ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
DEUXIÈME ÉPÎTRE DE
SAINT PAUL À TIMOTHÉE.
L'apôtre saint Paul écrivit
cette Épître environ l'an 66 de
Jésus-Christ, étant prisonnier
à Rome pour la seconde fois, un peu avant
que de souffrir le martyre. Il y
réitère les exhortations qu'il avait
déjà adressées auparavant
à Timothée, et il lui recommande de
s'acquitter fidèlement et avec un nouveau
zèle des devoirs de sa charge.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Paul
- marque la tendresse qu'il avait pour
Timothée, et il loue sa foi et sa
piété.
- Il l'exhorte à redoubler son
zèle, à ne point se rebuter
à cause des afflictions auxquelles les
fidèles et particulièrement les
ministres de l'Évangile étaient
exposés, et à retenir toujours la
pure doctrine de Jésus-Christ.
- Il se plaint de ceux qui l'avaient
abandonné, et il prie Dieu pour la
famille d'Onésiphore, qui avait eu soin
de lui dans le temps qu'il était en
prison à Rome.
I. 1-5 ; Il. 6-14 ; III. 15-18.
RÉFLEXIONS.
L'ÉLOGE que saint Paul fait
à l'entrée de cette
Épître de la piété que
Timothée avait fait paraître
dès sa jeunesse, et dans laquelle il avait
été élevé par sa
mère et par sa grand'mère, fait voir
que c'est un grand bonheur d'avoir eu une
éducation chrétienne, et que les
pères et les mères qui inspirent la
piété à leurs enfans leur
procurent le plus grand de tous les biens.
Mais les exhortations que saint
Paul
adresse à Timothée d'allumer de plus
en plus le don de Dieu qui était en lui et
de persévérer dans la foi,
avertissent ceux qui ont été bien
élevés et qui ont eu d'heureux
commencemens d'entretenir avec soin ce don
céleste, de travailler à l'augmenter,
et de faire une profession constante de la
piété, sans en avoir jamais honte, et
sans se rebuter par les oppositions qu'ils
rencontrent. Tous les chrétiens doivent
faire ces considérations,
mais elles regardent d'une
façon toute particulière les
ministres de l'Évangile. On peut aussi voir
par là que c'est un avantage
très-précieux pour l'Eglise, lorsque
Dieu y établit des pasteurs du
caractère de Timothée, qui ont
été pieux dès leur jeune
âge, et dont le zèle va toujours en
croissant.
Enfin les voeux que l'apôtre
fait pour Onésiphore, qui ne l'avait pas
abandonné comme d'autres avaient fait, mais
qui l'avait consolé dans sa prison, nous
font voir que c'est une oeuvre bien agréable
à Dieu que d'assister ceux qui sont
affligés, et particulièrement ceux
qui souffrent pour l'Évangile, et que ceux
qui l'auront fait en recevront la récompense
et trouveront miséricorde devant le Seigneur
au dernier jour.
CHAPITRE
Il.
Saint Paul
- exhorte Timothée à souffrir
avec courage les travaux qui accompagnaient
l'exercice de sa charge.
- Il lui recommande d'annoncer la pure parole
de Dieu et de s'opposer aux disputes vaines et
profanes, desquelles il représente les
pernicieux effets, en disant que c'est comme une
gangrène qui se répand toujours
davantage, et qu'elles sont capables d'engager
dans des erreurs mortelles, comme cela
était arrivé à certains
faux docteurs de ce temps-là, qui niaient
la résurrection.
- L'apôtre ajoute que cependant il y
avait toujours des docteurs fidèles et
des chrétiens qui se garantissaient de
ces erreurs, et que le caractère auquel
on les reconnaît, c'est qu'ils se
retiraient du vice.
- Enfin il ordonne à Timothée de
fuir les désirs de la jeunesse, de
réprimer les disputes, et de travailler
à ramener ceux qui étaient dans
l'erreur.
I.1-13 ; II. 14-18 ; III.
19-21 ;
IV. 22-26.
RÉFLEXIONS.
CE qu'on lit dans ce chapitre
concerne directement les ministres de
l'Évangile. Ils peuvent voir ici que leur
charge les appelle à servir
fidèlement Jésus-Christ et à
se consacrer, pour cet effet, entièrement
à lui, sans s'embarrasser des affaires de
cette vie ; à souffrir les travaux qui
accompagnent leur emploi, à procurer
l'édification de l'Eglise, à en
bannir l'erreur et les vaines disputes, et à
y faire régner la vérité, la
piété et la concorde ; à
conserver la paix avec tous ceux qui invoquent le
Seigneur d'un coeur pur, et enfin à
travailler avec zèle, et en même temps
avec patience et avec douceur, à
ramener de l'égarement
ceux qui y sont engagés. Outre ces
réflexions qui regardent les conducteurs de
l'Eglise en particulier, il faut faire ici ces
trois considérations
générales.
La première, que la
qualité de chrétiens que nous
portons, et le voeu que nous avons fait de renoncer
au monde pour nous consacrer au service de
Jésus-Christ, nous engagent aussi
indispensablement à nous détacher de
tout ce qui pourrait nous empêcher de lui
être fidèles, à tout faire et
à tout souffrir pour l'amour de lui, nous
souvenant que si nous souffrons avec lui nous
régnerons aussi avec lui ; mais que si
nous le renonçons il nous renoncera aussi.
2. Nous voyons, dans ce
chapitre,
qu'il est dangereux d'écouter ceux qui
excitent du trouble dans l'Eglise et qui y
répandent des erreurs, et qu'ainsi chacun
doit être sur ses gardes, ne se
départir jamais de la doctrine qui est
enseignée dans la parole de Dieu, et
être toujours animé d'un esprit
d'union et de paix.
Enfin tous les chrétiens
doivent bien retenir ces paroles de saint Paul, qui
nous mettent devant les yeux ce qu'il faut surtout
savoir dans la religion : c'est que Dieu
connaît tous ceux qui sont siens, que la
marque à laquelle il les discerne c'est
qu'ils se détournent du vice ; que dans
l'Eglise il y a des vaisseaux pour des usages
honorables et des vaisseaux pour des usages vils,
c'est-à-dire des fidèles et des
méchans, et que si quelqu'un travaille
à se purifier, il sera un vaisseau
sanctifié pour l'honneur, utile au Seigneur,
et préparé pour toutes sortes de
bonnes oeuvres.
CHAPITRE
III.
Saint Paul
- prédit qu'une grande corruption
entrerait dans l'Eglise par les faux docteurs et
par des personnes qui corrompraient la doctrine
et la morale chrétienne.
- Il exhorte Timothée à
s'éloigner de ces gens-là,
desquels il marque la ruine, à imiter sa
conduite et sa patience dans les afflictions, et
principalement à s'attacher à la
doctrine qui est contenue dans l'Écriture
Sainte dont il établit la divinité
et l'utilité.
I. 1-9 ; II. 10-17.
RÉFLEXIONS.
LA prédiction qui se lit
clans ce chapitre et qui marque que dans les
derniers jours les temps seraient fâcheux,
est très-remarquable. On en vit
l'accomplissement pendant la vie des apôtres
et dans les temps qui suivirent, puisqu'il
s'éleva diverses sectes
dangereuses qui, avec des erreurs damnables,
introduisaient la licence des moeurs et
l'impiété. Cette prophétie
s'étend même jusqu'à notre
temps, puisqu'on voit encore un si grand nombre de
chrétiens qui n'ont que l'apparence de la
piété ; mais qui en ont
renoncé la force, étant
engagés dans toutes sortes de
péchés et de désordres.
Puisque cette grande corruption a été
prédite, nous n'en devons pas être
ébranlés, au contraire, cela doit
nous affermir dans la foi et dans la
piété, Dieu nous en ayant avertis
afin que nous ne nous laissassions pas
entraîner par les mauvais exemples et que,
suivant l'exhortation de l'apôtre, nous nous
éloignassions du mal et de ceux qui le
commettent. C'est là le devoir de tous les
chrétiens ; mais c'est à quoi
les ministres de l'Évangile sont
particulièrement appelés.
2. Ce chapitre nous apprend que
si
en vivant bien et en nous opposant au vice et
à l'impiété nous sommes
exposés à la contradiction des
pécheurs, il ne nous arrivera rien qui ne
soit arrivé à Moïse, à
saint Paul et à la plupart des saints. Cet
apôtre nous dit, sur ce sujet, que ceux qui
veulent vivre selon la piété en
Jésus-Christ souffraient la
persécution. Mais, bien loin que nous
devions perdre courage, cela doit nous animer
d'autant plus à nous acquitter de notre
devoir. Enfin saint Paul nous enseigne que le moyen
de se garantir de l'erreur et du vice, et d'en
garantir les autres, c'est de ne s'écarter
jamais de l'Écriture Sainte, qui seule nous
rendra sages pour le salut par la foi en
Jésus-Christ. Et ceux qui sont
appelés dans l'Eglise à instruire et
à conduire les autres doivent bien remarquer
que c'était par la lecture et par la
méditation de l'Écriture que
Timothée était devenu un si excellent
serviteur de Dieu, et que ce sera aussi dans ce
divin livre qu'ils trouveront, comme saint Paul le
dit, tout ce qui peut les rendre propres pour
toutes les fonctions de leur saint emploi.
CHAPITRE
IV.
Saint Paul
- continue à exhorter Timothée
avec beaucoup de force à redoubler son
zèle dans les fonctions de son !
ministère.
- Afin de l'y engager, il dit que sa mort
était prochaine, et il fait
paraître une grande joie et une ferme
espérance de la gloire du ciel.
- Il ordonne à Timothée de venir
le voir au plutôt ; il se plaint de
ceux qui l'avaient abandonné, et il
conclut cette Épître par des
salutations et par des souhaits.
I. 1-5 ; II. 6-8 ; III. 9-22.
RÉFLEXIONS.
CEUX que Dieu a appelés au
saint ministère ont, dans ce chapitre, les
plus pressans motifs à remplir toutes les
parties de leur devoir, et surtout à
prêcher la parole de Dieu, à censurer
et à exhorter en tout temps, avec
zèle, avec évidence et avec douceur.
C'est à quoi les engagent ces exhortations
si graves que saint Paul adresse à
Timothée, en le sommant devant Dieu, et par
la considération du jugement dernier, de
redoubler son zèle et sa vigilance.
2. Saint Paul apprend ici aux
ministres de l'Évangile qu'il y a souvent
des temps fâcheux où les hommes, se
dégoûtant de la pureté et de la
simplicité de la doctrine chrétienne,
ne peuvent souffrir la vérité et
recherchent des doctrines qui flattent leur
curiosité et surtout leurs passions. Cela
fait voir que ceux qui ont charge d'instruire les
autres ont besoin de toute leur prudence et de
toute leur fidélité pour s'acquitter,
comme il faut et avec fruit, des devoirs de leur
vocation.
3. La joie et la confiance que
l'apôtre témoignait dans le temps
qu'il était prêt à souffrir le
martyre, nous montrent de quelle assurance ceux qui
ont servi Dieu fidèlement sont animés
lorsque leur mort approche. Et puisque saint Paul
déclare que la couronne de justice
était réservée non-seulement
pour lui, mais aussi pour tous ceux qui auront
aimé l'avènement de
Jésus-Christ, nous devons tous imiter ce
grand apôtre dans sa fidélité
et dans l'amour qu'il avait pour le Seigneur
Jésus, combattre le bon combat, et achever
notre course en gardant la foi jusqu'à la
fin.
4. On voit par les plaintes que
saint Paul fait de ceux qui l'avaient
abandonné aussi bien que de ceux qui lui
avaient fait du mal, qu'il y a eu de tout temps des
personnes qui se sont opposées aux
fidèles serviteurs de Dieu, et que dans le
sein même de l'Eglise il se trouve toujours
des mondains qui aiment mieux le siècle
présent que Jésus-Christ, et des
timides qui n'osent pas faire une profession
ouverte de la piété ni
défendre ceux qui la soutiennent. Enfin on
voit par ce que saint Paul dit ici de ce qui lui
était arrivé pendant sa prison
à Rome, que quand même les
fidèles sont sans secours du
côté du monde, Dieu ne les abandonne
jamais dans les épreuves et dans les
dangers ; mais qu'il les assiste toujours, et
qu'après les avoir délivrés de
tout mal, il les sauve dans son royaume
céleste.
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