HISTOIRE DES VAUDOIS.
CHAPITRE
XI.
CROYANCE DES VAUDOIS.
Source de la foi pour les Vaudois. -
Leur règle de foi. - Rejettent toute doctrine
humaine. - Leur Confession de Foi, - Questions vaines
rejetées. Croient les vérités du
symbole des Apôtres et admettent celui d'Athanase. -
Foi en Dieu, père, Fils et Saint-Esprit. - Chute de
l'homme. - La rédemption. - État de l'homme
après la mort. - Les sacrements. - Soumis à
l'autorité civile. - Leur silence sur
l'élection, la prédestination, etc. - Diverses
accusations de leurs adversaires examinées. -
Conclusion.
La croyance des Vaudois a, comme leurs
écrits, un caractère de fidélité
biblique très-marqué, et se trouve ainsi en
harmonie, dans les traits essentiels, avec la foi de
l'Église primitive et des diverses Églises
évangéliques nées de la
réformation.
Un parallèle complet et
minutieux des doctrines vaudoises avec celles de
l'Église primitive nous entraînerait trop loin;
nous nous bornerons aux traits principaux.
Et d'abord, remarquons que les
Vaudois étaient restés fidèles,
à la pare tradition de l'Église des premiers
siècles, en ce qui concerne la source et la
règle de la foi chrétienne. La source de la
vérité était pour eux tout
entière et uniquement dans la Parole de Dieu; et ils
reconnaissaient comme telle, les livres canoniques de
l'Ancien Testament que les Juifs avaient déjà
admis comme inspirés, et les livres du Nouveau
Testament tels qu'on les possède
généralement. Quant aux livres que les Juifs
nous ont transmis comme apocryphes, ils disaient : Nous les
lisons pour l'instruction du peuple, mais non pour confirmer
l'autorité des doctrines de l'Église. (V.
Appendice, Confession de Foi, art. III.
Quant à la règle
de leur foi, ils rejetaient tout point de doctrine qui ne
leur paraissait pas conforme aux enseignements et à
l'esprit de la Parole de Dieu, en même temps qu'ils
professaient de croire et d'observer tout ce qu'elle
révèle et ordonne. Cette règle sage et
fidèle leur servait de rempart contre l'erreur, et de
réponse aux attaques des adversaires. Prouvez-nous,
disaient-ils à ceux-ci, par les saintes
Écritures, que nous soyons dans l'erreur, et nous
sommes prêts à nous soumettre. Dès les
temps les plus reculés, cette déclaration
toujours la même, sinon dans les termes du moins dans
l'esprit, est un des traits distinctifs de leur physionomie
religieuse. Prenant à la lettre cet ordre de l'esprit
de Dieu, touchant la vérité
révélée : Tu n'y ajouteras rien et tu
n'en retrancheras rien, les anciens Vaudois ont constamment
rejeté les doctrines basées sur
l'autorité et sur les traditions humaines; ils ont
repoussé, avec indignation et avec une sainte
horreur, les images, les croix, les reliques, en tant
qu'objets de vénération "ou de culte;
l'adoration et l'intercession de la bienheureuse vierge
Marie et des saints; ils ont en conséquence
rejeté les fêtes consacrées à ces
mêmes saints, les prières qu'on leur adresse,
l'encens qu'on brûle en leur honneur et les cierges;
ils ont repoussé la messe, la confession auriculaire,
le purgatoire, l'extrême-onction et les prières
pour les morts, Peau bénite, le crème,
l'abstinence des viandes à de certains temps et
à de certains jours, les jeunes imposés et les
pénitences de commande, les processions, les
pèlerinages, le célibat des prêtres, la
vie monastique, etc., etc. Leur déclaration
concernant ces points est aussi précise qu'elle est
forte.
« Nous avons toujours
cru, disent-ils, dans leur Confession de Foi de l'an 1120,
art. X et XI, que c'est une abomination dont il ne faut pas
parler devant Dieu que toutes les choses inventées
par les hommes, telles que les fêtes et les vigiles
des saints, ainsi que l'eau qu'on appelle bénite,
comme aussi de s'abstenir, certains jours, de viande et
d'autres aliments ; et enfin, toutes choses semblables et
principalement les messes. Nous avons en abomination les
inventions humaines comme antichrétiennes; inventions
pour lesquelles nous sommes troublés, et qui portent
préjudice à la liberté d'esprit.
»
On ne voit nulle part que les
Vaudois se soient occupés des vaines questions qui
ont été souvent agitées avec passion,
telles que la virginité perpétuelle de Marie,
sa prétendue qualité de mère de Dieu,
sa nativité, son assomption, et autres semblables,
dont il n'est pas fait mention dans les saintes
Écritures.
Les Vaudois souscrivaient
d'ailleurs aux articles du symbole des Apôtres. On lit
en tête de leur Confession de Foi: « Nous croyons
et conservons fermement tout ce qui est contenu dans les
douze articles du symbole qu'on appelle des Apôtres,
regardant comme hérésie tout ce qui n'y est
pas conforme. » Ils admettaient aussi le symbole
«Athanase, qui se trouve parmi les manuscrits en leur
langue, et les décisions des quatre premiers conciles
généraux., comme ne s'écartant pas de
la règle de doctrine par eux conservée;
savoir, la Parole de Dieu. (V. LÉGER, t. I, p. 116.
)
Pour préciser la
croyance des Vaudois sur quelques points fondamentaux, nous
ajoutons que leur foi en Dieu est scripturaire : « Nous
croyons un Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit,
disent-ils dans l'art. Il de leur Confession. Ce Dieu
tout-puissant, tout sage et tout bon a fait toutes choses
par sa bonté. » (Art. III.)
A l'égard de l'homme
ils s'expriment ainsi : «Dieu a formé Adam
à son image et à sa ressemblance; mais, par
l'envie du diable et par la désobéissance
d'Adam, le péché est entré dans le
monde. et nous sommes pécheurs en Adam et par Adam.
» (Art. IV.)
Ils reçoivent la
doctrine de la rédemption dans sa simplicité
et dans sa pureté. Pour eux le salut est gratuit,
c'est un don de Dieu par l'oeuvre de Jésus-Christ,
don accordé à tous ceux qui croient. «
Nous croyons, disent-ils (art. VII), que Christ nous est
vie, vérité, paix et justice, pasteur et
avocat, victime et sacrificateur ; qu'il est mort pour le
salut de tous les croyants, et ressuscité pour notre
justification. » Leur croyance sur l'état des
hommes après leur mort est parfaitement conforme
à l'Evangile. Nous lisons à l'art. IX de leur
Confession de Foi : «Nous croyons de même
qu'après cette vie, il n'y a que deux séjours
(lieux), l'un pour ceux qui sont sauvés, lequel nous
nommons paradis, et l'autre pour les damnés, lequel
nous nommons enfer : nous nions tout-à-fait ce
purgatoire rêvé de l'Antéchrist et
imaginé contre la
vérité.
Les Vaudois n'admettaient que
les deux sacrements institués par Jésus-Christ
; savoir, le baptême et la sainte cène, et ils
les administraient conformément à leur
institution.
Nous croyons, disent-ils (art.
XII), que les sacrements sont des signes ou des formes
visibles de grâces invisibles. Nous soutenons qu'il
est bon que les fidèles usent quelquefois de ces dits
signes ou formes visibles, si cela peut se faire, et
cependant nous croyons et nous soutenons que lesdits
fidèles peuvent être sauvés ne recevant
pas lesdits signes, lorsqu'ils n'ont ni lien ni moyen d'user
desdits signes. » - Et ils ajoutent (art. XIII) : Nous
n'avons connu d'autres sacrements que le baptême et
l'eucharistie. »
Les Vaudois
n'oublièrent pas un point essentiel, pour les vrais
disciples de Jésus-Christ
(1),
la soumission au pouvoir civil. « Nous devons,
déclarent-ils ( art. XIV ), honorer le pouvoir
séculier par la soumission, l'obéissance, la
bonne volonté, et en payant les redevances. »
À l'exemple des premiers chrétiens, et selon
l'ordre de leur divin maître, ils rendaient à
César ce qui appartient à César, et
à Dieu ce qui est à Dieu.
Telle était, au Xle et
au XIIe siècles, la croyance des Vaudois, comme en
font foi leurs écrits de l'an 1100 jusqu'à
1126, et leurs autres traités.
On remarquera peut-être
qu'il n'y est pas fait mention, d'une manière
spéciale, de quelques doctrines particulières,
telles que l'élection, la prédestination et la
grâce. Ce silence semble démontrer qu'ils ont
suivi et accepté, en simplicité de coeur, les
déclarations de l'Écriture, sans
prétendre vouloir pénétrer ces profonds
mystères.
Pour compléter ce bref
exposé de la doctrine professée par les
anciens Vaudois, il nous reste à mettre en regard
quelques-uns des jugements qu'en ont portés, et des
rapports qu'en ont faits les écrivains catholiques,
leurs adversaires. Assurément, comme on peut s'y
attendre, les doctrines vaudoises n'ont pas
été présentées par eux sous un
jour avantageux, et bien souvent elles ont été
défigurées. Néanmoins, il n'est pas
difficile de discerner, dans leurs témoignages, la
vérité de l'erreur on du
mensonge.
L'un de ces adversaires des
Vaudois, le père Richini, les accuse de soutenir
qu'il n'est pas besoin de se confesser aux hommes, et qu'il
suffit de se confesser à Dieu; que les
pénitences extérieures ne sont point
nécessaires au salut, et que lorsque le
pécheur se repent de ses péchés, quel
qu'en soit le nombre, si la mort le surprend dans cet
état, il va droit en paradis.
Bien qu'il soit improbable que
les Vaudois s'exprimassent en des termes aussi peu
convenables que le sont ces derniers, cependant nous
reconnaissons que la doctrine qui y est
énoncée était bien la leur. N'ayant
point vu dans l'Écriture sainte l'obligation de la
confession au prêtre ni des pénitences, ils
s'en tenaient à la confession des
péchés à Dieu, sur laquelle ils
insistaient avec d'autant plus de force; et ils croyaient,
d'après l'Évangile, qu'une repentance
sincère, unie à une vive foi au Sauveur,
suffisait pour obtenir de la miséricorde divine le
pardon des péchés et l'entrée du
royaume des cieux.
Selon le père Richini,
les Vaudois disent encore : « Que tous les bons sont
prêtres par cela même, et que chaque individu en
état de grâce a autant de pouvoir pour absoudre
que nous en reconnaissons dans le pape Ils méprisent
les absolutions et les excommunications de l'Église,
disant qu'il n'y a que Dieu seul qui puisse excommunier.
»
Les plus anciens auteurs
s'expriment d'une manière semblable. (RICHINI,
Dissertatio secunda, cap. III, de Valdensibus, in libros
Moneta. - RAINIER et POLICHDORF, Cap. XXXII. - EBERARD, Cap.
XII. - MONETA, liv. V, Cap. V.)
Cet exposé est
fidèle : les Vaudois, ne reconnaissant à aucun
homme le droit d'absoudre les péchés autrement
qu'en déclarant à tout croyant que. Christ l'a
délivré de la condamnation, ont pu dire que
chaque fidèle avait aussi bien que qui que ce soit,
que le pape par conséquent, le droit de
déclarer le fidèle absous ou sauvé, en
proclamant à tout coeur brisé et croyant le
bienfait de la mort de Jésus-Christ. Quant au
prétendu droit que s'arroge l'Église romaine
de lier et d'absoudre, on petit voir le cas que les Vaudois
en faisaient, en lisant dans la Noble Leçon de l'an
1100, les vers 378 à 413, et dans le traité de
l'Antéchrist, de l'an 1120, aux alinéas 5 et 6
(voir Appendice).
« Ils se moquent des
indulgences du pape, dit encore Richini, des absolutions, du
pouvoir des clefs conféré à
l'Église, des dédicaces et
consécrations d'églises ou d'autels, appelant
ces cérémonies les fêtes des pierres.
Ils disent que toute la terre est également
consacrée et bénite de Dieu; à cause de
cela (pour cela), ils ne reconnaissent ni cimetières
ni églises. »
Il est bien connu que les
Vaudois forent souvent réduits à l'état
précaire des premiers chrétiens.
L'assemblée se formait dans le premier emplacement
à leur convenance, et souvent sous la voûte des
cieux, au désert, dans la retraite des bois ou dans
des cavernes.ils n'estimaient donc pas que le temple
sanctifiât l'assemblée, ni qu'on dût
attacher du prix à l'édifice lui-même;
car la terre appartient au Seigneur. Jésus
instruisait la Samaritaine auprès du puits de Jacob,
et ses disciples sur la montagne, sur le rivage, ou dans la
barque, aussi bien que dans le temple de Jérusalem.
Si les Vaudois blâmaient les dédicaces et les
consécrations «églises ou d'autels, les
caractérisant du nom de fêtes des pierres,
c'est parce que c'est la présence du Seigneur qui
consacre l'église, et que c'est par la prière
et non par des cérémonies qu'on s'assure cette
faveur. Quant aux cimetières, ils ont pu y tenir fort
peu, à cause de la pureté de leur foi, et de
l'excellence de leurs espérances. Que leur importait
le lieu de repos de leur dépouille mortelle en
attendant la résurrection ? Leur unique désir
était que leur âme fût reçue
auprès du Seigneur. On sait cependant que les Vaudois
albigeois, disciples de Pierre de Bruis et «Henri,
avaient des cimetières. Dans les Gestes de Toulouse,
Nicolas Bertrand dit positivement, d'après Guillaume
de Puylaurens : « Quant aux cérémonies et
aux rites de l'Église, ils les rejetaient
entièrement et en faisaient l'objet de leurs
dérisions ; car, au dire de Rainier, ils se moquaient
des autels et de leur consécration, des vases et des
meubles sacrés, des ornements sacerdotaux, des
cierges, de l'encens, de l'eau bénite, et des autres
rites religieux. Ils ne rejetaient pas seulement les
fêtes des saints, mais aussi leur invocation ils
méprisaient les reliques, la canonisation des saints,
ils refusaient toute croyance aux miracles que Dieu
opère sur leurs tombeaux par leur intercession. Ils
affirment qu'il n'y a que Dieu à qui on doive toute
sorte d'adoration ; d'après cela, ils proscrivent
toute adoration et tout honneur rendu à la croix,
à ce que nous croyons être le corps de
Jésus-Christ, aux saints et à leurs images.
» ( RICHINI, loco Citato. - POLICHDORF, chap. XVI, XX,
XXII, XXIII, XXXIII. - BERNARD de FONCALD, chap. XII. -
ERMANGARD, chap. VIII, X. - EBERARD de BÉTHUNE, chap.
XVII. - MONETA, livre V, chap. I, II, III, VIII et X.
)
Il semblerait par ce rapport
que les Vaudois, en combattant les erreurs romaines,
n'employaient que les armes de la dérision et du
mépris; mais il y a évidemment là une
exagération (2).
La connaissance de la vérité inspire mieux ses
défenseurs. La sévérité du
langage s'unit le plus souvent dans sa bouche aux efforts
persuasifs de la charité; et si l'ironie l'effleure
quelquefois, ce n'est que par accident et en présence
d'adversaires hypocrites.
Les auteurs catholiques ont
dit encore: « Que les Vaudois se moquent aussi du chant
religieux et de l'office divin, et ils disent que c'est
insulter Dieu que de lui chanter ce qu'on veut lui dire,
comme s'il ne pouvait pas entendre nos prières sans
qu'on les chante, ou qu'il fallût prier en chantant.
»
Ce rapport est inexact; les
Vaudois n'ont pas pu blâmer le chant des
églises, les psaumes et les hymnes; car ils auraient
condamné ce que Dieu a ordonné dans sa Parole
à laquelle ils étaient si soumis. D'ailleurs,
on ne saurait douter qu'eux-mêmes n'aient admis, comme
acte du culte, le chant des louanges de Dieu, puisque chacun
peut voir dans la bibliothèque de Genève
plusieurs cantiques des anciens Vaudois, formant un recueil
assez étendu (manuscrit de Genève). Il ne peut
donc être question, dans le blâme exprimé
plus haut, que de l'abus que l'Eglise romaine a fait du
chant en langue inconnue, et de la substitution des messes
et autres offices chantés, aux divers actes du culte
en esprit et en vérité.
« Les Vaudois, est-il dit
encore, soutiennent que ceux qui n'observent pas les
jeûnes prescrits, et qui mangent de la viande selon
leur bon plaisir, ne commettent aucun péché,
sauf qu'ils ne soient en scandale aux autres; aussi, en leur
particulier, ils mangent de la viande en quelque jour et
lieu que ce soit, pourvu que personne n'en prenne du
scandale. » (Ibid.)
Ce témoignage est
honorable ; il nous confirme dans la conviction où
nous sommes que les Vaudois n'avaient pas d'autre
règle de foi que la Parole de Dieu, et qu'ils
savaient unir la charité à la
vérité.
Richini dit encore: « Ils
accusent de péché quiconque prononce ou
exécute une sentence de mort; ils regardent comme des
homicides et des hommes damnés ceux qui
prêchent les croisades contre les Sarrasins ou les
albigeois. » Rainier rapporte (au chapitre V) «
que les Vaudois regardent le pape et tous les
évêques comme homicides à cause des
guerres. » ( Propter bella. ) Moneta traite ce
même sujet fort au long, dans son livre V, chapitre
XIII.
Faut-il entendre la
première proposition comme exprimant une
réprobation absolue de la peine de mort ? Nous ne
savons vraiment qu'en penser. Mais ce serait du moins bien
frappant de voir cette grave question déjà
résolue par les Vaudois au XlIe siècle. Quant
au blâme jeté sur ceux qui excitent à la
guerre, et en particulier sur le pape et sur les
évêques qui prêchaient les croisades et
qui prenaient part à mainte autre guerre, nous le
trouvons parfaitement conforme à ce que nous savons
du respect des Vaudois pour l'esprit de
l'Évangile.
Un ancien anonyme,
déjà cité, s'exprime ainsi : « Les
Vaudois affirment aussi que les clercs et les prêtres,
qui ont des richesses et des possessions, sont des enfants
du démon et des créatures de perdition. Ils
condamnent comme coupables de péché ceux qui
leur donnent des dîmes et leur font des offrandes. Ils
disent que c'est en quelque sorte engraisser le lard.
»
Rainier traite plus au long
cette question. Il écrit : «Que ces
hérétiques enseignaient qu'il ne fallait point
payer les dîmes, par la raison qu'on ne les payait
point dans la primitive Église; que les prêtres
et les moines ne doivent avoir ni prébendes, ni
possessions; que les évêques et les
abbés ne doivent jouir d'aucun droit régalien;
qu'ils ne doivent point se partager les terres et les
populations ; que c'est mal faire que de doter les
monastères et les églises et de tester en leur
faveur; que les églises ne doivent posséder
aucun revenu, mais que les clercs doivent, à
l'exemple des apôtres, travailler de leurs mains pour
vivre. » ( RICHINI, ibid. - POLICHDORF, chap. I. -
EBERAD 1, chap. X. - MONETA, livre V, chap. VIII.
)
Comme il est vrai que les
Vaudois enseignaient et pratiquaient le, détachement
du monde, qu'ils blâmaient l'avarice, la
cupidité, la mondanité et la
sensualité, et que leurs barbes ou pasteurs
travaillaient de leurs mains pour leur subsistance ; comme
il est constaté que les membres du clergé
romain du moyen-âge songeaient plus à
s'enrichir et à jouir qu'à être des
modèles des vertus chrétiennes, on comprend et
on s'explique facilement comment les Vaudois n'ont mis
aucune mesure dans leurs reproches, et ont peut-être
exagéré quelquefois, dans ses applications, un
principe juste d'ailleurs.
Quant à
l'autorité de l'Eglise, en matière de foi, il
est très-vrai que les Vaudois ont refusé
à tout corps ecclésiastique ou autre, et
à tout individu, le droit de fixer d'une
manière absolue le sens biblique, d'imposer leur
interprétation comme règle de foi, en un mot,
d'ajouter ou de retrancher à la Parole de Dieu, sous
prétexte d'une plus grande clarté. Mais l'on a
exagéré, lorsqu'on a prétendu que les
Vaudois ne faisaient aucun cas des conciles et des
Pères de l'Eglise. Leurs écrits prouvent
qu'ils les citaient, non pas il est vrai comme règle
de foi, mais comme appui et confirmation de leur
manière de voir conformément à
l'Ecriture sainte.
On ne saurait donc nier que la
doctrine vaudoise n'ait été pure, autant qu'il
est donné à la faiblesse humaine de la
formuler, puisqu'elle découlait uniquement de, la
Parole de Dieu, acceptée d'un coeur humble et
soumis.
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