Fleuves d'eau vive
PRÉFACE
Je considère comme un privilège
d'avoir à présenter et à
recommander aux chrétiens
évangéliques la traduction
française de l'ouvrage de Miss Ruth Paxson.
Le témoignage de notre soeur, à la
Convention de Morges 1932, a été en
bénédiction à plusieurs. Miss
Paxson est une missionnaire en Chine. Pendant ces
dernières années, elle s'est
spécialement consacrée, sur
l'invitation de missionnaires appartenant à
diverses sociétés, et aussi à
l'appel de nombreux pasteurs indigènes,
à visiter les Églises de ce grand
pays, pour exposer aux enfants de Dieu dans des
assemblées spéciales, parfois
très nombreuses, les grandes richesses que
Dieu tient en réserve pour Ses enfants, en
vue de leur développement spirituel et de la
plus grande efficacité de leur
témoignage.
Ce ministère spécial a
été très béni. Miss
Paxson a passé son congé en Europe et
a employé une partie de son temps à
visiter l'Allemagne, la Suisse, et la Belgique. Son
message a été très
apprécié et cela en dépit du
fait que notre soeur ne connaît pas assez
notre langue pour se passer de traducteur. Nous
demandons à Dieu que ce livre, si riche sous
son petit volume, résumé clair et
vivant de l'enseignement biblique relatif à
la sanctification des croyants, soit pour beaucoup
de lecteurs un guide et un soutien, sur la voie
sainte, voie étroite, mais voie royale sur
laquelle nous devons avancer sans cesse sous peine
de reculer.
R. SAILLENS.
.
I
CHRÉTIENS CHARNELS
La Bible mentionne deux sortes de
chrétiens. Il est très important que
le croyant sache dans quelle catégorie il se
trouve et à laquelle il veut appartenir.
L'apôtre parle de chrétiens charnels
et de chrétiens spirituels.
Pour moi, mes frères, ce n'est
pas comme à des hommes spirituels
que j'ai pu vous parler, mais comme
à des hommes charnels, comme
à des enfants en Christ. Je vous ai
donné du lait, non de la nourriture
solide, car vous ne pouviez pas la
supporter ; et vous ne le pouvez pas
même à présent, parce
que vous êtes encore charnels. En
effet, puisqu'il y a parmi vous de la
jalousie et des disputes,
n'êtes-vous pas charnels, et ne
marchez-vous pas selon l'homme ?
Quand l'un dit : « Moi, je
suis de Paul ! » et un autre : «
Moi, je suis d'Apollos ! »,
n'êtes-vous pas des hommes ? -
I COR- 3 : 1-4.
|
Dans quelle catégorie êtes-vous,
lecteur ? Avez-vous jamais été
photographié en groupe ? Vous étiez
pressé sans doute de voir l'épreuve,
et sur l'épreuve une personne ; si le groupe
était réussi, vous vous êtes
reconnu aisément. Je voudrais
reproduire le portrait des
chrétiens charnels, et je me demande si tel
de vous ne va pas se reconnaître parmi les
personnages que je dépeindrai. Le portrait
sera très précis, du reste, car c'est
le divin Photographe, le Saint-Esprit, qui le fera,
et Lui nous connaît tels que nous
sommes.
La vie du chrétien charnel.
I. C'est une lutte
incessante.
Car je prends plaisir à la loi
de Dieu, selon l'homme intérieur ;
mais je vois dans mes membres une autre
loi, qui lutte contre la loi de mon
entendement, et qui me rend captif de la
loi du péché, qui est dans
mes membres.
ROM. 7 : 22-23.
Car la chair a des
désirs contraires à ceux de
l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires
à ceux de la chair ; ils sont
opposés entre eux, afin que vous ne
fassiez point ce que vous voudriez. -
GAL. 5, 17.
|
Deux forces absolument contraires se disputent
le coeur du croyant. Deux natures, la nature divine
et la nature charnelle, se livrent une bataille
mortelle. Quelquefois la nature spirituelle a la
victoire. Mais le croyant ne possède qu'une
joie, une paix éphémères. Le
plus souvent, la nature charnelle domine et
arrête l'épanouissement de la vie
intérieure.
Une amie m'a raconté le fait
suivant. Jacques, son petit neveu, qui avait six
ans, se sauvait souvent dans la rue. Sa mère
menaça de le punir s'il recommençait.
La tentation se présenta bientôt.
Jacques y céda. Quand il rentra,
sa mère lui dit :
- Jacques, as-tu oublié que tu
serais puni si tu me désobéissais
?
- Non, dit Jacques.
- Alors, pourquoi t'es-tu sauvé
?
- Voilà ce qui est arrivé,
maman. J'étais dans la rue, je pensais
à ta défense. Il me semblait que
Jésus me tirait par un bras, et Satan par
l'autre. Malheureusement, c'est Satan qui a
tiré le plus fort.
Voilà l'expérience
perpétuelle du chrétien charnel. Sa
vie intérieure est pitoyable.
Votre vie est-elle ainsi faite de
combats incessants et épuisants ?
2. C'est une vie de
fréquentes défaites.
Car je ne sais pas ce que je fais : je
ne fais point ce que je veux, et je fais
ce que je hais. -
ROM. 7 : 15.
Car je ne fais pas le bien que
je veux, et je fais le mal que je ne veux
pas. -
ROM.7 : 19.
|
Le
chapitre 7 de l'épître
aux Romains est une biographie spirituelle, sans
doute celle de Paul à un moment donné
de sa vie. Mais n'est-ce pas aussi la vôtre,
la mienne ?
On y voit un homme qui s'efforce
sincèrement de vivre une vie sainte. Cet
homme subit de telles défaites qu'il pousse
ce cri de désespoir :
Misérable que je suis ! Qui me
délivrera du corps de cette mort ?
-
ROM. 7 : 24.
|
Qui d'entre nous n'a jamais dit cela ? Au
commencement d'une journée,
d'une nouvelle année, nous avons pris de
bonnes résolutions, nous nous sommes promis
de ne plus faire ceci ou de faire cela. Mais,
à maintes reprises, nous avons
été accablés par le sentiment
humiliant de la défaite. Nous n'avons pas
fait ce que nous avions fermement l'intention de
faire. Et nous avons commis à nouveau des
actes, dont nous nous étions
sérieusement repentis. Le souvenir de nos
péchés et de nos manquements nous
hante et nous prive de sommeil.
Nous avons été de mauvaise
humeur, orgueilleux, égoïstes, aussi
souvent cette année que l'année
dernière. Nous avons continué
à négliger la lecture de la Bible et
la prière, et nous n'avons, pas plus
qu'autrefois, l'amour des âmes. Ce n'est
pourtant pas que nous manquions de bonne
volonté. Nous étions très
sincères quand nous avons pris ces
résolutions, et nous avions bien l'intention
de les tenir.
Ce qui est bon, je le sais, n'habite
pas en moi, c'est-à-dire dans ma
chair : j'ai la volonté, mais non
le pouvoir de faire le bien. -
ROM. 7 : 18.
|
Tout chrétien peut être victorieux
s'il le veut, car, après avoir fait
l'expérience exprimée dans Romains 7,
il doit faire celle dont l'apôtre parle dans
Romains 8. Connaissez-vous cette victoire ?
3. C'est une vie
étiolée.
Pour moi, frères, ce n'est pas
comme à des hommes spirituels que
j'ai pu vous parler,mais
comme à des hommes charnels, comme
à des enfants en Christ. je vous ai
donné du lait, non de la nourriture
solide, car vous ne pouviez pas la
supporter ; et vous ne le pouvez pas
même à présent, parce
que vous êtes encore charnels. -
I COR- 3 :1-2
|
Le chrétien charnel ne grandit pas. Il
reste « enfant en Christ ». Les
chrétiens de l'Église de Corinthe
auraient dû être des adultes, capables
de prendre une nourriture solide ; mais ils
étaient restés des enfants
débiles qui ne supportaient que du lait. Ils
n'avaient, ni la stature, ni force qui convenaient
à leur âge.
Avec quel bonheur des parents
accueillent un nouveau-né ! Mais si l'enfant
ne se développe pas normalement, si son
cerveau ou son corps restent ceux d'un
bébé, quelle douleur inexprimable
pour eux'! Quelle joie, dans le ciel, lorsque la
famille de Dieu est augmentée par la
naissance d'une âme humaine ! Mais, comme le
Père céleste doit souffrir de ce que
tant de Ses enfants restent à l'état
de nouveau-nés.
Cher ami, êtes-vous encore en
enfance spirituelle, ou êtes-vous devenu
adulte ? Pour répondre à cette
question, il faut savoir d'abord ce qui
caractérise un bébé.
Un bébé dépend
entièrement d'autrui et s'attend à
être le « centre de son petit monde
». Il absorbe le temps et les soins de ceux
qui l'entourent. Si tout va bien, il est content ;
il sourit. Mais si on refuse d'accéder aux
moindres de ses désirs, il a tôt fait
de protester. Ces caractéristiques se
retrouvent chez le chrétien charnel. Dans
Hébreux 5 : 12-14, Dieu nous
montre que le chrétien charnel vit aux
dépens de ses frères. Il devrait
être capable d'enseigner, mais il a encore
besoin qu'on lui « enseigne les premiers
rudiments des oracles de Dieu ». Il ne peut
pas prendre de nourriture « solide », il
lui faut du « lait ». Il est incapable de
comprendre les choses profondes de Dieu et ne peut,
par conséquent, en faire part à
autrui. Pourquoi les chrétiens de Corinthe
étaient-ils des « enfants » ? Paul
nous le dit au début de la première
lettre qu'il leur écrivit. Ils se laissaient
conduire par des hommes, estimant la sagesse
humaine supérieure à celle de Dieu.
Ils préféraient la paille au froment,
essayant de se rassasier avec ce qui ne nourrit
pas.
La plupart des chrétiens ne
cherchent pas leur nourriture dans la Parole de
Dieu, n'attendent pas du Saint-Esprit le «
pain des forts ». Ils s'adressent à des
hommes, et absorbent sans contrôle tout ce
qu'on leur donne. De tels chrétiens sont des
parasites. Ils deviennent anémiques et
débiles. Dans cet état de faiblesse,
toutes les maladies de l'âme ont prise sur
eux. Ils sont une proie facile à la mauvaise
humeur, à l'orgueil, à
l'impureté, à l'égoïsme.
Ils transmettent à d'autres leurs maladies
spirituelles, et c'est ainsi qu'on peut expliquer
l'état lamentable des chrétiens de
Corinthe. Êtes-vous un enfant qui
dépend de ses frères, ou un
chrétien adulte que Dieu peut employer
à Son Service ?
4. C'est une vie
stérile.
Tout sarment qui est en moi et qui ne
porte pas de fruit, il le retranche ; et
tout sarment qui porte
du fruit, il l'émonde, afin qu'il
porte encore plus de fruit. -
JEAN 15 : 2.
|
Le chrétien charnel n'exerce jamais
qu'une mauvaise influence. Les
inconséquences de sa vie l'empêchent
d'amener des âmes à Christ. Il ne
saurait donner de bons exemples aux autres
chrétiens. C'est un sarment
stérile.
5. C'est une vie
d'infidélité.
Adultères que vous êtes !
Ne savez-vous pas que l'amour du monde est
inimitié contre Dieu? Celui donc
qui veut être l'ami du monde se rend
ennemi de Dieu. -
JACQUES 4 : 4.
|
Ces paroles sont sévères. Dieu
déclare que tout chrétien, qui est
ami du monde, est ennemi de Dieu, et
adultère. Pour donner à ces paroles
leur sens véritable, il faut connaître
exactement la signification du mot «. monde
». Ce qu'est l'Église pour Christ, le
monde l'est pour Satan. Comme Christ agit sur terre
par son Église, Satan agit par le «
Monde ». Le monde, c'est la vie et la
société humaines sans Dieu
Quels doivent être les rapports du
chrétien avec le monde ? Tout d'abord, quels
rapports le chrétien a-t-il avec
Jésus ? Christ et le chrétien sont
un. Leur union est si absolue que le Saint-Esprit
compare leurs relations à celles qui
existent entre deux époux. Il est naturel,
dès lors, que Dieu ait déclaré
que l'attachement au monde équivaut à
un adultère spirituel. Partager les plaisirs
du monde, s'associer à ses oeuvres,
accommoder sa vie à ses principes, mettre
à exécution son programme, font du
chrétien le complice de Satan.
N'aimez point le monde ni les choses
qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime
le monde l'amour du Père n'est
point en lui : Car tout ce qui est dans le
monde, la convoitise de la chair, la
convoitise des yeux, et l'orgueil de la
vie, ne vient point du Père, mais
vient du monde. -
1 JEAN 2 : 15-16.
|
Le monde, c'est tout ce qui ne vient pas du
Père. Ce qui n'est pas digne de la vie du
Christ dans les cieux, n'est pas digne de la vie du
chrétien sur la terre. Le « monde
» c'est aussi la « convoitise de la chair
», la « convoitise des yeux », et
« l'orgueil de la vie ». Il se manifeste
dans la toilette, la conversation, les
distractions, les lectures, les amitiés, par
nos désirs et par nos actions. La convoitise
de la chair, c'est tout ce qui flatte la chair.
Toute concession faite à la mode, tout
désir d'accumuler des biens, proviennent de
la convoitise des yeux. Elle tient les regards
fixés sur les choses temporelles. Tout ce
qui exalte le « Moi », tout ce qui
développe en nous l'orgueil, le désir
de briller, tout ce qui détruit les nobles
aspirations de l'âme, la fait ramper et
l'empêche de prendre son essor, constitue
« l'orgueil de la vie ».
Aimez-vous le monde et les choses qui
sont dans le monde ? Si oui, vous êtes un
chrétien charnel.
6. C'est une vie
d'hypocrisie.
Autrefois, vous étiez
ténèbres, et maintenant vous
êtes lumière dans le
Seigneur. Marchez comme des enfants de
lumière. -
EPH. 5 : 8.
N'êtes-vous pas charnels,
ne marchez-vous pas selon l'homme ? -
I COR. 3 : 3.
|
Le chrétien charnel dit une chose et en
fait une autre. Sa conduite n'est pas conforme
à son témoignage. Il vit comme ceux
qui ne font pas profession d'être
chrétiens, et n'a aucune puissance pour
gagner des âmes à Christ.
Vous êtes-vous reconnu dans ce
portrait ? Êtes-vous un chrétien
charnel ? Êtes-vous lassé par le
combat humilié par la défaite,
affligé de vos progrès insuffisants,
attristé par la stérilité de
votre vie, convaincu de votre
infidélité, peiné par votre
vie hypocrite ? Il y a de l'espoir pour vous.
Tournez-vous vers Dieu, demandez-Lui de briser les
chaînes de cette vie charnelle, et de vous
faire entrer dans la liberté glorieuse des
enfants de Dieu.
|