Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST


LIVRE SECOND - LA VIE RELIGIEUSE

CHAPITRE XI
LE TEMPLE. - LES PARVIS



Caractères généraux de la religion du Temple. - Aspect du Temple vu du Mont des Oliviers. - Sa construction. - Le parvis clos Gentils. - Ses portes. - Ses portiques. - Son usage. - Le Hel. - Le parvis des femmes. - Les treize portes et les treize troncs pour les aumônes. - Le parvis d'Israël. - Le parvis des prêtres. - L'autel des holocaustes. - La salle des séances du Sanhédrin. - Les salles et les portes' du parvis des prêtres. - Le Corban.


La religion juive, telle que nous venons de la décrire dans les chapitres qui précèdent, est complète ; le Pharisien l'a façonnée à son image, il a assuré son avenir, et le Temple avec ses cérémonies antiques, ses prêtres et ses lévites, ses sacrifices et ses holocaustes, n'est plus absolument nécessaire à l'Israélite fidèle. Il peut pratiquer la Loi sans y monter jamais. Le Saducéen seul est à son aise dans le Sanctuaire, car il représente avec lui un passé qui s'en. va. Dans quelques années, après la catastrophe de l'an soixante-dix, l'un et l'autre disparaîtront. Il n'y aura plus ni Temple, ni Saducéens, mais il y aura encore des synagogues et des Pharisiens ; cela suffira. Le Judaïsme subsistera tout entier. Cet énorme monument qui domine Jérusalem et toute la Judée, cette gigantesque construction qui s'appelle le Temple, n'a plus de prestige que pour le Juif arrivant de loin et qui ne l'a jamais vue, pour le pèlerin Galiléen venant y faire ses ardentes dévotions.
Mais le bourgeois de Jérusalem sait depuis longtemps à quoi s'en tenir. Il n'ignore pas que les prêtres Saducéens qui sont de service sourient tout bas des cérémonies qu'ils pratiquent et sont de purs formalistes. Le sacrifice a été condamné le jour où Esaïe s'est écrié : « Qu'ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices, dit l'Eternel? Je suis rassasié des holocaustes de bélier et de la graisse des veaux. Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs (1). » Ces paroles avaient été vraiment prophétiques, elles renfermaient le germe de l'avenir; à dater du jour où elles furent prononcées, le Temple fut perdu. Esdras eut beau restaurer la Loi et par suite le Sanctuaire, Hérode eut beau bâtir un somptueux monument, la synagogue devait le remplacer; l'hébraïsme antique avait fait son temps, une évolution était nécessaire, et Esdras, en instituant partout les maisons de prières, fut l'initiateur de cette inévitable réforme. Au commencement du premier siècle, et tout le temps que l'édifice sacré sera debout, le Pharisien s'y rendra encore, il saura même mourir pour le défendre et ne se doutera pas qu'il a travaillé contre lui, en s'opposant au Saducéisme, en disant que la synagogue suffit et en spiritualisant le Judaïsme. Toutes les formes sont observées, on ne sait même pas que ces formes sont désormais vides de sens, mais il en est ainsi. L'indifférence des coeurs est profonde ; le règne du Sanctuaire touche à sa fin.

Après les remarquables travaux dont le Temple de Jérusalem a été l'objet, nous ne pouvons songer à en donner ici qu'une simple description topographique destinée à faciliter l'intelligence du Nouveau Testament. Nous avons deux sources capitales à consulter, Josèphe (2) et la Mischna (3). L'admiration de l'historien juif est sans bornes : « Cet édifice, dit-il, était certainement le plus admirable qui ait jamais existé sous le soleil » ; et les Rabbins ne s'expriment pas avec moins d'enthousiasme : « Celui qui n'a pas vu le Temple d'Hérode n'a jamais vu de bel édifice (4) ».

La meilleure place pour l'apercevoir d'un peu loin et se faire une idée de l'ensemble était le sommet du Mont des Oliviers. C'est là que Jésus s'assit un jour et prédit à ses apôtres la ruine prochaine des grands bâtiments qu'ils avaient sous les yeux (5).

L'apparence générale était celle d'une forteresse, à cause de l'énorme mur de défense qui entourait les cours et formait la première enceinte. Il était un peu moins élevé du côté oriental (6). On pouvait donc, du haut du Mont des Oliviers, voir au delà, et on apercevait dans l'intérieur une série d'enceintes successives dont les murailles étaient toujours plus élevées en se rapprochant du centre, et, entre ces murailles, des terrasses qui formaient autant de cours et qui communiquaient entre elles par des escaliers (7).

Il y avait plusieurs de ces parvis et il fallait les traverser tous pour arriver au sommet où se trouvait le Sanctuaire l'hiéron, bâtiment couvert, renfermant le « lieu saint » et le « lieu très saint ». Les parvis, placés les uns au-dessus des autres, se succédaient de l'Est à l'Ouest. Le plus grand, le premier, celui qui renfermait les autres était immense. Quant au Sanctuaire lui-même, il était, dit Josèphe, couvert de dorures étincelantes ; le toit en particulier était semé d'aiguilles et de pointes dorées pour empêcher les oiseaux de s'y poser, et, de loin, du haut du Mont des Oliviers, quand le soleil levant les éclairait, on croyait voir un effet de neige (8).

Tel était l'aspect général au temps du Christ. Aujourd'hui la mosquée d'Omar est bâtie sur cet emplacement appelé par les musulmans le Haram. La parole de Jésus : « Il n'en restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée (9) » s'est accomplie au pied de la lettre pour le Temple, pour le Sanctuaire. Quant à la première enceinte elle subsiste encore en partie et telle que Jésus l'a vue. Elle est faite de pierres énormes et en place depuis le temps du roi Hérode (10). C'est d'elles que parlaient les apôtres quand ils s'écriaient : « Quelles pierres (11)! » Les voyageurs modernes les ont mesurées; elles ont jusqu'à six mètres trente-cinq centimètres et quelques-unes sept mètres vingt-cinq centimètres de longueur (12). Elles forment maintenant le mur du Haram, et c'est dans cette muraille que l'on voit l'origine d'une arche qui faisait partie du pont traversant la vallée des fromagers et dont nous avons parlé au second chapitre de notre premier livre (13).

La tradition plaçait sur la montagne du Temple l'emplacement de l'aire d'Ornan le Jébusien, sur lequel David avait élevé un autel (14). On disait encore qu'Abraham y bâtit l'autel sur lequel il fut sur le point de sacrifier Isaac, que Noé y brûla son holocauste en sortant de l'arche, que Caïn et Abel y offrirent leurs sacrifices, enfin qu'Adam lui-même après sa création y rendit un culte à l'Eternel (15).

Un seul fait est certain : c'était là que s'élevait le Temple de Salomon. Il fut détruit de fond en comble quand le peuple fut emmené en captivité ; et, à leur retour de l'exil, les Juifs avaient construit sur ses ruines un édifice provisoire. Devenu depuis longtemps insuffisant, il fut rebâti par Hérode le Grand et c'est de ce Temple d'Hérode que nous parlons ici. Commencé la dix-huitième année de son règne, l'an 734 de Rome (19 avant Jésus-Christ) il fut achevé sous son arrière-petit-fils, Agrippa II, en l'an 64 après Jésus-Christ (16). On mit donc quatre-vingt-trois ans à le bâtir. On y travaillait encore pendant la vie de Jésus et lorsqu'il commença son ministère on était dans la quarante. sixième année depuis le commencement des travaux s(17).

Six ans après qu'il fut achevé (70), il fut détruit de nouveau et entièrement (18). Quand Jésus le vit, il ne restait à faire que des détails d'ornementation intérieure, Dix-huit mois avaient suffi pour que le bâtiment principal fût terminé et les portiques avaient été achevés au bout de huit ans (19).

Ce Temple était construit dans le goût grec et romain du temps ; lourd à la fois et prétentieux (20). Le seul fragment qui en reste, la Porte Dorée, aujourd'hui murée, suffit à nous donner une idée de l'ensemble. Elle est surmontée de chapiteaux formés de deux rangs superposés de feuille d'acanthe ou d'un végétal semblable à l'acanthe (21).
 

LA COUR DES PAÏENS

La première enceinte n'était qu'un immense carré de cinq cents coudées de côté (225 mètres) (22). L'intérieur formait une cour appelée parvis des Gentils ou cour des païens, dont on peut dire qu'elle était le lieu de réunion de la Palestine entière. Dans cette cour et vers le Nord-Ouest se trouvaient les bâtiments du Temple, comme on peut le voir sur le plan ci-joint.

On pénétrait dans le parvis des Gentils par un certain nombre de portes. Du côté de l'Est était la porte de Suse, elle s'ouvrait sur le Mont des Oliviers ; il y avait, en outre, deux entrées au Midi, quatre à l'Occident et une au Nord ; mais on ne se servait pas de celle-ci. Le voisinage de la Tour Antonia était peut-être le motif de cette exclusion. Les portes du Temple formaient, comme celles de la ville, un passage profond et couvert avec deux battants à chaque extrémité et, au-dessus, une chambre ou tour destinée à défendre l'accès de l'édifice. Ces tours eurent une grande importance à la fin du siège de Jérusalem quand les derniers combattants s'y réfugièrent pour empêcher l'envahissement du Sanctuaire.

A l'intérieur du parvis et le long des murs régnaient des portiques, C'étaient des abris contre la pluie et le soleil, des promenoirs retentissant tout le jour de la voix aigre des Scribes, des discussions ardentes des Pharisiens, des moqueries insultantes des Saducéens. Le portique qui longeait le mur oriental des deux côtés de la porte de Suse s'appelait portique de Salomon. Celui qui longeait le mur du Midi était le portique royal, Il était triple, dit Josèphe (23), c'est-à-dire qu'il était composé de quatre rangées de colonnes formant trois allées. Celui de Salomon n'avait que trois rangées de colonnes, et par suite deux allées seulement. Les toits de ces galeries étaient de bois de cèdre sculpté ; les colonnes avaient vingt-cinq coudées (11 m. 25) de hauteur, et la largeur de l'espace couvert était de trente coudées (13 m. 50). Les piliers étaient formés d'un seul bloc de marbre blanc, et le sol était couvert de pierres de différentes couleurs (24). Du portique de Salomon (25), on découvrait toute la vallée de Cédron ; et, en face de lui, le spectateur avait les tombeaux des prophètes (26), bâtis sur la pente de la colline des Oliviers.

La cour des Gentils, appelée cour commune par les Juifs, était ouverte à tout le monde. Les païens, hommes ou femmes, y circulaient librement (27), ainsi que les excommuniés, les hérétiques, les personnes dans le deuil, et ceux qui avaient contracté des impuretés (28) .

Josèphe appelle cette cour « le Temple extérieur. » C'était une place publique, un forum, un bazar, les marchands de bestiaux s'y installaient dès le matin, et les changeurs y dressaient leurs petites tables, offrant la monnaie sacrée contre la monnaie romaine; la foule allait et venait; on vendait des tourterelles prises sur les cèdres de Hanan (29) aux femmes relevées de couches et des passereaux aux lépreux (30) ; on leur en donnait cinq pour deux pites (31). A certains jours il y avait affluence de pèlerins venus de Galilée ou d'ailleurs. On discutait, on argumentait, on se disputait; l'édification et le recueillement étaient totalement absents et le désordre d'une mosquée musulmane peut seul donner une idée de l'aspect ordinaire de la cour des Gentils.

Cependant il y avait certains règlements à observer et tout Juif, tout zélateur de la Loi pouvait prendre l'initiative de leur observation. Les vendeurs et les changeurs devaient s'établir non dans la cour, mais hors de l'enceinte, près des portes. Leur présence à l'intérieur du parvis, tolérée depuis longtemps, était un pur abus. Jésus chercha un jour à y mettre fin en chassant impitoyablement tous les marchands. il est probable que plus d'un Pharisien l'approuva en secret. Il alla plus loin : « Il ne laissa personne transporter aucun objet à travers le Temple (32). » Il ne faisait que suivre les prescriptions des rabbins. « Quel est le respect que l'on doit au Temple? disent les Talmuds (33), c'est que personne ne vienne dans la cour des païens avec son bâton, avec ses chaussures, avec sa bourse, avec de la poussière aux pieds, et qu'il ne s'en serve pas comme de chemin en la traversant, et qu'il n'en fasse pas un endroit où il crache à terre. »

L'intérieur de la cour des païens avait été nivelé, comme du reste le sol de tous les parvis. On marchait de plain-pied dans toutes les cours, et les escaliers qui conduisaient de l'une dans l'autre se trouvaient aux portes.


Table des matières

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1 Esaïe, I, 11. -
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2 Jos. , Ant. Jud., X V. 11, 1 et suiv, D. B. J., V, 5, 1 et suiv.
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3 Surtout le traité Middoth.
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4 Babyl., Bavabathra, fol. 4 a ; Succah, fol. 51 b.
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5 Ev. de Marc, XIII, 2. -
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6 Middoth, ch. I. hal. 3. -
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7 Jos., Ant. Jud., XV, 11-14; D. B, J., V, 14. -
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8 Jos., D. B. J., V. 5, 6. -
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9 Ev. de Marc, XIII, 2. -
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10 Jésus-Christ en disant: « il n'en restera pas pierre sur pierre » ne parlait évidemment que du Temple lui-même et non de ses fondations.
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11 Ev. de Marc XIII, 1.
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12 A l'angle S.-0. une de ces pierres a 11 m. 80 c. de longueur, 3 m. 04 c. de largeur, 1 m. 01 c. de hauteur, le poids en est évalué à 80 tonnes. Quelques blocs du grand temple de Balbeck (trois au moins) ont 19 mètres de longueur. Un bloc, resté dans la carrière, mais tout taillé, mesure 21 m. de longueur sur 5 m. 16 de largeur et 4 m. 25 de hauteur ce qui donne 462 mètres cubes et probablement un poids de plus 1.100 tonnes!
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13 Il reste aussi du Temple la Porte Dorée; nous en parlerons plus loin.
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14 I Chron. XXI, 18 et suiv.
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15 Maimonide, in Beth abbechim, ch. II; Juchas., fol. 9, 1.
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16 Jos., Ant. Jud., XX, 9, 7.
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17 Ev. de Jean, Il, 20.
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18 L'épaisseur des assises anciennes est de 1 mètre à 2 mètres. Les murs s'élèvent actuellement de 15 à 18 mètres au-dessus du sol; mais ils descendent jusqu'à 24 et 25 mètres au-dessous.
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19 Jos. ., Ant. Jud., XV, 11, 5 et 6. - 19
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20 Voir livre I, chap. XIII : Les Arts et la Littérature. -
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21 La Porte Dorée est-elle véritablement un reste du Temple d'Hérode ? C'était l'opinion de M. de Saulcy; mais la presque unanimité des archéologues lui assigne une date très postérieure. -
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22 Nous disons 500 coudées ou 225 mètres, cette mesure est celle de Josèphe et des rabbins. D'après le plan spécial de Palestine Exploration Fund, l'enceinte extérieure du Temple aurait formé un parallélogramme et non un carré. Ses dimensions auraient été beaucoup plus grandes. Le côté Est aurait eu 466. m. 19 c. ; le côté Sud : 280 m. 93 c. le côté Ouest: 478 m. 38 c. ; le côté Nord : 320 m. 02,
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23 Jos., Ant. Jud., XV, 14.
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24 Les portiques avaient été brûlés sous Archélaüs par les Romains, dans une émeute. Ce désastre avait été réparé, mais avec moins de somptuosité. -
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25 Josèphe D. B. J. V, 5, 2; Ant. Jud., XV, 11, 5; XX, 9, 7 ; Ev. de Jean, X, 23. -
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26 Ev. de Matth., XXIII, 29; Ev. de Luc, XI, 47; voir livre l. chap, II: Environs de Jérusalem. -
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27 Rabbi Gamaliel, se promenant dans la cour des Gentils y vit un jour une femme païenne. » Jérus., bodah Zarah, fol. 40,2.
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28 Middoth, ch. Il, hal. 2.
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29 Voir livre II, Chap. II : Les environs de Jérusalem.
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30 Lévit., XIV, 4.
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31 Ev. de Luc, XII, 6,
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32 Ev. de Marc, XI, 16.
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33 Mischna, Berakhoth, IX, 5; Babyl., Jevamoth, fol. 6 b,

 

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