Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE SACRIFICE POUR LE PÉCHÉ

suite

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Dieu me garde de parler légèrement du péché! Et, pour comprendre combien il est odieux, nous n'avons qu'à penser au sacrifice pour le péché, qu'à voir le Saint de Dieu, son Fils bien-aimé rejeté et mis à mort pour le péché. Oui, notre péché est odieux aux yeux de Dieu, mais il ne saurait absolument rien ôter à la valeur du sacrifice de Christ; il est haïssable au dernier point; mais, je le demande encore, le sacrifice pour le péché n'a-t-il pas été offert ? S'il ne l'a pas été, malheur, malheur à nous pour l'éternité! car nous ne pouvons effacer un seul de nos péchés. Mais si, au contraire, le sang a coulé pour nous, que sont autre chose tous nos doutes, sinon du mépris jeté sur la valeur du sacrifice de Christ. Nous avons beau essayer de les justifier en disant: Nous ne sommes après tout que de pauvres pécheurs auxquels il convient d'être humbles et d'éviter tout ce qui ressemblerait à de la présomption. Vaines excuses que tout cela ! C'est de l'incrédulité, car Dieu ne permet pas que l'on mette en question ce qu'Il déclare au sujet de Jésus. Dieu, sans doute, n'oublie jamais que nous sommes pécheurs; nous pouvons l'oublier, Lui pas. Mais Il n'oublie jamais non plus le sacrifice de Christ, Il n'oublie pas que, par ce sacrifice, les péchés de l'Eglise sont effacés. Et le sang du sacrifice pour le péché, porté par le Souverain Sacrificateur au-delà du voile, le grand jour des expiations, personne ne peut le cacher aux yeux de Dieu, qui le voit continuellement. Et si nous-mêmes le perdons de vue, il demeure devant Lui comme un témoin que le péché a été jugé et que le chemin est ouvert aux pécheurs pour entrer dans le lieu très-saint.

Il a fait par lui-même «la purification des péchés » (Hébr. I, 3). Non, Il ne s'est pas assis dans la gloire avant d'avoir fait cette purification. Quelle assurance quant au salut, n'est-ce pas là, pour ceux qui se contient en Jésus ! Ce n'est pas une oeuvre non encore faite, qui doive encore s'accomplir, mais une oeuvre achevée qui fait notre sûreté. « Il a porté nos péchés », tel est le témoignage de Dieu; et, les ayant portés, Il est ressuscité pour notre justification (Rom. IV, 25) (1). Si nous n'étions pas justifiés, Christ ne serait pas ressuscité. Sa résurrection est la nôtre en Lui, voilà la preuve que nous sommes justifiés. Si le péché n'a pas été déjà porté, comment le sera-t-il? Christ, victime offerte pour le péché, doit-Il mourir une seconde fois? « Christ a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs » (Hébr. IX, 28), et « maintenant il n'y a plus d'offrande pour le péché » (Hébr. X, 18. 26). Si donc Il n'a pas porté nos péchés, Il ne le fera jamais, et, s'Il les a portés, pourquoi n'aurions-nous pas la paix ? Si nous croyons que le sacrifice pour le péché une fois offert sur le Calvaire n'a pas expié tous nos péchés, toutes nos transgressions, ce qui reste, que ce soit peu ou beaucoup, ne pourra jamais être expié ni pardonné. Mais Jésus a porté, non pas quelques péchés de son peuple, mais tous leurs péchés, et «par Lui quiconque croit est justifié de tout » (Actes XIII, 39). « Il nous a pardonné toutes nos transgressions » (Col. II, 13). La croix a tout effacé.

Veuille le Seigneur révéler plus complètement ces choses à ses élus, afin qu'ils puissent se réjouir en disant: Oui et amen!

Tel est le caractère général du sacrifice pour le péché ainsi qu'il ressort de la comparaison des points dans lesquels il diffère des autres sacrifices.

Considérons maintenant:

Il. LES DIFFÉRENTES CLASSES DE CE SACRIFICE, Selon les différentes manières de saisir cet aspect particulier du sacrifice de Christ.

La variété est beaucoup plus grande ici que dans aucun des sacrifices précédents. L'animal et la manière de l'offrir présentent déjà des différences, mais elles sont surtout remarquables quand il s'agit de la personne de Celui qui offre le sacrifice. Il y en a encore d'autres moins importantes et relatives au sang, à la graisse, au corps, et enfin au nom de l'offrande. Puisque le Seigneur a voulu que nous connaissions ces détails, chacun d'eux est digne de notre sérieuse attention. Mais je me bornerai ici à quelques indications générales, laissant aux enfants de Dieu le soin d'approfondir eux-mêmes le sujet:

Voyons d'abord ce qui concerne l'animal offert. Nous retrouvons ici les mêmes différences que dans l'holocauste, et la signification en est sans doute la même aussi. Les différents degrés dans le sacrifice pour le péché sont d'ailleurs beaucoup plus nombreux que dans l'holocauste; ce qui nous montre qu'il y a plus de manières différentes de comprendre le sacrifice de Christ pour le péché, qu'il n'y en a de comprendre l'holocauste. Dans l'holocauste, le choix de la victime pouvait varier, mais dans certaines limites pourtant. Ce devait être un taureau, un agneau, un bouc ou une tourterelle (Voir Lévit. I). Dans le sacrifice pour le péché, nous avons plusieurs autres degrés encore (2). Le dernier consistait dans une offrande de simple farine, comme il est dit: « Et si ses moyens ne peuvent atteindre à deux tourterelles ou à deux jeunes pigeons, alors celui qui a péché apportera pour son offrande la dixième partie d'un épha de fine farine en sacrifice pour le péché; il ne mettra pas d'huile dessus, et il ne mettra pas d'encens dessus, car c'est un sacrifice pour le péché. »

Ici je renvoie à ce qui a été dit sur la signification de ces emblèmes, qui nous montrent les différentes manières dont nous pouvons saisir le sacrifice de Christ. Les vues des chrétiens varient, d'abord ici comme au sujet de l'holocauste. Les uns y voient le travail volontaire, les autres la soumission, d'autres encore l'innocence de la victime offerte à Jéhova. Mais, dans le sacrifice pour le péché, le dernier degré nous présente quelque chose qui le rapproche de l'offrande de gâteau. Cela se comprend; car, comme nous l'avons vu dans les autres sacrifices, il y a toujours une confusion apparente dans les degrés inférieurs, un mélange d'un caractère avec un autre, en sorte que la pensée distinctive disparaît ainsi plus ou moins. Il en est de même ici. La pensée parait presque la même dans les deux sacrifices, et cependant, quoique l'offrande consiste simplement en fine farine, c'est bien un sacrifice pour le péché (Lévit. V, 11).

Le sacrifice de Christ peut être bien imparfaitement saisi, même par ceux qui aiment leur Seigneur. C'est ce que comprennent les chrétiens d'expérience, et c'est aussi ce que nous enseigne ici notre type. Quelques-uns, voyant tout ce qu'Il eut à endurer ici-bas, les douleurs et les angoisses par lesquelles Il a passé de qui est représenté par l'offrande de gâteau), pensent qu'en souffrant de cette manière, Il portait le péché, confondant ainsi les épreuves du service avec la malédiction qu'Il a subie. Ils voient bien que Christ a eu une vie de souffrance, mais non qu'Il a été maudit pour eux. Ils savent, sans doute, que Celui qui a ainsi souffert a été immolé, mais ils ne comprennent qu'imparfaitement, le but et le caractère de l'oeuvre de Jésus!

Quant à la personne qui offre le sacrifice, ce peut être le sacrificateur (Lévit. IV, 3-12), la congrégation tout entière (Lévit. IV, 13-21), un des principaux (Lévit. IV, 22-26), ou enfin quelqu'un du commun peuple (Lévit. IV, 27-35). Dans le sacrifice pour des péchés particuliers (Lévit. V, 1-13), celui qui offre le sacrifice disparaît en quelque sorte, et l'acte pour lequel le sacrifice est offert reste seul en vue. Ce dernier sacrifice se rapproche beaucoup du sacrifice pour le délit; aussi est-il appelé indifféremment des deux noms (Lévit. V, 6-9).

Mais que signifient les différences relatives à la personne qui offre les sacrifices ? Rappelons seulement ce que nous avons vu, que ces différences, en général, nous représentent autant de degrés d'intelligence spirituelle, diverses manières de comprendre la valeur et le caractère du sacrifice. Il n'en est pas autrement ici, si nous considérons les différences que l'on remarque quant à celui qui offre le sacrifice. Naturellement, ici comme ailleurs, celui qui offre le sacrifice, c'est Christ sous la loi, notre représentant que nous voyons confessant le péché. Mais, ici encore, il y a des différences. Par exemple, dans le premier cas, celui qui offre le sacrifice, c'est un sacrificateur qui représente toute une famille. Dans d'autres cas, c'est un homme du commun peuple, qui représente simplement un individu. A la fin, la personne de celui qui offre le sacrifice se perd complètement de vue et le péché pour lequel il souffre est presque la seule chose en évidence; on ne voit plus ni l'individu, ni la famille.

Mais considérons ces différences d'une manière un peu plus précise; et, pour cela, rapprochons d'abord le degré le plus élevé du degré inférieur, et nous verrons le contraste qu'ils présentent.

Dans le premier degré, celui qui offre le sacrifice, c'est le sacrificateur oint; dans le suivant, c'est « toute la congrégation » ; dans le dernier, celui qui offre le sacrifice est un homme du commun peuple. Le sacrificateur et la congrégation sont des types que chacun comprend. Le sacrificateur, oint comme chef de la famille sacerdotale et médiateur entre Dieu et l'homme, est le type de Jésus, chef d'une famille de sacrificateurs, et aussi médiateur pour l'Eglise de Dieu. Dans cette classe, Christ, offrant le sacrifice pour le péché, nous apparaît comme le Chef de l'Eglise ou comme son Médiateur. Son sacrifice se présente à nous non pas simplement comme une expiation pour tel ou tel individu, mais comme s'appliquant à toute une famille ou à tout un peuple.

Dans la classe suivante, c'est la congrégation qui offre le sacrifice. Cette congrégation représente l'Eglise. Ici, nous ne voyons plus le sacrificateur sous la condamnation pour le péché d'Israël, mais sans cela le sacrifice de la congrégation est presque identique avec le précédent. Mais le point spécial à noter dans ces deux cas - et ce en quoi ils diffèrent d'une manière si remarquable des autres - c'est que le péché et l'expiation sont considérés non pas simplement en relation avec un individu, mais avec tout Israël. Maintenant, remarquez le contraste. Dans le degré inférieur du sacrifice, celui qui l'offre est un « homme du commun peuple »; son péché n'atteint que lui personnellement, et l'expiation le concerne lui seul. Les saints qui comprennent le sacrifice pour le péché de la manière la plus élevée, le voient comme affectant non pas eux-mêmes seulement, mais le sacrificateur et Israël. Tandis que ceux dont les vues ne s'élèvent pas si haut, ne voient qu'eux-mêmes dans ce sacrifice; ils oublient que le souverain sacrificateur et Israël tout entier y ont leur part. Quelques-uns le voient comme le chef d'une tribu; dans ce cas, l'unité de l'Eglise est complètement perdue de vue. D'autres, beaucoup plus nombreux, ne voient rien de tout cela. C'est pour eux individuellement, pensent-ils, que Christ a offert le sacrifice pour le péché. Mais il est des chrétiens dont l'intelligence spirituelle est moins développée encore: la seule chose qu'ils voient, c'est que Christ s'est offert pour le péché. Les chrétiens d'expérience comprendront facilement ces différents degrés dans l'intelligence spirituelle.

Telles sont les différences relatives à la personne de celui qui offre le sacrifice, et telle est aussi, si je l'ai bien comprise, leur signification. Nous n'avons fait, qu'esquisser le sujet; les détails seraient d'un grand intérêt ; mais nous abandonnons cette étude aux chrétiens spirituels. Et tous, comme toutes les différences dans le sacrifice, - que ce fût un taureau, un agneau ou une tourterelle - nous présentaient différents traits de l'oeuvre ou du caractère de Christ, traits qui offraient constamment aux yeux de Dieu et des saints l'image de la perfection; ainsi, dans chacune des différences que nous présente celui qui offre le sacrifice, il y a une pensée ou un aspect nouveau de la personne de Christ, sujet d'actions de grâce pour nous. Mais, quoiqu'il y eût un grand profit à faire cette étude, je m'en abstiens, car elle m'entraînerait trop loin. Ce que je demande seulement à Dieu, c'est qu'Il nous donne de mieux connaître Celui de qui toutes ces choses rendent témoignage.

Nous aurons aussi des différences à remarquer pour ce qui concerne le sang. Dans les degrés supérieurs dit sacrifice, le sang était versé sur l'autel du parfum (Lévit. IV, 7. 18); dans les inférieurs, il n'était pas porté dans le lieu saint, mais mis sur l'autel d'airain dans le parvis (Lévit. IV, 25. 30. 34). Je crains de n'être pas compris de ceux qui n'ont jamais considéré la signification typique des différentes parties du tabernacle. Il faut, avant tout, avoir saisi deux choses: d'abord la signification de ces autels, et puis la manière dont le sang y était répandu.

Quant aux autels, ils étaient, l'un d'or et l'autre d'airain. L'autel d'airain était dans le parvis ; l'autre, celui des parfums, dans le lieu saint, où les sacrificateurs seuls pouvaient entrer. Le « parvis », avec son autel d'airain et sa cuve, représentaient la terre et ce qui s'y fait pour Dieu. Le « lieu saint », avec son autel d'or, nous rappelle les lieux célestes et leur culte. C'est sur l'autel d'airain que s'offraient les sacrifices. Tout Israélite, s'il était pur, pouvait s'en approcher et y offrir un sacrifice (Ex. XXIX, 36-43). Mais les sacrificateurs seuls pouvaient s'approcher de l'autel d'or, et rien ne pouvait y être offert que l'encens d'aromate (Ex. XXX, 1-10). La position de ces autels et l'usage qu'on en faisait, en accord avec ce que nous en dit le Nouveau-Testament (Hébr. XIII, 10-16; Apoc. VIII, 3. 4), nous donnent la clé de leur signification typique : l'un nous parle du culte rendu sur la terre par l'Eglise, l'autre du culte rendu par les saints comme sacrificateurs dans les lieux célestes.

Voilà ce qu'il y a à remarquer sur les autels. Quant à l'aspersion du sang, j'ai à peine besoin de dire qu'elle représente l'expiation accomplie par le sacrifice: elle signifie que la chose ou la personne touchée par le sang se trouve, par le fait, rapprochée de Dieu dont elle était éloignée. L'aspersion du sang sur l'autel des parfums nous dit que, sans l'accomplissement de cet acte, l'accès de l'autel était interdit, et qu'en conséquence il n'y avait pas de communication, pas de culte possible entre Dieu et Israël. L'aspersion du sang sur l'autel d'airain avait la même signification. Dans les deux cas, on voit que c'est le péché qui a interrompu la communion: dans l'un, il s'agit de la communion des sacrificateurs; dans l'autre, de celle du peuple. L'aspersion du sang la rétablit pour les uns et pour les autres.

L'importance de la distinction que nous considérons ici sera maintenant, je le pense, suffisamment claire. Dans les degrés supérieurs, où il nous est dit que l'autel des parfums a besoin de l'aspersion du sang, les conséquences du péché sont beaucoup plus étendues que dans les autres; car il ne s'agit pas ici simplement d'une communion interrompue ici-bas pour des individus, mais bien de sacrificateurs considérés comme étant déjà dans les lieux célestes, et qui sont privés de l'accès auprès de Dieu. Dans les degrés inférieurs, dans celui par exemple où il s'agit d'un homme du commun peuple, on ne voit pas que le péché ait détruit la communion de toute la congrégation; il ne s'agit pas des sacrificateurs ni d'Israël dans son ensemble: la pensée ne va pas plus loin que la personne et l'individu. En un mot, dans les degrés inférieurs, les effets du péché et son remède ne sont connus que d'une manière partielle. On voit bien le besoin que l'on a de recevoir personnellement le pardon et la réconciliation, et on les saisit. Mais, ce qu'on ne sait pas, ou ce qu'on oublie, c'est que toute la congrégation a besoin d'être réconciliée et qu'elle l'est en effet. Ainsi, l'on a le sentiment ,de l'étendue du mal causé par le péché dans la proportion exacte où l'on a saisi l'étendue de la réconciliation procurée par le sacrifice pour le péché. Celui-là seul qui a compris l'efficace du sang pour sanctifier l'autel, comprendra aussi que le péché en a toujours interdit l'accès. Et il en doit être ainsi. Mieux on verra l'efficace du sang, mieux on comprendra aussi ce dont il nous délivre.

Mais il y a plus. Dans le cinquième chapitre qui traite des degrés inférieurs du sacrifice pour le péché, il n'est pas du tout question de l'autel (3). Tout ce que l'on voit, c'est qu'une expiation a été faite par le sacrificateur. Combien de gens, hélas! sont aujourd'hui dans le cas ici représenté! Ils voient qu'une expiation a été faite, et ils en sont reconnaissants. Mais quant à avoir une appréciation intelligente des différents autels, quant à comprendre comment l'accès nous en est interdit par le péché et rendu par le sacrifice pour le péché, non seulement ils n'en savent rien, mais ils regardent ces choses comme n'étant ni essentielles, ni nécessaires. Le même esprit qui fait dire à l'insensé: « Il n'y a point de Dieu », pousse aussi les chrétiens à dire: «Une grande partie de ce qu'Il a fait pour nous est sans importance. »

Il y a aussi des différences à remarquer dans les différents degrés du sacrifice au sujet de « la graisse ». Dans les degrés supérieurs, la graisse était brûlée .sur l'autel (Lévit. IV, 8. 9. 10. 19. 26. 31. 35) ; dans le dernier (Lévit. V, 6), il n'est pas question du tout de ce qu'on faisait de la graisse. Comme nous l'avons vu dans d'autres cas, à ces différences correspondent autant de degrés d'intelligence spirituelle. Dans le premier degré, non seulement nous voyons que la graisse est brûlée, mais il y a une distinction opérée entre les différentes parties de la victime (4). Dans les degrés suivants, dans tous, excepté le dernier, la graisse est encore brûlée, mais aucune distinction n'est faite entre les parties. La graisse, comme nous l'avons déjà vu dans les autres sacrifices, représente la santé et l'énergie de tout le corps. Le fait qu'elle était brûlée devant Dieu, était la preuve que la victime offerte pour le péché avait les qualités requises pour être agréée. C'est ce que l'on voit particulièrement dans le degré supérieur, et dans tous d'ailleurs, sauf le dernier, où se retrouve bien l'expiation faite pour le péché, mais non l'idée que la victime a tout ce qu'il faut pour être agréée. Il en est ainsi pour certains chrétiens. Ce qu'ils voient dans le sacrifice pour le péché, n'est-ce pas bien plus leur pardon que la perfection de Christ ?

Une autre différence encore à remarquer dans les divers degrés de ce sacrifice est relative « au corps » de la victime. Dans les degrés supérieurs, la victime est emportée hors du, camp (Lévit. IV, 18. 21) ; ce qui n'est pas le cas dans les degrés inférieurs; mais, dans la loi des sacrifices, il y a cet autre détail encore, que le sacrificateur mangeait de la chair de la victime. La signification de cette différence est évidente. Si l'on comprend bien le sacrifice pour le péché, on voit que la victime qui porte le péché est maudite, et comme telle éloignée du camp, emportée dans le désert. Si l'on a de ce sacrifice une idée moins complète, on comprend encore que la victime porte le péché; mais, ce que l'on saisit moins, c'est l'idée de la séparation de Dieu; et sa mort est considérée simplement comme une satisfaction suffisante pour l'expiation du péché.

Et ici, permettez-moi de vous faire remarquer le principe constant que l'on retrouve au milieu de la diversité des détails. Voici ce que je veux dire: dans les degrés inférieurs, là où la mesure d'intelligence spirituelle est limitée, la vue de la nature de l'offrande fait invariablement place à celle des résultats du sacrifice : en d'autres termes, on voit dans l'offrande ce qui affecte Israël plutôt que ce qu'elle est en elle-même et dans son caractère réel. C'est ainsi que, dans ces degrés-là, on perd de vue, entre autres la graisse brûlée, symbole de la perfection de la victime, et le corps de la victime porté au loin, symbole de la nature du jugement qui est tombé sur elle; tandis que l'on voit, avant tout, les résultats du sacrifice qui a opéré l'expiation. Et ceux qui se connaissent eux-mêmes verront sans peine que ceci est en accord avec les différents degrés de l'expérience chrétienne.

Nous ne voyons d'abord dans l'oeuvre de Christ, dans sa personne ou dans son sacrifice, que ce qui nous intéresse personnellement, ce dont nous profitons. Ce sacrifice a effacé nos péchés qui sont complètement expiés. Voilà la chose, et presque la seule à laquelle nous fassions attention. Il paraîtrait absolument superflu de nous occuper d'autre chose. Mais, quand nous avons connu et réalisé la paix avec Dieu et notre pleine acceptation, alors nous réalisons aussi la pleine suffisance du sacrifice, et nous comprenons ce qu'il est en lui-même.

La dernière différence que je veux relever, dans les divers degrés du sacrifice pour le péché, est relative aux différents noms donné à à ce sacrifice. Dans les degrés supérieurs, il est toujours appelé sacrifice pour le péché (Lévit. IV, 8. 21. 24. 29), et il n'est pas fait mention des actes particuliers de transgression; dans les degrés inférieurs, nous trouvons le nom de sacrifice pour le délit aussi bien que celui de sacrifice pour le péché (V. 6. 7). Et dans les actes de transgression, l'on ne voit plus paraître la personne de celui qui offre le sacrifice. C'est ainsi que, quand on n'a saisi qu'imparfaitement la valeur et la signification du sacrifice, il y a aussi manque d'intelligence spirituelle relativement à la différence entre le péché et la transgression ; il y a bien plus: on admettra sans doute que le sacrifice a été offert pour les péchés; mais qu'il l'ait été pour les personnes, c'est ce qu'on ne saisira pas.

Mais remarquons ici les différentes expressions employées dans chacun des degrés de ce sacrifice. Dans le degré supérieur, quand il s'agit du péché de toute l'assemblée, nous lisons simplement: «Le sacrificateur fera propitiation pour eux » (Lévit. IV, 20). S'il s'agit d'un des principaux, les termes varient un peu, il est dit: «Et le sacrificateur fera propitiation pour lui, pour le purifier de son péché » (Lévit. IV, 26). Dans le cas d'un homme du commun peuple, il y a ces mots: « Et le sacrificateur fera propitiation pour lui, pour son péché qu'il a commis » (Lévit. IV, 35). Dans le premier cas, la propitiation est faite pour les personnes : « Il fera propitiation pour eux ». Naturellement, là c'est le péché qui rend la propitiation nécessaire, mais il est question des personnes plus spécialement que du péché. Dans la classe suivante, la propitiation se fait pour le péché des personnes, plutôt que pour les personnes elles-mêmes, quoiqu'il soit fait propitiation pour les personnes aussi bien que pour les péchés, comme il est dit: il fera propitiation «pour lui, pour son péché ». Dans le degré inférieur, quand il s'agit d'un homme du « commun peuple », l'expiation pour les personnes est complètement perdue de vue; le péché qu'il a commis, voilà sur quoi porte surtout l'attention.

Comme toutes ces différences sont instructives pour nous! Comme elles nous montrent bien pourquoi les saints diffèrent de vues relativement à l'expiation! Les croyants voient bien, en général, que l'expiation a été faite, et que Christ s'est donné pour les péchés (1 Pierre III, 18), mais ce qu'ils comprennent moins, c'est qu'Il ait fait cette expiation pour les personnes. En un mot, s'ils sont d'accord avec l'apôtre quand il dit: « Il m'a aimé et s'est livré lui-même pour moi » (Gal. II, 20), ils sont loin néanmoins de réaliser cette déclaration et d'en saisir toute la valeur ; ces expressions ne sont pas claires pour eux. Aussi longtemps d'ailleurs qu'il y aura différentes mesures d'intelligence, il y aura aussi inévitablement des différences de vues et de pensées; car, quoique la vérité soit une, cependant, comme nous ne connaissons qu'en partie, cette vérité une sera comprise de différentes manières, il ne peut en être autrement.

Telles sont quelques-unes des différences que présente le sacrifice pour le péché. Il y en a d'autres encore, mais je me suis borné à noter les principales. Elles suffiront pour montrer combien les chrétiens peuvent varier dans la manière de comprendre Christ comme portant le péché. Mais quelle perte pour ceux qui demeurent dans l'ignorance sur ce sujet, de combien de joies ils se privent! Je serais heureux si, avec la bénédiction de Dieu, la lecture de ces quelques pages pouvait engager, ne fût-ce qu'un de ses enfants, à rechercher une plus grande communion avec Lui, une plus intime connaissance de ce qu'Il est, et à examiner si tout a été présenté selon la vérité. Ai-je besoin d'ajouter ici que c'est une chose de le connaître Lui-même et une autre de connaître quelque chose de Lui. Il se peut qu'un de mes lecteurs reconnaisse qu'il faut en effet voir en Christ telles et telles choses sans qu'il les ait jamais vues lui-même, ou peut-être aussi sans qu'il se soucie de les voir. Je connais peut-être quelqu'un qui a vu un prince, qui est en rapport avec lui. Mais si je le connais seulement par ceux qui sont dans son intimité, je ne le connais pas encore vraiment lui-même. Il en est exactement ainsi de la connaissance de Jésus.

Des personnes qui lui sont étrangères peuvent entendre parler de Lui; mais le connaître Lui tel qu'Il est, c'est ce que Dieu seul peut enseigner, et ceux qui Lui, appartiennent peuvent seuls l'apprendre dans sa communion.

Nous avons ainsi parcouru tout ce qui est relatif au sacrifice pour le péché, autant du moins que la loi des, sacrifices nous permet de le faire. Dans d'autres endroits, cependant, nous trouvons encore d'autres détails; mais, quant aux principes, nous les avons tous considérés. Ce qui est ajouté, est relatif seulement à de nouveaux points de vue, sous lesquels ont peut considérer le sacrifice pour le péché: je veux parler du sacrifice de la génisse rousse (Nombres XIX) et du bouc Azazel (Lévit. XVI). Le sacrifice de la « génisse rousse », comme nous pouvions nous y, attendre, puisqu'il est rapporté dans les Nombres, montre comment il répond .aux besoins du désert, bien plus que ce qu'il est en lui-même. La génisse rousse n'était pas brûlée sur l'autel, et son sang n'était pas porté dans le tabernacle; mais tout l'animal devait être brûlé hors du camp et ses cendres mêlées avec l'eau de purification. Ensuite, quand un Israélite avait contracté une souillure par le contact avec un mort, cette eau, mêlée aux cendres, servait à faire aspersion sur lui. Tout cela nous présente le sacrifice pour le péché en relation avec le besoin que nous avons d'être purifiés; car, pendant notre voyage à travers le désert, nous sommes continuellement exposés à être souillés par le contact avec la mort. Ce que nous voyons donc ici, c'est l'oeuvre du Saint-Esprit figurée par l'emploi de l'eau. - C'est un point de vue tout différent de celui que nous présente le bouc Azazel, le grand jour des expiations. Dans ce sacrifice pour le péché, qui n'était offert qu'une fois par an, le sang devait être répandu sur le propitiatoire. Paul en parle comme type du sacrifice de Christ, qui, accompli une fois pour toutes, nous ouvre l'entrée des lieux saints (Hébr. IX, 12). Mais je n'en dirai pas davantage sur ce sujet. Que le lecteur intelligent le poursuive lui-même!

Tel est le sacrifice pour le péché et telles sont quelques-unes des manières de le comprendre. Béni soit Dieu que nous ayons part à un tel sacrifice ! « Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu eu Lui (2 Cor. V, 21).

1) On peut traduire aussi: Il a été livré à cause de nos transgressions, et Il est ressuscité à cause de notre justification. 

2) Un chevreau mâle (Lévit. IV, 23); un chevreau femelle (Lévit. IV, 28); un agneau femelle (Lévit. IV, 32); et enfin de la farine (Lévit. V, 11).

3) Et il amènera à l'Eternel son sacrifice pour le délit, pour son péché qu'il a commis: une femelle du menu bétail, soit brebis, soit chèvre, un sacrifice pour le péché; et le sacrificateur fera propitiation pour lui, pour le purifier de son péché (Lévit. V, 6).

4) Nous lisons dans le chapitre IV, 8. 10: « La graisse qui couvre l'intérieur, et toute la graisse qui est sur l'intérieur et les deux rognons », etc., etc. Nous ne trouvons ces détails dans aucun autre degré.
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