Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST


CHAPITRE X
LA VIE PRIVÉE

LES VÊTEMENTS (suite)

 Le fard était très employé par les femmes (47). Ce fard (en hébreu Pouch, en latin Stibiwn, en arabe Chol) servait à noircir les sourcils et les cils (48). C'était une poudre faite avec une matière extraite du plomb. Il était renfermé dans une corne et on le prenait avec une aiguille d'argent, d'ivoire ou de bois. On a trouvé du stibium en Egypte dans les sarcophages et dans les urnes, ainsi que des aiguilles d'argent d'ivoire et de bois pour l'appliquer. Ce fard était certainement en usage au premier siècle; et nous savons par Josèphe (49) qu'Hérode le Grand se faisait teindre les cheveux et la barbe et farder le visage. Les femmes arabes se servent aujourd'hui de la feuille d'un arbuste qu'elles appellent AI-Kenna (Cyprus en latin), elles la font bouillir dans l'eau puis la pulvérisent après l'avoir fait sécher au soleil. Elles obtiennent ainsi une poudre d'un jaune foncé qu'elles font infuser dans l'eau chaude et avec laquelle elles se teignent les ongles, les paumes des mains et les cheveux. Il est remarquable que cet arbuste est précisément nommé dans le Cantique des cantiques (50).

L'usage des parfums était très répandu. Ils étaient préparés par des parfumeurs ou des parfumeuses (51) qui se servaient d'huiles et d'onguents (52). Ceux qu'on brûlait au Temple étaient fabriqués par les prêtres eux-mêmes. ils composaient une huile sainte, dont la base était l'huile d'olive combinée avec quatre sortes d'aromates :

1° la myrrhe franche (celle qui coule d'elle-même et sans incision) ;
2° la cinamome ou cannelle ;
3° le roseau aromatique ;
4° la casse aromatique. Cette huile sainte était interdite pour l'usage ordinaire (53).

Les parfumeurs employaient pour leurs préparations l'aloès, le nard, le safran, le baume (54). Ces essences venaient de l'Inde, de l'Arabie et surtout de Séba, par les Phéniciens (55). Le Nouveau Testament parle du nard (56) et Pline l'ancien a connu cette racine aromatique (57); elle servait en particulier à parfumer le vin.

On parfumait sa maison, ses vêtements, son corps, ses cheveux (58) ; les femmes portaient habituellement sur elles des flacons d'essence (59). C'était la transpiration et les bains fréquents qui, en desséchant la peau, rendaient ces parfums nécessaires. Nous disons les bains fréquents, car nous n'avons aucun motif de croire que l'usage des bains ne fut pas aussi répandu en Palestine que dans le reste de l'Empire. Sans doute la malpropreté du Juif, proverbiale aujourd'hui, l'était déjà au premier siècle (60), mais il ne faut pas trop se lier aux rapports des Romains, toujours enclins à juger les Juifs défavorablement. La Juiverie de Rome pouvait être composée de misérables en haillons, d'une malpropreté repoussante; ce n'est pas un motif pour qu'il n'y eût pas de bains publics en Judée, et que l'habitude de se baigner ne fût pas répandue à Jérusalem. Si la Bible ne mentionne pas ces bains publics, les Talmuds en parlent (61). Il était interdit de se laver les jours de jeûne (62), ce qui suppose bien qu'on se lavait tous les autres jours. Le vent d'Est soulève en Palestine des nuages de poussière et de sable (63), et les bains fréquents étaient nécessités par la santé, sans parler des lois religieuses qui les ont toujours ordonnés aux peuples de l'Orient. Manou les avait imposés aux Indiens. En Egypte, ils étaient commandés (64) et les Musulmans se livrent, ou le sait, à de fréquentes ablutions.

L'hygiène se rencontre ici avec la foi religieuse et plusieurs des ordonnances de Moïse ne sont autre chose que des préceptes hygiéniques, ayant revêtu à la longue un caractère sacré. L'origine du baptême, nous aurons l'occasion de le remarquer encore, ne doit pas être cherchée ailleurs, Une ablution fréquente, nécessitée par la chaleur du climat, devint peu à peu un acte de culte, un sacrement. Les Esséniens ne prenaient-ils pas des bains sacrés tous les jours ? et l'Ancien Testament ne parle-t-il pas souvent de bains pris dans des rivières ou dans les bassins intérieurs des maisons (65) ? On se servait même de savon ou du moins d'un alcali végétal qui le remplaçait. Le nitre et la potasse étaient connus des Hébreux (66).
Nous ne parlons ici, bien entendu, que des villes. La malpropreté du paysan arabe est aujourd'hui effroyable et celle du paysan juif ne devait pas être moindre ; surtout de celui qui demeurait loin du lac, ou loin du Jourdain, en un mot partout où l'eau était rare.

Il nous reste à décrire les coiffures. Les Juifs soignaient beaucoup leurs cheveux. Les jeunes gens les portaient longs et frisés (67); les cheveux touffus et abondants étaient très estimés (68). Les hommes graves et les prêtres les raccourcissaient de temps en temps, mais fort peu. La tête chauve était méprisée ; les enfants s'en moquaient (69). Les hommes portaient toute leur barbe et l'oignaient d'huile. ils ne la taillaient jamais (70). Les femmes aimaient avoir, les cheveux frisés (71) ou bien les tressaient pour les retenir ensuite avec un peigne et des épingles (72). Cet usage ne semble pas avoir été général au premier siècle. En tout cas, il était sévèrement jugé par les premiers chrétiens qui défendaient aux femmes de se tresser les cheveux (73).

En public, les femmes comme les hommes portaient toujours et partout le turban. Il est dangereux, en toute saison, de s'exposer la tête nue aux rayons du soleil de Palestine et le turban, coiffure épaisse faisant plusieurs fois le tour de la tête, est absolument nécessaire. On l'appelait en hébreu Sudar (73b) Sudarium, mouchoir). Il était blanc, soit en lin, soit en coton. Les rois le. portaient (74) comme les hommes du peuple et le béret haut et pointu que les prêtres s'attachaient sur la tête (75), était une coiffure toute spéciale, usitée dans le Temple seulement. La nécessité d'avoir toujours la tète couverte était telle, que peu à peu on considéra comme inconvenant de se la découvrir; ou priait la tête couverte. Les prêtres, nous venons de le dire, avaient la tête couverte dans le Temple, et dans les synagogues les hommes ne se découvraient jamais. Cet usage subsiste encore aujourd'hui.

Nous n'avons point parlé du luxe des vêtements d'hommes, car ce luxe n'existait pour ainsi dire pas. Ils aimaient seulement avoir un bâton et un anneau qui portait un cachet (76). Cet anneau se mettait à un doigt de la main droite et quelquefois on le suspendait à sa poitrine (77) avec un cordon ou une chaîne. Le sceau ou cachet servait de signature (78). Les bâtons étaient de plusieurs sortes. Hérodote parle de ceux des Hébreux de Babylone et remarque qu'ils avaient tous un ornement tel qu'une rose, une pomme, une fleur de lis. C'était donc de véritables cannes semblables aux nôtres. Elles étaient indispensables premier siècle contre les chiens, nombreux dans les campagnes et toujours à demi-sauvages.

Indiquons ici les signes religieux que portaient les Pharisiens dévots. Il y en avait de deux sortes, les Tefillin et les Tsitsith.

Les Tefillin en grec (79), phylactères) étaient de petites boîtes de métal ou des bandes de parchemin attachées par des courroies sur les mains et sur la tête. Elles renfermaient les passages de la mesusa (80) et divers autres encore (81) sur la Pâque et sur le rachat des premiers-nés. Les Musulmans portent aussi des passages du Coran, gravés sur des plaques de métal et les Juifs de Palestine ont encore des phylactères attachés sur le front et sur les bras (82).

Les Tsilsith ( 83), houppes), étaient des franges bleues ou blanches placées aux quatre coins de la robe ou manteau, d'après un commandement de la Loi (84). Les Pharisiens portaient de larges phylactères et des franges très longues.

Essayons, en terminant ce chapitre, de nous représenter comment Jésus-Christ était habituellement vêtu. Il n'avait ni « le fin lin » ni « les habits précieux de ceux qui habitent dans les maisons des rois » ; il n'avait pas non plus « une robe traînante comme les Scribes et certains Pharisiens. » Sur la tête, il portait certainement le turban, la coiffure nationale, celle de tous ses compatriotes sans exception. Les peintres commettent une erreur quand ils représentent le Christ tête nue; nous l'avons dit, tout le monde avait la tète couverte (85). Le turban du Christ devait être blanc (86). Il était retenu sous le menton par un cordon et il descendait de côté jusque sur les épaules et sur la tunique. Sous son turban il portait les cheveux un peu longs et sa barbe était entière. Sa tunique le vêtement de dessous, était d'une seule pièce, sans couture ; elle devait donc avoir une certaine valeur (87). Elle lui avait sans doute été donnée par une des personnes qui « l'assistaient de leurs biens. » Par dessus il portait le talith un peu large et flottant quand il marchait (88). Ce manteau n'était pas blanc, car il devint blanc à la transfiguration (89). Il n'était pas rouge, cette couleur étant réservée pour le manteau militaire (90). Il est possible qu'il fut bleu, le bleu étant alors très commun, ou, plus simplement encore, blanc à raies brunes. En tout cas, Jésus avait, à ses quatre coins, des tsitsith, ces franges bleues ou blanches dont nous venons de parler (91). Ses chaussures étaient des sandales retenues par des courroies, nous apprend Jean-Baptiste (92) et quand il était en voyage « allant de lieu en lieu », il portait sans doute une ceinture qui lui ceignait les reins et un bâton à la main. Ses apôtres, vêtus comme lui, l'accompagnaient; un peu plus loin venaient quelques femmes : « Marie, dite de Magdala ; Jeanne, femme de Chuza, intendant d'Hérode; Suzanne et plusieurs autres (93). »


Table des matières

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LA VIE PRIVÉE ( LES VÊTEMENTS - début)
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LA VIE PUBLIQUE (Les poids, les mesures...)

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47 Une des filles de Job s'appelait Pot-de-Fard; Job, XLII, 14.
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48 Jérémie, IV, 30; Il Rois, IX. 30.
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49 Ant. Jud., XVI, 8.
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50 Cant. des cant., I, 14; IV, 13.
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51 1 Sam , VIII, 13.
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52 Exode, XXX, 25; II Chron. XVI, 14; Eccl. X, I.
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53 Exode, XXX, 37.
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54 Proverbes, VII, 17. Le baume était le plus précieux et valait, parait-il, le double de soli poids en argent.
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55 Esaïe, LX, 6 ; Jérémie, VI, 30 ; Ezéchiel, XXVII, 22.
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56 Ev. de Marc, XIV, 3 et parall.
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57 Hist. nat., livre XIII, ch, III et XII, ch. XXI. On se servait aussi d'une certaine préparation appelée foliatum.
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58 Esaïe, III, 20; Luc, VII, 37 ; Jean, XI, 2, XII, 3; Prov , XXVII, 9.
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59 ils étaient en verre, en argent ou même en or et se suspendaient au cou.
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60 « Hoc contra naturam est faciles odisse munditias et squallorem, appetere», dit Sénèque en parlant des Juifs. (Epist. 5).
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61 Berakhoth, Trad. Schwab, p. 35.
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62 Bab., Joma, 77, 2.
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63 Esaïe, XXVII, 8; Job, XXVII, 21; Jérémie, XVIII, 17; Ezéch. XVII, 10, etc
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64 Hérodote, II, 37.
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65 II Samuel, XI. 2; Lévit.. XV, 13.
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66 Jérémie, II. 22. Malachie, III, 2.
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67 Cant. des cant.. V, 11
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68 Il Sam.. XIV. 26.
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69 II Rois, Il, 23.
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70 Lévit., XIX, 27; -XXI, 5; Il Sam., X, 4, 5.
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71 Esaïe, III, 16. (???)
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72 Mischna, Schabbath, § 1.
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73 I Pierre, III, 3; 1 Timothée, Il, 9
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73b Schabbath, 77b.
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74 Ezéchiel, XXI, 31.
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75 Exode, XXIX, 9.
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76 Genèse, XLI, 42; Jérémie, XXII, 24.
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77 Cant. des cant., VIII, 6.
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78 Nous trouvons dans le Nouveau Testament le mot (Luc, XV, 22; XX, 46), qui désigne la tunica talaris, c'était la robe de cérémonie des hommes; elle descendait jusqu'à la cheville, les scribes la portaient habituellement.
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79 Ev. de Matth., XXIII, 5.
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80 Voir sur la Mesusa, livre II, chap. X, la Prière.
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81 Les passages: Exode, XIII, 1-10 et 11-16.
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82 Voir, pour plus de détails sur les phylactères, livre II, chap. X, la Prière.
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83 Ev. de Matth. XXIII, 5.
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84 Nombres, XV, 37, et Deut., XXII, 12.
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85 Kidduschin, 31 a.
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86 Tous les turbans étaient blancs. Schabbath, 77 b.
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87 Jean, XIX, 23 Bathra, 57 b.
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88 Schabbath, 120 a; Bathra, 57 b.
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89 Ev. de Matth., XVII, 2. Les peintres représentent d'ordinaire le Christ en vêtements blancs. il est vrai que, les Esséniens portaient des robes blanches, et nous savons que Jésus adopta quelques-unes de leurs coutumes, mais le passage que nous venons de citer est péremptoire « Ses habits devinrent blancs. » ils ne l'étaient donc pas.
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90 Esaïe. LXIII, 1.
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91 Ev. de Matth., IX, 20; XIV, 36; XXIII, 5, etc.
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92 Le mot doit être certainement traduit ici par sandales. Ev. de Matth., III, 11; de Marc, I, 7; de Luc, III, 16; de Jean, I, 27.
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93 Ev. de Luc. VIII, 1-3.

 

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