HISTOIRE DES VAUDOIS
.
ÉPITRE
DÉDICATOIRE.
PROTECTEURS et BIENFAITEURS des
Vaudois ! PRINCES, MAGISTRATS et CHRÉTIENS de toute
dénomination, de tout rang, de tout ordre, de toute
condition et de tout sexe, Qui, par une dispensation
bénie de la Providence et reflet d'une
éclatante charité chrétienne, AVEZ
concouru durant des siècles, et Qui concourez encore
à la conservation du faible résidu des Vaudois
du Piémont!
Qu'il soit permis au faible et
humble auteur de cette histoire, enfant lui-même de
l'Eglise vaudoise dont il fait connaître quelque chose
des étonnantes vicissitudes, qu«il lui soit
permis de se faire L'interprète des sentiments qui
animent cette chétive population reconnaissante
envers ses CHARITABLES PROTECTEURS et BIENFAITEURS; qu'il
lui soit permis de se faire l'écho des
bénédictions et des prières qui partent
incessamment, en LEUR FAVEUR, des coeurs de ces hommes
simples et obscurs, qui vivent encore sous la croix,
entourés de pièges, de séductions et de
dangers, contre les intentions bienveillantes de leur
SOUVERAIN respecté et
bien-aimé.
Que la mémoire de ces
PUISSANTS, GLORIEUX et CHARITABLES PROTECTEURS et
BIENFAITEURS, qui sont entrés dans leur repos, soit
en bénédiction à jamais!
Que les plus précieuses
bénédictions temporelles et éternelles
de notre GRAND DIEU et SAUVEUR JÉSUS-CHRIST,
continuent à reposer abondamment sur CEUX qui vivent,
sur leurs ENFANTS et sur leurs DESCENDANTS, jusqu'aux
générations les plus
reculées!
Ces sentiments et ces voeux ,
bien faible marque de leur reconnaissance, animent
véritablement les Coeurs des Vaudois des Alpes du
Piémont envers leurs GÉNÉREUX
PROTECTEURS et BIENFAITEURS passés et actuels, comme
les partage et les exprime, avec un profond respect, Fun
d'eux au nom de tous.
ANT. MONASTIER,
Pasteur.
Lausanne, le 17 octobre 1846.
.
PRÉFACE
Pour démontrer leur rapport
étroit avec l'Eglise primitive fondée par les
apôtres, pour établir leur droit à se
nommer Eglise fidèle, et même à se
regarder comme formant la vraie Eglise du Seigneur
Jésus-Christ sur la terre, les Eglises
évangéliques s'appuient sur la
conformité de leurs dogmes, de leur culte et de leur
vie intérieure avec le tableau que le
Nouveau-Testament nous trace de l'Eglise primitive, et avec
les prescriptions, directions et révélations
qu'enseigne. cette même Parole. Cet argument interne
est en effet le plus important dans la question ; il a une
force irrésistible; à lui seul il
suffit.
Cependant, il est un argument
externe qui, sans être concluant, a une certaine
valeur, et qui, au dire des ennemis des Eglises
évangéliques, leur manquerait
tout-à-fait, c'est l'ancienneté d'existence. -
Vous n'êtes que d'hier, leur crie l'Eglise romaine
d'un ton d'ironie et de triomphe. Vous avez quitté
l'Eglise mère par une révolution que vous
appelez pompeusement une réformation; mais si la
vérité était de votre
côté, elle serait bien jeune .... ! Un peu plus
de trois cents ans de vie est un titre bien récent,
quand il s'agit de prétentions à
posséder la vérité éternelle.
Pour oser lutter avec Rome, il vous faudrait ce qu'elle
possède et qui vous fait défaut, une origine
ancienne et vénérable. - Mais cet attribut de
la vérité ne manque pas aussi
complètement aux Eglises évangéliques
qu'il pourrait sembler d'abord. L'Eglise vaudoise est le
lien qui les unit à la primitive. Par son moyen,
elles établissent l'existence antérieure de
leur constitution, de leur doctrine et de leur culte
à celle des idolâtries et des erreurs papistes.
Tel est aussi le but de l'écrit que nous livrons au
public. Il est destiné à prouver, par le fait
de l'existence non interrompue de l'Eglise vaudoise, la
perpétuité de l'Eglise primitive,
représentée aujourd'hui non-seulement par
l'Eglise des Vallées Vaudoises du Piémont,
mais encore par toutes ses soeurs les Eglises
évangéliques, fondées sur l'unique
Parole de Dieu.
En écrivant cet ouvrage
sur une partie essentielle de l'histoire
ecclésiastique, son auteur a eu en vue la gloire de
son Sauveur. Il estime que, quelque humbles et
chétifs qu'aient été aux yeux du monde
ces Vaudois, oubliés des uns, méprisés,
haïs et persécutés des autres, leur
histoire met en évidence et offre à
l'imitation des fidèles quelques-uns des
caractères essentiels des vrais disciples de
Jésus-Christ : la foi, la fidélité,
l'humilité, le détachement du monde, la
persévérance et la résignation dans les
plus douloureuses épreuves.Il croit aussi que le
développement de cette histoire démontrera la
fidélité du Seigneur pour les humbles de son
Eglise, la sagesse de ses plans et de ses soins en leur
faveur, la puissance qu'il déploie au jour dans
lequel il veut les délivrer, et les consolations
efficaces qu'il leur accorde dans leurs épreuves. On
remarquera enfin, espère-t-il, que le chef de
l'Eglise a accompli la promesse qu'il avait faite, que les
portes de l'enfer ne prévaudraient point contre elle
; et que, dans cette histoire de la conservation de la
vérité évangélique au milieu des
ténèbres, on reconnaîtra, a sa gloire,
que Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre
les sages; que Dieu a choisi les choses faibles du monde
pour confondre les fortes, et que Dieu a choisi les choses
viles du monde, et les plus méprisées,
même celles qui ne sont point, pour anéantir
celles qui sont 1 Cor., 1, 27 et 28 ).
L'auteur de cet écrit
ne se flatte pas d'avoir produit un ouvrage parfait, le
sujet étant difficile surtout en ce qui concerne les
temps anciens. La matière à consulter
était immense : des réticences continuelles,
ou des jugements partiaux et des récits incomplets
voilaient à chaque pas la vérité dans
les écrits catholiques. Cependant, il estime avoir
signalé quelques nouveaux faits d'une haute
importance, et surtout avoir mis sur la route d'une
démonstration satisfaisante de l'antique origine de
l'Eglise vaudoise.
Ce travail a été
fait avec amour. Vaudois par sa naissance, par ses
affections, par tous ses souvenirs, Vaudois enfin, il
l'espère, par sa foi, l'auteur a consacré plus
de dix années à mettre à l'oeuvre le
souhait de sa vie, la composition d'une histoire
abrégée de l'Eglise vaudoise. Pour la
rédaction, et en ce qui concerne la forme, il a
réclamé le concours de celui de ses chers fils
qui est son aide habituel dans ses fonctions
pastorales.
Puisse ce faible écrit
contribuer à la gloire de notre grand Dieu et de
notre Sauveur Jésus-Christ ! Amen.
|