Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'HOLOCAUSTE

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(Lévitique I.)

 

Dans ce qui précède, j'ai cherché à faire ressortir le caractère distinctif des types dans quelques-uns des premiers livres de l'Ancien-Testament. Nous sommes maintenant mieux en état d'apprécier ce qui distingue les différents types du Lévitique.

D'une manière générale, on peut dire que les types du Lévitique nous parlent de l'oeuvre de Christ par rapport au culte et à la communion. Nous n'avons pas ici, comme dans la première partie de. l'Exode, le sang répandu pour le rachat du peuple; mais nous avons une instruction précise au sujet des sacrifices et du sacrificateur, pour répondre au besoin du peuple des rachetés de s'approcher de leur Dieu sauveur. En un mot, au lieu de voir Christ comme Celui qui nous rachète, nous y voyons son oeuvre pour les rachetés; ce n'est plus de la sortie d'Egypte qu'il est question, mais du culte que les rachetés sont maintenant en état de rendre. C'est Christ gardant les siens, les maintenant dans une heureuse communion et les relevant quand ils sont tombés.

Et combien sont variés les aspects sous lesquels se présente l'oeuvre de Christ considérée seulement sous ce rapport!

Pour avoir communion avec Dieu, les rachetés ont besoin de Christ comme offert pour eux en sacrifice; et c'est ainsi qu'Il nous est présenté d'abord dans le Lévitique. Mais ils ont aussi besoin de Lui comme sacrificateur et comme médiateur; c'est là un autre aspect sous lequel nous le voyons aussi. Nous considérerons ainsi sous toutes ses faces l'oeuvre que Jésus accomplit pour maintenir ou rétablir la communion de ses rachetés.

L'oeuvre de Christ, en rapport avec la communion des rachetés, peut, et vraiment, si on l'a bien comprise, elle doit être considérée sous différents aspects. Nous avons d'abord Christ comme victime offerte en sacrifice; puis, nous le voyons comme sacrificateur. C'est avec Christ, considéré sous ces deux aspects, qui sont en étroite relation l'un avec l'autre, que les rachetés de Dieu ont surtout affaire. C'est le premier de ces sujets que nous allons étudier. Christ, considéré comme la clé pour comprendre les dispensations, ainsi que nous le voyons dans les types de la Genèse; - Christ comme le fondement de la rédemption, ainsi que nous le montre le livre de l'Exode; - Christ que nous retrouvons dans le tabernacle et dans tous les détails qui s'y rapportent; Christ comme le guide et le conducteur de son peuple, soit à travers le désert, soit en Canaan au-delà du Jourdain; - Christ comme roi rejeté, tandis qu'un autre a usurpé sa place et occupe son trône; - Christ comme le roi glorieux; - tous ces aspects, et bien d'autres encore, de l'oeuvre et de la personne de notre bien-aimé Sauveur, nous les laisserons de côté pour le moment, nous bornant à ce seul sujet: Christ considérer plus particulièrement comme se trouvant réellement en tous les sacrifices, les résumant tous et nous procurant ainsi la communion avec Dieu.

Quel sujet d'instruction n'y a-t-il pas pour nous à considérer Christ sous ce simple point de vue! Il est l'holocauste, l'offrande de gâteau, le sacrifice de prospérité, le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour le délit (1). En s'offrant lui-même une fois, Il a véritablement été tout cela, - relations si précieuses à notre Dieu que, dans l'ancienne économie, Il voulut avoir constamment devant lui ce qui les représentait; et si nécessaire à l'Eglise, que sa joie et sa force en dépendent. Et cependant, combien de croyants n'en ont aucune connaissance et ne désirent pas même l'acquérir. Ils lisent bien dans l'Ecriture qu'Il est le sacrifice pour les péchés et l'holocauste; mais ces mots n'éveillent en eux aucune pensée qui corresponde à la distinction qui est faite ici. Il leur suffit que le sang ait été répandu sur le poteau de la porte, et ils n'ont aucun désir d'en savoir davantage sur Celui qui l'a répandu.

Mais telles ne sont pas les pensées de Dieu, telles ne sont pas non plus les pensées de ceux qui connaissent la joie de la communion avec Lui. Ceux-ci vont de force en force et avancent dans la connaissance de la grâce et de l'oeuvre de Jésus. Ils l'ont connu comme l'Agneau pascal en Egypte; ils le voient ensuite accomplissant son oeuvre dans le tabernacle. Non contents de le connaître dans les différentes relations présentées par les sacrifices, ils cherchent maintenant à le voir dans tous ses offices de sacrificateur. Mais ils vont plus loin encore, ils désirent trouver en Lui le prophète, la marine, l'eau, le guide, tout ce qu'Il est enfin. Que le Seigneur nous remplisse seulement de son Esprit, et alors nous ne pourrons faire autrement que d'avancer dans la connaissance de Jésus.

Mais il est temps que nous en revenions aux SACRIFICES.

En abordant ce sujet, je voudrais faire une ou deux observations générales sur certains points communs à tous les sacrifices et qu'il est nécessaire de bien saisir pour avoir l'intelligence du principe servant de base à leur interprétation. Sans une idée bien précise sur chacun de ces points, les différents sacrifices ne seront guère autre chose qu'une répétition dont la raison nous échappera.

Le premier point qu'il nous importe de noter, c'est celui-ci : dans tous les sacrifices, trois objets distincts au moins se présentent à nous: le sacrifice, le sacrificateur et celui qui offre le sacrifice.

Qu'est-ce donc que le sacrifice? qu'est-ce que le sacrificateur et qu'est celui qui offre le sacrifice ? Christ est à la fois le sacrificateur, le sacrifice et celui qui l'offre. Christ, dans l'oeuvre qu'il accomplit pour l'homme, se présente à nous dans tant de relations diverses, qu'aucun type ne peut, à lui seul, les représenter toutes. C'est ainsi que nous avons différentes classes de types, et des distinctions à faire dans ces types, et chacune nous donne une vue particulière de Christ, soit dans son caractère, dans son oeuvre ou dans sa personne.

Christ, vis-à-vis des hommes pécheurs, se trouve dans des relations multiples qui nécessitent de la diversité dans les emblèmes. Nous le voyons d'abord comme celui qui offre le sacrifice; mais cela suppose une offrande ou une victime. Et voici, Il est en même temps lui-même l'offrande ou la victime, celui qui la présente et le sacrificateur. Comme homme sous la loi, Christ, notre substitut, a été pour nous devant Dieu comme celui qui offre le sacrifice. Il a présenté le corps formé pour Lui comme son offrande pour nous réconcilier ainsi avec Dieu. Alors, comme l'homme avait complètement failli et que Dieu ne pouvait pas accepter ses sacrifices ni ses offrandes, Il a dit: «Me voici, je viens, il est écrit de moi dans le Livre. Oui, la loi est au-dedans de mes entrailles » (Hébr. X, 5-9; Ps. XL, 6-8). Ainsi son propre corps était son offrande: Il l'offrit volontairement; et puis, comme sacrificateur, Il a porté le sang dans le lieu très-saint. Comme offrant le sacrifice, nous le voyons homme sous la loi, se présentant comme notre substitut pour accomplir toute justice à notre place. Comme sacrificateur, Il est pour nous le médiateur, le messager de Dieu entre le ciel et Israël.

Tandis que, comme offrande, nous le voyons victime innocente qui répand devant Dieu un parfum d'agréable odeur, quoiqu'Il porte le péché et qu'Il meure pour le péché.

Ainsi, dans le même type, celui qui offre le sacrifice représente Christ dans sa personne comme celui qui est devenu homme pour répondre à ce que Dieu demande. L'offrande le représente dans son caractère et dans son oeuvre comme la victime par laquelle le sceau a été mis sur l'expiation; tandis que, comme sacrificateur, Il nous offre en quelque sorte un troisième

Tandis que, comme offrande, nous le voyons victime innocente qui répand devant Dieu un parfum d'agréable odeur, quoiqu'Il porte le péché et qu'Il meure pour le péché.

Ainsi, dans le même type, celui qui offre le sacrifice représente Christ dans sa personne comme celui qui est devenu homme pour répondre à ce que Dieu demande. L'offrande le représente dans son caractère et dans son oeuvre comme la victime par laquelle le sceau a été mis sur l'expiation; tandis que, comme sacrificateur, Il nous offre en quelque sorte un troisième portrait de lui-même: nous le voyons dans son office de médiateur et d'intercesseur. Quand donc nous avons un type dans lequel prédomine l'idée de l'offrande, c'est que Christ nous y est surtout représenté comme victime. Si c'est l'idée de celui qui offre le sacrifice ou du sacrificateur qui domine, nous devons y voir Christ comme homme ou comme médiateur.

Il y a, en relation avec ceci, un autre détail dont il faut bien saisir l'importance pour comprendre les sacrifices: je veux parler du fait, que celui qui offrait le sacrifice, posait les mains sur la tête de la victime. Cet acte en lui-même n'était autre chose que l'expression de l'identité de celui qui offrait le sacrifice avec la victime elle-même. Quelle qu'elle fût, l'offrande était considérée comme représentant celui qui l'apportait, et celui-ci s'identifiait avec elle. Dans un cas, celui de l'offrande d'agréable odeur, celui qui l'offrait se présentait comme un adorateur qui, sur l'autel du Seigneur, se consacrait entièrement à Lui, pour Lui être un parfum agréable. Dans le sacrifice pour le péché et dans celui pour le délit, où l'Israélite venait comme un pécheur qui fait confession de son péché, il se livrait à Dieu, se soumettant à être jugé et chassé dans le désert comme un être maudit. Nous connaissons Celui qui a passé par là quand, revêtu du corps qui avait été formé pour Lui, « Il s'est donné lui-même. »

Je voudrais encore attirer votre attention sur les différences qui existent entre les divers sacrifices.

Ces différences ne sont pas de peu d'importance. Elles nous révèlent le caractère particulier de chaque sacrifice. Si nous ne comprenons pas ces différences ou si nous les comprenons mal, tout le sujet sera nécessairement enveloppé pour nous de beaucoup d'obscurité. Quant aux différences, il y a donc d'abord les divers sacrifices, comme l'holocauste, l'offrande de gâteau, le sacrifice de prospérité, etc.; et, en second lieu, il y a différents degrés dans le même sacrifice, comme l'holocauste du gros bétail, celui du menu bétail, celui des oiseaux; le sacrifice de prospérité du gros ou du menu bétail, etc. La question se pose maintenant - en réalité ce n'est pas une question: - ces distinctions ont-elles une signification qui leur corresponde? Tous les chrétiens sont d'accord que, dans leurs grandes lignes, toutes les ordonnances typiques représentent Jésus; mais quelques-uns se demandent si nous sommes vraiment autorisés à Le chercher dans chaque petit détail.

Tout ce que l'imagination a pu inventer sur ce sujet est un avertissement bien propre à nous mettre sur nos gardes; mais voici simplement ce que je réponds aux craintes qui pourraient se manifester : Les détails, comme toute l'Ecriture, ne sont-ils pas écrits pour notre instruction ; et pourraient-ils l'être, si les mots sont sans portée, s'ils ne signifient rien pour nous? Non, sans doute. Cette représentation que Dieu a donnée de l'oeuvre de son Fils bien-aimé supportera d'être considérée de près aussi bien que ses autres oeuvres. Là où chaque détail est destiné à peindre la plénitude de Christ, chaque petite différence a sa raison d'être. Les paroles de Dieu ne sont pas ici plus qu'ailleurs de vaines paroles. C'est le défaut d'intelligence spirituelle qui rend ces choses si mystérieuses pour nous. L'ombre est sans doute toujours moins claire que le corps; mais, toute ombre répond à un corps, et mieux on connaît le corps et la réalité, plus vite on reconnaîtra son ombre. Quand l'ombre de la terre passe sur une autre planète, l'oeil exercé reconnaît aussitôt, en la voyant, la forme et les proportions du globe que nous habitons; ainsi une des ces ombres, que jette l'oeuvre accomplie par Jésus, le révèle aux siens, Lui et son oeuvre, et cela d'une telle manière qu'ils en sont ravis autant qu'étonnés.

La vraie raison des difficultés que nous offrent les types, c'est que nous ne connaissons pas assez la réalité; il en résulte que ce qui la représente nous est inintelligible ou à peu près. Oh! si nous connaissions mieux Christ, si, en la présence de Dieu, nous savions le voir dans toutes ses relations, les choses que Dieu a jugées dignes d'occuper une place dans sa Parole, comme représentant ce qui petit se voir en Jésus, trouveraient une place correspondante dans notre intelligence, parce que chacune répondrait à notre expérience.

Mais j'en viens à ces différences. Elles ont pour but., je n'en doute pas, de représenter les différents aspects du sacrifice de Christ. Je ne suis pas sûr que mes arguments soient véritablement compris de ceux qui sont comparativement étrangers à ces questions; car, ici comme ailleurs, il faut un certain développement spirituel, avant de pouvoir apprécier la valeur des preuves qui seront données. Dans ce domaine, comme dans d'autres de la même nature, il est plus difficile de prouver un fait que de le montrer; le fait lui-même sera toujours plus évident que la preuve. Ce sera sans doute le cas ici. Je vais néanmoins, tout en considérant le fait comme admis, en exposer brièvement les preuves.

Pour le faire, il faut que je revienne sur ce qui a été déjà dit au sujet de l'offrande et de celui qui la présente. Nous avons vu que celui qui offre le sacrifice, c'est Christ, qui, comme homme, s'est soumis à la loi pour accomplir toute justice. Nous avons vu aussi que l'offrande représente son corps, et qu'en mettant les mains sur la victime, celui qui l'offrait s'identifiait avec elle. Or, dans ces types, l'offrande et celui qui la présente s'offrent à nous dans des circonstances très différentes. Nous voyons le fidèle Israélite sous divers aspects, selon lesquels change aussi le caractère de l'offrande; comme un pécheur, lavé de son péché, offrant un sacrifice d'agréable odeur, ou bien comme un homme convaincu de péché et offrant un sacrifice d'expiation.

Le sacrifice de Christ, que toutes ces ombres préfigurent, était unique, sans doute; il ne fut offert qu'une fois; mais les ombres varient dans leur forme et leur contour, selon le point de vue et la lumière où l'on se place pour les considérer. En d'autres termes, ce sacrifice unique avait différents aspects, pour chacun desquels il fallait un tableau particulier. Si la plénitude de Christ et les relations dans lesquelles Il se présente avaient été moins variées, quelques emblèmes seulement auraient suffi pour les représenter; mais comme ces relations sont nombreuses et que chacune doit être comprise d'une manière différente, aucun emblème, quelque parfait qu'il soit, ne pouvait suffire à les représenter toutes. Ce sont des relations différentes, suivant que nous considérons Christ comme sacrificateur, comme la victime ou comme celui qui l'offre ; et pour chacune il fallait un emblème spécial. Mais, dans ces relations, on remarque des différences, pour chacune desquelles il faut aussi un tableau particulier. Ainsi, quand nous voyons le sacrificateur intercédant auprès de Dieu, touchant le lépreux avec le sang, ou portant le sang dans le lieu très-saint, c'est Christ qui est représenté dans ses diverses relations. Il est clair que l'emblème, qui convient dans un cas, ne saurait absolument pas convenir dans l'autre. Mais Dieu a voulu qu'on pût le voir dans toutes les relations. Il en résulte que les types sont nombreux et variés.

Quant aux différentes classes de sacrifices, je conclus donc que ce ne sont que différents aspects de l'oeuvre et de la personne de Christ. Mais il peut y avoir différents degrés dans la manière dont on saisit tel ou tel aspect de l'oeuvre de Christ, selon la mesure d'intelligence spirituelle que l'on possède. La même relation, le même acte dans cette relation, peuvent ainsi être saisis différemment. Par exemple, le taureau, l'agneau constituent tout autant de degrés différents du sacrifice. Et chacun de ces degrés nous donne une pensée différente quant à la valeur et au caractère du même sacrifice. L'un voit en Christ le sacrifice du taureau, c'est le plus précieux; un autre n'y voit que le sacrifice d'une tourterelle. Dans tous les degrés, dans le plus bas comme dans le plus élevé, la victime doit être sans défaut et sans tache; et l'offrande est pleinement suffisante pour répondre à toutes les exigences ; mais sa valeur diffère selon les ressources de celui qui la présente.

J'en conclus donc que, comme les différents sacrifices nous donnent différents aspects ou relations du sacrifice unique de Christ, ainsi les différents degrés du même sacrifice nous donnent différentes manières de saisir cet aspect.

Pour illustrer ce que je viens de dire, je me servirai d'une comparaison. Dans une maison, vous pouvez considérer la face du nord, celle du sud, celle de l'orient et celle de l'occident. Voilà ce qui correspond aux différents sacrifices: l'holocauste, l'offrande de gâteau, etc. Mais on peut voir la même face de trois ou quatre manières différentes, suivant la lumière, suivant la distance où l'on se place, etc. Ce seraient là différents degrés dans la manière de saisir le même sacrifice.

L'analogie que nous présentent d'autres parties de l'Ecriture justifie cette interprétation; car, comme nous l'avons vu, les différents livres, considérés typiquement, nous donnent différentes manières de voir et de saisir .cette oeuvre parfaite à laquelle toute l'Ecriture rend témoignage. Un livre donne l'expérience de l'Egypte, un autre celle du désert, un autre celle de Canaan. Mais tous ne saisiront pas également ces choses; car notre expérience reste toujours bien en dessous de la réalité; et la réalité peut être saisie à des degrés bien différents. L'expérience chrétienne, comme je l'ai déjà fait observer, dépend de la manière dont nous nous approprions ce que nous avons déjà reconnu comme étant vrai pour nous en Jésus, ainsi que du degré de cette appropriation. Ce degré peut varier, quoique l'objet de notre foi reste le même. Ainsi, tel chrétien, qui n'a qu'une connaissance limitée de sa position en Jésus, se voit encore dans la maison de servitude, mais là, abrité derrière la porte marquée de sang, il attend, les reins ceints, le départ de l'Egypte (1 Pierre I, 13; Exode XII, 11). Un autre ira plus loin: sa foi le transportera dans le désert; il sait que Pharaon est jugé (Jean XII, 31), et que la Mer Rouge est derrière lui. Un troisième va plus loin encore: il est entré en Canaan, il sait qu'il a franchi le Jourdain (Eph. II, 6). En un mot, l'un est dans l'Exode, un autre dans les Nombres et le troisième dans Josué. Mais, au fond, quoique différemment saisie, c'est la même réalité. le salut par le sang de Jésus. Toute la différence vient de la manière dont nous la saisissons, et c'est cette différence qui caractérise ces livres considérés typiquement. Les types que nous avons de l'oeuvre de Christ reproduisent ces différences. Les différents sacrifices nous donnent les différents aspects du sien propre; et les différents degrés dans le même sacrifice, les différentes manières de saisir cet aspect.

Le fait est que l'oeuvre de Christ est si diverse, elle a tant d'aspects différents, et chacun de ces aspects peut être saisi de tant de manières, suivant le degré de lumière dont jouit le croyant, qu'un seul type, quoique complet en lui-même, ne peut jamais la décrire ou la représenter parfaitement. C'est ce que nous voyons certainement dans les évangiles pour ce qui concerne la personne du Seigneur. Un seul évangile ne nous révèle pas toutes les gloires de sa personne; le sujet demande à être présenté de quatre manières différentes. Les évangiles ne sont pas de simples récits qui s'ajoutent les uns aux autres pour représenter Christ considéré sous le même point de vue. Chacun présente de Lui un aspect différent, non point de son oeuvre pour le salut - cela nous l'avons dans les épîtres, - mais de Lui-même, de son caractère qui est la perfection, de sa personne bénie.

Je ne veux pas entrer ici dans les distinctions à faire entre les évangiles, quoiqu'il n'y ait guère de sujet plus riche en instruction que celui-là. Je ne mentionne le fait que pour illustrer ma pensée et pour montrer comment il faut entendre la Parole. Pour ne prendre que ces deux évangiles, voyez comme, dans Luc et dans Jean, Jésus nous apparaît sous des aspects différents. Luc le présente comme le fils d'Adam, Jean comme le fils de Dieu. En conséquence, nous avons dans le premier sa généalogie, sa conception dans le sein de Marie, sa naissance à Bethléem; nous le voyons croissant en sagesse et en stature, soumis à ses parents; nous voyons son baptême, sa tentation dans le désert, l'onction qu'Il reçut du St-Esprit. Dans Jean, nous n'avons pas un mot de tout cela, mais seulement cette déclaration : « La Parole était avec Dieu et cette Parole était Dieu. » Sans parler du ton général et de l'ensemble des deux écrits, prenez un des événements racontés par l'un et par l'autre, et voyez. combien le récit est en harmonie avec le caractère distinctif de ces évangiles.

Prenez, par exemple, la scène qui nous est si familière de l'agonie en Gethsémané. Dans Luc XXII, 42, nous voyons Jésus, le Fils d'Adam, semblable à nous en toutes choses, sauf le péché, et tenté comme nous le sommes, disant: «Mon Père, si tu voulais éloigner cette coupe de moi. » Un ange lui apparaît pour le fortifier. Dans son agonie, Il prie plus instamment. Il semble chercher de la sympathie auprès de ses disciples; sa sueur tombe jusqu'à terre en grumeaux de sang. Maintenant, lisez dans Jean la même scène (ch. XVIII) et remarquez le contraste. Pas un mot de sa prière pendant son agonie; pas un mot sur l'ange qui vient pour le fortifier; rien sur sa sueur de sang; rien sur la sympathie qu'Il semble rechercher auprès de ses disciples. C'est bien vraiment comme la Parole faite chair que nous le voyons. Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, se présente et dit: « Qui cherchez-vous ? Aussitôt qu'Il leur eut dit: C'est moi, ils reculèrent et tombèrent en arrière. » Au lieu de la faiblesse et de l'agonie, c'est ici la puissance, qui terrifie ses adversaires. Il n'est pas présenté comme cherchant de la sympathie auprès de ses disciples, mais bien plutôt comme Celui qui a la puissance de les protéger. « Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. » C'était afin que cette parole qu'Il avait dite fût accomplie: «Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés. »

Mais tout cela échappe à beaucoup de chrétiens. Comme pour Israël en Egypte, la seule vérité qui leur importe, c'est la rédemption. A peine voient-ils des distinctions à faire dans l'oeuvre ou les offices de Jésus. Encore moins en voient-ils dans son caractère ou sa personne. Mais, parmi ceux qui comprennent ces choses, que de différences encore dans leur intelligence spirituelle! Ce sont ces distinctions, je n'en doute pas, qui nous sont présentées dans les différents sacrifices.

Mais venons-en enfin à l'holocauste. Voyons d'abord en quoi il diffère des autres sacrifices; puis nous en considérerons les différentes classes.

I. A propos de cette question : EN QUOI L'HOLOCAUSTE DIFFÈRE-T-IL DES AUTRES SACRIFICES? il y a au moins quatre points à noter:

C'était un sacrifice d'agréable odeur, « d'agréable odeur à l'Eternel» (Lévit. I, 9. 13. 17). J'ai déjà rendu le lecteur attentif à la différence qui existe entre les sacrifices; j'ai dit qu'ils se divisaient en deux grandes classes distinctes: d'abord les sacrifices d'agréable odeur, qui étaient tous, comme nous le verrons, des sacrifices de propitiation, et, en second lieu, des sacrifices qui n'étaient pas d'agréable odeur et qui étaient nécessaires pour expier le péché. Ceux de la première classe, les sacrifices d'agréable odeur - comprenant l'holocauste, l'offrande de gâteau et le sacrifice de prospérité (Lévit. I; II; III - étaient offerts sur l'autel d'airain qui était dans le parvis. Ceux de la seconde classe - le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour le délit (IV; V; VI) - n'étaient pas consumés sur l'autel; quelques-uns étaient brûlés sur la terre, hors du camp; d'autres servaient de nourriture au sacrificateur après que le sang avait été répandu en expiation du péché. Dans la première classe, il n'est pas du tout question du péché: on ne voit que le fidèle Israélite qui offre à Jéhova un sacrifice d'agréable odeur. Dans les sacrifices pour le péché, c'est le contraire, car l'offrande est chargée du péché de celui qui la présente. Dans les sacrifices de la première classe - l'holocauste, l'offrande de gâteau, le sacrifice de prospérité, - celui qui les offrait se présentait comme un adorateur en communion avec Dieu. Dans la seconde - les sacrifices pour le péché et pour le délit, - l'Israélite venait comme un pécheur qui méritait d'être puni pour son péché et pour son délit.

Dans les deux cas, la victime devait être absolument sans défaut; cette condition était de rigueur, qu'il s'agît du sacrifice pour le péché ou de l'holocauste. Mais, dans l'un, celui qui offre le sacrifice nous apparaît comme un homme parfaitement agréé; son sacrifice est pour lui l'épreuve du feu, car Dieu veut la sainteté chez les siens. Et tout monte devant Jéhova comme une offrande d'odeur agréable. Dans l'autre, celui qui offre le sacrifice apparaît comme un pécheur qui mérite la peine due à ses péchés.

L'holocauste appartenait aux sacrifices de la première classe, ceux d'agréable odeur; comme tels, ils étaient en parfait contraste avec les sacrifices pour le péché. Ils ne nous présentent donc pas Christ comme celui qui porte le péché, mais comme l'homme parfait répondant à la sainteté de Dieu. La pensée ici n'est pas: « Dieu l'a fait péché pour nous » (2 Cor. V, 21), mais plutôt: «Il nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Eph. V, 2). Jésus (béni soit son nom!) soit dans l'holocauste, soit dans le sacrifice pour le péché, a été notre représentant. Quand Il obéissait, c'était pour nous qu'Il le faisait; quand Il souffrait, c'était pour nous aussi. Mais, dans l'holocauste, Il est pour nous non pas comme celui qui a porté nos péchés, mais comme un homme qui offre à Dieu quelque chose qui lui est infiniment précieux. Nous avons ici ce que nous chercherions en vain ailleurs: l'homme offrant à Dieu ce qui vraiment peut le satisfaire. La pensée n'est pas que le péché a été jugé et que l'homme a supporté le jugement dans la personne de Christ; ce serait là l'idée du sacrifice pour le péché.

Mais l'holocauste nous montre l'homme se présentant pour offrir à Dieu un sacrifice qui est pour Lui comme un parfum agréable et qui le sera à toujours.

Avec l'expérience que nous avons de ce qu'est l'homme, comment pourra-t-il jamais, nous demanderons-nous, accomplir parfaitement ce qu'Il doit à Dieu ? Mais c'est en Christ que l'homme l'a fait; c'est en Christ qu'il a offert un parfum agréable au Seigneur.

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