Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE

-------

Celui qui parla comme jamais homme n'a parlé, a ouvert sa bouche en paraboles. J'ai souvent été surpris que, étant donné un pareil exemple, les paraboles de l'Ancien-Testament fussent tellement négligées; d'autant plus que nous voyons, par les écrits de Paul, non seulement combien ces types sont étroitement liés à Christ, mais aussi comme ils servent à illustrer les merveilleuses vérités et les profonds mystères de la rédemption.

Il y a déjà quelques années qu'une de ces paraboles de l'Ancien -Testament me fut en grande bénédiction. Cela m'amena à poursuivre mes études sur ce sujet. Ayant appris, par ma propre expérience, combien sont précieuses pour nous les figures typiques que renferme l'Ecriture, je les ai depuis employées pour communiquer à d'autres les vérités relatives à l'oeuvre et à la personne de Christ. Des conférences que j'ai données sur les sacrifices, et que j'ai rédigées plus tard en vue de la publication, sont l'origine de cet ouvrage.

Que le Seigneur efface les erreurs que je puis avoir commises, et que ses saints veuillent me les pardonner! Et, ce qui est selon la vérité, puissions-nous le reconnaître comme venant de Dieu, et ne pas nous en départir. Je n'ai d'ailleurs pas besoin de le dire: « je n'ai pas d'ordre du Seigneur », «je donne simplement mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur » (1 Cor. VII, 25).

J'ajoute ici que j'ai reçu beaucoup de lumières sur ces sujets par un traité intitulé: Les types du Lévitique. Sans partager toutes les idées de l'auteur, j'aime à reconnaître que je lui dois beaucoup, bien plus sans doute que je ne le pense.

Maintenant, c'est au Seigneur que je recommande ces pages. Qu'Il les fasse servir à sa gloire, comme Il le jugera bon!

Hull, Septembre 1847.

André JUKES.



LES TYPES EN GÉNÉRAL

(Gal. IV, 21-31.)

 

« Les oeuvres de l'Eternel. sont grandes ; elles sont recherchées de tous ceux qui y prennent. plaisir ». Tel était le témoignage d'un serviteur de Dieu de l'Ancienne Alliance; et les saints de Dieu peuvent encore aujourd'hui signer cette déclaration. Oui, les oeuvres de l'Eternel sont grandes; elles sont recherchées et sondées par les siens. Mais, pour sentir combien elles sont grandes et merveilleuses, il faut les étudier attentivement. Nous nous lassons bientôt de contempler les oeuvres de l'homme, et un peu d'attention suffit pour les comprendre. Quant aux oeuvres de Dieu, plus nous les considérons, plus elles nous attirent. Plus nous les étudions, et plus elles nous présentent d'aspects nouveaux. A ne prendre même qu'une partie de ces oeuvres, comme la terre, l'air ou le ciel, plus nous chercherons à les connaître et à les sonder, plus nous serons obligés de confesser que, jusqu'à présent, nous n'en connaissons que bien peu de chose; c'est un océan que personne encore n'a pu sonder.

Il en est ainsi pour plusieurs raisons. Une des plus simples, c'est que l'homme est fini, tandis que Dieu est infini; et le fini ne saurait embrasser l'infini. Une autre raison, c'est que Dieu emploie le même instrument pour atteindre différents buts. C'est ainsi que nous pouvons connaître l'usage et le but de telle ou telle partie de la création, tout en ignorant les autres fins que Dieu atteindra par les mêmes moyens. Prenez par exemple l'air; que de choses Dieu fait avec ce seul élément! L'air remplit les poumons, entretient le feu, porte les sons, réfléchit la lumière, répand les odeurs, fait marcher les navires, volatilise les fluides; c'est le lieu où se forme la pluie; et à combien d'autres fins ne sert-il pas encore! L'homme, dans sa faiblesse, est obligé de créer un instrument spécial pour chaque but particulier, tandis que Dieu fait beaucoup de choses avec un seul instrument. L'homme a souvent essayé de faire un instrument qui pût servir à différents buts, jamais il n'a réussi. Mais il en est tout autrement des oeuvres de Dieu.

Il en résulte que, voir simplement les oeuvres de Dieu ou les étudier, sont des choses complètement différentes. Un simple regard jeté sur les oeuvres de la nature suffit, sans doute, pour convaincre que c'est la main de Dieu qui les a faites. Au premier coup d'oeil, quelque rapide qu'il soit, on a le sentiment de la perfection. Mais que de choses échappent encore à la vue, que de détails ne sont pas même aperçus de l'observateur superficiel! Les montagnes, les vallées, les rochers, les arbres, l'eau, tout enfin nous donne l'idée de la perfection. Mais chaque détail, même le plus minime, de cette scène, que nous ne voyons qu'en gros, supportera l'examen le plus minutieux, car tous portent le .sceau de la perfection. Chaque brin d'herbe peut être examiné avec la plus scrupuleuse attention, car c'est un chef-d'oeuvre accompli. Voyez la plus humble plante, considérez son merveilleux mécanisme; voyez les vaisseaux qui vont puiser sa nourriture dans la terre, voyez-la absorbant l'air et se pénétrant de lumière. Comme il a été pourvu à tout pour la vie de la plante et pour son développement! Voyez ce misérable petit insecte qui rampe sur ce tronc d'arbre; sa vie est bien éphémère, mais il est pourvu à tous ses besoins pour l'heure présente, et tout, dans sa conformation, tend à la réalisation de la fin pour laquelle il a été crée. Si nous pensons à ces choses, nous aurons une idée, mais bien imparfaite encore, de la perfection des oeuvres de Dieu.

La Parole de Dieu, à tous ces égards, est comme les oeuvres de la nature ; oui, la Parole de Dieu est son oeuvre aussi bien que la création ; et c'est son infinie profondeur, les différents objets qu'elle a en vue et auxquels elle s'applique qui la font être ce qu'elle est, c'est-à-dire inépuisable. Parcourir la Bible, c'est donc une chose; l'étudier en est une, tout autre, car chaque partie peut avoir plusieurs différentes applications. Les mêmes paroles qui, dans une dispensation et pour un peuple, renfermaient un commandement littéral, auquel il fallait aussi obéir littéralement, peuvent, dans d'autres temps et sous une autre dispensation, renfermer un type de telle ou telle oeuvre que Dieu veut accomplir; tandis que le même passage peut offrir à l'humble croyant de tous les âges des consolations et des avertissements appropriés à ses besoins.

On peut faire usage ici du microscope aussi bien que dans le domaine du monde physique. Et, comme dans la nature, les merveilles que le microscope nous révèle, ne fût-ce que dans l'aile d'un insecte ou dans une goutte d'eau, nous donnent au premier coup d'oeil l'idée de la perfection des oeuvres de Dieu, bien plus encore que la contemplation de la voûte céleste ne pourrait le faire, ainsi, sa Parole nous présente partout la perfection, même dans les parties ou les passages qui semblent offrir peu d'intérêt ou n'avoir relativement que peu de valeur. L'auteur des types est en même temps celui de la Rédemption. Les oeuvres sont de Lui aussi bien l'une que l'autre, et également parfaites, quoique en un sens différentes.

Et l'oeuvre de Dieu, telle qu'on la voit dans sa Parole, a une autre ressemblance frappante avec les oeuvres de la création. Comme dans la création, on remarque une idée maîtresse qui la traverse tout entière, idée qui, partout où nous la voyons, dans le moindre brin d'herbe comme dans le plus petit insecte, proclame la sagesse, la puissance et la bonté du Créateur - ce qui semblerait contredire ce témoignage, comme par exemple les tempêtes et les tremblements de terre, ne l'infirme nullement; - ainsi, dans l'Ecriture, on trouve une grande pensée qui se présente à chaque page, que tout son contenu révèle, cette pensée, c'est la grâce apportée par le Rédempteur. Sans paroles ni discours, tout nous révèle cette merveilleuse histoire: Christ est la clé de toute l'Ecriture. Il est la grande pensée de la Bible. Si vous connaissez Christ, si vous comprenez les pensées de Dieu à son sujet, vous comprendrez aussi la Bible. Si nous sommes dans les ténèbres, c'est parce que nous le connaissons si peu.

J'ai fait précéder mon étude des types renfermés dans les sacrifices, de ces remarques préliminaires, parce que je suis porté à croire qu'il y a, chez beaucoup de personnes, la pensée (pour n'être pas formellement exprimée, elle n'en exerce pas moins son influence) que certaines portions de l'Ecriture, telles que les types, sont moins importantes et moins instructives que le reste. Mais d'où peut venir une pareille idée ? Pas de Dieu, sans doute, car si ces portions de l'Ecriture n'avaient pas d'importance, son Esprit ne les aurait pas dictées. Et ces instructions si détaillées seraient sans intérêt pour nous si nous n'étions pas autorisés à y chercher des types. L'Esprit de Dieu ne témoigne-t-il pas ainsi que ces parties, comme tout le reste, sont utiles pour instruire l'homme de Dieu. « Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, non pas seulement les enfants en Christ, mais l'homme de Dieu, afin que l'homme de Dieu soit parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre » (2 Tim. III, 16.17).

Les types sont au fond une série de tableaux ou d'emblèmes venant directement de la main de Dieu, et par lesquels Il enseigne à ses enfants des choses qui autrement seraient absolument incompréhensibles. Dans les types, si j'ose employer cette expression, Dieu présente son Fils en détail. Il met ainsi à notre portée les différentes parties de l'oeuvre de Christ, et nous enseigne ce que, sans cela, nous n'aurions jamais complètement saisi. Les réalités représentées par les types sont elles-mêmes des vérités et des faits de l'ordre le plus élevé, faits qui se sont passés devant Dieu et dans lesquels Lui-même a été auteur. Ces sujets sont d'une étendue et d'une portée infinies. Dieu les présente à nos yeux dans une série de tableaux, avec le soin et l'exactitude de Celui qui voit toutes ces choses comme elles sont, et qui les comprend comme nul autre ne le pourrait. Il le fait de manière à ce que tout devienne clair et intelligible pour nous.

Le vrai secret du peu d'attention que l'on apporte aux types, je ne puis pas m'empêcher de le croire, c'est qu'il faut pour les comprendre plus d'intelligence spirituelle que n'en ont beaucoup de chrétiens; il faut une mesure de développement spirituel et une habitude des choses de Dieu que tous ne possèdent pas, faute d'être en communion constante avec Jésus. Un regard superficiel jeté sur ces portions de la Parole n'en donne pas une idée juste à l'esprit du lecteur. Les types sont, en effet, des tableaux, mais nous les saisissons à proportion seulement que nous en avons saisi la réalité. Montrez à un sauvage de la mer du Sud le dessin le plus parfait d'une machine à vapeur, il n'y comprendra absolument rien, seulement parce que la réalité dont l'esquisse lui a été présentée est jusqu'ici pour lui quelque chose de complètement inconnu. Mais une personne qui a vu une machine à vapeur, comprendra bien plus facilement l'explication du dessin qui la représente. Mieux on connaîtra la chose représentée, mieux on sera en état de comprendre l'image. L'image n'apportera aucune idée à l'esprit du sauvage, tandis que ceux qui ont vu une machine, tout en étant étrangers peut-être aux principes de la physique, comprendront le dessin en gros, sans pouvoir toutefois en expliquer les détails. Mais le mécanicien, qui sait parfaitement quel est l'usage et le but de chaque pièce, qui connaît toutes les vis et tous les écrous de la machine, pourrait non seulement montrer exactement où ils doivent se trouver dans la figure, mais pourrait dire aussi, ce qui serait impossible à d'autres, comment chacune des parties se modifie dans les diverses machines.

Il en est de même dans les types. Celui qui connaît bien la réalité, connaîtra aussi certainement quelque chose du type. Le vrai secret de notre difficulté, c'est notre ignorance; et, ce qui est le plus triste, nous n'en avons pas conscience ; notre orgueil naturel, qui recule devant une confession d'ignorance ou devant les exercices par lesquels on passe quand on veut connaître Christ et demeurer en Lui, s'excuse, en disant que tout cela n'est pas important, ou du moins pas essentiel. Paul rencontra le même esprit dans plusieurs des églises primitives. C'est ainsi que, dans l'épître aux Hébreux, quand il établit la doctrine de la sacrificature éternelle de Christ, il parle de Lui en l'appelant un souverain sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec; mais, en indiquant ses preuves, il est obligé de leur dire que leur lenteur à comprendre vient moins de l'obscurité du sujet que de leur ignorance et de leur peu de développement spirituel. « Au sujet duquel (Melchisédec) nous avons beaucoup de choses à dire, et qui sont difficiles à expliquer, puisque vous êtes devenus paresseux à écouter. Car, lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps, vous avez de nouveau besoin qu'on vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu, et vous êtes devenus tels, que vous avez besoin de lait et non de nourriture solide » (Héb. V, 11. 12. Voy. aussi 1 Cor. III, 1. 2).

La vraie difficulté pour eux gisait dans leur manque de développement spirituel. Un homme peut être né de Dieu, et comme tel avoir la vie de Christ, être un héritier du ciel, possédant tout ce que l'amour de Dieu a mis en réserve pour les siens, et cependant, comme un enfant, ne rien savoir de son héritage, rien de la volonté de son père, être étranger à son service et exposé par conséquent à être entraîné dans l'erreur par le premier séducteur venu.

C'est maintenant le cas, je le crains, de beaucoup de croyants. L'Eglise n'a plus qu'une mesure abaissée; elle fait de la possession de la vie éternelle la fin, au lieu d'en faire le - commencement de la carrière chrétienne; aussi beaucoup de chrétiens pensent que, s'ils ont cette vie, ou s'ils peuvent y arriver une fois, c'est assez. Mais telles ne sont pas les pensées de Dieu. La naissance spirituelle est une naissance divine et éternelle, une vie qui a été donnée une fois et qui ne peut être retirée. L'enfant a la vie, oui, mais ce n'est pas tout, il faut encore. qu'il soit élevé, vêtu, instruit. Tant que le chrétien est enfant, il lui faut uniquement du lait, qui suffit à l'entretien de la vie en lui; il n'a pas encore besoin des vérités plus profondes de l'Ecriture. Une nourriture solide pourrait être du poison pour un enfant; tandis que le lait, les doctrines élémentaires de la Parole, ne suffisent plus à l'homme qui consacre ses forces à un service actif. L'homme de Dieu a besoin d'une vérité plus profonde; et c'est sans doute faute de la posséder que nous manquons de puissance dans notre service et que notre activité est souvent le fruit de notre énergie naturelle plutôt que celui de la puissance de l'Esprit.

A propos de ce passage des Hébreux que nous avons cité, remarquons encore, quoique ceci n'ait pas trait directement à notre sujet, qu'il est écrit: « La nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé, par l'usage, à discerner le bien et le mal » (Hébr. V, 14). Nous possédons la vérité, mais c'est en la mettant en pratique seulement que nos sens spirituels sont exercés et que nous faisons des progrès. Soyons fidèles à la lumière et à la grâce que nous avons reçues et alors seulement nous marcherons rapidement en avant.

Mais il est temps d'en revenir à ce qui est proprement notre sujet: Les types en général et leurs différences caractéristiques dans les livres de l'Ancien-Testament.

On sait généralement que, dans l'Ancien-Testament, il y a des personnes, des choses, des temps et des actes typiques; mais, ce qui est moins connu, c'est que le caractère de ces types varie, et que Dieu lui-même les a rangés dans différentes classes, si je puis dire ainsi, chacun étant distinct des autres et ayant quelque chose de particulier. Les livres de l'Ancien-Testament sont les divisions de Dieu lui-même; chacun d'eux peut être appelé un des chapitres de Dieu; dans chacun, nous trouvons un caractère typique différent. On pense en général que les types sont de simples esquisses, ce qui est bien loin de la vérité. Au contraire, tous portent le sceau du fini et de la perfection. Il n'est pas nécessaire d'avoir une connaissance approfondie des différents livres de la Bible et de leurs types pour s'en convaincre. Christ est la clé pour les comprendre tous. Il est la clé des types et celle de la Bible. C'est plus qu'une esquisse que Dieu nous a donnée de Lui. Depuis le commencement jusqu'à la fin, la Parole est pleine de Lui, et Il nous est présenté tout entier dans la Parole où nous voyons Christ dans ses offices, dans son caractère, dans sa personne; Christ dans ses relations avec

Dieu et l'homme, Christ dans son corps qui est l'Eglise, Christ comme donnant à Dieu tout ce que Dieu demande de l'homme, Christ comme apportant à l'homme tout ce que l'homme demande à Dieu, Christ vu dans la nouvelle dispensation et dans la gloire, Christ le premier et le dernier, le tout en tous pour son peuple. Ces différents livres ne sont que des chapitres dans lesquels Dieu fait ressortir l'un ou l'autre des différents caractères de son Fils bien-aimé.

Beaucoup de personnes consentent à ne rien savoir de tout cela: Le sang dont les maisons étaient aspergées en Egypte leur suffit. Et, en effet, c'est là ce qui assure le salut; mais que de choses outre cela! La simple connaissance du sang ne nous enseigne jamais notre office sacerdotal, ni la valeur de l'usage des sacrifices, ni la volonté du Seigneur à notre égard. Le sang, en effet, partout où il se trouve, est pour nous une garantie de notre parfaite sécurité, et c'est une bénédiction de savoir que les droits de Dieu ont été satisfaits; mais, comme ses rachetés et ses bien-aimés, ne devons-nous pas aussi désirer en savoir davantage sur sa volonté et sur la part qui nous est faite ?

Ce que nous connaissons maintenant de tout cela est peu de chose, mais c'est assez pour nous faire désirer d'en savoir davantage. Comme un ancien auteur l'a très bien dit: Dieu, dans les types de l'ancienne dispensation, enseignait les lettres à ses enfants. Dans notre dispensation, Il leur enseigne à mettre ces lettres ensemble, et voici Il trouve que, de quelque manière qu'Il les arrange, elles forment toujours le nom de Christ et rien que cela. Dans la dispensation à venir, Il nous enseignera ce que signifie ce nom de Christ. Sans doute, mais l'Eglise, comme déjà ressuscitée avec Christ ,déjà assise dans les lieux célestes (Eph. II, 6), doit dès maintenant pénétrer plus avant dans cette connaissance de Christ et se rendre compte de ce qu'Il a fait aussi bien que de ce qu'Il est pour nous. Que le Seigneur nous fasse part à tous de sa plénitude infinie!

J'ai dit que les types de l'Ancien-Testament présentaient des différences notables et que leur arrangement en classes distinctes dans les différents livres répond à un certain but. Pour ma part, je n'ai aucun doute à cet égard, mais le difficile c'est de rendre le fait évident pour d'autres. Permettez cependant que je considère le fait comme admis, en attendant que, avec la grâce de Dieu, j'essaie de vous en donner les preuves.

Ceux qui connaissent assez bien les livres de la Bible pour avoir leur contenu présent à la mémoire, se rappelleront combien ces livres diffèrent les uns des autres quant à leur caractère général; les uns, comme par exemple la Genèse, sont de simples récits, les autres, comme le Lévitique, ne traitent d'un bout à l'autre, que de cérémonies et d'observances. Tous ces livres, qu'ils renferment des récits ou des détails relatifs aux ordonnances symboliques, sont typiques comme nous le voyons par le Nouveau-Testament. Mais le caractère de ces types est loin d'être le même partout. C'est là-dessus que je veux maintenant attirer l'attention.

D'une manière générale, voici en quoi consistent ces différences. Les types de la Genèse préfigurent les buts dispensationnels (1) de Dieu à l'égard du développement de l'humanité; ils nous font connaître sa volonté secrète et ses voies dans la succession des différentes dispensations. Le caractère général des types de l'Exode, c'est de présenter la rédemption et ses conséquences; nous y voyons le peuple élu, racheté de l'esclavage et rapproché de Dieu. Les types du Lévitique se rapportent, je crois pouvoir dire, uniquement à l'accès que, nous avons auprès de Dieu; les Nombres et Josué sont de nouveau bien différents; le premier de ces livres renferme les types en relation avec notre pèlerinage dans le désert; les types du second ont trait à notre position au-delà du Jourdain, et nous considèrent comme morts et ressuscités avec Christ.

Je ne veux pas dire, qu'on me comprenne bien, que la Genèse soit le seul livre qui ne contienne que des types relatifs aux dispensations; je crois, au contraire, qu'on en trouverait beaucoup de cette nature dans les autres livres; mais, quand c'est le cas, le type est subordonné au sujet principal du livre. C'est ainsi encore que si les Nombres sont le livre du désert, les types dispensationnels qu'ils renferment, si toutefois il y en a, se rapporteront au désert (2)

Ces livres ne sont pas d'ailleurs les seuls de l'Ancien-Testament dans lesquels se remarque le caractère typique. Je suis persuadé que, si notre intelligence spirituelle était plus développée, les autres livres donneraient lieu aux mêmes observations (3).

On me demandera peut-être de fournir les preuves de mes assertions. Je réponds que le Nouveau-Testament lui-même me semble le faire. Mais, comme dans toute autre étude, les preuves ne sont naturellement pas évidentes pour tous ceux auxquelles elles seront présentées.

Tout le monde n'a pas assez d'intelligence pour saisir ce que les astronomes regardent comme indiscutable et absolument évident. Il en sera de même ici. Et j'ose dire que ceux qui sont le plus avancés dans la communion spirituelle, qui ont le mieux compris ce qu'est Christ et quelles sont les pensées de Dieu à son égard, seront aussi les mieux qualifiés pour apprécier la valeur des preuves que je vais leur donner.

Pour en revenir à la GENÈSE, je disais que ces types étaient pour la plupart d'un caractère dispensationnel, et qu'ils montraient quel est le grand bal des dispensations de Dieu, dispensations qui tendent toutes au développement de l'humanité. Mais il sera bon que j'explique ce que j'entends par «buts dispensationnels ». Depuis la chute de l'homme, Dieu s'est mis en rapport de différentes manières avec lui, à des degrés différents d'intimité, et aussi, dans un certain sens, sur des principes différents. En tout cela, Il a toujours eu en vue de nous révéler ce qu'Il est et de nous montrer ce qu'est l'homme ; mais c'est par des moyens divers et par des épreuves répétées qu'Il a atteint ce but.

Voici donc ce qui est arrivé. L'homme est tombé par sa désobéissance, et ainsi le péché est entré en lui et dans toute sa race. Les différentes dispensations, tout en étant des révélations de Dieu, étaient en même temps des moyens présentés à l'homme de se relever. Dieu a d'abord éprouvé l'homme sans la loi, et le résultat de cette épreuve a été le déluge, car « la terre était pleine de violence » (Gen. VI, 11). Dieu, ensuite, plaça Noé et sa famille dans une position d'autorité, éprouvant ainsi l'homme en le mettant sous la dépendance d'un autre homme selon cette parole : « Qui aura versé le sang, de l'homme par l'homme, son sang sera versé » (Gen. IX, 6), en quelque sorte comme pour voir si, avec ce secours, l'homme pourrait se relever dans -une certaine mesure. Le résultat rut qu'au bout de peu de temps il tomba ouvertement dans l'idolâtrie. Dieu alors se manifesta plus particulièrement comme Celui qui se plaît à donner, et les autres dispensations sont plus spécialement les siennes.

Nous le voyons choisir une famille - celle d'Abraham - et, pour offrir à l'homme tous les moyens de se relever, Il lui donna une loi parfaite. Ce fut la dispensation de la loi.

Mais quelle fut la fin de cette épreuve? Ai-je besoin de le rappeler ? Dieu envoya ses serviteurs pour chercher le fruit que les vignerons auxquels Il avait loué sa vigne devaient lui donner, mais ceux-ci tuèrent les uns et maltraitèrent les autres. A la fin, Il envoya son Fils, mais ils le repoussèrent et le crucifièrent (Matth. XXI, 33-39). Telle a été la fin de cette première dispensation, et l'homme dans la chair, mis à l'épreuve, a montré qu'il ne pouvait pas être relevé ni changé par la loi.

Dieu alors a introduit quelque chose de nouveau, la dispensation de résurrection, c'est-à-dire la dispensation chrétienne, qui diffère de la précédente en ce point surtout qu'elle ne reconnaît en aucune manière l'homme dans la chair et qu'elle ne voit en lui qu'un sujet du royaume céleste vivant d'une vie nouvelle. Toute épreuve était désormais superflue, car il était bien évident que l'homme dans la chair était perdu et sans ressource, et c'était là la signification du baptême (4). Dieu voulait maintenant se faire un peuple régénéré par la résurrection de Jésus-Christ (1 Pierre I, 3), un peuple de témoins non pas de ce qu'ils sont, mais de ce qu'Il est, Lui. Alors donc commença une nouvelle dispensation qui ne reconnaissait plus absolument l'homme dans la chair et dans laquelle Dieu agit d'une tout autre manière que dans la précédente. C'est la dispensation actuelle.

Je me suis étendu sur cette question, plus peut-être que mon sujet ne l'exige, mais son importance me servira d'excuse, et cette importance, j'ai du regret à le dire, n'est que bien peu reconnue par beaucoup de chrétiens. Ce que j'ai dit montrera comment Dieu a agi avec l'homme selon les dispensations, c'est-à-dire comment ses exigences et ses lois ont changé avec les dispensations. La première dispensation de Dieu était celle de la loi, la seconde celle de l'Evangile.

1) Le lecteur voudra bien excuser l'emploi de ce mot, que l'on trouve d'ailleurs déjà dans quelques ouvrages. 

2) L'histoire renfermée dans le XXXII ème chapitre en fournit, je crois, un exemple.

3) La comparaison des livres des Rois avec ceux des Chroniques appuient ce que je dis là. Les mêmes personnes s'y retrouvent, mais elles sont présentées sous un point de vue différent. Le caractère typique de chacun de ces livres donnera la clé des différences qu'on remarquera.

4) Le contraste entre le baptême et la circoncision est un des caractères de ces deux dispensations respectives. La circoncision, comme nous le dit Pierre (1 Pierre III, 21) représentait le dépouillement de la souillure de la chair. C'est toujours cela que l'ancienne dispensation avait en vue; car elle supposait que la chair pouvait s'amender. L'homme donc, semence d'Abraham selon la chair, entrait dans cette alliance, étant dans la chair. Le baptême, au contraire, comme cela nous est répété plusieurs fois (Rom. VI; Col. II; 1 Pierre III), représente la mort et l'ensevelissement de la chair; car cette dispensation repose sur ce fait bien admis que la chair est incorrigible et que ce n'est qu'en temps qu'il est vivifié par l'Esprit que l'homme peut s'approcher de Dieu; en un mot, que si un homme n'est pas né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Et le croyant, ainsi né de nouveau, est appelé à reconnaître l'absolue incapacité de la chair, en se soumettant à une ordonnance qui, accomplie comme il convient, caractérise parfaitement la nouvelle alliance, comme la circoncision caractérisait l'ancienne.
- Table des matières Chapitre suivant