HUDSON TAYLOR
PREMIÈRE PARTIE
LA FAMILLE ET LES
ANNÉES D'ENFANCE
1776-1849
(jusqu'à
l'âge de dix-sept ans)
CHAPITRE 4
Les premières années
1832-1839
Le petit Hudson était un enfant pensif,
d'une nature sensible, tout en étant plein
de gaieté. Il avait un caractère
attachant. Mais ses parents s'aperçurent
bientôt qu'il était très
délicat. Ce fut pour eux un sujet de vive
tristesse. Cela rendit plus difficile la
tâche de l'élever et de faire de lui
un vaillant et fidèle serviteur du Seigneur
Jésus. Il lui arriva d'être si
frêle qu'il semblait presque impossible
d'exiger de lui une obéissance stricte et le
contrôle de soi. Mais ses parents se
rendaient compte que rien, plus tard, ne pourrait
jamais compenser le déficit d'une enfance
sans discipline. Heureusement ils savaient
où trouver force et grâce.
N'étaient-ils pas collaborateurs de Dieu
pour façonner cette jeune vie en vue de Son
saint service ? S'ils manquaient de sagesse pour ce
noble objectif, comme c'était le cas, ne la
leur donnerait-Il pas selon Sa promesse?
Ainsi l'enfant se développa sous
les regards vigilants de ses parents. Ceux-ci
grandirent avec leur fils. La jeune mère,
aimante comme elle l'avait toujours
été, manifesta une nouvelle
profondeur de caractère en s'occupant de son
garçon. Dans la vie du père entra une
nouvelle mesure de sympathie et
d'énergie.
Hudson était précoce. A
l'âge de quatre ans il apprenait, sur les
genoux paternels, l'alphabet hébreu. Il
savait déjà lire et écrire un
peu. Ce fut à ce moment-là qu'il se
lança courageusement dans un premier travail
littéraire. Il écrivait les
réflexions que lui inspirait l'attitude d'un
vieillard de quatre-vingts ans, dont la vie
s'était écoulée dans
l'inconduite, qui ne montrait aucun repentir et
pour lequel il n'y aurait bientôt plus
d'espoir.
On voit ainsi que cet enfant si sensible
s'intéressait, trop peut-être,
à la vie des grandes personnes, en attendant
que de petits compagnons de jeu vinssent l'occuper.
Ce fut heureusement bientôt le cas. Quand il
eut cinq ans, son frère et sa soeur
étaient devenus de petits
amis pour lui. Il apprit à marcher à
sa soeur Amélie
(1).
Un jeu qui les passionnait était
de « faire la réunion » le
dimanche soir. Un des frères était le
prédicateur, l'autre représentait
l'auditoire. La chaise de papa servait d'estrade.
À n'en pas douter l'exemple du père,
ainsi que les souvenirs de James Taylor et du temps
de Wesley, enflammaient leur imagination.
Jamais le coeur ne se donne avec autant
d'enthousiasme et de spontanéité que
dans les jeunes années, lorsque l'amour de
Christ le remplit. Le petit Hudson, par exemple,
fut profondément impressionné
à l'âge de quatre ou cinq ans par ce
qu'il avait entendu dire des ténèbres
qui règnent dans les pays
païens.
« Quand je serai un homme,
disait-il souvent, je serai missionnaire et j'irai
en Chine. » Paroles d'enfant, sans doute, mais
dites de tout son coeur et qui montraient son amour
pour le Seigneur et son désir de Lui plaire
et de Le servir.
Le premier chagrin qui assombrit la vie
d'Hudson fut la mort de son frère,
appelé William en souvenir de son
grand-père maternel. Ce fut une vraie perte,
car ils étaient des compagnons
inséparables. Théodore était
encore tout petit et devait être aussi
repris, tôt après, pour être
avec Jésus. Dès ce moment-là,
Hudson fut fils unique. Mais deux petites soeurs
lui furent conservées et
l'aînée, Amélie, était
assez compréhensive pour devenir sa
confidente. Ces deuils, ajoutés à la
mort du grand-père, ne pouvaient que lui
faire sentir la réalité des choses
invisibles et développer son esprit
pensif.
Mais bien qu'il prît
d'emblée la vie sérieusement, il
était gai et enjoué. La nature
l'enchantait ; il avait la patience, la
compréhension et le talent d'observation
nécessaires pour pénétrer ses
secrets. Oiseaux, insectes, fleurs, tout ce qui
vivait faisait sa joie.
La discipline exercée avec
douceur par Mme Taylor fut pour beaucoup dans le
bonheur de l'enfance d'Hudson. Ce fut bien rarement
qu'il tenta d'échapper aux consignes de la
maison, en partie sans doute parce qu'il savait
l'inutilité de vouloir s'y soustraire, et en
partie par crainte de causer du chagrin à sa
mère. Car, dans sa façon de s'occuper
de ses enfants, elle était juste et ferme.
Elle faisait peu de règles et évitait
les ordres qui n'étaient
pas nécessaires. Les enfants savaient
qu'elle voulait ce qu'elle disait. Quelquefois
Hudson fut tenté, comme d'autres, de voir
jusqu'où il pourrait aller en faisant
à sa tête. Mais une expérience
désastreuse lui enseigna une leçon
qu'il n'oublia pas de sitôt.
Il aimait passionnément la
lecture et, un hiver, il était
absorbé par un livre captivant. Il mettait
toute son ardeur à le finir ; hélas
les brèves heures de la journée
étaient remplies de devoirs et le moment du
coucher ne pouvait être retardé. Si
seulement il pouvait lire pendant la nuit! Mais
maman venait toujours border son lit et emporter la
lampe. Comme le livre devenait de plus en plus
palpitant, un plan naquit dans l'esprit d'Hudson.
Il savait où l'on mettait les bouts de
chandelle qu'on utilisait pour la cuisine et la
cave. On ne remarquerait pas s'il en prenait
quelques-uns. Il pourrait alors les allumer les uns
après les autres et avancer dans sa lecture,
confortablement installé dans son lit. Pour
commencer, il eut peur d'agir ainsi. Mais cette
idée le poursuivit au point que sa
conscience fut réduite au silence. Il se
décida à mettre son projet à
exécution.
C'est alors qu'un ami des parents
d'Hudson vint passer une soirée avec eux.
L'enfant, voyant là une circonstance
favorable, remplit sa plus grande poche des bouts
de chandelles convoités et
pénétra au salon, plus tôt que
de coutume, pour souhaiter une bonne nuit à
chacun. Les grandes personnes étaient
groupées autour du feu. Le visiteur aimait
beaucoup les enfants et, prenant Hudson sur ses
genoux, il lui demanda s'il voulait une histoire.
Bien sûr qu'il les aimait, surtout à
l'heure où il faut aller au lit ! Cependant,
vu la proximité du feu, il était fort
désireux de s'échapper. Avec angoisse
il s'aperçut que la poche pleine de bouts de
chandelles était justement du
côté exposé à la
chaleur. Aussi, prétextant avec
vivacité qu'il était temps pour lui
d'aller se coucher, il chercha à sauter
à bas de ces genoux trop
accueillants.
Mais un mot de sa mère l'obligea
de rester. C'était assez tôt encore,
et par une faveur spéciale il pouvait
écouter l'histoire. Au lieu d'en être
enchanté, le pauvre petit garçon
était agité et malheureux. Les bouts
de chandelles allaient fondre. Ils fondaient, il le
sentait. Qu'arriverait-il si maman flairait l'odeur
du suif, ou si celui-ci venait à couler sur
le tapis? À la première
pause dans le récit,
Hudson répéta que c'était
vraiment le moment d'aller au lit et qu'il ne
devait pas rester plus longtemps. Le visiteur
était désappointé et les
parents très intrigués. L'histoire
reprit. Finalement, après un temps qui lui
parut des heures, il put se sauver et courut dans
sa chambre. Sa mère le suivit promptement et
le trouva pleurant à chaudes larmes devant
sa poche pleine de suif fondu. Inutile d'ajouter
que la tristesse de la mère devant cette
scène grava, dans l'âme d'Hudson, une
leçon dont plus tard il ne put jamais
être trop reconnaissant.
L'avantage le plus grand qu'eut Hudson
pendant son enfance fut d'être constamment
l'objet des soins de sa mère. Elle
était la compagne de ses enfants du matin au
soir. Elle travaillait avec eux, les enseignait,
faisait tout pour eux. Elle était le soleil
de leur vie, répandant amour et
lumière.
Le commerce du père
prospérait, mais la vie, chez les Taylor,
resta toujours très simple. Les enfants
reçurent de leurs parents des principes
d'ordre, de travail et d'économie dont ils
devaient se souvenir toujours. Mme Taylor, si
active, trouva le temps d'inspirer à ses
enfants le goût de la lecture. Tous les
après-midi, tandis qu'elle tirait
l'aiguille, elle leur faisait lire des livres
d'histoire, des ouvrages de littérature, des
récits de voyage, et les habituait ainsi
à réfléchir. Le père,
de son côté, était un homme
sérieux, parfois sévère, qui,
dans l'éducation, faisait passer avant tout
la discipline morale. Il insistait notamment sur la
ponctualité, apprenait à ses enfants
à ne pas gaspiller le temps et à se
contenter de peu. Son influence sur la vie de son
fils fut considérable. Sans cette ferme
direction, qui pourrait dire si Hudson serait
jamais devenu l'homme qu'il fut, par la grâce
de Dieu. Ne souffrons-nous pas aujourd'hui d'un
certain relâchement? Il n'en était pas
ainsi avec James Taylor. La vie devait être
vécue, le travail devait être
accompli. Il avait un sens aigu du devoir. Il
était homme de foi, mais d'une foi marchant
de pair avec l'action pratique.
Le développement spirituel des
enfants était l'objet des soins attentifs du
père. Le culte de famille avait lieu deux
fois par jour, après le repas du matin et
après celui du soir. Toute la
maisonnée y assistait et ses explications
mettaient la lecture à la portée des
plus jeunes. L'Ancien Testament, aussi bien que le
Nouveau, étaient lus
régulièrement. Le dimanche,
malgré les services qu'il
devait assurer et qui nécessitaient parfois
de longs trajets à pied, il consacrait plus
de temps que d'ordinaire au culte
domestique.
Il avait à coeur également
d'intercéder méthodiquement pour ses
enfants ; il leur enseignait aussi à prier.
Les menus événements de chaque jour
étaient des occasions de s'approcher de
Dieu. Rien n'était trop petit pour le
père et la mère, parce que leurs
enfants leur étaient chers, et rien
n'était trop petit pour Celui qui les aimait
bien plus encore. À un moment donné,
il prit l'habitude de réunir les deux
aînés dans sa chambre, chaque jour,
pour un moment de recueillement. Et là,
à genoux, au pied de son lit, les
enlaçant de ses bras, il répandait
son coeur devant Dieu pour chacun d'eux.
Dès qu'ils furent en âge de
comprendre, il leur expliqua la
nécessité d'entretenir la vie de
l'âme par la prière et l'étude
de la Bible. Omettre ces choses, leur disait-il,
c'est négliger l'essentiel. Il parlait
souvent de cela comme d'une affaire d'importance
vitale, et il fit en sorte que chacun, dans la
maison, eût au moins une demi-heure chaque
jour pour être seul avec Dieu. Le
résultat fut que les petits
commencèrent à connaître le
secret d'une journée heureuse. Avant le
premier repas, le matin, et le soir encore, ils
allaient dans leur chambre pour lire et
prier.
Ainsi les enfants grandirent,
physiquement, moralement, spirituellement. Hudson
était encore trop délicat pour
fréquenter l'école, mais
l'éducation qu'il reçut à la
maison compensa, et au delà, cette perte.
Non seulement son intelligence se développa
par l'étude systématique, mais encore
les entretiens que ses parents avaient avec les
visiteurs qu'ils recevaient le mirent en contact
avec des choses auxquelles un écolier est
généralement étranger.
Car James Taylor était
très hospitalier. Clients et amis venaient
à lui pour avoir des conseils. Les jours de
marché, c'étaient des connaissances
de la campagne ou des prédicateurs
laïques des environs, sûrs de trouver un
accueil chaleureux. Une tasse de thé au coin
du feu donnait prétexte à bien des
conversations instructives qui ne manquaient pas
d'intéresser les enfants.
Tous les trois mois revenait une
journée attendue avec impatience.
C'était la réunion dans la chapelle
de Barnsley de tous les collaborateurs du district,
qui apportaient les contributions
destinées à
l'entretien du ministre. Ils parlaient ensemble de
l'activité du trimestre suivant,
réglaient les questions matérielles,
projetaient des rencontres missionnaires. Puis un
repas en commun était servi dans la
sacristie. Après cela, l'hospitalité
privée pouvait s'exercer et James Taylor
invitait chacun chez lui. Le salon au-dessus de la
pharmacie se remplissait et la conversation
était des plus captivantes. Cinquante ans
plus tard, Hudson Taylor aimait à rappeler
ces rencontres où tout ce qui se rapportait
à l'oeuvre de Dieu faisait l'objet
d'échanges de vues du plus haut
intérêt.
C'était précisément
dans ces occasions que la question missionnaire
revenait et les enfants écoutaient avec
délices les histoires des pays lointains. La
Chine, comme toujours du reste, avait la
première place dans les sympathies du
père qui déplorait souvent
l'indifférence de l'Église devant
l'immense détresse de ce pays. Il
était spécialement exercé par
le fait que l'église à laquelle il se
rattachait ne faisait rien pour
l'évangélisation de ce peuple. Les
méthodistes qui, aux jours de Thomas Coke,
avaient été à l'avant-garde en
envoyant des missionnaires en terre païenne,
se glorifiaient encore de la devise de Wesley :
« Le monde est ma paroisse. » Un
siècle s'était écoulé
depuis le grand réveil et, en
été 1839 - Hudson avait sept ans - le
centenaire avait été
célébré des deux
côtés de l'Atlantique dans un esprit
digne des souvenirs qu'il rappelait. Les
méthodistes, partout, S'étaient
surpassés en zèle et en
générosité pour la cause de
Dieu. Des offrandes de reconnaissance avaient
rempli leurs caisses, et les prières, dans
le monde entier, avaient provoqué une grande
bénédiction spirituelle et un
progrès dans l'évangélisation
du pays et au dehors. Mais, dans les nouvelles
missions qui avaient été
projetées et parmi les ouvriers qui avaient
été envoyés, il n'y avait rien
pour la Chine. Il semblait qu'il était admis
d'avance que rien ne pouvait être fait ou
même tenté pour elle. Morrison,
pionnier solitaire des missions protestantes,
était mort cinq ans auparavant, et personne
n'avait été en mesure de reprendre sa
tâche. Canton était la seule station
missionnaire, récemment ouverte par des
américains, en particulier par le Dr Peter
Parker qui venait de fonder le premier
hôpital en terre chinoise. Mais
par-delà les limites restreintes de cet
unique poste, il y avait le vaste empire,
peuplé de quatre cents millions
d'habitants, sans personne qui
prêchât Christ. Cet état de
choses pesait sur le coeur de James Taylor.
« Pourquoi n'envoyons-nous pas des
missionnaires là-bas, s'écriait-il ?
C'est un peuple dont il faut s'occuper, avec sa
population dense, son peuple fort, intelligent,
instruit. »
Il ne pouvait comprendre
l'indifférence de l'Église à
l'égard de ce champ magnifique, la
forteresse du paganisme. Et les enfants, qui
entendaient ces choses, furent confirmés
dans la conviction que la Chine était
vraiment le plus grand, le plus riche en promesses,
mais le plus négligé de tous les pays
à évangéliser.
Cette opinion fut renforcée par
le petit livre de Parley sur la Chine, qu'ils
lurent et relurent au point qu'ils le surent
bientôt par coeur. Il contenait beaucoup
d'illustrations, de jolis tableaux à la
vieille mode, et Amélie fut si
impressionnée qu'elle décida de se
joindre à son frère, qui était
résolu depuis longtemps à partir pour
la Chine. Les parents notaient avec soin ces
projets enfantins, mais non sans une certaine
tristesse au coeur. Leur plus vif désir
était qu'Hudson pût être
appelé à un tel service, mais vu sa
santé toujours délicate, cet espoir
avait été abandonné peu
à peu. De toute façon, Hudson ne
serait pas assez robuste pour la vie
missionnaire.
Il était évident,
toutefois, que le Saint-Esprit travaillait dans son
coeur, car rien ne l'intéressait plus que
les choses de Dieu. Il aimait à accompagner
son père dans les chapelles du voisinage
où il allait prêcher dimanche
après dimanche. Dans cette partie du
Yorkshire, le renouveau de vie du centenaire se
faisait sentir, et le ministère de James
Taylor était puissant et fécond.
Même le petit garçon entrait dans
l'esprit de ce temps. L'amour pour Christ, la
passion dominante de sa vie, et un désir
constant d'amener les autres à Le
connaître et à L'aimer, prirent
naissance en lui à ce moment. C'est en
pensant à ces jours-là que sa
mère écrivit dans son journal
:
À l'âge de sept ans,
Hudson accompagnait souvent son père
lorsqu'il allait prêcher à la
campagne. C'était une époque de
réveil religieux; et, après le
service, il y avait d'ordinaire une seconde
réunion,
(2), où
l'on invoquait la bénédiction de Dieu
sur la Parole qui avait été
annoncée et où l'on priait pour les
pécheurs. Les personnes qui étaient
profondément convaincues
de péché et qui désiraient
obtenir la paix avec Dieu s'approchaient et on
dirigeait leurs regards « vers l'Agneau de
Dieu qui ôte le péché du monde
». On y entendit souvent Hudson prier, avec
beaucoup de sérieux et de
piété. Et lorsqu'une âme
travaillée trouvait le repos et que tous les
auditeurs donnaient gloire à Dieu, il se
joignait à leurs chants, avec une joie
égale à la leur et un visage
rayonnant.
Sa piété ne venait
d'ailleurs pas tant des réunions de
réveil que de l'influence de ses parents et
de l'atmosphère bienfaisante de la vie
familiale. L'exemple de sa mère en
particulier, qui, au milieu de ses journées
si remplies, savait à certaines heures
fermer sa porte et se retirer dans le secret, eut
sur son enfance la plus profonde action. Le
souvenir de sa mère suffisait à lui
apporter un renouveau d'inspiration et d'amour. Et
jamais il n'oublia, parmi tant de jours heureux de
son passé, ces après-midi de
dimanche, où elle pouvait se donner aux
siens sans réserve. Il semblait qu'elle
n'eût d'autre préoccupation que, de
vouloir ce jour-là le meilleur et le plus
fécond des sept. Le matin, les enfants
allaient régulièrement au culte avec
elle, et elle savait faire du reste de cette
journée le moment que l'on désirait
entre tous. Les plus jolis jeux, les plus beaux
livres d'images étaient
réservés pour le dimanche, comme
l'étaient les plus jolis habits, le salon et
le piano. Sa voix suave leur faisait aimer le chant
des cantiques. Et rien ne valait les histoires
qu'elle tirait de la Bible ou du
Voyage du Chrétien. Enfin,
rien que de la voir, si douce et si paisible,
prendre part à leurs jeux, aurait suffi
à rendre, ce jour particulièrement
heureux.
Oui, c'était vraiment « la
maison », c'était presque le ciel,
parce qu'à ce foyer il y avait une
mère dont le coeur était rempli de
l'amour de Dieu.
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