Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES TYPES EN GÉNÉRAL

suite

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Les types de la Genèse, différents en cela de quelques-uns des autres livres, préfigurent presque exclusivement de grandes vérités ou des événements en rapport avec ces dispensations. Deux ou trois passages du Nouveau-Testament fourniront avec une autorité divine une preuve de cette assertion. Grâce à ces exemples, qui nous serviront de point de départ, j'espère vous montrer facilement combien la Genèse renferme de types semblables.

Lisons d'abord Genèse XXI avec le commentaire qu'en donne Paul dans Galates IV: « Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n'écoutez-vous pas la loi? Car il est écrit qu'Abraham eut deux fils, l'un de la servante et l'autre de la femme libre. Mais celui qui naquit de la servante naquit selon la chair, et celui qui naquit de la femme libre, naquit par la promesse. Ces choses doivent être prises dans un sens allégorique; car ce sont deux alliances, l'une du mont Sina, enfantant pour la servitude, et c'est Agar. Car Agar est le mont Sina, en Arabie, et correspond à la Jérusalem de maintenant, car elle est dans la servitude avec ses enfants. Mais la Jérusalem d'en-haut est la femme libre qui est notre mère... Mais comme alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'Esprit, il en est de même aussi maintenant. Mais que dit l'Ecriture? « Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n'héritera point avec le fils de la femme libre.»

Ainsi, frères, nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre. »

Tout cela est en rapport avec les dispensations. Agar, la servante esclave, est le type parfait de l'alliance de la loi; Sara, la vraie épouse, la femme libre, représente l'alliance de la grâce. Ismaël, le premier né, né selon la nature, est un type des Juifs qui, entraient dans l'alliance par la naissance naturelle. Isaac, le second fils, né contre les lois de la nature, de parents déjà « affaiblis par l'âge » (Hébr. XI, 12; Rom. IV, 19), est un type de la vie de résurrection, de la vie d'en haut qui sort de la mort, telle que nous l'avons dans la dispensation actuelle.

Je ne puis maintenant qu'aborder le sujet, mais j'espère en avoir dit assez pour me faire comprendre. Christ, naturellement, est la clé ici comme ailleurs. Mais comme ces types sont différents de ceux du Lévitique qui, au lieu de parler de Lui comme étant en rapport avec les dispensations, nous montre son oeuvre comme étant la source de la communion! Et si les types de la Genèse sont différents de ceux du Lévitique, que dirons-nous de ceux des Nombres et de ceux de Josué, qui représentent les différentes expériences des rachetés! L'intelligence spirituelle la plus élémentaire saisira dès l'abord une différence aussi frappante.

Mais il y a autre chose à observer encore au sujet du type d'Agar et de Sara. Remarquez que, quand Sara mourut, Abraham prit encore une autre femme, Kétura (Genèse XXV, 1-4); et il eut d'elle non pas un fils comme dans les précédents types (un fils étant toujours l'emblème d'une famille), mais beaucoup de fils, type de ce qui aura lieu quand la dispensation figurée par Sara aura pris fin; quand ce ne sera pas un seul peuple qui appartiendra au Seigneur, mais quand « les royaumes de ce monde seront à Lui ». Jusqu'ici Dieu n'a eu qu'un seul peuple qui lui appartînt. Dans la précédente dispensation, c'était un peuple particulier dans, la chair; maintenant c'est un peuple particulier dans l'esprit, un peuple qui ne tire pas son origine d'Adam, mais de Christ. Mais, dans la prochaine dispensation, il en sera autrement; l'alliance de Sara n'embrassera jamais les nations, quoique un peuple doive en être tiré pour son nom (Actes XV, 14); car, dans ce peuple, « il n'y a ni Juif ni Grec », la chair qui est en lui n'étant nullement reconnue comme telle, ainsi que je l'ai dit. Tout ainsi sera changé quand viendra la dernière dispensation et que « la terre sera remplie de la connaissance du Seigneur ». Mais je parle ici des différences caractéristiques des types et non de tout l'enseignement qu'ils renferment.

Un second passage de la Genèse, qui nous est cité dans le Nouveau-Testament comme étant typique, c'est l'histoire de Melchisédec, VII ème chapitre des Hébreux; l'apôtre montre comment la sacrificature lévitique a été abrogée et comment la dispensation de la loi avec tout ce qui y a trait a été remplacé par une nouvelle dispensation. Et, à ce sujet, il cite un fait rapporté dans la Genèse, fait qui est pour lui une preuve suffisante. Le passage est très remarquable, non seulement en ce qu'il montre le caractère des types de la Genèse, mais en ce qu'il nous instruit sur la nature des représentations typiques et sur la manière dont elles doivent être interprétées.

J'en parle ici simplement comme d'un exemple pour montrer le caractère général des types de la Genèse. Il nous est dit qu'Abraham paya la dîme à Melchisédec, qui était à la fois roi et sacrificateur. L'apôtre montre comment ce qui est dit de lui, aussi bien que ce qui ne l'est pas, comment tous les détails sur ce sujet sont riches pour nous en instructions typiques (1). Lévy payait la dîme à Melchisédec dans la personne d'Abraham, Cela prouve, dit l'apôtre, combien Lévy était au-dessous de Melchisédec. Il parle aussi d'un temps où la sacrificature de Lévy devra faire place à une autre sacrificature. Je n'entre pas dans les détails connus de tous, même de ceux qui ne sont que médiocrement versés dans les Ecritures. Je me borne à faire remarquer que nous avons ici une nouvelle preuve du caractère dispensationnel des types de la Genèse.

Prenons un autre des types de ce livre, l'histoire de Joseph. Tous ceux, je pense, qui ont une fois réfléchi sur cette histoire, reconnaîtront sans peine son caractère typique. Mais c'est un type de quoi ? D'une vérité dispensationnelle. Joseph est le bien-aimé de la femme bien-aimée qui est en même temps la plus jeune. Ici de nouveau nous avons les deux femmes comme dans le type précédent; c'est la même vérité présentée avec quelques détails de plus. Léa, l'aînée, a tous ses enfants avant que Rachel, la plus jeune, en ait aucun. Tous les enfants de l'économie juive ont précédé ceux de l'économie chrétienne. Christ, le premier né de la tombe, fut le premier né de la dispensation de Rachel. Ce fils, le bien-aimé de son père, est vendu par ses frères, les enfants de l'aînée, et emmené en Egypte, qui est constamment regardée comme le type du monde gentil. Là, après un temps de souffrance et d'humiliation, il est élevé à la plus haute position dans le royaume; il prend une femme d'entre les Gentils; ses frères, enfants de Léa, l'aînée, le reconnaissent. Ce type, je pense, n'a pas besoin d'explication. Si l'on en veut une, qu'on la lise dans le onzième chapitre des Romains. Le péché des Juifs, les frères aînés, devient pour un temps une source de richesse pour les Gentils. Mais je désire seulement appeler l'attention sur ce fait que, ici comme dans le reste de la Genèse, les types sont dispensationnels. Christ, rejeté par la famille juive, Christ au milieu des Gentils, ses frères, rentrant en grâce auprès de Lui, voilà ce que nous trouvons dans l'histoire de Joseph.

Je donnerai encore un exemple qui suffira à prouver ce que j'ai dit au sujet de la Genèse. S'il y a un type dans la Bible, l'arche de Noé en est sûrement un, c'est un type de Christ, sans doute, mais de Christ considéré dispensationnellement. C'est ainsi que Pierre en parle; il le considère comme un type de la mort et de l'Eglise (2). Mais venons-en à l'histoire. Nous voyons d'abord un monde qui doit être détruit avec une famille fidèle, ou plutôt une famille sauvée par la fidélité et la piété de son chef, comme il est dit: « Entre dans l'arche, toi et toute ta maison, car je t'ai vu juste devant moi» (Gen. VII, 1). Puis nous avons un monde renouvelé et rendu à sa beauté première, après que la destruction a passé. sur l'univers et que la famille élue passe ainsi d'un monde dans un autre, transportée dans l'arche, le seul lieu de sûreté pour elle. Christ est l'arche, par qui les élus, retirés de ce monde qui va être jugé, sent transportés dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. C'est ce qui est facile à saisir.

Mais venons-en aux détails. C'est ainsi qu'on peut employer impunément le microscope. L'arche, avec tout son contenu, s'arrête sur les montagnes, première partie visible de ce monde renouvelé. Christ, notre arche, apparaît sur la montagne de la résurrection avec toute la famille des rachetés; car en Lui nous sommes déjà ressuscités, tandis que le monde est encore plongé dans les eaux du jugement. « Maintenant est le jugement de ce monde » (Jean XII, 31). Et remarquez ceci, le jour où l'arche s'arrêta fut précisément le jour et le mois où, bien des siècles après, Christ, notre vraie arche, est ressuscité. « Elle s'arrêta au septième mois, au dix-septième jour du mois» (Genèse VIII, 4). Et c'est le jour où Christ est sorti du tombeau. Le quatorzième jour de ce septième mois (appelé plus tard, par l'ordre de Dieu, le premier mois. Exode XII, 2) était celui où l'on célébrait la Pâque; au quinzième, c'était la fête des pains sans levain (Lévit. XXIII, 5. 6) (3) ; et le troisième jour après cela, c'est-à-dire le dix-septième, fut celui où Christ est ressuscité d'entre les morts.

Mais j'en ai dit assez pour montrer le caractère des types de la Genèse. Ils sont tous plus ou moins dispensationnels. Et, qu'on le remarque bien, ces types embrassent trois dispensations: celle qui a pris fin, la dispensation présente et celle de l'avenir.


Parlons maintenant des types de I'EXODE. Ceux-ci même, nous l'avons déjà vu, ont principalement trait à la rédemption et à ses conséquences. Pour le prouver je commencerai, comme je l'ai fait pour les types précédents, par citer le Nouveau-Testament.

Voyons d'abord la Pâque, dont l'institution nous est rapportée dans le douzième chapitre. Quelqu'un pourrait-il douter un instant que cette ordonnance ne doive être regardée comme typique? Ecoutons le commentaire de Paul: « Car aussi Christ, notre pâque, a été sacrifié ; c'est pourquoi célébrons la fête non avec du vieux levain ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité» (1 Cor. V, 7. 8). Et qu'est-ce que c'est que cette pâque ?sinon la rédemption ! Les Israélites, les pieds chaussés et les reins ceints, prêts à quitter l'Egypte, sont là pendant la nuit («la nuit est fort avancée ») [Rom. XIII, 12] dans leurs maisons, dont les poteaux ont été aspergés de sang ; tandis que, au dehors, l'ange destructeur, exécutant le jugement de Dieu sur l'orgueilleuse Egypte, met à mort tous ses premiers nés.

Et voilà la grande vérité mise en évidence en ce moment: la valeur du sang répandu pour délivrer du jugement. Cette scène nous montre bien qu'Israël est racheté et que la sûreté pour nous est le sang répandu.

Mais il y a beaucoup plus encore que la délivrance de l'esclavage d'Egypte par le sang, quoiqu'Israël dans la maison de servitude ne vit rien au-delà. Pour Israël esclave en Egypte et pour tous les chrétiens, la grande vérité c'est celle que figure la Pâque, la rédemption par le sang de l'Agneau, acquise non par notre justice, mais par le sang. Pour en savoir davantage sur le sang, Israël doit être amené à se reconnaître hors d'Egypte, à se voir comme racheté du Seigneur, à comprendre que Dieu met une différence entre lui et les Egyptiens. C'est dans le désert, c'est-à-dire hors de l'Egypte, que Dieu révèle à son peuple toute la valeur des sacrifices. En Egypte, on ne sait pas ce que c'est que l'holocauste ; on ne voit pas la différence entre l'offrande de gâteau et le sacrifice de prospérité; la cuve où les pains de proposition n'ont point de signification, non plus que l'oeuvre accomplie par le sacrificateur. Tout cela, Israël ne l'apprendra que plus tard, quand il sera en réalité un pèlerin, avec la Mer Rouge et l'Egypte derrière lui.

Comme tout cela est vrai pour nous! Pour les saints qui n'ont pas saisi pleinement la rédemption, il n'y a qu'une seule vérité importante, celle de la Pâque et de l'effusion du sang; ils ne voient absolument rien d'autre. Mais j'en reviens à l'étude des types.

Je dis donc que la rédemption caractérise en général les types de l'Exode; c'est ce que reconnaîtront facilement ceux qui, sous le regard de Dieu et en s'attendant à Lui, liront ce livre en faisant attention à la grande pensée qui s'y retrouve partout. Qu'est-ce que c'est que la sortie d'Egypte? sinon la rédemption! Qu'est-ce que le passage à travers la mer? sinon encore la rédemption! C'est la note dominante dans le cantique d'Israël, quand Pharaon et ses armées eurent été engloutis. « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté... la crainte est tombée sur les habitants de Canaan jusqu'à ce qu'ait passé ce peuple que tu t'es acquis (Exode XV, 13-16). Voilà le commencement; la suite du livre nous montre les conséquences de la rédemption et nous parle d'un peuple qui a été ainsi rapproché de Dieu.


Le LÉVITIQUE nous présente tout autre chose. J'ai à peine besoin de dire que ce livre est typique; car si nous ne le considérons pas ainsi - je le dis en toute révérence, - il n'a point de signification pour nous. Mais les épîtres du Nouveau-Testament sont pleines de références directes qui mettent hors de doute le caractère typique de ces ordonnances. (Voyez Hébreux V, VII, VIII, IX, X, XIII; 1 Pierre II, 9.) Dans ces références, il n'y en a pas moins de quarante qui parlent des choses citées comme étant typiques. Ce sont des types de quoi? de Christ sans aucun doute. Mais de Christ considéré sous quel aspect? non pas en rapport avec les dispensations, comme c'est le cas dans la Genèse; non pas comme nous parlant de la rédemption, ainsi que le faisaient les premiers types de l'Exode. Le Lévitique ne vient qu'après la rédemption et parle de ce qui rapproche de Dieu son peuple élu. Ainsi, comme ce qui suit le montrera, j'espère, Christ est le fond et la substance de ces types; mais c'est Christ saisi par celui qui connaît déjà la certitude de la rédemption, c'est Christ vu par celui qui, jouissant de la paix avec Dieu et de la délivrance peut contempler avec joie tout ce que Christ a pleinement réalisé pour lui; Christ, comme le sacrificateur, comme celui qui offre le sacrifice et comme la victime; Christ répondant à tout ce dont un pécheur sauvé a besoin pour s'approcher de Dieu et rester en communion avec Lui; tout ce que Christ est pour le croyant. Voilà ce que nous présente clairement le Lévitique dans ses divers types. L'Exode nous parle du sang de l'Agneau, qui met Israël à l'abri dans le pays d'Egypte; le Lévitique, des sacrificateurs et des sacrifices, entrant dans les détails de tout ce qui est nécessaire pour qu'Israël puisse s'approcher de Jéhova.

Mais je ne m'étends pas là-dessus, puisque l'étude des sacrifices établira clairement ce que j'avance. Je passe donc aux types des Nombres, et je vais indiquer ce qui me paraît être leur caractère distinctif.


Les NOMBRES, racontant l'histoire des Israélites dans le désert, leurs épreuves et leurs chutes, renferment des types nombreux des expériences du chrétien et de son pèlerinage à travers le désert de ce monde. L'histoire d'Israël, aussi bien que les ordonnances qui lui furent données, était typique ; leur sortie d'Egypte, leur séjour dans le désert, leur entrée dans le pays de Canaan, tout était typique; et les détails de leur histoire, que chacun s'accorde à regarder comme tels, montreront avec quelle perfection ont été tracés tous ces tableaux par la main de Celui qui avait une parfaite, connaissance de ce qu'Il décrivait.

Dans les Nombres donc, nous avons des types en relation avec le désert. Ici le monde est considéré non pas comme la maison de servitude, mais comme le lieu de l'épreuve, comme la scène à traverser pendant notre pèlerinage pour arriver en Canaan (4). Ainsi, dans les parties des Nombres dont le caractère rappelle le plus les types du Lévitique (comme c'est le cas dans la Genèse rousse (5)), les sacrifices nous sont représentés non pas ainsi que dans le Lévitique, comme ce qui nous permet de nous rapprocher de Christ, mais comme ce qui sert à nous soutenir dans la marche de la foi au milieu du désert et à nous fortifier dans nos luttes contre le mal et la souillure.

Je ne m'étends pas beaucoup sur ce sujet, parce que tout le caractère du livre est facile à saisir (6), et qu'il faudrait un volume si l'on voulait entrer dans les détails. Qu'il nous suffise de dire que, dans tout le voyage à travers le désert, nous voyons le peuple élu apprenant ce qu'est l'homme et ce qu'est Dieu; ce qu'il devrait être comme peuple élu et ce qu'il est en réalité. Les Lévites, pour prendre un type bien connu, avec leurs vêtements sans tache et à l'abri de toute souillure, figurent certainement les rachetés rendant culte à Dieu pendant leur passage ici-bas. Comme ils rappellent bien ce que doit être l'Eglise de Dieu: dans leur esprit de dépendance, dans leur obéissance aux directions de la nuée, dans leurs soins continuels pour les vases sacrés du sanctuaire! Ces vases sacrés rappellent tous quelque chose de Christ, que les Lévites spirituels ont maintenant à reproduire pendant 'leur marche à travers le désert.

Et ainsi, tout le long, les Nombres nous donnent l'histoire du désert. La nuée qui montrait le chemin (ch. IX); le retentissement des trompettes d'argent dans le camp (ch. X); les murmures au sujet de la manne ou à cause de la longueur du chemin (ch. XI et XXI); le regret des potées de chair de l'Egypte (ch. XI); le découragement causé par le manque de foi (ch. XIII et XIV); la disette d'eau dans le désert et le rocher qui leur en fournit (ch. XX); la fornication avec les filles de Moab (ch. XXX); - qu'est-ce que tout cela, sinon une peinture illustrée des expériences du chrétien pendant son pèlerinage dans le désert; et combien souvent les enfants de Dieu ne pèchent-ils pas de la même manière en reculant devant les épreuves!


Le livre de JOSUÉ nous présente quelque chose de différent; c'est encore l'expérience sans doute, mais ce n'est plus la même. L'un de ces livres nous transporte dans le désert, l'autre, celui de Josué, au-delà du Jourdain, dans le pays de Canaan. Quelques-uns, je le crains, auront de la difficulté à comprendre ce dernier, parce que, ce qu'il représente, est une chose à eux inconnue. Josué nous présente en type l'Église déjà avec Christ dans les lieux célestes; mais il s'agit ici d'une expérience que bien peu de saints ont faite, et bien peu savent aussi ce que signifie la résurrection. Ainsi le livre de Josué, envisagé typiquement, répond exactement à l'épître aux Ephésiens. Dans l'un et l'autre de ces livres, nous voyons les élus établis dans le pays de la promesse, mais y rencontrant encore des luttes et des combats. Comme Paul dit : « Il nous a ressuscités et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ » (Eph. II, 6); mais ce lieu n'est pas encore celui du repos; car, comme l'apôtre le dit ailleurs dans la même épître: « Notre lutte n'est pas contre la chair et le sang, mais contre les principautés et la puissance spirituelle qui est dans les lieux célestes » (Eph. VI, 12, en tois epouraniois; le même mot que dans II, 6).

Voilà précisément ce qu'est le livre de Josué. Il nous décrit le passage d'Israël à travers le Jourdain pour entrer dans le pays de Canaan. Nous comprenons ce que signifient ces symboles; nous savons tous que le Jourdain est le type de la mort, limite entre le désert de ce monde et le pays de la promesse, qui est le ciel. Israël passe à pied sec le Jourdain, et entre avec Josué dans la terre promise. Quand il passe le Jourdain, tout Israël passe avec lui. Il en est ainsi pour Christ. L'Eglise est morte avec Lui, ensevelie avec Lui, ressuscitée avec Lui; mais il y a encore des combats, car les Cananéens habitent encore le pays. Et il en sera toujours ainsi, jusqu'à ce que vienne le vrai Salomon. Oh! puisse-t-Il venir bientôt!

Prenons un ou deux exemples, pour illustrer le sujet.

Dans le quatrième chapitre, nous voyons Israël traversant le Jourdain à pied sec; dans le cinquième, la cérémonie de la circoncision. Aussitôt qu'ils ont passé le Jourdain, ils sont appelés à se faire circoncire. Quoique semence d'Abraham, Israël n'avait pas pratiqué la circoncision dans le désert; mais aussitôt qu'ils sont dans le pays de Canaan, elle doit être reprise. Voici ce que signifie cette cérémonie, qui répond exactement au « huitième jour », selon son institution primitive (Gen. XVII, 12; Philip. III, 5). Pour ceux qui sont bien familiarisés avec les types, je n'ai pas besoin de dire que le huitième jour est toujours le type de la résurrection. C'était le jour après le sabbat, il répond au premier jour de la semaine, celui dans lequel Christ est ressuscité. C'est bien d'ailleurs le premier après une série des sept jours. Sept jours, c'est le temps de la première création. Le huitième nous transporte au-delà, au-delà des limites de la vieille création, et nous introduit typiquement dans un nouvel ordre de choses, dans d'autres temps; en un mot, dans une nouvelle création, clans une création de résurrection. Quant à la circoncision, Pierre nous enseigne qu'elle nous représente le dépouillement « des souillures de la chair» (1 Pierre III, 21). C'était à cela que tendait toute la dispensation juive; mais tout avait échoué, car Israël n'occupait pas encore la position de ressuscité au-delà du Jourdain. Mais, puisque Christ, le vrai Josué, a passé le Jourdain, et puisque toute l'Eglise est en Lui et avec Lui - comme formant son corps, - l'Eglise a passé avec Lui par la mort et la résurrection; elle est donc appelée à passer par la circoncision et à rejeter la souillure de la chair. « Si vous êtes ressuscités avec Christ... renoncez à la colère, à l'animosité, à la malice, à toute parole déshonnête » (Col. III, 1. 3. 5. 8). Nous n'arrivons à la vraie circoncision du coeur que dans la mesure où nous connaissons la puissance de la résurrection.

D'un bout à l'autre d'ailleurs, le livre des Nombres et celui de Josué diffèrent quant au caractère de l'expérience. Non pas que, dans le fait, les deux livres puissent être séparés l'un de l'autre, car en Christ l'Eglise est appelée à réaliser toutes les bénédictions; mais c'est une chose d'être saisi par Lui, et c'en est une autre de saisir ce pourquoi Jésus-Christ nous a pris à Lui. (Phil. III, 12). Mais voilà, nous ne réalisons qu'en partie. En vérité, notre expérience n'est que la mesure à laquelle nous sommes arrivés, elle montre jusqu'à quel point nous avons saisi la vérité, jusqu'à quel point est réalisé dans nos âmes ce qu'Il est déjà virtuellement en nous par Christ. L'oeuvre de Christ pour nous est la source de toutes les bénédictions pour ses membres, et la foi s'en empare. Mais nous ne jouissons de tout cela expérimentalement qu'autant que le Saint-Esprit nous en rend capables.

Mais revenons à la différence entre les Nombres et Josué. Il n'y avait point de difficulté à entrer en possession du désert. Mais, en Canaan, Israël dut combattre à chaque pas. Dans le désert, ils avaient affaire aux convoitises de la chair. En Canaan, et quand la vie de résurrection est connue, la tentation a un caractère tout différent. Nous voyons Israël se confier en ses forces, comme devant Aï (ch. VII); se confier en sa connaissance, comme dans l'affaire des Gabaonites; abusant de la grâce, comme dans l'histoire d'Achan; comprenant qu'elle donne la victoire, mais ne voyant pas quelles obligations elle constitue pour nous. A mesure que les saints croissent dans la grâce et dans la connaissance de leur position de ressuscités, un autre ordre d'épreuves vient s'ajouter à celles du désert. « La lutte, non avec la chair et le sang, mais avec les principautés et les puissances dans les lieux célestes »; c'est là ce que nous avons dans le livre de Josué.

Voilà une courte et imparfaite esquisse des différents caractères typiques que nous trouvons dans l'Ecriture. Je sens d'ailleurs combien peu ce que j'ai dit pourra révéler la profondeur et la richesse de ce sujet à celui qui ne l'a pas étudié.

Quelqu'un dira peut-être qu'il s'agit là non de vérités pratiques, mais de simples spéculations qui ne sauraient avoir que peu de valeur. J'accorde qu'il s'agit, en effet, de connaissance, mais n'est-ce pas ainsi que nous croissons dans la grâce ? (2 Pierre I, 2). Et une des causes de la faiblesse de l'Eglise, c'est justement le défaut de connaissance sur ces points?

Je n'ai pas l'intention de montrer maintenant l'usage que nous devons faire de cette connaissance. Qu'il me suffise de dire que, si les types de la Genèse étaient mieux compris, nous ne verrions pas tant de fâcheuses erreurs provenant de ce que l'on confond les dispensations et que l'on mêle les choses et les espérances d'une alliance avec les choses et les espérances d'une autre. Et ainsi du reste. Faites plus ample connaissance de l'Exode ou de la rédemption, des Nombres ou des expériences du désert, de Josué ou des expériences d'au-delà le Jourdain, et vous verrez si vous ne pourrez pas servir plus utilement Celui qui, dans son grand amour, nous a rachetés de la perdition.

Qu'il en soit ainsi! Prions le Seigneur de nous garder bien près de Lui, et dans une communion habituelle avec Lui. Amen!

1) Je rappelle ici le fait relevé par l'apôtre que, dans l'histoire de Melchisédec, il n'est pas fait mention de sa naissance ni de sa mort, omission très rare dans l'Ecriture quand il s'agit de ceux qui occupent une place de distinction; l'apôtre montre que cette omission elle-même est intentionnelle. « Melchisédec, dit Paul, était sans père ni mère, sans généalogie, n'ayant ni commencement de jours, ni fin de vie. » Il ne veut pas dire que Melchisédec n'eût réellement rien de tout cela, mais que l'histoire n'en parle pas, et que cette omission a une signification typique. Nous verrons plus loin que les omissions dans le livre du Lévitique ont autant de valeur pour notre instruction que les faits qui sont rapportés.

2) 1 Pierre III, 21. ô antitypon. k. t. l.

3) Comparez ceci avec Math. XXVI, 47; Luc XXII, 7; Jean XVIII, 28.

4) Dans l'Exode, au contraire, le monde est considéré non pas comme le lieu de notre pèlerinage, mais comme le royaume de Pharaon et la maison de servitude.

5) Nombres XIX. Le sacrifice de la génisse rousse était le seul sacrifice pour le péché dans lequel la graisse qui couvrait les entrailles n'était pas brûlée sur l'autel. Ceci est tout à fait conforme au caractère du livre des Nombres, qui nous donne les sacrifices seulement en relation avec le désert. La graisse brûlée sur l'autel aurait été la part de Dieu. C'est pourquoi il n'en est pas fait mention dans les Nombres.

6) Voyez l'application qu'en fait Paul dans l'histoire d'Israël (1 Cor. X, 1 -11).
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