Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST


CHAPITRE VIII
LA VIE PRIVÉE

LA MORT ET LES FUNÉRAILLES

Un des évangélistes nous raconte que Jésus rencontra un jour un convoi funèbre qui. sortait d'un village. « On portait en terre un jeune homme, fils unique de sa mère qui était veuve (1).

Les Juifs, en effet, avaient horreur de la crémation. L'usage de brûler les corps, si répandu dans l'antiquité, leur était en abomination. Ils ensevelissaient et l'Eglise chrétiennes a toujours suivi cette coutume. La croyance à la résurrection du corps s'opposait à sa destruction par le feu ; elle s'y oppose encore aujourd'hui aux yeux de la grande majorité des chrétiens. Ils préfèrent confier la dépouille des leurs à la terre; là elle se consumera lentement, il en restera toujours quelque chose, et la pensée d'un anéantissement possible de celui qui a disparu, ne viendra pas les hanter et les troubler avec la même insistance que s'il ne restait plus rien de son être physique.

Les Arabes de nos jours ne brûlent pas non plus les corps; le Coran s'y oppose et leurs cérémonies funèbres, en Palestine du moins, ressemblent à s'y méprendre à celles des Juifs telles que la Bible nous les décrit. Voici quels étaient les usages des Palestiniens au premier siècle. Aussitôt après le décès le corps était placé dans « la chambre haute (2) » ; là, les mains et les pieds étaient entourés de bandes et la tête couverte d'un suaire (3). Le corps entier était ensuite enveloppé d'un linceul et était parfumé avec de la myrrhe et de l'aloès (4). Ces parfums seront aussi plus tard déposés près du corps dans le tombeau. On agira surtout ainsi lorsque l'ensevelissement aura été précipité, et que cette espèce d'embaumement n'aura pas été possible avant les funérailles. Le corps ainsi préparé était placé, les mains croisées, dans un cercueil ouvert ou plutôt sur une bière appelée Mittah (lit) (5).

Aujourd'hui les indigènes arabes de Palestine observent les mêmes coutumes au pied de la lettre. Après la mort ils ferment les yeux du défunt (6) ; ils attachent les pieds et les mains avec des bandelettes et enveloppent le corps dans un linceul. Tous les assistants baisent le mort une dernière fois. Puis il est déposé dans une bière ouverte par en, haut pour qu'on puisse voir encore son visage (7). L'ensevelissement se fait huit heures au plus après le décès. Il en était certainement ainsi autrefois ; dans les pays chauds on est obligé de hâter l'enterrement. Les Juifs n'avaient pas de porteurs attitrés ; des amis se chargeaient de porter le corps (8). Ils tenaient à donner au défunt ce dernier témoignage d'affection, et ils se relayaient quand ils étaient nombreux. « Un enfant qui meurt avant le trentième jour de son âge est porté dans les bras et il est enseveli par une femme et deux hommes. Un enfant de trente jours est porté dans une bière, non une bière que l'on place sur les épaules, mais une bière que l'on porte dans les bras. Un enfant de trois ans est porté dans un lit et il en est de même pour les autres âges (9) ».

Les porteurs chargeaient donc la Mittah sur les épaules (10). Les parents et amis suivaient avec les démonstrations bruyantes de douleur et les lamentations dont les Juifs étaient toujours si prodigues (11). Ils poussaient des cris affreux, se roulaient par terre, déchiraient leurs vêtements et se jetaient de la poussière sur la tête. On faisait plus, on ne se bornait pas à ces manifestations qui pouvaient être sincères chez les amis et les parents du mort, on louait des pleureuses de profession qui versaient des larmes en jetant des cris aigus (12). En outre, on louait des musiciens qui jouaient de la flûte sur un ton lugubre (13). Le plus pauvre Israélite était. obligé par les convenances à avoir à la mort de sa femme au moins deux joueurs de flûte et une pleureuse (14). S'il était riche, dit Maïmonide, il faisait tout selon « ce qui était le plus digne ».

Les Arabes, nos contemporains, n'ont pas de joueurs de flûte aux funérailles. Sur ce point seul leurs cérémonies différent de celles des Juifs et encore si le défunt est un grand dignitaire ils ont des musiciens. Les femmes arabes poussent les mêmes cris désespérés que les Juives jetaient il y a tant de siècles. Elles s'arrachent les cheveux (15) et chantent sur un ton lamentable (16).
Il n'y avait pas plus de cérémonie religieuse aux enterrements qu'aux mariages. Quelquefois on prononçait un discours sur la vie du défunt (17) ou un prêtre improvisait une complainte (18).

Les tombeaux étaient toujours hors des villes.
Il est remarquable que cette mesure hygiénique, qui passe pour moderne, soit formellement exigée par la Mischna (19). Le sépulcre le plus rapproché du mur d'enceinte devait en être encore éloigné d'au moins cinquante coudées (22 m. 50).

Les cimetières communs étaient rares ; il n'y en avait guère que pour les pauvres et les étrangers (20). Les familles riches avaient leurs tombes dans leurs propriétés particulières. La description d'un sépulcre de ce genre nous est minutieusement faite par les Talmuds (21). Elle nous intéresse au plus haut point : c'est un tombeau semblable à celui de Joseph d'Arimathée qui nous est ici décrit. Le sépulcre était une caverne ou chambre taillée dans un rocher. On y entrait de plein pied comme dans une grotte. L'ouverture en était carrée et fermée par une énorme pierre qui s'engageait dans une feuillure. L'intérieur de l'une des tombes qui nous sont décrites avait quatre coudées sur six (1 m. 80 sur 2 m. 70) et on y avait fait huit sépultures ; trois de chaque côté et deux au fond. Une autre avait quatre coudées de longueur (1 m. 80) et sept de hauteur (3 m. 15). Le caveau proprement dit était précédé d'une sorte de vestibule où s'arrêtaient les porteurs, puis « ils se baissaient vers le sépulcre (22) », et là se trouvaient les excavations où l'on mettait les corps. Leurs places étaient marquées par des sortes de couchettes pratiquées dans la paroi.

L'emplacement du tombeau était indiqué soit par un monument, soit par un monceau de pierres. De nos jours on élève ces tas de pierres avec grand soin pour garantir les tombes des hyènes. Or, elles étaient plus nombreuses encore autrefois qu'aujourd'hui (23). Tous les ans, en Adar, le dernier mois de l'année, on blanchissait l'extérieur du monument avec de la chaux (24) macérée et mélangée d'eau (25); nous en savons la raison. « Pourquoi, dit un des Talmuds, blanchit-on les sépulcres au mois d'Adar ? parce que de même que le lépreux crie : « le souillé, le souillé », de même par cette couleur blanche on le dit : « n'approche pas (26) ». En effet, le contact d'un sépulcre était une souillure. Jésus compare les Scribes et les Pharisiens tantôt à ces tombeaux blanchis « qui paraissent beaux au dehors (27) », tantôt aux sépulcres abandonnés dont on ne distingue plus l'emplacement (28).

La famille dans le deuil se réunissait au retour des funérailles, et on prenait un repas en commun. Il était offert aux parents du mort par leurs amis. C'était « le pain de deuil (29). » Le nombre des coupes bues à la ronde et à certains moments fixes était réglé comme dans le repas pascal. Il y en avait dix : cieux avant qu'on se mit à table, cinq pendant le festin et trois après (30). A la mort de Rabbi Siméon, fils de Gamaliel, on en ajouta trois, mais on s'enivra et le Sanhédrin interdit de dépasser à l'avenir le nombre réglementaire (31). Ce repas n'était pas le seul rite pratiqué le jour même de l'enterrement. On venait aussi consoler les affligés comme le firent les amis de Lazare entourant ses soeurs Marthe et Marie pendant les premiers jours de leur deuil (32). « Quand on revient du sépulcre on entoure l'affligé et on le console (33). » Dans les visites de condoléances on observait un cérémonial fixé d'avance. « Quand on revient du sépulcre on s'avance et on s'assied les tins pour consoler, les autres pour pleurer, les autres pour méditer sur la mortalité. Puis on se lève, on s'approche un peu et on s'assied, et ainsi de suite sept fois (34) ». On ne pouvait ouvrir la bouche pour consoler que si l'affligé avait parlé le premier (35).

Le deuil durait trente jours. Le premier jour on ne pouvait porter ses phylactères; les trois premiers on ne devait se livrer à aucun travail et ne pas répondre à une salutation. Les sept premiers on ne pouvait ni mettre de sandales, ni se laver (36), ni s'oindre d'huile, ni lire la Loi, la Mischna ou les Talmuds, ni se voiler la tête. Pendant les trente jours il était interdit de se raser, de mettre des vêtements neufs ou récemment blanchis, de recoudre une robe déchirée (37). En général, on prenait « le sac et la cendre. » Le sac était une sorte de robe grossière, cou. verte de poils, étroite, sans manches et sans plis. Une corde servait de ceinture (38). Pour la mort de son père ou de sa mère on portait le sac pendant les trente premiers jours. Les veuves le gardaient toute leur vie (39). Tous les parents étaient tenus de le porter au moins les sept premiers jours.


Table des matières

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LA VIE PRIVÉE (Le mariage)
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LA VIE PRIVÉE LES HABITATIONS

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1 Ev, de Luc, VIl, 12.
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2 Actes, IX, 37.
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3 Jean. XI, 44.
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4 Jean, XIX, 40. Matth. XXVII, 59.
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5 Cette bière n'était pas toujours de bois. L'usage général était au premier siècle de se servir de cercueils d'osier, on les appelait Kélibah.
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6 Ce détail se trouve déjà Genèse, XLVI, 4.
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7 Luc, VII, 14. Genèse, XXIII, 19, Juges, XVI, 31, 1 Macch., II, 70.
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8 Actes, V, 6, 10. Mischna, Berakhoth, 3, 1. Aujourd'hui ce sont les invités à tour de rôle. On distinguait à quelques signes extérieurs la situation particulière du défunt. Le cercueil d'un célibataire ou ceux d'époux morts sans laisser d'enfants étaient désignés à l'attention par une plume ou une clef ou encore par un encrier. Celui d'une jeune fille fiancée était porté au cimetière sous un baldaquin. Il en était de même pour un jeune homme fiancé.
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9 Moed Katon, fol. 24, 1.
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10 Quelques femmes précédaient le cercueil ; c'était l'usage en Galilée. « Elles ont introduit la mort dans le monde, disait-on, elles doivent donc conduire ses victimes au tombeau. »
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11 II Samuel, III, 32.
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12 Jérémie, IX, 17.
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13 Jérémie, XLVIII, 36; Ev, de Matth., IX. 23.
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14 Ketouboth ch. IV, halac., 6. Voir aussi Barva Metsia, ch. VI, hal. 1.
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15 Voir Genèse, XXXVII, 33, 34, 35. Il Samuel, XIII, 19 ; XII, 15 et suiv. I Samuel, XXX, 3, 4, 6. Il Samuel, I, 11. 12.
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16 Voir II Samuel, III, 32. 1 Rois, XIII, 30. Jérémie, XXII, 18; XXXIV, 5.
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17 Comme David sur Abner, Il Samuel, III, 33, 34.
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18 Amos. V, 16. -
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19 Mischna, Bava bathra, ch. 2, § 9. -
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20 Il Rois, XXIII, 6, Jérémie, XXVI, 23.
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21 Bava bathra, ch. 6.
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22 Ev. de Jean XX, 5... «s'étant baissé ».
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23 Jérémie, XII, 9.
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24 On restaurait surtout ceux des prophètes, Ev. de Matth., XXIII, 27.
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25 Maasar Scheni, ch. V, § 1, voir aussi Shekalin, I, 1 « le 15 du mois d'août, on répare les routes, les rues, les places, on restaure les réservoirs d'eau et on peint les sépulcres. »
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26 Jérus. Maasar Scheni, fol. 55 c.
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27 Ev. de Matth., XXIII, 27.
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28 Ev. de Luc, XI, 44.
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29 Osée IX, 4. Il Samuel. III, 35. Ezéchiel, XXIV, 17,
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30 Jérus., Berakhoth, foi. 6, 1.
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31 Babyl. Berakhoth, foi. 18, 1.
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32 Ev. de Jean, XI, 19.
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33 Chetub., fol. 8, 2.
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34 Bava bathra fol. 100, 2.
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35 Cf. Job ch. II, 13 et III, 1.
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36 Gamaliel se dispensa de cette interdiction à cause de sa santé. Berakhoth, trad. Schwab). p. 45.
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37 Voir Lightfoot, Horae hebraïcae et p. 1072.
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38 Esaïe, III, 24.
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39 Genèse, XXXVIII, 14. Judith, X, 2.

 

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