Heures du soir Méditations
INTRODUCTION
Ces méditations n'ont pas
été préparées en vue de
la publication. Elles ont été
prononcées au cours des cultes du soir qui
furent célébrés dans le salon
de l'Asile Évangélique de Cannes,
devant un auditoire restreint, composé
uniquement des diaconesses et des amis de la
maison, de ceux avec lesquels le pasteur Jean
Monnier avait des rapports cordiaux et
quotidiens.
C'est donc dans la plus grande
simplicité et intimité que ces
entretiens se sont déroulés pendant
les trois années qu'il passa à
Cannes, et qui furent les dernières de sa
vie. Nous n'en avons ici qu'une faible
partie.
À mesure que l'heure
s'avançait qui serait sa dernière
heure, ses forces physiques l'abandonnaient peu
à peu, et cette forme d'activité
spirituelle fut la dernière qui lui resta
Possible : il y tenait par-dessus tout. Trois jours
avant sa fin, il Parla encore.
Ces méditations, dictées
par son expérience, étaient fortement
préparées par lui chaque fois, mais
avec peu ou pas de notes; et si nous en avons
gardé la trame et la substance, c'est
grâce à l'assiduité de deux de
ses fidèles auditrices, Madame Pierre
Dieterlen et Madame Henri Maroger, qui les
notèrent jour après jour, les
communiquant au fur et à mesure à des
âmes lointaines qui en étaient
réconfortées.
Nous ne saurions assez leur exprimer
notre reconnaissance puisque sans elle nous n'en
saurions, plus rien, non plus que des fragments de
Prières qu'elles nous ont conservés.
Nous savons, certes, que cette
publication, n'était pas conforme dans le
principe au désir profond de Jean Monnier;
car il était à la fois trop modeste
pour y attacher un grand prix, et trop soucieux de
la forme pour prendre plaisir à voir
écrites des paroles prononcées
familièrement et sans aucune pensée
de permanence, sans la transformation qu'il leur
aurait fait subir, s'il les avait reprises en vue
de l'impression.
Mais bien qu'on l'en ait supplié
maintes fois, il ne voulait pas se plier à
la discipline qui eût repris chacun de ces
entretiens pour en faire un écrit. Il
était pressé par le temps, par le
désir daller toujours de l'avant, de dire du
neuf, de travailler à autre chose de plus
pressant, de plus actuel, ne regardant pas
par-dessus son épaule, et jetant son pain
à la surface des eaux.
Pourtant si avec une infinie
piété, et après une longue
réflexion, nous nous sommes.
décidés à cette publication,
c'est nous souvenant de ce que lui-même avait
enfin consenti à ce que l'on propage dans un
petit cercle ses paroles fugitives, et parce que,
de tous côtés, elles nous ont
été demandées par des
âmes désireuses d'être à
leur tour, réconfortées et
encouragées.
Ceux qui le connaissaient retrouveront
ici le son de sa voix et l'accent de son cœur;
même dans les répétitions
voulues et les silences destinés à
Ponctuer l'émotion et à en augmenter
l'influence. Silences souvent habités par le
geste, le sourire, le regard.
Mais les autres, ceux qui ne l'ont pas
connu, ne chercheront ici que la substance de
l'expérience religieuse, et l'accent de
l'âme qui parle à l'âme pour
l'amener au salut.
Dieulefit, le 13 mai 1944.
M. PIZOT-MONNIER.
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