.

Après un moment de silence :

- Zoé, reprit Anne-Laure, tu es aimée du Seigneur. Pourquoi donc lui fermes-tu obstinément ton coeur ?

- Aimer ... je ne sais plus ce que cela signifie ! Avec un homme que tout sépare de moi ! Je ne peux plus le supporter!

- Ne confonds pas l'amour parfait de Dieu et l'amour si imparfait du coeur humain ! Tu mélanges ce qui ne peut l'être. Si tu ouvrais ton coeur à l'amour de Dieu, tu saurais aimer ton mari, quelque défaut qu'il ait.

Zoé se redressa avec fierté.

- L'aimer, jamais !

- Détrompe-toi, ma chère Zoé, c'est possible.

- En attendant, il n'y a pas besoin d'aimer un mari pour faire bonne figure devant les gens, pour tenir tant bien que mal sa place d'épouse et de mère, répliqua Zoé, chez qui l'esprit mordant reprenait le dessus.

- Eh si ! Mon enfant, il faut de l'affection, non pas pour faire, mais pour bien faire tout cela. Quand on est indifférente, plutôt quand on méprise à un degré quelconque, on ne remplit ses obligations d'épouse et de maman qu'à moitié. Oh ! On n'est pas adultère en actes, mais on rêve à d'autres hommes en secret, on les désire. On tient sa maison, mais on le fait de mauvaise grâce, avec ennui. Et puis, le secours moral que nous devons à tout époux, l'influence que nous pouvons exercer sur lui en bien ou en mal, ce rôle que Dieu nous a donné, qu'en fais-tu, Zoé ?

- De l'union ! Avec Robert ! s'écria Zoé en haussant les épaules. On voit bien que tu ne le connais pas. Mon mari n'a aucun besoin d'affection, il ne sait pas même ce que c'est. S'il le savait, il s'en rirait. Il est arrivé à l'âge qu'il a sans éprouver de l'amitié pour qui que ce soit. Il m'a épousée parce qu'il voulait une jeune femme. Ses plaisirs ce n'est pas nous, sa femme et ses enfants, mais l'argent. Le compter, l'amasser, le faire fructifier par tous les moyens, cela seul lui convient. Moi, je ne suis ici que sa première servante.

- Si au lieu d'être, comme tu le dis, sa première servante, tu devenais vraiment sa femme, s'il trouvait en toi, non pas les pâles apparences de l'affection, mais l'affection elle-même, des soins partant du coeur, un peu de bienveillance, de l'intérêt pour ses affaires... peut-être qu'il changerait ?

- Ses affaires ! interrompit Zoé qui revenait tout à fait à sa nature orgueilleuse, qui les connaît ? Pas moi, assurément ! Tout est mystère avec Robert. Il se méfie de sa femme plus que de personne. Il me donne juste de quoi acheter le nécessaire, de telle sorte que je dois lui soutirer jusqu'au plus petit billet pour m'habiller. Je suis comme une petite fille qui doit demander à sa maman si elle est d'accord pour acheter une telle robe ou un tel chemisier. Il n'y a pas d'humiliation que je n'aie soufferte. Il me refuse presque tout ce que je désire. Il m'enseigne lui-même ce que j'ai à faire... et j'en profite. Je me débrouille par tous les moyens.

- Zoé, ne parle pas comme cela, cela me fait mal. Veux-tu que je te parle en toute franchise ? J'admets que ton mari soit un de ces hommes qui s'occupent plus de l'argent qu'il peut thésauriser que de l'entretien de sa famille. Mais son avarice t'autorise-t-elle à commettre des vols ? Dis-moi, si je me trompe, mais est-ce que te servir dans les magasins te laisse la conscience tranquille ?

Zoé baissa la tête.

- Moi, j'appelle cela voler, et c'est très grave ! A ta place, je mettrais ma fierté de côté, et je me repentirais. Tu devrais renoncer à la convoitise 28 des vêtements et des bijoux.

- Ce n'est pas seulement mon âme qui se perd, s'écria Zoé rouge de confusion, on y perd toute dignité. Ne faut-il pas que moi, la femme d'un riche maraîcher, je travaille comme une pauvresse, pendant que mes amies passent doucement leur temps à ne rien faire.

- Oh ! Zoé ! Je suis certaine qu'il y a de grandes bénédictions à travailler plutôt que d'être oisive et indolente. Tu as déjà fait l'erreur d'un mauvais conjoint par amour de cette vie que tu croyais avoir avec lui. Tu n'as donc pas encore compris la leçon ? Te faut-il regimber comme cela pour ne pas accepter que c'est ton amour de la frivolité qui t'a conduite dans ce malheur ?

- Je suis perdue, mais il l'est tout autant avec son horrible avarice ! reprit Zoé, d'un ton très dur, comme si son orgueil se dressait dans toute sa laideur.

- Que penses-tu de quelqu'un qui laisse son bras se gangrener alors qu'il sait qu'il lui faut couper la partie infectée ? C'est de la folie ! Excuse-moi d'être aussi dure, mais tes paroles m'y obligent. Il faut couper ton orgueil et le jeter au loin, pour ne pas périr avec lui !

Il y avait encore plus d'exaspération que de douleur chez Zoé.

- Et toi, Zoé, reprit doucement Anne-Laure, crois-tu que Jésus puisse te pardonner de tels actes et de tels sentiments? Je t'en supplie ! Il est encore temps pour toi et ton mari, et pour vos enfants.

Zoé, dont ces mots froissaient l'orgueil, poursuivit avec véhémence:

- Ah ! Les enfants, quelle jouissance me donnent-ils ? Je le sais, je mérite toutes les peines qu'ils me causeront. Je m'y attends. Je ne me fais aucune illusion à ce sujet.

- C'est justement ce qu'il ne faut pas faire ! s'écria Anne-Laure.

- Eh bien ! Comment veux-tu que je m'y prenne ? L'exemple de leur père peut-il leur enseigner quelque chose de bon ? Robert s'occupe-t-il d'eux autrement que pour leur perte en leur montrant l'exemple d'un père rongé par l'appât du gain, prêt à tout pour s'engraisser au détriment des autres. L'aîné n'a pas confiance en moi. Il ne me témoigne aucune tendresse. Il ne m'appartient déjà plus. Et Jérôme, lorsque je le réprimande, me répond : « Laisse-moi, comme papa ! »

- As-tu essayé de lire, de prier avec tes enfants ?

- Une fois ou deux au début, mais cela les ennuie. Ils se sont plaints à leur père, et Robert s'est fâché contre moi, devant eux en plus !

- Zoé, tu as un grand devoir à remplir envers tes enfants, celui de leur présenter la vérité, de la leur présenter dans tes paroles et dans ta conduite. Pour la leur offrir, il faut la posséder. Commence donc par retourner toi-même à la lecture sérieuse de la Bible. Agenouille-toi devant Dieu, et confesse-lui sincèrement tous tes péchés 29. Demande au Saint Esprit de t'éclairer. Regarde à Jésus, qui a souffert pour toi sur la croix. Je te le dis: « Repens-toi ! » Et alors, tu pourras aider tes enfants. Le soir, avant leur sommeil, tu te mettras à genoux près de leur lit, et tu recommanderas leurs âmes à Jésus, non par le moyen de prières récitées, mais en parlant au Seigneur comme un racheté parle à son Sauveur, de manière à ce que tes enfants comprennent tes paroles, et peu à peu s'y joignent de coeur. Tu ne feras rien de tout cela en cachette, tout au grand jour. Et qui sait, Zoé, qui sait si, avec la grâce de Dieu, ces paroles, cet exemple, n'attendriront pas ton mari ? Qui sait si, un jour, tu ne prieras pas avec ton mari ? Qui sait, si vous ne ferez pas un beau couple devant le Seigneur, rempli d'amour l'un pour l'autre ? C'est mon souhait le plus cher !

- Jamais! Jamais ! fit Zoé d'une voix étouffée et le coeur serré. Non, c'est fini. Pour mes enfants, oui, il peut y avoir de l'espoir! oui, j'essaierai de faire quelque chose... mais pour Robert, c'est inutile. Il me dirait, comme à chaque fois que l'on a abordé le sujet: « Laisse-moi en paix, je ne veux rien entendre à tes sornettes ! »

- Rien n'est impossible à Dieu, Zoé, pour celui qui vient à lui le coeur brisé et humilié 30.

- Non, c'est trop tard ! Ce que j'ai à faire, ce que j'ai fait, ce que je ferai, c'est de me renfermer sur moi-même, et de laisser Robert agir de son côté. Oui, c'est cela ; rester dans mon coin, au moins mes sentiments, mes pensées seront libres.

- Libre de pécher, tu le seras ! Libre d'accroître ton malheur. Libre de rendre insupportable le peu de rapports que tu seras obligée d'avoir avec ton mari. Quoi que tu fasses, tu es sa femme, à moins que tu ne divorces 31. Mais, je t'en supplie, ma chère Zoé, ne fais jamais cela ! Tu détruirais le reste de ta vie. Il y a déjà assez de souffrances comme cela dans ton existence.

- Divorcer ? Pas maintenant, en tous cas, reprit Zoé dans un accent de sincérité. J'ai encore besoin de lui. Que ferais-je sans ressource ? J'ai trop peur de la misère pour m'y enfoncer.

- Oh ! Que tu es aveuglée sur ton état, ma chère Zoé. Combien j'ai de la peine pour toi. Est-ce que penser et parler ainsi diminue tes peines ? Est-ce que cela t'aide à supporter ton présent ?

- Non, murmura Zoé.

Puis elle ajouta, secrètement poussée par sa conscience:

- Il me semble alors qu'un serpent me ronge le coeur.

- Zoé, sois-en sûre, ce qui te trouble ainsi, ce qui te dévore ainsi, vient du diable. Tu ne dois pas lui laisser autant de liberté dans ta vie, sans quoi tu finiras complètement détruite. Oppose-toi à ses attaques 32 en te confiant en Jésus, le seul qui peut combattre et remporter la victoire en toi, avec et pour toi.

Zoé soupira.

- Ma chère, ce n'est pas de haine que ton coeur a besoin, c'est d'amour. Aime Dieu qui a donné son Fils pour ton salut. Ouvre ton coeur à Jésus qui, toute orgueilleuse que tu es, t'aime tant. Quand tu en seras là, Zoé, tu comprendras que ton épreuve est là pour te bénir, pour t'amener humiliée au pied de la croix. Alors tu saisiras la laideur de tes péchés. Et tu déposeras le poids de ta culpabilité devant ton Sauveur.

En prononçant ces dernières paroles, Anne-Laure se leva. Lorsqu'elle fut arrivée au portail, Zoé lui dit tout bas et d'une voix émue :

- Je lirai la Bible et je prierai.

- Que Dieu te donne le vouloir et le faire !

Anne-Laure embrassa Zoé, et partit le coeur décidément bien lourd.


Table des matières

Page précédente:
La belle-mère (Concerne Melissa Stiévenart)
Page suivante:
Le terrible fardeau du diable (Concerne Justine Jaquemin)
 

- haut de page -