Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CONTRE LE COURANT

PREMIÈRE PARTIE


MEIRAGE
Un petit monde provençal

I

Tout a progressé, sauf l'âme.

MICHELET.

 Meirage est une petite ville de Provence. Comme toutes les petites villes de Provence, par la mentalité de ses habitants, par son histoire et ses coutumes, elle en diffère par son paysage qui la met à part, tel un bijou précieux dans un bel écrin.
Au lieu des plaines brûlées de l'Avignonnais et de la Camargue, elle s'étend au milieu de la verdure, et si son horizon est limité, c'est par des montagnes aux lignes pures et nobles, que le soleil, à son lever et à son coucher, l'hiver comme l'été, ourle de., rose, de mauve et d'or.

L'étroitesse même de cet horizon empêche la lumière, cette suprême beauté de la Provence, de se diffuser et de se perdre.
Et l'amphithéâtre, au fond duquel Meirage se niche indolemment, est comme une palette où se réunissent et se fondent tous les coloris doux et ardents dont la nature dispose. De janvier à janvier, le bleu (lu ciel, lorsqu'il est visible, est celui de la mer profonde, ce bleu intense et flou tout à la fois, comme une caresse et une prière. Quiconque a contemplé un instant, avec le recueillement nécessaire, ce ciel mystérieux et pourtant réel, devrait comprendre Dieu et ne jamais douter de l'Amour ineffable.

Mais 'par un aveuglement étrange et qui, hélas ! n'appartient pas qu'à eux seuls, les habitants de Meirage ne regardent point la coupole de turquoise qui couronne leur étroite plaine. Pour cela, il faudrait lever les yeux très haut et ils trouvent à regarder en bas plus d'intérêt que de rêver à ce qu'ils croient être l'inaccessible et peut-être la chimère. La terre est belle, quoique la vie soit semée d'épreuves et un de leurs dires favoris est que « puisque l'on n'a que quatre jours à vivre, il faut en profiter. »

Mais la manière de « profiter » de la vie diffère singulièrement, d'après les individus, les pays et les races. L'habitant de Meirage ne comprend pas, par exemple, le chercheur d'or et d'aventures, le passionné de grands voyages, l'ambitieux de fortunes colossales ou de plaisirs sensationnels.
« Profiter de la vie », c'est, à son avis, ne point se créer de souci et travailler le moins possible. Tout vient à qui sait attendre, à moins qu'on ne vise à des choses qui n'existent que dans les imaginations exaltées.
Aussi la petite ville est-elle un reflet fidèle du caractère de ses habitants.
L'absence de toute industrie lui donne une bienheureuse tranquillité d'aspect et de rues.

On n'imagine pas une émeute sous les arbres séculaires qui ombragent ses calmes boulevards. Quant aux révolutions, il leur faut, parait-il, ce qui, dans le brutal langage moderne, s'appelle des « meneurs » ; or, il ne se trouve certainement pas d'injustice sociale assez criante pour décider à 'se lever du banc du boulevard où il savoure le journal de Marseille ou de Nice, un seul habitant de Meirage, aux fins de conduire ses concitoyens à la victoire du prolétariat.

Il sait que de telles et vaines préoccupations existent ailleurs. Qu'en. d'autres villes, moins fortunées,, il y a dans les rues, des cortèges, drapeau rouge en tête, qui chantent l'Internationale, font de très beaux discours et obtiennent quelquefois des résultats surprenants.

Il le sait et il aime assez à le lire et à en discuter avec ses amis, au soleil, sur ce même banc familier, où il usa ses fonds de culottes lorsqu'il avait de 4 à 10 ans et où il n'a jamais manqué depuis, de flâner, au moins une heure par jour.
Mais l'idée ne lui vient pas d'imiter ces gens des villes. D'abord, cela demanderait un effort considérable qui lui paraît tout à fait superflu. Ensuite, il estime (et avec raison, d'ailleurs) qu'il y en a bien assez d'autres pour faire ce travail.
Quant à lui, il n'aime pas être dérangé. Il a été à la guerre sans trop protester ; il en est revenu sans trop se plaindre, et maintenant, il entend qu'on. le laisse tranquille et faire ce qu'il veut : cultiver ses champs, ou continuer son petit train-train de commerce.
Ce qu'il a en horreur, c'est le changement, l'agitation, la nouveauté, c'est l'initiative nouvelle. Il en était ainsi, avant la guerre, mais bien plus encore maintenant, où il constate, avec amertume, l'inutilité des plus grands efforts.
Il y a chez lui un sentiment désabusé et fataliste que favorisent singulièrement son indolence et son égoïsme naturels. Sa théorie est que tout se résout (si on le veut bien et si on laisse le temps travailler) par la négative. Ce qui est dangereux et souvent désastreux, c'est d'agir.
Cette force d'inertie qui caractérise d'ailleurs la mentalité de bien d'autres petites villes méridionales, a produit un résultat négatif dans deux sens opposés.

Incapable d'un effort soutenu, l'habitant de Meirage est rarement très mauvais, car, quoi qu'on en dise, il faut s'y appliquer pour devenir un grand coquin.
D'autre part, l'Idéal que l'on peut placer devant lui, Idéal de Bien et de Vérité, le laisse encore bien plus froid. Car ici, il faudrait vraiment un effort sérieux. Le mal est naturel au coeur humain et la résistance en est facilement vaincue. Mais le Bien est une forteresse à affronter. L'habitant de Meirage la regarde de loin et continue à lire son journal, sur le banc du boulevard.

Toutefois, ce serait se tromper lourdement que de le croire incapable de s'animer et même de se passionner pour quelque chose, à l'occasion. Mais il y faut une raison grave et aussi... l'époque. La rareté du fait le rend plus extraordinaire, mais enfin, il existe.
Cela n'arrive que tous les quatre ans et si la crise ne dure que quelques semaines, elle est au moins d'une violence extrême. Tout le monde n'en sort pas indemne.
Tous les quatre ans, donc, Meirage a sa crise de politique, comme certaines personnes ont leur crise d'appendicite ou d'entérite.
Cela commence par des affiches électorales aux couleurs provocantes, libellées dans des termes si extravagants et si peu parlementaires, que l'on se demande comment les paisibles citoyens qui les ont signées et que l'on voit tranquillement installés à lire sur les bancs traditionnels, oint pu les concevoir.
Les injures mutuelles que s'adressent les affiches jaunes, vertes ou rouges, ne reculent pas devant les accusations les plus tragiques, les menaces les plus épouvantables. À les lire, vous vous croiriez dans le pays des plus hardies canailles et des plus effrontés menteurs, et cela, que vous lisiez les unes ou que vous lisiez les autres.

Ces aménités murales ne manquent pas de produire leur effet. jusqu'à la date des élections, l'effervescence va crescendo dans la minuscule cité. On discute et on gesticule dans les cafés, dans les rues, sur les marchés, et, bien entendu, sur les éternels bancs du boulevard, lesquels sont d'ailleurs habitués à ce bruit quadriennal, depuis que les beautés, du suffrage universel ont introduit l'âge d'or.
Des familles, jusqu'ici bien unies, se regardent de travers, à cause d'une différence d'opinion sur tel ou tel candidat.
D'autres, au contraire, divisées depuis les élections dernières, sont heureuses de se trouver d'accord sur le nouveau candidat et décident de prendre le café ensemble, le dimanche suivant.

Pendant ce temps, il va sans dire que les futurs élus ou blackboulés donnent des conférences où ils décrivent devant un public énervé, l'ère merveilleuse qui suivra immédiatement leur élection : tout sera beau, facile, enchanteur. Chacun deviendra riche sans travailler, ce qui est le comble du bonheur.
Le public applaudit ou siffle, sort, gros-Jean comme devant, et n'en fera qu'à sa tête.
Les visites particulières accompagnent, comme de juste, les exhortations collectives. On dit même que les portefeuilles jouent un certain rôle dans ces attentions du pseudo-député. Mais ses partisans crient à la calomnie devant de pareilles insinuations.

Dans les confessionnaux, les pénitentes sont plus nombreuses que d'habitude.
Ces dames, partagées entre les opinions diverses qu'elles entendent, ont vraiment besoin des conseils de leur directeur de conscience. Aussi, ce dernier s'applique-t-il à leur distribuer les lumières spirituelles que le Vatican de Rome lui communique, sur le gouvernement que la France devrait se donner, si elle connaissait son intérêt.
Toutes ces émotions, on le devine, compromettent d'assez sérieuse façon, l'équilibre de La jolie vide de Meirage.
Aussi, lorsqu'arrive le grand jour, l'énervement est-il à son paroxysme. Les chances de tel ou tel candidat sont plus âprement discutées que celles d'un Président de la République au Congrès de Versailles. On dirait que la sort de la France entière va se décider à Meirage et que si celui-ci est élu et celui-là blackboulé, tout est perdu... même l'honneur.

C'est ce soir, la consommation de la victoire ou de la défaite ! On ne saurait rester indifférent à un tel événement. Les repas sont copieux mais hâtifs ; les coeurs battent trop fiévreusement pour qu'on S'y attarde.
Ce soir donc (car c'est le soir que se font ces lumineuses manifestations patriotiques), il y a foule dans les rues, pour le dépouillement du scrutin à la Mairie. Si les yeux étaient des revolvers, le sol serait jonché, de cadavres.

On assiste, à la Mairie, à de petites scènes qui devraient tenter un entrepreneur de cinéma. Car elles sont l'expression non déguisée des vanités, des ambitions et des égoïsmes humains, poussés à leur plus haut degré.
On y voit les petits et grands trucs électoraux : jeux de lumière et d'ombre, escamotages de bulletins, accompagnés de coups de poings si c'est nécessaire et de combien d'autres gentillesses de manière et de langage.

À minuit, lorsque le résultat est connu, la petite ville s'emplit d'une clameur. Les vainqueurs portent leur élu en triomphe, pendant que les vaincus font le poing dans leur poche et se promettent une éclatante vengeance.
S'il y a ballottage, la scène se reproduit deux ou trois dimanches de suite. Les lundis ne sauraient être des jours calmes, mais au moins, l'on sait pourquoi l'on crie et l'on a une raison sérieuse et précise de crier.
Il s'agit aussi d'aller accompagner à la gare, les députés. Chacun d'eux y est escorté par son parti et c'est là un beau spectacle de solidarité. Malheureusement, cet acte, si simple, a donné lieu à des manifestations peu dignes de figurer dans les annales d'une cité intelligente, et que nous passerons sous silence.

Mais on peut se rendre compte, par ce qui précède, du niveau auquel peuvent monter les passions politiques et combien, pendant quelques semaines, elles transforment la paisible et somnolente ville provençale et en remuent tous les ferments.

Un jeune homme, chrétien indépendant convaincu, en visite chez un autre chrétien de Meirage, à la veille des élections de 1919, se reprochait quelque peu de n'être point dans son village pour y voter. Il avouait volontiers n'avoir de l'estime pour aucun des candidats,, mais il y voyait un devoir patriotique et moral. Toutefois, il se laissa persuader par son ami de n'en rien faire.

Un soir, en l'absence de celui-ci, il eut à recevoir trois messieurs venus pour voir le maître de céans, qu'ils déclarèrent vouloir attendre, désirant solliciter son appui et son influence pour la campagne électorale.
Le jeune homme, connaissant la répugnance de son ami pour la politique, ne - put que s'amuser intérieurement d'une pareille démarche, mais sut garder un prudent silence. S'adressant à l'un des visiteurs, vêtu avec quelque recherche, il demande :
- Vous êtes peut-être le candidat, monsieur?

L'autre secoue la tête, avec un sourire énigmatique qui peut être un regret inavoué ou bien de l'ironie. et répond
- Je n'ai pas cet honneur... ou cette tare.

Devant cet aveu brutal, probablement aussitôt mais trop tard regretté, le jeune homme se sent à jamais guéri de la politique, à n'importe quel degré.

Une fois la crise passée, tel un malade qui entre en convalescence, après une maladie sur aiguë, où la fièvre, montée à des hauteurs folles, tombe au-dessous de la normale, le pays reprend sa physionomie tranquille. Les visages sont moins durs, lès nerfs se détendent, les bancs du boulevard reçoivent de nouveau leurs placides occupants de jadis, lecteurs assidus et non effervescents du Petit Marseillais, du Petit Provençal ou du Petit Niçois.

Les affiches éloquentes et pour la plupart lacérées par des mains indignées et justicières, ont perdu, avec leurs couleurs, leur texte enflammé, qui reconstituerait presque seul ce passé orageux, mais vite oublié.
Les rancunes, les jalousies, les ambitions déçues ne sont point mortes, c'est certain, mais elles entrent, peu à peu, dans une période d'engourdissement.
Car les passions, dans la ville de Meirage, ne sauraient se maintenir bien longtemps à. un pareil niveau.

Ceci demanderait un effort et les bons habitants préfèrent de beaucoup qu'on leur fasse tort, plutôt que de se défendre avec énergie et persévérance. Es ressemblent assez à ces jouets mécaniques que l'on fait filer à toute vitesse pour un instant, mais qui s'arrêtent bientôt, parce que le souffle leur manque et que le ressort a fini son tour.

Et le beau calme revient. Les montagnes immobiles continuent à découper sur le bleu intense du ciel, leurs courbes élégantes. L'horizon s'empourpre chaque soir d'une gloire d'or, au-dessus de la rivière en serpent qui miroite.
Une verdure éclatante, produite: par une extraordinaire abondance d'eau d'irrigation, morcelle la vallée en prairies et en jardins.

La vie reprend, monotone, au milieu de cette radieuse nature qui ne change pas, loin des grèves, des révolutions, des foules inquiètes, loin de la vie moderne et de ses problèmes toujours renouvelés et jamais résolus.

À Meirage, tout est à peu près comme il y a cinquante ans. Le prix excessif des chaussures, de la viande, du fromage, ne saurait transformer le caractère du montagnard.
La pensée n'évolue pas comme ailleurs, dans ces coins de Provence où pèse la tyrannie religieuse de tant de siècles et où ceux qui ont su s'en affranchir, sont tombés dans la plus totale indifférence aux grands mouvements d'ordre moral.
Le catholicisme qui y règne en souverain, donne pour ainsi dire, une dispense à la pensée personnelle. Ceux qui « croient », s'en remettent au clergé pour leur sort éternel, ce qui cadre admirablement avec les intérêts de chacun. Les premiers se débarrassent de tout souci (car le souci est encore un effort) et les seconds font leur devoir, ce qui est tout ce que l'Église leur demande.

Ainsi donc, chacun est satisfait et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Il y a encore les rares réfractaires à l'idée ou plutôt à l'oppression religieuse (car l'idée compte peu à Meirage). Ceux-là protestent à l'occasion par quelque lieu commun ou quelque gauloiserie à l'égard des prêtres ; mais lorsqu'ils se marient, ils vont à l'église, munis d'un billet de confession plus au moins authentique. C'est l'usage.
Quand leurs enfants ont huit jours, ils les font baptiser. On ne doit pas aller contre les traditions familiales et que diraient les oncles et tantes à héritage ? -
Lorsqu'ils meurent, munis ou non des sacrements de l'Église, ils sont portés en terre, en première, deuxième ou troisième classe, dûment bénits jusqu'au fond de leurs tombeaux.
« C'est une affaire de convenance », disent-ils naïvement, « et ça n'a aucune signification religieuse ».
La malédiction que le Démon a jetée sur ce pays, c'est la torpeur morale.

Pour d'autres contrées, le rusé et suprême Ennemi a choisi, au contraire, l'agitation perpétuelle, le grand tourment de problèmes sociaux, le monstre de l'Alcool ou d'une Débauche effrénée. Ici, on est simplement indifférent : peut-être la plus subtile et la plus redoutable des situations, pour des êtres qui, comme les autres, doivent mourir un jour.

Cette inertie a fini par pénétrer même les administrations, même les carrières libérales. Si vous allez demander un renseignement dans un bureau quelconque, il vous sera répondu, après deux heures d'attente, qu'il est nécessaire de revenir, le lendemain, car le bureau va se fermer.
Les procès durent des mois, les divorces des années, le moindre différend est renvoyé de huitaine en huitaine. La bibliothèque municipale se ferme pendant les vacances, c'est-à-dire, lorsqu'on a le temps de lire.
Si on est malade et qu'on s'adresse à un docteur du pays, on a bien des chances d'être mort ou guéri lorsqu'il; apparaît. Heureusement que quelques docteurs « importés » s'intéressent un peu plus vivement à l'existence de leurs concitoyens.

Nous avons dit que la malédiction de ce pays, c'était la torpeur morale accompagnée de l'indolence physique. Défauts non point aussi inoffensifs qu'ils le paraissent, car selon le proverbe, l'oisif est la proie de tous les vices.
Meirage n'échappe point en tout cas, à celui de la mauvaise langue.
Non pas que les gens vous veuillent du mal, car au fond, l'habitant de Meirage est bon enfant.. Mais il jouit de critiquer son prochain, de répéter les cancans et d'en inventer, au besoin. Car que faire, je vous le demande, sur les bancs du boulevard, ou le dimanche à la promenade, ou le soir, au café, si ce n'est causer ? Ceci, de toutes les occupations humaines, exige le moins d'effort et voilà pourquoi tant de gens (qui ne sont point tous Provençaux) l'ont choisie pour leur péché mignon.

Parler des autres, quelle joie ! Fouiller dans leur passé, leurs affaires de famille, dans leur situation de fortune, quelle volupté ! Critiquer leur caractère, leur toilette, leur langage, leur manière de vivre, leur femme, leur mari, leur salon, leur chien, leurs poules, quel agrément sans lequel la vie serait bien fade !
On n'a qu'à se laisser aller, les langues marchent toutes seules. Que c'est commode !

De temps en temps, un crime hideux où un scandale de moeurs, vient rompre le silence, comme une pierre dans une mare à grenouilles.
Ce sommeil de l'âme et de la conscience a. parfois, des réveils terribles. Pour un instant, les gens se demandent
- D'où vient cette corruption ? Comment un tel drame a-t-il pu se concevoir et s'exécuter dans notre paisible ville ? De quel droit quelques exaltés viennent-ils troubler notre quiétude, par un tel tapage ?
Pendant une semaine, les langues ne s'accordent aucun repos ; puis, graduellement, l'allure se ralentit, s'arrête..., et Meirage dort de nouveau.

Une pensée, hante le chrétien sincère, en constatant cet état de choses. C'est celle du Christ-Rédempteur, regardant un jour les foules qui l'entouraient et qui, ému d'une compassion profonde, en son coeur de Dieu, les compara à « des brebis qui n'ont point de berger ».
Car, si elles dorment, ces âmes, c'est. que nulle voix amie n'est venue leur crier de s'éveiller ; si elles s'avancent, aveuglées, au-devant de l'Éternité, c'est qu'on a mis devant la porte, un voile impénétrable qui leur en cache l'horreur ou la beauté.


Table des matières

 

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