HISTOIRE DES VAUDOIS.
CHAPITRE
XIX.
LES VAUDOIS RENTRÉS SOUS LA
DOMINATION DE LEUR PRINCE LÉGITIME SONT
PERSÉCUTÉS AVEC LA DERNIÈRE
RIGUEUR.
Retour des Vaudois sous la domination
de Savoie. Emmanuel-Philibert, sollicité, publie un
édit de persécution, en 1560. L'inquisition
sévit dans la plaine. - Martyrs à Carignan,
à Méane, à Barcelonnette. -
Démarches des Vaudois. - Cruautés. -
Commissaires du duc aux Vallées. - Les moines de
l'Abbadie et leurs victimes. - Concession momentanée
du duc. - Mission de Poussevin. - Dispute publique. -
Dernières démarches. - Préparatifs de
défense. - Le comte de la Trinité aux
Vallées, avec une armée, recourt à la
ruse, éloigne les notables. - Oppression croissante.
- Alliance avec le val Cluson - Les Vaudois attaqués
à réitérée fois, dans leur
refuge du Pradutour, toujours vainqueurs. - Trêve. -
Signature du traité de paix; base des relations
futures des Vaudois avec leur souverain.
Après avoir été
asservi à la France pendant vingt-trois ans, le
Piémont fut rendu à son légitime
souverain, le 3 avril 1559, par le traité de
Catteau-Cambrésis, à l'exception de Turin et
de trois villes fortes du voisinage avec leur territoire.
Ainsi, les Vallées Vaudoises retournèrent sous
la domination de la maison de Savoie. Le duc régnant
Emmanuel-Philibert qui, en 1553, avait succédé
à son père Charles III (auteur de la
persécution de Bersour), était un prince
justement apprécié, distingué autant
par sa valeur que par des talents peu communs et par la
sagesse de son administration. Il venait d'épouser
Marguerite, soeur du roi de France. Cette princesse,
instruite de l'excellence des principes
évangéliques par ses illustres parentes,
Marguerite reine de Navarre et Renée de France, fille
de Louis XII, était bien disposée pour les
réformés. Les Vaudois pouvaient donc
espérer des jours tranquilles et la jouissance du
culte de leurs pères.
Mais en faisant la paix, les
princes contractants s'étaient promis
réciproquement de combattre la réforme et de
détruire cette hérésie. Le règne
d'Emmanuel-Philibert ne devait donc se consolider que pour
aboutir à la persécution religieuse.
Déplorable et honteuse nécessité, si
c'en était une!
Il est certain aussi, et le
fait a été constaté dans le chapitre
précédent, que la doctrine vaudoise qui
n'était autre que celle de la réforme,
s'était répandue de proche en proche en
Piémont, pendant la domination française, et
que, dans les Vallées surtout comme, à leurs
abords, l'Église dite hérétique
s'était fort accrue et avait remplacé son
ancien système de dissimulation par une profession
générale et publique. Les clameurs des
zélés papistes, blessés dans leurs
croyances, irrités des succès des amis de la
Bible, les cris d'effroi des dévots, les lamentations
incessantes des superstitieux partisans des images, le
mécontentement de plusieurs seigneurs, inquiets des
effets que pourraient avoir pour leurs revenus les
changements de religion de leurs vassaux, pardessus tout
enfin, les plaintes des prêtres dont la
considération diminuait autant que leur
prébende, accusaient auprès du gouvernement du
jeune duc les braves Vaudois, et sous le masque de la
religion et de la justice ne demandaient (lue vengeance. On
peut croire que le jugement du prince lui conseillait une
administration paisible et mesurée, et que le voeu de
son coeur, éclaire par les douces
représentations de son épouse, le portait
à épargner des sujets inoffensifs. Mais ne
connaissant pas par lui-même la piété
qui est selon la vérité, élevé
dans les erreurs de Rome, comment eût-il su et pu
résister aux instances de l'inquisition, des
prélats et du nonce papal, coalisés contre les
Vaudois avec des seigneurs de la cour et avec les
ambassadeurs de France, d'Espagne et de divers princes
d'Italie.
Aux sollicitations de tant
d'ennemis de l'Evangile, Emmanuel-Philibert , après
une année de règne, publia donc le 15 de
février 1560, à Nice, sa résidence
(Turin étant toujours entre les mains des
Français), un édit de persécution
contre les Vaudois et les réformés de ses
états. Il y était défendu à tout
sujet de son Altesse d'aller entendre les
prédicateurs non catholiques du val Luserne ou de
tout autre lieu, sous peine de cent écus d'or
d'amende, pour une première fois, et des
galères perpétuelles pour la seconde. La
moitié de l'amende était promise au
dénonciateur. Bientôt après suivirent de
nouvelles ordonnances plus sévères les unes
que les autres, et entre autres, celle d'assister à
la messe sous peine du bûcher. L'exécution des
édits fut confiée à un prince du sang,
Philippe de Savoie, comte de Raconis, cousin du due, et
à George Coste, comte de la Trinité. On leur
adjoignit pour la procédure Thomas Jacomel,
inquisiteur général, homme cruel et dissolu,
le conseiller Corbis, en qui la violence n'avait pas
éteint la sensibilité, comme il le prouva en
résignant ses pouvoirs après avoir
assisté à quelques scènes de barbarie,
et le prévôt général de justice.
( Voir LÉGER,... Ii éme part., p. 34. -
GILLES,... chap. XI, p. 72, 73. Voir le même auteur
pour tout ce qui suit. )
C'est à Carignan qu'on
commença à appliquer l'ordonnance de
persécution; et d'abord sur un étranger, pour
épouvanter les nombreux réformés que
comptait cette ville opulente. Mathurin
(1), c'était son nom, après
avoir confessé sa croyance, devait, aux termes de
l'édit, être brûlé, si dans trois
jours il ne se rétractait pas et ne consentait pas
à aller à la messe. Jeanne, sa fidèle
femme, obtint de le voir, voulant, disait-elle, lui parler
pour son bien. À peine introduite dans son cachot,
semblable à la courageuse mère des
Macchabées, elle exhorta son mari en présence
des commissaires à persévérer dans la
profession de sa foi pour le salut de sort âme,
à ne s'inquiéter «aucune chose de ce
monde, non pas même de son supplice qui serait de peu
de durée, ni de la laisser veuve et
délaissée; car elle était
résolue de, raccompagner à la mort, si telle,
était la volonté de Dieu. Les menaces des
commissaires ne purent l'ébranler ni elle ni son
mari. Elle obtint même par ses sollicitations de subir
sa peine le même jour et sur le même
bûcher que son époux.
Les fidèles de Carignan
et &une infinité d'autres lieux,
persécutés à outrance, s'enfuirent
à Turin, alors terre de France, ou ailleurs. Leurs
biens furent confisqués, mais ils sauvèrent
leur vie, du moins pour le moment. Il est triste d'ajouter,
mais la vérité l'exige, que plusieurs
abjurèrent par crainte de la mort et pour conserver
leur fortune à leurs enfants.
Les exécuteurs des
vengeances romaines saccagèrent, dans le voisinage de
Suse, les contrées de Méane et Mattis,
peuplées de Vaudois, en condamnèrent les
habitants aux galères, ou à d'autres peines,
et en brûlèrent lentement, à petit feu,
le digne ministre. La vallée de Barcelonnette, et
d'autres, nouvellement soumises au duc,
éprouvèrent de semblables
traitements.
Insensiblement la
persécution qui venait de sévir tout autour
des Vallées, s'approchait de cette antique forteresse
de la vérité évangélique. Le
récit des dévastations, des confiscations, des
arrestations, des sentences infamantes, des supplices et des
abjurations, parvenait de toutes parts à ces hommes
voués aux mêmes maux. Dans des conjonctures si
critiques, les pasteurs et les principaux des Vallées
se réunirent pour aviser aux moyens
«écarter le danger, s'il était possible.
On implora, par d'ardentes et d'humbles prières, les
directions de l'Esprit de Dieu et les effets de sa
grâce toute-puissante. Puis l'on décida
«écrire au duc, à la duchesse et au
conseil pour leur exposer l'état des affaires, ainsi
que la justice de leur cause, et pour implorer la
clémence d'un souverain qu'ils n'avaient jamais eu le
dessein d'offenser.
Dans la lettre à leur
prince, ils réclament de sa justice le droit reconnu
à tout accusé, même à tout
coupable, savoir celui d'être entendu avant que
d'être condamné. Ils protestent ensuite
solennellement de leur attachement à la vraie foi et
à la religion pure et sans tache du Seigneur
Jésus-Christ. Ils déclarent que la doctrine
qu'ils suivent est celle des prophètes, des
apôtres, du concile de Nicée et d'Athanase,
qu'ils acceptent volontiers les décisions des quatre
principaux conciles et les écrits des anciens
pères de l'Église, dans tout ce en quoi ils ne
s'éloignent point de l'analogie de la foi. Ils
assurent qu'ils rendent de bon coeur l'obéissance due
à leurs supérieurs et qu'ils cherchent la paix
avec leurs voisins. Que, quant à leurs opinions, ils
ne refusent pas de se laisser éclairer; que, loin de
s'opposer à un concile libre, dans lequel toute
question serait débattue et résolue par la
Parole de Dieu, ils le désirent de tout leur coeur et
qu'ils prient Dieu de disposer les princes à en
accorder un. Ils supplient ensuite leur souverain de bien
considérer que la religion qu'ils suivent n'est pas
nouvelle comme quelques-uns voudraient le faire croire; mais
que c'est la religion de leurs pères, de leurs
aïeux, des aïeux de leurs aïeux, et de leurs
prédécesseurs les saints martyrs, les
confesseurs, les prophètes et les apôtres.ils
font ensuite mention de leur confession de foi, disant
qu'ils l'avaient proposée à l'examen des
docteurs de toute université du monde
chrétien, avec promesse de se départir de
toute erreur qui s'y trouverait, si elle était
démontrée par la Parole de Dieu; mais qu'on ne
leur en avait signalé aucune. En conséquence,
ils demandent d'être tolérés. « Au
nom du Seigneur Jésus, écrivent-ils, nous
requérons que si, en nous, en notre religion, se
trouve quelque erreur ou faute , elle nous soit
démontrée; mais si nous avons la
vérité pure et irrépréhensible,
qu'elle nous soit laissée pure et entière.
C'est chose certaine, sérénissime prince, que
la Parole de Dieu ne périra point, mais durera
éternellement. Si donc notre religion est la pure
Parole de Dieu, comme nous en sommes persuadés, et
non une invention humaine, il n'y aura aucune force humaine
qui la puisse abolir. C'est ce que Gamaliel a dit pour la
défense des apôtres, et chacun en
reconnaît la vérité : Ne poursuivez plus
ces gens-là, disait-il , mais laissez-les en repos;
car, si ce dessein est un ouvrage des hommes, il se
détruira de lui-même; mais s'il vient de Dieu,
vous ne pouvez le détruire, et prenez garde qu'il ne
se trouve que vous ayez fait la guerre à Dieu. »
(Actes des Apôtres, chap. V, v. 38 et
39.)
Les courageux Vaudois
rappelaient ensuite à leur prince, que l'on avait en
vain essayé autrefois de détruire, par la
persécution, la religion de leurs ancêtres; et
ils le conjuraient de ne pas se joindre à ceux qui
s'étaient souillés de sang innocent. Ils lui
promettaient une entière fidélité et
une parfaite soumission en tout ce qui ne porterait pas
atteinte à leur foi, voulant rendre à
César ce qui est à César, comme
à Dieu ce qui est à Dieu. « Et nous
prierons de tout notre coeur, ajoutaient-ils, notre Dieu
tout bon et tout puissant qu'il lui plaise de conserver
votre Altesse en toute prospérité. » La
lettre était signée au nom des habitants des
vallées de Luserne, Angrogne, Pérouse,
Saint-Martin et d'autres innombrables habitants du pays de
Piémont.
La lettre adressée
à la duchesse était dans un style
différent : elle ne renfermait pas d'apologie. On lui
témoignait une grande confiance. On lui parlait comme
à une protectrice et à une amie. On lui
exposait les maux qu'avaient déjà soufferts
les disciples de la Parole de Dieu, à Carignan et
autres lieux , et les menaces terribles qu'on faisait
à tous ceux qui ne consentiraient pas à se
rendre à la messe. Enfin, en se recommandant à
sa bienveillante et puissante intervention auprès du
prince, son époux, on lui rappelait les exemples
d'Esther et d'autres femmes pieuses, ainsi que ceux de
fidèles qui avaient sauvé les enfants de Dieu
persécutés.
La lettre adressée au
conseil de son altesse reproduisait les
considérations et les prières contenues dans
la lettre du duc, avec des développements nouveaux.
Elle insistait sur l'obligation imposée aux
magistrats chrétiens d'empêcher l'effusion du
sang innocent, et sur le compte qu'ils auraient à
rendre de leur gestion à Dieu. Elle les invitait
à se souvenir de ce que Dieu avait dit et fait pour
le sang d'un seul Abel, et à penser à ce qu'il
ferait pour le sang d'un si grand nombre de fidèles
qu'on persécutait à mort. Ils
réclamaient enfin, pour eux chrétiens,
isolés dans leurs montagnes, la même
tolérance qu'on accordait aux Juifs et aux Sarrasins,
au milieu des meilleures villes du
Piémont.
Les Vaudois ajoutèrent
à cette lettre une apologie ou défense de leur
religion, ainsi que de leur conduite présente et
passée. Ils y réfutaient victorieusement
«injustes accusations et quelques calomnies. Ils
envoyèrent aussi leur confession de
foi.
Ce ne fat pas une petite
difficulté pour ces hommes voués au
mépris, frappés de réprobation,
abandonnés d'avance aux exécuteurs de la
justice, que de faire parvenir, d'une manière
sûre, leur justification et leurs requêtes entre
les mains de leur prince et de leur princesse circonvenus.
De deux de leurs amis qui s'étaient rendus à
Nice à cet effet, l'un, le sire de Castillon, se
laissa effrayer par la perspective des affronts et des
insultes à endurer. Mais l'autre, Gilles de
Briquéras, bien venu auprès du comte de
Raconis, ne repartit de la résidence qu'après
avoir pu faire parvenir toutes les pièces à la
duchesse et obtenu «elle de les présenter
elle-même au duc. Les Vaudois s'étaient aussi
recommandés à l'intercession et aux bons
offices d'un de leurs seigneurs, le comte Charles de
Luserne, seigneur d'Angrogne.
Mais pendant que les
députés des Vaudois se rendaient à
Nice, puis durant les trois mois qui
s'écoulèrent avant que Gilles eut remis les
lettres à Marguerite de France, l'état des
choses déjà si menaçant empira, et la
haine intéressée se fit jour contre les amis
de la Bible par des violences. Ce turent «abord des
seigneurs de la contrée qui se firent les agents de
la persécution et qui rivalisèrent de barbarie
avec l'inquisiteur et ses suppôts. Tandis que le
dominicain Jacomel et le conseiller Corbis, établis
à Pignerol, signifiaient par lettres aux Vaudois
qu'ils eussent à se soumettre à
l'Église de Rome et à aller à la messe,
et que le comte de Raconis entrait en pourparler à
Saint-Jean, en avril 1560, avec les syndics et les
ministres, sans autre résultat qu'un échange
de paroles, divers seigneurs maltraitaient leurs vassaux et
leurs voisins de la religion. Dans la vallée de
Luserne, on se plaignait surtout du comte Guillaume qui,
avec quelques amis et à la tête de ses
serviteurs, arrêtait et dénonçait les
Vaudois, surtout ceux de Bubbiana, Campillon et Fenil, qui
se rendaient au prêche. Il faisait de cette manoeuvre
une spéculation, revendiquant pour sa peine la
moitié de l'amende de cent écus d'or,
infligée par l'édit à chaque
délinquant convaincu de faute pour la première
fois.
Dans la vallée de
Saint-Martin, deux frères, Charles et Boniface
Truchet (2),
tourmentaient sans relâche les Vaudois de leur
seigneurie de Rioclaret. C'était la haine de la
religion évangélique qui les animait.
Déjà, durant la domination française,
ils avaient fait tout ce qui dépendait d'eux pour
empêcher que les services religieux se fissent
publiquement. C'étaient eux qui avaient
arrêté et livré à l'inquisition
le libraire Hector brûlé à Turin.
Dernièrement encore., ils avaient, à deux
fois, cherché à s'emparer du pasteur. Une
première fois, ils l'avaient laissé comme mort
entre les bras de ses fidèles paroissiens qui le leur
disputèrent ; et une seconde fois, ils l'eussent
arrêté dans le temple même, ayant
déjà mis la main sur lui, sans la
résistance opiniâtre de l'assemblée.
L'édit de persécution avait été
sollicité par eux. Ils avaient même obtenu
permission de lever cent hommes, et de les employer à
la soumission des hérétiques.
Or donc, au mois d'avril 1560,
ils assaillirent à l'improviste les hameaux de la
commune de Rioclaret, épars sur le penchant des
monts, ravageant et tuant. Le jour paraissait à peine
; les habitants épouvantés se
précipitent hors de leurs maisons, la plupart sans
vêtements, jetant des cris d'alarme pour avertir leurs
frères, et vont chercher un refuge sur les hauteurs
encore couvertes de neige. Le ministre n'échappe
qu'avec grande difficulté. Et tandis que la
population, chassée à coups «arquebuse,
se consume par le froid et par la faim dans les retraites
des bois et des rochers, leurs impies agresseurs se gorgent
de biens dans les chaumières abandonnées. Un
ministre de la vallée, de retour de Calabre depuis
peu, apprenant ce malheur, veut aller consoler ses
frères dans la détresse, mais il est reconnu,
saisi et conduit à l'abbaye de Pignerol, où
Jacomel et Corbis le condamnent au feu, ainsi qu'un autre
homme de la vallée de Saint-Martin. Cependant les
fugitifs virent poindre la délivrance au
quatrième jour; quatre cents de leurs
coreligionnaires du val Cluson, soumis à la France,
émus de compassion à la nouvelle de leur
infortune, passèrent les monts et vinrent se jeter
sur la troupe ennemie qu'ils dispersèrent. Les
Truchets exaspérés s'en allèrent
à Nice se plaindre au duc et réclamer secours.
On leur promit tout. On leur accorda aussi de reconstruire
le château du Perrier, détruit par les
Français, vingt ans auparavant, et d'y tenir
garnison. Des circonstances personnelles à ces
seigneurs (3)
arrêtèrent seules pour le moment l'explosion de
leur colère. (GILLES,... chap. XIII, P. 88,
etc.)
Vers la fin du mois de juin,
Philippe de Savoie, comte de Raconis, haut commissaire, vint
pour la seconde fois dans la vallée de Luserne,
accompagné du comte de la Trinité, son
adjoint. Ayant assemblé les ministres et les syndics,
ils leur apprirent que leurs écrits avaient
été envoyés à Rome par le duc
qui attendait la réponse du pape. Puis s'adressant
aux chefs des communes, ils leur insinuèrent que la
persécution cesserait aussitôt et que les
prisonniers seraient remis en liberté, si les
Églises consentaient à écouter les
prédicateurs que le duc leur enverrait, et s'ils
retiraient à leurs pasteurs le droit de
prêcher, pendant qu'on ferait l'épreuve du
savoir faire des premiers. Les syndics répondirent
sur-le-champ au premier point : que si les
prédicateurs proposés annonçaient la
pure Parole de Dieu, ils les écouteraient; mais non
dans le cas contraire. Quant au second point, ils
demandèrent d'y réfléchir jusqu'au
lendemain : leur réponse fut qu'ils ne pouvaient
faire cesser leurs pasteurs aussi longtemps qu'ils
n'auraient pas reconnu que les nouveaux prédicateurs
étaient de vrais serviteurs de Dieu et des ministres
du pur Évangile de vérité;
réponse aussi prudente que sage et digne de
magistrats pieux. Ils refusèrent également de
renvoyer ceux de leurs pasteurs qui étaient
étrangers. Les commissaires du duc exigeant une
réponse par écrit à leurs demandes, le
conseil des communes s'assembla le 30 juin et la donna
rédigée avec toute la fermeté
désirable, unie aux formes et aux ménagements
dans les expressions que requérait la dignité
du prince à qui elle était faite. Le
mécontentement des commissaires fut grand. Dans leur
colère, ils firent une nouvelle publication des
édits, et la persécution se ralluma plus
violente que jamais.
Parmi les plus grands ennemis
dont les Vaudois eussent à redouter la fureur, il ne
faut point oublier les moines de l'abbaye de Pignerol. Non
contents de vivre dans l'opulence, ils s'étaient
accordé de tout temps la satisfaction, douce à
leur coeur, de faire la chasse aux Vaudois. Le moment leur
partit unique pour la faire en grand. C'est pourquoi ils
prirent à leur solde une troupe considérable
de méchantes gens qu'ils lançaient
fréquemment sur les évangéliques de la
vallée de Pérouse, et de Saint-Germain en
particulier, village éloigné de Pignerol
seulement d'une lieue et demie.ils ne réussirent que
trop bien dans fane de leurs expéditions. Ayant
gagné un homme bien connu du pasteur de ce dernier
lieu, ils envoyèrent de grand matin, avant le jour,
ce traître au presbytère requérir pour
un cas pressant le ministère dit fidèle
pasteur, qui ne soupçonna le danger que lorsqu'il
était trop tard, savoir quand il se vit entoure des
sicaires de l'abbaye. Il tenta de s'échapper par la
fuite, en même temps qu'il réveillait les
villageois par ses cris. Hélas! c'était trop
tard ! Il fut atteint, blessé et emmené.
Plusieurs de ses fidèles paroissiens le furent avec
lui, ainsi que des femmes. Quelques-uns même furent
massacrés, en voulant l'arracher des mains des
soldats.. Le pasteur fut, quelques jours plus tard,
lié sur le bûcher. L'on contraignit même,
par un raffinement nouveau de cruauté, et pour le
divertissement des spectateurs, les pauvres femmes
prisonnières à porter des fagots sur le feu
qui consumait lentement leur conducteur spirituel. Nul ne
saurait en renseigner aux prêtres de
Rome.
La troupe soldée de
l'abbaye de Pignerol (de l'Abbadie), forte d'environ trois
cents hommes, fit de nouvelles expéditions contre
Saint-Germain qu'ils dévastèrent. Ils se
jetèrent aussi sur Villar de la Pérouse, qui
en est proche, ainsi que sur les villages voisins, Prarustin
et Saint-Barthélemi. Ils poussèrent même
leurs courses jusqu'à Fenil, Campillon et autres
lieux dans la plaine, au débouché du val
Luserne. Le pillage était leur oeuvre de
prédilection. Les prisonniers qu'ils faisaient
étaient pour la plupart envoyés aux
galères. À leur approche tout fuyait. C'est
à peine si les persécutés osaient faire
leurs récoltes. La famine et l'angoisse
étaient sur le penchant des montagnes vaudoises qui
regarde Pignerol.
Cependant les sicaires des
moines allaient à leur tour trouver à qui
parler. Les habitants du val Luserne, émus de
compassion de la calamité de leurs frères,
songèrent d'abord à les protéger, au
moyen d'un fort détachement d'hommes armés,
qui feraient la garde pendant que les
persécutés récolteraient leurs moissons
et mettraient ordre à leurs affaires.
Un plein succès
couronna leur dévouement.. Mais après leur
départ, les courses des pillards
recommencèrent, jusqu'à ce qu'un jour des gens
d'Angrogne, qui moissonnaient leurs champs sur les hauteurs
qui dominent Saint-Germain, ouïrent une fusillade et,
aperçurent une grosse troupe d'hommes armés se
dirigeant sur le village situé à leurs pieds.
Alors, au cri d'alarme de leurs frères, les
Angrognins bien armés se précipitèrent
dans la plaine, comme une avalanche qui renverse tout sur
son passage. Divisés en deux, bandes, tandis que
l'une mettait les papistes en faite, l'autre s'emparait
à temps du pont sur le Cluson pour leur couper la
retraite.
Il ne restait plus à
l'ennemi cerné, battu, qu'à abandonner ses
morts et ses blessés et à se jeter dans la
rivière. Heureusement pour lui que les eaux en
étaient basses à cause de la sécheresse
de Pété. Plusieurs y périrent
toutefois, atteints par les balles qu'on tirait sur eux du
rivage. Les Angrognins s'étant comptés, et se
trouvant au nombre d'environ quatre cents, eurent un instant
l'intention de se porter sur l'abbaye de Pignerol, pour y
délivrer leurs frères prisonniers, ce qui
eût été très-praticable, comme on
le sut ensuite, les moines et leurs gens saisis de crainte
ayant en hâte quitté leur couvent pour se
réfugier en ville. Mais l'absence d'un chef
expérimenté et la prudence les retinrent de
s'aventurer au milieu des flots de leurs ennemis
acharnés, qui déjà faisaient sonner le
tocsin dans lotis leurs villages et aussi à
Pignerol.
Les Vaudois de la
vallée de Pérouse (rive gauche), soumis
à la France, eurent aussi leurs tribulations à
cette époque. Ils durent quelquefois, comme leurs
voisins, recourir à la force pour se défendre.
(V. GILLES,... P. 94 et 95.)
Cependant, le duc et son
conseil s'étaient sérieusement occupés
des demandes et des représentations que les pauvres
Vaudois leur avaient adressées au printemps. Le duc
se figurant que sa religion était la bonne et que son
excellence pourrait être démontrée par
des raisons suffisantes, comme aussi sans doute par
l'Écriture sainte à laquelle les Vaudois en
appelaient toujours quand il s'agissait de défendre
la leur, le duc inclinait pour accorder à ces
derniers des conférences dans lesquelles des
catholiques éminents par leur savoir
démontreraient la vérité de la religion
de Rome et l'erreur du culte vaudois
(4) Cet avis avait été communique
au pape, mais n'avait pas été
goûté par lui. Le pontife avait répondu
qu'il ne consentirait jamais qu'on mit en discussion les
points de sa religion, que les constitutions de
l'Église romaine devaient être admises
absolument et sans contestation, ni exception, et qu'il ne
restait qu'à procéder avec toute rigueur
contre les récalcitrants; qu'il consentait à
envoyer -un légat avec des théologiens pour
instruire les repentants et pour absoudre du crime
«hérésie ceux qui abjureraient, mais
qu'il n'attendait pas un grand résultat de ce moyen;
que le plus expédient, serait de procéder
contre eux par voie d'exécution, et même par la
force des armes. Il offrait au duc son assistance au
besoin.
L'avis du pape fut admis en
conseil. On ne le modifia que sur un point. On jugea
convenable que le commissaire ecclésiastique
cherchât à convaincre les Vaudois d'erreur et
à les instruire avant de procéder avec la
dernière rigueur. L'on choisit pour cette mission un
homme de renom, parmi ses pareils, mais dont le
mérite n'égalait pas la réputation,
Antoine Poussevin, commandeur de Saint-Antoine de Fossan.
Muni de pouvoirs fort étendus, il vint aux
Vallées, s'attendant à un triomphe facile. Il
prêcha avec fracas à Cavour, à Bubbiana
et à Luserne, se vantant beaucoup et vomissant autant
de menaces que d'invectives contre les
évangéliques. À Saint-Jean, où
il avait convoqué les syndics et les ministres de la
vallée de Luserne, il crut convaincre les assistants
par la Parole de Dieu, en leur démontrant qu'elle
fait mention de la messe, dans le mot massah, qui signifie
consacrer : il soutint que puisque l'Écriture sainte
contient le nom de massah, avec le sens de consacrer, la
messe était donc enseignée dans
l'Écriture sainte. Les ministres qu'il croyait avoir
écrasés et réduits au silence par cette
argumentation n'eurent pas de peine à lui prouver que
la citation n'était pas exacte; qu'il n'était
point parlé de la messe dans le texte sacré;
que le mot de massah n'avait point ce sens, et surtout que
la Bible n'enseignait point les doctrines figurées ou
énoncées dans la messe, la
répétition du sacrifice de notre Seigneur,
l'adoration de l'hostie, ni tant «autres
erreurs.
Poussevin, qui ne
s'était pas attendu à trouver, dans ces
ministres méprisés, des connaissances
théologiques et bibliques qu'il ne possédait
point, renonça brusquement à une discussion
qu'il ne pouvait soutenir avec honneur, et emporté
par la colère il se répandit en injures et en
menaces. Les nobles et les officiers de justice qui
l'accompagnaient étaient honteux de son ignorance ;
ils étaient aussi profondément humiliés
de l'infériorité marquée que cette
discussion assignait à leur religion comme à
ses prêtres.
Ceci s'était
passé dans le courant de juillet et
d'août.
Peu après, probablement
au commencement de septembre, les Vaudois comprenant quels
funestes effets allaient résulter pour eux du rapport
que ferait à la cour l'infortuné Poussevin,
profitèrent du retour du duc dans le nord du
Piémont, pour lui écrire de nouvelles lettres
et pour implorer sa justice et sa pitié. Ils
s'adressèrent aussi à Renée de France,
veuve du duc de Ferrare, princesse éclairée et
amie de la réforme, la suppliant d'intercéder
en leur faveur, à son passage à la cour de
Piémont; mais l'irritation était trop grande
en haut lieu. On estimait avoir jusque-là usé
d'assez de ménagement envers «opiniâtres
religionnaires. On se crut en droit de les faire abjurer par
la force.
Dès le mois d'octobre,
le bruit se répandit dans les Vallées que le
duc levait et rassemblait des troupes pour en exterminer les
habitants. Les Piémontais qui avaient des relations
avec les Vaudois pressaient leurs parents ou amis d'abjurer
ou de fuir pendant qu'il en était temps encore.
Ainsi, le comte Charles de Luserne chercha, par une
manoeuvre adroite, à entraîner ses vassaux
d'Angrogne dans une criminelle défection, au renvoi
de leurs pasteurs, à l'admission de
prédicateurs nouveaux et à la
célébration de la messe dans leur commune. Une
convention était même déjà
signée, quand, le peuple reconnut sa faute et
désavoua tout ce qui avait été
fait.
Il ne restait plus qu'à
se préparer à l'orage qui s'amoncelait, qui
grondait en approchant et qui allait fondre sur les
Vallées. Les pasteurs et les principaux
s'assemblèrent à plusieurs reprises et
délibérèrent sur ce qu'il était
opportun de faire pour éviter la ruine totale dont
ils étaient menacés. Et premièrement,
convaincus que Dieu seul pouvait les délivrer, qu'en
sa miséricorde et en sa grâce était leur
seul recours, ils décidèrent de ne donner la
main à aucune mesure qui fût
préjudiciable à son honneur ou opposée
a sa Parole; ils convinrent «exhorter chacun à
recourir sérieusement à Dieu avec une vraie
foi et une repentance sincère, ainsi que par
d'humbles et ardentes prières. Quant aux
précautions à prendre, ils
arrêtèrent que chaque famille rassemblerait ses
provisions, vêtements et ustensiles et les
transporterait, ainsi que les personnes faibles, dans les
habitations les plus élevées au pied des cimes
et des rochers. Enfin, vers la fin d'octobre, à
l'approche de l'armée papiste, on
célébra un jeune public, et le dimanche
suivant on prit la cène. Dans ce moment solennel, le
peuple fut visiblement soutenu d'en-haut. On le voyait
résigné aux épreuves dont il plaisait
à Dieu de le visiter pour la sainte cause de son
Évangile. Dans l'intérieur des
chaumières et sur les sentiers des montagnes, dans
leurs déménagements, on entendait ces martyrs
de la vérité s'encourageant les uns les autres
par des discours édifiants et par de saints
cantiques.
Quant à la
défense, il y eut diversité d'avis. Les uns
demandaient qu'on ne fît usage des armes qu'à
la dernière extrémité, lorsqu'on serait
poursuivi dans les asiles reculés des montagnes.
D'autres voulaient une résistance immédiate,
alléguant que c'était le pape avec ses
satellites plutôt que leur prince qui leur faisait la
guerre, puisque, comme on l'affirmait, il entrait pour une
grande part dans les frais de l'expédition
(5)
et que, quant au sang versé, s'il y en avait, le
péché devait être imputé, non
à ceux qui le répandraient en défendant
leur vie, leurs familles et leur religion, mais à
ceux qui les attaquaient injustement. Ne vouloir se
défendre, disaient-ils, que lorsqu'on serait
réduit au dernier asile des montagnes, quand l'ennemi
aurait tout pillé et tout détruit dans les
hameaux du bas, c'était se perdre sans ressource,
puisqu'il ne resterait plus alors aucun moyen de subsister ;
ils conjuraient donc de se défendre dès
l'entrée des ennemis dans les Vallées, en se
confiant en Dieu, le protecteur des opprimés. Cet
avis prévalut, et l'on se prépara au
combat.
Le 1er novembre 1560,
l'armée piémontaise, forte d'au moins quatre
mille fantassins et de deux cents chevaux
(6),
composée en partie d'officiers et de soldats, qui
avaient vieilli dans les guerres de leur souverain avec la
France, et commandée par le comte de la
Trinité, arriva à Bubbiana, terre vaudoise, et
le lendemain déjà commença ses
opérations dans la vallée de Luserne par une
attaque contre les hauteurs d'Angrogne, les plus voisines de
Saint-Jean. Les Vaudois n'avaient à opposer à
ces troupes aguerries et disciplinées qu'un petit
nombre d'hommes, mal armés, sans ordre ni
connaissances militaires, n'ayant pour eux, avec le secours
d'en-haut, que leur courage, la connaissance des lieux et
l'habitude de la montagne. Car, quoique, la population
totale des Vallées Vaudoises montât
déjà alors à dix-huit mille âmes
(7),
c'est un fait connu que leurs hommes armés ne
dépassaient pas douze cents, et encore ils
étaient disséminés à de grandes
distances les uns des autres dans leurs trois
vallées. À l'attaque des hauteurs d'Angrogne
par un corps de douze cents Piémontais, l'on n'avait
pu opposer en toute hâte que deux cents hommes.
Ceux-ci cependant firent si bien leur devoir que l'ennemi
battit en retraite, laissant plus de soixante morts, n'en
ayant perdu eux-mêmes que trois
(8).
Le même jour l'armée occupa la Tour, petite
ville en plaine, au coeur de la vallée de Luserne, et
peuplée en majeure partie de catholiques. La
Trinité en fit réparer le château,
situé au nord sur une colline, au
débouché de la vallée d'Angrogne et
détruit Par les Français durant leur
occupation. Il y mit une forte garnison qui se distingua par
ses cruautés. Il fit aussi occuper le château
du Villar, dans la même vallée, celui de
Pérouse dans celle de ce nom, et celui du Perrier
dans celle de Saint-Martin. Le gros de l'armée
était à la Tour, d'où elle pouvait se
jeter ait nord sur Angrogne, à l'occident sur Villar
et Bobbi, et ait midi sur Bora. À l'orient,
Saint-Jean, Bubbiana, etc., étaient
déjà occupés.
Le lundi, 4 novembre, la
Trinité essaya encore ses forces par une
expédition à la Combe, hameau populeux sur la
hauteur qui domine le Villar, où les habitants de
cette commune avaient retiré leurs familles et leurs
biens meubles. Mais ses troupes durent battre en retraite
avec perte, ainsi qu'au Taillaret, hameau montagneux au
nord-ouest de la Tour. Dans ces combats> les Vaudois
avaient fait preuve de capacité militaire, de courage
et d'une résolution bien arrêtée de
mourir plutôt que de livrer leurs familles à
l'ennemi. Le général comprit qu'il avancerait
peu, s'il n'appelait à son aide la ruse et la
politique. Il avait découvert dans ces montagnards
une si grande sincérité et bonhomie, unies
à un désir ardent de paix, une ignorance si
complète des intrigues, et une confiance si
extraordinaire en la bonne foi d'autrui, qu'il vit
immédiatement tout le parti qu'il pourrait en tirer.
Après avoir employé adroitement Jacomel,
l'inquisiteur, et surtout Gastaud, son secrétaire
intime qui feignit d'aimer l'Évangile, le comte ne
rougit pas de tromper les principaux d'Angrogne
appelés auprès de lui, en leur citant de
prétendus discours du duc et de la duchesse des plus
flatteurs pour eux, mais aussi des plus propres à les
endormir, leur laissant entrevoir qu'au moyen de certaines
complaisances tout pourrait s'arranger amicalement. Il
réussit ainsi à leur faire déposer dans
la maison d'un de leurs syndics quelques-unes de leurs armes
dont il s'empara, à laisser célébrer,
soi-disant pour la forme, une messe dans le temple de
Saint-Laurent à Angrogne, et à se faire
conduire, lui général ennemi, au Pradutour,
forteresse, naturelle, refuge ordinaire en temps de
persécution. Certainement les gens d'Angrogne
poussèrent un peu loin la confiance ou la
simplicité. Enfin, Pour couronner l'oeuvre, il les
engagea et après eux les autres communes,
malgré l'opposition de quelques hommes clairvoyants
et de la plus grande partie des ministres
(9),
à envoyer les principaux de leurs vallées en
députation au duc, résidant alors à
Verceil (Turin étant toujours au pouvoir des
Français), pour obtenir la paix.
Par cet artifice, le comte de
la Trinité atteignit plus d'un but. Il endormait la
vigilance de ces pauvres gens; il amollissait leur
résolution par l'espérance de la paix; il les
privait de leurs meilleurs conseillers et les,
empêchait de rien faire contre lui, de crainte de
compromettre la négociation et même la vie de
leurs chefs, actuellement entre les mains des papistes. D'un
autre côté, par ces mesures, le comte ne
s'était imposé aucune gêne à
lui-même et restait libre de ses mouvements comme on
put le remarquer bientôt.
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