Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE SACRIFICE POUR LE DÉLIT

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(Lévitique V, 14-19, et VI, 1-7.)

 

Le SACRIFICE POUR LE DÉLIT ressemble beaucoup, pour le fond, à celui pour le péché, mais il en diffère absolument pour certains détails qu'il importe de bien comprendre pour saisir l'idée que ce sacrifice nous présente.

Comme nous l'avons fait pour les autres sacrifices, nous considérerons celui-ci, d'abord dans son caractère distinctif et ensuite dans ses différents degrés ou manières de le comprendre.

I. QUANT AU CARACTÈRE DISTINCTIF DE CE SACRIFICE, nous considérerons d'abord la grande distinction à faire entre le sacrifice pour le délit et toute la classe des sacrifices d'agréable odeur; ensuite la différence entre le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour le délit; puis nous verrons certains détails en rapport avec la nature du péché et celle du délit, en rapport aussi avec leur expiation.

Je n'ai pas besoin d'insister sur le premier point, car la distinction entre ce qu'était et ce que n'était pas un sacrifice d'agréable odeur a été suffisamment établie. Je note donc simplement ici le fait que le sacrifice pour le délit n'était pas un sacrifice d'agréable odeur. Christ nous y est présenté comme souffrant pour les péchés; et son oeuvre est y considérée comme expiatoire.

Nous avons déjà vu que le sacrifice pour le délit était bien distinct du sacrifice pour le péché. Nous devons cependant revenir encore là-dessus et rappeler les détails très précis qui nous sont donnés au sujet du délit. Nous lisons: « Si quelqu'un a commis une infidélité et a péché par erreur dans les choses saintes de l'Eternel, le sacrificateur fera propitiation pour lui pour le délit » (Lévit. V, 15. 16). Et encore: « Si quelqu'un a péché et a commis une infidélité envers l'Eternel et a menti à son prochain pour une chose qu'on lui a confiée, ou qu'on a déposée entre ses mains, ou qu'il a volée, ou extorquée à son prochain; ou s'il a trouvé une chose perdue, et qu'il mente à ce sujet, et qu'il jure en mentant à l'égard de l'une de toutes les choses qu'un homme fait, de manière à pécher en les faisant; alors, s'il a péché et qu'il soit coupable, il arrivera qu'il rendra l'objet qu'il a volé ou la chose qu'il a extorquée ou le dépôt qui lui a été confié, ou la chose perdue qu'il a trouvée » (Lévit. V, 21.22. 23). Ici le délit est qualifié d'infidélité ou de forfait contre l'Eternel ou contre le prochain ; il s'agit en effet d'extorsion violente ou de mensonge et de faux serment à l'égard d'une chose trouvée. Dans tous ces cas-là, il y avait infidélité, ou tort fait à un autre. Et le sacrifice accompli pour expier cet acte, le sacrifice pour le délit (en cela il était en contraste avec le sacrifice pour le péché) était offert par celui qui le présentait non point pour ce que celui-ci était, mais pour ce qu'il avait fait. En conséquence, dans le sacrifice pour le délit, il n'est jamais question d'une personne qui aurait péché il ne que d'un acte coupable; c'est là la chose principale.

Voilà ce qu'était le délit, et cependant le transgresseur pouvait l'avoir commis par erreur et sans le savoir (Lévit. V, 15. 17. 19). Ceci est remarquable et montre combien peu on doit se fier au jugement de l'homme, non seulement à l'égard de ce qu'Il est, mais aussi de ce qu'il fait. Il est à remarquer que cette transgression inconsciente se commet surtout quand il s'agit des choses saintes ; nous n'en trouvons pas d'exemple à propos d'un tort fait au prochain. La raison en est bien simple ; notre conscience naturelle connaît l'homme et ce qui lui est dû, bien plus facilement qu'elle n'arrive à comprendre ce qui est dû à Dieu. Si donc nous n'avons qu'une conception imparfaite de modèle à réaliser, qu'une connaissance superficielle des choses saintes, si la transgression est seulement pour nous ce qui touche l'homme, alors il n'y a pas de transgression commise par erreur. Mais qu'un homme entre souvent dans le sanctuaire où il apprendra à connaître quelque chose de la sainteté de Dieu, et il trouvera que les choses saintes elles-mêmes, les moments du culte sont, en raison de notre faiblesse, tout autant d'occasions pour les transgressions. Ceux qui vivent beaucoup en présence de Dieu sont les premiers à reconnaître, ce qui parait impossible à plusieurs, qu'il y a souvent un péché inconscient dans les actes les plus saints de notre culte. Je crois qu'il n'y a aucune espèce d'acte de louange, de prière ou d'adoration, aucun service quelconque qui, par la ruse de Satan, ne puisse devenir pour la chair une occasion de péché. Les exemples ici sont superflus. Tout chrétien sera prêt à reconnaître que tel ou tel acte, accompli, semble-t-il, pour le Seigneur, s'est trouvé tout souillé de péché. Dans le moment peut-être nous n'en avons pas conscience; mais, grâce aux circonstances ou à un plus grand degré de lumière spirituelle, nous arrivons souvent à le reconnaître. Le péché est d'ailleurs le même, qu'il soit on non reconnu, et le mal que nous ignorons n'en est pas moins le mal.

Et combien elle est solennelle la vérité qui nous est enseignée ici? Que ce n'est ni notre conscience, ni l'appréciation que nous faisons de la lumière, ni nos capacités, mais la vérité de Dieu qui est la mesure selon laquelle le péché et les transgressions doivent être jugés. « Quoiqu'il ne l'ail pas su, il sera coupable ; certainement il s'est rendu coupable envers l'Eternel » (Lévit. V, 17. 19). Si la conscience ou les lumières de l'homme étaient sa norme, chacun aurait une règle différente. Et ainsi le juste et l'injuste, le bien et le mal, dépendraient non de la vérité de Dieu, mais du jugement de la créature. A ce compte-là, le plus immonde des animaux ne devrait pas être regardé comme souillé, parce qu'on pourrait toujours alléguer qu'il n'a aucune idée de ce qui est pur et bien séant. Mais, dans les choses de ce monde, nous nous gardons bien de juger ainsi; Dieu non plus ne le fait pas dans les choses du ciel. Qui oserait avancer que, si les pores sont sales, la mesure de la propreté doit s'abaisser à leur propre impossible à plusieurs, qu'il y a souvent un péché inconscient dans les actes les plus saints de notre culte. Je crois qu'il n'y a aucune espèce d'acte de louange, de prière ou d'adoration, aucun service quelconque qui, par la ruse de Satan, ne puisse devenir pour la chair une occasion de péché. Les exemples ici sont superflus. Tout chrétien sera prêt à reconnaître que tel ou tel acte, accompli, semble-t-il, pour le Seigneur, s'est trouvé tout souillé de péché. Dans le moment peut-être nous n'en avons pas conscience; mais, grâce aux circonstances ou à un plus grand degré de lumière spirituelle, nous arrivons souvent à le reconnaître. Le péché est d'ailleurs le même, qu'il soit on non reconnu, et le mal que nous ignorons n'en est pas moins le mal.

Et combien elle est solennelle la vérité qui nous est enseignée ici? Que ce n'est ni notre conscience, ni l'appréciation que nous faisons de la lumière, ni nos capacités, mais la vérité de Dieu qui est la mesure selon laquelle le péché et les transgressions doivent être jugés. « Quoiqu'il ne l'ail pas su, il sera coupable ; certainement il s'est rendu coupable envers l'Eternel » (Lévit. V, 17. 19). Si la conscience ou les lumières de l'homme étaient sa norme, chacun aurait une règle différente. Et ainsi le juste et l'injuste, le bien et le mal, dépendraient non de la vérité de Dieu, mais du jugement de la créature. A ce compte-là, le plus immonde des animaux ne devrait pas être regardé comme souillé, parce qu'on pourrait toujours alléguer qu'il n'a aucune idée de ce qui est pur et bien séant. Mais, dans les choses de ce monde, nous nous gardons bien de juger ainsi; Dieu non plus ne le fait pas dans les choses du ciel. Qui oserait avancer que, si les pores sont sales, la mesure de la propreté doit s'abaisser à leur propre niveau; ou que, à cause de l'inconscience dans laquelle ils sont de leur état, il faut renoncer à distinguer entre ce qui est pur et ce qui est impur? Non, nous jugeons non pas comme eux... si tant est qu'ils jugent, mais selon nos lumières et nos connaissances qui sont notre règle, et non pas leur ignorance. De la même manière, et quoique sa grâce soit prête à pardonner, Dieu juge toujours le mal comme mal partout où il le voit. Notre aveuglement ne change rien à son jugement, car c'est notre péché et notre péché seul qui a causé cet aveuglement.

Tel est le délit, et telle est la mesure à lui appliquer, mesure qui est plus ou moins étendue à proportion des lumières que nous recevons; car, Celui qui nous appelle, nous conduit à voir comme il voit lui-même, non pas seulement sa grâce, mais le profond et constant besoin que nous en avons. Mais, béni soit Dieu, Celui qui convainc de péché rend témoignage aussi à Celui dont le sacrifice nous a procuré le pardon. Celui qui voit Jésus dans le sacrifice pour le délit, voit que celui-ci a été expié; car Christ a confessé le délit, a porté le jugement et la peine encourue. Non seulement son âme a été en oblation pour le péché, - nous avons pour cela le sacrifice pour le péché - mais il a été navré pour nos forfaits (1). Le jugement pour les transgressions est tombé sur Lui. Là, comme dans le sacrifice pour le péché, Il a été, lui juste, mis à la place des injustes (1 Pierre II, 18), confessant les fautes de son peuple comme étant les siennes; Il a offert une pleine réparation pour toutes ces fautes et, dans sa personne, c'est nous qui avons donné satisfaction à Dieu. Tout ceci ressemble tellement à ce que nous avons vu dans le sacrifice pour le péché que, sans m'y arrêter davantage, j'en viens à ce qui caractérise, d'une manière plus spéciale, le sacrifice pour le délit.

Il y a deux traits à noter. Dans le sacrifice pour le délit, outre le sacrifice d'une vie, la valeur du délit, selon l'évaluation qu'en faisait le sacrificateur, était payée en sicles du sanctuaire à la partie offensée. Et puis un cinquième, compté aussi en sicles, était encore ajouté à cette somme, et le tout était payé par le transgresser à la personne offensée (Lévit. V, 15. 16; VI, 5. 6). Les détails relatifs au payement d'une somme d'argent sont à la fois très précis et très remarquables. Notons combien tout ce que nous avons ici diffère du sacrifice pour le péché.

Dans le sacrifice pour le péché il n'est pas question d'argent; il n'y avait pas d'évaluation faite par le sacrificateur, pas de cinquième ajouté, aucune de ces choses qui dépendaient uniquement de la nature de la transgression. Dans le sacrifice pour le péché, celui qui l'offrait voyait son péché jugé, jugé dans une victime parfaite qui portait le châtiment pour le péché sans l'avoir commis. Dans tout cela, la seule pensée qui se présente à nous, c'est celle du péché recevant son juste châtiment. Nous voyons un jugement mérité tombant sur le substitut du pécheur; et ainsi la justice est satisfaite. Tout cela nous l'avons dans le sacrifice pour le délit, sauf qu'il s'agit du délit et non du péché. La vie de la victime est aussi donnée pour le délit : le jugement est prononcé et la justice est satisfaite. Mais, il y a plus que cela encore - ce qui vient, comme nous le verrons, de la nature du délit, - le mal est réparé; et, en outre, il est ajouté un cinquième. Remarquez que, dans le sacrifice pour le délit, c'est celui qui offre le sacrifice qui fait la réparation. Selon l'estimation du sacrificateur, la partie lésée rentre en possession de son bien ou en reçoit la valeur. Mais il y a plus : non seulement le mal est réparé, mais la réparation dépasse l'offense. Ces deux faits particuliers, qui caractérisent l'expiation du sacrifice pour le délit, résultent directement et immédiatement de la distinction entre le péché et le délit. Il est absolument nécessaire de saisir cette distinction pour comprendre ce qui sera dit encore sur le sacrifice pour le délit.

Le péché, je le répète, c'est le mal dans notre nature; et le sacrifice pour le péché est offert pour ce que nous sommes, tandis que, dans le cas du délit, c'est pour ce que nous avons fait, pour le tort fait à quelqu'un. Il suit de là que l'expiation ou la satisfaction ne doit pas être la même dans un cas que dans l'autre; car ce qui satisferait pleinement la justice relativement au péché, pourrait ne pas la satisfaire du tout relativement au délit. Dans le cas du péché - c'est-à-dire quand il s'agit de notre nature pécheresse et non d'un tort fait à quelqu'un - la mort du pécheur serait une satisfaction parfaitement suffisante. Mais elle n'en serait pas une pour le tort occasionné par le délit. Car, le simple fait que la victime meurt, ne serait pas une réparation pour la partie lésée. Le transgresseur, à la vérité, serait puni, mais le tort et l'injure subsisteraient. Celui qui a été lésé ne serait pas rétabli dans ses droits par la mort du transgresseur, ce qui est nécessaire pour que l'expiation soit considérée comme parfaite. En conséquence, pour que la satisfaction ait lieu dans le sacrifice pour le délit, il faut qu'il y ait non seulement jugement de la victime, mais aussi restitution; c'est alors seulement que le lésé est rétabli dans son droit et que le tort est pleinement réparé.

En un mot, l'expiation pour le délit implique donc la restitution; jusque-là, le transgresseur peut bien avoir été jugé, mais il n'a pas encore été fait droit à la partie lésée. Mais, en Christ, l'homme a satisfait pleinement à tout. Et ainsi Dieu, loin d'être frustré de quelque chose par la transgression de l'homme, reçoit une satisfaction qui dépasse l'offense.

Dans le sacrifice pour le délit, nous avons la restitution, une pleine restitution pour le tort commis. La réparation devait se faire, selon l'estimation du sacrificateur, en sicles du sanctuaire (V. 15). La pensée ici n'est pas celle du délit puni, mais celle du tort réparé. Le paiement devait se faire en sicles du sanctuaire ; c'est ainsi que Dieu le voulait. (Voyez Exode XXX, 13. 24; XXVIII, 24. 25; Lévit. XXVII, 3. 25: Nombres III, 47.50; XVIII, 16). Comme il est dit : « Et toute estimation que tu auras faite sera selon le sicle du sanctuaire » (Lévit. XXVII, 25). Telle était la mesure de Dieu.

Dieu et l'homme reçoivent en Christ, par le sacrifice pour le délit, la réparation complète du tort qui leur a été fait. Il a été porté atteinte à l'honneur de Dieu, on a méprisé ses droits, oublié ce qu'il lui était dû; l'homme s'est souvent approprié ce qui ne lui appartenait pas, prenant pour lui « la graisse » des sacrifices qui revenait à Dieu. C'est ainsi, si j'ose employer cette expression, que Dieu s'est trouvé en perte; en Christ, cette perte a été réparée et, tout ce qui a été perdu par le premier Adam, a été pleinement rendu dans le second. Honneur, service, culte, obéissance, tout ce que Dieu pouvait réclamer, tout ce dont l'homme l'a privé, Il l'a reçu de nouveau de l'homme dans la personne de Christ, en sicles du sanctuaire, selon l'estimation du sacrificateur.

Mais l'homme, lui, aussi offensé par le délit, a reçu une pleine réparation. Christ, en présentant le sacrifice pour le délit, rend à l'homme offensé tout ce que celui-ci a perdu. Et quiconque accepte son sacrifice, trouvera que tout a été plus que réparé. Si le délit a privé l'homme de la vie, de la paix, de la joie, il peut, en regardant à Christ, retrouver tout cela. Qu'il s'agisse du tort de l'homme vis-à-vis de l'homme ou des torts de l'homme vis-à-vis de Dieu, Christ est toujours le souverain réparateur. Tout a été payé et réparé, pour l'homme aussi bien que pour Dieu.

Mais ce n'est pas tout. Non seulement le mal est réparé, et les droits de Dieu sont satisfaits - c'est ce que nous dit le sacrifice pour le délit, - mais il faut encore qu'un cinquième soit ajouté par-dessus.

Et d'abord, quelle est la signification de ce cinquième ? Pour la comprendre, remontons à la Genèse et voyons ce qui nous est dit la première fois qu'il en est question. C'est dans l'histoire de Joseph. Voici le résumé de ce passage : Avant les sept ans de famine, quoiqu'ils fussent son pays et son peuple, l'Egypte et les Egyptiens étaient encore en quelque mesure indépendants de Pharaon. Mais évidemment il n'en fut plus de même après. C'est ce que nous concluons du fait que, après la famine, Pharaon exigea le paiement d'un cinquième destiné à rappeler que le pays et le peuple lui appartenaient désormais à un autre titre. Nous lisons: « Et cette année-là finit; et ils vinrent à lui la seconde année, et lui dirent : Nous ne cacherons pas à mon seigneur que l'argent est épuisé, et mon seigneur a des troupeaux de bétail; il ne reste rien devant mon seigneur que nos corps et nos terres. Pourquoi mourrions-nous devant tes yeux, tant nous que nos terres? Achète-nous, et nos terres, contre du pain; et nous serons, nous et nos terres, serviteurs de Pharaon. Et donne-nous de la semence, afin que nous vivions et ne mourions pas, et que la terre ne soit pas désolée. Et Joseph ,acheta tout le sol de l'Egypte pour Pharaon ; car les Égyptiens vendirent chacun son champ, parce que la famine les pressait; et la terre fut à Pharaon.... Et Joseph dit au peuple : voici, je vous ai achetés aujourd'hui, et vos terres, pour Pharaon. Voici de la semence pour vous: ensemencez la terre. Et il arrivera, lors des récoltes, que vous donnerez le cinquième à Pharaon, et les quatre autres parties seront pour vous Et ils dirent : Tu nous a conservé la vie; que nous trouvions grâce aux yeux de mon seigneur et nous serons serviteurs de Pharaon. Et Joseph en fit une loi, jusqu'à ce jour, sur les terres de l'Egypte: à Pharaon un cinquième. Seulement, les terres des sacrificateurs seuls ne furent pas à Pharaon (Gen. XLVII, 18-26).

Nous voyons ici que, en payant ce cinquième, le peuple reconnaissait que la misère l'avait contraint à remettre tout entre les mains de Pharaon et à se livrer eux-mêmes à lui. Et ainsi, partout où nous le trouvons dans l'Ecriture (2), le paiement de ce cinquième renferme l'aveu que celui qui s'en acquittait avait perdu et aliéné ce dont il payait le cinquième. C'est un témoignage non seulement que tout ce qui avait été cédé l'avait été par nécessité, comme une dette et non comme un don fait librement, mais que désormais tout appartenait de droit à celui à qui le cinquième était payé. C'est la ce qui fait proprement le caractère du sacrifice pour le délit; tout ce qui était livré était vraiment dû (3).

Par l'addition de ce cinquième, c'est ce que nous avons maintenant à considérer, il arrivait que la partie offensée recevait plus qu'elle n'avait perdu. C'était un gain pour elle. Les voies de Dieu sont en vérité merveilleuses, et les conseils de sa sagesse inscrutables.

Qui aurait pensé que le délit eût un résultat pareil ? Mais c'est pourtant la vérité. Dieu et l'homme ont reçu de l'homme en Christ plus que ce dont ils ont été frustrés par le péché. Toutes choses sont de Dieu sans doute; cependant c'est de l'homme en Christ, et cela en conséquence du péché, que Dieu, selon les desseins de sa merveilleuse sagesse, reçoit cette abondante réparation. « Où le péché a abondé, et même parce qu'il a abondé, la grâce a surabondé. » Tout comme ce fut à cause de la famine et de la misère dont souffraient les Egyptiens, que Pharaon acquit des droits nouveaux sur son peuple, ainsi c'est à cause du délit que la partie offensée, qu'il s'agisse de Dieu ou de l'homme, a acquis sur la personne et la propriété du transgresseur un droit qui n'existait pas auparavant.

Je voudrais bien que cela fût mieux compris; nous entendrions alors plus souvent parler de grâce et plus rarement de droit; et nous ne verrions pas si souvent des chrétiens si peu à la hauteur, quant à la pratique, de ce qu'ils appellent la grâce. Mais entrons dans quelques explications. Avant que le délit existât, Dieu réclamait ses droits et rien de plus. Mais, depuis que la transgression est intervenue, Il réclame davantage; la réparation du tort primitif d'abord, puis le « cinquième en sus. » Le paiement du cinquième rappelait, comme nous l'avons vu, combien le transgresseur s'était rendu coupable; il rappelait aussi que celui auquel ce cinquième était payé, avait non seulement un droit primitif à faire valoir, mais encore un droit particulier sur celui qui l'avait offensé. Ainsi le délit avait augmenté les droits de Dieu; et il en est de même pour ceux de l'homme. Avant le délit, l'homme avait déjà ses droits, c'était la simple justice; mais, depuis, il réclame plus que son droit, et le transgresseur lui doit plus que la simple justice. Le fait que Dieu a été offensé par l'homme et que Christ confesse les péchés de l'homme, donne à Dieu un droit sur lui, non seulement pour la réparation du tort primitif, mais pour plus encore. Ainsi, de même que l'homme a été offensé par l'homme et parce que Christ s'est présenté comme son substitut, l'homme offensé par le délit, peut réclamer de Christ non seulement la satisfaction pour le tort primitif, mais des bénédictions plus grandes encore.

Christ ne refuse jamais de répondre à cette prétention ; et ceux qui sont en Christ ne sont pas libres non plus de s'y soustraire. En tant qu'ils sont en Christ, ils sont appelés à agir en grâce et à dépasser la simple justice: ils sont même dans l'obligation de le faire. Le monde pense que rendre justice à chacun c'est le plus haut degré auquel l'homme puisse atteindre. Mais Christ a montré qu'il y a quelque chose de plus élevé encore, et que « celui qui demeure en Lui est appelé à marcher comme Il a marché lui-même » (1 Jean II, 6). Certainement il nous en coûtera quelque chose de marcher sur les traces de Christ. Mais, riches comme nous le sommes, nous pouvons bien consentir à faire la perte de ce monde. Tout ce qu'il y a de plus précieux nous appartient.

Que le Seigneur donne à tous les saints de mieux connaître leur vocation et de marcher dans ses voies!

Mais je n'insiste pas là-dessus maintenant, ce sujet reviendra plus loin. J'ajoute seulement ceci : « Christ nous a donné un exemple » (1 Pierre II, 21), et ce qu'Il donne à tout homme, c'est bien plus que le droit, c'est la grâce.

Voilà donc ce que j'avais à dire quant à ce qui caractérise le sacrifice pour le délit et ce qui le distingue des autres sacrifices. Il reste seulement à parler:

II. DES DIFFÉRENTS DEGRÉS DE CE SACRIFICE. Ils sont moins nombreux que dans tous les autres sacrifices. Cela nous dit que ceux qui saisissent cet aspect de l'oeuvre de Christ, le font à peu près tous de la même manière, sans doute à cause de la nature du délit, qui est bien différent du péché. On se souvient que, dans le sacrifice pour le péché, les degrés sont nombreux, parce que le péché en nous peut être saisi, et il l'est en effet, de bien des manières différentes. Mais le délit, ou l'acte de transgression, on ne peut guère le comprendre que d'une manière.

A peine peut-on regarder comme des degrés différents les deux aspects du délit: celui contre Dieu (Lévit. V, 15-19), et celui contre le prochain (Lévit. VI, 1-7). Ce sont plutôt des sacrifices différents que des degrés dans le même sacrifice. L'expiation est d'ailleurs précisément la même.

Il y a cependant une différence, bien petite sans doute, mais elle est remarquable, dans les deux degrés du sacrifice offert pour des transgressions relatives aux choses consacrées à l'Eternel. Dans le premier degré, qui nous présente le sacrifice dans son aspect le plus élevé, nous voyons, qu'outre la victime immolée et la réparation offerte, un cinquième est encore ajouté. Mais, dans le dernier degré, il n'est plus question du tout de ce cinquième (4).

Comme nous retrouvons tout cela dans la vie des chrétiens !

S'il y a pleine mesure d'intelligence spirituelle, non seulement l'immolation de la victime et la restitution opérée, mais aussi tout l'enseignement que nous donne ce cinquième à ajouter, apparaîtront au chrétien comme une conséquence du délit, et seront pour lui tout autant de parties essentielles du sacrifice. Mais s'il y a défaut de lumière, rien de tout cela ne sera saisi; aussi, dans le dernier degré, il. n'est pas question de rien ajouter à la simple réparation de l'offense.

Mais j'ai hâte de terminer ces remarques sur le caractère des différents sacrifices. Nous les avons considérés séparément, mais nous ne devons jamais oublier que, quoique il y ait différents aspects, il n'y a qu'un seul sacrifice. Jésus, notre bien-aimé Sauveur, offert une fois pour toutes, a parfaitement réalisé, pour ceux qui croient, tout ce que représentent ces symboles. Les saints ne voient pas, sans doute, et ne peuvent pas voir également tous les aspects de ce sacrifice; mais Dieu les voit, et nous voit comme étant au bénéfice de tous. C'est là ce qui fait notre sûreté. Saisir toutes ces choses, c'est, pour nous, le moyen de croître en grâce, et c'est à cela que nous sommes appelés. Mais, après tout, ce qui fait notre joie, c'est que, en réalité, nous avons été saisis nous-mêmes. Et quoique nous connaissions encore bien peu ce qui est à Christ et ce qui est à nous, le jour vient qui nous le révélera; et, quand la perfection sera venue, nous connaîtrons parfaitement, et non plus en partie comme maintenant.

Sauveur bien-aimé, hâte ta venue pour réjouir par ta présence ceux que tu as sauvés par ton sang !

1) Comparez Esaïe LIII, 5. 10

2) Il n'est mentionné qu'au sujet de la loi du sacrifice pour le péché (Lévit. V, VI) et de la loi relative aux voeux ou aux choses consacrées (Lévit. XXVII). Dans les deux cas, évidemment, la signification est la même.

3) Si je ne me trompe, le cinquième est aussi en rapport avec le dixième ou la dîme; le cinquième étant deux dixièmes ou une double dîme. Le peuple de Dieu payait le dixième avant que rien n'eût été aliéné d'aucune manière, et par là il reconnaissait que celui auquel il payait, avait un droit sur tout ce dont le dixième était prélevé. Mais, quand il s'agit d'un voeu ou d'un délit à réparer (Lévit. XXVII et V, VI), nous voyons qu'on ajoutait un cinquième ou un double dixième. En vertu de la loi donnée en Exode XXII, 4. 7. 9, la victime d'un délit avait un double droit ou plutôt le droit d'exiger une réparation double pour le tort qui lui avait été fait. Ceci soit dit seulement pour indiquer la relation qui me semble exister entre le dixième et le cinquième.

4) Comparez V, 15. 16 (premier degré), avec V, 17. 18 (second degré). 
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