1. Ces deux livres qui forment un tout, suivent la monarchie d'Israël depuis son apogée jusqu'à sa chute.

L'écrivain sacré se place au point de vue religieux et juge chaque souverain d'après sa conduite morale. On croit entendre l'écho du jugement divin. Chaque roi est pesé dans la balance, et sa vie se résume dans l'une ou l'autre de ces formules: «Il fit ce qui est bien ou il lit ce qui est mal aux yeux de l'Éternel». Ou encore cet autre critère: «Son coeur fut tout entier ou au contraire, son coeur ne fut point tout entier à l'Éternel».

2. L'auteur s'est entouré de sources sûres qu'il mentionne fréquemment: le livre des Chroniques ou les Annales des rois de Juda et d'Israël, le livre des Actes de Salomon, etc.

L'archéologie est venue apporter de précieuses confirmations aux données de ce livre. Les inscriptions cunéiformes retrouvées en Assyrie ont montré à quel point son témoignage est vrai.

3. Ces livres nous offrent le tableau des bons et des mauvais rois. Parmi ceux qui firent ce qui est mal, citons:

- Salomon dans sa vieillesse qui fut entraîné par des femmes étrangères et fut châtié par la division de son royaume.

- Roboam qui se livra aux abominations des nations païennes et fut dépouillé de ses trésors par Schischak, roi d'Égypte (1 Ro. 14.25-28).

- Jéroboam qui éleva le veau d'or fut frappé de paralysie.

- Achab et Jézabel qui introduisirent l'idolâtrie périrent misérablement. Les chiens léchèrent leur sang.

4. C'est dans les Rois que nous trouvons l'histoire admirable d'Elie et d'Élisée.

Elie est le rude prophète du désert. Sa retraite au bord du torrent de Kerith, l'hospitalité de la veuve de Sarepta, la scène dramatique du Carmel et sa fuite en Horeb sont des récits qui ne s'oublient pas.
Tandis qu'Elie fait descendre le feu du ciel, Élisée vient exercer un ministère de bénédiction et de guérison. Ses interventions bienfaisantes en font un symbole du ministère du Christ. L'assainissement des eaux de Jéricho, les fosses creusées dans la vallée, les vases d'huile de la veuve, la guérison de Naaman le lépreux, les chariots de feu de Dothan sont autant de récits riches en enseignements spirituels.

5. Ces livres renferment des chapitres d'une grande beauté. Citons notamment:

1 Rois 3. Le songe de Salomon.

1 Rois 8. La dédicace du temple.

1 Rois 10. La reine de Séba.

1 Rois 11. Salomon et les femmes étrangères.

1 Rois 13. Le vieux prophète de Béthel.

1 Rois 17-19. Histoire d'Elie.

1 Rois 21. La vigne de Naboth.

2 Rois 2. Elie enlevé au ciel.

2 Rois 4 (5) -(6) 8. Histoire d'Élisée.

Plan des livres des Rois.

1 Rois 1-11. Règne de Salomon.
1 Rois 12-22. Histoire des royaumes de Juda et d'Israël.

Il Rois 1-17. Histoire des deux royaumes jusqu'à la destruction du royaume d'Israël.
Il Rois 18-25. Les derniers rois de Juda.

Dans le canon hébreu, les deux livres des Chroniques n'en formaient qu'un. Ils furent composés après l'exil pour les Juifs rentrés à Jérusalem.

1. Le but de l'auteur, qui est sans doute un sacrificateur ou un lévite, peut-être Esdras, est de montrer au peuple que l'observation de la loi est tout. Israël est une théocratie, un gouvernement de Dieu. L'attitude des rois à l'égard du Roi des rois est présentée comme la clé de l'histoire nationale, avec ses récompenses et ses châtiments. Le royaume du Nord est tombé pour n'avoir pas observé la loi.

2. Le chroniqueur est un historien qui s'est entouré de documents qu'il cite fréquemment. les livres de Samuel le voyant, de Nathan le prophète, la prophétie d'Achija de Silo, les Mémoires de Jéhu et d'autres encore. On y retrouve plusieurs des faits racontés dans le livre des Rois, mais sous un angle spécial.

3. La note dominante est ecclésiastique et lévitique. L'auteur insiste sur l'importance du culte et sur le temple restauré qui doit être le centre de la nation. Il raconte en détail le transport de l'arche à Jérusalem (1 Chron. 13), et l'organisation du service divin, des chantres, des lévites, ainsi que des instruments de musique (1 Chron. 15).

4. Le 2me livre des Chroniques renferme de très belles paroles, des textes ineffaçables qui se gravent dans le coeur et la mémoire, et où l'on perçoit l'accent prophétique. Il faut souligner des paroles telles que celles-ci, et les compléter par beaucoup d'autres:

Si mon peuple s'humilie, prie et cherche ma face... 2 Ch. 7.14. Il y avait encore de bonnes choses en Juda. 12.12. Nous l'avons recherché et il nous a donné du repos. 14.6.

L'Éternel est avec vous quand vous êtes avec lui. 15.2.

L'Éternel étends es regards pour soutenir ceux.. 16.9.

Nous ne savons que faire, mais nos yeux sont à toi. 20.12.

Mettez à cette affaire de l'empressement. 24.5.

L'Éternel peut te donner bien plus que cela. 25.9.

Dans le temps où il rechercha l'Éternel, Dieu le fit prospérer. 26. 5.

5. L'histoire des rois de Juda présente une succession de mauvais, mais aussi de bons rois qui s'efforcent de réformer le peuple. Citons parmi les bons rois :

- le zèle du roi Asa qui détruisit l'idolâtrie, 2 Chro. 14 et 15;

- la piété de Josaphat qui se confia en l'Éternel, ch. 20;

- la réforme de Joas qui répara le temple, ch. 24;

- le réveil au temps d'Ézéchias qui fit alliance avec l'Éternel, ch. 29;

- le livre de la loi retrouvé sous Josias, ch. 34.

Ce sont des tableaux de réforme qui abondent en traits suggestifs pour le redressement de la nation et pour le réveil de l'église.

Plan du livre des Chroniques.

1 Chroniques 1-9. Généalogies.
1 Chroniques 10-29. Le règne de David.

2 Chroniques 1-9. Le règne de Salomon.
2 Chroniques 10-36. Le royaume de Juda de puis le schisme jusqu'à la captivité.

Les livres d'Esdras et de Néhémie nous racontent le retour de l'exil.

Esdras, gouverneur religieux, s'occupe spécialement de l'histoire ecclésiastique et de la reconstruction du temple.
Néhémie, gouverneur politique, nous parle de la reconstruction des murailles et de l'organisation de la cité.

Ces deux livres nous présentent un tableau complet de la reconstruction de Jérusalem après les 70 ans de la captivité de Babylone (606 à 536 av. J.-C.).

Les chap. 1 à 6 décrivent un premier retour sous Zorobabel, les obstacles mis à la reconstruction du temple, et les édits favorables de Cyrus et de Darius prescrivant de laisser poursuivre les travaux.

Les chap. 7 à 10 racontent l'arrivée d'Esdras à Jérusalem et les mesures prises par lui pour l'organisation de la cité. - Esdras était un scribe versé dans la loi de Moïse (7. 6-10). Les Juifs, guéris de l'idolâtrie par l'expérience de l'exil, s'étaient cependant mêlés aux peuples païens. Esdras se préoccupe de les séparer et de dissoudre les mariages avec les femmes étrangères. D'après la tradition rabbinique, Esdras serait l'auteur du livre des Chroniques, et peut-être le dernier rédacteur du Pentateuque.

La prière d'Esdras dans le chap. 9 est une des belles pages de la Bible.

Plan du livre d'Esdras.

Chap. 1-6. Retour sous Zorobabel.
Chap 7-10. Retour sous Esdras.

Néhémie est un gouverneur politique. C'est un homme d'action à côté d'Esdras le scribe.
Doué d'une très belle nature, il était fort considéré à Suze, capitale de la Perse. Échanson du roi Artaxerxès, il obtint de lui l'autorisation de se rendre à Jérusalem où il s'occupa activement de relever les murailles.

Gouverneur civil de la cité, il fut un organisateur modèle, portant le titre de Tirschâta, Son Excellence (5.14).

Homme de coeur et d'une piété profonde, résolu, énergique et désintéressé, il offre l'exemple d'un caractère sans tache et d'une vie irréprochable.

Son livre présente une alternance frappante d'action pratique et de prière. Le travail et les affaires sont constamment suivis d'un regard vers Dieu.
Le récit de son voyage à Jérusalem, sa sortie de nuit pour visiter les murailles en ruines (ch. 2), comme aussi son livre tout entier qui est une autobiographie, constituent un des plus précieux documents de la littérature juive.
Sa prière d'humiliation du chap. 1er est un modèle d'humilité et de foi (v. 5-11).
Le livre abonde en mots d'ordre impressifs: «Levons-nous et bâtissons! (2.18). Combattez pour vos frères et pour vos fils! (4-14). Chacun devant sa maison! (3.28). Chacun à son ouvrage! (4.15). Chacun à son poste! (7.3). Chacun dans sa fonction!» (13.30).

Notez aussi cet exemple souvent cité: «Ils travaillaient d'une main et tenaient une arme de l'autre» (4.17), ou encore: «Chacun n'avait que ses armes et de l'eau». Et cette exhortation au courage: «Ne soyez pas dans la désolation, la joie de l'Éternel sera votre force» (8.9-10).

Ces appels à l'action et à l'union demeurent pour nous d'une grande portée et d'une saisissante actualité.

Plan du livre de Néhémie.

Chap. 1-7. La reconstruction des murailles.
Chap. 8-10. La lecture de la loi.
Chap. 11-13. L'organisation du territoire.

Les persécutions contre les Juifs prêtent au livre d'Esther une nouvelle actualité.
Fait singulier, dans ce livre qui raconte un des premiers pogroms de l'histoire, le nom de Dieu n'est pas mentionné une seule fois, alors que le roi de Perse, Assuérus, y figure 152 fois.
Pourquoi ce silence énigmatique? Il semble que l'auteur ait voulu prodiguer le nom du monarque absolu, le fameux Xerxès de l'histoire (1), qui paraît tout diriger, alors qu'en réalité c'est Dieu, dont le nom n'est pas mentionné, qui par sa Providence fait concourir toutes choses à la réalisation de son plan.

1. La Providence de Dieu se fait sentir dans la disgrâce de la reine Vasthi, puis dans le choix d'Esther, la jeune Juive, comme reine. Elle se montre encore dans toute une succession d'événements: la découverte du complot, l'insomnie du roi, les honneurs accordés à Mardochée et l'humiliation d'Haman, l'édit du roi en faveur des Juifs et la tristesse changée en joie à la fête de Purim.

2. La description du festin royal d'Assuérus, qui dura sept ours dans la cour du jardin, fait ressortir la splendide richesse des cours orientales. Les découvertes entreprises à Suze, qui ont permis de retrouver les colonnes de marbre du palais royal, donnent une éclatante confirmation au récit biblique.

3. L'importance de la prière et de l'intervention divine apparaît dans le jeûne prescrit à tous les Juifs pour une durée de trois jours (4.15).

4. Le devoir du témoignage ressort du beau message adressé par Mardochée à la reine : «Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d'autre part», et le mot qui trouve son application dans mainte circonstance présentez «Qui sait, si ce n'est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté!» (4.14).