Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'HOLOCAUSTE

suite

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Voici donc la première pensée qui nous est présentée dans l'holocauste: c'est que Dieu s'en nourrit en quelque sorte, qu'Il trouve sa satisfaction dans ce sacrifice. Dans d'autres, Christ nous est présenté comme le fidèle Israélite fournissant par son offrande à l'entretien des sacrificateurs. Ici, nous le voyons répondant à toutes les exigences de la sainteté divine. « L'autel est la table du Seigneur » (Mal. I, 12). Tout ce qui y était placé était la nourriture de Dieu (Lévit. XXI, 6. 8. 17. 21. 22). Le feu du ciel, emblème de la sainteté de Dieu, consume l'offrande; et, tout entière, elle monte devant Lui comme un encens d'agréable odeur (1). Et de même que, dans l'holocauste, le feu tombant du ciel et consumant le sacrifice sur l'autel, était pour celui qui l'offrait un gage que le sacrifice était agréé, ainsi Dieu trouvait sa satisfaction dans le parfait sacrifice de Jésus. Cette victime sans tache, qui s'offrait elle-même, était un festin pour le Dieu des cieux. C'était là quelque chose qu'Il agréait, où il trouvait son plaisir.

C'est une pensée que nous n'avons pas toujours quand nous sommes occupés du sacrifice de Jésus. Nous pensons à sa mort, mais bien peu à sa vie. Nous considérons bien peu ses voies pendant son pèlerinage ici-bas, et cependant c'est en elles que Dieu a pris son plaisir. Nos vues sont égoïstes et bien limitées. Pourvu que nous soyons sauvés, nous ne recherchons rien d'autre. La plupart des saints ne voient donc presque exclusivement que Christ livré pour nos offenses. Dieu, cependant, a mis l'holocauste avant les autres sacrifices, car c'était particulièrement la part qui lui appartenait en Jésus. Et, à proportion qu'un croyant fait des progrès dans la grâce, nous le voyons tourner ses pensées du côté des évangiles où il apprend à connaître toujours mieux les voies et la personne de Jésus; à mieux connaître, non pas seulement son oeuvre, mais le Seigneur Lui-même. Ce qu'il désire, c'est de voir en toutes choses comment Il était un parfum agréable à Jéhova.

Mais l'holocauste n'était pas seulement un sacrifice d'agréable odeur, c'était aussi un sacrifice de propitiation, c'est-à-dire que celui qui l'offrait y trouvait la certitude d'être agréé. C'est ainsi que nous lisons dans Lévit. I, 3: «Il l'offrira pour être agréé (2) ». Pour bien comprendre cela, considérons un moment la position que Christ occupait comme étant Lui-même celui qui offrait le sacrifice. Il était comme un homme sous la loi; et, étant sous la loi, il devait être parfait pour être accepté. « Dieu avait créé l'homme droit, mais ils ont cherché beaucoup de discours. » Chaque dispensation avait montré l'inutilité des efforts de l'homme pour se rendre agréable à Dieu et digne d'être reçu par Lui. Les siècles s'étaient succédé sans qu'il se fût trouvé un seul fils d'Adam qui pût accomplir la loi de Dieu et réaliser le modèle placé devant lui. La loi fut la dernière épreuve de l'homme; elle devait montrer si, en connaissant la volonté de Dieu, il pourrait ou voudrait obéir. Mais cette épreuve, comme les autres, se termina par une chute: « Il n'y avait point de juste, non pas même un seul. »

Comment donc l'homme sera-t-il réconcilié avec Dieu ? Comment pourra-t-il satisfaire aux exigences de sa sainteté? Il restait un moyen, un seul, et c'est celui-là que le Fils de Dieu a employé: «Il D'a pas pris les anges; mais Il a pris la postérité d'Abraham » (Hébr. II, 16); et, dans sa personne, une fois pour toutes, l'homme a été réconcilié avec Dieu. En le faisant, Jésus, comme représentant de l'homme, a pris la place de l'homme tel qu'Il l'a trouvé, sous la loi, et là, en obéissance à la loi, il a offert son sacrifice « pour être agréé». La question était si l'homme pouvait présenter une offrande digne d'être agréée de Dieu et qui pût le satisfaire; Jésus, comme homme, l'a offerte; Il s'est donné lui-même et son sacrifice a été accepté. Avec nos pensées si bornées sur ce que Jésus était pour le Père, nous ne comprenons pas que Lui, le bien-aimé, ait eu besoin d'offrir quelque chose « pour être agréé ». Mais ce n'était qu'un des nombreux degrés d'humiliation par lesquels Il passa pour l'amour de nous et comme notre représentant. Et cela explique l'expression que nous trouvons au verset 4: « Et il sera agréé pour lui, afin de faire propitiation pour lui ». Ces mots pourraient suggérer l'idée du péché, à propos de l'holocauste; ce qui serait une erreur. Le mot propitiation, ici comme ailleurs, signifie proprement l'acte de donner satisfaction. Mais il faut distinguer deux manières de donner satisfaction, selon qu'il s'agit de satisfaire aux exigences d'un Dieu saint et plein d'amour, ou de satisfaire la justice offensée. Dans les deux cas, il y aurait satisfaction; l'holocauste est le premier, le sacrifice pour le péché le second.

La propitiation du sacrifice pour le péché est d'une tout autre nature que celle de l'holocauste. C'est ce qui se voit dès l'abord si l'on compare ce qui est dit de l'un et de l'autre; car, dans le sacrifice pour le péché, il est expressément dit que c'est une propitiation faite pour le péché de celui qui offre le sacrifice (3), ce qui n'est jamais dit à propos de l'holocauste; au contraire, il est dit qu'il est offert pour être agréé. La propitiation de l'holocauste est la satisfaction que Dieu reçoit de la perfection de l'offrande qui lui est présentée. La propitiation du sacrifice pour le péché est expiatoire; celui qui l'offre satisfait par là la justice offensée. Dans le sacrifice pour le péché, c'est bien pour le péché que se fait la propitiation; le sacrifice donc n'est pas présenté comme étant d'agréable odeur; la victime chargée du péché de celui qui l'offre à cause de la violation de la loi est rejetée au loin et brûlée hors du camp, car elle ne pourrait l'être au milieu du peuple. Dans l'holocauste, celui qui offre le sacrifice de propitiation se présente comme un adorateur et sans péché; le Seigneur reçoit son sacrifice comme une offrande d'agréable odeur et l'homme est considéré comme ayant satisfait à toutes les exigences de Dieu. Je n'ai pas besoin de dire qu'il n'y en a qu'un qui l'ait jamais fait parfaitement, Celui qui s'est donné pour nous et qui s'est mis complètement à notre place (Eph. V; 2; Tite II, 14).

Une vie était offerte sur l'autel; c'est le troisième point de vue à considérer dans l'holocauste : « Il égorgera le jeune taureau devant l'Eternel... et il fera aspersion du sang tout autour sur l'autel » (Lévit. I, 5). C'est en cela que l'holocauste diffère de l'offrande de gâteau à laquelle il ressemble d'ailleurs parfaitement. Dans l'offrande de gâteau, on présentait du blé, de l'huile, de l'encens; tandis qu'ici, c'est une vie qu'on offre. Si nous saisissons bien la signification de ce fait, nous comprendrons mieux ce qui caractérise particulièrement l'holocauste. La vie est cette partie de la création que, dès le commencement, Dieu a réclamée comme Lui appartenant. Dieu a un droit sur ses créatures, et la vie est un emblème de ce que nous Lui devons. C'est, je n'en doute pas, la pensée que nous avons ici. Naturellement ici, comme ailleurs, l'offrande présentée, c'est le corps de Jésus, ce corps qu'Il a revêtu et qu'Il a donné pour nous. Mais une vie offerte à Dieu, c'est bien plus encore que le froment et l'encens; c'est là, au fond, l'accomplissement de la première table de la loi. Donner sa vie, voilà donc ce qui constitue le devoir de l'homme vis-à-vis de Dieu; et Il nous est ici présenté comme la donnant complètement. On me demandera quel est l'homme qui l'a jamais fait. Je répondrai : un seul, l'homme Christ-Jésus (I Tim. II, 5). Lui seul, de tous les fils d'Adam, a accompli parfaitement tout ce que l'homme doit à Dieu; Il a été parfaitement juste, et Il a ainsi répondu à tous les droits de Dieu sur Lui. Et, je le répète, Il l'a fait pour nous et nous sommes « acceptés en Lui ».

Le quatrième et dernier trait caractéristique de l'holocauste, c'est qu'il devait être complètement consumé sur l'autel. « Le sacrificateur fera fumer le tout sur l'autel ; c'est un holocauste, un sacrifice par feu, une odeur agréable à l'Eternel » (Lévit. I, 9). En cela l'holocauste différait de l'offrande de gâteau et du sacrifice de prospérité, dans lesquels une partie seulement était consumée par le feu; il ne différait pas moins des sacrifices pour le péché qui, quoique complètement consumés, ne l'étaient pas sur l'autel.

Cette différence bien significative est en rapport exact avec le caractère de l'offrande. Ce que l'homme doit à Dieu, ce n'est pas de lui donner une de ses facultés, mais de les lui consacrer toutes. C'est ainsi que Christ, répondant au docteur qui lui demandait quel était le plus grand commandement, répondit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute la pensée» (Matth. XXII, 37). C'est cela, je n'en doute pas, que doit rappeler l'énumération des parties de la victime; car la tête, la graisse, les jambes, les entrailles sont indiquées séparément (Lévit. 1, 8. 9). La tête est l'emblème ordinaire de la pensée; les jambes le sont de la marche et les entrailles le symbole constant des sentiments et des affections du coeur. Que signifie «la graisse»? C'est ce qu'on ne voit pas au premier abord, quoique ici encore l'Ecriture vienne à notre aide pour résoudre la question (Ps. XVII, 10; XCII, 14; CXIX, 70; Deut. XXXII, 15). Nous voyons par ces passages qu'elle représente l'énergie, non pas d'un membre ou d'une faculté, mais la santé générale et la vigueur de tout l'être. En Jésus, tout a été consacré à Dieu, et tout était sans tache ni défaut. Qu'une seule pensée dans l'esprit de Jésus n'eût pas été parfaitement consacrée à Dieu; qu'une seule des affections de son coeur n'eût pas été soumise à la volonté de son Père; qu'un seul de ses pas eût eu pour but sa propre satisfaction plutôt que la gloire de Dieu, et il n'aurait pu s'offrir Lui-même ni être agréé comme un holocauste à Jéhova. Mais Jésus a tout donné, Il ne s'est rien réservé ; tout a été brûlé et consumé sur l'autel.

Je ne crois pas qu'il y ait rien de plus digne d'être remarqué dans le parfait sacrifice de notre Maître bien-aimé. Tout ce qu'Il faisait ou disait était pour Dieu. Du commencement à la fin, le moi n'eut aucune place en Lui. L'oeuvre de son Père, la volonté de son Père, c'était tout pour Lui. Les premières paroles qui nous sont rapportées de Lui dans son enfance sont: « Il faut que je sois occupé des affaires de mon Père. » Et quand Il prononça sur la croix ces dernières paroles: « C'est accompli! » c'était bien que toute sort oeuvre ici-bas était achevée. Toute sa vie était si complètement consacrée à son Père que, en lisant les évangiles, nous ne voyons pas qu'Il ait rien voulu pour lui-même, et cependant Jésus était parfaitement homme, et, comme tel, avait aussi bien que nous une volonté humaine. En un point seulement elle différait de la nôtre; la sienne était toujours soumise à celle de son Père. Il avait, comme homme, des pensées et des affections humaines. Mais, loin d'être dirigées vers son propre bien-être, d'avoir en vue son intérêt personnel, elles étaient au contraire entièrement au service de son Père.

Mais c'est en vain que l'on essaierait de décrire sa perfection; les paroles ne sauraient l'exprimer: Dieu seul la connaît. Plus d'ailleurs nous sommes en communion avec Dieu, plus nous serons en état de la comprendre. Loin de la présence de Dieu, nous ne découvrons aucune beauté en Jésus, car sa perfection est complètement au-dessus de la portée de notre intelligence naturelle. S'Il avait été moins entièrement consacré, nous l'aurions mieux compris et nous l'aurions mis plus haut dans notre estime. Si, au lieu de refuser constamment d'être quelque chose ici-bas, Il avait joui pour un temps de la gloire dit monde pour y renoncer ensuite, nous aurions eu probablement une plus haute idée de l'humilité qui le poussait à être l'ami et le compagnon des pauvres. Tel Il était, tel Il est encore aujourd'hui. Plus Il est humble, plus Il est méprisé par les hommes; plus Il est fidèle, moins nous le voyons reçu par ses frères. Mais l'holocauste était offert pour être agréé de Dieu et non des hommes. Dieu au moins pouvait apprécier la valeur de ce sacrifice.

Le fait que l'holocauste devait être entièrement brûlé, figure donc pour nous la complète consécration à Dieu en toutes choses. Quel contraste avec tout ce que le monde appelle sagesse; car, « on te louera si tu te fais du bien » (Ps. XLIX, 18). Quel contraste! même avec ce qu'on trouve chez les croyants! Combien souvent nos pensées ont pour objet le moi, c'est-à-dire nos aises, nos plaisirs, nos intérêts. Que de choses dans notre marche et dans nos affections qui sont loin d'être offertes sur l'autel! Comme tout était différent pour Jésus! Il aimait Dieu « de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force ». Il ne se consacrait pas seulement dans une partie de son être pour conserver ce qui avait le plus de valeur; ce n'était pas un de ces sacrifices qui ne coûtent rien ou peu de chose: Il s'est livré lui-même entièrement; Il a ainsi satisfait le coeur de Dieu.

Tel était le sens général de l'holocauste comme sacrifice distinct des autres sacrifices. C'était un sacrifice d'agréable odeur, offert pour être agréé, le sacrifice d'une vie, et il était complètement consumé sur l'autel.

Voyons en maintenant:

Il. Les DIFFÉRENTES CLASSES, selon que l'holocauste était composé de gros bétail (Lévit. I, 3), de menu bétail (verset 10) ou d'oiseaux (v. 14), ce qui constituait dans l'holocauste autant de degrés dont il faut examiner maintenant la signification.

Il y a d'abord une différence dans l'animal offert. Ce peut être un taureau ou un agneau ou une tourterelle. Le caractère de l'offrande répond au caractère bien connu de chacun de ces animaux.

Le boeuf, « dur au travail » (Ps. CXLIV, 14), car « l'abondance du revenu est dans la force du boeuf » (Prov. XIV, 4), réveille aussitôt en nous l'idée de service, de patience, de labeur incessant.

C'est un autre emblème que nous avons dans l'agneau qui nous rappelle la parfaite soumission, l'absence de murmure. En effet, l'agneau est toujours employé comme une figure de Christ, qui resta soumis et souffrit sans se plaindre. « Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent; et il n'a pas ouvert sa bouche » (Es. LIII, 7).

La tourterelle, c'est encore autre chose; c'est un autre aspect du sacrifice de Jésus. L'idée du travail ne se retrouve pas, non plus que celle de la soumission absolue; nous avons plutôt ici l'idée de l'innocence qui gémit, comme il est écrit: «Nous gémissons comme les colombes » (Es. LIX, 11; XXXVIII, 14) et encore: « simples comme des colombes » (Math. X, 16).

Nous avons donc ici quelques-uns des aspects divers sous lesquels nous pouvons considérer le sacrifice de. Jésus tel qu'il nous est figuré dans l'holocauste; car nous pouvons y voir soit son travail, soit sa soumission ou son innocence. Chacun de ces caractères est également vrai, également précieux ou agréable à Dieu. Mais tous ne reproduisent pas également et de la même manière le caractère distinctif de ce sacrifice parfait. Dans l'holocauste, comme nous l'avons déjà dit, nous voyons l'homme accomplissant ce qu'il doit à Dieu. Mais il ne lui doit pas seulement une vie d'innocence ou de soumission; c'est aussi une vie de travail, comme nous le rappelle l'image du boeuf. Cette idée ne se trouve pas dans les autres images, dans celle de l'agneau ou de la tourterelle.

On demandera peut-être ce que signifie la chèvre (v. 10) que l'on offrait quelquefois dans l'holocauste du degré inférieur. Si je ne me trompe, cet emblème réveille l'idée du péché, et nous rappelle le sacrifice de Christ comme bouc émissaire. Mais j'entends ici une objection. On me demandera comment l'idée du péché peut se retrouver dans l'holocauste. Je réponds que, s'il y a différents degrés dans les sacrifices, il y en a aussi dans la manière de les comprendre et de les saisir. On peut les comprendre assez pour voir Christ offrant son sacrifice sans en distinguer les différents aspects. Dans les degrés inférieurs de tous les sacrifices, leur caractère distinctif se perd en quelque sorte pour faire place à quelque idée appartenant à une autre classe (4). C'est à quoi nous pouvons nous attendre et c'est généralement le cas chez tous ceux qui n'ont de Christ qu'une vue restreinte et limitée. Si la mesure d'intelligence spirituelle n'est pas très grande, on risque facilement de confondre deux aspects différents du sacrifice de Christ. On voit l'édifice à si grande distance - pour reprendre une image déjà employée, - que l'on aperçoit plus d'un côté à la fois, quoique on n'en voie aucun très distinctement. C'est ainsi que, pour un grand nombre, Jésus, considéré comme holocauste, est à peine différent de Jésus considéré comme sacrifice pour le péché. On ne saisit pas les différents aspects de son oeuvre, ou du moins on les confond l'un avec l'autre.

Telles sont quelques-unes des différentes classes d'holocaustes; elles correspondent aux différents degrés d'intelligence spirituelle des croyants qui saisissent en Jésus les uns plus, les autres moins; car son sacrifice peut être considéré comme étant celui du boeuf, de l'agneau, du bouc ou de la tourterelle. Un petit nombre, je pense, considèrent Jésus tel qu'Il nous est présenté dans la première classe, c'est-à-dire comme celui qui travaille pour les autres avec patience et sans se lasser jamais. L'agneau, le bouc et la tourterelle sont des emblèmes bien plus familiers. Le fait est que nous avons besoin nous même d'être à son service et d'en connaître quelque peu pratiquement les épreuves pour pouvoir comprendre Christ tel qu'il nous est présenté dans l'emblème du boeuf.

Cependant cet aspect du sacrifice de Christ, tel que nous le représente l'holocauste, se trouve abondamment développé dans les évangiles; et, de fait, l'un d'eux est entièrement consacré à le représenter. Dans Marc, Jésus ne nous est pas présenté ainsi que dans les autres évangiles comme Fils d'Abraham, comme Fils d'Adam, comme Fils de Dieu. Nous y voyons plutôt, comme quelqu'un l'a fait remarquer, celui qui travaille pour les autres avec une patience infatigable. Partout, dans cet évangile, vous trouverez Jésus comme le serviteur ayant les reins ceints; toujours à la disposition des autres pour leur obéir et se dépenser pour eux. Ainsi quand, après des journées d'un labeur incessant, Il se retire seul pour prier ou pour se reposer avec ses disciples; pas plutôt les multitudes viennent auprès de Lui, qu'Il se lève pour les servir (voir Marc I, 35-38; VI, 30-45, etc.) Il était tellement occupé de son oeuvre « qu'il n'avait pas le loisir de manger» (Marc III, 20; VI, 31). Mais il avait une nourriture que le monde ne connaissait pas: c'était de faire la volonté de son Père (Jean IV, 31-34). Et comme l'on voit resplendir la grâce dans tout ce qu'Il fait! Non seulement Il guérit l'aveugle, mais Il le prend par la main. Non seulement Il ressuscite une jeune fille morte, mais Il veille encore à ce qu'on lui donne à manger (Marc VIII, 28).

Seigneur, qu'en nous réjouissant dans tout ce que tu as fait, nous puissions apprendre à mieux marcher sur tes traces et à te suivre!

Une seconde différence à faire remarquer c'est que, tandis que, dans le premier degré, il est fait mention séparément des parties de la victime, dans le dernier, il n'y a rien de semblable; l'oiseau était tué, mais non partagé. «Il ne divisera pas la tourterelle » (v. 17).

Dans le cas du boeuf ou de l'agneau, il est dit que la victime « est coupée en morceaux ». Les jambes, la tête, la graisse, les entrailles sont mentionnées séparément (v. 6. 8. 9). Ces parties représentent, comme nous l'avons vu, la marche, les pensées, les sentiments de Jésus. Le premier degré comprend toutes ces choses que l'on ne retrouve pas dans le dernier. Ces degrés, ainsi que je l'ai dit, sont différentes mesures d'intelligence spirituelle. Le saint, bien avancé dans la connaissance, verra les différentes parties de la victime, il aura toujours devant les yeux la marche, les pensées, les affections de Jésus, toutes choses qu'une fois il ne voyait pas. Tandis que, si Jésus est imparfaitement saisi, tout ce qui concerne sa marche, ses pensées et les différentes parties de son oeuvre passera inaperçu.

Nous voyons encore, à propos de la première classe des holocaustes, que «le sacrificateur lavait dans l'eau les jambes et les entrailles » (v. 9). Il n'est rien dit de semblable au sujet du dernier degré: là les parties ne sont pas considérées séparément. Quel enseignement avons-nous à recueillir de cette différence? Les jambes et les entrailles représentent la marche et les affections. L'eau, c'est l'Esprit qui agit par le moyen de la Parole, comme il est écrit: « Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle; afin qu'Il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d'eau, par sa Parole» (Eph. V, 25. 26). Et encore: « Sanctifie-les par la vérité, la Parole est la vérité » (Jean XVII, 17). Christ, quoique sans tache et sans défaut, était, comme homme, soumis à la Parole et à l'Esprit de Dieu, par lesquels il était sanctifié, ainsi qu'Il le dit: « Je me suis gardé par la parole de tes lèvres » (Ps. XVII, 4). La loi disait: « L'homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l'Eternel » (Deut. VIII, 3; Luc IV, 4). Et Jésus, comme homme, l'a bien prouvé; chacun de ses pas, chacun de ses sentiments manifestaient son obéissance. Mais tout cela est perdu de vue dans l'offrande de la tourterelle. Là, il n'est question ni de distinction à faire dans les parties, ni de lavage d'eau.

 

Une troisième différence à noter, c'est que, tandis que dans le premier degré celui qui présentait l'offrande posait sa main sur la victime (v. 4), dans les autres degrés il n'est rien dit de semblable. J'ai déjà rendu mon lecteur attentif à la signification de cet acte qui identifiait l'offrande avec celui qui la présentait; identification qui existait dans le premier degré de l'holocauste, mais non pas dans les autres. Beaucoup voient Christ offrant un sacrifice pour nous, sans réaliser pleinement que cette victime qu'Il offrait, c'était lui-même, sa personne bénie. Voilà ce qu'ils ne comprennent pas, tout en jouissant des choses précieuses qu'ils trouvent, en Lui. Il s'est vraiment donné lui-même. C'est l'idée renfermée dans le premier degré de l'holocauste, idée qui ne se trouve pas dans les autres.

Une quatrième différence, intimement liée avec celle que nous venons de considérer, c'est que, dans la première classe, celui qui offrait égorgeait lui-même la victime; tandis que, dans la dernière, c'était le prêtre qui le faisait. (Comparez v. 5 avec v. 15.) De fait, dans la dernière classe, c'est le sacrificateur qui fait presque tout. A peine est-il question de celui qui offre le sacrifice; tandis que, dans la première classe, c'est précisément le contraire: il est beaucoup parlé de celui qui offre le sacrifice, fait dont nous saisirons facilement la signification, si nous remarquons la distinction qui existe entre le sacrificateur et celui qui offre le sacrifice. Ce dernier, comme je l'ai déjà fait observer, nous présente Christ dans sa personne; tandis que le sacrificateur nous le présente dans son caractère officiel, comme le médiateur entre Dieu et l'homme. Quand il y a identité entre celui qui offre le sacrifice et la victime, c'est lui qui l'immole, c'est-à-dire que nous voyons Christ donnant librement sa vie, comme il est dit: « Personne ne me l'ôte, mais moi je la laisse de moi-même » (Jean X, 18). Mais, quand cette identité n'est pas ce qui est mis en évidence, c'est le sacrificateur que nous voyons immoler la victime: la mort de Christ est alors considérée comme étant l'oeuvre du Médiateur et en relation avec son caractère officiel, comme sacrificateur plutôt, qu'elle ne rappelle celui qui s'offre librement comme victime. Il en est de même pour les croyants : si leur intelligence spirituelle est bornée, ils ne voient guère en Christ que son office de Médiateur, sans bien le connaître lui-même ni sa personne bénie.

Telles sont les différentes classes de l'holocauste.

Comme elles sont pleines d'instruction pour le croyant! Comme elles marquent clairement les différences qui existent dans la manière d'apprécier l'oeuvre de notre Seigneur! Quelques-uns - je parle des chrétiens - prennent leur parti de ne rien savoir de tout cela; et ils préfèrent qu'on ne leur parle pas de leur ignorance à cet égard. Ils ne voient qu'une vérité, celle de l'Agneau pascal, et ils ne désirent pas en savoir davantage. Ces personnes, qu'elles en aient conscience ou non, montrent bien qu'elles ne connaissent pas grand'chose du désert ni du tabernacle, que jusqu'ici elles sont demeurées en Egypte, où leur position n'est guère au-dessus de celle des esclaves. Mais, après que, par la grâce, nous sommes sortis d'Egypte, quand nous avons la conscience de notre délivrance, et assez d'intelligence spirituelle pour saisir les différents aspects du sacrifice de Christ, combien il nous reste encore à apprendre de l'oeuvre de Jésus! Il y a des enfants aussi bien que des hommes faits dans le désert, et les enfants peuvent ne savoir que très peu de chose, tant qu'ils restent tels. Mais, d'un autre côté, il y a dans le désert des hommes déjà âgés qui, ensuite de leur infidélité, sont presque étrangers à tout l'enseignement que les sacrifices renferment pour nous. Leur intelligence spirituelle est la mesure de 'leur joie et de leur force, qui se trouve ainsi bien limitée.

Seigneur, réveille tes saints, afin qu'en connaissant mieux ce qui concerne Jésus, ils connaissent aussi mieux leur vocation; et qu'au lieu de se glorifier d'être des enfants d'Abraham, tandis qu'ils sont esclaves à Babylone ou en Egypte, ils cherchent, comme enfants d'Abraham, à marcher sous ton regard, en étrangers, ainsi qu'Il l'a fait lui-même!

Je termine ici mes remarques sur l'holocauste. Nous y avons vu Christ comme notre représentant et s'offrant en sacrifice « pour nous ». C'est pourquoi « comme Il est, Lui, nous sommes, nous aussi, clans ce monde » (1 Jean IV, 17); comme Il a été reçu, nous le sommes nous-mêmes; « Il nous a rendus agréables dans le Bien-Aimé » (Eph. 1, 6). Mais, dans l'holocauste, Jésus se présente aussi à nous comme notre modèle, nous laissant un modèle afin que nous suivions ses traces (1 Pierre II, 21). Telle a été la mesure de son dévouement et de sa consécration; telle aussi devrait être la nôtre.

Que le Seigneur donne à son Eglise de mieux connaître, de mieux comprendre sa vocation, son union avec Jésus mort et ressuscité, et l'espérance de sa venue; afin que, tout en se réjouissant à la pensée que Jésus la représente là-haut, où Il a été lui préparer une place, elle puisse chaque jour se tenir plus près de la croix et le représenter toujours mieux ici-bas. Amen!

1) Le mot employé pour désigner l'holocauste consumé par le feu est le même que celui qui s'applique à l'encens répandant son parfum. Quand il s'agit du sacrifice pour le péché, nous trouvons un autre mot.

2) C'est la traduction littérale.

3) Voir chapitres IV, 20. 26. 31 ; V, 6. 10. 13. 16. 18; VI, 7, où la propitiation est toujours liée à l'idée du péché dans le sacrifice pour le péché. Il n'y a rien de semblable dans la propitiation de l'holocauste (I, 4).

4) C'est ce qui se voit particulièrement dans les derniers degrés de l'offrande de gâteau et dans les deux derniers du sacrifice pour le péché. Le dernier degré de l'offrande de gâteau nous parle des premiers fruits (II, 14). L'avant-dernier degré du sacrifice pour le péché est considéré comme un holocauste d'agréable odeur (IV, 31) ; tandis que le dernier degré de tous est présenté en quelque sorte comme une offrande de gâteau (v, 11. 12).
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