Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST


CHAPITRE XII
LES VOYAGES

Les Orientaux ne voyagent pas pour s'instruire ; ils voyagent pour leurs affaires et presque toujours dans un but intéressé. Les Juifs du premier siècle se déplaçaient souvent pour des motifs exclusivement religieux, par exemple lorsqu'ils se rendaient à Jérusalem pour y célébrer les fêtes. Ils formaient alors des caravanes et chantaient en chemin les psaumes des pèlerinages (Psaumes CXX à CXXXV).

Il est parlé de routes dans l'Ancien Testament (65) ; on les appelle « Chemins du roi » ou « Routes royales ». Du temps de Josèphe, il y avait en Palestine des chaussées très anciennes, pavées de. basalte ou de pierres noires et dont on attribuait la construction à Salomon. Le nombre de ces grandes routes était sans doute considérable. Nous en connaissons six. Quatre d'entre elles partaient de Jérusalem :l'une, vers le N.-E., allait en Pérée en passant par le mont des Oliviers, Béthanie, le désert, Jéricho et le Jourdain. Il suffit d'indiquer les localités qu'elle traversait pour comprendre que Jésus l'a souvent suivie. Il en est de même de la seconde au nord de la ville et qui se dirigeait vers la Galilée en passant par Sichem et Samarie; elle continuait ensuite jusqu'à Damas et en Syrie. Cette route, fort importante venait d'Egypte. Quiconque n'avait pas d'objection à traverser la Samarie, la suivait en partant de Jérusalem. Jésus la prit certainement le jour où il dut passer par cette province (66). C'était une voie romaine, pavée, que les voyageurs suivent encore aujourd'hui et dont les restes sont fort bien conservés, Il suffisait d'une journée de marche pour aller de Jérusalem à Sichem, aujourd'hui Néapolis.
La troisième route n'était que la première partie de celle que nous venons d'indiquer. Au sud de la ville sainte, elle venait d'Égypte en passant par Gaza et par Hébron. Un embranchement de cette voie importante partait d'Hébron et allait directement vers le Midi par le désert jusqu'au golfe Elanitique.
Enfin la quatrième route était à l'Ouest et allait à Joppé et, à la mer. Les deux autres grandes voies qui nous sont connues étaient celle d'Acco (Saint-Jean-d'Acre) à Damas, elle traversait la plaine d'Esdrelon, le Jourdain près du lac et l'Antiliban et celle qui longeait la côte d'Acco à Gaza et de là en Égypte.

Le Jourdain se traversait en bac aux rares endroits où il n'était pas encaissé entre deux falaises de rochers, par exemple à Béthabara (maison de passage), là où Jean baptisait (67). On le passait aussi à pied quand il était guéable. Nous avons dit qu'un seul pont le traversait, le pont des fils de Jacob, construit par les Romains (68).

Les chapitres de l'Évangile, où il nous est raconté que Jésus envoya ses disciples en mission, nous donnent de précieux détails sur les moeurs des Juifs en voyage, détails confirmés par les Talmuds.

Le voyageur se servait d'une ceinture (69), et cela dans un double but, « ceindre ses reins » (70), relever les longs plis de sa robe flottante qui auraient entravé sa marche, et porter son argent.
On y mettait, en effet, de l'or, de l'argent et de la menue monnaie (71). Les dévots ne parlaient pas sans emporter le livre de lit Loi. « Quelques Lévites partirent un jour de Zoar, la ville des palmes ; l'un d'eux tomba malade en route et les autres le menèrent à l'hôtellerie. À leur retour, ils s'informèrent de leur collègue. « Il est mort, leur répondit l'hôtesse, et je l'ai enseveli. » Puis elle leur apporta son bâton, sa besace et le livre de la Loi qu'il avait dans la main (72). »

La besace ou sac de voyage (73) ressemblait sans doute au sac que les bergers d'aujourd'hui portent à leur cou et où ils mettent leur nourriture (74).

Les sandales que Jésus recommande à ses apôtres de ne pas prendre (75) étaient des sandales de rechange, une seconde paire dont on se munissait par précaution. On prenait aussi souvent une tunique de rechange.

L'huile et le vin, les médicaments les plus employés, faisaient toujours partie du bagage du voyageur et il est probable que Jésus et, les apôtres en portaient habituellement avec eux.

Jésus ordonne à ses disciples de ne saluer personne en chemin. Cet ordre vient sans doute de la longueur interminable des salutations en Orient. Les apôtres y auraient passé trop de temps et le mot de Jésus revenait à dire : Ne perdez pas votre temps en voyage.

Souvent on se prosternait jusqu'en terre, parfois on vous embrassait les genoux ou les pieds. « Un homme s'approchant., dit un des Talmuds, baisa les pieds de Rabbi Jonathan (76) ». «Nous lisons encore ceci : « Quand Rabbi Aquiba, absent depuis douze ans, revint près de sa femme, celle-ci se jeta sur sa face et lui baisa les genoux. Il entra dans la ville et, son beau-père, qui ne le reconnaissait pas, mais qui comprenait qu'il était un éminent Rabbi, se jeta sur sa face et lui baisa les genoux (77). »

D'après le Nouveau Testament, on disait (78) (salut) ou (79) (la paix soit avec vous, avec toi). Le premier de ces mots correspond au : Marhaba (largeur, que votre coeur soit au large) des Arabes modernes, et le second au Schalôm ou au Selàm Alèk des Talmuds (la paix sur toi) (80). De plus, on aimait beaucoup à se parler en voyage. Rencontrait-on un Samaritain, un Païen, on lui lançait immédiatement quelques injures, quelques malédictions. L'étranger était-il un ami, un compatriote, on se faisait des compliments, « on se bénissait. » Une phrase très usitée était : « Bénie soit ta mère » ou « Maudite soit ta mère », suivant que l'on avait affaire à un ami ou, à un ennemi. C'est ainsi qu'une femme s'écrie un jour devant Jésus : « Heureux le sein qui t'a porté et les mamelles qui t'ont allaité. » (81)

Le Nouveau Testament parle d'hôtellerie dans la parabole du Bon Samaritain et les Talmuds aussi dans l'histoire du Lévite malade que nous citions tout à l'heure. Ces établissements étaient très rares et il n'y en avait que dans les endroits écartés. D'ordinaire, le voyageur logeait chez l'habitant et l'hospitalité, la première des vertus antiques, était largement pratiquée chez les Juifs. Nous nous représentons Jésus dans ses voyages reçu partout où il entre. Sur le seuil de la porte, il prononce le Schalôm ou Selâm, c'est-à-dire le souhait de bonheur; on l'entoure, on l'écoute, on lui donne de l'autorité même sans le connaître, car l'hôte prenait parfois plus d'autorité que le maître de la maison lui-même. Cette habitation du village, où l'étranger est descendu, attire aussitôt l'attention; les enfants s'y rendent par curiosité ; l'usage de répandre un parfum sur les pieds de l'hôte pour lui faire honneur et de briser le vase est partout pratiqué (82) ; les portes restent ouvertes, chacun peut entrer, assister au repas qui se prend d'ordinaire en plein air et écouter l'enseignement de celui qui reçoit l'hospitalité et que, pendant son séjour, on appellera le Maître.


Table des matières

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LA VIE PUBLIQUE ( la vie à la campagne)

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65 Nombres, XX, 17; XXI, 22.
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66 Ev. de Jean, IV.
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67 Ev. de Jean, 1, 28.
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68 Jos., Ant. Jud., V, 1, 3. (Voir page 45 note 9). Il est possible que plusieurs ponts aient été construits sur le Jourdain
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69 Ev. de Matth., X, 9.
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70 Ev. de Luc, XII, 35.
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71 La ceinture du voyageur Aphundah ou Phundah avait d'ordinaire des poches qui lui servaient à porter tout son petit bagage (voir p, 190 -191.)
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72 Jevamoth, ch. XVI. Le Talmud de Jérusalem ajoute, : « et ses sandales. »
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73 Ev. de Matth., X, 9.
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74 Schabbath, fol 31, 1.
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75 Ev. de Matth., IX; 10 et parall.
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76 Jérus., Kidduschin, fol. 61, 3. Voir Ev. de Matth., XXVIII, 9.
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77 Babyl., Chetoubim, fol. 133, 1; Ev. de Marc, X, 17.
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78 Ep. de Jacques, I, 1; Actes des ap., XV, 24.
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79 Ev, de Luc, XXIV, 36; de Jean, XX, 26, etc.
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80 En arabe, on dit aussi Salam Alek. Ces mots ne sont pas dans l'Ancien Testament.
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81 Ev. de Luc, XI, 27.
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82 il l'est encore : Renan, Vie de Jésus, 373.

 

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